Les familles qui rêvaient d’une école
PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE
La fille de Melissa Boucher, Madison,
a dû être envoyée à une école privée à Lasalle parce que Griffintown n’a toujours pas d’école.
« Les étapes et les consultations se multiplient sans fin. Il y a des milliers d’autres écoles au Québec, pourquoi est-ce si impossible d’en construire une dans Griffintown ? »
Publié le 3 juin 2021 à 8h30 Mis à jour à 21h07
LOUISE LEDUC
LA PRESSE
Mélissa Boucher s’est battue pendant des années pour que son quartier, qui a été pensé à l’ouest du Vieux-Montréal à partir de 2003 sans qu’aucune école n’y soit prévue, en obtienne une.
Mme Boucher a finalement envoyé sa fille dans une école privée, à LaSalle. « On aurait pu l’inscrire à l’école Petite-Bourgogne, mais elle explose déjà. »
De « génération » de parents en « génération » de parents, les résidants se passent le flambeau en mettant à jour la chronologie des multiples démarches entreprises depuis 2009.
La dernière en date ? Jeudi, la Ville a annoncé avoir adopté une modification réglementaire permettant la construction d’une école de 12 classes, assortie de logements sociaux et communautaires. « Cette école, nous la rêvons depuis des années », a déclaré Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest. « Nous continuerons de travailler en partenariat avec le ministère de l’Éducation et le Centre de services scolaire de Montréal jusqu’au bout pour voir ce rêve devenir réalité […]. »
Chose dite n’est pas chose faite
En mars (au terme de consultations), l’Office de consultation publique de Montréal (OPCM) a recommandé « à la Ville d’effectuer une consultation auprès des résidants du quartier sur l’architecture du projet mixte ».
En 2009, devant le même Office de consultation publique de Montréal, les autorités de santé du Sud-Ouest et de Verdun réclamaient déjà qu’une « attention particulière » soit portée « au développement de services de garde et d’écoles », entre autres infrastructures à prévoir pour les familles.
« On nous dit toujours que tout est sous contrôle et que le projet avance bien, qu’il ne faut pas s’inquiéter, mais chaque petite étape prend des mois », résume Étienne Le Nigen, un père de famille qui attend également avec impatience une école à Griffintown pour ses deux enfants.
Ce que comprend le comité de parents du quartier, c’est que deux nouveaux écueils bloquent actuellement la mise en chantier d’une école.
D’une part, l’OPCM a certes donné son appui à une nouvelle école, mais à une école qui fasse partie d’un projet mixte incluant aussi des logements et des équipements collectifs. Et cela amène une réflexion supplémentaire.
D’autre part, au fil des ans, une nouvelle école est devenue tellement nécessaire qu’une seule ne suffira plus. Il en faut donc deux. Mais pour cela, le Centre de services scolaire de Montréal doit obtenir le feu vert du ministère de l’Éducation.
Au ministère de l’Éducation, on nous a indiqué par courriel que le projet d’école dans Griffintown « fait partie des projets de construction d’écoles primaires prioritaires du Ministère ». « Ce projet est toujours en cours d’analyse dans l’objectif d’évaluer différentes options d’implantation dans un contexte de rareté de terrain. Le Centre de services scolaire de Montréal et le ministère de l’Éducation analysent différentes options. »
M. Le Nigen a pourtant noté qu’« en juin 2020, le gouvernement avait préparé le projet de loi 61 pour devancer les échéanciers pour 202 projets d’infrastructures. Il avait alors refusé de prioriser [leur] projet d’école ».
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Étienne Le Nigen et sa famille
Depuis le 14 décembre 2018, enchaîne-t-il, « le Centre de services scolaire de Montréal a deux offres de terrains acceptables en main pour aller de l’avant avec le projet d’école. Il a reçu 2,2 millions pour débloquer le projet. Malgré cela, on a encore très peu de choses concrètes ».
Au Centre de services scolaire de Montréal, Alain Perron, porte-parole, indique que la nouvelle consultation sur le projet mixte (école-logements) « ne prolonge nullement la livraison d’une école, mais contribue plutôt à la bonification du programme pédagogique dans la planification des nouvelles écoles grâce à la participation de la communauté afin de répondre plus justement aux besoins des élèves ».
M. Le Nigen regarde tout le dossier et se fait réaliste. « Nos chances de voir l’école ouvrir en 2023 sont de plus en plus minces. »