Projet d’un axe de transport en commun structurant d’est en ouest à Laval. La ville de Laval aimerait voir le projet se développer dans l’axe du boulevard Saint-Martin. L’analyse actuelle vise l’implémentation d’un SRB.
Il s’agit d’un des trois axes étudiés pour la ville de Laval. Les autres sont:
- TEC structurant à Laval - Axe branche ouest de la ligne orange - Transport en commun - Agora Montréal (agoramtl.com)
- TEC structurant à Laval - Axe Notre-Dame/De la Concorde (SRB) - Transport en commun / Autobus - Agora Montréal (agoramtl.com)
Dans l’actualité (message original):
Texte intégral
Après Québec, Laval veut son tramway
ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA VILLE DE LAVAL
Selon une carte préliminaire, le tramway permettrait à quelqu’un d’embarquer à l’angle du boulevard Chomedey et de rouler jusqu’au boulevard Laval, tronçon d’environ trois kilomètres dans le centre-ville qui pourrait se prolonger à d’autres quartiers.
Après Québec, Laval veut son tramway. La Ville a déjà commencé à plancher sur un tracé, qui suivrait le boulevard Saint-Martin. Un plan pour modifier les règles d’urbanisme du secteur a été déposé discrètement sur le site web de la Ville.
Publié le 4 juin 2021 à 5h00
Myriam Boulianne
La Presse
La troisième ville du Québec prépare un projet de programme particulier d’urbanisme (PPU), mécanisme qui permet aux municipalités de changer les règles d’urbanisme de grands secteurs. Les changements que Laval souhaite apporter visent notamment à faciliter l’implantation d’un tramway sur le boulevard Saint-Martin.
Le plan a été publié sur le site web de Laval en mai, mais n’a pas été annoncé officiellement. Si le PPU est adopté par le conseil municipal dans quelques mois, la Ville espère entamer des études plus approfondies d’ici cinq ans. Des analyses de faisabilité technique et financière sont également prévues d’ici 5 à 10 ans.
Selon une carte préliminaire, le tramway permettrait à quelqu’un de monter à l’angle du boulevard Chomedey et de rouler jusqu’au boulevard Laval, tronçon d’environ trois kilomètres dans le centre-ville qui pourrait s’étendre à d’autres quartiers.
ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA VILLE DE LAVAL
« On veut bonifier l’offre de transports entre l’est et l’ouest de la ville. On considère que le boulevard Saint-Martin est l’un des axes où il y a le plus de potentiel, puisqu’il relie plusieurs quartiers de Laval moins bien desservis ainsi que des pôles d’emplois et les principaux attraits », explique le maire suppléant et candidat à la mairie Stéphane Boyer, en entrevue avec La Presse.
« Le PPU, en soit, c’est une vision sur 20 ans. Par la suite, on vient raffiner la vision avec des études complémentaires », précise-t-il.
M. Boyer ajoute que le tramway n’est qu’une option parmi plusieurs « modes de transport structurant ». « Ce n’est pas coulé dans le béton que ce sera un tramway, ça peut-être un autre mode [de transport]. Il reste des choses à étudier », spécifie-t-il, tout en indiquant qu’il souhaite un mode de transport « autre qu’une simple ligne d’autobus ».
Toutefois, l’option du tramway est longuement détaillée dans le PPU. Les maquettes proposées montrent deux voies en sens inverse réservées au tramway circulant au centre du boulevard Saint-Martin, quatre voies destinées aux voitures et des pistes cyclables de chaque côté. Le document fait également référence au réseau de tramway de la ville de Lyon, l’un des plus importants en France.
Manque de visibilité, déplore l’opposition
Le chef de l’opposition officielle à Laval, Michel Trottier, du Parti Laval, déplore le manque de visibilité accordée au projet de tramway par l’administration actuelle. « Ce n’est pas quelque chose qui a été très publicisé. On n’en a parlé nulle part », ajoute-t-il, « impressionné » par la faible visibilité. Même lui affirme ne pas en savoir « autant que ça » sur le sujet, qui doit pourtant être approuvé par le conseil municipal dans les prochains mois.
Selon lui, le projet doit être mis de l’avant pour qu’il fonctionne.
Pourquoi est-ce que Québec a un tramway et [qu’en ce qui concerne] Laval, qui est situé en périphérie de Montréal, qui est un centre urbain, on n’en parle même pas ? C’est la troisième ville au Québec, renchérit-il. Il faut le vendre [ce moyen de transport structurant] à nos citoyens. C’est comme ça que les gens vont embarquer.
Michel Trottier, chef de l’opposition officielle à Laval
Même constat chez le candidat indépendant à la mairie Nicolas Lemire, qui qualifie le projet de « fantomatique » et avance même l’idée que ce pourrait être un enjeu électoral. « C’est soit un manque de volonté politique, soit que l’administration ou les partis de l’opposition se gardent des wild cards pour les élections [du 7 novembre] », croit-il.
Le maire suppléant se défend de cacher le projet de tramway. « Le dévoilement s’est fait il y a à peine deux, trois semaines. Sur toutes les plateformes de la Ville, on publicise les consultations publiques, souligne-t-il. On est rendu à la troisième consultation des citoyens sur ce PPU centre-ville […] et, chaque fois, il y a de 100 à 200 citoyens présents. »
« Un cocktail de mesures »
Le ministère des Transports a actuellement trois projets à l’étude ou en cours de réalisation à Laval. Il s’agit du prolongement du Réseau express métropolitain (REM) vers l’est de Laval, un projet de transport collectif structurant sur les boulevards Notre-Dame et de la Concorde, ainsi qu’un service rapide par bus sur le boulevard Pie-IX entre Montréal et Laval. Un tramway ne figure pas dans les priorités à l’heure actuelle.
Malgré cela, sur le terrain, tant l’opposition officielle que l’administration s’entendent pour dire que le projet de tramway à Laval est « faisable » et qu’une meilleure desserte reliant l’est ou l’ouest de Laval est nécessaire afin de réduire la congestion routière.
« Si on réussit à avoir un système efficace [de transport collectif structurant], je suis convaincu qu’on diminuera le nombre d’automobilistes. Pour désengorger Laval, ça prend un cocktail de mesures efficaces en transport collectif […] pour arriver à passer par-dessus nos autoroutes, qui sont des cicatrices partout au cœur de Laval », croit le chef de l’opposition.
Commerçants divisés
Les commerçants installés sur le boulevard Saint-Martin ont des avis divergents face à ce projet. Le gérant de Beauté Hera, Hwa Soo, ne croit pas que cela augmentera l’achalandage de son commerce, puisque la plupart de ses clients possèdent une voiture. « Je ne vois pas cela nécessairement comme une bonne nouvelle. Je n’ai pas l’impression que ça va changer grand-chose [pour nous]. Mais c’est une bonne chose pour les étudiants [qui n’ont pas de voiture]. Donc, ça pourrait devenir avantageux pour nous », dit-il.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Hwa Soo, gérant de Beauté Hera
À quelques pas de là, la gérante de la boutique L’Enfantillon, spécialisée dans les vêtements de maternité, croit plutôt que c’est une bonne nouvelle. « S’il y a un tramway, on espère qu’on aura de nouveaux clients. Ça pourrait nous aider, c’est sûr, puisqu’on est situés au centre-ville de Laval. Aussi, les gens appuient de plus en plus les projets de transport durable », explique Miriana Morgante.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Miriana Morgante, gérante de la boutique L’Enfantillon
Quant au copropriétaire du restaurant de sushis Mikado Go, Andy Phan, ce n’est pas tant l’idée du tramway qui l’inquiète que les travaux à venir. Cela pourrait décourager certains clients de venir sur le boulevard Saint-Martin, croit-il. « C’est un boulevard assez important. [S’il y a des travaux], ça va être bourré de trafic. Et connaissant les délais de construction, ça va prendre beaucoup de temps. Donc, ce n’est pas vraiment l’idéal. »
En 2011, Laval voulait un tramway aérien
La Ville de Laval n’en est pas à son premier projet de tramway. À la suite du succès des trois stations de métro inaugurées en 2007, l’ancien maire Gilles Vaillancourt proposait, en 2011, un tramway aérien (téléphérique) dans le but de réduire la congestion routière et de promouvoir le transport collectif. La Ville suggérait que le téléphérique parte de la station Montmorency pour se terminer au terminus d’autobus du Carrefour Laval. Une étude de faisabilité, évaluée à 500 000 $, avait même été commandée. Le projet a toutefois été délaissé en 2012, puisque la Place Bell a finalement été construite à proximité du métro Montmorency, ce qui a conduit la Société de transport de Laval à réviser la priorité du dossier.