Cadillac Fairview redoute «la destruction» du Carrefour Laval
La nouvelle vision d’aménagement de la Ville inquiète plusieurs promoteurs
Photo d’archives - Martin Alarie | Carrefour Laval, mars 2020.
LE JOURNAL DE MONTRÉAL | JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON | Mercredi, 25 août 2021 07:26
Cadillac Fairview craint pour l’avenir du Carrefour Laval, estimant que la nouvelle vision d’aménagement de la Ville de Laval pourrait mener à la «destruction du bâtiment principal» du centre commercial.
Dans des mémoires déposés en juin dans le cadre de consultations publiques concernant un projet de règlement d’urbanisme, la firme Fahey et Associés, au nom de Cadillac Fairview (CF), a fait état des inquiétudes du géant de l’immobilier torontois qui souhaite redévelopper ce site.
L’un des documents disponibles en ligne révèle un plan d’aménagement de la Ville où de nouvelles voies de circulation et des espaces verts pourraient forcer la démolition de l’immeuble ouvert en 1974.
«Alors que le PPU [programme particulier d’urbanisme] catégorise le Carrefour Laval comme un espace à requalifier […] nous constatons que la mise en œuvre des balises d’aménagement a pour effet de conduire à la destruction, à terme, du Carrefour Laval», analyse le promoteur.
Selon CF, bras immobilier du Régime de retraite des enseignantes et enseignants de l’Ontario, ce projet de règlement qui vise à «requalifier un secteur à vocation monofonctionnelle en un quartier à échelle humaine», pourrait compromettre « la viabilité » du centre commercial, tout comme le projet de réaménagement dans les cartons pour les prochaines années.
CF affirme que la Ville a fait «table rase» des négociations ces deux dernières années concernant la modernisation du site. L’entreprise déplore aussi le fait que ce projet de règlement prévoit une «densification timide», soit jusqu’à un maximum de 15 étages, alors que le Schéma d’aménagement et de développement révisé en 2017 permettait une hauteur de 25 étages.
«Cette caractérisation de hauteur pour le Carrefour Laval est d’autant plus incompréhensible qu’une gare REM est projetée aux abords du centre commercial», fait valoir le promoteur.
Dans une publication au Registre des lobbyistes, on peut lire que CF souhaite « redévelopper une partie du site selon un développement mixte » avec des commerces, des bureaux ainsi que des unités résidentielles.
Ces derniers jours, Le Journal écrivait aussi que le Marché 440 craignait pour son avenir en raison de ce projet de règlement qui pourrait compromettre un développement résidentiel et commercial de 300 millions $.
Cominar a aussi déposé un mémoire concernant la vision d’aménagement du centre-ville de Laval pour faire part de ses inquiétudes sur les impacts pour le Centre Laval, le Quartier Laval et le Centropolis. Les nouveaux plans pourraient entraîner la démolition de bâtiments existants.
« Nous sommes préoccupés de la façon dont les futurs projets reliés aux opérations de nos centres commerciaux pourraient être limités par le PPU et son cadre réglementaire, qui en découlerait, sans parler de l’impact sur la valeur de nos actifs », avance le fonds.
La Ville de Laval espère avoir revampé son centre-ville d’ici 2040.
Une pression de CF sur la Ville ?
Le vice-président du comité exécutif, Stéphane Boyer, qui remplace le maire sortant Marc Demers comme chef du parti Mouvement lavallois, a assuré au Journal ne pas souhaiter voir disparaître le Carrefour Laval. Il a notamment pris connaissance des inquiétudes de CF pour ce centre commercial.
« Dans le centre-ville, nous avons des immenses propriétés qui sont souvent des centres commerciaux appartenant à des fonds d’investissement. L’une des grandes orientations que nous avons, c’est que ces îlots-là soient plus petits et scindés avec de nouvelles rues », a répondu M. Boyer, ne croyant pas qu’une artère sorte de terre en plein centre du centre commercial.
« On veut des quadrilatères qui pourront être plus facilement parcourus à pied. On veut faire disparaître le plus possible les grands stationnements en surface […] et faire plus de places à des superficies végétales », poursuit-il.
C’est lors d’une demande de permis, si le projet de règlement d’urbanisme est adopté, que CF devra négocier avec la Ville en fonction des nouvelles balises d’aménagement. M. Boyer assure que sa municipalité offrira une certaine flexibilité concernant les critères d’implantation.
Dans le cadre des consultations publiques sur le nouveau plan d’urbanisme, Laval a reçu 263 mémoires. La Ville espère adopter sa vision en 2022.
CARREFOUR LAVAL EN CHIFFRES
- 250 locataires
- 10,3 millions de visiteurs en 2019
- Un volume de ventes de 598 millions $ en 2019
- Valeur : 843 313 500 $
- Taxe foncière : 23 458 182,70 $
- Construction : 1974
- Cadillac Fairview a présenté à la Ville de Laval son projet de redéveloppement en mai 2020
–Source : Mémoire de Cadillac Fairview déposé le 16 juin
https://www.journaldequebec.com/2021/08/25/cadillac-fairview-redoute-la-destruction-du-carrefour-laval