Verdun, LaSalle et Lachine en bus : tout un défi de mobilité à Montréal !
Frédéric Lebeuf
Le Grand sud-ouest de Montréal voit une éclosion de projets immobiliers en cours ou en préparation à Lachine-Est, LaSalle-Ouest ainsi qu’à L’Île-des-Sœurs. Ces projets immobiliers à forte densité sont tous basés sur une offre de transports en commun qui n’est pas encore en service, comme le REM à l’Île-des-Soeurs ou n’existe pas encore, comme la ligne rose ou le tramway à Lachine. Le projet de transport du Grand Sud-Ouest de l’ARTM est encore et toujours à l’étude.
Une hausse importante et un viellissement prononcé de la population montréalaise, une forte augmentation des transports depuis 20 ans et un territoire de plus en plus affecté par les changements climatiques font partie des enjeux que le Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 (PUM 2050), basé sur le document Projet de ville, devra prendre en compte.
Pour tester l’efficacité du système de transport en commun et illustrer concrètement les enjeux de mobilité des usagers de la Société de transport de Montréal (STM) dans le sud-ouest de Montréal, j’ai effectué plusieurs trajets en bus dans les arrondissements de Lachine, LaSalle et Verdun pour cet article.
Sur la route express : une heure dans le 496 et le 495
Parti à 13 h 37 de la station de métro Berri-UQÀM un lundi après-midi avec l’intention de me rendre le plus rapidement possible au terminus de Dorval, j’embarque dans un bus de la ligne 496. Entre deux arrêts, un jeune homme de Lachine confie emprunter ce trajet, car l’autobus le plus proche de son domicile (491) ne passe pas assez fréquemment pour répondre à ses besoins. Au total, 55 minutes sont nécessaires pour arriver à destination à Dorval.
Sur le chemin du retour, je prends la direction de la station de métro de l’Église à Verdun, en traversant volontairement LaSalle. Dans l’autobus de la ligne 495, un adolescent qui vient à peine d’arriver au Québec me donner son point de vue. « C’est mieux que dans mon pays. Les autobus arrivent à l’heure, et on peut savoir en temps réel où est l’autobus », déclare Redouane Rahem, originaire d’Algérie et maintenant résident de LaSalle, en faisant référence aux applications mobiles telles que Google Maps ou Transit.
C’est l’heure de la sortie des classes : des étudiants et étudiantes du Collège Sainte-Anne à Lachine montent dans l’autobus. Leur arrivée le remplit à son maximum. Ce jour-là, certains jeunes oublient de céder leur place : des personnes plus âgées doivent ainsi rester debout pour toute la durée de leur trajet.
Dans cette foule embarquée dans le 495, un homme essaie de garder l’équilibre avec ses courses. Plus tôt, Redouane Rahem, un travailleur et étudiant de Lachine, m’a confié que faire ses courses en bus est une activité qui demande de la planification. « Tu ne peux pas magasiner trop longtemps. Si je vais à IGA, par exemple, je dois me dépêcher. Si je ne me grouille pas, je vais manquer mon autobus et je dois attendre le prochain. »
Le trajet de Dorval jusqu’à la station de l’Église à Verdun prend 74 minutes, dont une heure dans l’autobus 495 qui finit son parcours à la station Angrignon.
Lire la suite
De l’hôpital de Verdun à celui de Lachine : plus rapide en passant par Lionel-Groulx ou à vélo qu’en bus !
Le vendredi suivant, ma mission est de me déplacer d’un hôpital à l’autre, de Verdun à Lachine. J’empreinte cette fois-ci la ligne 58 à la station de métro LaSalle (qui se situe à Verdun !) pour me rendre à l’hôpital de Lachine. Après avoir pris le départ de 15 h 52, il faut changer de ligne à l’arrêt Centrale/Blais à LaSalle à 16 h 25. Mais, l’autobus arrive sept minutes plus tard que prévu au lieu de correspondance. C’est le prochain autobus de la ligne 110 à 16 h 33 que j’attrape finalement.
La route ne se fait pas sans péripéties : le chauffeur d’autobus peste contre un conducteur d’automobile. Je débarque à quelques mètres de l’hôpital de Lachine comme prévu. Toutefois, l’entrée sur la rue Saint-Antoine est actuellement en construction. Je ne mets donc les pieds dans l’entrée de la 16e avenue qu’à 17 h 14, soit 1 heure et 22 minutes après mon départ de Verdun. Si la santé et les conditions météorologiques le permettent, il vaut peut-être mieux sortir son vélo, une course d’environ 38 minutes sur 2 roues.
Au retour, c’est le trajet le plus rapide que je choisis pour me rendre à l’hôpital de Verdun. À 17 h 20, je me dirige vers l’arrêt de la ligne 491 pour arriver 34 minutes plus tard à la station Lionel-Groulx. En attendant la ligne 108, je regarde sur Google Maps pour voir où est rendu l’autobus puisqu’il était en retard. Mais, c’est alors impossible de retracer les informations détaillées de cette ligne. Après neuf minutes de marche de l’arrêt le plus proche, j’arrive à l’hôpital de Verdun à 18 h 25.
Idées d’usagers du bus échangées entre deux arrêts
« Je ne pense pas qu’il y ait assez de publicité sur les transports publics. Les citoyens doivent se faire donner plus d’informations. Le gouvernement pourra ensuite investir de l’argent dans le but de transformer le transport public. En ce moment, il y a un manque de chauffeurs d’autobus. Cela a comme effet de réduire le nombre de départs. Si on démystifie tout ça, il y aura plus d’autobus qui circuleront, donc plus de 491 pour moi », commente Dar Moraru, un résident de Lachine rencontré dans le bus…
« Je pense qu’il faudrait ajouter des voies d’autobus, prioriser le transport collectif à la place des voitures et encourager les TOD (développements immobiliers de moyenne à haute densité, structurés autour d’une station de transport en commun à haute capacité) », suggère Lubangi Harubu, un citoyen de Lachine.
Comme la majorité des autobus empruntés sont remplis à capacité à un moment ou l’autre du trajet, il ne semble pas que le plan d’urbanisme et de densification du sud-ouest de la métropole pourra être servi par le réseau en place. En pleine heure de pointe, les trajets entre Lachine et le centre-ville peuvent être difficiles, et occasionner des retards parfois extrêmes chez les usagers, explique Lubangi Harubu. Pour ceux qui doivent se rendre à LaSalle, c’est souvent encore plus long et nécessite des correspondances.