@Fleurdelys Une première ébauche de réponse.
L’inquiétante petite maison dans la vallée
Un beau petit bungalow. Un grand terrain. Des voisins à distance respectable. Une clôture de piquets blancs pour protéger la grosse bulle familiale des affres du monde.
Publié le 6 avril 2021 à 5h00
Laura-Julie Perreault
La Presse
Ce scénario devient bien attrayant quand, pandémie oblige, on a besoin d’espace pour aménager deux bureaux pour le télétravail en plus d’un coin tranquille pour les jours d’école à distance.
Pas étonnant, du coup, qu’en 2020, selon les plus récents chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), plus de 8700 ménages montréalais aient décidé de quitter l’île pour s’acheter une maison dans les banlieues de la couronne nord ou sud, soit une hausse de 2000 ménages par rapport à 2019. Un phénomène auquel la pandémie et la hausse vertigineuse des prix de l’immobilier ont largement contribué.
PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
En 2020, selon les plus récents chiffres de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, plus de 8700 ménages montréalais ont décidé de quitter l’île pour s’acheter une maison dans les banlieues de la couronne nord ou sud, soit une hausse de 2000 ménages par rapport à 2019, écrit notre éditorialiste.
Ceux qui habitaient déjà en banlieue ont été aussi plus nombreux à s’acheter une propriété encore plus loin, dans les communautés qui sont juste à l’extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont Saint-Lin–Laurentides, Saint-Jérôme et Saint-Jean-sur-Richelieu.
Le problème, c’est que le bonheur en forme de maison unifamiliale des uns fait le malheur de beaucoup d’autres. Et de la planète.
La congestion automobile, la pollution qui l’accompagne, l’empiètement sur les terres agricoles, la destruction de milieux naturels pour construire des routes et des rues sont, en vrac, une petite partie des coûts de l’étalement urbain qui ne cesse de croître et qui a connu un coup d’accélérateur dans la dernière année. Ces coûts élevés sont liés à des choix individuels, mais nous les payons collectivement.
Conscientes de tout ça, épaulées par des urbanistes, les 82 villes et municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) se sont dotées du Plan métropolitain d’aménagement et de développement il y a dix ans. Un plan qui tourne le dos aux maisons unifamiliales et prône la densification afin de créer des milieux de vie attrayants, mais plus durables, bien desservis par le transport collectif. Et ça a fonctionné. Si, en 2000, 80 % des nouvelles constructions résidentielles dans la CMM étaient des maisons individuelles, elles ne représentaient plus que 15 % des nouveaux logements en 2020. Un monde de différence.
Mais il y a une ombre au tableau. Les règles ne s’appliquent pas à l’extérieur de la CMM, dans les municipalités du pourtour, où la croissance démographique est aussi forte qu’à l’intérieur de la CMM et deux fois plus forte que dans le reste de la province. Et c’est inquiétant.
Lors d’une conférence cette semaine, la mairesse de Montréal, qui est aussi présidente de la CMM, a noté qu’il faut ouvrir la discussion avec les municipalités de la troisième couronne pour s’assurer que les efforts déployés pendant une décennie pour contrer l’étalement sauvage ne prendront pas le bord. Dans le contexte actuel, alors que l’attrait du 450 lointain est plus fort que jamais, ça semble urgent.
La bonne nouvelle est que le gouvernement du Québec a lancé en janvier une vaste consultation, baptisée « conversation nationale sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire », qui doit mener à la refonte de la loi actuelle en la matière, vieille de 40 ans.
Espérons que la lutte contre l’étalement urbain et la protection de l’environnement seront des thèmes centraux. On ne peut pas relancer l’économie de manière plus verte en laissant pousser des bungalows et des grosses maisons unifamiliales à droite et à gauche-sans encadrement-au détriment du bien collectif.
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