Devant le succès des navettes fluviales à Montréal, d’autres villes du Québec souhaiteraient tenter l’expérience…
Résumé
Partir du quai de Portneuf en navette pour se rendre à Lotbinière? Ou bien de Deschambault-Grondines? Ce sont des scénarios qui sont en ce moment évalués. (jpeg.mov/jpeg.mov)
Le prochain lien se fera peut-être entre Portneuf et Lotbinière sans qu’il soit nécessaire de construire un pont ni un tunnel.
Oui, ça se peut! Et plusieurs municipalités au Québec l’ont déjà fait. Pas de quoi traverser des camions poids lourds ou même des véhicules, mais beaucoup de piétons, cyclistes et touristes. De quoi parle-t-on? D’une navette fluviale.
C’est le projet qui est actuellement à l’étude entre les MRC de Portneuf et Lotbinière. Si près, et si loin, les citoyens des municipalités se font face, mais doivent passer par le pont Laviolette à Trois-Rivières et Bécancour, ou les ponts Pierre-Laporte ou de Québec à la hauteur de Lévis et de la Capitale-Nationale pour se visiter.
Un trajet de moins de cinq kilomètres au lieu de 120 km à l’est ou de 150 km à l’ouest. Parfait pour stimuler les amourettes d’été entre Portnevois.es et Lotbinièrois.es.
Genèse farfelue poussée par un forum citoyen
«On avait déjà émis des idées farfelues il y a plusieurs années, raconte Bernard Gaudreau, le préfet de la MRC de Portneuf. On se disait que ça pourrait quand même être pas pire d’avoir un moyen de circuler qui soit simple et abordable au lieu de construire de grandes infrastructures, simplement d’utiliser nos vieux réflexes d’antan où les gens se fréquentaient davantage l’hiver avec les ponts de glace qui se formaient.»
C’est ainsi que l’idée a mûri, et que l’envie de créer une navette fluviale est née. En 2023, elle a été priorisée lors du Forum citoyen Mes idées, Notre avenir, ce qui a poussé les MRC de Portneuf et de Lotbinière à unir leurs efforts pour faire avancer le projet.
«On a toujours cherché à innover, explique le préfet. En étant situés en milieu rural, mais à proximité de la Communauté métropolitaine de Québec, on cherche constamment à améliorer la circulation entre les rives. Si du même coup on peut offrir à nos citoyens respectifs du littoral une manière de découvrir le territoire, ce serait merveilleux.»
Stimuler le tourisme et l’économie interrégionale
Avec cette navette destinée aux riverains à pied, en vélo et peut-être un jour en moto, Bernard Gaudreau souhaite aussi que ce nouveau lien puisse stimuler le tourisme et l’économie interrégionale. Comme permettre un échange dynamique entre les marchés publics des deux rives.
«Imaginez-vous ça allait bien ce projet-là, ça veut dire qu’on serait capables d’avoir des commerçants et des artisans, de Lotbinière qui viennent installer un kiosque dans Portneuf et vice-versa?» s’emballe le préfet.
«De base, c’est aussi une manière de circuler de façon différente!» lance-t-il, en soulignant que c’est une rare occasion de mettre en valeur le fleuve Saint-Laurent. Beaucoup d’amateurs de navigation en profitent d’ailleurs chaque été, rappelle-t-il, dans divers types d’embarcations. «Donc oui, l’interrives, ça se fait!»
Une navette fluviale favorisera les échanges entre exposants, producteurs et artisans dans les marchés publics des deux rives, comme celui de Deschambault. (fournie par le Marché public de Deschambault/fournie par le Marché public de Deschambault)
Succès à Montréal et Trois-Rivières
Le préfet n’a pas tort, les fluviales qui desservent le Grand Montréal connaissent un véritable succès et ont un véritable poids dans la lutte à la congestion routière. De Boucherville au parc de la Promenade-Bellerive, dans l’est de la métropole, et entre Varennes et le Vieux-Port de Montréal en passant par Pointe-aux-Trembles, les trajets offerts dès le printemps — opérés sur plus de 160 jours — sont victimes de leur popularité.
«Ça a changé de vie à Rivière-des-Prairies d’avoir la navette, dit d’entrée de jeu la conseillère municipale de l’arrondissement montréalais, Daphney Colin. Ça améliore tellement nos déplacements. Aller au centre-ville, ça prend trente minutes à la place d’une heure et demie.»
Les données de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) soulignent une hausse de 9 % de leur utilisation l’automne dernier par rapport à l’année précédente. Plus de 462 000 déplacements ont été enregistrés durant la saison 2024.
Bécancour et Trois-Rivières aussi ont expérimenté les navettes fluviales, non pas sans connaître certains défis. La liaison fluviale entre les deux villes qui a existé jusqu’en 1967, avait repris du service en 2015, avant d’être interrompue lors de la pandémie sans connaître de nouveau départ depuis.
Portneuf et Lotbinière ont beau n’être qu’à l’étape d’une étude de faisabilité pour laquelle 58 135 $ ont été alloués, les MRC comptent déjà l’aluminerie Alcoa de Deschambault comme partenaire.
Menée par la firme PAR en collaboration avec AUpoint architecture + territoire et Lemerise Expérience durable, l’étude analysera notamment la viabilité financière, les aspects techniques et les retombées économiques potentielles.
Quel type de bateau? Quel quai? Qu’est-ce qui doit être mis à niveau? Toutes des questions auxquelles s’intéresseront les parties concernées par l’aboutissement de ce projet et dont on aura les réponses au printemps.
Si les conclusions sont favorables, Portneuf et Lotbinière pourraient ainsi bientôt voir leurs citoyens et touristes traverser le fleuve autrement avant ceux de Québec et Lévis.