Transport en commun - Discussion générale

Le transport en commun à la croisée des chemins


Photo: Fabien Barnoud Le Devoir Par souci d’économie, la STM entend cette année «repousser» la durée de vie de certains de ses autobus en continuant de les faire rouler après la limite de 16 ans normalement respectée.

Le Devoir | Transports / Urbanisme | 10 janvier 2022 | Zacharie Goudreault

Les sociétés de transport en commun de la grande région de Montréal explorent leurs options pour diminuer le fardeau financier croissant lié à la chute de l’achalandage de leur réseau, mais le défi est de taille. État des lieux.

Le directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), Luc Tremblay, ne s’en cache pas. Son budget 2022, présenté quelques jours avant Noël, est « équilibré artificiellement ». La STM a en effet prévu dans celui-ci un « manque à gagner » de 43 millions de dollars, somme qu’elle devra trouver cette année afin de combler l’écart actuel entre ses dépenses et ses revenus prévus.

Cette situation est essentiellement due à la chute de l’achalandage du réseau de métro et de bus de la société de transport. L’achalandage était remonté à la mi-décembre à 59 % de ce qu’il était avant la pandémie, mais ce pourcentage pourrait avoir de nouveau chuté depuis la mise en place de nouvelles restrictions entourant la montée du variant Omicron de la COVID-19 dans la province, estime la STM.

Or, « ce que les gens oublient, c’est que la situation [financière de la STM] était déjà critique bien avant la pandémie », évoque Luc Tremblay, en entrevue au Devoir. Avant même le début de la pandémie, la STM avait dû réduire ses frais d’administration « au minimum », tandis qu’augmentaient considérablement ses dépenses liées entre autres au transport adapté, un service pour lequel la demande « a explosé » dans les dernières années, alors que « le taux de subvention [du gouvernement] est resté le même ».

« Ça fait en sorte que quand la pandémie est arrivée, elle est juste venue accentuer une crise qui était déjà là », évoque M. Tremblay.

Avec l’arrivée de la crise sanitaire, la STM a donc dû piger davantage dans ses « fonds de tiroir » pour absorber en partie les pertes de revenus liés à la chute de l’achalandage dans son réseau. Un « gel des nouveaux postes » pour ses employés administratifs s’applique entre autres actuellement, tandis que le recours aux heures supplémentaires a été réduit « partout » dans l’espoir de « dégager des sous », indique le directeur général de la STM.

Quand la pandémie est arrivée, elle est juste venue accentuer une crise qui était déjà là.

— Luc Tremblay

Télétravail

Ces mesures ne seront toutefois pas suffisantes pour sortir de l’impasse financière dans laquelle se trouve la STM. Pour réaliser des économies additionnelles, l’organisme entend mettre fin d’ici quelques années à plusieurs baux d’espaces de bureaux. Ses employés administratifs, lorsqu’ils ne seront pas en télétravail en alternance, n’auront donc plus qu’un seul endroit où aller au terme de la pandémie, soit à la Place Bonaventure, au centre-ville de Montréal. « Ça va non seulement sauver des frais de loyer, mais aussi augmenter la productivité », estime Luc Tremblay.

La Société de transport de Laval entend d’ailleurs, elle aussi, réduire ses besoins futurs en espaces de bureaux en demandant à ses employés administratifs de travailler de la maison « 50 % du temps », à l’issue de la pandémie, indique le directeur général de l’organisme, Guy Picard. « À moyen et à long terme, il y a des économies énormes à faire », affirme-t-il.

D’autre part, la STM a réduit d’environ deux milliards de dollars les investissements majeurs qu’elle prévoit réaliser d’ici dix ans pour bonifier son réseau, pour un total de 15,9 milliards. Elle a ainsi fait une croix sur l’ajout éventuel de portes palières dans le réseau du métro, ce qui aurait permis de réduire les arrêts de service liés à la clientèle.

La STM entend aussi « repousser » la durée de vie de certains de ses bus en continuant de les faire rouler après la limite de 16 ans normalement respectée.

« Il risque d’y avoir un peu plus de bus en panne, c’est moins bon pour le service », entrevoit M. Tremblay. Quant à l’entretien majeur des wagons de métro Azur, qui était prévu en 2022, celui-ci a été remis à l’année prochaine. « Il n’y a pas d’enjeux de sécurité, je l’assure à tout le monde, mais il pourrait y avoir des arrêts de service supplémentaires », confie Luc Tremblay. Une situation qui préoccupe le chargé de cours à l’Université de Montréal et expert en planification des transports Pierre Barrieau.

« Diminuer l’entretien, c’est comme diminuer la fréquence de nettoyage des autobus. C’est ce genre de choses là qui peut faire perdre des usagers de façon permanente », appréhende-t-il.

Or, « on n’a plus de marge de manœuvre. On est rendu à devoir couper dans le service et on ne veut pas en arriver là », martèle M. Tremblay.

L’arrivée du REM

D’ailleurs, si la STM a réussi à conserver sensiblement la même offre de service dans son réseau de bus et de métro que celle qui était en vigueur en 2019, la situation est bien différente du côté du Réseau de transport de Longueuil (RTL). Son offre de service se situe actuellement à 92 % de ce qu’elle était avant la pandémie, tandis qu’une trentaine de lignes de bus ont été retirées et qu’une centaine d’employés ont été mis à pied en 2020, y compris des chauffeurs et des employés d’entretien. Une situation qui préoccupe le directeur général du RTL, Michel Veilleux, à l’approche de la mise en fonction, cette année, de la branche du Réseau express métropolitain (REM) en direction de la Rive-Sud dans la région de Montréal.

« Il y aura un défi énorme de desservir la population et de l’amener vers le REM. Ça suppose un service qui va être adéquat et qui va répondre à ça », évoque-t-il. Or, l’organisme prévoit un manque à gagner de 3,5 millions dans son budget 2022, indique M. Veilleux.

Même son de cloche du côté de l’organisme de transport exo, qui exploite les lignes de train de banlieue de la grande région de Montréal et plusieurs lignes de bus. Actuellement, son offre de service se situe à 90 % de ce qu’elle était avant la pandémie et plusieurs projets majeurs ont été retardés.

« L’offre de service en couronne étant plus faible que dans les secteurs centraux, l’offre devra répondre aux attentes, surtout dans le contexte de l’ouverture de l’antenne Rive-Sud du REM, annoncée pour l’été 2022 », relève la conseillère aux relations aux médias d’exo, Catherine Maurice.

Financement

Luc Tremblay presse ainsi le gouvernement du Québec et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) de bonifier l’aide financière accordée aux sociétés de transport de la région, dans le contexte de la pandémie.

« Il y a une déconnexion totale entre ce que nous donne l’ARTM et ce qui est requis par les sociétés de transport », constate d’ailleurs Guy Picard. Depuis le début de la pandémie, la STL a diminué ses « dépenses de support », notamment en réduisant les horaires des superviseurs et les dépenses liées à la formation des employés, évoque son p.-d. g.

« Ce sont des choses qu’on peut faire pendant un an, deux ans, trois ans. Mais après ça, si ça devient une habitude, on sclérose complètement l’entreprise », s’inquiète M. Picard. Pas question, malgré tout, de réduire l’offre de service aux usagers, tranche-t-il.

« Si on veut développer le transport collectif, il faut mettre du service et il faut répondre aux besoins des gens. Donc, les options de diminuer le service que nous demande l’ARTM, ça ne va pas dans le sens où on devrait aller », laisse tomber Guy Picard.

Par courriel, l’ARTM a pour sa part réitéré qu’elle continue ses démarches avec le gouvernement du Québec et « l’ensemble des partenaires » afin de trouver un moyen de « pallier le manque à gagner tarifaire engendré par la pandémie » et de trouver « de nouvelles sources de revenus qui soient pérennes ».

43 MILLIONS

C’est la somme que devra cette année trouver la STM afin de combler l’écart actuel entre ses dépenses et ses revenus prévus, selon son budget 2022.

3,5 MILLIONS

C’est le manque à gagner que prévoit cette année la RTL, selon son budget 2022.

Éditoriaux

Investir dans le transport collectif… pour vrai


PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE | « Difficile d’en demander davantage aux usagers qui assument déjà 30 % des coûts », écrit Nathalie Collard.

Comme la marmotte qui sort de son trou au printemps, le débat sur le financement des transports publics revient invariablement dans l’actualité.

4 février 2022 | Publié à 5h00 | NATHALIE COLLARD | LA PRESSE

Cette semaine, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, également présidente de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), a demandé aux deux ordres de gouvernement d’aider les municipalités à éponger le déficit de leur système de transport. Un déficit causé entre autres par la baisse de l’achalandage durant la pandémie.

La CMM dispose de pouvoirs de taxation pour financer les transport en commun. En 2019, elle avait d’ailleurs voté une résolution qui faisait passer la taxe d’immatriculation de 45 à 50 $ sur l’île de Montréal en plus d’imposer une taxe de 50 $ en banlieue. Total de cette mesure : 275 millions. Une somme qui ne s’est toutefois jamais matérialisée pour cause de système informatique désuet à la SAAQ qui demande d’attendre à… 2024.

La semaine dernière, c’était au tour du directeur général démissionnaire de la Société de transport de Montréal, Luc Tremblay, d’attirer l’attention sur les problèmes structurels de financement de la STM.

Année après année, c’est la même rengaine : les sociétés de transport doivent pratiquement se mettre à genoux pour implorer les gouvernements de l’importance d’un financement stable et récurrent. Qu’on en soit encore là en 2022, en pleine crise du climat, est démoralisant.

Puisqu’il faut le répéter, répétons-le : les besoins des sociétés de transport sont criants. Il y a l’entretien (le métro de Montréal a 55 ans). Et il y a le développement de l’offre. On ne peut rogner ni sur l’un ni sur l’autre si on souhaite se doter d’un réseau de transport digne du XXIe siècle.

Ajoutons à cela que l’après-pandémie se traduira peut-être par une baisse d’achalandage liée au télétravail et donc, à une autre baisse potentielle de revenus. Or presque au même moment, il faudra s’adapter au vieillissement de la population qui créera sûrement de nouvelles demandes : moins de déplacements à l’heure de pointe et plus de déplacements à l’intérieur d’un même territoire.

Difficile d’en demander davantage aux usagers qui assument déjà 30 % des coûts. Les municipalités – qui assument un autre 30 % – sont elles aussi rendues au bout de leur capacité de payer. Il reste les deux ordres de gouvernement.

Le ministère des Transports du Québec a entre les mains une étude pilotée par le député de Beauharnois, Claude Reid. Le chantier sur le financement de la mobilité durable explore diverses sources de financement à la portée du gouvernement pour financer les transports en commun dans la perspective où la taxe sur l’essence va devenir désuète d’ici une vingtaine d’années. Le MTQ se donne jusqu’en 2023 pour en étudier les impacts. C’est vraiment looooong.

Quand on sait que cette réflexion a débuté en 2019, on est en droit de demander, comme l’a fait la mairesse Plante cette semaine, d’appuyer sur l’accélérateur.

N’oublions pas que dans l’expression « urgence climatique », il y a urgence, un mot qui semble être mal compris à l’autre bout de l’autoroute 20.

Nous le savons, ce n’est jamais très populaire d’évoquer de nouvelles taxes, même si c’est pour une excellente raison. Il faut dire que les dépenses dans les transports publics sont très visibles alors que le coût de l’utilisation de l’automobile, lui, est caché.

Peut-être faudrait-il rappeler qu’une somme allouée au développement et à l’entretien des transports en commun n’est pas une dépense, mais bien un investissement. Et que le privilège d’utiliser une voiture coûte cher à toute la société : pollution, retards causés par la congestion, entretien des routes, coûts reliés aux accidents de la route, étalement urbain, etc. Quand on compare la colonne des avantages et celle des inconvénients, il est évident qu’il y a un déséquilibre et une iniquité. Il est grand temps d’y remédier.

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Ça, ça me sidère. Me semble que ça aurait pu couvrir la totalité des déficits restants pour la STM, la STL, le RTL et Exo, non?

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Me semble que si la surcharge allait dans les poches de la SAAQ au lieu de l’ARTM ils auraient trouvé un moyen de récupérer leur dû…

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Ottawa offre 750 millions aux villes pour soutenir le transport en commun


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
La Société de transport de Montréal a ainsi affiché en décembre un « manque à gagner » de 43 millions, qui devra être résorbé au cours de 2022 puisque la STM ne peut pas faire de déficits.

(Ottawa) Le gouvernement fédéral offre aux municipalités une injection ponctuelle de 750 millions pour compenser en partie le manque à gagner des revenus du transport en commun pendant la pandémie.

Publié à 13h46
LA PRESSE CANADIENNE

Cet engagement fédéral s’accompagne toutefois de ce que la ministre des Finances, Chrystia Freeland, appelle deux « conditions raisonnables » : les provinces devront égaler le financement fédéral, et elles devront travailler avec les municipalités pour accélérer l’offre de logements.

Mme Freeland reconnaît que les municipalités ont besoin d’une aide financière pour gérer les répercussions financières de la pandémie et entretenir leurs systèmes de transport en commun.

L’achalandage a chuté du jour au lendemain dès le début de la première vague de COVID-19, en mars 2020, et il est demeuré faible pendant une suite de confinements et de restrictions sanitaires. Le manque à gagner au chapitre des revenus d’exploitation a privé les municipalités des sommes nécessaires pour faire fonctionner et entretenir leurs réseaux de transport public.

Pendant la plus récente campagne électorale, l’an dernier, les maires des plus grandes villes du Canada ont demandé un engagement de financement pluriannuel pour aider à combler ces manques à gagner, qui pourraient perdurer bien après la pandémie.

À la fin du mois dernier, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) a soulevé le besoin d’un soutien financier urgent, alors que la vague Omicron de COVID-19 a encore mis à rude épreuve les systèmes, prolongeant les graves problèmes d’achalandage et de revenus d’exploitation.

La Société de transport de Montréal a ainsi affiché en décembre un « manque à gagner » de 43 millions, qui devra être résorbé au cours de 2022 puisque la STM ne peut pas faire de déficits.

À Toronto, le déficit de fonctionnement cette année devrait être de 561 millions ; Vancouver anticipe jusqu’à 100 millions et Edmonton 53,7 millions.

Le caucus des maires des grandes villes de la FCM a déjà souligné qu’un financement insuffisant pourrait entraîner des réductions de services, des hausses de tarifs ou des augmentations de taxes foncières qui pourraient limiter la reprise économique au pays.

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Tiens… tiens…

D’autres annonces de projets de transport structurant à venir ?? :upside_down_face:

D’autres joueurs pourraient soumettre des projets, avance la ministre Rouleau


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE | Une partie du REM de l’Est pourrait être construit le long de l’avenue Dubuisson (à gauche sur la photo), dans le quartier Tétreaultville à Montréal.

(Québec) D’autres joueurs pourraient soumettre des projets de transport collectif dans la région métropolitaine.

Publié à 14h36 | PATRICE BERGERON | LA PRESSE CANADIENNE

La ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, a ouvert cette porte jeudi dans le cadre du débat sur le REM de l’Est, le projet controversé de train électrique de la Caisse de dépôt pour l’est de Montréal qui mobilise beaucoup d’opposants.

« Peut-être y aurait-il d’autres joueurs », a laissé entendre la ministre déléguée, dans un débat au Salon bleu.

En entretien téléphonique, l’attachée de presse de la ministre a confirmé que d’autres intervenants, publics ou privés, « pourraient se montrer intéressés » à réaliser des projets de transport structurant dans la région de Montréal.

« On est en train de repenser complètement » le transport collectif, a dit Catherine Boucher, au téléphone.

« On veut regarder toutes les possibilités. On ne veut pas se cantonner à accorder l’exclusivité (de projets de transport collectif) à la Caisse de dépôt ou à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). »

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Oh boy… j’espère sincèrement que les projets de transport en commun ne deviendront pas un buffet all you can eat pour fonds institutionnels…

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Bon avec tous ces débats houleux, il semblerait que l’aspect positif est que les infrastructures de transport collectif soient le sujet de l’heure! :slight_smile:


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Le transport en commun souffrira d’un manque à gagner sur plusieurs années à Montréal


Photo: Valérian Mazataud Le Devoir La pandémie de COVID-19, qui a soufflé sa deuxième bougie plus tôt ce mois-ci, n’a pas seulement fait chuter l’achalandage du réseau du métro, des lignes de bus et du train de banlieue. Elle a aussi changé durablement les habitudes de nombreux travailleurs.

Zacharie Goudreault
03 h 04

Les revenus tarifaires des sociétés de transport en commun de la grande région de Montréal demeureront marqués par la pandémie au terme de celle-ci, entraînant un manque à gagner annuel de plusieurs centaines de millions de dollars que Québec ne pourra continuer à combler « éternellement », prévient l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

L’organisation responsable entre autres du financement et de la planification du transport en commun dans l’ensemble de la région métropolitaine a libéré jeudi son directeur général, Benoît Gendron, pour une rare série d’entrevues individuelles avec les représentants de quelques médias, incluant Le Devoir.

La pandémie de COVID-19, qui a soufflé sa deuxième bougie plus tôt ce mois-ci, n’a pas seulement fait chuter l’achalandage du réseau du métro, des lignes de bus et du train de banlieue pendant les épisodes successifs de confinement qui ont marqué les deux dernières années. Elle a aussi changé durablement les habitudes de nombreux travailleurs, qui ont pris goût au télétravail, du moins dans une formule hybride, et qui ont aussi développé l’habitude d’acheter en ligne plutôt que de se déplacer au centre-ville de Montréal pour effectuer leurs emplettes.

« La durée [de la pandémie] a accéléré des changements dans les habitudes des usagers », résume M. Gendron, assis dans les bureaux de l’ARTM au centre-ville.

L’organisation prévoit ainsi que la « nouvelle normalité » en matière d’achalandage du transport en commun au terme de la pandémie devrait se situer à 85 % du niveau de 2019, contre 64 % actuellement dans la région. À terme, l’achalandage repartira à la hausse et dépassera le niveau prépandémique grâce à la croissance démographique et celle de « l’offre de service », notamment avec l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) et du prolongement de la ligne bleue du métro, croit M. Gendron. Il faudra toutefois patienter plusieurs années avant que s’estompent les répercussions de la crise sanitaire sur le nombre de sièges vides dans le transport en commun.

Un financement désuet

Entre-temps, les sociétés de transport de la région devront composer avec un manque d’au moins 15 % de leurs revenus tarifaires, ce qui pourrait représenter « plusieurs centaines de millions de dollars » en pertes chaque année pour l’ARTM, qui fait état d’une baisse de 38 % des ventes de titres de transport mensuels depuis le début de la pandémie. Jusqu’à maintenant, l’organisation a bénéficié d’un soutien d’urgence du gouvernement du Québec, dont le dernier budget viendra d’ailleurs éponger entièrement son déficit d’environ 300 millions pour l’année 2022, a confirmé M. Gendron, qui souhaite toutefois voir plus loin.

« Le gouvernement compense jusqu’à maintenant, mais on ne s’attend pas à ce qu’il compense éternellement cette perte-là. C’est dans ce sens-là qu’il faut trouver de nouvelles sources de financement au sortir de la pandémie », insiste le directeur général, qui souhaite que celles-ci soient « pérennes et prévisibles ». Questionné sur les mesures qui pourraient être prises à cet égard – telles la création de péages routiers ou encore la bonification de la taxe sur l’essence – M. Gendron a préféré ne pas s’avancer.

« Le manque à gagner ne peut être payé par aucun des trois grands piliers » du financement du transport collectif, a-t-il évoqué, en référence aux usagers, au gouvernement du Québec et aux municipalités, qui se répartissent environ 95 % de la facture de l’exploitation de l’ensemble du réseau de la région. Les automobilistes déboursent le reste par le biais de la taxe sur l’essence et des frais d’immatriculation.

« Il faut arrêter de gérer à la petite semaine et avoir une perspective à plus long terme », renchérit M. Gendron.

Une « solution » pour la STM

Quant au montant de 43 millions de dollars qui manque actuellement pour équilibrer le budget de la Société de transport de Montréal cette année, M. Gendron assure qu’une solution sera trouvée pour le combler. Il n’a toutefois pas voulu préciser jeudi si l’ARTM utilisera l’argent de Québec pour rembourser l’entièreté de cette facture ou si la STM ne sera pas plutôt appelée à se serrer la ceinture davantage.

« Je n’ai pas les modalités de façon précise encore, on les attend du gouvernement, mais on est confiants de pouvoir trouver une solution pour la STM », assure le directeur général.

Quant aux usagers des sociétés de transport de la région, qui connaîtront les détails des prochaines hausses tarifaires à la fin du mois d’avril, ceux-ci ne devraient pas avoir de mauvaises surprises, malgré le contexte inflationniste actuel. « Ce n’est pas le temps de faire payer les usagers […]. On veut les ramener dans le transport collectif », explique M. Gendron. L’an passé, les titres de transport ont augmenté en moyenne de 2 %.

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Grands projets de transport Une gestion en montagnes russes

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

François Legault, premier ministre du Québec

Tommy Chouinard

Tommy Chouinard La Presse

(Québec) Les dernières semaines ont pris la forme de montagnes russes pour le gouvernement Legault dans la gestion de grands projets de transport dans les régions de Québec et de Montréal. À l’approche des élections générales, les rebondissements ont été nombreux… et ce n’est pas fini.

Publié à 6h00

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Le troisième lien « ajusté »

La première mouture du « troisième lien », l’un des plus grands tunnels au monde, représentait un projet pharaonique aussi coûteux que risqué. Le gouvernement cherche à rendre son projet plus acceptable avec sa nouvelle version, mais le défi reste important dans ce dossier qui est devenu national, comme le REM à Montréal. On voit difficilement comment les caquistes pourraient se passer d’un appui clair du maire de Québec, Bruno Marchand, à leur projet… qui ne présente toutefois pas de gains pour ce dernier ; il menace d’augmenter les coûts d’entretien du réseau routier de la Ville et de la priver de revenus de taxes à cause de l’étalement urbain. Le gouvernement se servira de l’annonce récente de travaux de 4 millions de dollars sur des routes de Lévis pour dire, lors de la campagne électorale, qu’il a respecté sa promesse de commencer le chantier avant la fin du mandat. Il donne une interprétation bien limitée à son engagement. Comme le dossier d’affaires doit être achevé en 2025, le débat ne sera probablement pas encore fini lors de la prochaine campagne électorale, dans quatre ans. La mise en service est prévue en 2032 seulement. C’est encore loin d’être réglé. D’autant plus que les caquistes auront fort à faire pour convaincre le fédéral d’assumer 40 % de la facture que l’on dit réduire à 6,5 milliards – ce qui est incertain. Et rappelons qu’Ottawa entend mener sa propre évaluation environnementale du projet parce que celui-ci « traverse l’un des plus grands cours d’eau au pays ».

Cafouillage sur le tramway

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Bruno Marchand, maire de Québec

Avec son cafouillage dans le dossier du tramway de Québec, le gouvernement Legault a fait de Bruno Marchand une vedette nationale. Il a renoncé à lui imposer dans un décret des conditions – dont celle, floue, sur l’« acceptabilité sociale » – pour que le projet aille de l’avant. Ces conditions-surprises, c’était une stratégie de la « gang de Québec », inquiète de l’essor du Parti conservateur du Québec ; l’expression vient de représentants gouvernementaux. François Legault a tranché, comme il l’a dit lui-même, mais bien des ténors montréalais ont fait savoir qu’ils ne comprenaient pas ces tergiversations, d’autant que le tramway fait partie des promesses électorales de la CAQ. Après avoir rallié à sa cause la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et l’Union des municipalités du Québec, Bruno Marchand a gagné la bataille. Il lui reste maintenant à rehausser l’appui au tramway, en baisse depuis quelques mois. Il a lancé les consultations promises en campagne électorale, mais on attend toujours les modifications au projet pour répondre aux critiques.

Annonce précipitée sur la Rive-Sud

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le premier ministre François Legault et la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, en conférence de presse à Longueuil, le 14 février dernier

Le 14 février, juste avant le déclenchement de l’élection partielle dans Marie-Victorin, François Legault a confirmé subitement le prolongement prochain du REM sur la Rive-Sud. C’est l’une de ses promesses électorales. Il a révélé que la Caisse de dépôt et placement a conclu qu’un tel projet est-ouest serait rentable. Encore une fois, M. Legault a devancé la Caisse, qui est muette depuis et qui, en février, se limitait à dire que des « études préliminaires » étaient en cours. En mars, François Legault a précisé en entrevue à Télévision Rive-Sud que le tracé envisagé se situe entre La Prairie et Boucherville – où le maire est toutefois très réfractaire au projet et n’a pas encore eu de rencontre avec le gouvernement à ce sujet. Le train électrique passerait dans l’axe du boulevard Taschereau. L’ex-députée de Marie-Victorin et nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a toujours eu des inquiétudes quant à une structure aérienne qui défigurerait le Vieux-Longueuil. Québec a évoqué une structure au sol, mais François Legault a aussi indiqué ceci le mois dernier : « Dans Longueuil, évidemment, on ne peut pas mettre ça juste aérien, il y a une partie qui doit être faite de façon souterraine. » À suivre…

Report du REM de l’Est

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Améliorer le transport collectif dans l’est de Montréal est un engagement électoral de la CAQ, qui misait en 2018 sur un tramway. François Legault a plutôt confié le mandat à la Caisse d’y prolonger le REM. Mais depuis l’annonce du projet de 10 milliards, CDPQ Infra essuie bien des critiques. Si Valérie Plante ne donne pas un appui clair au projet, la filiale de la Caisse l’abandonnera. Les pourparlers sont difficiles. Dans ce contexte, CDPQ Infra a décidé d’attendre à l’automne avant de déposer le projet au BAPE, ce qui reporte les audiences qui étaient prévues ce printemps à l’origine. Pour le gouvernement, ce scénario a l’avantage de maintenir le projet en vie – ce qui est important pour lui compte tenu de ses deux sièges dans l’Est – tout en repoussant après les élections les débats entourant la structure aérienne sur le boulevard René-Lévesque et l’intégration urbaine. Mais il ne pourra y avoir de mise en chantier à la mi-2023 ni de mise en service en 2029 comme prévu. Québec négocie toujours pour répondre à la demande de Valérie Plante de donner à la Ville une place à la table décisionnelle. Après des années de tergiversations et bien des discussions sur la facture, le feu vert a été donné le mois dernier pour prolonger de 6 km la ligne bleue du métro au coût de 6,4 milliards de dollars. La mise en service est repoussée en 2029.

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Revenus tirés du marché du carbone

Québec réduit la part destinée au transport collectif


PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Le gouvernement Legault a décidé qu’il réduisait de près de deux tiers la somme minimum tirée du marché du carbone qu’il doit obligatoirement investir dans le transport collectif chaque année.

La somme minimum sera amputée de près des deux tiers

Publié à 5h00
VINCENT LARIN
LA PRESSE

Le gouvernement Legault a décidé qu’il réduisait de près des deux tiers la somme minimum tirée du marché du carbone qu’il doit obligatoirement investir dans le transport collectif chaque année.

La nouvelle, annoncée par un décret publié mercredi dans la Gazette officielle, à la veille de la mise à jour du projet de troisième lien Québec-Lévis, inquiète l’Alliance TRANSIT.

Le regroupement d’organismes pro-transport collectif y voit « un très mauvais signal » des intentions du gouvernement Legault quant à sa vision du développement du secteur.

La part minimale des sommes tirées du marché du carbone et destinées « au financement de mesures applicables aux transports et plus particulièrement au transport collectif et à la mobilité durable », auparavant fixée à 66 %, est maintenant réduite à 25 %, apprend-on dans le décret.

Notons que Québec a accumulé cette année dans son Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) – autrefois appelé Fonds vert – une somme beaucoup plus importante que prévu grâce au marché du carbone, soit 1,3 milliard plutôt que 800 millions.

Les sommes en provenance de ce Fonds peuvent financer des projets de transport non collectif, mais doivent servir à la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Comme le rappelle toutefois le cabinet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, il était déjà prévu que la part du FECC destinée au transport soit revue, et ce, en vertu de l’adoption de la Loi visant principalement la gouvernance efficace de la lutte contre les changements climatiques et à favoriser l’électrification (projet de loi 44), en 2020.

Mais l’Alliance TRANSIT, qui avait déjà émis des inquiétudes quant au financement du transport collectif au moment de l’adoption de ce projet de loi, s’alarme devant cette importante baisse. « C’est vraiment très bas [cette part de 25 %], on est surpris. On ne pensait pas que ce serait aussi bas », s’inquiète son coordonnateur, Samuel Pagé-Plouffe.

Projets autres que le transport

Québec indique déjà qu’il entend affecter une plus grande part de l’argent du FECC à d’autres projets de réduction des émissions de GES que le développement du transport collectif, alors que la proportion des investissements qui y sont destinés est déjà entamée.

En effet, pour l’année 2021-2022, 400 millions environ ont été accordés aux projets de transport via le FECC, soit environ 31 % du montant total, indique Rosalie Tremblay-Cloutier, attachée de presse du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Une somme record de 55 milliards en projets en transports collectifs est déjà prévue par notre gouvernement au Programme québécois des infrastructures (PQI).

— Rosalie Tremblay-Cloutier, attachée de presse du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

« Il est donc primordial de pouvoir prendre une plus grande partie du FECC pour des mesures visant à électrifier nos transports, à décarboner nos bâtiments, à réduire les émissions de nos entreprises et à adapter notre territoire au climat qui change », explique Rosalie Tremblay-Cloutier.

À noter, la somme de 55 milliards prévue au PQI pour le transport collectif inclut des investissements à venir, mais qui ne sont pas encore en chantier, ou encore les élargissements d’autoroute pour installer des voies réservées.

Si on exclut ces projets, le PQI 2022-2032 prévoit toujours plus d’argent pour le réseau routier que pour le transport collectif, soit 30,7 contre 13,4 milliards. Le gouvernement Legault s’était pourtant engagé à investir également dans les deux domaines.

Le décret de mercredi est de mauvais augure, juge l’Alliance TRANSIT, dans le contexte où la Politique de mobilité durable de Québec prévoit une augmentation de 5 % par année de l’offre de transports en commun, ce qui va normalement de pair avec davantage d’investissement.

Déjà le financement de la mobilité durable est une source d’inquiétude très importante. On est à la croisée des chemins, les villes cherchent des sources de financement et le gouvernement reconnaît que c’est un défi.

— Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur de l’Alliance TRANSIT

Québec se « tire dans le pied »

Selon le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, cette nouvelle n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour ce secteur, à condition que Québec annonce bientôt comment il compte financer le transport collectif de façon durable.

« Ce qu’il faut, c’est pérenniser le financement du transport en commun et ne pas le rendre dépendant de la vente d’un produit [le carbone] dont on cherche à se défaire, explique-t-il. […] On veut ne plus émettre, on veut moins émettre, et donc les revenus du marché du carbone ne doivent pas servir à financer des infrastructures qui vont être là pendant longtemps. »

Mais le gouvernement Legault n’a pas encore proposé des solutions de rechange aux revenus du marché du carbone pour financer les transports en commun, ce que Pierre-Olivier Pineau juge inquiétant.

Dans un contexte où on n’en a pas encore, c’est dommageable de retirer du financement au transport en commun, et ça montre que le gouvernement est dans une improvisation assez complète en ce qui a trait aux changements climatiques.

— Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Selon M. Pineau, Québec se « tire dans le pied » puisque le principal problème est « le transport dans des véhicules individuels motorisés ». « Si on n’investit pas dans les solutions de rechange, et le transport en commun en est une, on vient de se créer des problèmes pour les décennies à venir », explique l’expert.

En vue d’atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050, Québec pourrait tout de même choisir d’investir l’argent du FECC dans d’autres projets qu’il juge plus efficaces, fait valoir pour sa part le directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau.

« Si on décidait de prendre cet argent et de le dédier au camionnage, à des camions électriques, ce ne serait pas du transport en commun, mais ça aurait de l’impact », explique-t-il.

Limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C est toujours possible à condition de plafonner les émissions mondiales de GES au plus tard en 2025, a prévenu le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un important rapport paru le 5 avril dernier.

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Ah ouais le REM Rive-sud va être souterrain dans la partie Du Vieux-Longueuil? Le fameux prolongement de la ligne jaune mais en métro Léger

Ça devient intéressant, le Public a eu 60 ans pour prolonger la Jaune…

Qu’on donne la responsabilité à la CDPQ sous le clientélisme CAQuien ! :ok_hand::grin::roll_eyes::joy:

Décidément la CAQ est aussi pourrie en matière de transports qu’en environnement. On dirait qu’ils n’ont jamais dépassé le niveau de l’ADQ et qu’ils sont encore bien loin d’arriver en ville.

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Et l’ADQ a été fondé dans les années 90!

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REM Brossard+ SRB Pie-iX sur la nouvelle carte réseau de la STM.

Je trouve que c’est quand même un Grand jour !

C’est la première fois depuis 2014 et le Train de l’est et là encore!

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Ligne REM? C’est pas très future proof ca!

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C’est étrange que les nouvelle stations du REM situées à Montréal ne sont pas indiquées sur la carte. La station Île-des-Soeurs, notamment.

Par ailleurs, il serait temps qu’ils revoient le graphisme de la carte et indiquent plus clairement les lignes à grande fréquence, comme c’est la norme dans plusieurs villes maintenant. Ça peut être indiqué par un trait plus épais pour les lignes fréquentes. De la façon dont les lignes sont représentées, la 139, avec ses 105 passages par jour dans chaque direction, semble avoir la même importance que la 21, qui ne passe que… 3 fois.

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Le tracé au niveau du bassin peel est aussi erroné. On dirait qu’ils ont pris une des premières itérations du REM lorsqu’il passait en tunnel sous le bassin.

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Effectivement. Tant qu’à afficher la ligne qui n’est pas encore ouverte, autant afficher les stations de Montréal du REM aussi. Sinon ça sert à quoi cette carte?

Mais cool!

Mais j’ai surtout hâte de voir la carte du métro inclure la ligne du REM!!

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