Le projet va p-ê enfin démarrer
Gouin Ouest : la fin d’un cauchemar?
Publié le 30 janvier 2023
Amine Esseghir
Journaliste de l’Initiative de journalisme local (IJL)
L’arrêt de la STM du côté sud de Gouin Ouest, à l’angle de la rue Joseph-Saucier. Personne ne peut attendre le bus les pieds dans la neige! (Photo : François Robert-Durand, JDV)
Si tout se passe comme prévu, cet hiver sera le dernier durant lequel les élèves de l’école Sainte-Marcelline, sur le boulevard Gouin Ouest, auront l’impression de rejoindre leurs classes en rase campagne.
Cela vaut autant pour les personnes âgées de la résidence l’Amitié et tous les habitants des rues adjacentes dans le coin qui devaient se déplacer en voiture s’ils ne voulaient pas rester cloîtrés chez eux.
L’appel d’offres pour les travaux de voirie, d’éclairage, de feux de circulation, d’utilités publiques et de restauration d’ouvrages de maçonnerie, sur le boulevard Gouin, de l’avenue Martin au boulevard Toupin, a été lancé le 21 novembre 2022. Les soumissions devraient être ouvertes après deux reports, le 2 février, le jour de la Marmotte.
Cet appel d’offres est le signe le plus concret depuis longtemps annonçant la réalisation d’un trottoir attendu depuis des décennies à Cartierville. Le projet prévoit aussi une piste cyclable protégée, cerise sur le sundae pour des piétons qui patientent depuis des lustres. Le chantier pourrait se terminer cette année.
Le Journaldesvoisin.com (JDV) est allé faire un tour pour rendre compte de la situation avant les travaux.
Danger pour les piétons
Pour ce reportage, il était impossible de faire les 1700 mètres qui séparent le boulevard Martin de la rue Toupin à pied. Dans cet environnement hostile aux piétons, il a fallu parcourir cette courte distance en voiture.
Car à moins de vouloir faire du ski de fond ou de la raquette en milieu urbain, longer le boulevard Gouin Ouest à cet endroit suppose, sans exagération, de prendre des risques. Marcher sur la chaussée, c’est se frotter à des voitures qui roulent déjà dans une rue relativement étroite, a pu observer le JDV.
Cette élève de l’école Sainte-Marcelline a dû traverser un bois pour se rendre à l’auto de ses parents stationnée sur la rue Le Mesurier. (Photo : François Robert-Durand, JDV)
À la sortie des classes, les jeunes de l’école Sainte-Marcelline doivent traverser un chemin improvisé. Il est du genre de ceux que les urbanistes nomment un chemin du désir, sauf que dans ce cas, c’est plutôt le parcours de la contrainte.
Elles doivent le faire dans deux pieds de neige quand elles vont rejoindre l’automobile de leur parent stationnée, comme le ferait un agent secret en mission, sur la rue Le Mesurier.
Le côté nord du boulevard Gouin Ouest à l’angle de la rue Le Mesurier. Atteindre à pied cet arrêt de bus n’est possible qu’en raquette si on veut éviter de marcher sur la chaussée. (Photo : François Robert-Durand, JDV)
Oubliez le transport en commun
Sur le boulevard Gouin Ouest se trouvent des arrêts de la Société de transport de Montréal (STM) pour les lignes 68 et 468. On peut y ajouter la 382 de nuit, mais quel inconscient serait tenté d’aller attendre le bus dans la noirceur et surtout dans la neige?
Ce sont des arrêts inutilisables en hiver. Seule une sorte de « zone sécurisée » en face de l’école Sainte-Marcelline existe : un quai exigu pour recevoir le flot de jeunes filles aux heures de sorties des classes.
Si des amateurs de vélo d’hiver voulaient longer le boulevard Gouin Ouest, pour aller faire un tour au Bois-de-Saraguay par exemple, probablement faudrait-il qu’ils pensent à prendre une auto pour s’y rendre.
À peine la moitié du signe de vélo est visible sous la neige sur le côté sud du boulevard Gouin Ouest près du Bois-de-Saraguay. Pour autant, un demi-vélo peut-il rouler? (Photo : François Robert-Durand, JDV)
D’ailleurs, le restant de marquage au sol est sans équivoque; la moitié du pictogramme du vélo est enfoui sous la neige. À moins que cela signifie « Roulez sur une seule roue! »
On ne parle pas d’un rang lointain dans la campagne québécoise, mais d’une portion du boulevard Gouin, sur l’île de Montréal, très achalandée notamment aux heures de pointe, une artère donnant accès vers l’autoroute 13.
Si c’est un environnement qui n’est pas du tout accueillant pour les piétons et les cyclistes, il ne l’est pas plus pour les automobilistes. En heure de pointe, les voitures se suivent collées les unes aux autres. La vitesse est limitée à 30km/h aux abords de l’école et à 40 au-delà. Cela pourrait être un peu trop rapide et insuffisamment prudent si un piéton, dans un cas de forces majeures, devait longer le boulevard Gouin Ouest sur l’asphalte déneigé.
Proposition de réaménagement du boulevard Gouin Ouest près du Bois-de-Saraguay. (Source : Ville de Montréal)
Épilogue?
Le chantier à venir n’a rien de grandiose; c’est l’aménagement d’un trottoir et une piste cyclable protégée sur moins de 2 km de long. Toutefois, il répond à une demande qui traîne depuis trop longtemps et qui s’est butée aux promesses non tenues des administrations qui se sont succédé depuis trente ans ou plus.
Les travaux devaient avoir lieu en 2022, mais ont été reportés notamment parce que la Ville a eu, entre autres, maille à partir avec des riverains quand il a fallu procéder à des expropriations d’étroites bandes de terrain pour élargir la rue.
On notera aussi que les soumissions devaient être ouvertes initialement le 17 janvier, puis la date a été reportée une première fois au 26 du même mois.