Reportage sur le vélo d’hiver (pas le cyclisme récréatif) à Radio-Canada
Le vélo quatre saisons gagne en popularité à Montréal
Un homme fait du vélo hivernal dans une rue de Montréal.
PHOTO : ISTOCK
Michel Chabot
Publié hier à 19 h 41
Avec le retour du froid, de nombreux cyclistes ont rangé leur vélo pour quelques mois. D’autres continuent cependant de se déplacer sur deux roues tout au long de l’hiver. Les cyclistes « quatre saisons » sont effectivement de plus en plus nombreux à Montréal.
Jadis considérés comme des illuminés, ils font de plus en plus partie du paysage. Selon la firme Éco-Compteur, il y a eu 64 000 passages à vélo en janvier 2020, 70 % de plus que l’année précédente.
François Démontagne a créé la page Facebook Vélo d’hiver Montréal en 2008. Elle compte aujourd’hui près de 11 000 membres, deux fois plus qu’il y a quatre ans.
Il y a eu un point déclencheur quand on a officiellement commencé à déneiger les pistes cyclables, comme sur Boyer ou Rachel. Ça fait un certain temps. De Maisonneuve, ça fait presque 10 ans. Et là, il y a commencé à avoir un véritable réseau hivernal. Les gens ont vu qu’il y avait une possibilité de rouler toute l’année.
François Démontagne, créateur de la page Facebook Vélo d’hiver Montréal
L’hiver dernier, la Ville soutient avoir déneigé 76 % du réseau cyclable, soit l’équivalent de 590 kilomètres, y compris les rues où de simples bandes sont peintes au sol.
Quatre-vingt, 90 % de l’hiver à Montréal, on roule sur l’asphalte, assure François Démontagne. Quelqu’un qui commence peut très bien décider de : “Premier hiver, je vais juste rouler quand ce sera de l’asphalte. Le reste du temps, je prends le métro.”
Le météorologue de Radio-Canada Pascal Yiacouvakis se déplace à vélo 10 mois par année depuis 5 ou 6 ans.
J’ai fait quelques chutes comme tout le monde, mais on apprend avec le temps, ajoute-t-il. Faut aller lentement et freiner le moins sec possible, tout doucement.
L’année dernière, on a eu une tempête de neige le 11 novembre. La plupart des gens ont dit : “Ah, ma saison est terminée.” Pas sûr parce que quelques jours après, la neige avait été chargée et, après, en décembre, il n’y a à peu près pas eu de neige, j’ai roulé jusqu’à Noël.
Pascal Yiacouvakis, météorologue et cycliste hivernal
Pascal Yiacouvakis
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS VACHON
Les automobilistes s’ajustent de plus en plus à ce nouvel achalandage. Et la relation avec les cyclistes devient, peu à peu, plus courtoise.
Les aménagements y sont pour quelque chose parce que de mauvais aménagements créent de mauvais comportements, dit Magali Bebronne, directrice des programmes à Vélo Québec. À partir du moment où l’on crée un espace dédié pour chacun, il y a beaucoup moins de conflits. Même aux intersections, on a des feux de circulation pour chacun, ça réduit beaucoup les conflits.
Avec le nouveau Réseau Express Vélo, il y a tout lieu de croire que le nombre de cyclistes augmentera encore cet hiver, surtout que beaucoup de citoyens craignent de prendre les transports en commun en raison de la COVID-19. Pour les débutants, voici quelques conseils de nos experts.
Quand on pédale, on a chaud, affirme Pascal Yiacouvakis. C’est un peu comme le ski de fond : on s’habille avec des couches et tout ça, selon la température. S’il fait 0 degré, deux couches, c’est assez. S’il fait -15, ça en prend deux, trois, quatre, peut-être, ça va dépendre.
On commence à voir des casques avec une petite visière rabattable, indique François Démontagne. Quand il pleut, ça évite d’avoir les gouttelettes de pluie dans les yeux, ou les flocons de neige, et il y a quand même de l’air qui circule. Donc, si on met un petit cache-cou par-dessus, ça permet d’avoir l’air qui circule, mais en même temps de se tenir au chaud.
François Démontagne
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS VACHON
Rappelez-vous que les journées sont courtes en hiver, alors il est important d’avoir une lumière active en avant et en arrière, mentionne Magali Bebronne. C’est obligatoire dans le Code de la sécurité routière, mais c’est surtout essentiel pour votre sécurité.
Rouler l’hiver est une nécessité pour les uns, mais devient aussi un pur plaisir pour les autres.
Ce que j’ai découvert avec le vélo quatre saisons, c’est que l’hiver passe beaucoup plus vite parce que chaque jour, les conditions changent, l’ensoleillement aussi. On n’a plus l’impression d’être dans un tunnel d’un bout à l’autre de l’hiver.
François Démontagne
C’est plus tranquille l’hiver que l’été, poursuit-il. Souvent, les cyclistes quatre saisons appréhendent un petit peu le retour du printemps où tout le monde sort son vélo et c’est là où ça devient un peu le bazar. L’hiver, c’est plutôt une bonne saison pour rouler.