Ca a pas l’air de toujours rouler, même dans des coopératives d’habitation… Quelle honte.
https://www.journaldemontreal.com/2021/04/27/a-la-rue-apres-40-ans-dans-son-logement
Une femme de 68 ans qui a vécu près de 40 ans dans son logement a été jetée à la rue en pleine pandémie parce qu’une blessure l’empêchait d’accomplir les tâches lui permettant de rester membre de la coopérative qu’elle a fondée.
« Je n’ai jamais, jamais, jamais pensé qu’un jour je finirais dans un refuge. Surtout pas après avoir vécu là depuis 1982, après avoir créé cette coopérative pour que des gens puissent vivre dans un beau quartier à prix réduit », explique Dorothy Desjardins, qui a été expulsée de son logement situé dans la Coopérative Les Jardins, sur l’avenue du Parc, à Montréal. Elle faisait partie des cinq créateurs de cette coopérative.
Le 9 avril dernier, la police de Montréal a fait sortir cette femme de 68 ans de son appartement pour l’emmener dans un refuge. Elle n’a eu que le temps d’emporter quelques vêtements et effets personnels.
Lors d’un accident, la sexagénaire s’était cassé la hanche et la jambe en 2018. Vivant depuis avec des douleurs et une canne, il lui était impossible de réaliser les tâches ménagères auxquelles elle devait participer pour garder son statut de « membre de la coopérative ».
Le conseil d’administration de la coopérative a alors suspendu son adhésion et lui a demandé de payer 300 $ de plus par mois pour le loyer, un montant trop important pour elle, soutient Mme Desjardins.
Cette dernière a alors décidé de refuser de payer l’augmentation, tout en continuant de payer le loyer initial.
« Le Tribunal administratif du logement (TAL) n’a pas juridiction quant aux règles de régie interne des coopératives. Il ne peut donc contrôler la légalité des actes posés par une coopérative à l’endroit de ses membres, notamment en ce qui concerne le retrait du statut de membre », explique le porte-parole du TAL, Denis Miron.
Résultat, le 28 février 2020, le TAL résilie le bail de Mme Desjardins, ordonne son expulsion et l’oblige à payer 1200 $ plus intérêts, soit les quatre augmentations de loyer de 300 $ qu’elle n’avait pas payées.
Prête à se battre, la sexagénaire porte sa cause jusqu’à la Cour supérieure.
Or même si la Cour supérieure indique dans son jugement, rendu le 29 janvier 2021, que « l’équité procédurale n’a pas été respectée », elle maintient la décision du TAL.
Depuis plus de deux semaines, Dorothy Desjardins vit temporairement dans le refuge pour femmes Auberge Madeleine, à Montréal. Elle peut y rester pendant un maximum de huit semaines, explique celle qui vivait dans le quartier Milton-Parc depuis 60 ans.
Après qu’elle eut été conduite dans un refuge, des déménageurs sont venus vider son appartement, laissant tous les biens de Mme Desjardins dans la rue, à la vue de tous.
Après qu’elle eut été conduite dans un refuge, des déménageurs sont venus vider son appartement, laissant tous les biens de Mme Desjardins dans la rue, à la vue de tous.
L’appartement de la dame a été vidé de tous ses biens par une compagnie de déménagement chargée d’emporter ses meubles et ses vêtements dans un entrepôt.
Seul le piano de sa grand-mère, légué par son père, est resté dans l’appartement.
Son gigantesque et fidèle poisson rouge depuis 10 ans, Bubbles, a été mis dans un seau et confié à un voisin puisque son aquarium a aussi été entreposé.
Son poisson rouge, Bubbles, a dû être mis dans un seau et conduit dans une animalerie, car son aquarium a été emporté par les déménageurs.
Son poisson rouge, Bubbles, a dû être mis dans un seau et conduit dans une animalerie, car son aquarium a été emporté par les déménageurs.
« La personne qui l’avait pris l’a emmené dans une animalerie pour qu’il puisse avoir de l’espace et de la nourriture le temps que je trouve un appartement », raconte avec soulagement Mme Desjardins.
Contactée par Le Journal, la présidente de la Coopérative Les Jardins a indiqué ne vouloir faire « aucun commentaire ».
Pour un de ses voisins, présent lors de son éviction, c’est le choc.
« Je ne comprends pas qu’on puisse faire ça à une femme de cet âge-là et qui a du mal à marcher », lance celui qui préfère garder l’anonymat.
La sexagénaire espère pouvoir trouver un appartement dans son quartier
« Mais si je ne trouve rien, qu’est-ce que je vais devenir ? Est-ce que je vais devoir vivre de refuge en refuge et perdre toutes mes affaires ? », se désole celle qui n’a plus qu’une cousine éloignée.