Au dernier conseil d’arrondissement du Sud-Ouest, la phase 3 des modifications réglementaires en soutien au Plan d’action local en transition écologique (PALTÉ) a été adoptée en 2e lecture après consultation publique.
Un des changements majeurs est l’adoption du Facteur de résilience climatique (FRC) dans l’analyse des projets de construction. Ainsi, au lieu d’utiliser le taux de vertissement d’un terrain, c’est la qualité des plantations qui est analysée dans le processus du PIIA. Le FRC est aussi appelé coefficient biotope, introduit à Berlin dans les années 1990 (jamais trop tard pour imiter les autres )
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Des normes environnementales plus strictes dans le Sud-Ouest
Le Sud-Ouest introduira le facteur de résilience climatique (FRC), une première à la Ville de Montréal, afin d’accélérer la transition écologique.
Photo: Gracieuseté de l’Arrondissement du Sud-Ouest
Nicolas Monet
*26 octobre 2022 à 17h44 *
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L’Arrondissement du Sud-Ouest implantera une nouvelle norme pour assurer la valeur environnementale des nouveaux bâtiments, le facteur de résilience climatique (FRC). Il s’agit de la première exigence du genre à Montréal.
Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs de plus de 2000 m2 d’un immeuble résidentiel d’au moins 36 logements ou d’un immeuble non résidentiel.
L’obtention d’un permis de construction sera assujettie à l’obtention d’un FRC minimal.
«C’est une nouvelle approche qui commence à émerger à travers le monde, qui permet d’améliorer le verdissement des projets dans les secteurs de haute densité», explique la conseillère en aménagement du Sud-Ouest, Marie-Hélène Binet-Vandal, qui ajoute que les quartiers Griffintown et Pointe-Saint-Charles sont particulièrement ciblés par cette mesure.
[Le FRC] vient obliger les promoteurs à faire des efforts supplémentaires.
– Marie-Hélène Binet-Vandal, conseillère en aménagement du Sud-Ouest
La nouvelle réglementation sera adoptée lors du prochain conseil d’arrondissement, le 14 novembre, et entrera en vigueur vers la fin de l’année 2022.
Une «liste d’épicerie» écologique
Marie-Hélène Binet-Vandal présente la nouvelle norme comme une «liste d’épicerie» qui comprend des composantes d’aménagement paysager, auxquelles on attribue un pointage qui varie selon leur bénéfice écologique. On divise par la suite la somme des points par la superficie totale du terrain pour obtenir le FRC.
Les composantes sont séparées en trois catégories, soit la perméabilité des surfaces du sol, la plantation et la végétalisation des bâtiments, comme les toits et les murs verts.
Par exemple, dans la catégorie «plantation», les arbres vont donner beaucoup plus de points que des arbustes ou des plantes couvre-sol.
Par ailleurs, le Sud-Ouest bonifie tout ce qui améliore la perméabilité des sols en raison de ses enjeux de gestion de l’eau. Une «surface non scellée en pleine terre», dont la capacité de rétention d’eau n’est aucunement entravée, comme la terre ou le gazon, se voit donc attribuer le pointage maximal.
Une question d’application
La professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal Danielle Dagenais réagit «assez positivement» à l’implantation du FRC.
Elle souligne que la nouvelle norme incite les promoteurs à installer des «structures de végétation plus complexes», avec des plantes diversifiées.
Selon, la spécialiste en infrastructures vertes et bleues, se concentrer seulement sur la perméabilité des sols, en installant de la pelouse par exemple, est insuffisant pour mitiger les conséquences des changements climatiques, en premier lieu les îlots de chaleur.
De plus, les arbres et les arbustes permettent de réduire la quantité d’eau qui arrive au sol et la vitesse à laquelle elle arrive, explique-t-elle, ce qui facilite l’infiltration et réduit les enjeux de ruissellement urbain.
Mme Dagenais plaide toutefois pour un suivi strict des promoteurs par l’Arrondissement quant à l’application de ces nouvelles normes. «C’est facile de planter des arbres, mais si on y retourne cinq ans plus tard, souvent les arbres n’ont pas survécu pour toutes sortes de raisons», illustre-t-elle.
«L’applicabilité [du FRC], c’est ce qui va faire que la Ville va atteindre ses objectifs ou non», conclut la professeure.
Texte complet
Pour de nouvelles constructions à la hauteur de nos ambitions : le FRC
Publié le 21 octobre 2022 à 15 h 52
Mis à jour le 25 octobre 2022 à 13 h 48
Relié à Le Sud-Ouest
Le Sud-Ouest poursuit sa lancée afin d’accélérer la transition écologique sur son territoire. Il introduit, pour sa troisième phase de modifications réglementaires, le facteur de résilience climatique (FRC), une première à la Ville de Montréal.
Cette méthode de pondération innovante des projets de construction vise à améliorer la qualité de vie et le paysage des quartiers tout en assurant la valeur écologique des aménagements. Ainsi, dès leur implantation dans le Sud-Ouest, les nouveaux bâtiments contribueront à réduire les îlots de chaleur urbains et les émissions de gaz à effet de serre et favoriseront la biodiversité et une saine gestion des eaux de pluie.
En effet, le facteur de résilience climatique, connu également sous le nom de coefficient biotope, n’évalue pas seulement la quantité de verdissement sur un terrain, mais aussi la qualité des plantations de même que des mesures complémentaires dans un projet, telles la verdure sur les murs et le toit du bâtiment.
Le facteur, créé à Berlin dans les années 1990, a fait ses preuves dans d’autres grandes villes à travers le monde. Le Sud-Ouest s’en inspire pour sa nouvelle norme réglementaire qui entrera en vigueur à la fin de l’année 2022.
Le facteur de résilience climatique (FRC) en bref :
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Les projets seront évalués selon une grille qui regroupe plusieurs composantes d’aménagement paysager classées en différentes catégories (perméabilité des surfaces du sol, plantation, végétalisation des bâtiments) et pondérées selon leur bénéfice écologique;
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Les cibles à atteindre sont des seuils déterminés au préalable selon l’occupation du sol et l’usage du bâtiment;
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Le résultat obtenu est un coefficient indiquant si le projet répond aux cibles fixées. L’obtention du permis est conditionnel à l’atteinte de la cible minimale exigée;
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Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs pour les immeubles de 36 logements et plus et les immeubles non résidentiels;
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Tout autre projet pourrait se prévaloir du FRC s’il n’est pas en mesure de se conformer au pourcentage minimum de surface perméable exigé par l’arrondissement.
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La phase 3 des modifications réglementaires pour la transition écologique comprend également les mesures suivantes :
- l’optimisation de la gestion des matières résiduelles et le balisement des surfaces pour l’implantation de la collecte des matières organiques pour les multilogements;
- la priorisation du verdissement et de la perméabilité des sols dans les cours;
l’assouplissement des exigences de l’Arrondissement du Sud-Ouest concernant l’apparence des bâtiments dans les choix de matériaux et des interventions requises lors de travaux de rénovations extérieures.