Environnement et transition écologique

Équiterre en croisade contre les VUS

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

79 % des publicités automobiles diffusées à travers le pays vantent des camions légers, selon une analyse menée par Équiterre.

Équiterre lance une campagne publicitaire dans l’objectif avoué de vous décourager d’acheter un véhicule utilitaire sport (VUS) au moment où les camions légers prolifèrent comme jamais.

Publié à 11h00

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Vincent Larin

Vincent Larin La Presse

« Un VUS parfait pour aller sur la Côte-Nord, mais tu vas juste sur la Rive-Sud », proclame l’une des publicités lancées par l’organisme à compter de lundi.

L’objectif de cette offensive publicitaire lancée au moment où les ventes de VUS et de camions légers atteignent des sommets dans la province est justement de sensibiliser les Québécois aux « conséquences que le choix d’un gros véhicule peut entraîner », indique Équiterre.

Car si les ventes de ces véhicules ont autant augmenté ces dernières années, c’est notamment parce qu’ils font l’objet de plus de publicité, puisqu’ils génèrent de plus grandes marges de profit pour les constructeurs, croit le groupe écologiste.

Ainsi, 79 % des publicités automobiles diffusées à travers le pays vantent des camions légers, selon une analyse menée par l’organisme.

Or, les publicités pour ces véhicules font étalage de leurs bénéfices, mais elles omettent souvent les désavantages de posséder un gros véhicule, explique l’analyste en mobilité chez Équiterre, Andréanne Brazeau.

« Un constat qu’on fait, c’est que, dans la publicité, on met de l’avant des concepts comme la sécurité pour les personnes à bord [des véhicules] dans des paysages de nature, etc., mais dans les faits, il y a beaucoup d’informations qui ne sont pas dites », explique-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Andréanne Brazeau

Plus cher et plus dangereux

Prix plus élevés, consommation d’essence gonflée, émissions de GES supplémentaires : toutes ces informations sont en effet laissées de côté dans les publicités liées aux VUS et autres types de camions légers. Qui plus est, des études ont aussi démontré un lien entre la taille des véhicules et les risques de décès des autres usagers de la route qu’ils pourraient de percuter, comme les piétons et cyclistes.

« Un VUS est deux fois plus souvent impliqué qu’une voiture dans un accident avec des piétons », rappelle d’ailleurs une autre des publicités qu’il sera possible d’entendre à la radio et qui emprunte l’accent des publicités de voitures déjà jouées en boucle.

Équiterre espère ainsi fournir « un guide d’autodéfense » aux personnes qui font le choix de ne pas acheter de VUS, car les arguments en faveur de ces gros véhicules sont nombreux et tenaces, indique Andréanne Brazeau.

Reconnaître le problème

L’analyste en mobilité précise également que cette campagne sera menée « en parallèle » avec plusieurs autres actions entreprises par Équiterre pour lutter contre la prolifération des gros véhicules sur les routes de la province.

L’organisme a d’ailleurs lancé, en novembre dernier, une pétition pour exiger du gouvernement fédéral qu’il s’engage à interdire la publicité de tous les véhicules à combustion interne d’ici 2025.

Mais les différents ordres de gouvernement doivent d’abord reconnaître que la prolifération des camions légers est « un problème », martèle Andréanne Brazeau. « Une fois qu’on reconnaît que c’est un problème, on peut se pencher sur la situation », dit-elle.

Entre 1990 et 2019, les ventes de VUS et de camions légers ont augmenté de 284 %, tandis que les ventes de voitures ont diminué de 29 % dans la province, indique l’édition 2021 de l’État de l’énergie au Québec.

En savoir plus

  • 15

Nombre de VUS vendus pour chaque véhicule électrique en 2020 au Québec.

Source : Équiterre

55 %

Part de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec entre 2015 et 2019 qui est attribuable à la hausse du nombre de camions légers.

source : Équiterre

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Planète bleue, idées vertes Des limites sur la climatisation et le chauffage des bâtiments

PHOTO ALESSIA PIERDOMENICO, ARCHIVES BLOOMBERG

Vue de Rome, en Italie

L’Italie est en pleine « opération thermostat » visant à réduire la consommation énergétique de ses bâtiments. Devrait-on s’inspirer de cette initiative au Québec ?

Publié à 9h00

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Philippe Robitaille-Grou

Philippe Robitaille-Grou La Presse

Le gouvernement italien a interdit la climatisation sous la barre des 27 ℃ – et le chauffage au-dessus de 19 ℃ – dans ses bâtiments publics. Il envisage la mise en place de mesures similaires pour les bâtiments privés et les foyers.

Cette annonce a été faite dans un contexte de rationnement énergétique dû à l’invasion de l’Ukraine. L’Italie souhaite se défaire de sa dépendance en matière d’énergie envers la Russie, de qui elle importe près de 40 % de son gaz naturel. « Voulons-nous la paix ou voulons-nous allumer notre climatisation ? », a lancé le premier ministre de l’Italie, Mario Draghi.

PHOTO MARCO ALPOZZI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La Piazza del Campo dans la ville de Sienne, en Italie

Les restrictions italiennes permettront d’économiser de 2 à 4 milliards de mètres cubes de gaz en 2022, soit approximativement la consommation annuelle de 2,7 millions de maisons, selon le ministre de l’Administration publique, Renato Brunetta.

Les mesures ne s’appliqueront pas aux hôpitaux et aux maisons de retraite. Un écart de 2 ℃ par rapport aux limites sera également toléré.

Le cas du Québec

« Je ne suis pas surprise de voir apparaître ce genre de réglementation dans un contexte de rareté de sources d’approvisionnement causée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie », affirme Andrée De Serres, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). « Je crois qu’on peut s’attendre à ce qu’il y ait un effet d’entraînement auprès d’autres gouvernements. »

Qu’en est-il du Québec ? « Je suis d’accord qu’on a tendance à surclimatiser nos bâtiments », avance Danielle Monfet, professeure et chercheuse au laboratoire de thermique et de science du bâtiment à l’École de technologie supérieure (ETS). « C’est sûr qu’une telle mesure ferait une différence. »

Près du tiers de la consommation totale d’énergie dans la province est attribuable au secteur du bâtiment, selon le plus récent rapport État de l’énergie au Québec. Au sein des secteurs commercial et institutionnel, 47 % de cette consommation provient du chauffage des locaux des bâtiments et 5 %, de la climatisation.

Les réalités québécoise et italienne sont toutefois bien distinctes, nuance Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Dans le cas de l’Italie, l’approvisionnement en gaz fait en sorte qu’il y a un argument géopolitique qui est très compréhensible par les Italiens. Au Québec, ce serait beaucoup plus difficile de faire comprendre cet argumentaire-là, parce qu’on a de l’hydroélectricité et on n’importe pas de la Russie.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Une approche similaire à celle de l’Italie n’est donc pas envisagée dans la province pour l’instant, explique Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec. « On souhaite plutôt atteindre nos objectifs d’efficacité énergétique par l’entremise de programmes, par exemple celui pour des thermopompes efficaces. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le quartier Hochelaga-Maisonneuve et le centre-ville de Montréal

Pour des bâtiments plus performants

De l’avis d’Andrée De Serres et de Pierre-Olivier Pineau, la première action à faire au Québec serait de rendre obligatoire la divulgation des sources et des quantités d’énergie utilisées par les immeubles. Les propriétaires des bâtiments les moins performants seraient alors tenus d’améliorer leurs pratiques et infrastructures.

Plusieurs grandes métropoles ont instauré de telles réglementations pour leurs grands bâtiments, la grandeur étant calculée en matière de superficie ou du nombre de logements. Depuis septembre dernier, c’est le cas de Montréal, pionnier au Québec en la matière.

« Ce genre de mesure est incontournable, souligne Andrée De Serres. Et lorsque l’on n’atteint pas les objectifs avec des réglementations qui favorisent la divulgation, là, on peut passer à une autre étape avec des règlements et des lois plus contraignantes comme en Italie. »

Les moyens d’améliorer l’efficacité des bâtiments ne manquent pas, soutient Danielle Monfet. « On peut regarder l’enveloppe, le type de fenêtres, le type de murs, le type de toit ou encore les systèmes qu’on y installe. »

Pierre-Olivier Pineau donne l’exemple de bâtiments passifs, dans lesquels l’énergie apportée par les rayonnements solaires, les habitants et les équipements électroniques répond en partie ou en totalité aux besoins en chauffage. « Arriver à des températures confortables sans climatiser ou chauffer, c’est ça, l’idéal », croit le chercheur.

En savoir plus

    • 300 %

L’usage de la climatisation au Québec a bondi de 300 % entre 1990 et 2019.

SOURCE : édition 2022 de l’État de l’énergie au Québec

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Agence canadienne de l’eau Montréal doit accueillir le siège social, estime l’opposition

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Il y a trois ans, en 2019, le gouvernement Trudeau s’était engagé à créer une Agence canadienne de l’eau (ACE), qui travaillerait avec les provinces et territoires pour « trouver les meilleures façons d’assurer la salubrité, la propreté et la bonne gestion de notre eau ».

Montréal devrait-elle soumettre sa candidature pour accueillir le nouveau siège social de l’Agence canadienne de l’eau, qui doit voir le jour d’ici la fin de l’année ? L’opposition officielle croit que oui, et compte déposer une motion au prochain conseil municipal pour forcer les élus à se prononcer.

Publié à 12h16

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Henri Ouellette-Vézina

Henri Ouellette-Vézina La Presse

« L’eau fait partie de notre identité à Montréal, c’est dans notre ADN. Accueillir l’Agence canadienne de l’eau serait complémentaire à ce que nous faisons déjà et réaffirmerait l’important rôle que nous devons jouer comme métropole à ce niveau », affirme le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa.

Il y a trois ans, en 2019, le gouvernement Trudeau s’était engagé à créer une Agence canadienne de l’eau (ACE), qui travaillerait avec les provinces et territoires pour « trouver les meilleures façons d’assurer la salubrité, la propreté et la bonne gestion de notre eau ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Alan DeSousa

Dans un document de travail, les autorités fédérales indiquent que le Canada « dispose d’une réserve d’eau douce abondante », mais que « les changements locaux de la température et des précipitations peuvent avoir des répercussions sur les niveaux des eaux de surface et souterraines tout au long de l’année, et parfois donner lieu à des inondations ou à des sécheresses ».

Ottawa précise aussi que l’alimentation en eau dans les réserves « demeure une source de difficulté » pour plusieurs Premières Nations à travers le pays. Des dizaines de communautés à travers le Canada n’ont toujours pas accès à une source d’eau potable.

Montréal demeure prudente

Ensemble Montréal appelle donc l’administration Plante à « faire les représentations nécessaires » auprès d’Ottawa pour obtenir le siège social de la future ACE. Le parti déposera une motion pour débattre du dossier au prochain conseil municipal, prévu le 16 mai.

« Dans un contexte de changements climatiques, la gestion et l’amélioration de la qualité de l’eau deviendront des enjeux de plus en plus fondamentaux. […] L’implantation d’une telle agence aurait ainsi l’avantage de soutenir la métropole dans les enjeux qu’elle doit affronter, notamment en matière de gestion des crues printanières », insiste le parti.

Selon les élus de l’opposition, le laboratoire CREDEAU de Polytechnique Montréal et le CentrEAU, déjà rattaché au Cégep de Saint-Laurent, pourraient tous deux profiter de l’arrivée de l’ACE, en développant d’éventuels partenariats et en créant des emplois.

Joint par La Presse mardi, le cabinet de la mairesse Valérie Plante est demeuré prudent, refusant pour l’instant de se prononcer. « Nous débattrons de cette motion au prochain conseil municipal, la semaine prochaine », a simplement indiqué l’attachée de presse Alicia Dufour. « Les actions pour contrer les changements climatiques sont au cœur de nos décisions. Nous continuerons de travailler pour trouver des solutions et protéger notre eau, ressource d’une valeur inestimable », a-t-elle néanmoins ajouté.

À Gatineau, un quartier se chauffera grâce au papier


Photo: Alexis Riopel, Le Devoir
Aux étages inférieurs d’une des tours d’appartement de Zibi se trouve la salle mécanique, où de multiples tuyaux colorés transportent l’eau chaude provenant de l’usine Kruger, qui permet d’alimenter en chaleur le bâtiment.

Alexis Riopel
22 h 38

Un imposant projet de développement résidentiel et commercial prend forme à Gatineau et à Ottawa, sur les berges de la rivière des Outaouais. Ce quartier carboneutre, nommé Zibi, se chauffera grâce aux rejets thermiques d’une usine de pâtes et papiers. Visite sur le terrain.

Une cheminée crachote dans le ciel bleu. Non loin, des millions de litres d’eau chaude reposent dans un bassin de décantation afin de laisser se déposer les fibres qui souillent le liquide. Il n’y a pas si longtemps, l’eau usée de l’usine de pâtes et papiers de Kruger, à Gatineau, était renvoyée à la rivière après son traitement — et sa chaleur, gaspillée.

Mais depuis février dernier, cette précieuse énergie thermique n’est plus dilapidée. Des tuyaux se gorgent de la chaleur du bassin et la convoient un kilomètre plus loin, dans le quartier Zibi, un développement immobilier qui devrait héberger 5000 résidents et accueillir 6000 travailleurs d’ici une décennie.

« Nos tuyaux embrassent l’eau de l’usine de Kruger en hiver pour obtenir de la chaleur, et ils embrassent l’eau de la rivière en été pour obtenir du froid », explique Jeff Westeinde, président du groupe de promoteurs, à l’occasion de l’inauguration officielle mardi du « système énergétique du quartier » Zibi.

Ce système de chauffage et de climatisation fonctionne ainsi sans générer aucune émission et en consommant très peu d’électricité. Les nouveaux quartiers de ce type, qui comptent de hautes tours d’habitation, ont encore souvent recours au gaz naturel pour leur chauffage, surtout en Ontario.

Sur le chantier de construction, des grues s’activent. Les 14 hectares du projet, qui s’étendent de part et d’autre des chutes des Chaudières, en plein centre des villes jumelles de la rivière des Outaouais, ont longtemps été occupés par la compagnie forestière et papetière Domtar. Ils ont été rachetés en 2013 par les promoteurs.

Zibi signifie « eau » pour les Anichinabés qui fréquentaient le secteur bien avant les papetières. Mardi, l’aîné Peter Decontie de la Première Nation anishinabeg de Kitigan Zibi a procédé à une cérémonie et à une prière à l’occasion de l’inauguration du réseau de récupération de chaleur. Il a aspergé de fumée des députés, un maire et des gens d’affaires impliqués dans le projet.

Éviter l’électricité ontarienne

Des premiers locataires ont emménagé dans une tour d’appartements du projet en décembre dernier. Aux étages inférieurs du bâtiment, une panoplie de tuyaux colorés s’entrecroisent. C’est dans cette salle mécanique aux allures de glissades d’eau que la chaleur provenant de Kruger est extraite.

Le système énergétique de quartier de Zibi est une « bibitte spéciale » en raison de son chevauchement du Québec et de l’Ontario, explique Philippe Gauthier, ingénieur mécanique chez Eequinox, la firme responsable du volet thermique du projet. Pour atteindre la carboneutralité, les promoteurs ont voulu utiliser de l’électricité québécoise, plus propre, afin de faire fonctionner les accessoires nécessaires à la boucle de chaleur.

« On ne veut pas utiliser l’électricité de l’Ontario parce que leur réseau comprend de l’énergie nucléaire et aussi beaucoup de gaz naturel », lance carrément M. Westeinde par-delà le bruit des compresseurs. Or, les régies énergétiques ne permettent pas de faire passer du courant électrique d’une province à l’autre. Par contre, elles ne se soucient pas des courants d’eau chaude…

Deux « thermopompes géantes » fonctionnant à l’électricité québécoise permettent ainsi de « concentrer » l’énergie thermique de l’eau en provenance de Kruger : elle passe de 23 °C à 44 °C. Cette eau est ensuite suffisamment chaude pour alimenter un système de chauffage à l’air du côté ontarien.

Un modèle reproductible

Hydro-Québec financera jusqu’à hauteur de 4,8 millions de dollars les bâtiments du projet sur la rive nord de la rivière des Outaouais. Nancy Guénette, directrice du service et des ventes auprès de la clientèle d’affaires à Hydro-Québec, explique que cela s’inscrira dans les objectifs d’efficacité énergétique de la société d’État.

« Ce qui est extraordinaire avec ce projet, dit-elle, c’est qu’on parle d’un potentiel latent d’énergie. Ce n’est pas de l’énergie qu’on doit produire, transporter, distribuer : elle est déjà là. Ça nous permet d’économiser de précieux kilowattheures pour décarboner d’autres secteurs. »

Selon ses promoteurs, Zibi est le premier projet de valorisation de rejets thermiques à voir le jour dans une communauté « judicieusement planifiée » (master-planned community) en Amérique du Nord. Les systèmes de récupération alimentant des serres ou des parcs industriels sont plus communs.

L’équipement nécessaire pour le système thermique de Zibi coûte cher — selon M. Westeinde, l’installation de chaudières au gaz naturel aurait nécessité quatre fois moins d’investissements. Toutefois, à long terme, la récupération de rejets thermiques devrait se révéler un choix payant. L’entreprise travaille d’ailleurs à reproduire son modèle ailleurs au pays.

« Le système énergétique de quartier [de Zibi] établit un précédent important pour les autres municipalités canadiennes, en particulier celles qui maintiennent des aménagements au gaz », a remarqué Greg Fergus, le député libéral d’Hull-Aylmer à la Chambre des communes, qui était présent lors de l’inauguration.

Pour Kruger, l’intérêt de ce projet réside dans la réduction de son empreinte carbone grâce à la création de crédits compensatoires. Son usine de Gatineau, qui produit des papiers mouchoirs, carbure surtout au gaz naturel ; elle a émis plus de 50 000 tonnes de CO2 en 2020.

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Les grands arbres sont indispensables dans les grandes villes

Montreal, 17 October 2020: Locals enjoy the nice autumn weather in the Mont-Royal park. Photo: Istock/Marc Bruxelle

Alison Munson et Anaïs Paré - La Conversation

12 mai 2022 à 11h02 - Mis à jour 12 mai 2022 à 11h06 7 minutes de lecture

Alison Munson, co-titulaire de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu (CRAUM) et Anaïs Paré, professionnelle de recherche pour la CRAUM, analysent les effets de la présence d’arbres dans les grandes villes au niveau de la santé physique et mentale des individus, mais aussi par rapport à l’environnement et à la régulation du climat.

Les arbres sont des éléments importants de notre paysage urbain. Avec plus de 50 % de la population mondiale vivant en ville, il serait inimaginable de se passer des nombreux services écosystémiques (les bénéfices aux résidents) qu’ils nous rendent.

Nous en avons bien eu la preuve dans les mois précédents lorsque les mesures sanitaires étaient des plus restrictives: les parcs urbains ont vu leur taux de fréquentation s’accentuer de façon faramineuse. Et ce n’est pas le fruit du hasard! La présence d’arbres a pour effet de favoriser la santé physique et mentale des individus, et c’est entre autres ce qui peut expliquer le fait que les citadins ont senti le besoin de se retrouver dans des espaces verdoyants.

De plus, les arbres que nous côtoyons chaque jour sur les terrains privés, dans les rues ou dans les parcs fournissent une multitude de bienfaits pour l’environnement et la régulation du climat, incluant l’atténuation de bruit en ville, la captation du carbone, et la contribution à l’infiltration plus lente de l’eau dans les sols.

Bien que l’ensemble du patrimoine arboré d’une ville joue un rôle sur la qualité et la quantité des services écosystémiques rendus, les arbres à l’échelle individuelle n’ont pas tous les mêmes caractéristiques, et donc n’ont pas tous la même capacité à livrer des services écosystémiques. Il est alors pertinent de se demander quels arbres sont les plus efficaces dans la livraison de ces bénéfices, pourquoi, et quelles pratiques d’aménagement permettraient de les favoriser.

Nous sommes membres de la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu de l’Université Laval, qui a pour objectif de trouver des solutions pour aider la survie à long terme des arbres dans les milieux urbains.

Quels arbres offrent le plus de bénéfices ?

De façon générale, les arbres de grande taille ont une meilleure capacité à stocker du carbone (donc, à capter le carbone de l’air pour réduire le CO2 dans l’atmosphère), à diminuer la pollution atmosphérique, et permettent d’éviter plus efficacement le ruissellement des eaux pluviales. En effet, les arbres ayant un diamètre de tronc plus grand ont une plus grande biomasse ligneuse (quantité de bois), ce qui leur permet de stocker davantage de carbone que les plus petits arbres. De la même manière, l’interception des précipitations et des polluants atmosphériques augmenterait avec la plus grande taille de la canopée (les cimes des arbres dominants) et la surface foliaire totale (surface totale de toutes les feuilles) associée à une plus grande taille. Les grands arbres sont donc généralement plus efficaces que les plus petits pour fournir ces services de régulation, indispensables en milieu urbain et surtout dans un contexte de changements climatiques.

L’inclusion d’essences d’arbres de grande taille dans les plantations amène également des avantages non négligeables sur le plan économique. Une étude relate que le bénéfice net annuel de la plantation d’essences d’arbres de grande taille est de 44 % supérieur à celui d’une essence d’arbre de taille moyenne, et de 92 % supérieur à celui d’un arbre de petite essence. De plus, selon cette même étude, il faudrait moins de cinq ans à partir du moment où l’arbre est planté pour que les avantages nets de ces arbres l’emportent sur les coûts nets. Ceci peut être expliqué notamment par le fait que les arbres de grande taille ont pour effet d’augmenter les prix de l’immobilier et les valeurs foncières des terrains où ils se trouvent, en plus de réduire les coûts énergétiques liés au chauffage et à la climatisation à travers la régulation du microclimat.

Toutefois, les espaces aériens ou souterrains disponibles en milieu urbain ne permettent pas toujours l’emploi d’arbres à grand déploiement. Dans ces conditions, des arbres de plus petites tailles peuvent aussi apporter une contribution intéressante.

Comment aménager nos forêts urbaines de façon optimale ?

Tel que mentionné plus tôt, les arbres de grande taille jouent un rôle capital dans la livraison de services écosystémiques. Mais la capacité à livrer ces services est conditionnelle à une chose : les arbres doivent être en bon état ! Ceux qui sont en mauvais état auront une moins grande capacité à fournir des services écosystémiques, puisque les mauvaises conditions entravent la croissance, ralentissent la séquestration du carbone et peuvent également conduire à un dépérissement de la canopée.

En milieu urbain, il n’est pas rare de constater des milieux hostiles qui pourraient faire obstacle à la croissance et au bon développement des arbres. Le manque d’espace pour le système racinaire, la compaction du sol, l’humidité limitée du sol, l’emploi de sels de déglaçage et la pollution de l’air représentent des défis pour la survie de jeunes plantations. De ce fait, plusieurs pratiques d’aménagement favorables à la croissance et au développement des arbres existent. En voici quelques exemples :

  1. Choisir le bon arbre au bon endroit. Certaines essences d’arbres seront plus adaptées à certains climats, ou plus tolérantes que d’autres à des quantités limitées d’espace, par exemple. Plusieurs guides pour dicter les choix de plantation en fonction des caractéristiques du milieu existent.
  2. Éviter un élagage trop fréquent des grands arbres qui aurait pour effet de diminuer significativement la surface foliaire et la biomasse ligneuse des individus. Une des clés pour réduire le besoin d’élagage est notamment de choisir une espèce d’arbre adaptée à un endroit donné.
  3. Reconnaître officiellement la valeur des services écosystémiques rendus par les grands arbres pour introduire des politiques qui soutiendraient la conservation de ceux-ci.

L’importance de poser des actions concrètes

Même s’il a été souligné que les arbres de grande taille étaient généralement plus efficaces que les plus petits pour générer certains services écosystémiques, dans un contexte où le climat est changeant et où la résilience des forêts est primordiale, il importe de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et de ne pas uniquement planter des essences d’arbres à grand déploiement.

D’ailleurs, à l’échelle d’une forêt, les caractéristiques qui sont corrélées positivement avec la production de services écosystémiques sont notamment l’hétérogénéité verticale (le nombre de strates de la végétation, en allant des herbacées aux arbres dominants) et la richesse en espèces arbustives, qui est le nombre de différentes espèces présentes.

Finalement, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les grands arbres sont extrêmement importants, et que nous sommes gagnants à déployer des efforts pour la préservation de ceux-ci. De plus, la plantation d’essences d’arbres de grande taille devrait être encouragée, puisqu’on remarque souvent dans les villes une tendance à planter des essences de petite envergure. Ainsi, des actions concrètes peuvent être posées dès aujourd’hui pour tirer profit au maximum des arbres urbains maintenant et à long terme.

Alison Munson
Écologie forestière, écologie urbaine, sols urbains, Université Laval

Anaïs Paré
Professionnelle de recherche pour la Chaire de recherche sur l’arbre urbain et son milieu (CRAUM) de l’Université Laval

La Conversation

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Même les petits gestes comptent, moins de plastique fabriqué (donc moins de pétrole) et moins de plastique dans l’environnement.


Des attaches à pain en carton sur les tablettes

Nicolas Hamel et les nouvelles attaches à pain faites de carton.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Radio-Canada

hier à 20 h 08

Des attaches à pain en carton commencent à faire leur entrée sur les tablettes. Systèmes KLR, de Saint-Pie, a en effet décidé de troquer le plastique pour du carton recyclé.

L’entreprise située en Montérégie produit des millions d’attaches à pain par année avec des billes de plastique. Ces attaches ne sont cependant pas recyclées après l’utilisation.

Tout le plastique qu’on produit ici va se retrouver dans les sites d’enfouissement, souligne Nicolas Hamel, le président de Systèmes KLR.

Il constate que malgré la taille modeste d’une attache, la quantité de plastique qui entre à l’usine est non négligeable.

« Ce qui m’a frappé, c’est de voir des camions chaque deux ou trois semaines, des 53 pieds pleins de plastique. »

— Une citation de Nicolas Hamel, président de Systèmes KLR

Il a donc décidé d’agir pour l’environnement et de développer un nouveau type d’attaches en carton recyclé.

En plus d’être recyclables, si jamais par mégarde elle finit, si on la met dans la poubelle, c’est déjà moins pire, car c’est compostable, remarque-t-il.

Deux lignes de productions produisent maintenant de 4 à 5 millions d’attaches en carton par jour.

« 32 éléphants adultes » de plastique

L’entreprise Bimbo, qui produit notamment les pains Pom, Bon Matin et Villaggio, a adopté ces nouvelles attaches. Elles font graduellement leur entrée sur les tablettes.

Les attaches à pain qu’on vient de lancer dans le marché vont nous permettre de réduire notre utilisation de plastique à usage unique de plus de 200 tonnes par année, ce qui peut représenter l’équivalent de 32 éléphants adultes, souligne la conseillère en communications de Bimbo Canada Laurence Vallerand.

Ce n’est cependant pas facile de convaincre toutes les entreprises d’amorcer le virage vert, indique Nicolas Hamel.

Il y a beaucoup de travail de convaincre les gens de changer leurs habitudes. Il faut comprendre que les gens, les opérateurs, les mécaniciens dans les usines travaillent avec cet équipement-là depuis 30, 40, 50 ans qu’ils travaillent de la même façon avec le même équipement. Ça fait longtemps que ça existe, les attaches à pain au Canada, remarque-t-il.

Pourtant, la durabilité du plastique, qui prend des centaines d’années à se décomposer, semble peu pertinente pour du pain, constate M. Hamel.

« Le pain a une durée de vie très courte. On ne s’attend pas à utiliser ce produit-là pendant quatre ans. »

— Une citation de Nicolas Hamel, président de Systèmes KLR

Le Conseil régional de l’Environnement de l’Estrie salue l’initiative.

Je pense que les entreprises vont commencer à poser des gestes comme ça, car l’image d’avoir des pratiques environnementales, je pense que c’est quelque chose qui devient de plus en plus populaire, heureusement. Espérons que ce sera plus qu’une tendance, et que ça va rester dans le temps, avance Jacinthe Caron, la directrice générale de l’organisme.

Il y a encore place à l’amélioration, croit-elle cependant. Les attaches à pain, c’est un objet à usage unique, on ne le réutilise pas. Un jour, on inventera peut-être une attache à pain qu’on peut réutiliser, mais c’est une autre histoire

Reste à voir si d’autres géants du pain choisiront à leur tour le carton.

Avec les informations de Thomas Deshaies

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Javais justement remarqué que deux de mes pains cette semaine avaient ces attaches en carton. On s’est dit qu’il était temps!

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65 M$ pour agrandir les installations de biométhanisation à Varennes

Des employés s’affairent autour d’un digesteur de l’usine de biométhanisation de la SEPECS, à Varennes, en Montérégie.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Radio-Canada

2022-05-16 | Mis à jour hier à 13 h 05

Les ministres de l’Environnement du Canada et du Québec, Steven Guilbeault et Benoit Charette, ont annoncé lundi matin un financement conjoint de 65 millions de dollars pour agrandir les installations de biométhanisation appartenant à la Société d’économie mixte de l’est de la couronne sud (SEMECS), situées à Varennes, en Montérégie.

Le gouvernement fédéral contribue jusqu’à 25 200 000 $ pour l’agrandissement de l’usine de traitement. Le gouvernement provincial verse quant à lui 39 978 887 $, dont presque l’entièreté, 36 992 768 $, ira à l’agrandissement de l’usine de traitement. Les 2 986 119 $ restants iront à l’achat de bacs de collecte de matières organiques.

Grâce à ce projet, les municipalités environnantes pourront réduire une plus grande quantité de matières organiques de façon plus efficace et plus saine, s’est réjoui Steven Guilbeault. Cela favorise tant l’économie verte que le développement durable.

La biométhanisation est un procédé de traitement biologique des matières organiques résiduelles par fermentation en l’absence d’oxygène. Comme ce procédé produit un biogaz qui contient du méthane, ce dernier peut être utilisé comme source d’énergie, peut-on lire sur le site du gouvernement du Québec.

C’est donc une façon alternative de traiter les matières organiques – comme les restes de table, mais aussi le fumier, les boues de fosses septiques et les eaux usées –, plutôt que de les envoyer dans les sites d’enfouissement, une source importante des émissions de gaz à effet de serre, a expliqué le ministre Benoit Charette.

Cette méthode est différente du compostage par le fait que cette dernière se fait en présence d’oxygène.

La biométhanisation ressemble au compostage, mais fonctionne sans oxygène.

Photo : Radio-Canada

Les travaux, qui ont commencé à l’été 2020 et dont les coûts devraient monter à 100 millions de dollars, permettront d’augmenter la capacité de traitement par biométhanisation des installations existantes de la SEMECS, est-il écrit dans le communiqué.

La SEMECS

a conclu une entente de 20 ans, renouvelable une fois, pour traiter les matières organiques résiduelles provenant des municipalités, des industries, des commerces et institutions (ICI) de l’agglomération de Longueuil. Celle-ci comprend la Ville de Longueuil et les municipalités de Boucherville, Brossard, Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Lambert.

Je tiens à remercier le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec, a d’ailleurs lancé la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, aussi présente lors de l’annonce.

Des ICI

des MRC constituantes de la SEMECS (Vallée-du-Richelieu, Marguerite-D’Youville et Rouville) et d’autres ICI

de l’agglomération de Montréal feront également traiter leurs matières organiques dans ces installations améliorées.

Les ministres de l’Environnement du Canada et du Québec, Steven Guilbeault et Benoit Charette, ainsi que la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, étaient visiblement heureux de faire cette annonce.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Les déchets, 5e source de GES

en importance au Québec

« Les déchets – et on le perd souvent de vue – c’est une source importante de gaz à effet de serre (GES). En s’attaquant à cette valorisation de la matière, à ce potentiel qui est trop souvent inexploité, on aide non seulement à avoir un environnement immédiat qui est plus sain, mais on s’aide aussi au niveau de la lutte aux changements climatiques », a déclaré Benoit Charrette, qui participait à l’annonce.

Le secteur des déchets, en fait, est la cinquième source de GES

en importance au Québec.

L’agrandissement devrait permettre des réductions additionnelles d’émissions de gaz à effet de serre de 13 404 tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone par année. C’est l’équivalent de quelque 3850 voitures de moins sur les routes, peut-on lire dans le communiqué.

Il permettra aussi, après cinq ans d’exploitation, de traiter 85 000 tonnes de matières organiques de plus par année, provenant de quelque 220 000 foyers habités par près de 455 000 habitants. La capacité totale des installations de la SEMECS

passera alors à 120 000 tonnes par an.

La mairesse de Longueuil a ajouté que de la sensibilisation sera faite auprès de la population pour une meilleure utilisation du bac brun. L’éducation est la clé, a lancé Martin Damphousse, président de la SEMECS

, préfet de la MRC de Marguerite-D’Youville et maire de Varennes.

Derniers chiffres : la SEMECS estime à 4,3 millions de mètres cubes de biogaz renvoyés dans le réseau d’Énergir, selon Martin Damphousse. Un des deux partenaires privés de la SEMECS dans ce dossier, Greenshield Global, recevra pour sa part 1,4 million de mètres cube de gaz naturel pour son usine située tout près de celle de la SEMECS dans le parc industriel de Varennes.

La nouvelle partie de l’usine devrait être exploitable d’ici 2023. L’agrandissement de l’usine, dont les travaux sont commencés depuis 2020, prévoit notamment l’ajout d’un nouveau déchiqueteur, de trois nouveaux digesteurs, d’équipements de traitement de l’air, de l’eau, des biogaz et du digestat ainsi que la mise en place d’une plateforme de transfert du gaz à Énergir.

La phase 2 se construit en ce moment, dans probablement une des périodes les plus complexes de construction du Québec : la rareté des emplois, la difficulté de faire venir la marchandise qui vient dans bien des cas d’Europe, a souligné Martin Damphousse. Mais imaginez-vous donc qu’on réussit haut la main en respectant nos budgets, a-t-il ajouté.

À consulter aussi :

Limitation du réchauffement climatique La production prévue de voitures électriques ne suffira pas, alerte un rapport

Photo Olivier PontBriand, archives LA PRESSE

En 2021, les véhicules électriques ont représenté 5,9 % des ventes mondiales et les hybrides 2,4 %, relève l’étude.

(Paris) Les plans de production des grands constructeurs automobiles mondiaux concernant les véhicules zéro-émission, électriques ou à hydrogène, seront très loin de permettre de tenir l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, a alerté mardi une ONG.

Publié hier à 20h53

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Agence France-Presse

InfluenceMap, centre de réflexion spécialisé sur les rapports entre monde économique et financier et la crise climatique, a croisé les données du cabinet IHS Markit (S&P Global) sur la production automobile dans le monde avec une étude de 2021 de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) sur les scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et tenir l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de « limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels ».

Alors que le transport routier pèse près de 20 % des émissions de CO2, l’AIE calcule que pour tenir cet objectif les voitures individuelles zéro-émission (ZEV) devraient représenter 57,5 % des ventes totales en 2030 et 20 % du stock total de voitures en 2030, puis 86 % en 2050.

En 2021, les véhicules électriques ont représenté 5,9 % des ventes et les hybrides 2,4 %, relève l’étude.

Or, d’après les prévisions de production (données de mars 2022) analysées par InfluenceMap, 68 % des véhicules produits en 2029 seront toujours à combustion thermique, en incluant les véhicules hybrides, contre 32 % d’électriques et 0,1 % à hydrogène.

Sur 12 grands constructeurs mondiaux étudiés (dont aucun Chinois), seuls Tesla, qui produit uniquement des véhicules électriques, et Mercedes-Benz (56 % de ZEV en 2029) sont en ligne avec ces objectifs.

Ils sont suivis par les autres grands groupes allemands BMW (45 %) et Vokswagen (43 %), les constructeurs japonais se situant en queue de peloton, Nissan (22 %), Honda (18 %, mais les données utilisées ne prennent pas en compte les dernières annonces du groupe en matière de ZEV, souligne l’étude) ainsi que Toyota (14 %).

Les autres constructeurs étudiés sont Stellantis (ex-PSA-FCA, 40 %), Ford (36 %), Renault (31 %), General Motors (28 %) et Hyundai (27 %).

Sans entrer dans les détails du marché chinois, l’étude relève que les véhicules électriques devraient y passer de 12 % de la production en 2021 à 40 % en 2029.

Concernant les différents segments du marché, InfluenceMap relève que l’engouement persistant pour les VUS, plus lourds et consommateurs d’énergie, qui devraient passer de 39 % du marché mondial en 2020 à 47 % en 2029, risque « d’annuler beaucoup des réductions d’émissions liées à l’augmentation des véhicules électriques ».

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Changements climatiques Le Canada compte 12 « bombes carbones »

Photo Ben Nelms, archives bloomberg

Le site Athabasca de Suncor de sables bitumineux, en Alberta.

(Québec) Le Canada compte 12 « bombes carbones » qui pourraient faire échouer tous les efforts en vue de limiter les dérèglements climatiques dans les prochaines années.

Publié à 13h45

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Patrice Bergeron La Presse Canadienne

Selon une étude d’experts publiée dans la revue Energy Policy, ce sont 12 projets d’exploitation d’hydrocarbures qui généreraient des milliards et des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES).

Ils font partie d’une liste de 425 « bombes carbones », des projets situés partout dans le monde, mais en majorité en Chine.

Les trois quarts des projets sont concentrés dans une dizaine de pays, dont le Canada.

Selon les chercheurs, si tous les combustibles sont extraits de ces projets et brûlés, les pays signataires des accords de Paris de 2015 ne pourront pas respecter les cibles prévues, qui étaient de limiter à 1,5 degré Celsius le réchauffement de la température moyenne de la planète.

Parmi les 12 projets de la liste des « bombes carbones » du Canada, on compte notamment le projet pétrolier et gazier Montney Play, en Colombie-Britannique, avec 13,7 gigatonnes – donc milliards de tonnes – de GES. Dans l’ensemble du classement des 425 « bombes carbones » dans le monde, c’est un des plus polluants.

En deuxième place au Canada se trouve la mine de charbon de Murray River (8,5 gigatonnes de GES) et en troisième place, la formation de Spirit River (3 gigatonnes de GES).

Dans ce palmarès peu reluisant, les autres « bombes carbones » du Canada sont la mine de charbon de Gething, le projet de sables bitumineux Horizon, les projets Kearl et Duvernay, le projet de sables bitumineux Athabasca, le projet de Christina Lake, le projet de gaz de schiste de Liard, le projet de Mildred Lake et la mine de charbon de Fording River.

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Pour info, le boisé visé par le projet Héritage Roussillon phase VI - ? étages n’est pas inclus dans le RCI de la CMM, mais un premier inventaire printanier a révélé que la biodiversité est beaucoup plus importante qu’on le pensait, en fait on a découvert des espèces uniques dans la CMM et la région, le milieu au complet, une érablière sur socle calcaire, est unique.

Il faut donc espérer que les querelles entre les villes et le promoteur durent assez longtemps pour qu’il se fasse inclure dans le RCI et qu’on arrive à le conserver.

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Sommet de Montréal sur l’innovation Pas très écolo, la techno

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Deux des conférenciers au Sommet de Montréal sur l’innovation, Guillaume Pitron (en vidéoconférence) et Martin Deron, sont venus rappeler à quel point les technologies numériques peuvent être polluantes.

Consommation d’énergie en hausse constante, pollution minière cachée, encouragement au gaspillage : non, le numérique est loin d’être la solution magique aux défis environnementaux. C’est la conclusion unanime des experts qui ont participé jeudi au Sommet de Montréal sur l’innovation, consacré cette année à ce que l’un d’entre eux a qualifié d’« angle mort » dans le discours public, l’effet négatif de la technologie sur la planète.

Publié à 7h00

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Karim Benessaieh

Karim Benessaieh La Presse

En 2022, les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités purement numériques représentent 4 % de l’ensemble, soit « plus que le secteur civil aérien mondial », a rappelé Guillaume Pitron, journaliste et réalisateur. Il est notamment l’auteur du livre L’enfer numérique – Voyage au bout d’un like. La consommation énergétique de ce secteur croîtra de 6 % par année d’ici 2025.

« Nous ne sommes qu’au début de la révolution numérique, a-t-il fait valoir. Nous n’avons que commencé à toucher à tout ce que le numérique peut nous apporter. Nous allons dans un monde où tout sera sans cesse plus numérisé, tout est “smart”, tout est connecté. L’internet des objets, c’est un monde où des centaines de milliards d’objets communiqueront, vont transmettre des données. […] Le métavers, c’est une immense consommation de données, un jeu vidéo mondial. »

La « fiction » verte

On a longtemps défendu l’idée que le recours au numérique, parce qu’il diminuerait les besoins en transports, et qu’il est moins gourmand que le monde physique, allait engendrer des économies d’énergie. Selon Bruno Colmant, professeur, membre de l’Académie royale de Belgique et avocat chez Roland Berger, c’est une illusion, en raison de la demande grandissante.

« Même si on a l’impression que l’économie numérique nous fait gagner plus d’énergie, ce n’est pas le cas. C’est une fiction que de croire que la numérisation est une source d’économie. »

On connaît peu les répercussions environnementales d’actes numériques anodins. Bernard Lebelle, PDG de la firme The Green Link, qui conseille les entreprises, a rappelé que l’entraînement d’un réseau de neurones, au cœur de l’intelligence artificielle, « consomme autant de CO2 que cinq voitures au cours de leur vie entière ». Un seul courriel avec pièce jointe provoque en moyenne l’émission de 50 grammes de CO2. Une des 1250 « pratiques écoresponsables » qu’il suggère aux entreprises : privilégier, lors d’envois groupés, des services de téléchargement comme WeTransfer.

Si l’hydroélectricité produite au Québec est renouvelable, ce n’est pas le cas des matériaux pour la fabrication des appareils, notamment des métaux, a rappelé Martin Deron, chargé de projet pour Chemins de transition, un partenariat entre l’Université de Montréal et Espace pour la vie.

« On en parle très peu, estime-t-il. Ça reste un angle mort de nos politiques, de tous les discours : on entretient le vocabulaire de la dématérialisation, comme l’infonuagique, et ça entretient une vision que le numérique est illimité. Alors que c’est l’inverse : le numérique est une ressource limitée. »

Gratuité coûteuse

Les conditions mêmes dans lesquelles ces matériaux sont extraits sont responsables d’effets environnementaux dévastateurs, estime Guillaume Pitron. « Je peux vous dire que les conditions d’extraction et de raffinage de ces métaux se réalisent dans des conditions qui ne sont pas compatibles avec notre propre réglementation. Il y a là un enjeu environnemental important. »

Il s’est montré perplexe quant au fait que les métaux recyclés trouvent aujourd’hui peu de débouchés. « Les métaux recyclés sont plus chers que ceux qu’on extrait. C’est une des seules industries que je connais où l’occasion coûte plus cher que le neuf. »

Il reconnaît toutefois que la technologie peut venir en aide à la planète, par exemple en analysant des images de l’état de la barrière de corail en Australie ou l’évolution de la population d’espèces menacées. Selon Bruno Colmant, la seule solution est de viser la « sobriété », la « tempérance » dans l’utilisation du numérique.

Ce que la gratuité du contenu sur l’internet, notamment, n’encourage pas, estime M. Pitron. « Qui dit gratuité dit surconsommation. Il y a un vrai questionnement à avoir sur la gratuité de l’internet. L’autre question, c’est la priorisation des usages : veut-on plutôt favoriser les soins hospitaliers ou le métavers ? Ce sont des choix excessivement difficiles. On est en train de se dire collectivement qu’il y a un internet futile et utile. »

Le Sommet de Montréal sur l’innovation, organisé cette année au Centre PHI sous le thème « Entre Terre et techno, ça clique ? », en était à sa neuvième édition. L’évènement est organisé par la Société du Quartier de l’innovation de Montréal, organisme à but non lucratif créé en 2013 à l’initiative de l’Université McGill et de l’École de technologie supérieure.

Les Québécois prêts à débourser 280 millions pour protéger les milieux humides

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Parc de la Frayère, à Boucherville

Longtemps mal-aimés, les milieux humides ont maintenant la cote auprès du public. Selon une étude dévoilée lundi, les Québécois sont dorénavant prêts à débourser 280 millions de dollars pour des projets de restauration dans un contexte de crise climatique. Ils demandent également au gouvernement du Québec d’en faire plus pour protéger ces milieux naturels de moins en moins nombreux.

Publié à 7h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Au parc de la Frayère, à Boucherville, les photographes amateurs sont de plus en plus nombreux à y observer les grandes aigrettes et autres oiseaux qui vont se nourrir dans le milieu humide qui a été restauré il y a plusieurs années par l’organisme Canards illimités.

La popularité grandissante de ces milieux autrefois mal-aimés se traduit-elle cependant par une volonté concrète des Québécois de protéger et restaurer ces milieux naturels qui sont de moins en moins nombreux ? C’est la question que se sont posée le chercheur Jérôme Dupras et son équipe de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais.

La réponse a plus ou moins étonné le professeur, spécialiste de l’évaluation économique des services écosystémiques. Dans le cadre de son étude qui a permis de sonder 3304 personnes partout au Québec, 83 % des Québécois se disent préoccupés par la perte des milieux humides et 84 % estiment que le gouvernement du Québec devrait en faire plus pour les protéger.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Jérôme Dupras

« Il y a cinq ans, de tels résultats m’auraient surpris, lance Jérôme Dupras. Mais il y a eu une médiatisation grandissante sur l’importance de ces milieux. De plus en plus de citoyens et d’organismes se sont mobilisés. Et il y a eu les causes juridiques au sujet de la rainette faux-grillon qui ont fait prendre conscience de l’importance des milieux humides. »

Mais l’étude intitulée La valeur des milieux humides pour les Québécois ne s’est pas contentée de mesurer l’attachement de la population pour ces milieux naturels. Jérôme Dupras et son équipe ont aussi voulu savoir si le public était prêt à débourser de l’argent pour assurer la restauration de milieux humides. Et si oui, combien ?

Les Québécois se disent prêts à faire un don annuel moyen de 42,55 $ pour financer des initiatives de restauration et de création de milieux humides. Au total, 280 millions de dollars pourraient être recueillis, soit près de quatre fois les sommes obtenues par le gouvernement du Québec en guise de compensation pour la destruction de milieux humides entre 2017 et 2021.

C’est la région de Montréal qui remporte la palme pour la contribution moyenne la plus élevée, soit 49,85 $. À l’opposé, c’est dans Chaudière-Appalaches que le don moyen serait le moins important, à 35,19 $.

Une destruction qui se poursuit

En tête de liste des préoccupations des Québécois pour justifier la protection et la restauration des milieux humides viennent la protection de la qualité de l’eau potable (93 %), la protection de la quantité d’eau potable (92 %), la lutte contre les changements climatiques (85 %) et la protection de la biodiversité (85 %).

Rappelons que les milieux humides, dont les tourbières, sont d’importants puits de carbone et de méthane, dont la destruction entraîne une hausse des gaz à effet de serre (GES). Or, depuis l’adoption de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, en 2017, le gouvernement du Québec a permis la destruction de 11,9 km⁠2 de milieux humides dans la province en échange de compensations totalisant 75 millions de dollars.

Ce nouveau régime d’indemnisation est censé être la clé de la nouvelle loi qui a pour but de mettre fin à des décennies d’abus entraînant la destruction d’immenses superficies à l’échelle de la province, particulièrement dans les basses-terres du Saint-Laurent. Les sommes ainsi recueillies sont destinées à financer des projets de restauration et de création de milieux humides.

Mais selon une compilation réalisée par La Presse à l’automne 2021, à peine 445 000 $ avaient été dépensés sur les 74,9 millions recueillis par Québec sur une période de 4 ans, soit entre juin 2017 et juin 2021. Seulement 3 projets avaient alors permis de restaurer une superficie totalisant 0,4 km⁠2 de milieux humides.

En 2021, l’objectif d’aucune perte nette de la nouvelle loi était donc très loin d’être atteint. Une situation similaire avait été constatée par la biologiste Stéphanie Pellerin dans un rapport préparé pour le ministère québécois de l’Environnement en 2013, qui concluait notamment que « les pratiques de compensation actuelle sont donc nettement insuffisantes pour atteindre un objectif d’aucune perte nette ».

Jérôme Dupras sert d’ailleurs une mise en garde concernant l’approche actuelle du gouvernement du Québec qui ne tient pas compte des particularités régionales. Selon lui, l’objectif ne doit pas se limiter à viser zéro perte nette en matière de superficie de milieux humides. « Si on a zéro perte nette en superficie, ça ne veut pas dire qu’on aura zéro perte nette en termes de fonctions écologiques. »

C’est que les milieux humides sont complexes : un marais n’est pas une tourbière, un milieu en zone urbaine n’a pas la même valeur que dans un secteur rural. Surtout, restaurer ces milieux coûte cher. Mais selon le professeur, son étude envoie néanmoins « un signal que la population veut des gestes significatifs ».

En savoir plus

  • 81 %

Parmi les activités que les Québécois disent privilégier dans les secteurs abritant des milieux humides, la randonnée (81 %) figure au premier rang, suivie du ressourcement (53 %) et de l’observation d’oiseaux (37 %)

étude La valeur des milieux humides pour les Québécois

85 %

Dans la région de Montréal, plus de 85 % des milieux humides ont déjà été détruits. À l’échelle de la province, cette proportion est estimée entre 40 % et 80 %.

Rapport Analyse de la situation des milieux humides au Québec, publié en 2013

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Transition énergétique Les municipalités veulent produire des énergies renouvelables

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Daniel Côté, président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Gaspé, prononce un discours au congrès annuel de l’UMQ, le 12 mai, à Québec.

L’appétit d’Hydro-Québec pour de nouveaux mégawatts suscite la convoitise des municipalités québécoises, qui veulent se lancer dans la production d’énergie renouvelable pour réduire leur dépendance aux revenus fonciers et attirer de nouvelles entreprises.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) annoncera ce mardi la mise sur pied d’un comité qui explorera les possibilités s’offrant aux villes et villages en matière de production et de récupération d’énergie.

« On veut regrouper les efforts, partager l’expertise », explique en entrevue avec La Presse Daniel Côté, président de l’UMQ et maire de Gaspé, qui cite l’intérêt généré par la participation d’organismes municipaux dans des projets de production d’énergie éolienne dans l’est du Québec.

Car en plus de percevoir des redevances sur l’énergie produite sur leur territoire, les municipalités peuvent être partenaires dans un projet de production et en tirer des revenus.

À Gaspé, la Ville tire environ 3 % de ses revenus annuels de sa participation dans différents parcs éoliens, illustre Daniel Côté.

Ce n’est pas une solution miracle, mais « c’est quand même intéressant », estime-t-il.

Produisons de l’énergie renouvelable et contribuons à la lutte contre les changements climatiques tout en faisant de l’argent !

Daniel Côté, Union des municipalités du Québec

Avoir accès à une source locale d’énergie renouvelable est un « facteur attractif d’investissements », affirme l’UMQ, puisqu’elle permet d’attirer des entreprises elles-mêmes soucieuses de réduire leur empreinte carbone.

Potentiel inexploité

Les nouveaux contrats d’exportations d’Hydro-Québec et une nouvelle mentalité au sein de la société d’État ouvrent de nouvelles possibilités pour les municipalités en matière de production d’énergie, estime Daniel Côté.

« Pendant des années, Hydro-Québec nous parlait de surplus énergétiques et ne voulait pas avoir de nouvelle énergie sur son réseau, mais le discours a changé, il y a de la place pour de la nouvelle énergie sur le réseau, donc il y a un timing pour nous », dit-il.

Les municipalités entendent bien en profiter, d’autant plus que le potentiel inexploité est immense.

De la biomasse forestière qui n’est pas revalorisée aux biogaz des sites d’enfouissement qui sont simplement brûlés dans une torchère, « il y a de l’énergie qu’on gaspille actuellement », dit Daniel Côté.

Il y a un « engouement » pour la biométhanisation des matières organiques qui sont encore largement envoyées à l’enfouissement, dit-il, mais c’est l’intérêt pour l’éolien qui domine toujours.

Les coûts de production de l’énergie éolienne sont devenus plus bas que ceux de [la nouvelle] hydroélectricité ; l’éolien est devenu la forme d’énergie la plus compétitive dans les dernières années.

Daniel Côté, Union des municipalités du Québec

L’énergie solaire, très peu répandue au Québec, est aussi appelée à se développer, estime l’UMQ, soulignant que l’insolation journalière moyenne dans le sud de la province se situe entre 4,2 et 5 kilowattheures par mètre carré (kWh/m⁠2), ce qui est supérieur à celle de l’Allemagne, « chef de file du marché mondial de l’énergie solaire photovoltaïque ».

Récupérer l’énergie

En plus de produire de l’énergie, les municipalités s’intéressent à la récupération de celle qu’on gaspille.

« Au Québec, environ 40 % de l’énergie consommée par les grandes industries est gaspillée », affirme l’UMQ.

Les « rejets thermiques », par exemple la chaleur rejetée dans l’environnement par des équipements ou des bâtiments, représentent donc une importante source d’énergie.

La Ville de Rimouski l’a compris en récupérant la chaleur générée par les compresseurs qui refroidissent la patinoire de son centre sportif pour chauffer l’eau de la piscine située dans le même bâtiment, illustre Daniel Côté.

L’UMQ aimerait aussi que les municipalités puissent produire de l’énergie autre qu’électrique, comme des biocarburants, de l’hydrogène vert ou du gaz naturel « renouvelable », c’est-à-dire produit à partir de matières organiques ou de biomasse.

Il faudrait pour cela modifier la Loi sur les compétences municipales, qui limite selon l’UMQ la production d’énergie par les municipalités à la production d’électricité provenant de sources renouvelables.

Comme pour l’électricité, la production locale des autres types d’énergie est plus avantageuse, croit Daniel Côté.

« Plus on rapproche la source d’énergie du consommateur, plus c’est probant, dit-il. On élimine des enjeux et les coûts de transport de l’énergie. »

En savoir plus

  • 50 %

Cible québécoise de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage des bâtiments, d’ici 2030

source : Plan pour une économie verte du gouvernement québécois

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La gestion du Fonds d’électrification de Charette écorchée

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Environnement Benoît Charette se targue depuis longtemps d’avoir un plan chiffré et fiable pour atteindre la cible climatique de réduction d’émissions de GES de -37,5 % d’ici 2030, tout en écorchant l’ancien gouvernement libéral pour les écueils du Fonds vert.

(Québec) La « quasi-totalité » des actions financées par le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) « n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquats ». Et la politique énergétique du gouvernement comporte tellement de lacunes qu’elle risque « de compromettre la transition énergétique du Québec », dénonce la Commissaire au développement durable.

Publié à 10h18 Mis à jour à 10h35

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Charles Lecavalier

Charles Lecavalier La Presse

« L’encadrement mis en place à ce jour par le ministère de l’Environnement n’assure pas une gestion efficace et transparente du FECC. Le ministère ne détient pas une information de gestion uniforme et suffisante des actions financées par le FECC. Il n’est donc pas en mesure de suivre leur performance, notamment parce que la quasi-totalité de ces actions n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquates », rapporte Janique Lambert, dans son rapport déposé mercredi.

Le ministre de l’Environnement Benoît Charette se targue depuis longtemps d’avoir un plan chiffré et fiable pour atteindre la cible climatique de réduction d’émissions de GES de -37,5 % d’ici 2030, tout en écorchant l’ancien gouvernement libéral pour les écueils du Fonds vert.

Mais peu de choses ont changé, souligne la commissaire. En fait, 80 % des dépenses prévues, soit 5,4 milliards sur 6,7 milliards, proviennent du plan 2013-2020. Elles ont été reconduites « sans avoir préalablement évalué leur performance ».

Vieille recette

« L’évaluation de la performance des actions est d’autant plus importante que le PACC 2013-2020 était la pièce maitresse devant contribuer à atteindre la cible de réduction de 20 % sous le niveau de 1990 » et que le Québec a plutôt complètement raté la cible. Le gouvernement Legault utilise maintenant la même recette, et espère tout de même atteindre la cible de 2030.

Le ministère de l’Environnement a répliqué qu’il a établi un calendrier « pour les réviser d’ici 2030 afin d’améliorer leur performance ». Mais la Commissaire s’inquiète puisque l’argent sort déjà. Et pour certaines actions, le MELCC a tout simplement choisi de reconduire « sans ajustement » des programmes qui échouait pourtant à atteindre leurs objectifs.

Elle cible par exemple les programmes Écoperformance (efficacité énergétique et conversion vers des énergies moins émettrices de GES), Technoclimat-bioénergies et Chauffez vert, qui ont tous raté leurs cibles par le passé, et qui ont vu leur budget être reconduit. « Plus le ministère tarde à les réviser, plus des montants sont engagés sur plusieurs années sans pouvoir bénéficier des ajustements requis », note-t-elle.

Elle critique aussi la lenteur du ministère, qui « a transmis tardivement aux partenaires les directives concernant la quantification des GES et n’a pas encore transmis la directive de reddition de comptes afin d’orienter l’évaluation de la performance des actions ». Si on veut savoir combien de GES sont évités grâce à telle ou telle subvention, il faudra donc faire preuve de patience.

« En février 2022, il n’était pas possible d’évaluer la performance de près de 90 % des 78 actions en cours financées par le FECC puisqu’elles n’avaient pas d’indicateur ou qu’elles avaient des indicateurs inadéquats », explique Janique Lambert.

Le MELCC n’arrive pas non plus à jouer son rôle de « coordination des actions à l’échelle gouvernementale dans la lutte contre les changements climatiques » : aucun comité interministériel à ce sujet ne s’est réuni depuis septembre 2021.

Le ministre Julien critiqué

Dans son rapport, Mme Lambert écorche également le ministre de l’Énergie Jonatan Julien et sa Politique énergétique 2030. Adoptée en 2016, elle accumule les retards. « Même si plus de six ans se sont écoulés depuis l’adoption de la politique, le MERN n’a toujours pas entrepris tout ce qui était nécessaire pour assurer l’atteinte des cibles et n’évalue pas les progrès réalisés en vue de leur atteinte en 2030 », dit-elle.

À son avis, « les lacunes que nous avons relevées risquent de compromettre la transition énergétique du Québec ».

Les Patrouilles verte et bleue de retour en ville


Deux jeunes membres de la Patrouille verte. | Photo: Gracieuseté: Ville de Montréal

Journal Métro | ENVIRONNEMENT | 2 juin 2022 à 15h02 | Ambre Giovanni, Collaboration spéciale

Les Patrouilles verte et bleue circuleront à nouveau cet été. Elles informeront et sensibiliseront les citoyens aux grands enjeux environnementaux afin d’accélérer la transition écologique de Montréal.

«Les patrouilleurs sont en contact direct avec les citoyens. Ils sont sur le terrain et au courant de la réalité des personnes. Ce sont des gens qui sont très accessibles, qui sont motivés et qui veulent créer du changement dans leur communauté», témoigne la chargée de projets du Regroupement des écoquartiers (REQ), Alice Herischi.

Les Patrouilles seront présentes dans presque tous les 19 arrondissements de Montréal, sauf Anjou, Ahuntsic-Cartierville et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Elles iront aussi dans six villes liées: Beaconsfield, Kirkland, Côte-Saint-Luc, Mont-Royal, Westmount et Montréal-Est.

Rôles et secteurs

La Patrouille verte est une brigade de sensibilisation environnementale, qui existe depuis 2005. Cette année, elle sera active du 30 mai au 19 août.

Ses quatre mandats sont la gestion des matières résiduelles, la promotion et la protection de la forêt urbaine, les bons comportements à adopter dans les parcs et la préparation aux vagues de chaleur dans neuf quartiers spécifiques, indique Mme Herischi. D’autres mandats locaux seront spécifiques à chaque quartier.

La Patrouille bleue, quant à elle, touche aux enjeux liés à l’eau et sera en activité jusqu’au 19 août. Elle encourage les citoyens à échanger leurs anciennes pommes de douche contre des nouvelles à débit réduit, dans tous les arrondissements qui ont un écoquartier.

Elle évaluera également la situation des gouttières de Montréal afin de comprendre comment les eaux pluviales sont dirigées. De plus, elle entend sensibiliser les citoyens à la gestion de l’eau potable dans les villes liées, d’après la chargée de projets du REQ.

Fonctionnement des Patrouilles verte et bleue

Les patrouilleurs sont des personnes âgées de 15 à 30 ans, qui souhaitent avoir un impact sur l’environnement et dans leur communauté. Un territoire précis est assigné à chacun d’entre eux durant l’été.

Les patrouilleurs sensibilisent les citoyens de différentes façons, par le porte-à-porte ou la distribution de dépliants par exemple. Ils seront aussi présents lors d’événements publics.

Environ 60 000 citoyens ont été sensibilisés l’an passé.

Cette initiative s’aligne sur le plan stratégique Montréal 2030 et est gérée par le REQ. Elle a été rendue possible par la contribution de la Ville, l’implication des arrondissements et des villes liées et le programme Emplois d’été Canada.

Les arrondissements qui participent à la sensibilisation aux vagues de chaleur:

Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, LaSalle, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Nord, Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie, Saint-Laurent, Sud-Ouest et Ville-Marie.

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Hydro-Québec conclut un partenariat énergétique au Nunavik

Le partenariat entre Hydro-Québec et Tarquti prévoit le développement d’énergies propres au Nunavik pour remplacer la vingtaine de centrales thermiques qui fournissent de l’électricité aux communautés Inuit (Archives).

Photo : Tugliq Énergie / Michelle Marquis

Radio-Canada

Publié à 10 h 21

Hydro-Québec annonce lundi un partenariat avec les Énergies Tarquti inc. pour produire de l‘énergie à partir entra autres d’éoliennes dans les communautés inuit du Nunavik. Tarquti devient ainsi le partenaire « privilégié et exclusif » d’Hydro-Québec dans la production d’énergie dans le nord du Québec.

Au Nunavik, Hydro-Québec exploite une vingtaine de centrales thermiques pour fournir de l’électricité aux différentes communautés sur le territoire. En concluant ce partenariat, Tarquti pourra réaliser des projets pour remplacer les centrales qui utilisent des combustibles fossiles avec des énergies renouvelables qui sont adaptés aux besoins et aux intérêts des communautés de la région, peut-on lire dans un communiqué publié lundi.

Ce partenariat constitue une étape importante pour les communautés inuit du Nunavik pour qu’elles continuent de développer les compétences dont elles ont besoin pour mettre sur pied leurs propres projets d’énergie renouvelable respectueux de l’environnement et [de leurs] valeurs, poursuit le communiqué.

Tarquti a été créée en 2017 et appartient au Nunavik. Elle y développe des projets d’énergie tout en créant des emplois locaux.

Le succès de la transition énergétique dépend de la mobilisation de tous les acteurs importants du secteur des énergies propres, ainsi que nos organisations locales et régionales, y compris les sociétés foncières, indique le président de la société Makivik, Pita Aatami. Grâce à sa relation exclusive avec Hydro-Québec, Tarquti est bien placé pour développer et partager son expertise pour le bien de nos communautés, ajoute-t-il.

De son côté, la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, souligne l’engagement, la motivation et la détermination de [Tarquti] et sa volonté que les projets d’énergie renouvelable au Nunavik soient développés et entièrement détenus et exploités par les communautés locales et régionales.

« Cet accord est la preuve tangible de notre volonté d’accompagner les communautés autochtones qui souhaitent prendre en charge leurs projets de développement. »

— Une citation de Sophie Brochu, présidente-directrice générale d’Hydro-Québec

Mme Brochu croit que la transition énergétique des réseaux autonomes ne peut être mise en œuvre que par et pour les personnes les plus touchées.

Les centrales thermiques ne produisent que 1 % de l’électricité du réseau d’Hydro-Québec, mais sont responsables de 43 % de ses gaz à effet de serre.

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Eocycle L’Europe découvre les éoliennes québécoises

Photo fournie par Eocycle

Les petites éoliennes d’Eocycle sont destinées aux grandes fermes ou aux petites entreprises.

L’invasion de l’Ukraine et la crise énergétique qui en résulte ont un effet inattendu pour Eocycle. Le fabricant québécois vend actuellement en Europe des quantités records d’éoliennes de petite taille à des petites entreprises à la recherche de solutions à l’augmentation fulgurante des prix de l’électricité.

Publié à 6h00

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Hélène Baril

Hélène Baril La Presse

« Le marché européen a commencé à lever avec l’augmentation des prix de l’électricité consécutive à la guerre en Ukraine », explique Richard Legault, président et chef de la direction de l’entreprise qui a son siège social à Anjou.

L’Europe est un marché cible pour Eocycle, déjà installée en Belgique et partenaire du géant énergétique belge Engie. Mais les ventes se sont accélérées récemment et son marché s’est élargi. L’entreprise visait d’abord le secteur agricole et les grandes fermes qui veulent produire elles-mêmes leur électricité renouvelable. Ses éoliennes de petites dimensions intéressent maintenant les entreprises du secteur industriel.

« Ça, c’est nouveau, et c’est très porteur », se réjouit Richard Legault.

photo fournie par eocycle

Eocycle offre deux modèles d’éoliennes, une de 30 kW et l’autre de 90 kW, qui s’installent rapidement et dont la hauteur est trois fois moindre que celle des machines géantes installées dans les grands parcs éoliens comme ceux du Québec.

C’est une solution qui séduit de plus en plus l’Europe, où les toits sont déjà remplis de panneaux solaires et où l’espace manque pour déployer des parcs solaires.

Avec l’augmentation actuelle du prix de l’électricité, le rendement de l’investissement est passé de 8 à 4 ans pour un équipement dont la durée de vie est de 30 ans.

Richard Legault, président et chef de la direction d’Eocycle

Eocycle a maintenant l’œil sur le marché allemand, le plus grand d’Europe, où les occasions sont immenses. « Il y a une insécurité, dit le fondateur d’Eocycle. Les gens se jettent sur ce qui est disponible. »

Le Canada a promis d’aider l’Europe à réduire sa dépendance au gaz russe, mais les solutions envisagées, comme la construction d’une infrastructure de transport de gaz naturel liquide, prendront des années à se mettre en place, explique Richard Legault. « Le jour semble arrivé pour une solution comme la nôtre », dit-il.

L’Europe génère actuellement 75 % des revenus d’Eocycle, le reste venant de l’Amérique du Nord, surtout des États-Unis. Le Canada pourrait devenir intéressant dans quelques années, selon son président, notamment pour alimenter en électricité les communautés du Grand Nord. Les éoliennes d’Eocycle s’installent sans grue et sont résistantes au froid extrême.

« Une bouchée à la fois »

Eocycle est une entreprise privée qui compte Investissement Québec et Cycle Capital parmi ses actionnaires. Elle emploie une vingtaine de personnes, dont la moitié au Québec. Une nouvelle étape de financement est en cours pour alimenter sa croissance. L’entreprise voudrait recueillir 15 millions US, notamment sur les marchés américain et européen, pour continuer sa route. Eocycle vise des revenus de « quelques centaines de millions d’ici quelques années ».

Une éventuelle entrée en Bourse n’est pas exclue, mais pas tout de suite. « On y a va une bouchée à la fois », dit son président.

En savoir plus

  • Entre 25 et 35 m de hauteur

Les éoliennes d’Eocycle sont trois fois moins hautes que les éoliennes des parcs éoliens comme ceux du Québec.

Eocycle

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Une filière à développer non seulement pour accélérer la transition écologique, mais aussi pour que l’industrie éolienne québécoise participe aux revenus d’exportations dont le potentiel est immense à l’international.

Conservation de la nature Laval achète l’île Locas

Photo Hugo-Sébastien Aubert, LA PRESSE

L’île Locas sur la rivière des Mille Îles

La Ville de Laval est maintenant propriétaire de l’île Locas, l’une des plus grandes de la rivière des Mille Îles et réputée pour la richesse de sa biodiversité, a annoncé l’administration municipale dans un communiqué, jeudi.

Publié à 17h11 Mis à jour à 17h17

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

La transaction de 10,3 millions de dollars conclue « récemment », indique la Ville, permet la protection d’un « écosystème forestier exceptionnel » et de « milieux humides d’intérêt » d’un peu plus de 13 hectares, qui contribueront à la mise en place de la Trame verte et bleue du Grand Montréal.

Ce réseau récréotouristique a pour objectif de protéger et mettre en valeur les milieux naturels, les paysages et le patrimoine bâti de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour y maintenir la biodiversité et atténuer les impacts des changements climatiques.

« Les projets de développement immobilier sur l’île Locas sont officiellement derrière nous », s’est réjoui le maire de Laval, Stéphane Boyer, cité dans le communiqué.

L’acquisition de l’île Locas porte à 12 le nombre de milieux naturels dont Laval a fait l’acquisition depuis un an afin de les protéger, pour un total de 45 hectares, indique-t-elle.

« L’acquisition et la conservation des milieux naturels sont essentielles pour préserver des sites à haute valeur écologique comme celui de l’île Locas, dont nous avons tant besoin pour maintenir notre qualité de vie et faire face aux impacts des changements climatiques », a déclaré dans le même communiqué la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante.

Riche écosystème

Située à l’ouest du pont Gédéon-Ouimet de l’autoroute 15, l’île Locas fait partie du projet d’agrandissement du Refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles.

On y trouve notamment deux étangs qui abritent plusieurs espèces de poissons, des marais et marécages riverains, ainsi qu’une érablière à caryer ovale et d’une érablière argentée.

L’île compte au moins cinq essences en situation précaire : l’érable noir, le caryer ovale, le noyer cendré la bermudienne à feuilles étroites et le panic raide.

Un premier écocentre pour Laval

Laval a également annoncé jeudi l’ouverture à partir du 15 juin de son tout premier écocentre. Situé au 1205, boulevard Dagenais Ouest, cet écocentre est le premier des quatre prévus par la Ville. Il permettra de collecter annuellement 15 000 tonnes de matières, prévoit la Ville. Par conséquent, l’aire de réception des matériaux secs située sur la rue Cunard fermera définitivement ses portes à la même date.

En savoir plus

  • 44

nombre de municipalités participant à la Trame verte et bleue du Grand Montréal

Source : Communauté métropolitaine de Montréal

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