Environnement et transition écologique

Wow! Je suis subjugué par cette prise de conscience et cette volonté de changement dans notre vision de la nature en tant qu’entité ayant des droits au même titre que les humains. J’ai vu justement un documentaire hier soir sur le sujet à TV5 qui m’a fortement impressionné. Il était temps que notre perception environnementale change et que le droit vienne encadrer nos actions en vue de la protection de nos écosystèmes. Ici le St-Laurent et son écosystème est un symbole fort et incontournable, ainsi sa reconnaissance en tant que personnalité juridique à l’ONU fera certainement jurisprudence pour d’autres cours d’eau importants dans le monde.

À mon avis ce n’est rien de moins que le début d’une véritable révolution au niveau environnemental où les espoirs sont enfin possibles.

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Il y a déjà Sorel-Tracy, Sainte-Catherine et le conseil tribal Mamuitun qui demandent au gouvernement d’attribuer la personnalité juridique au fleuve.

Un appel aux municipalités québécoises: Personnalité juridique pour le fleuve | Un appel aux municipalités québécoises | La Presse

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Reportage au Téléjournal

Un « Plan montagne » pour faire face aux changements climatiques

Québec invite neuf régions reconnues pour leurs montagnes à lui soumettre un plan sur quatre saisons pour diversifier leur offre touristique.


Québec invite neuf régions reconnues pour leurs montagnes à lui soumettre un plan sur quatre saisons pour diversifier leur offre touristique.
PHOTO : GETTY IMAGES / STOCKSTUDIOX

Véronique Prince
à 4 h 00

Les saisons de ski sont de plus en plus courtes et ponctuées de redoux ou d’épisodes de pluie. Le Québec n’est pas épargné par les changements climatiques. Les gestionnaires de montagnes ne peuvent plus mettre tous leurs œufs dans le même panier pour maximiser les revenus.

Les Français connaissent le même problème depuis quelques années au mont Blanc. Aussi légendaire soit-il, ce dernier perd un peu plus chaque année de sa majesté : le glacier a reculé de près de 1 kilomètre, et l’épaisseur de la Mer de Glace a diminué d’environ 200 mètres depuis les 50 dernières années.

Au pied de la montagne, à Chamonix, on se creuse les méninges pour freiner la fonte, mais aussi pour diversifier le tourisme. La neige se fera de plus en plus rare.

Comme on ne peut plus tout miser sur le ski alpin, la ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, invite neuf régions du Québec reconnues pour leurs montagnes à lui soumettre un Plan montagne sur quatre saisons. Elle annoncera cette semaine que les associations touristiques régionales seront responsables d’élaborer avec leurs partenaires ce plan, financé à hauteur de 11 millions de dollars.

Outre le vélo de montagne ou la randonnée, qui sont déjà populaires, ça pourrait être de développer du ‘‘arbre en arbre’’ ou de construire des pôles d’observation, donne-t-elle en exemples.

Des vélos en libre-service, des circuits gourmands et des événements culturels au pied des montagnes (et même sur celles-ci) font également partie des idées avancées. On parle toujours de la saisonnalité au Québec. On a deux gros pôles : l’hiver et l’été. Maintenant, il faut s’assurer de développer sur quatre saisons, affirme Mme Proulx.

Une étude du consortium Ouranos, publiée en 2018, concluait déjà que d’ici 2050, l’industrie touristique située à proximité du fleuve Saint-Laurent connaîtrait sûrement plus de difficultés en raison des précipitations de pluie. À l’inverse, les régions éloignées pourraient vivre des épisodes de neige abondante.


Des randonneurs regardent le panneau des différents sentiers au mont Orford.
PHOTO : RADIO-CANADA / BERTRAND GALIPEAU

La vitalité des régions en dépend

La ministre Proulx est convaincue qu’une offre diversifiée dans les montagnes assurera aussi la vitalité économique des régions.

C’est également l’avis du directeur général de Tourisme Charlevoix, Mitchell Dion : Si je prends par exemple le mont Grand-Fonds ou encore le Massif de Charlevoix, ce n’est évidemment pas juste la montagne qui en profite, mais toute la collectivité d’affaires autour, que ce soit la restauration, l’hébergement et tout le reste.

L’un des objectifs du Plan montagne est d’assurer un va-et-vient constant des touristes tout au long de l’année.

Ça viendra renforcer la qualité des emplois et le lien, aussi, avec les commerçants locaux pour des partenariats à long terme. On pense par exemple à des saisons difficiles, comme au mois de novembre. Si on pouvait arriver à remonter un peu les taux d’occupation et la fréquentation dans les entreprises touristiques, on pourrait vraiment avoir une qualité d’emploi supérieure, ajoute M. Dion.

On vient répondre en plus à un enjeu de main-d’œuvre, parce qu’on est capable d’attacher les gens sur quatre saisons, renchérit Caroline Proulx.

Et le plan pour contrer la pénurie de main-d’œuvre?

Lors de notre passage à la petite boulangerie Pains d’exclamation!, à La Malbaie, la propriétaire, Josée Gervais, était d’abord enthousiaste à l’idée du Plan montagne. Adepte du ski en plus d’être commerçante, elle souhaite évidemment plus de touristes au printemps et à l’automne.

Nous, ici, en hiver, le mont Grand-Fonds est un moteur économique important, mais le saisonnier, c’est difficile au niveau de la gestion du personnel. Plus la saison est longue, mieux c’est pour tout le monde, dit-elle.

Mais d’un autre côté, elle peine déjà à trouver suffisamment d’employés pour répondre à la demande. Si le tourisme de montagne s’étale sur quatre saisons, elle craint de ne pas être en mesure d’offrir le service auquel s’attendent ses clients.

Encore faut-il avoir le personnel pour gérer ça à l’année longue! Je me contredis donc un peu, ajoute-t-elle en riant.

En fait, pour qu’un Plan montagne fonctionne, il ne fait aucun doute pour elle qu’il faudra aussi un plan pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, reconnu comme le problème le plus important auquel fait face l’industrie touristique.

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Reportage sur la finance verte

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Fin des combustibles fossiles : Montréal « accentue la pression » en se joignant à un traité international


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Valérie Plante déposera lundi au conseil municipal une motion d’appui au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles.

Pour « pousser les gouvernements » à en faire plus et « accentuer la pression », Montréal compte se joindre au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, qui impose de cesser tout projet d’exploration et d’extraction de pétrole, de gaz et de charbon.

Publié à 10h52 Mis à jour à 11h30
HENRI OUELLETTE-VÉZINA
LA PRESSE

« Ici, on n’exploite pas, on n’a pas de site d’exploitation. Cela étant dit, c’est un geste symbolique, mais important auquel j’espère que toutes les villes du Québec et du Canada se joindront pour envoyer un message très clair au gouvernement fédéral, comme quoi on ne veut pas de nouvelles sources d’énergie fossile. On aimerait que les autres provinces, le pays, puissent adhérer à ce traité », a martelé la mairesse Valérie Plante lors d’une conférence de presse, lundi.

Mme Plante déposera lundi au conseil municipal une motion d’appui au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Elle devra être entérinée par l’ensemble des élus. Des villes comme Toronto, Vancouver, Sydney, Los Angeles, Paris, Amsterdam et Barcelone sont déjà membres du traité.

Ce traité, il envoie un message clair : il faut qu’on arrête maintenant de développer la combustion de combustibles fossiles. La science le dit : ce n’est pas une question de politique, c’est une question de gros bon sens.

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

En mars 2021, des centaines de scientifiques à travers le monde avaient signé le traité de non-prolifération des énergies fossiles, en pressant les leaders politiques de cesser l’extraction du pétrole, du gaz et du charbon, en entamant une « transition juste » pour l’industrie et ses travailleurs.

Bay du Nord, « contre-productif »

Si Québec a voté au début d’avril l’interdiction de toute nouvelle exploration pétrolière sur son territoire, Ottawa vient de son côté d’approuver Bay du Nord, un mégaprojet de 60 puits d’extraction pétrolière à Terre-Neuve. « C’est évident que ça va à l’encontre de tout ce qui est fait. Je fais tout ce que je peux, mais quand je vois un projet d’un autre palier qui vient nous faire reculer, oui, c’est contre-productif. De notre côté, on ne va pas lâcher », a fustigé Mme Plante à ce sujet.

Le tout survient alors que dans la métropole, un Sommet climat Montréal – surnommé la « COP montréalaise » –, doit avoir lieu le 3 mai. La Ville promet des actions supplémentaires et « concrètes » pour réduire les gaz à effet de serre (GES).

« On va établir notre plan de match pour réussir la transition écologique de Montréal », dit la responsable de l’environnement au comité exécutif, Marie-Andrée Mauger. Elle espère aussi voir les partenaires « annoncer des gestes importants » et de « nouvelles solutions » pour réduire leur empreinte écologique.

Mais d’emblée, rendre le transport collectif gratuit ne sera pas possible, admet la mairesse. « On a un déficit structurel énorme et colossal. Moi, j’aime ce principe-là, mais je n’ai absolument pas la capacité comme ville toute seule de prendre ça sur mes épaules. Les endroits où ça a marché, la gratuité, c’était un choix de pays ou choix de province. […] Il faut qu’on y aille tout le monde ensemble », a-t-elle jugé.

Dans l’opposition, on déplore l’hypocrisie de l’administration Plante. « Oui, faisons des demandes aux autres paliers, mais gérons aussi les problèmes que nous avons en ce moment dans nos compétences ! Soyons aussi réalistes et amenons des solutions concrètes », a réagi la porte-parole en environnement d’Ensemble Montréal, Stéphanie Valenzuela. Son parti appelle la Ville à proposer des solutions pour « la crise du recyclage et la décontamination des sols », deux dossiers pour lesquels « il n’y a pas d’avancement ».

EN SAVOIR PLUS

1,5

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu dans un rapport explosif, au début d’avril, que de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C est encore possible, mais seulement si les émissions mondiales de gaz à effet de serre plafonnent au plus tard en 2025.

RAPPORT DU GIEC


Le communiqué officiel de la Ville

Montréal pose un geste supplémentaire pour lutter contre les changements climatiques : un traité pour la non-prolifération des énergies fossiles

25 avril 2022

Montréal, le 25 avril 2022 - Soucieuse de réussir la transition écologique et de répondre au dernier rapport alarmant du GIEC qui invite les gouvernements à poser des gestes forts afin de réduire de moitié les émissions au cours de cette décennie, l’administration soumettra au conseil municipal une motion d’appui au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. Ce geste fort renforcera les efforts de l’administration pour lutter contre les changements climatiques, à l’approche du sommet climat qui se tiendra le 3 mai prochain. Ce traité constitue une position pour l’arrêt de nouvelles exploration et l’exploitation de combustibles fossiles, tout en prônant une transition juste qui tient compte de la réalité des travailleurs impactés.

Alors que les énergies fossiles sont responsables de 86% des émissions de CO2 responsables des changements climatiques au cours de la dernière décennie, ce traité invite les gouvernements à mettre fin à l’exploration et à l’expansion de nouveaux combustibles fossiles, pétrole, gaz et charbon, afin d’éliminer progressivement, et de manière équitable, la production existante conformément à la recommandation du GIEC de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. En signant ce traité, Montréal rejoindra un réseau de villes et d’organisations engagées dans la transition écologique, dont Toronto, Vancouver, Sydney, Los Angeles, Paris, Amsterdam et Barcelone. Le gouvernement du Québec a récemment voté l’interdiction de toute nouvelle exploration pétrolière et gazière et la fermeture des sites de forage existants d’ici trois ans.

« En signant ce traité, Montréal démontre une fois de plus son leadership environnemental, auquel doivent se joindre tous les paliers. En tant que décideurs, nous devons être courageux et mobiliser nos partenaires afin de répondre à l’urgence climatique. La transition écologique nécessite des gestes forts immédiats de toute la société et c’est notamment pourquoi Le Partenariat climat Montréal tiendra le Sommet Climat Montréal, qui sera l’occasion d’annoncer des gestes concrets pris par la Ville, les entreprises, et les partenaires. Notre administration a fixé des cibles ambitieuses pour réussir la transition écologique, notamment par la réduction de 55% de nos GES d’ici 2030. La signature du traité de non-prolifération des combustibles fossiles est un geste complémentaire à notre plan climat, la création du grand parc de l’ouest, l’interdiction des plastiques à usage unique et des pesticides, ou encore la protection des berges, qui démontrent que nous sommes engagés à agir et mobiliser l’ensemble des partenaires pour réussir la transition écologique », a soutenu la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

« Alors que nous nous apprêtons à accueillir le Sommet Climat Montréal, qui sera notre COP montréalaise, nous tenions à envoyer un signal fort pour mobiliser tous les paliers dans la lutte aux changements climatiques. Nous devons absolument agir pour réduire de façon importante notre dépendance aux combustibles fossiles et c’est un effort auquel tout le monde doit contribuer. La signature de ce traité est parfaitement cohérente avec les gestes ambitieux que notre administration pose pour répondre à l’urgence climatique et faciliter une transition mondiale équitable et rapide vers l’abandon du charbon, du pétrole et du gaz », a ajouté la responsable de l’environnement au sein du comité exécutif, Marie-Andrée Mauger.

« La décision de Montréal de soutenir le Traité sur les combustibles fossiles est cruciale et démontre que la ville a compris l’importance d’aligner les politiques sur la science du climat et de prendre des positions de leadership. À l’échelle nationale, nous constatons que le gouvernement ne change toujours pas de cap et continue à approuver des projets de production de combustibles fossiles, et ceci malgré le dernier rapport du GIEC, que le Secrétaire général des Nations unies a qualifié de ?dossier de la honte’ et qui réitère une énième fois l’urgence à mettre fin à la production de pétrole, de gaz et de charbon. », a déclaré Tzeporah Berman, présidente de l’Initiative pour un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles et directrice du programme international de Stand.earth.

« La pandémie est arrivée subitement et nous avons dû beaucoup construire en cours de route. La crise climatique, quant à elle, s’annonce depuis plusieurs années. Nous ressentons déjà plusieurs impacts sur la santé des Montrélais.e.s – canicules, inondations, maladie de Lyme – et nous prévoyons avec de plus en plus de certitude des impacts plus importants sur la santé des générations futures. Nous avons une opportunité, et donc une obligation, d’intensifier les actions permettant de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et de s’adapter aux changements climatiques, afin de protéger la santé aujourd’hui et prévenir les impacts sur la santé de demain. Nous saluons cet engagement courageux de la Ville de Montréal qui s’ajoute à d’autres actions qui ont un impact sur les émissions de GES, sur notre capacité d’adaptation aux changements climatiques et sur la santé de la population : développer le transport collectif et actif, protéger les espaces naturels et verdir les milieux de vie, transformer nos systèmes alimentaires et aménager le territoire de façon réfléchie. Des actions ambitieuses sont essentielles pour diminuer les coûts sociaux, économiques et les inégalités sociales de santé, tous impactés par la réalité des changements climatiques », a ajouté la directrice régionale de santé publique pour la région de Montréal, Mylène Drouin.

« La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) salue la décision de la Montréal, à l’instar des villes de Los Angeles, Barcelone et Sydney, de signer le traité de non-prolifération des combustibles fossiles. La FTQ souligne qu’elle a signé ce même traité lors de la COP26 à Glasgow, devenant ainsi la première fédération syndicale à joindre ce traité qui prône l’abandon des combustibles fossiles dans le respect du concept de transition juste pour les travailleurs et travailleuses. La FTQ a confiance que l’administration municipale saura entendre la voix des travailleurs et travailleuses pour que cette transition nécessaire se fasse de façon juste et équitable pour tous et toutes », a mentionné le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.

« En affirmant son soutien pour l’adoption d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles, Montréal rejoint des milliers de scientifiques et de citoyens, ainsi que d’autres villes progressistes du monde qui font pression pour une transformation sociétale massive en réponse à la crise climatique. L’élimination progressive du charbon, du pétrole et du gaz est impérative pour maintenir notre planète en vie et nos villes en plein essor — c’est la seule voie pour protéger la qualité de vie des générations actuelles et futures. Soulevant sa voix pour une nouvelle réponse mondiale et audacieuse aux combustibles fossiles, notre ville reconnaît aujourd’hui que l’existence humaine est à la croisée des chemins et que les Montréalais.e.s ne resteront pas immobiles », a soutenu Sabaa Khan, Directrice-générale (Québec et l’Atlantique) de la Fondation David Suzuki.

« La lutte contre la crise climatique commence dans la ville. Les décisions des municipalités sont celles qui affectent le plus directement la qualité de vie de nos familles. En tant que parents, nous voulons protéger nos enfants de tout dommage éventuel, mais nous ne pouvons pas nous attaquer seuls à quelque chose d’aussi grave que la crise climatique. C’est pourquoi tous les niveaux de gouvernement doivent prendre des mesures pour protéger l’avenir de nos enfants. Une étape importante consiste à faire en sorte que les combustibles fossiles ne puissent plus proliférer. Maintenant que Montréal est signataire du Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, les parents montréalais savent qu’ils ont un partenaire qui sera là pour assurer un avenir à nos enfants », a ajouté Jennifer Smith, organisatrice de Pour Nos Enfants Montréal.

Au cours de l’année écoulée, la campagne a reçu le soutien de 101 lauréats du prix Nobel, de 2 600 universitaires, de 231 parlementaires, de centaines de jeunes activistes, d’un groupe croissant de leaders religieux et de plus de 1 300 organisations de la société civile, dont Climate Action Network Canada, la David Suzuki Foundation, Citizens Climate Lobby Canada, Climate Strike Canada, Environmental Defence Canada, Fridays for Future Canada et International Physicians for the Prevention of Nuclear War Canada.

Pour plus d’informations sur le traité, visitez Français — The Fossil Fuel Non-Proliferation Treaty Initiative

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Même si rien n’est parfait dans ce bas-monde, il faut reconnaitre les grands efforts de l’administration Plante en matière d’écologie, de mobilité, d’environnement et de développement durable. Son bilan dans ces champs d’actions est impressionnant. Je pense notamment aux grands parcs dont on augmente la surface et les aménagements, les infrastructures, les berges, les pistes cyclables et piétonnières, les places publiques, etc.

À ce niveau c’est un changement de paradigme qui contribuera au mieux-être de la population actuelle, comme des générations futures. En fait c’est aujourd’hui qu’on doit préparer les conditions de vie de demain, en tentant d’atténuer le plus possible les effets des changements climatiques.

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Habitat de la rainette faux-grillon à Longueuil Des milieux humides détruits par le CN

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le marais Darveau, à Longueuil

Le Canadien National (CN) a détruit sans autorisation un milieu humide à Longueuil, qui abritait l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, espèce menacée au Canada et vulnérable au Québec. Un geste qui a valu à l’entreprise un avis de non-conformité du ministère québécois de l’Environnement. La Société pour la nature et les parcs (SNAP) demande une enquête afin de déterminer si l’entreprise a aussi commis une infraction à la Loi sur les espèces en péril.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Le 11 avril dernier, Tommy Montpetit et son équipe avaient rendez-vous au marais Darveau, à Longueuil, pour y réaliser un inventaire de la rainette faux-grillon. La technique consiste à écouter la petite grenouille chanter au moment de la période de reproduction au printemps. Plus elles sont nombreuses, plus la cote de chant attribuée au milieu visité sera élevée.

Mais cette journée-là, aucune rainette ne chantait au marais Darveau. Pour la simple et bonne raison qu’une partie de ses milieux humides avait été remblayée. Tommy Montpetit, qui est directeur de la conservation à l’organisme Ciel et Terre, a immédiatement prévenu la Ville de Longueuil, qui a ensuite averti le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du Québec.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le marais Darveau, à Longueuil

Selon M. Montpetit, le milieu remblayé est précisément celui où l’on retrouvait un habitat de rainettes. Sa destruction aurait aussi modifié l’hydrologie du secteur et affecté le milieu humide voisin où le batracien était aussi présent.

Le CN « pas au fait »

Le marais Darveau, qui est constitué de plusieurs milieux humides connectés, se trouve sur des terrains appartenant à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada en bordure de la route 116 à Longueuil. Le CN a confirmé à La Presse être l’auteur des travaux de remblayage sans préciser à quel moment l’infraction a été commise. L’entreprise indique avoir reçu un avis de non-conformité le 11 novembre dernier de la part du MELCC.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le marais Darveau se trouve sur des terrains appartenant à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada en bordure de la route 116 à Longueuil.

Selon une source bien au fait du dossier, le remblayage du milieu humide d’environ 1 hectare a été réalisé en août dernier. Le CN se cherchait un espace pour y entreposer des matériaux, une information qui n’a pas été confirmée par l’entreprise, qui a transmis une courte déclaration par courriel en réponse aux questions de La Presse.

Le CN affirme qu’il « n’était pas au fait que ce milieu humide pourrait être désigné comme habitat d’espèce vulnérable ». Or, le marais Darveau est identifié au programme fédéral de rétablissement de l’espèce depuis 2015. Et depuis 2003, des bénévoles s’y rendent chaque année pour les inventaires printaniers de la rainette faux-grillon.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Deux camionnettes du CN sont apparues moins d’une dizaine de minutes après l’arrivée de La Presse sur les lieux de remblayage d’un milieu humide à Longueuil.

Milieux humides déjà identifiés

La zone remblayée se trouve à environ trois kilomètres du secteur du boulevard Béliveau où le gouvernement fédéral a adopté un décret d’urgence le 21 novembre dernier pour stopper les travaux et y protéger l’habitat de la rainette. Là aussi, des milieux humides avaient été détruits, pour prolonger le boulevard. Les travaux menés par la Ville de Longueuil avaient été autorisés par le gouvernement du Québec.

Les milieux humides du marais Darveau sont clairement identifiés dans les cartes de Canards illimités, la référence en la matière au Canada. Ils se trouvent également au schéma d’aménagement de la Ville de Longueuil.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La rainette faux-grillon

Ironiquement, le milieu qui a été remblayé figure aussi dans le projet de règlement de contrôle intérimaire que doit adopter la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) jeudi. Le comité exécutif a d’ailleurs résolu à l’unanimité de recommander l’adoption de ce règlement destiné à protéger les milieux naturels d’intérêt sur le territoire de la CMM.

Précisons qu’il ne reste plus que sept populations de rainettes encore viables au Québec, dont trois se trouvent dans l’agglomération de Longueuil.

« Le CN n’a visiblement pas fait preuve de diligence raisonnable dans ce dossier alors que la présence de l’espèce et de son habitat essentiel était bien documentée, et ce, dans les deux langues officielles du pays », a affirmé Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec. « Nous demandons au ministre fédéral de l’Environnement de déclencher une enquête transparente et de déterminer si une infraction aux interdictions générales de la Loi sur les espèces en péril a été commise. »

Tommy Montpetit, lui, espère que le site sera remis en état rapidement. « Des milieux humides ont été remblayés illégalement il y a deux ans, près de la rue du R-100 [à Longueuil], et rien n’a été corrigé encore. »

On dirait que nos gouvernements ont de la misère à comprendre que lorsque tu fais un trou dans un seau rempli d’eau, c’est tout le seau qui finit par se vider. C’est la même chose avec les milieux humides. Chaque année, on en perd des bouts dans l’indifférence générale.

Tommy Montpetit, directeur de la conservation pour l’organisme Ciel et Terre

Le CN dit vouloir « établir un plan de restauration avec échéancier de travaux, qui sera partagé avec les ministères concernés afin de mettre en place les correctifs jugés nécessaires, visant notamment le rétablissement du site ».

Mais selon la SNAP, il est évident qu’Ottawa devra intervenir de nouveau. En août 2021, l’organisation avait d’ailleurs demandé au gouvernement fédéral d’adopter un décret pour protéger l’habitat essentiel de la rainette faux-grillon sur tout le territoire de la Ville de Longueuil et non seulement pour le secteur du boulevard Béliveau.

En savoir plus

  • 25 %

Selon un rapport du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) datant du printemps 2021, moins du quart des populations de rainettes faux-grillon qui subsistent à ce jour « seraient capables de se maintenir à moyen terme si les conditions demeuraient telles quelles ».

Source : ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec

90 %

Au cours des 60 dernières années, la rainette faux-grillon a perdu 90 % de son aire de répartition au Québec, un déclin semblable à celui des milieux humides, dont 70 % ont été détruits ou endommagés depuis plus de 50 ans.

Sources : MFFP et Canards illimités

« On a rien vérifié, ce n’est pas notre faute ». Comme quand le CP a rasé une part du Champ des possibles en pensant que le terrain était à eux. Je pense que la souveraineté des compagnies ferroviaires sur leur terrain devrait être mieux encadré, sinon j’ai l’impression que ça mène à une certaine complaisance.

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C’est enrageant. Peu importe le montant de l’amende, le milieu a été détruit et c’est pas mal plus dur de le recréer. Ce ne serait absolument pas étonnant qu’on ne les entende plus jamais dans ce milieu.

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C’est à mon avis carrément de la mauvaise foi avec leur attitude désinvolte comme si les sociétés ferroviaires vivaient dans un monde parallèle. :frowning_face:

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J’espère vraiment que le(s) gouvernement(s) provincial et/ou fédéral sévira(-ront) contre le CN. Plaider l’ignorance est bien trop facile comme excuse dans ce cas-ci. :rage:

Habitats de la rainette faux-grillon à Longueuil Québec n’exclut pas de sanctionner le CN


PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE | La Presse a révélé mercredi que le Canadien National (CN) avait remblayé sans autorisation un milieu humide en août 2021 pour y entreposer des matériaux. Or, on y retrouvait également l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, qui a le statut d’espèce menacée au Canada et vulnérable au Québec.

Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, n’exclut pas de sanctionner le CN, qui a remblayé sans autorisation des milieux humides à Longueuil qui abritaient l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, une espèce menacée. De son côté, Environnement Canada rétorque qu’il n’avait aucune autorisation à donner à l’entreprise ferroviaire.

27 avril 2022 | Publié à 20h06 | ÉRIC-PIERRE CHAMPAGNE | LA PRESSE

« On envisage potentiellement des sanctions en bonne et due forme [contre le CN] », a réagi le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), Benoit Charette, au cours d’une mêlée de presse, mercredi matin.

La Presse a révélé mercredi que le Canadien National (CN) avait remblayé sans autorisation un milieu humide en août 2021 pour y entreposer des matériaux. Or, on y retrouvait également l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, qui a le statut d’espèce menacée au Canada et d’espèce vulnérable au Québec.

Le CN affirme qu’il « n’était pas au fait que ce milieu humide pourrait être désigné comme habitat d’espèce vulnérable ». Or, le marais Darveau à Longueuil est identifié au programme fédéral de rétablissement de l’espèce depuis 2015. Et depuis 2003, des bénévoles s’y rendent chaque année pour les inventaires printaniers de la rainette faux-grillon, une petite grenouille qui mesure moins de 3 cm.

Le ministre Charette a qualifié la réponse du CN de « déplorable ». « Ce n’est pas une excuse en soi. C’est un site d’intérêt qui est connu depuis plusieurs années. Ils n’avaient pas l’autorisation de faire ce qu’ils ont fait. Ils auront à assumer les conséquences de leurs gestes. »

En fin de soirée, le cabinet du ministre Charette a signalé à La Presse qu’il comptait « sur l’entreprise pour réhabiliter le terrain rapidement ». Le Ministère a aussi demandé au CN de lui soumettre « un plan de mesures correctrices ».

Le cabinet du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’est contenté d’un bref commentaire. « Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a tout récemment été mis au fait de la situation. Le secteur visé par l’activité [du CN] n’est ni une terre fédérale ni couvert par un décret de protection pris en vertu de la Loi sur les espèces en péril. ECCC n’avait donc aucune autorisation à émettre. »

« C’est très décevant, a déclaré Tommy Montpetit, directeur de la conservation à l’organisme Ciel et Terre. Si on ne fait rien rapidement, cette espèce-là va s’éteindre. »

« On est rendus à un point critique pour la survie de cette espèce, ajoute celui qui milite pour la protection de la rainette faux-grillon depuis plus de 25 ans. Si un braconnier tue des orignaux sans permis, on va s’empresser de le mettre à l’amende. Mais pour une espèce en péril, nos deux ministères de l’Environnement se renvoient la balle et pendant ce temps, il ne se passe rien. »

Selon Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs au Québec, « cette énième destruction d’un habitat de la rainette faux-grillon en Montérégie illustre les lacunes actuelles dans la protection de nos espèces en péril. Pour protéger rapidement tous les habitats nécessaires à la survie et au rétablissement de l’espèce, il faudra une bonne dose de volonté politique et un effort concerté des municipalités et des gouvernements provincial et fédéral », conclut-il.

Avec Tommy Chouinard, La Presse

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Gestion des forêts Un organisme international pourrait sévir contre le Québec

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Coupes forestières le long de la rivière Betsiamites, sur la Côte-Nord

Parce qu’il n’en fait pas assez pour protéger les caribous, le Québec pourrait perdre des certifications internationales de saine gestion des forêts, prévient le Forest Stewardship Council. Mais le ministre des Forêts a refusé de rencontrer l’organisme, qui souhaitait lui présenter des solutions.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le Québec risque de perdre certaines certifications internationales de saine gestion des forêts en raison de l’insuffisance de ses mesures de protection de l’habitat du caribou.

Le Forest Stewardship Council (FSC) – un organisme international à but non lucratif qui certifie les produits du bois provenant de forêts gérées sainement sur les plans écologique, social et économique – a alerté le gouvernement québécois à ce sujet, en février.

« Le FSC s’inquiète de plus en plus d’être dans la position difficile, dans un avenir prévisible, de devoir suspendre ou résilier les certificats d’aménagement forestier actuels parce qu’ils ne satisfont pas aux exigences relatives au caribou », écrivait le FSC dans une lettre au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour.

Le directeur général du FSC, qui est établi en Allemagne, proposait à M. Dufour de venir le rencontrer à Québec, en avril, pour lui présenter des pistes de solution, mais le ministre n’a pas donné suite à cette proposition.

PHOTO FOURNIE PAR LE FOREST STEWARDSHIP COUNCIL

François Dufresne, président de la section canadienne du Forest Stewardship Council

« On n’a jamais eu de réponse, même pas un accusé de réception », a indiqué à La Presse le président de la section canadienne du FSC, François Dufresne.

Le directeur général du FSC a en revanche tenu des rencontres « fructueuses » avec les gouvernements ontarien et canadien lors de son déplacement au Canada, plus tôt ce mois-ci.

Une rencontre… après la Commission

Le ministre Dufour a bien reçu l’invitation du FSC, mais il « souhaite attendre le rapport de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards avant [d’y] donner suite », a indiqué mardi à La Presse son directeur des communications, Michel Vincent.

« Le ministre a demandé au ministère de contacter, dans un premier temps, le FSC afin de préparer une rencontre entre le ministère, le cabinet et le président de l’organisme, a-t-il dit. Cette discussion devrait avoir lieu prochainement. »

« C’est de l’improvisation », a rétorqué François Dufresne, affirmant ne pas avoir été contacté par Québec et jugeant inutile d’attendre le rapport de la Commission pour tenir une rencontre.

Ce n’est pas de ça qu’il s’agit, il s’agit de mettre en place le plan de rétablissement du fédéral qui traîne depuis 12 ans !

François Dufresne, du FSC Canada

Demande du marché

Le Québec a beaucoup à perdre avec le retrait éventuel de certifications du FSC, prévient l’organisme.

« Le marché tire pour avoir des produits certifiés », affirme François Dufresne, évoquant notamment les États-Unis, principal partenaire commercial du Canada.

L’exploitation de la forêt n’est pourtant pas incompatible avec la protection du caribou, soutient-il, affirmant que les 7 millions d’hectares certifiés au Québec dans l’aire de répartition du caribou en sont la preuve.

Outre la protection de l’habitat du caribou, la nouvelle norme du FSC en vigueur depuis 2020 prévoit aussi le respect des droits des Autochtones par l’obtention d’un consentement libre, préalable et éclairé à l’exploitation forestière.

Le FSC se dit ainsi dans une « position unique » pour aider le Québec à atteindre les objectifs de conservation fédéraux et réitère « son soutien et son expertise ».

Le gouvernement du Québec ne s’en va pas dans la bonne direction.

François Dufresne, FSC Canada

Pas une première

Le Québec a déjà perdu dans le passé des certifications du FSC : en 2015, la papetière Produits forestiers Résolu avait vu ses certificats pour les cinq unités d’aménagement forestier du Saguenay–Lac-Saint-Jean suspendus ou résiliés.

Le gouvernement libéral de l’époque avait alors commandé un rapport pour évaluer « l’impact social et économique de la mise en œuvre des exigences du Forest Stewardship Council ».

Le document, cosigné par l’actuelle présidente de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, la professeure spécialisée en économie forestière Nancy Gélinas, faisait six recommandations, dont la modernisation des entreprises forestières et leur conversion vers une sylviculture basée sur la valeur et non seulement sur le volume.

« Ces propositions permettront à moyen terme d’atténuer l’impact d’une réduction de la possibilité forestière », soit le volume maximal de bois qu’elles sont autorisées à couper, concluaient les auteurs.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n’était pas en mesure d’indiquer si ces recommandations avaient été mises en place, mercredi.

Le rapport soulignait en outre que les exigences liées à la certification FSC recoupaient celles existantes et à venir du gouvernement québécois, et que s’y conformer « ne pourra se faire à coût nul ».

Le FSC juge « discutables » les conclusions de ce rapport sur le prix à payer pour gérer sainement les forêts.

« Ne perdons jamais de vue que l’essentiel des pertes d’emplois au Québec et ailleurs au Canada dans le secteur forestier, depuis 25 ans, a été causé par la détérioration des conditions de marché de l’industrie forestière et de sa rationalisation, affirme François Dufresne. L’environnement, ou sa protection, est rarement mis en cause. »

En savoir plus

  • 20 millions

Nombre d’hectares de forêts au Québec ayant la certification FSC

source : Forest Stewardship Council

Protection des milieux naturels Le Grand Montréal protégera 22 % du territoire


PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE | Un ruisseau de Montréal

Le Grand Montréal s’apprête à protéger 22,3 % de son territoire, en milieux terrestres et humides, en y interdisant toute construction, tout ouvrage, tous travaux ou toute activité, notamment dans le but d’augmenter la canopée et de préserver des espèces menacées, telles que la rainette faux-grillon, dont l’habitat sera préservé en totalité.

28 avril 2022 | Publié à 13h56 | ISABELLE DUCAS | LA PRESSE

Un total de 53 435 hectares, une superficie équivalente à l’île de Montréal, se retrouvent ainsi protégés sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui en a fait l’annonce jeudi au cours d’une conférence de presse.

« C’est une annonce importante parce que nos citoyens nous demandent d’agir pour protéger l’environnement, pour lutter contre les changements climatiques », a souligné Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la CMM. « On a tous été alarmés par le dernier rapport du GIEC. L’urgence est réelle, les gestes à poser doivent être ambitieux et rapides, c’est maintenant que ça se passe. On n’a pas le temps de niaiser ! »

Tel que révélé par La Presse il y a quelques semaines, plusieurs groupes environnementaux attendaient cette annonce avec impatience.

Relisez notre texte « Fin de la récréation » dans le Grand Montréal

La CMM inclut les villes de Montréal, Laval et Longueuil ainsi que 79 autres municipalités, de Mirabel à L’Assomption dans la couronne nord, et de Vaudreuil-Dorion à Contrecœur au sud.

Le règlement de contrôle intérimaire (RCI) concernant les milieux naturels a été adopté à l’unanimité par les maires des 82 municipalités, jeudi matin.

Les milieux naturels visés par le RCI se retrouvent un peu partout sur le territoire du Grand Montréal.

Depuis 2012, l’objectif fixé par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) était de protéger 17 % du territoire d’ici 2031, mais la CMM stagnait à 10,1 % depuis des années.

Le règlement entrera en vigueur dès son approbation par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, dans un délai maximal de 60 jours, mais Valérie Plante a dit souhaiter qu’il soit entériné plus rapidement.

La CMM demande aussi à Québec un outil supplémentaire : une modification à la loi québécoise sur l’expropriation, qui doit être modernisée pour que les municipalités puissent plus facilement acquérir des milieux naturels afin de bien les protéger.

En réduisant les pressions liées à l’urbanisation dans les milieux naturels visés, ce règlement contribuera également à protéger les habitats de diverses espèces en situation précaire, dont le petit blongios, le ginseng à cinq folioles, des occurrences floristiques prioritaires non protégées de plantes vasculaires ainsi que des alvars, indique la CMM. Il permettra en outre de protéger des écosystèmes forestiers exceptionnels et participera au maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la diversité biologique du territoire.

Ce règlement pourrait-il obliger la réhabilitation de milieux naturels d’intérêt qui ont été détruits, comme ce milieu humide à Longueuil, qui abritait l’un des derniers habitats de la rainette faux-grillon, remblayé par le Canadien National (CN), tel que révélé par La Presse cette semaine ?

Relisez notre texte Des milieux humides détruits par le CN

« Malheureusement, ce n’est pas possible de rétablir le milieu pour garantir le retour de la rainette faux-grillon, c’est déplorable », a répondu la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier. « On ne peut pas revenir dans le passé, mais actuellement, on se dote d’outils robustes pour nous permettre de garantir la survie de l’espèce dans le futur. »

EN SAVOIR PLUS

  • 3313

Nombre d’hectares de l’habitat de la rainette faux-grillon qui seront protégés par le nouveau règlement.

COMMUNAUTÉ MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL


Communiqué de presse:

LA CMM PREND LES GRANDS MOYENS POUR ACCÉLÉRER LA PROTECTION DES MILIEUX NATURELS ET DES ESPÈCES MENACÉES

Communauté métropolitaine de Montréal | 2022-04-28

Communiqué

Montréal, le 28 avril 2022 – La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté aujourd’hui un règlement de contrôle intérimaire (RCI) concernant les milieux naturels. Elle prend ainsi les grands moyens afin d’accélérer la protection et la mise en valeur des milieux naturels du territoire métropolitain, notamment ceux abritant des espèces menacées telles que la rainette faux-grillon de l’Ouest.

Ce RCI a pour effet d’interdire toute construction, tout ouvrage, tous travaux ou toute activité dans les milieux terrestres et humides d’intérêt métropolitain ciblés par la CMM et dans l’habitat de la rainette faux-grillon, sauf exceptions prévues. Ce règlement cible 12 367 hectares (ha) de milieux naturels supplémentaires par rapport à ceux protégés par le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Ainsi, un total de 53 435 ha, soit 22,3 % du territoire du Grand Montréal – une superficie équivalente à l’île de Montréal – font désormais l’objet de mesures de conservation.

Ces milieux sont composés de 42 835 ha de milieux terrestres, de 11 604 ha de milieux humides et de 3 313 ha d’habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest, soit l’ensemble de l’habitat de cette espèce dans le Grand Montréal. Il s’agit d’ailleurs de la première fois dans l’histoire du Québec que l’habitat de cette espèce menacée d’extinction est ainsi cartographié et visé par des mesures de conservation dans un outil d’aménagement.

En réduisant les pressions liées à l’urbanisation dans les milieux naturels visés, ce règlement contribuera également à protéger les habitats de diverses espèces en situation précaire, dont le petit blongios, le ginseng à cinq folioles, des occurrences floristiques prioritaires non protégées de plantes vasculaires ainsi que des alvars. Il permettra en outre de protéger des écosystèmes forestiers exceptionnels et participera au maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la diversité biologique du territoire.

Le RCI entrera en vigueur dès son approbation par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, dans un délai maximal de 60 jours, et le restera jusqu’à ce que le contenu du futur PMAD soit intégré aux règlements municipaux. Pour en faciliter l’application, la CMM mettra divers outils à la disposition des équipes municipales en plus d’offrir des séances de formation et un accompagnement par les inspecteurs métropolitains.

La CMM rappelle toutefois que pour que ces espaces soient reconnus en tant qu’aires protégées, ils devront avoir obtenu un statut juridique officiel à la demande d’un propriétaire privé ou d’une municipalité à la suite d’une acquisition. Elle invite d’ailleurs les municipalités à inscrire les espaces acquis au Répertoire métropolitain des initiatives municipales de conservation afin d’augmenter le pourcentage d’aires protégées dans le Grand Montréal.

La CMM demande également au gouvernement du Québec de les soutenir adéquatement, d’une part en modifiant la Loi sur l’expropriation afin que l’indemnité d’expropriation soit calculée sur la base de la juste valeur marchande et d’autre part en bonifiant sa contribution au programme d’aide financière de la Trame verte et bleue du Grand Montréal.

CITATIONS

« À titre de présidente de la CMM et d’ambassadrice globale pour la biodiversité locale de l’ICLEI, je suis fière de l’adoption de ce règlement qui contribuera à freiner la perte de milieux naturels dans le Grand Montréal. Les récents rapports du GIEC et les discussions de la COP26 sur les changements climatiques ont soulignés l’urgence d’accélérer la transition écologique et proposent d’augmenter les cibles de protection à 30 % d’ici 2030, et même jusqu’à 50 % d’ici 2050. Aujourd’hui, la CMM pose un geste historique pour répondre à la crise climatique en matière d’aménagement et rassurer les citoyens de plus en plus préoccupés par les questions environnementales. Avec ce règlement, nous freinons la pression sur nos milieux naturels et protégeons les espèces en situation précaire les plus rares. »

– Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la CMM

« Je suis très fière de l’annonce d’aujourd’hui. Pour la première fois, la cartographie de la rainette faux-grillon, une espèce particulièrement présente dans l’agglomération de Longueuil, sera intégrée à un outil d’aménagement métropolitain. Nous avons une responsabilité politique d’assurer un développement urbain qui tient compte des défis climatiques et assure un large accès à la nature pour la population. Ce règlement permet de répondre à ces réalités. Il contribuera à freiner l’étalement urbain tout en assurant une prévisibilité aux promoteurs immobiliers et en protégeant davantage de milieux naturels, notamment grâce aux acquisitions que peuvent réaliser les municipalités dans le cadre du programme de la Trame verte et bleue. »

– Catherine Fournier, mairesse de Longueuil et vice-présidente du comité exécutif de la CMM

« Alors que nous sommes confrontés à l’urgence d’agir face à la crise environnementale, les municipalités et la CMM ont un rôle clé à jouer dans la transition écologique. Laval se fait donc un devoir de placer l’environnement au cœur de ses priorités et de ses actions, que ce soit par la protection des milieux naturels, la lutte contre les changements climatiques, la plantation d’arbres ou la mise en place de programmes novateurs. D’ailleurs, mon administration s’est notamment engagée à doubler les acquisitions de milieux naturels et à créer la plus grande réserve faunique en milieu urbain. »

– Stéphane Boyer, maire de Laval et vice-président du conseil de la CMM

« Comme je l’indiquais à titre de président du Comité des changements climatiques de l’UMQ, la réglementation constitue un moyen efficace, permettant au milieu municipal de contribuer directement et concrètement à la lutte aux changements climatiques. Le RCI de la CMM est un bel exemple pour la préservation des milieux naturels. Grâce à ce geste important, les villes de la CMM agissent concrètement pour lutter contre les changements climatiques. »

– Martin Damphousse, maire de Varennes et membre du comité exécutif de la CMM

« L’adaptation aux changements climatiques est un défi majeur auquel les municipalités de la couronne Nord répondent déjà par de nombreuses actions. Par exemple, plusieurs villes comme Deux-Montagnes travaillent à améliorer la gestion des risques d’inondation par la mise en place de mesures variées. Parmi celles-ci, les infrastructures vertes et le maintien des milieux naturels jouent un rôle de premier plan. Le RCI concernant les milieux naturels témoigne de l’importance de ces derniers dans le contexte de l’urgence climatique et confirme la volonté de toutes les municipalités de la CMM de travailler à leur conservation ».

– Denis Martin, maire de Deux-Montagnes et membre du comité exécutif de la CMM

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Pour une Révolution tranquille climatique

INFOGRAPHIE LA PRESSE

La lutte contre l’urgence climatique est en panne au Québec. Loin de diminuer,nos émissions de gaz à effet de serre augmentent. Si bien que même le ministre de l’Environnement ne croit plus à notre cible de réduction pour 2030 ! Renverser la vapeur, pourtant, est possible. Voici dix propositions pour y arriver.
Un dossier de Philippe Mercure

Publié à 5h00

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Philippe Mercure

Philippe Mercure La Presse

Une cible, 10 flèches

Dans les années 1960, le Québec s’est transformé de fond en comble.

En l’espace de quelques années, nous avons complètement réinventé notre système d’éducation, nationalisé l’électricité et créé la Caisse de dépôt et placement du Québec. Nous avons réformé le Code du travail, modifié le statut juridique des femmes et créé plusieurs nouveaux ministères.

En 1966, 20 stations du métro de Montréal ont été inaugurées. D’un coup, quatre ans après le début des travaux.

Aujourd’hui, la province est engagée dans une autre transformation majeure : devenir une société à faibles émissions de carbone.

Il y a toutefois un problème. Celui qui devrait être le principal porteur de ballon de cette métamorphose, le ministre de l’Environnement Benoit Charette, affirme être allé au bout de ses possibilités.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec

Le Québec émet actuellement 84,3 mégatonnes d’équivalent CO2 par année. Il s’est engagé à ramener ce chiffre à 54 mégatonnes d’ici 2030.

« On pense plutôt qu’on va être à 71 mégatonnes », a lancé le ministre le mois dernier à notre journaliste Charles Lecavalier1.

L’aveu d’échec est d’autant plus étonnant qu’il y a 18 mois à peine, le ministre avait lui-même fait inscrire cette cible dans une loi.

Jeudi dernier, le gouvernement Legault a dévoilé sa plus récente stratégie pour atteindre les objectifs de son Plan pour une économie verte. Le message a été recadré. On n’a toujours identifié que la moitié des réductions pour atteindre la cible de 2030. Mais plutôt que de dire que l’objectif est inatteignable, on dit garder espoir de dénicher des mesures additionnelles au cours des prochaines années pour l’atteindre.

C’est évidemment hypothétique. Surtout que les réductions déjà prévues sont loin d’être dans la poche. Une analyse de HEC Montréal a montré qu’elles reposent en grande partie sur des mesures qui se sont avérées inefficaces par le passé2.

Il est vrai que le ministre – et l’ensemble de la société – affronte un défi colossal. Comme notre production d’électricité n’émet déjà presque rien, le Québec ne peut aller chercher des gains faciles de ce côté. Et l’inaction des gouvernements précédents rend la tâche particulièrement complexe.

Depuis 2014, nos émissions montent au lieu de descendre. Pire : que ce soient les transports, l’industrie, le bâtiment, l’agriculture ou les déchets, aucun secteur ne génère aujourd’hui de réductions.

Si bien que le gouvernement Legault a renoncé à aligner les efforts sur les objectifs.

Facile, donc, d’être cynique et découragé.

Des idées pour décarboner le Québec, il n’en manque pourtant pas. Le Sommet climat Montréal, qui se tient cette semaine, promet d’accoucher de propositions concrètes. Dans les universités, les idées foisonnent. Des groupes comme le collectif G15+, qui allie tant des patrons que des syndicats, ont déjà publié de nombreuses propositions.

Le mois dernier, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est venu dire la même chose : les réductions sont possibles, sur les plans tant technologique qu’économique.

Vrai, plusieurs mesures structurantes mettent du temps à porter leurs fruits. Et il commence effectivement à être minuit moins une pour notre cible de 2030. Mais cela devrait pousser à l’action, pas à l’inaction.

Au-delà de l’objectif de 2030, le Québec a une autre cible : atteindre la carboneutralité en 2050. Or, sans actions décisives et rapides, il la ratera, elle aussi.

Comment renverser la vapeur ? Le plan présenté cette semaine par le gouvernement Legault met beaucoup l’accent sur l’industrie, qui émet près de 30 % de nos émissions. C’est un morceau essentiel du casse-tête. Mais il reste plusieurs chantiers à lancer dans les autres secteurs.

Ce dossier présente 10 pistes pour nous rapprocher de nos cibles. Évidemment, 10 mesures ne transformeront pas à elles seules le Québec en société à faibles émissions de carbone.

« Il faut une salve de flèches pour atteindre une cible », illustre François Delorme, ex-collaborateur du GIEC et chargé de cours en économie à l’Université de Sherbrooke.

Ce dossier n’a donc pas la prétention d’être un plan de réduction des GES. Il vise plutôt à montrer qu’il existe des outils inutilisés dans notre coffre.

Pour chaque action proposée, on pourra cerner des obstacles à leur implantation, dont certains sont sérieux. C’est inévitable. Personne n’a dit que c’était facile, comme le chante Coldplay.

Mais quand le gouvernement affirme qu’il est compliqué de capter les biogaz de tous les sites d’enfouissement de la province, repensons à la Révolution tranquille des années 1960 et au niveau d’ambition qui régnait à l’époque.

Même chose quand, au royaume de l’hydroélectricité, on trouve des raisons de construire de nouveaux bâtiments qui chauffent au gaz naturel.

Pour respecter notre engagement, il faut éliminer 30 mégatonnes de carbone de notre bilan annuel d’ici la fin de la décennie. C’est le projet de société qu’attendent de nombreux Québécois, notamment les jeunes.

Se donner des chances d’y parvenir commande de faire la guerre à chaque demi-mégatonne. Cela commande… une deuxième Révolution tranquille.

1. Lisez l’article « “Impossible” d’en faire plus, juge Benoit Charette »

2. Consultez l’analyse

Modérer nos transports !

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Avec 44 % des émissions, les transports sont la bête noire du Québec. À lui seul,le transport routier représente 80 % de ce bilan. Et ses émissions, loin de diminuer, sont en pleine explosion. Ici, il n’y a pas de secret : il faut décourager l’usage des véhicules polluants tout en offrant des solutions de rechange. Sinon, on ne fera qu’attaquer le portefeuille des citoyens sans générer de gains environnementaux.

Monter dans le train

Vous saviez que la CAQ avait promis une stratégie ferroviaire pour le Québec ? C’était en 2019. Depuis, un forum de concertation a été mis sur pied. Et sur le terrain, il y a un peu de mouvement. La liaison Gaspé–Matapédia, interrompue en 2013, est en voie d’être réhabilitée. Même chose pour la liaison Charny–Thetford Mines, dans Chaudière-Appalaches.

Mais on cherche encore la vision structurante qui diminuerait substantiellement l’usage du camion, de la voiture ou de l’avion. On cherche, aussi, les budgets qui permettraient de l’articuler.

Pierre-Olivier Pineau, expert en énergie à HEC Montréal, souligne que pour le même nombre de passagers ou le même nombre de tonnes transportées, le train génère 90 % moins de GES que le transport routier.

Les autres avantages d’une telle stratégie sont qu’il est beaucoup plus facile d’électrifier des trains que des véhicules routiers et que le train coûte moins cher.

Pierre-Olivier Pineau, expert en énergie à HEC Montréal

C’est sans compter que dans ce cas, il n’y a ni habitudes à bousculer ni grogne à prévoir. Connecter les villes du Québec contribuerait au contraire à unifier la province.

Le mois dernier, le gouvernement Legault a plutôt annoncé des dépenses de 261 millions de dollars pour offrir des billets d’avion à prix réduit à ceux qui souhaitent voyager à l’intérieur des frontières de la province, subventionnant ainsi le mode de transport le plus polluant qui soit.

Les bottines doivent suivre les babines

Le Plan québécois d’infrastructures 2022-2032 présenté en mars dernier par le ministre des Finances Eric Girard prévoit deux fois plus d’argent pour entretenir et bonifier le réseau routier (30,7 milliards de dollars) que pour les transports en commun (14,7 milliards).

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre des Finances Eric Girard lors de la présentation de son budget, en mars

L’Ontario, pour la même période, prévoit d’investir trois fois plus dans les transports en commun (61,6 milliards) que dans les routes (21 milliards).

Si on veut inverser les tendances des déplacements, il faut impérativement en inverser le financement. Comme le disent les anglophones, il faut que l’argent suive le discours (put your money where your mouth is).

Sus aux VUS

Quelle la principale cause de l’augmentation de GES au Québec depuis 2014 ?

Selon la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, ce sont les VUS qui ont pris nos routes d’assaut.

Le problème est archiconnu : le nombre de véhicules augmente trois fois plus vite que la population, et ces véhicules sont de plus en plus gros. On n’a aucune chance d’atteindre nos cibles si on ne s’y attaque pas.

La stratégie actuelle mise presque uniquement sur les mesures incitatives pour les voitures électriques.

Le hic : chaque fois qu’il se vend une voiture électrique, il se vend aussi 15 camions légers. On marche sur un tapis roulant qui recule.

François Delorme, chargé de cours à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, explique qu’il y a une gradation dans les mesures qu’un gouvernement peut prendre pour modifier des comportements. D’abord la sensibilisation et les mesures incitatives, puis la taxation, et enfin la réglementation.

Dans le cas des véhicules, l’échec de l’approche actuelle montre qu’il est plus que temps de passer à l’étape suivante. « En économie comportementale, on sait qu’une taxe est plus efficace qu’une incitation », souligne par ailleurs François Delorme.

PHOTO CHRIS HELGREN, ARCHIVES REUTERS

Le cabinet du ministre Benoit Charette réplique que même si on troquait tous les VUS de la province contre des voitures, on retirerait moins d’une mégatonne de GES par année. Et que, de toute façon, le problème se réglera entre 2027 et 2035 avec l’électrification du parc de véhicules.

Mais il faut rappeler que chaque VUS vendu aujourd’hui polluera encore dans 10 ans. Et que celui vendu dans 10 ans polluera jusqu’en 2042 et même au-delà. Le manque d’action actuel plombe donc notre bilan à long terme.

Il faut par ailleurs voir la taxe sur les véhicules énergivores comme l’un des ingrédients d’une salade de mesures (développement des transports en commun, promotion de l’autopartage, densification des milieux urbains) qui doit être déployée afin de réduire à la fois le nombre et la taille des véhicules.

Dans des trajectoires vers la carboneutralité qui seront bientôt publiées, l’Institut de l’énergie Trottier mise sur une réduction de 12 à 18 % dans le secteur des transports d’ici 2030. Pour ça, il faudra atteindre la nouvelle cible de 1,6 million de véhicules électriques sur nos routes d’ici 2030, annoncée par Québec jeudi dernier.

Mais les calculs des chercheurs montrent qu’il faudra aussi plafonner le nombre de véhicules et diminuer « significativement » leur taille pour y arriver.

Taxer les véhicules énergivores n’est par ailleurs pas une hérésie sociale puisqu’il existe des solutions de rechange moins onéreuses, tant à l’achat qu’à la pompe.

Donner un coup de fil à Sture Portvik

Sture Portvik est directeur de la mobilité électrique pour la ville d’Oslo, en Norvège. Le mois dernier, l’organisme Vivre en ville l’a invité à donner une conférence virtuelle.

La Norvège retient l’attention du monde entier parce que plus de 90 % des nouvelles voitures vendues y sont électriques. Mais la ville d’Oslo ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

PHOTO JONATHAN NACKSTRAND, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Voitures électriques en recharge à Oslo, capitale de la Norvège

En une diapositive, M. Portvik a montré à quel point le niveau d’ambition qui anime la capitale scandinave est à des années-lumière de celui qui règne chez nous. On y indique que les objectifs de la ville sont d’électrifier…

  • 100 % des nouvelles voitures vendues d’ici 2025 ;
  • 100 % des nouveaux camions légers d’ici 2025 ;
  • 100 % des camions lourds d’ici 2030 ;
  • 100 % des taxis d’ici 2024 ;
  • 100 % des autobus d’ici 2025 ;
  • 100 % des transports publics d’ici 2028, y compris les traversiers.

Ajoutons que 100 % des livraisons effectuées en ville devront être carboneutres d’ici 2025 à 2030. Et que malgré les généreuses mesures incitatives à l’achat de véhicules électriques, les déplacements en voiture ont diminué de 19 % à Oslo.

On peut choisir de trouver toutes sortes de raisons de ne pas faire la même chose. Ou reconnaître que certains agissent beaucoup plus fermement que nous et nous en inspirer.

Nos bâtiments, nos modes de vie

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Nos bâtiments, notre alimentation, nos ordures et la façon dont on construit nos villes et nos villages influencent nos émissions de GES. Et il reste des pierres à retourner dans tous ces secteurs.

Interdire les combustibles fossiles dans les nouveaux bâtiments

Au Québec, royaume de l’hydroélectricité, le chauffage des bâtiments par le mazout et le gaz naturel génère 10 % de nos émissions. Et le bilan, malheureusement, s’alourdit. C’est une pièce essentielle du casse-tête.

Le gouvernement prévoit pouvoir réduire les émissions des bâtiments de 36 % d’ici 2030 en encourageant la conversion des systèmes de chauffage et l’efficacité énergétique. Ce n’est pas rien.

Mais dans ses trajectoires de carboneutralité pour le Québec, l’Institut de l’énergie Trottier compte sur des réductions beaucoup plus massives pour la même période : 85 % pour les bâtiments institutionnels et gouvernementaux, 60 % pour les bâtiments résidentiels et 40 % pour les bâtiments commerciaux d’ici 2030.

C’est tout un contrat.

Le premier défi est que les efforts sont éparpillés sur des centaines de milliers de bâtiments.

Le deuxième est que faire passer tous ces bâtiments à l’électricité mettrait une pression importante sur le réseau d’Hydro-Québec, particulièrement en période de pointe hivernale.

Normand Mousseau, directeur de l’Institut de l’énergie Trottier, fait toutefois remarquer que si on veut atteindre la carboneutralité en 2050, il faudra tôt ou tard apprendre à gérer la fameuse pointe de consommation sans s’appuyer sur la béquille des combustibles fossiles.

La solution passe inévitablement par une bonification du réseau d’Hydro-Québec. Par des efforts d’efficacité énergétique pour ne pas gaspiller notre précieuse électricité, bien que la pénurie de main-d’œuvre risque de limiter les gains possibles. Rénover des millions de bâtiments, ça demande des bras qu’on n’a pas nécessairement.

Les solutions technologiques auront aussi un rôle à jouer. Des experts comme Normand Mousseau et Bernard Saulnier, ingénieur retraité de l’Institut de recherche en électricité du Québec, évoquent des systèmes de stockage thermique.

Une première étape serait en tout cas d’arrêter d’empirer le problème. Selon Énergir, encore 10 % des nouveaux bâtiments construits au Québec sont dotés de systèmes de chauffage au gaz naturel.

En parallèle, l’Institut de l’énergie Trottier propose d’adopter un nouveau code du bâtiment pour s’assurer que tout ce qui se construit désormais utilise le moins d’énergie possible.

Taxer la viande rouge

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Peu importe l’endroit où les réductions se produiraient, modifier nos habitudes alimentaires réduirait les GES émis sur la planète.

On entend déjà les carnivores s’étouffer dans leur filet mignon et les aficionados du bacon s’étouffer dans leur tartare. La proposition est dans l’air depuis un moment, notamment soutenue par la fiscaliste Florence Lavoie-Deraspe et l’économiste François Delorme.

Il est vrai que puisque 85 % de notre production de porc est exportée et que les trois quarts du bœuf que nous consommons sont importés, ces efforts ne se refléteraient pas directement dans notre bilan de GES.

Mais peu importe l’endroit où les réductions se produiraient, modifier nos habitudes alimentaires réduirait les GES émis sur la planète. Ultimement, c’est ce qui compte.

On verrait aussi bel et bien un effet sur notre bilan. L’agriculture représente 9 % de nos émissions. Du lot, ce qu’on appelle la « fermentation entérique » (les gaz et les rots des vaches) et la gestion du fumier comptent pour 64 % du total.

Socialement, une telle taxe est justifiable. Il existe des solutions de rechange moins chères au bœuf et au porc, par exemple les légumineuses et le tofu. En plus, elles sont meilleures pour la santé. Il faudrait accompagner la taxe d’efforts d’éducation.

Karel Mayrand, PDG de la Fondation du Grand Montréal, souligne qu’un premier effort pourrait être fait dans les cafétérias des écoles, des hôpitaux et des CHSLD publics. La suite logique est de discuter d’une taxe sur les produits laitiers, dont la production génère aussi beaucoup de GES.

Cesser de dormir au gaz

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

D’ici 2030, il serait possible de réduire de 90 % les émissions polluantes des déchets en captant les biogaz qui s’échappent des sites d’enfouissement, comme ici dans le parc Frédéric-Back à Montréal. Ces sphères protègent les puits de captation de biogaz.

Voilà un gain relativement facile pour le Québec. Nos déchets génèrent 6,7 mégatonnes de GES par année. Selon l’Institut de l’énergie Trottier, il serait possible de réduire ces émissions de 90 % d’ici 2030.

Comment ? En captant les biogaz qui s’échappent des sites d’enfouissement.

Ici, il n’y a rien à inventer. Le gouvernement impose déjà le captage des biogaz sur les plus grands sites d’enfouissement, où se retrouvent 85 % des matières résiduelles du Québec. À Montréal, par exemple, les curieuses sphères blanches du parc Frédéric-Back captent le méthane de l’ancien site d’enfouissement de la carrière Miron et l’acheminent à la centrale Biomont pour le transformer en électricité.

Il reste à équiper les plus petits sites, y compris ceux qui ne sont plus en activité. Bref, à traquer les déchets partout où ils se trouvent.

« Ces technologies sont très peu coûteuses, bien maîtrisées et ne demandent qu’à être déployées », souligne l’Institut de l’énergie Trottier dans son document à paraître.

Une autre avenue est de dévier la matière organique vers des biodigesteurs plutôt que vers les sites d’enfouissement – en les récupérant avec le fameux bac brun, par exemple.

En janvier dernier, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement a montré à quel point nous dormons au (bio)gaz à ce chapitre.

À peine 27 % de la matière organique est recyclée au Québec, à des années-lumière de notre objectif de 60 % qui avait été fixé… pour 2015. Québec a récemment répondu en injectant 1,2 milliard pour une stratégie qui vise à récupérer 100 % de la matière organique, une initiative à saluer.

Réduire la pollution générée par nos ordures pourrait empêcher l’émission de 6 mégatonnes de GES par année, sans même bousculer nos habitudes. C’est tout de même 20 % des 30 mégatonnes à trouver d’ici 2030.

Adopter l’étalement zéro

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Pourquoi abattre des forêts pour faire du lotissement quand les espaces situés dans les zones habitées sont déjà suffisants pour accueillir la croissance démographique ?

Il n’y a aucun besoin au Québec de défricher des champs et d’abattre des arbres pour construire des maisons, des bibliothèques, des centres commerciaux ou des usines. Les espaces situés dans les zones habitées sont déjà suffisants pour accueillir la croissance démographique.

C’est pourquoi l’organisme Vivre en ville propose une politique d’« étalement zéro ». L’idée : utiliser les « friches industrielles, terrains vacants, stationnements de surface, bâtiments désuets et parcelles déjà construites, mais pouvant être densifiées de façon douce ou marquante », résume Christian Savard, directeur général de l’organisme.

En plus de préserver la biodiversité et les terres agricoles, l’avantage est que l’on construit ainsi des habitations et des lieux de travail moins excentrés, qui n’exigent pas l’utilisation de l’automobile.

Utopique ? La France a un objectif « zéro artificialisation nette » qui vise exactement cela.

Gérer le carbone

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

D’autres leviers peuvent être déployés pour limiter nos émissions de GES. Des leviers aussi différents que le marché financier… et les forêts. Mais ces outils doivent être optimisés afin de servir nos objectifs.

Réparer le marché du carbone

Le marché du carbone établi entre le Québec et la Californie est censé être au cœur de notre stratégie de lutte contre les GES. Malheureusement, il est brisé.

Dans ce marché, les pollueurs doivent acheter des droits de polluer pour compenser les tonnes de carbone qu’ils émettent. Cela revient à fixer un prix sur le carbone.

Un exemple : chaque fois que la tonne de carbone augmente de 10 $, le prix du litre d’essence grimpe d’un peu plus de 2 cents.

Le problème est que le prix reste désespérément bas sur le marché québéco-californien. Aux dernières enchères, la tonne de carbone s’y est vendue 37,14 $.

Dans les provinces où c’est le fédéral qui impose sa taxe carbone, comme en Ontario et en Alberta, le prix est plutôt de 50 $ la tonne. Sur le marché du carbone de l’Union européenne, la tonne s’échange autour de 82 euros, soit environ 112 $ CAN. La Suède a une taxe qui équivaut à 155 $ CAN.

Et la tendance n’est pas près de se renverser. Québec a révélé jeudi qu’il anticipe un prix de 97 $ la tonne sur son marché en 2030, alors que la taxe fédérale sera alors de 170 $.

Cette situation est gênante pour le Québec. Pour entraîner des changements, le prix sur le carbone doit être assez élevé. L’objectif n’est pas de faire payer les pollueurs, mais de les pousser à moins polluer.

Pourquoi le prix du carbone ne décolle-t-il pas au Québec ? Comme dans tout marché, c’est parce que l’offre est trop élevée par rapport à la demande. Il y a trop de droits de polluer qui circulent.

Pour réduire l’offre, Pierre-Olivier Pineau, de HEC Montréal, propose de retirer les droits de polluer du passé qui n’ont pas été utilisés. Et pour augmenter la demande, il recommande d’obliger davantage de secteurs à présenter des droits de pollution. Québec prétend que 80 % des émetteurs sont assujettis au marché du carbone, mais l’expert calcule que cette proportion est plutôt de 72 %.

Transformer nos forêts en puits de carbone

Le Québec sera bientôt confronté à un problème. Il vise la carboneutralité en 2050, mais il ne parviendra jamais à éliminer complètement ses émissions.

Pour atteindre zéro, il faudra donc générer des émissions… négatives. En clair, capter du carbone au lieu d’en émettre.

Pour ça, la nature a un outil imbattable : les arbres. Ces machines à retirer du carbone de l’atmosphère fonctionnent en plus à l’énergie solaire, une source non polluante.

Le Québec est riche de ses forêts. Et il pourrait mieux en profiter.

La foresterie doit changer de paradigme pour devenir un outil de gestion du carbone. On doit transformer nos forêts en puits de carbone.

Claude Villeneuve, professeur de sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Chicoutimi

Ça ne veut pas dire d’arrêter de couper les arbres. Ça veut de dire bien suivre le bois sur l’ensemble de son cycle de vie. Le professeur Claude Villeneuve, qui est aussi directeur de Carbone boréal, un programme de compensation de GES, explique que lorsqu’on coupe un arbre et qu’on le débite en planches, le carbone capté par l’arbre au cours de sa vie reste emprisonné dans ces planches tant qu’elles ne sont pas envoyées au dépotoir pour s’y dégrader.

Dans le meilleur des mondes, c’est-à-dire avec une gestion durable des forêts, un nouvel arbre prend la place de l’ancien et capte du carbone à son tour.

M. Villeneuve propose de suivre et de documenter ces activités dans nos forêts publiques. Si c’était bien fait et que le Québec pouvait démontrer un bilan négatif de carbone, il pourrait en tirer des crédits (dits « compensatoires ») qu’il pourrait vendre sur le marché du carbone ou appliquer à son propre bilan pour atteindre ses cibles.

Autre avenue : les résidus forestiers (copeaux, écorce, branches) peuvent être utilisés comme source d’énergie. Ça s’appelle la biomasse et ça se fait déjà au Québec. En utilisant cette biomasse pour faire fonctionner une cimenterie, par exemple, puis en captant le CO2 émis pour l’emprisonner dans le béton, on pourrait aussi générer des émissions négatives.

Les technologies de captage et de séquestration qui permettent cela sont encore en développement, mais le Québec ferait bien de s’y intéresser dès maintenant.

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Sommet Climat Montréal : Les nouveaux immeubles devront être « zéro émission » dès 2025


PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE
Le seuil de « zéro émission » entrera en vigueur dès 2024 pour les immeubles de moins de 2000 mètres carrés, et à partir de 2025 pour les demandes de permis de construction de 2000 mètres carrés et plus.

(Montréal) Tous les immeubles de Montréal devront s’alimenter exclusivement d’énergies entièrement renouvelables d’ici 2040, plutôt que 2050, et les nouvelles constructions devront être « zéro émission » à partir de 2025.

Publié à 9h20 Mis à jour à 9h51
STÉPHANE BLAIS
LA PRESSE CANADIENNE

La mairesse Valérie Plante en a fait l’annonce mardi matin au Sommet Climat Montréal qui a lieu au Marché Bonsecours.

Le seuil de « zéro émission » entrera en vigueur dès 2024 pour les immeubles de moins de 2000 mètres carrés, et à partir de 2025 pour les demandes de permis de construction de 2000 mètres carrés et plus.

Également, dès 2023, il sera obligatoire pour les propriétaires de petits bâtiments de déclarer tous les appareils de chauffage utilisant un combustible (mazout ou gaz).

Concernant les bâtiments existants, l’objectif est qu’ils soient alimentés à 100 % par des énergies renouvelables en 2040.

« C’est un geste important et nécessaire que nous posons afin d’accélérer la transition écologique, car je le répète, nous ne pouvons plus attendre pour agir », a déclaré la mairesse Valérie Plante.

Près de 500 personnes participent au Sommet Climat Montréal, qui vise à accélérer l’action climatique dans la métropole.

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, son homologue du Québec, Benoit Charette, et la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, font partie des intervenants qui participent au sommet.

Des leaders montréalais des milieux des affaires, philanthropique, politique, communautaire et environnemental sont aussi présents à l’évènement.

Plusieurs ateliers aborderont des thèmes comme les mesures d’adaptation aux changements climatiques, les alternatives aux énergies fossiles pour le parc immobilier, le financement de la lutte au changement climatique et l’accélération de l’électrification des transports.

Ce sommet est organisé par le Partenariat climat Montréal et la Ville de Montréal, en collaboration avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal, Vivre en ville, l’Institut du Québec, Propulsion Québec, la Fondation familiale Trottier et la Jeune Chambre de commerce de Montréal.

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La Ville de Montréal devance de 10 ans sa cible pour des bâtiments zéro émission


Radio-Canada a appris que la Ville de Montréal prévoit exiger que tous les nouveaux bâtiments de petite taille soient chauffés avec une énergie renouvelable dès 2024. Ce serait le cas pour tous les nouveaux bâtiments dès 2025 et pour l’ensemble des immeubles de la Ville en 2040, soit 10 ans plus tôt que prévu.
PHOTO : ASSOCIATED PRESS / CRAIG RUTTLE

Radio-Canada
hier à 22 h 42

Les propriétaires de la métropole auront jusqu’en 2040 pour se doter d’un système de chauffage à énergie renouvelable, a appris Radio-Canada.

L’administration Plante présentera mardi une feuille de route intitulée Vers des bâtiments montréalais zéro émission. Le document sera dévoilé dans le cadre du premier Sommet Climat Montréal, au Marché Bonsecours.

La nouvelle feuille de route de la Ville jette les bases vers la décarbonation des bâtiments sur le territoire de la métropole dans un contexte d’urgence climatique, indiquent les documents consultés par Radio-Canada.

À l’heure actuelle, le secteur du bâtiment représente près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la métropole.

Présenté en décembre 2020, le Plan climat 2020-2030 de la Ville de Montréal prévoyait que tous les immeubles montréalais devraient s’alimenter exclusivement d’énergies 100 % renouvelables d’ici 2050. Cette cible sera finalement devancée à 2040.

Amorcer la conversion

Québec a déjà adopté un règlement sur les appareils de chauffage au mazout, en novembre dernier, qui interdit l’installation de ceux-ci depuis le 31 décembre 2021 dans les nouvelles constructions résidentielles de 600 mètres carrés et moins qui ne dépassent pas trois étages.

Il prévoit aussi que le remplacement de ces systèmes par de nouveaux appareils fonctionnant au mazout ou au moyen d’un combustible fossile dans les bâtiments existants sera interdit à compter de 2024.

Mais la Ville de Montréal souhaite aller plus loin, en s’attaquant à tous les immeubles de la métropole, qu’ils soient résidentiels, commerciaux ou institutionnels, et en imposant à ceux-ci des seuils de performance.

La feuille de route de la Municipalité, qui sera présentée mardi, imposera notamment un seuil de performance zéro émission dès 2024 pour les nouveaux immeubles de moins de 2000 mètres carrés. Les propriétaires de nouveaux immeubles de 2000 mètres carrés et plus devront s’y plier dès 2025.


« Montréal prend un grand leadership, plaide la responsable de la transition écologique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Marie-Andrée Mauger. Comme métropole du Québec, on sait que les yeux sont tournés vers nous pour déterminer des chemins de transition, voir comment on va y arriver. Et ce qu’on annonce dans le bâtiment, c’est vraiment majeur. »
PHOTO : RADIO-CANADA / BENOÎT CHAPDELAINE

En ce qui concerne les bâtiments existants, les propriétaires possédant un appareil de chauffage utilisant un combustible (mazout ou gaz) devront aussi se préparer à la transition qui devra s’effectuer d’ici 2040.

Ceux qui possèdent un immeuble de moins de 2000 mètres carrés devront remplir une déclaration obligatoire dès 2023.

Les grands propriétaires, de leur côté, devront pour leur part composer avec l’imposition graduelle de seuils de performance à atteindre, qui seront déterminés lors d’une consultation publique, qui aura lieu à l’automne.


Coprésident du partenariat Climat Montréal, Karel Mayrand (à droite sur la photo) se réjouit que l’échéance « zéro émission » qui avait été fixée à 2050 soit devancée à 2040 pour le secteur du bâtiment. « Non seulement on rapproche l’échéance, mais […]il y a une feuille de route très concrète sur comment on va y arriver », souligne-t-il.
PHOTO : RADIO-CANADA / BENOÎT CHAPDELAINE

« C’est vraiment l’idée de ne plus déployer de systèmes qui émettent des gaz à effet de serre dans les nouveaux bâtiments et, dans les bâtiments existants, c’est d’amorcer la conversion », résume la responsable de la transition écologique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Marie-Andrée Mauger.

Pour donner l’exemple, la Ville a également conclu une entente avec Hydro-Québec pour convertir les systèmes de chauffage de quelque 300 bâtiments municipaux d’ici 2030. Ladite entente sera elle aussi présentée mardi au Sommet Climat Montréal.

Avec les informations de Benoît Chapdelaine

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Il faut bien garder en tête qu’en réalité, bâtiments zéro émission veut simplement dire systèmes tout électrique. On va continuer à construire des immeubles avec beaucoup, beaucoup de béton et autres matériaux énergivores et peu réutilisables; sans compter les albédos délirants, eut égard aux îlots de chaleur. Il n’y a pas de contraintes à utiliser moins d’énergie ici.

Puis de toutes manières le consommateur final n’a pas le choix que de s’approvisionner chez HQ ou autre régie. On est chanceux au Québec, mais parfois ces régies vont chercher de l’énergie pas tout à fait renouvelable sur les marchés lors des périodes de pointe; tout comme les véhicules zéro émission.

C’est un très bon pas en avant; mais je pense que de facto le marché des systèmes va déjà vers du tout électrique. Disons que ce n’est pas un geste très risqué.

Verdir les systèmes de santé

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Changements climatiques « La réponse du Québec n’est pas à la hauteur »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le Comité consultatif sur les changements climatiques recommande notamment de stopper la destruction des milieux naturels dans le sud de la province et de mettre sur pause tout projet qui augmente la capacité autoroutière.

Un rapport d’experts recommande un moratoire sur les projets routiers

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Québec doit donner un coup de barre s’il veut atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050, prévient le comité d’experts chargé de conseiller le gouvernement en matière de changements climatiques. Dans un nouveau rapport, le groupe recommande deux moratoires au gouvernement Legault : stopper la destruction des milieux naturels et mettre sur pause à court terme toute autorisation à de nouveaux projets qui augmentent la capacité autoroutière.

Dans un avis d’une quarantaine de pages qui sera rendu public ce lundi à 9 h, le Comité consultatif sur les changements climatiques lance une sérieuse mise en garde au gouvernement du Québec. L’électrification des transports ne sera pas suffisante pour faire face à l’urgence climatique. C’est tout l’aménagement du territoire qui doit être revu en profondeur dans les plus brefs délais.

Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme indépendant qui a pour mission de conseiller le ministre québécois de l’Environnement « sur les orientations, les programmes, les politiques et les stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques ». Ses avis sont publics.

Dans son plus récent avis intitulé L’aménagement du territoire du Québec : fondamental pour la lutte contre les changements climatiques, le comité signale au gouvernement Legault que « la réponse du Québec n’est toutefois pas à la hauteur de l’urgence climatique ».

Des changements doivent être apportés aux politiques publiques pour que nos pratiques d’aménagement cessent d’exacerber nos émissions de GES et de limiter nos capacités d’adaptation aux impacts actuels et futurs des changements climatiques.

Extrait de l’avis du Comité consultatif sur les changements climatiques

Le rapport indique que la nouvelle Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire dont le dévoilement est prévu ce printemps « doit marquer un tournant majeur par rapport aux pratiques antérieures et devenir un puissant outil de lutte contre les changements climatiques ». Cette politique est très attendue par le monde municipal, qui souhaite voir Québec fixer des règles plus claires afin de limiter l’étalement urbain et de mieux protéger le territoire agricole et les milieux naturels. Celle-ci fixera notamment les grandes orientations du gouvernement en matière d’aménagement et d’urbanisme.

Stopper l’artificialisation du Québec

Le comité recommande au gouvernement d’adopter rapidement deux moratoires, le temps de se donner des outils d’évaluation qui tiennent compte des impacts des changements climatiques en matière d’aménagement du territoire.

Le premier moratoire vise à stopper « l’artificialisation du Québec méridional » qui se poursuit à grande vitesse, alors que des milieux naturels disparaissent chaque année.

Le rapport rappelle que dans le sud de la province, les surfaces artificielles ont augmenté de 9,3 % entre 1994 et 2007, ce qui représente une superficie de 278 km⁠2, soit l’équivalent de la ville de Laval.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Les milieux naturels fournissent nombre de services écologiques, dont la capture et le stockage du carbone.

Or, la destruction de ces milieux naturels a pour effet de relâcher le carbone qui y est stocké, en plus de faire disparaître ces puits de carbone essentiels, particulièrement en zone urbaine. « Le désavantage est alors double sans compter tous les autres bénéfices que nous perdons en plus des pertes de biodiversité », signale Jérôme Dupras, professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et coauteur du rapport dévoilé lundi.

Le comité suggère donc « un moratoire sur tout changement de zonage induisant une perte de milieux naturels », le temps entre autres que Québec se dote « d’objectifs clairs de conservation et de restauration des milieux naturels » et élabore le plan d’action pour atteindre la cible de 30 % d’aires protégées sur son territoire d’ici 2030.

Le rapport insiste sur « une répartition adéquate » de ces aires protégées, afin que celles-ci ne se retrouvent pas en majorité dans le nord de la province.

L’autre moratoire vise à ne pas augmenter « la capacité autoroutière dans les six régions métropolitaines du Québec tant qu’un mécanisme public d’évaluation des interactions entre mobilité, urbanisme et offre de transport ne soit pleinement opérationnel pour éviter d’encourager l’étalement urbain et la dépendance à l’auto solo ».

La substitution énergétique ne sera pas suffisante

En entrevue avec La Presse, le président du comité, Alain Webster, se défend de vouloir passer un message au sujet du controversé projet de troisième lien à Québec. « Notre rapport ne se penche pas sur un projet spécifique. On sait qu’il y a des enjeux de transport, c’est clair. Notre message, ce n’est pas qu’il ne doit plus rien se passer. Ce que nous disons, c’est qu’il faut intégrer la question des changements climatiques dans nos processus d’évaluation », précise celui qui enseigne l’économie de l’environnement à l’Université de Sherbrooke.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

À elle seule, l’électrification des transports ne sera pas suffisante pour faire face à l’urgence climatique, souligne le rapport.

L’enjeu est d’autant plus important, rappelle le comité, puisque « la substitution énergétique ne sera pas à elle seule suffisante. En matière de transport, par exemple, l’électrification des véhicules automobiles et des camions légers devrait permettre une réduction des émissions en 2030 de 13 % par rapport aux émissions de 1990 et cette réduction atteindrait 50 % en 2035 ». La substitution énergétique doit donc « être accompagnée d’une plus grande efficacité énergétique et d’une réduction de la demande totale », indique-t-on.

« Le modèle de développement du territoire du Québec a historiquement reposé sur un niveau élevé de consommation des ressources. Il doit être redéfini pour que le Québec ait une chance d’atteindre ses objectifs climatiques et de limiter le plus possible les dommages engendrés par un climat changeant », conclut le rapport.

On aimerait que le projet de transition soit emballant. Les enjeux d’aménagement du territoire peuvent amener des gains en termes de qualité de vie et de bien-être pour la population. On ne dit pas que c’est facile. Mais c’est un appel à une nouvelle relation avec le territoire.

Alain Webster, président du Comité consultatif sur les changements climatiques

« L’urgence climatique commande un électrochoc face à l’aménagement du territoire, ajoute Jérôme Dupras. Il faut réparer les erreurs du passé, surtout dans le sud du Québec. L’opportunité est là, il faut la saisir. »

Le rapport rendu public lundi a été transmis au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques le 5 avril dernier.

Qui siège au Comité consultatif sur les changements climatiques ?

Le Comité consultatif sur les changements climatiques est un organisme permanent indépendant qui conseille le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Il compte 12 membres et sa présidence est assurée par le professeur Alain Webster. Y siègent Alain Bourque, du consortium Ouranos, les professeurs et chercheurs Jérôme Dupras, Annie Levasseur, Catherine Morency, Pierre-Olivier Pineau, Catherine Potvin, Lota Dabio Tamini ainsi que Kim Thomassin, Charles Larochelle, Alain Lemaire et Hugo Séguin.

Consultez les publications du Comité

En savoir plus

  • 2,2 milliards

Valeur annuelle des services écologiques rendus par les milieux naturels du Grand Montréal, calculée par le professeur Jérôme Dupras en 2015.

Source : rapport du Comité consultatif sur les changements climatiques

  • 9

Au Québec, l’étalement urbain était 9 fois plus important en 2016 qu’il y a 50 ans. La distance médiane entre le domicile et le travail a d’ailleurs augmenté de 15 % entre 1996 et 2016 dans la province.

Source : rapport du Comité consultatif sur les changements climatiques

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Le document mentionné dans l’article de @acpnc
amenagement-territoire.pdf (5,2 Mo)

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