Environnement et transition écologique

Malheureusement la démarche environnementale est loin d’être une mesure facile à appliquer à l’échelle d’un pays comme le Canada. Le défi est immense et représente souvent des intérêts privés et publics difficiles à contraindre. Ce qui complique les choses c’est le partage de ces responsabilités entre toutes les provinces individuellement, les territoires et le gouvernement fédéral. D’ailleurs chaque province a ses propres lois et règlements et une volonté à géométrie variable quand vient le temps de les appliquer.

A cela s’ajoute la politique comme dans le cas de Terre-Neuve, où les libéraux fédéraux auraient une majorité de sièges à perdre s’ils s’opposaient à ce fameux projet. Il n’y a donc rien de simple dans ce beau monde et le fait d’avoir un écologiste comme ministre de l’environnement, bien que ce soit un atout, ne garantit pas de gagner toutes les batailles.

Finalement c’est sur le bilan global qu’on pourra juger, mais cela prendra du temps. Je me console en me disant qu’avec un gouvernement Conservateur ce serait bien pire, puisqu’une bonne partie de leurs membres doutent encore des changements climatiques et que leur frange plus à droite est carrément complotiste.

Sur ce point, il faut s’y mettre au plus vite pour baliser les critères minimums de densification. Comme on a pu le voir dans plusieurs cas à Montréal, Pointe-Claire, Dorval et Longueuil, les projets de redéveloppement de lots vacants fait face à de l’opposition dès qu’on suggère quelque chose qui dépasse le cadre bâti existant. Si on peut en venir à quelque chose d’écologiquement viable dans certains cas, dans la plupart, ça nous contraint à de l’unifamiliale sur des lots beaucoup trop larges pour supporter des commerces locaux et du transport collectif (aux 30min ou moins).

Ça, c’est sans compter la crise du logement qui précarise d’avantage les classes moyenne et ouvrière qui travaillent près des grands pôles d’activité mais ne peuvent plus nécessairement s’y loger.

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Planter une microforêt au bord d’une autoroute


Sébastian Doyon, président du groupe RPL, Yoann Dhion et Charles Marty, de l’organisme Hyf Forêts urbaines, sur le site qui accueillera la microforêt, à Boisbriand.
PHOTO : RADIO-CANADA / PHILIPPE-ANTOINE SAULNIER

Philippe-Antoine Saulnier
le 6 avril 2022

« Personne n’aurait jamais pensé à planter une forêt ici », reconnaît Yoann Dhion, en pointant une bande de terrain gazonné, à quelques mètres de l’autoroute 640. C’est pourtant cet endroit que des amoureux de la nature ont choisi pour planter quelque 300 végétaux, sur une surface de 100 mètres carrés.

Le lopin de terre en question se trouve au fond du stationnement de Groupe RPL, dans un parc industriel de Boisbriand, au nord de Montréal. Je voulais faire des jardins sur le toit, explique le président de l’entreprise, Sébastian Doyon. Puisque la structure du bâtiment ne permettait pas ce type d’installation, il a fini par entrer en contact avec M. Dhion, un gérant de boulangerie qui jongle avec l’idée des microforêts depuis plusieurs années.

L’idée initiale vient du Japon, raconte M. Dhion. Le professeur Miyawaki est allé chercher des graines d’arbres dans les cimetières japonais, parce que ce sont des lieux sacrés et qu’on y trouvait des essences indigènes du Japon.

L’équipe de l’OBNL Hyf Forêts urbaines a elle aussi sélectionné une vingtaine d’espèces indigènes à planter à Boisbriand. Il y aura plusieurs espèces d’érables. Pour les conifères, on va mettre du pin blanc, de l’épinette, du mélèze, explique Charles Marty, membre de l’organisme, qui est aussi chercheur en écologie forestière à l’Université du Québec à Chicoutimi. Le petit espace comptera également de nombreux arbustes et des arbres fruitiers.

En tout, quelque 300 végétaux seront plantés de manière très dense, de façon à recréer une forêt naturelle. La densité est telle que tous les arbres ne pourront pas survivre; certains vont mourir, poursuit M. Marty. Cette complexité sur le plan de la structure permet de concevoir des habitats pour de nombreuses espèces, que ce soit des oiseaux, de petits mammifères, des rongeurs.

Ce projet vise à vérifier si une telle microforêt peut survivre à nos latitudes, explique le chercheur. Deux forêts de ce type ont été plantées en 2021 par l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, à Montréal, mais le concept est encore peu fréquent.

Les microforêts sont beaucoup plus nombreuses au Japon et en Inde, où elles ont été implantées depuis les années 1970, indique Yoann Dhion. « On a les premières mesures au Japon et les résultats sont impressionnants : ça pousse, a priori, dix fois plus vite qu’une forêt traditionnelle. »

Le concept va plus loin que l’approche ornementale, qui a longtemps dominé l’aménagement des forêts urbaines. « Il fallait que ce soit beau, explique M. Dhion. On est maintenant rendu à réfléchir différemment et à se demander comment on peut stocker un maximum de carbone et où. «

Écoutez le reportage de Philippe-Antoine Saulnier à l’émission Le 15-18.

Un projet issu de l’Incubateur civique

Yoann Dhion a eu la piqûre forestière grâce à son père, arboriculteur, mais pour mettre son projet de microforêts sur pied, lui et son équipe ont profité du soutien de la Maison de l’innovation sociale, un organisme montréalais dont la mission est d’accompagner les citoyens qui veulent mettre sur pied des projets à portée sociale ou environnementale.

L’Incubateur civique vise à aider au démarrage de projets variés, explique Hugo Steben, de la Maison de l’innovation sociale. « Dans des projets embryonnaires ou en amorçage, on n’a pas 100 % de taux de succès, mais par la suite, ces personnes-là s’engagent dans d’autres projets, peuvent changer de trajectoire de carrière. Certains sont même devenus des élus. »

« Si les gens avaient connaissance de ce type d’accompagnement, on aurait peut-être plus de beaux projets environnementaux et sociaux, croit Yoann Dhion. Toutes ces idées qui restent dans la tête des gens, dans leur salon, pourraient être mises à profit. »

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Dans le même esprit:

  1. Projet

Des mini-forêts à Verdun

Mis à jour le 29 mars 2022

Les mini-forêts sont l’un des deux projets verdunois retenus par la Ville de Montréal dans le cadre de son budget participatif, l’autre étant le Jardin Éthel qui sera aménagé au dernier étage du stationnement Éthel.

Les projets ont été sélectionnés après un vote du public tenu du 11 juin au 11 juillet 2021. Les mini-forêts ont obtenu le plus grand nombre de votes, soit 8 553 votes parmi les 7 projets lauréats.

Qu’est-ce que des mini-forêts?

Les mini-forêts sont de petits boisés urbains créés afin d’augmenter la canopée en ville et offrir une expérience contemplative à la population. Elles permettent notamment :

  • de réduire les îlots de chaleur;
  • d’offrir des îlots de biodiversité pour la survie d’espèces végétales et animales;
  • d’offrir à la population des lieux de ressourcement et de déconnexion.

Elles apportent également plusieurs autres bienfaits tels que la captation du CO2, la réduction de la pollution atmosphérique, la captation de l’eau de ruissellement, la fixation des polluants dans les sols, etc.

Sondage sur les sites d’implantation des mini-forêts

Les mini-forêts découlent d’un projet citoyen; il est donc normal que la population soit consultée au moment de leur implantation dans un secteur donné. À la suite d’une analyse de 13 sites potentiels à Verdun, l’Arrondissement en a présélectionné quatre sur lesquels il souhaite avoir votre opinion et vos commentaires. L’objectif est d’en retenir deux à la fin du processus.

Nous vous invitons donc à répondre au sondage ci-dessous, d’ici le 17 avril 2022, afin de nous indiquer votre choix parmi les sites proposés. Avant de remplir le sondage, prenez le temps de regarder les points forts et les points faibles de chacun des sites dans le document Présentation du projet et des sites d’implantation que vous trouverez également ci-dessous. Toutes vos réponses seront compilées et analysées afin que les sites retenus correspondent le plus possible aux attentes et aux besoins de la population.

Sondage sur les sites d’implantation des mini-forêts

https://www.realisonsmtl.ca/budgetparticipatifmtl/news_feed/12-les-mini-forets-de-montreal

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Une « zone zéro émission » pourrait voir le jour au centre-ville

Photo Martin Tremblay, archives LA PRESSE

Dans son « Plan climat 2020-2030 », l’administration de la mairesse Valérie Plante écrit qu’une zone zéro émission pourrait voir le jour d’ici 2030.

(Montréal) Dans les dernières années, plusieurs grandes villes du monde ont créé des zones à faibles émissions, réservées aux véhicules les moins polluants. À Montréal, un tel projet est dans les cartons de la mairesse qui souhaite aussi aller plus loin, en créant éventuellement une « zone zéro émission » au centre-ville.

Publié à 10h13

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

En Europe, Amsterdam, Paris, Bruxelles, Londres et plusieurs autres villes ont instauré dans les dernières années des zones interdites à certains véhicules polluants.

Amsterdam compte même interdire la circulation de tous les véhicules à essence et au diesel sur son territoire d’ici 2030 et d’ici trois ans, les voitures, motocyclettes et camions qui carburent aux combustibles fossiles ne pourront plus faire de livraison dans les zones urbaines.

Le directeur général de l’organisation Vivre en ville, Christian Savard, souligne que c’est la pollution de l’air qui a d’abord poussé plusieurs grandes villes européennes à créer des zones à faibles émissions en raison de la popularité des véhicules à moteur diesel sur le vieux continent.

« Il y avait des enjeux de qualité de l’air très importants, reliés au diesel, en plus de la volonté de diminuer les émissions de gaz à effet de serre », dit-il.

Il précise que Montréal « n’a pas de problème de qualité de l’air aussi aigu », et que c’est davantage pour diminuer les GES et « lancer le signal de l’importance des transports collectifs, actifs et de l’utilisation des véhicules électriques », que l’idée de créer une zone zéro émission a germé.

Une zone zéro émission d’ici 2030

Dans son « Plan climat 2020-2030 », l’administration de la mairesse Valérie Plante écrit qu’une zone zéro émission pourrait voir le jour d’ici 2030 et que « l’adhésion des partenaires et de la population sera nécessaire pour assurer la réussite d’une telle initiative ».

Le 28 mars dernier, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle le ministre de l’Environnent, Benoit Charette, a annoncé un financement de 117 millions à la Ville de Montréal pour soutenir ses efforts de lutte contre les changements climatiques, la mairesse Plante avait effleuré le sujet de la zone à zéro émission.

« On sent que la population est ouverte à entendre parler d’une zone zéro émission, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans », avait indiqué Valérie Plante en mentionnant qu’il était encore trop tôt pour donner des détails sur ce projet.

« L’idée, c’est de bien le faire, de travailler en concertation, de s’assurer qu’on a les infrastructures nécessaires, entre autres les bornes de recharge et il faut aussi évaluer le système, à savoir comment on va entrer et sortir de la zone et qui aura accès », avait ajouté la mairesse en précisant « que le diable est dans les détails ».

Des vignettes qui correspondent aux niveaux de pollution

À Paris, l’administration municipale a mis sur pied un système avec des vignettes de couleurs. Les couleurs vont du vert au brun pour les véhicules thermiques, dépendamment de leur niveau de pollution, tandis que les véhicules électriques ont une vignette particulière, de couleur bleue.

Chaque couleur correspond à un niveau de pollution de véhicule et certains secteurs de la ville sont réservés à certaines couleurs.

À Montréal, « on va commencer par une zone à faible émission, pour se rendre à une zone à zéro émission et on va y aller de façon graduelle », avait indiqué la mairesse Plante lors de la conférence de presse du 28 mars.

Aller progressivement, donc, c’est aussi la façon de faire de la Ville de Londres, selon Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre.

Il y a une zone du centre-ville de Londres où une taxe à la circulation a été imposée aux véhicules les plus polluants et année après année, cette superficie-là augmente et l’année prochaine, en fait, ça va être toute la région métropolitaine de Londres où il va y avoir des frais pour les véhicules polluants.

Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre.

Elle est d’avis qu’un tel projet est inévitable pour Montréal, que les villes modernes se doivent de mettre en place de telles zones pour atteindre leur cible de diminution de GES, mais aussi pour améliorer la mobilité et la qualité de vie des citoyens.

« Il faut commencer dans les zones les plus denses, donc là où les taux de possession de véhicules sont moindres et donc où l’accessibilité sociale risque d’être le plus élevée », souligne Mme Brazeau en précisant « qu’il faut bien démontrer les bénéfices pour la population dans une petite zone, et bien communiquer ces bénéfices, avant de penser élargir la zone ».

Le ministre Charette suit la situation de près

Christian Savard souligne qu’un tel projet doit avoir lieu dans un secteur où il y a suffisamment de pistes cyclables et où l’offre de transport en commun est importante.

Il estime qu’actuellement, environ 70 % des déplacements vers le centre-ville se font autrement qu’en voiture et qu’avec l’arrivée éventuelle du REM de l’Ouest, le centre-ville de Montréal serait l’endroit tout désigné pour implanter une zone à faible ou à zéro émission.

Le directeur général de l’organisation Vivre en ville « verrait bien une zone à faible émission dans le Vieux-Québec » où la « grande circulation automobile rend une partie de l‘expérience touristique moins intéressante ».

Questionné à savoir si un tel projet pourrait un jour être initié dans la vielle capitale, là où les projets de transport en commun sont souvent source de polarisation, l’attaché de presse du maire Bruno Marchand n’a pu fournir de réponse à La Presse Canadienne.

Lors de la conférence de presse du 28 mars dernier, Benoit Charrette s’est fait demander si d’autres villes du Québec devraient éventuellement instaurer des zones à zéro émission.

Le ministre a simplement répondu qu’il va « suivre les projets de Montréal avec beaucoup d’intérêt ».

Éviter de nuire aux commerçants

Andréanne Brazeau mentionne que les zones à faibles ou à zéro émission peuvent répondre à des problèmes de congestion, de sécurité et de pollution, mais il faut également s’assurer que les commerçants ne se retrouvent pas à de devoir en payer le prix.

« Il faut continuer de livrer les produits dans les épiceries et les autres commerces », souligne l’analyste en mobilité en évoquant l’idée de permettre la livraison des produits par des véhicules polluants seulement qu’à certains moments de la journée.

Certaines villes ont démontré qu’il est possible de limiter le déplacement des véhicules de livraison qui fonctionnent aux énergies fossiles sans pour autant affecter l’économie.

Par exemple, Gand, une ville belge de 250 000 habitants, est l’une des premières à avoir mis sur pied un plan pour obliger les Gantois intra-muros à opter pour d’autres moyens de transport que la voiture, en limitant au maximum son utilisation.

Selon le quotidien belge néerlandophone De Morgen, une étude d’impact a montré que le nombre de commerces a augmenté de 20 % et le nombre de faillites a diminué de 7 % entre 2017 et 2018, après la mise en place de la zone sans véhicule.

Les livraisons urbaines dans les commerces se font principalement en vélo-cargo, à partir d’un centre de transbordement situé en périphérie de la ville. Sur son site internet, l’entreprise de livraison de colis DHL indique que la livraison de colis à Gand avec les cubicycles, des vélos électriques à quatre roues équipés de conteneurs, est « plus productive qu’avec les camionnettes ».

Il faut toutefois noter que les hivers gantois sont plus cléments qu’à Montréal, que les deux villes ont une dimension, une population et un urbanisme différents. Également, les habitudes et besoins de mobilité des habitants ne sont pas les mêmes.

Mais les besoins et les habitudes peuvent évoluer, rappelle Andréanne Brazeau qui dit que la mobilité, c’est une question de choix de société : « 70 % des dépenses provinciales en transport sont pour le réseau routier, alors il ne faut pas s’étonner de notre dépendance à l’auto ».

La Presse Canadienne a tenté d’avoir l’avis de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville de Montréal, concernant l’éventuelle zone à zéro émission, mais une porte-parole a indiqué que celle-ci préfère « attendre que la Ville détaille plus clairement ses intentions » avant de commenter.

En attendant les détails du plan de l’administration Plante pour créer une ou des zones à faible ou sans émission, la Ville a récemment annoncé que dix tronçons de rues seront réservés aux piétons l’été prochain. Ces rues sont surtout des artères commerciales comme l’avenue du Mont-Royal, la rue Sainte-Catherine, la rue Saint-Denis ou encore la rue Ontario.

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À bien y penser c’est clair qu’on arrivera pas à respecter nos cibles sans dépolitiser l’environnement. Voici une réflexion sur le sujet.

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La distribution du Publisac réduite dès mai 2023

À partir de mai 2023, la distribution du Publisac à Montréal sera réservée aux citoyens qui le demandent expressément, dans le but de réduire à la source la quantité de déchets et de matières recyclables.

Publié à 10h42 Mis à jour à 10h46
ISABELLE DUCAS
LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé lundi matin que le principe d’adhésion volontaire s’appliquera dorénavant au Publisac, distribué par l’entreprise Transcontinental.

Mme Plante a souligné qu’il fallait du « courage politique » pour prendre une telle décision.

La Ville de Mirabel, qui a adopté une politique semblable il y a quelques années, a fait l’objet d’une poursuite judiciaire de la part de Transcontinental. Le jugement n’a pas encore été rendu dans cette affaire.

Plus de détails à venir.


Le Publisac sur demande dès 2023 à Montréal


Un publisac accroché à une boîte postale
PHOTO : RADIO-CANADA / MÉLISSA PARADIS

Radio-Canada
à 11 h 45

Le Publisac sera distribué sur demande seulement à Montréal à compter de mai 2023, a annoncé l’administration Plante.

Les Montréalais qui voudront continuer à le recevoir devront l’indiquer en posant un autocollant sur leur boîte aux lettres ou sur leur porte. La Ville de Montréal voit le passage à l’adhésion volontaire comme une façon de réduire la production de publicité et de circulaires, tout en permettant à ceux et celles qui le désirent de continuer à l’obtenir.

« Chaque semaine, quelque 800 000 circulaires et autres publicités non sollicitées sont distribuées dans la métropole, dont une partie n’est ni désirée ni utilisée. Au final, ce sont plus de 40 millions de circulaires par année qui remplissent les centres de tri, ou pire, qui se retrouvent dans des sites d’enfouissement ou encore dans des ballots qui s’en vont en Inde . »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

En présentant cette nouvelle mesure, la mairesse Plante a parlé de la nécessité de gestes concrets pour accélérer la transition énergétique et répondre à l’alarme sonnée par le dernier rapport du GIEC sur la crise climatique.

La mairesse a également rappelé l’engagement de son administration de faire de Montréal une ville zéro déchet d’ici 2030, un objectif qui devra se traduire par la réduction de 85 % de volume de matières enfouies. Elle a expliqué que pour y arriver, oui il faut recycler, oui il faut réutiliser, mais il faut surtout réduire à la source, c’est ça la clé, a-t-elle ajouté.

Le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard, salue la décision de l’administration, estimant qu’elle met la Ville de Montréal à l’avant-plan dans l’instauration de mesures visant une véritable réduction à la source des matières résiduelles.

Soutien aux journaux locaux

Valérie Plante affirme que cette décision a été prise en tenant compte des impacts sur les journaux locaux distribués dans le Publisac.

La Ville s’engage à mettre en œuvre les recommandations d’un comité aviseur composé de représentants de l’industrie. Elle compte mieux utiliser les journaux locaux comme plateforme d’information de proximité, et mettre en place un programme de soutien financier pour faciliter cette période de transition.

« [Les journaux locaux] doivent se transformer et ils le savent. On a décidé de travailler avec eux pour trouver des solutions. »

— Une citation de Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse affirme que les détails de ce soutien aux journaux locaux seront peaufinés et dévoilés d’ici l’entrée en vigueur de ce nouveau règlement, en mai 2023.

Le directeur général de Métro Media et président du comité aviseur sur les journaux locaux de la Ville de Montréal, Andrew Mulé, appuie ce changement, tout en reconnaissant qu’il « aura indéniablement des impacts collatéraux sur l’industrie de l’information locale ».

« Chez Métro Média, nous devrons donc miser sur le soutien financier de la Ville pour nous appuyer dans la poursuite de la transition de notre modèle d’affaires déjà en cours depuis plus d’un an. »

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Québec adopte sa loi qui met fin à la recherche et l’exploration des hydrocarbures

L’un des puits de Junex en 2017, au gisement Galt près de Gaspé.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

hier à 19 h 51

Le projet de loi qui indemnise les pétrolières et gazières à hauteur de 100 millions $ a été adopté mardi par l’Assemblée nationale.

Cette loi du gouvernement Legault met fin à toutes les activités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures au Québec et dédommage donc les entreprises qui détiennent des permis.

Les pétrolières et gazières demandaient beaucoup plus, soit au bas mot 500 millions $.

Le Québec devient le premier État en Amérique du Nord à renoncer à l’extraction des hydrocarbures.

Les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ), du Parti libéral (PLQ) et du Parti québécois (PQ) ont voté pour, tandis que les dix élus de Québec solidaire (QS) se sont abstenus.

Plusieurs groupes écologistes qui appelaient à la fin de l’ère des hydrocarbures dans le contexte de la lutte aux changements climatiques ont crié victoire.

Entre autres, Nature Québec, Greenpeace, Équiterre, le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec, l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, Eau Secours, le Front étudiant d’action climatique et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement ont notamment dit que c’était un moment historique pour le Québec.

La loi couvre les dépenses engagées depuis 2015 par cinq entreprises (66 millions $ sur les 100 millions $) et couvre les trois quarts des frais de fermeture des puits et de restauration des sites (33 millions $ sur les 100 millions $).

Il y a actuellement 182 permis actifs, majoritairement dans la Vallée du Saint-Laurent et dans les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Il y a aussi actuellement 62 puits à réhabiliter.

Il n’y a pas eu de travaux d’exploration au Québec depuis 2011.

Par l’adoption de cette loi, le Québec se conforme à son engagement pris à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP26, qui s’est tenue à Glasgow en novembre dernier.

Le premier ministre François Legault avait alors annoncé que le Québec adhérait à Beyond Oil and Gas Coalition (BOGA), un regroupement d’États qui ont fermé la porte à l’exploitation des hydrocarbures. BOGA comprend notamment le Danemark et le Costa Rica.

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Qui aurait dit que ces organismes auraient applaudis la CAQ une semaine après avoir conspué le ministre fédéral de l’environnement, un supposé champion de l’environnement ?

C’est là qu’on voit que l’idéologie nous rend parfois aveugle.

Bravo! Je suis fier de cela.

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L’abstention de QS concernait le dédommagement fait aux compagnies. Pour le reste, QS était entièrement en accord avec cette loi (d,Où l’abstention et non le contre)

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Sommet climat Montréal « C’est le temps de passer à l’action »

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, LA PRESSE

Marie-Andrée Mauger, responsable de l’environnement au comité exécutif de la Ville et mairesse de l’arrondissement de Verdun

Le grand Sommet climat Montréal, qui aura lieu le 3 mai, mènera à des actions concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et combattre les changements climatiques, promet la responsable de l’environnement au comité exécutif de la Ville et mairesse de l’arrondissement de Verdun, Marie-Andrée Mauger.

Publié hier à 10h15

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Isabelle Ducas

Isabelle Ducas La Presse

Ce sommet réunira une foule d’acteurs dans divers domaines, tels que la santé publique, la construction, le transport, la philanthropie, le financement et le commerce. Des secteurs qui devront tous être mis à contribution pour que Montréal atteigne ses cibles de réduction des émissions de GES.

« On a beaucoup de monde autour de la table pour rendre possibles des affaires qui étaient impossibles. Le défi du sommet, c’est de produire des idées qui vont devenir des projets concrets, » souligne le PDG de la Fondation du Grand Montréal et coprésident du Partenariat Climat Montréal, Karel Mayrand.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Karel Mayrand, PDG de la Fondation du Grand Montréal et coprésident du Partenariat Climat Montréal

« Il faut passer à l’action, et on le fait avec les parties prenantes, ce qui est très important, parce que les solutions qu’on met de l’avant viennent de conversations qui sont engagées depuis des années », renchérit Mme Mauger.

Quelles solutions ?

Des mesures pour mettre fin au chauffage au mazout, pour remplacer les toits noirs par des toits blancs afin de réduire les îlots de chaleur, la tarification des déchets selon le volume, une taxe sur les piscines, comme celle mise en place par Saint-Lambert… Voici quelques exemples de solutions évoqués par Mme Mauger et M. Mayrand.

« C’est possible que ça fasse mal un peu », prévient la mairesse de Verdun.

« Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut réduire les GES, alors maintenant, c’est le temps de passer à l’action, ajoute M. Mayrand. Quand on a des annonces importantes qui demandent un changement à notre mode de vie, il faut dire oui, il faut que la population embarque. »

Ils espèrent que ce grand sommet aura un effet mobilisateur sur les citoyens. Parce que les conséquences des changements climatiques risquent d’être de plus en plus dramatiques.

M. Mayrand rappelle que le mercure est monté à 49,4 °C en Colombie-Britannique l’été dernier, et que des épisodes de chaleur extrême risquent de se produire de plus en plus souvent, touchant surtout les populations les plus vulnérables.

« Depuis 10 ans, nos émissions de GES stagnent, mais on a pris des engagements clairs d’ici 2030. Il nous reste huit ans, la barre est vraiment très haute. Alors le leadership de la ville est essentiel pour amener les parties prenantes à s’engager », conclut Marie-Andrée Mauger.

En savoir plus

  • 55 %

Objectif de réduction des émissions de GES à Montréal d’ici 2030

Source : PARTENARIAT CLIMAT MONTRÉAL

Je réalise que bien qu’on en parle souvent ici, la plupart d’entre vous n’ont sans doute jamais entendu ou vu des rainettes (et avec raison, elles sont toutes petites et très menacées). Néanmoins, leur chant est incroyablement fort et surprenant, voici une vidéo filmée vendredi passé à La Prairie :

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Jusqu’à juin dernier j’habitais à Pointe-au-Pic (La Malbaie) avant de déménager à BSP et à tous les printemps durant 10 ans je jouissais de l’extraordinaire concert des rainettes pendant un mois, immédiatement après le calage du petit lac à côté de ma maison. C’était le même genre de son aigu mais d’une autre espèce de rainettes dont la chant d’amour commençait seulement à la tombée du jour et durait jusqu’à l’aube. Se mêlait à la bande sonore celui plus diurne des crapauds et ouaouarons.

J’attendais avec impatience cet événement printanier qui suscitait chez moi une sorte de charme hypnotique tout simplement fascinant. Je m’assoyais sur la terrasse avec vue sur le lac et pouvais me laisser bercer par cet envoutement durant des heures. Vraiment la nature à la capacité de nous faire vivre les plus belles émotions, si on se donne la peine d’être sensible à ses incomparables spectacles. Rien de mieux comme source d’inspiration et de bien-être qui rejoignent les plus grandes profondeurs de l’âme.

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François Legault relance la filière éolienne:

Décidément la CAQ le fait exprès.


Forêts de la Côte-Nord Des discussions en catimini pour éviter une baisse des coupes

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Les caribous du Pipmuacan, qui chevauche la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean, sont menacés par les coupes forestières.

Le ministère des Forêts tente discrètement d’éviter la baisse annoncée du volume de bois récoltable sur la Côte-Nord, avec des modifications jugées contraires à l’aménagement durable des forêts, suscitant un grand malaise chez ses propres ingénieurs forestiers, a appris La Presse.

Publié à 5h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Des discussions ont lieu en catimini entre le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et l’industrie forestière pour tenter d’éviter la diminution annoncée par le forestier en chef du Québec du volume de bois récoltable sur la Côte-Nord, notamment dans le secteur fréquenté par la harde de caribous du Pipmuacan, avons-nous appris.

Le « calcul des possibilités forestières » pour la période 2023-2028, annoncé en février, prévoit une baisse de 7 % du volume de bois maximal pouvant être récolté annuellement, diminution causée principalement par l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE), un insecte ravageur, expliquait alors le forestier en chef.

Plusieurs pistes sont cependant explorées par le MFFP et l’industrie pour éviter cette baisse, comme le report de la régénération des vieilles forêts ou la récolte d’arbres plus petits, montre un document transmis à La Presse par une source au fait de ces discussions et que le forestier en chef confirme avoir « vu ».

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Camion de bois quittant le secteur du Pipmuacan, en mars

Intitulé Propositions visant la bonification de la stratégie régionale d’aménagement, le document présente la liste des « éléments sensibles à la possibilité forestière », les modifications proposées, leur impact sur le calcul des possibilités forestières et les « commentaires des bénéficiaires », soit les entreprises forestières, pour chacune des unités d’aménagement de la région.

Ces discussions ont lieu à l’insu des acteurs régionaux habituellement impliqués dans la planification forestière, déplore une personne qui occupe un poste d’ingénieur forestier au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, dont nous taisons le nom pour lui éviter des représailles.

« Les seuls qui sont au courant, ce sont les représentants de l’industrie, quelques personnes au Ministère et le Bureau du forestier en chef », dit-elle.

Les membres de la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire (« Table GIRT », dans le jargon forestier), qui doit « assurer une prise en compte des intérêts et des préoccupations des personnes et des organismes concernés par les activités d’aménagement forestier sur le territoire public », n’ont pas été consultés (voir autre texte).

Ils vont probablement être placés devant le fait accompli.

Personne occupant un poste d’ingénieur forestier au MFFP

Le document dressant les pistes d’atténuation de la baisse des possibilités forestières a été préparé par un « comité interne » du MFFP mis sur pied après la présentation du calcul par le forestier en chef, a expliqué à La Presse une seconde personne qui occupe un poste d’ingénieur forestier au MFFP.

Il a été « envoyé aux sous-ministres pour prise de décision », explique-t-elle, soulignant que ces discussions se font habituellement « en amont » du calcul des possibilités forestières. « C’est la première fois que je vois un tel processus », dit-elle.

Dans l’habitat des caribous

Les modifications proposées auraient un impact notamment dans l’unité d’aménagement 097-51, où vit la harde de caribous forestiers du Pipmuacan, grandement menacée.

Lisez notre dossier « Caribous du Pipmuacan : les prochains à disparaître ? »

Selon le calcul du forestier en chef, la diminution des possibilités forestières pour la période 2023-2028 y sera de 21 % pour la catégorie « sapin, épinette, pin gris et mélèze », qui constitue l’essentiel de la récolte de l’industrie.

Pour éviter cette baisse, il faudrait inévitablement gruger les derniers grands massifs forestiers intacts de ce secteur, qui constituent l’habitat essentiel du caribou, prévient l’une de nos sources.

IMAGE FOURNIE PAR LE MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNEET DES PARCS DU QUÉBEC

Unités d’aménagement forestier de la Côte-Nord

« S’il n’y a pas de baisse, c’est sûr qu’on abandonne le caribou, dit-elle. Ce n’est pas soutenable de continuer à bûcher comme on bûche tout en protégeant le caribou. »

Le MFFP se montrerait toutefois « plus sensible aux enjeux de l’industrie forestière qu’à tous les autres réunis, écologiques, sociaux, autochtones », constate cette source.

On nous dit que le lobby de l’industrie est fort et qu’il faut ravaler notre salive.

Personne occupant un poste d’ingénieur forestier au MFFP

« Malaise » chez les professionnels

La situation indispose d’autant plus les professionnels du MFFP que les modifications proposées « ne sont pas faites par des ingénieurs forestiers, mais par des administrateurs », explique l’une de nos sources.

« Malaise, c’est le mot qui revient le plus, dit-elle. C’est partagé par l’ensemble de mes collègues et même par certains gestionnaires. »

Les mesures proposées auraient des effets négatifs à moyen ou long terme, prévient cette source, citant la proposition de reporter à plus tard l’atteinte des cibles de régénération des vieilles forêts, « alors qu’on devrait se dépêcher de les régénérer ».

Couper davantage de bois à court terme diminuera inévitablement la quantité de bois disponible à plus long terme, prévient-elle.

« Éventuellement, je vais faire face à une pénurie de bois, dit-elle. Si ce n’est pas dans les cinq prochaines années, ça sera dans les 10 à 15 prochaines. »

Le forestier en chef tranchera

Le forestier en chef du Québec, Louis Pelletier, confirme avoir reçu le document contenant les modifications de l’aménagement forestier proposées par le MFFP.

« Ça ne veut pas dire que je vais retenir l’ensemble de ce document », a-t-il précisé, expliquant que son bureau recueille tous les commentaires sur son calcul préliminaire avant de le finaliser.

« Je prends acte des commentaires, j’analyse et je détermine [les possibilités forestières] », dans le but d’assurer la pérennité de la forêt, explique M. Pelletier, lui-même ingénieur forestier.

« À la fin, c’est moi qui signe », dit-il, rappelant son indépendance du MFFP.

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs n’a quant à lui pas répondu aux questions de La Presse.

67 000 m3

Diminution prévue de la possibilité forestière dans l’unité d’aménagement 097-51, où vit la harde de caribous forestiers du Pipmuacan, pour la période 2023-2028

Source : Bureau du forestier en chef du Québec

Le régime forestier menacé, s’inquiètent des experts

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Coupes forestières dans le secteur du réservoir Pipmuacan, sur la Côte-Nord, en mars dernier

Les propositions de Québec visant à atténuer la baisse des possibilités forestières sur la Côte-Nord touchent les fondements de la stratégie d’aménagement durable des forêts, s’inquiètent des experts consultés par La Presse.

« Le ministère [des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP)] se permet de remettre en question ce qui est au cœur du régime forestier », et ce, « sans réorientation politique formelle », s’insurge le biologiste et ingénieur forestier Louis Bélanger, professeur retraité de l’Université Laval.

« On avait mis ça en place pour éviter une surexploitation des forêts qui ne respecterait pas la conservation de la biodiversité », dit-il, estimant que les modifications étudiées sont contraires à l’esprit du nouveau régime forestier, qui a remplacé en 2013 celui qui datait des années 1980.

Il est « évident que les industriels seront favorables à la diminution des modalités d’aménagement écosystémique », car cela se traduirait par des volumes supplémentaires de bois pour eux, observe un ancien employé du MFFP, dont nous taisons le nom pour lui éviter des représailles.

Cet ingénieur forestier juge ainsi « problématique » que le Ministère et l’industrie échangent sur la récolte dans les vieilles forêts et dans les « compartiments d’organisation spatiale (COS) », avis partagé par Louis Bélanger.

Ce sont les dernières forêts dans les endroits où il y a eu d’immenses coupes, [donc, en les récoltant], on va recréer des zones de jeunes forêts encore plus grandes, ce qu’on devrait minimiser.

Louis Bélanger, biologiste et ingénieur forestier

Les modifications étudiées auront « nécessairement pour effet d’augmenter le taux de perturbation » de la forêt, note Louis Bélanger, pour qui il est « clair qu’on augmente l’impact sur le caribou ».

Il est « particulièrement incohérent » que le MFFP étudie ces modifications au moment où Ottawa fait pression sur Québec pour que la province protège mieux le caribou et pendant que se tient la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards, ajoute-t-il.

Lisez notre article « Protection du caribou : Sans des “engagements fermes” de Québec, Ottawa interviendra »

Manque de transparence dénoncé

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs aurait dû faire preuve de transparence, estiment les experts consultés par La Presse.

« Ce genre de discussion aurait dû avoir lieu avec tous les représentants de la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire [Table GIRT] », dit l’ancien employé du Ministère.

Or, c’est par un appel de La Presse que les membres de la Table GIRT de l’unité d’aménagement 097-51, qui couvre le secteur fréquenté par les caribous du Pipmuacan, ont appris les propositions du MFFP.

« J’espère que ces propositions seront apportées à la Table GIRT » et que leurs impacts sur l’ensemble des utilisateurs de la forêt seront présentés, « et non seulement ceux touchant la possibilité forestière », a déclaré Nicolas Ferron, directeur général de l’Organisme des bassins versants de la Haute-Côte-Nord.

Le MFFP est « en train d’égrener petit à petit l’aménagement écosystémique au profit de l’industrie forestière », a réagi Marie-Hélène Rousseau, ingénieure forestière au Conseil des Innus de Pessamit, ne s’étonnant pas de ne pas avoir été consultée.

Plusieurs propositions « sont contraires à la loi ou à son esprit », estime le directeur général du Conseil régional de l’environnement de la Côte-Nord, Sébastien Caron, qui s’attend donc à les voir rejeter.

L’entreprise forestière Boisaco n’a pas rappelé La Presse.

La CSN réclame une meilleure gestion des forêts

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) réclame des améliorations à la gestion des forêts québécoises, inquiète pour les travailleurs de l’industrie forestière qu’elle représente. La centrale syndicale s’associe à Nature Québec pour faire pression en ce sens sur le gouvernement Legault, annonceront les deux organisations, ce jeudi. « Les décisions du gouvernement appauvrissent les forêts, ce qui risque d’avoir des impacts sur les volumes récoltés, la qualité de la fibre et sur les emplois qui y sont rattachés », affirme Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière de la CSN, dans un communiqué. « Pendant que le gouvernement Legault s’entête à voir les forêts uniquement comme le bois qui peut y être coupé, c’est tout le monde qui perd au change », ajoute la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard.

Ça facilitera la tâche pour Montréal

Mirabel obtient gain de cause contre TC Transcontinental


Le Publisac disparaîtra si les municipalités limitent sa distribution, prévient TC Transcontinental.
PHOTO : RADIO-CANADA / DANIEL THOMAS

Jérôme Labbé
hier à 20 h 28

La Ville de Mirabel pourra limiter la distribution du Publisac aux foyers qui l’auront expressément demandé. La Cour supérieure du Québec vient de lui donner raison dans un litige qui l’opposait à TC Transcontinental.

Le jugement de 50 pages a été rendu mercredi. La société TC Transcontinental, qui estime que cette mesure porte atteinte […] à la liberté d’expression garantie par les chartes canadiennes et québécoises, a aussitôt déclaré par voie de communiqué qu’elle entendait contester cette décision devant la Cour d’appel du Québec.

En cause : un règlement adopté en 2019 qui limite la distribution de tout imprimé publicitaire. Il s’agissait à l’époque d’une première au Québec. Depuis, d’autres municipalités, comme Montréal, ont annoncé leur intention d’emboîter le pas.

Le règlement en question prévoit que la distribution d’imprimés publicitaires comme le Publisac soit interdite par défaut, sauf chez les résidents qui auront expressément demandé à les recevoir en apposant un autocollant à cet effet sur leur porte ou sur leur boîte postale (opt in).

À l’inverse, TC Transcontinental réclame de pouvoir continuer à distribuer son Pulisac à tous les foyers, sauf à ceux qui auront explicitement demandé de ne pas le recevoir (opt out). Cette façon de faire, soutient l’entreprise, est simple et efficace. À preuve, plus de 200 000 foyers québécois s’en prévalent, souligne-t-elle.

La fin du Publisac à Mirabel

Cette municipalité des Laurentides s’est réjouie de sa victoire en Cour supérieure jeudi. C’est un tournant majeur pour Mirabel, comme pour les autres villes qui emboîteront le pas dans la réduction de la consommation de papier, a déclaré le maire de Mirabel, Patrick Charbonneau, par voie de communiqué.

La Ville de Mirabel invite maintenant TC Transcontinental à cesser de contrevenir à la réglementation en contribuant à cette initiative écoresponsable.

L’entreprise fait pour sa part valoir que l’imposition d’un système opt in, qu’elle conteste depuis trois ans, mènerait à la fin de la distribution du Publisac à Mirabel.

Dans le contexte inflationniste actuel et au moment où la population doit faire face à la hausse des prix sans précédent, la pertinence sociale et économique du Publisac est plus grande que jamais, plaide-t-elle dans son communiqué de mercredi.

En effet, le Publisac, en plus de donner accès à des rabais aux consommateurs, permet la distribution des journaux locaux à un coût avantageux, répond au besoin des commerçants d’attirer la clientèle en magasin et de faire face aux géants du commerce en ligne et génère des milliers d’emplois directs et indirects.

La Ville de Montréal réconfortée

Enfin, à Montréal, l’administration de Valérie Plante, qui entend elle aussi restreindre la distribution du Publisac à compter de 2023, a dit estimer que ce jugement de la Cour supérieure traduit bien la volonté des citoyens et des municipalités d’accélérer la transition écologique, pour laquelle la réduction à la source joue un rôle central.

La mairesse affirme qu’environ 800 000 circulaires et autres publicités non sollicitées arrivent aux portes des habitations montréalaises chaque semaine, ce qui représente plus de 41 millions de circulaires par année qui se retrouvent dans les sites de recyclage et dans les dépotoirs. La Ville de Montréal vise l’objectif du zéro déchets d’ici 2030.

Le changement de politique à propos des imprimés publicitaires, qui était déjà dans les cartons de Projet Montréal lors de son premier mandat, de 2017 à 2021, a été annoncé la semaine dernière. Il prévoit en outre que le Publisac devra maintenant être en papier plutôt qu’en plastique.

Avec les informations de Gabrielle Proulx

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Un dossier qui évolue rapidement sur le plan politique.


Caribou forestier Ottawa se prépare à intervenir

Photo Patrick Sanfaçon, LA PRESSE

Le ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbalut

Alors que le ministre fédéral de l’Environnement va recommander un décret en vertu de la Loi sur les espèces en péril pour assurer la survie du caribou forestier, Québec serait à nouveau disposé à négocier avec Ottawa. Mais de qui relève la protection des espèces menacées ? Et pourquoi cette espèce emblématique se retrouve-t-elle tout à coup au cœur d’une bonne vieille querelle fédérale-provinciale ? Explications.

Publié à 11h21 Mis à jour à 17h41

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Que se passe-t-il avec le caribou forestier ?

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a annoncé jeudi qu’il entendait soumettre au cabinet une proposition de décret en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) afin de protéger le caribou forestier au Québec. « Je dois procéder. Je vais présenter dans un avenir rapproché un décret pour protéger le caribou. » Le ministre Guilbeault réagissait alors aux propos lancés la veille par le premier ministre François Legault disant que la protection du caribou relève exclusivement du provincial. « Nous, selon nos juristes, c’est clairement, les caribous, un champ de compétence du gouvernement du Québec, pas du gouvernement fédéral », a déclaré M. Legault. « Cette affirmation est de toute évidence erronée », a répondu M. Guilbeault, qui précise que l’environnement est plutôt une responsabilité partagée.

Bon, une autre querelle fédérale-provinciale. Qui a raison cette fois-ci ?

Pour Anne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), « il n’y a plus de débat à cet effet. [L’environnement], c’est bien une compétence partagée entre le fédéral et le provincial ». Me Doré signale d’ailleurs qu’il est plutôt rare de voir une loi fédérale qui définit aussi bien les responsabilités de chaque palier de gouvernement comme le fait la LEP. Même du côté constitutionnel, le débat n’existe plus, soutient l’avocate, qui rappelle que la Cour d’appel fédérale a confirmé le droit d’Ottawa d’intervenir dans une province pour protéger une espèce menacée. Rappelons que la Cour suprême du Canada a refusé d’entendre en 2020 l’appel d’un promoteur contestant l’intervention du fédéral pour une autre espèce en péril. Celui-ci a adopté en 2016 un décret d’urgence pour protéger la rainette faux-grillon menacée par un projet de lotissement à La Prairie.

Le décret est-il la seule option possible ?

Si aucune action concrète n’est posée rapidement, Ottawa se verrait forcer d’agir en quelque sorte pour protéger le caribou forestier au Québec. Dans une lettre transmise au ministre Guilbeault, le 14 avril, le Conseil des Innus de Pessamit lui demande « de recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret de protection en vertu de l’article 61 de la Loi sur les espèces en péril d’ici le 15 juillet 2022 ». « À défaut de donner suite à cette demande, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires afin de forcer cette action », écrit le vice-chef du conseil, Jérôme Bacon St-Onge. Soulignons qu’une démarche similaire menée par Nature Québec et le CQDE, en 2015, avait mené à un jugement cinglant de la Cour fédérale à l’endroit de l’ancienne ministre de l’Environnement, Leona Aglukkaq, qui avait refusé de recommander un décret d’urgence pour la rainette faux-grillon, une autre espèce menacée. La Cour avait alors donné six mois à l’ancienne ministre conservatrice pour faire une telle recommandation. Celle-ci a finalement été adoptée par le gouvernement de Justin Trudeau nouvellement élu à l’automne 2015.

Qu’attend Québec pour agir ?

Le gouvernement du Québec a mis sur pied une commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards et dit vouloir attendre ses recommandations avant d’aller de l’avant avec un plan concret. Une opération qui est qualifiée de « poudre aux yeux » par plusieurs groupes et experts, d’autant plus qu’aucun biologiste ne siège à cette commission. François Legault dit que son gouvernement veut trouver le bon équilibre entre les quelque 5000 caribous forestiers toujours en vie et l’industrie forestière qui pourrait souffrir de l’ajout de nouvelles aires protégées. « Je suis tout à fait d’accord avec M. Legault, ça prend un équilibre, a déclaré jeudi Steven Guilbeault. Mais actuellement, il n’y a pas d’équilibre, nous ne sommes pas en situation d’équilibre [pour le caribou] et tous les scientifiques et les experts s’entendent à ce sujet. »

Comment ça se passe dans les autres provinces où il y a des caribous menacés ?

Le ministre Guilbeault a indiqué jeudi que le gouvernement fédéral travaillait notamment en collaboration avec les gouvernements de l’Ontario et de la Colombie-Britannique où des populations de caribous sont également menacées. Une entente avec l’Ontario serait même annoncée dans les prochains jours. Il semblerait que le Québec soit la seule province qui ne travaille pas avec Ottawa pour la protection du caribou, selon Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs au Québec. « Ce qu’on me dit, c’est que le Québec ne collabore pas. » Le cabinet de Steven Guilbeault a cependant indiqué qu’une rencontre entre les sous-ministres fédéral et provincial avait eu lieu mercredi, au cours de laquelle le gouvernement du Québec « s’est engagé à revenir rapidement par écrit » dans ce dossier.

En savoir plus

  • Une « espèce parapluie »

« Le caribou forestier est une espèce parapluie qui conditionne l’écosystème de la forêt boréale et la présence de plusieurs autres espèces animales et végétales », souligne Alain Branchaud, biologiste et DG de la SNAP Québec. L’espèce est aussi un indicateur de l’état de santé des forêts qui jouent également un rôle essentiel face aux changements climatiques.

5250

Nombre de caribous forestiers toujours en vie au Québec.

Gouvernement du Québec

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Bois-Franc Une vision commune pour un futur écoquartier

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Les arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville travaillent conjointement pour planifier en détail le quartier où se trouvera la future station Bois-Franc, du REM.

Les terrains autour de la future station Bois-Franc, du Réseau express métropolitain (REM), ont pour l’instant triste mine. Ils sont toutefois dans la ligne de mire des arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville, qui travaillent conjointement pour établir une vision commune du futur quartier. Leur ambition ? Créer un véritable milieu de vie, axé sur le transport actif et collectif, selon les principes de développement durable.

Publié à 12h00

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Danielle Bonneau

Danielle Bonneau La Presse

« On met en place les règles du jeu, indique Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent. Quand le REM va arriver et que des promoteurs vont acheter des terrains, la vision de la Ville sera connue, parce que le Programme particulier d’urbanisme, qui sera adopté par les deux arrondissements, fera partie du Plan d’urbanisme de Montréal. Les hauteurs des bâtiments, les densités seront connues. En faisant ce travail en amont, on prépare le terrain pour que le développement se fasse de façon ordonnée. »

Le futur quartier de type TOD (Transit-Oriented De velopment), structuré autour du transport collectif, chevauchera les deux arrondissements. « Il y a une volonté de bien faire les choses ensemble plutôt que chacun de notre côté », souligne Éric Paquet, directeur de l’aménagement urbain et des services aux entreprises à Saint-Laurent. « C’est une vision à court, moyen et long terme, parce que beaucoup de bâtiments sont encore viables. Les enjeux sont multiples. »

Un milieu de vie diversifié

Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, veut que le quartier soit habité par une population aux âges et aux revenus variés. « Des gens de toutes les bourses pourront trouver un logement et ils auront tout à proximité, explique-t-elle. Il y aura des parcs, le YMCA Cartierville, qui est déjà là, le futur centre culturel et communautaire de Cartierville, des services, des commerces et des terrasses. Les gens pourront se promener à pied. Ce sera vraiment un milieu de vie. En plus, la station Bois-Franc permettra d’avoir accès au centre-ville. À terme, ce sera un coin extraordinaire. »

ILLUSTRATION TIRÉE DU SITE DE CDPQ INFRA ET DU REM

La future station Bois-Franc, du REM, sera au niveau du sol. Elle favorisera l’émergence de l’aire TOD Bois-Franc, qui est conjointement planifiée par les arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville.

« Actuellement, c’est un des endroits les plus pauvres de notre arrondissement, poursuit Mme Thuillier. La beauté de la chose, c’est que cela ne va pas juste s’embourgeoiser. »

Les logements qui seront construits ne seront pas juste pour des personnes qui ont de l’argent. Les gens pourront continuer de vivre dans ce quartier, peu importe leur revenu, puis on va attirer de nouvelles personnes, de divers horizons, qui permettront d’avoir une plus grande densité et de soutenir les commerces de proximité.

Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville

Une référence pour le Québec

Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation, a hâte de voir un véritable écoquartier au Québec, qui pourra servir de référence. Il n’en peut plus de voir des quartiers bâtis de l’autre côté de l’Atlantique montrés en exemple.

« Les écoquartiers, ça se sculpte avec de la consultation publique, mais aussi avec le leadership des élus qui disent : “non, chez nous, ça ne se passera pas de même”, dit-il. Des Griffintown, qui prennent 20 ans avant que finalement l’épicerie débarque, ce n’est pas planifié. C’est un peu garroché, tandis que dans les écoquartiers, tout est réfléchi. Il y a des recettes pour créer des quartiers agréables, avec le bon pourcentage d’espaces verts, nécessaire au bien-être de l’humain. »

Contrairement à des bâtiments, qui sont habités après un cycle de trois ans, les quartiers verts prennent plusieurs décennies avant de remplir leurs promesses, fait-il remarquer. D’où l’importance d’avoir une vision claire dès le départ.
https://www.lapresse.ca/maison/immobilier/2022-04-21/bois-franc/une-vision-commune-pour-un-futur-ecoquartier.php

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Le Saint-Laurent à l’ONU

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Le fleuve Saint-Laurent, à Montréal

Le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, défendra l’idée d’un statut juridique pour le fleuve aux Nations unies, ce vendredi

Publié à 5h00

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Joël-Denis Bellavance

Joël-Denis Bellavance La Presse

Jamais le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, n’aurait cru qu’un jour il serait invité à se rendre à New York afin de discuter du statut juridique qui devrait être accordé au fleuve Saint-Laurent devant des délégués venant des quatre coins du monde réunis aux Nations unies.

C’est exactement ce que fera le député de Rosemont–La Petite-Patrie, ce vendredi, en compagnie de la présidente de l’Observatoire international des droits de la nature, Yenny Vega Cárdenas, tandis que l’idée d’accorder des droits juridiques à la nature fait son chemin dans les officines de l’ONU au moment où l’urgence climatique appelle à une mobilisation sans précédent pour éviter une hausse prononcée de la température de la planète.

M. Boulerice et Mme Cárdenas – qui se rendent devant le Conseil de tutelle de l’Assemblée générale de l’ONU à l’invitation du président de l’Assemblée générale, Abdulla Shahid – militent depuis des mois pour que l’on accorde au fleuve Saint-Laurent et à son bassin versant, ce qui inclut aussi les Grands Lacs, la reconnaissance d’une entité juridique.

La rivière Magpie, première au pays

Ils s’inspirent d’ailleurs du précédent établi au pays en février 2021, quand la rivière Magpie, considérée comme une destination de renommée mondiale pour le rafting en eau vive, est devenue le premier cours d’eau au Canada à obtenir un tel statut.

Ce statut lui a été accordé après que la municipalité régionale de comté de Minganie et le Conseil des Innus d’Ekuanitshit eurent adopté des résolutions en ce sens qui ont pour effet de lui attribuer « neuf droits juridiques », dont ceux de couler, de maintenir sa biodiversité naturelle et d’intenter une action en justice. Un tel statut pourrait lui accorder une protection supplémentaire dans le cas d’un développement hydroélectrique, par exemple.

À la reprise des travaux parlementaires, lundi, M. Boulerice devra d’ailleurs déposer un projet de loi à la Chambre des communes visant justement à donner une personnalité juridique au fleuve Saint-Laurent, comme le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est engagé à le faire durant la dernière campagne électorale. Concrètement, cela donnerait au fleuve le droit juridique de faire valoir ses droits par l’entremise d’un comité qui veillerait à protéger ses intérêts et sa bonne santé en collaboration avec les Premières Nations.

Le fleuve et le troisième lien

À titre d’exemple, le fleuve pourrait se faire entendre par l’entremise du comité durant les études environnementales qui ont lieu avant l’approbation de nouveaux projets à saveur économique ou encore des projets routiers tels que le troisième lien entre Québec et Lévis préconisé par le gouvernement Legault. Ailleurs dans le monde, des démarches semblables ont été entreprises dans des pays comme la Nouvelle-Zélande, l’Inde et l’Équateur pour donner des statuts juridiques à des écosystèmes.

Il a été impossible jeudi de savoir si les libéraux de Justin Trudeau comptaient appuyer le projet de loi du NPD. Rappelons que Justin Trudeau et le chef du NPD, Jagmeet Singh, ont conclu une alliance parlementaire qui permettra au gouvernement libéral minoritaire de survivre jusqu’en juin 2025. En vertu de cette alliance, le gouvernement Trudeau s’engage à mettre en œuvre certaines des priorités du NPD. En échange, ce dernier appuiera les libéraux lors des votes de confiance sur les budgets, par exemple.

M. Boulerice et Mme Cárdenas, avocate, prendront la parole dans le cadre du dialogue organisé sous l’égide de l’ONU portant sur le thème « En harmonie avec la nature » (Harmony with Nature), qui vise à proposer des moyens d’éliminer toutes les pratiques qui menacent la biodiversité et les divers écosystèmes. L’évènement a lieu à l’occasion de la Journée internationale de la Terre, axée cette année sur le concept des lois de la nature.

« Un immense symbole »

Dans une entrevue accordée à La Presse, jeudi, à la veille de son discours aux Nations unies, M. Boulerice a soutenu qu’il était plus que temps de reconnaître que la nature a des droits qui doivent être défendus.

« Pour la première fois, nous allons parler de l’avenir du fleuve Saint-Laurent aux Nations unies. C’est toute une épopée. Je suis un peu nerveux. Mais je suis aussi très fier de pouvoir parler du fleuve. C’est non seulement une richesse comme écosystème et source de vie, mais c’est aussi un immense symbole pour les Québécois et les Québécoises. Cela fait partie de notre identité et de notre imaginaire collectif », s’est exclamé au bout du fil le député néo-démocrate.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice

Jointe également jeudi à son arrivée à New York, Yenny Vega Cárdenas a affirmé qu’il était impératif de changer nos modèles d’exploitation des ressources naturelles.

« C’est une grande chance de pouvoir partager le fruit de nos travaux aux Nations unies. Il est important de changer le paradigme. Dans le passé, on pensait qu’on était au sommet de la pyramide et donc maîtres de la nature et qu’on pouvait l’exploiter et même l’exterminer. Mais il faut plutôt comprendre que l’on fait partie de la nature. »

Il faut faire de la nature une égale en lui donnant une personnalité juridique qui mérite aussi le respect dans tout projet que l’on pourrait entreprendre.

Yenny Vega Cárdenas, présidente de l’Observatoire international des droits de la nature

« Dans le cas du fleuve Saint-Laurent, ça changerait beaucoup de choses. On ne pourrait plus le voir comme un endroit où on lance nos déchets, comme un dépotoir. Il faudrait prendre nos responsabilités, parce que les droits du fleuve deviendraient nos responsabilités. Un fleuve en santé, ça vaut beaucoup », a-t-elle dit, invitant au passage le gouvernement Trudeau à appuyer le projet de loi du NPD.

Les droits à la source des progrès

Dans le discours qu’il compte prononcer, M. Boulerice soulignera que l’humanité a fait d’immenses progrès quand les droits fondamentaux des êtres humains ont été reconnus. Des progrès tout aussi importants pourraient être accomplis si l’on accordait aussi des droits à la nature.

« Depuis la Révolution américaine, depuis la Révolution française, nous avons donné des droits fondamentaux à tous les hommes et à toutes les femmes. Cette marche vers l’égalité et la démocratie fut un progrès magistral dans l’évolution de nos sociétés humaines. Mais avons-nous aussi donné des droits à la nature ? Pas vraiment. Nous avons toujours cette vision anthropocentriste que la nature est là pour répondre à nos besoins. Point final. Nous ne pouvons plus maintenir cette posture », soulignera-t-il dans le discours qu’il a préparé.

« Dans un monde qui doit faire face au dérèglement climatique, à la perte systématique d’espaces pour les animaux, à l’extinction massive d’espèces vivantes, nous devons opérer de toute urgence un virage. Un virage radical vers une existence harmonieuse et apaisée avec notre environnement. Mettons un peu d’équilibre dans tout cela. Envisageons de donner des droits à la nature », ajoutera-t-il.

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