Environnement et transition écologique

« On a rien fait mais on ne sait plus quoi faire! »

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C’est la parfaite description de l’incompétence. :smile:

Nouveau rapport du GIEC QS demande la démission du ministre de l’Environnement

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre Benoit Charette affirmait dimanche à La Presse que son gouvernement n’a aucune intention de hausser les cibles climatiques du Québec malgré les avertissements du GIEC, puisqu’il juge que les promesses vertes des partis de l’opposition seraient « impossibles » à tenir.

Benoit Charette « a baissé les bras » en affirmant qu’il est impossible de rehausser la cible climatique du Québec et doit donc démissionner de son poste de ministre de l’Environnement, croit Québec solidaire.

Publié à 17h21

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Charles Lecavalier

Charles Lecavalier La Presse

« Il faudrait qu’il parte. Cet homme-là, Benoît Charette, c’est lui qui a les deux mains sur le volant pour s’assurer que le Québec ne rate pas ses objectifs climatiques, et il est en train de nous dire que c’est impossible d’en faire plus. Il abandonne, il a abandonné la lutte, alors qu’il abandonne son poste de ministre », a lancé en entrevue Émilise Lessard-Therrien, la porte-parole en matière d’environnement du parti de gauche.

Le ministre affirmait dimanche à La Presse que son gouvernement n’a aucune intention de hausser les cibles climatiques du Québec malgré les avertissements du GIEC, puisqu’il juge que les promesses vertes des partis de l’opposition seraient « impossibles » à tenir.

« Réduire de 60 % [les émissions de gaz à effet de serre] d’ici 2030, c’est tout simplement impossible, 50 % ce n’est pas davantage possible, et 45 % quand on sait qu’on aura de la misère à atteindre [notre cible de 37,5 %], j’ai hâte de voir la démonstration qu’ils arriveront à faire », a-t-il dit.

Cette déclaration – faite une journée avant la publication d’un nouveau rapport du GIEC qui souligne que l’humanité doit réduire de moitié les émissions actuelles d’ici 2030 pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat – a semé la consternation chez les partis d’opposition

« Il est incapable de se tenir debout devant un gouvernement qui est pro automobile, pro étalement urbain, pro troisième lien, pro stationnement, pro autoroute, ça n’a juste pas de bon sens, il n’est pas capable de se tenir debout pour dire que ça va nous faire rater nos cibles. Il a démissionné, qu’il démissionne », a lancé la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.

La libérale Isabelle Melançon décrit M. Charette comme étant un politicien « qui n’est pas capable de s’élever » et qui pratique de la « petite politique ». « Quand j’ai lu sa déclaration dimanche, je suis resté sans mot. C’est irresponsable. Il ne laisse pas d’espoir aux générations futures, c’est gênant », a-t-elle lancé. « Mais je suis plus ou moins surprise, c’est le même gars qui nous dit qu’un tunnel va freiner l’étalement urbain et que c’est écologique, qui nous dit qu’il faut augmenter le taux de nickel dans l’air ou qu’il faut mettre des résidus miniers dans des lacs », ajoute-t-elle.

Le péquiste Sylvain Gaudreault souligne de son côté que « les solutions présentées par le GIEC sont à portée de main et réalistes » « Je ne dis pas que c’est simple, mais le gros message de ça c’est que ça prend de la volonté politique. On sait que la situation est grave, on sait que ça a des impacts majeurs. […] Quand j’entends le ministre dire : on ne peut pas en faire plus, c’est comme s’il baissait les bras. Ce dont on a besoin, c’est de la mobilisation, de la volonté et de l’espoir », déplore-t-il.

Le gouvernement Legault de son côté ne change pas d’avis : pas question de changer la cible du Québec, qui est de réduire d’ici 2030 les émissions de GES de -37,5 % par rapport à 1990. La CAQ met au défi les autres partis [QS : -55 % ; PLQ : -45 % ; PQ : -50 %] d’expliquer comment ils comptent atteindre leurs cibles.

Ceux-ci n’ont pas encore dévoilé l’entièreté de leur plan et attendront à l’approche des élections générales, mais lancent quelques pistes de solutions. Le PQ veut que Québec renonce au troisième lien, augmente ses cibles et ses contraintes pour électrifier les transports, et lance un vaste chantier de rénovation énergétique des bâtiments. Québec solidaire veut interdire la publicité pour les VUS et créer une offre de transport collectif en région et le Parti libéral met de l’avant son projet ECHO tourné vers l’hydrogène vert.

Mais le plus dur sera de changer des habitudes. « Pour que les gens se sentent concernés, il faut qu’on sente que l’État est engagé. Pour la COVID-19 le premier ministre faisait des conférences tous les jours, et on sentait que l’ensemble de l’État était engagé. Là, on ne le sent pas », dit M. Gaudreault.

« Ces changements d’habitude se font lentement. Ce n’est pas au gouvernement de dire combien de fois on peut manger de la viande par semaine. Mais donner de l’impulsion à ce genre de comportement, accompagner des restaurants dans leur offre alimentaire, ça se fait », ajoute la libérale Isabelle Melançon.

De son côté, Émilise Lessard-Therrien souligne que l’État, en coupant dans des services de proximité en région, force les citoyens à polluer. « Dans mon coin, maintenant, nos gens sont obligés de rouler 50, voire 100 kilomètres pour une prise de sang ou un changement de pansements. C’est ce qui arrive quand on coupe dans les services de proximité », dit-elle.

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Par contre, cela changerait quoi d’avoir de hausser les cibles climatiques mais de ne pas pouvoir les atteindre? Combien de fois avons nous entendu des gouvernements avoir des cibles assez élevés mais ne pas les avoir atteint du tout ? Le gouvernement fédéral en est le parfait exemple.

Alors peut-être que l’effort doit venir d’ailleurs, des villes par exemple, ou de nous, la population, qui sommes pas mal responsable de la situation avec notre mode éhonté de consommation.

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@SteveQ Tu as raison, voici un article qui confirme ton opinion:

Nouveau rapport du GIEC Les villes au cœur de la lutte

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

« Les stratégies permettant aux villes établies de réaliser d’importantes économies d’émissions de GES comprennent […] le soutien aux transports non motorisés (par exemple, la marche, le vélo) et les transports en commun », indique le sommaire pour les décideurs, qui totalise 64 pages.

Par où commencer pour réduire de façon importante les émissions de gaz à effet de serre (GES) ? Le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) donne plusieurs pistes. L’une d’elles concerne les zones urbaines, où vit déjà la majorité des habitants de la planète.

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

Selon les estimations des experts du GIEC, les villes du monde entier pourraient presque atteindre la carboneutralité en 2050, à condition de se mettre au travail dès maintenant « avec des efforts d’atténuation ambitieux et immédiats, y compris des niveaux élevés d’électrification et une efficacité énergétique et matérielle améliorée », précise-t-on.

Depuis l’accord de Paris, en 2015, les émissions de GES pouvant être attribuées aux zones urbaines ont continué d’augmenter. En 2020, elles représentaient entre 67 et 72 % des émissions mondiales, contrairement à 62 % en 2015. Or, plus de la moitié des habitants de la planète (56,1 %) vivent déjà en zone urbaine, et, selon l’Organisation des Nations unies (ONU), cette proportion passera à 68 % en 2050.

Au Canada comme au Québec, 8 personnes sur 10 environ vivaient en milieu urbain en 2020. Tout près de la moitié de la population québécoise (48 %) habite dans le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

Si les villes occupent une place grandissante dans la lutte contre les changements climatiques, c’est aussi parce que le potentiel de réduction des émissions de GES y est immense. Dans son plus récent rapport, le GIEC indique d’ailleurs que les émissions de GES en zone urbaine pourraient diminuer de façon draconienne, passant de 29 milliards à 3 milliards de tonnes en 2050.

Transports et territoire

« Les stratégies permettant aux villes établies de réaliser d’importantes économies d’émissions de GES comprennent l’amélioration, la réaffectation ou la modernisation efficace du parc immobilier, le soutien aux transports non motorisés (par exemple, la marche, le vélo) et les transports en commun », indique le sommaire pour les décideurs, qui totalise 64 pages.

Le rapport souligne également que des changements dans l’aménagement du territoire urbain (densité, connectivité et accessibilité) « en combinaison avec des programmes qui encouragent les changements de comportement des consommateurs (par exemple, la tarification des transports) pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport dans les pays développés ».

Ces propositions ont été saluées notamment par Vivre en ville, organisme qui a des bureaux à Québec, Montréal et Gatineau.

Le rapport du Groupe de travail III du GIEC rappelle l’importance cruciale qu’ont les villes dans la lutte contre les changements climatiques. […] Les actions en aménagement du territoire, transports et alimentation pourraient permettre la réduction de 40 à 70 % des émissions d’ici 2050.

L’organisme Vivre en ville, réagissant au nouveau rapport

Le monde municipal attend d’ailleurs avec impatience la nouvelle Stratégie nationale d’architecture et d’urbanisme promise par le gouvernement Legault. Plusieurs intervenants ont réclamé au cours des dernières années un resserrement des règles afin de limiter l’étalement urbain.

Au Canada, les grandes villes font face à plusieurs défis dans un contexte d’urgence climatique. Une étude récente de Statistique Canada a d’ailleurs révélé que la majorité des grandes villes avaient perdu des espaces verts entre 2001 et 2009 au profit de l’urbanisation.

Effets dans la CMM

Invoquant l’« urgence d’agir », la CMM prévoit d’ailleurs adopter le 28 avril prochain un projet de règlement de contrôle intérimaire qui interdirait toute construction dans les boisés et les milieux humides « d’intérêt » sur son territoire.

Au Québec, les villes subiront de plein fouet les effets du réchauffement mondial. Par exemple, selon les modélisations du consortium Ouranos, spécialisé dans l’étude des changements climatiques, les températures moyennes dans les villes de la CMM pourraient grimper d’un peu plus de 3 ℃ d’ici 2050 et de près de 6 ℃ d’ici la fin du siècle.

Selon des calculs de l’Union des municipalités du Québec, les 10 plus grandes villes du Québec auront besoin de 2 milliards de dollars sur 5 ans seulement pour des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

En savoir plus

  • 76,6 jours

Nombre de jours qu’il pourrait y avoir par année où la température serait supérieure à 30 °C à Montréal d’ici 2100, selon les modélisations du consortium Ouranos.

source : Ouranos

+6,5 °C

À Kuujjaq, dans le nord du Québec, la température annuelle moyenne pourrait grimper de 6,5 °C.

source : Ouranos

Je ne crois pas que les gens soient fâchés des cibles, mais des moyens qu’on se donne.
Il est vrai que plusieurs gestes importants peuvent venir des gens, ou même des villes, mais une action globale des gouvernements supérieurs pourra toujours assurer une uniformité des mesures, et assurer leur application. Les gens ont beau dire qu’ils sont anxieux pour la planète, peu vont réellement changer eux-mêmes leur consommation.

Par exemple, au Québec, la seule ville qui fait un véritable effort en transport, c’est celle qui est déjà la moins dépendante de la voiture individuelle… C’est difficile de mettre en place des mesures qui vont faire réagir négativement. Combien on a de « Ferrandez » au Québec, prêt à appliquer concrètement des mesures malgré des plaintes constantes? Ça prend un courage, et ce courage ne peut pas être à la pièce.

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L’important, selon moi, est d’atteindre les cibles que nous nous sommes déjà fixé, aussi minime puisse-telle être, au lieu de participer à une enchère de promesses de réduction souvent irréaliste et souvent tellement grosse qu’on s’y perd dans la comment y arriver.

Chacun doit jouer son rôle, nous citoyens en premier lieu, avec des petites actions concrètes, mais ensuite les villes, les entreprises et éventuellement les gouvernements n’auront d’autres choix que d’agir dans ce sens.

Pour l’instant je suis ravi que la CMM semble vouloir protéger les terres agricoles, les milieux humides et les boisés, ce qui est déjà un énorme gain comparé à il n’y a pas si longtemps ou plusieurs villes de la CMM n’en voulaient que pour du développent parfois sauvage. Donc une petite victoire. Reste à voir si cela se fera bel et bien sur le terrain et, surtout, dans une loi de protection.

De plus, pour éviter davantage d’étalement urbain, les villes de Montréal, Laval et Longueuil doivent prioriser la densité, les logements abordables et la décontamination des sites afin de rendre plus attrayant certains secteurs qui sont en friches et sous utilisés.

Interdire la publicité de VUS ? La publicité, vraiment ? À ce que je sache il n’y a pas de publicité de cigarettes nulle part…et pourtant !!!

Par contre, l’idée d’augmenter l’offre de transport collectif et électrique est la meilleure chose. Il faut insister sur ce point et rassembler le plus possible de joueur afin de mousser l’offre, autant en région qu’en ville…et qu’en banlieue.

Et j’ajouterais une idée…soit de taxer davantage la publicité de voiture et prendre cet argent pour le dédier au transport en commun !

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Très bon texte de Paul Journet ce matin

Le réalisme nous tue


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Le soleil semblait d’une couleur rougeâtre à Montréal, l’été dernier, un phénomène que des météorologues attribuaient à la fumée des incendies de forêt.

Paul Journet
La Presse
Publié à 5h00

Il faut être « réaliste ».

Voilà ce que répètent trop de politiciens pour justifier le fait d’en faire le moins possible face au dérèglement climatique.

Cette posture se décline en une insoutenable litanie d’excuses.

Il faut être réaliste, la planète va encore avoir besoin de beaucoup de pétrole.

Il faut être réaliste, les gens tiennent à leur voiture.

Il faut être réaliste, la viande rouge va rester dans notre alimentation.

Il faut être réaliste, voyager en avion fait partie de notre mode de vie.

Pour être clair, je n’ai rien contre le réalisme. C’est une riche école philosophique. En gros, elle postule que la réalité existe indépendamment de notre esprit. Peu importe nos états d’âme, il y a quelque chose hors de nous : le monde physique qui obéit à ses propres lois.

On peut accuser un glacier qui fond de manquer de pragmatisme, mais il continuera à se liquéfier avec son insoumission habituelle.

Les prétendus réalistes devraient avoir le courage de finir leurs phrases.

Cela ressemblerait à quelque chose comme :

Soyons réalistes, on préfère consommer encore beaucoup de pétrole, même si une partie de Miami ou du secteur Dalhousie dans le Vieux-Québec seront submergés et même si des millions de réfugiés quitteront des pays comme le Bangladesh, devenus inhabitables.

Soyons réalistes, le droit au hamburger est sacré, même si cela aggravera les sécheresses et gonflera le prix des aliments.

Soyons réalistes, l’auto solo demeurera le mode préféré de transport, même si cela accélérera l’étalement urbain, détruira des terres agricoles et affaiblira notre souveraineté alimentaire.

Et soyons réalistes, les gens ne réduiront pas leurs voyages à l’étranger, même si cela fait augmenter le nombre d’épisodes extrêmes comme les récents incendies de forêt en Colombie-Britannique et les journées à 40 degrés l’été à Montréal⁠1.

Formulés ainsi, nos choix seraient au moins assumés.

Un peu comme les gens en deuil, les climatosceptiques ont cheminé.

Au début, ils niaient les changements climatiques. Ensuite, ils les reconnaissaient, mais doutaient que l’humain en soit responsable. Maintenant, ils admettent le phénomène tout en minimisant ses conséquences.

Faut pas être « alarmistes », disent-ils. Mais ce n’est pas de l’alarmisme si la menace est réelle.

Vrai, l’alarmisme peut devenir un problème. Au-delà d’un certain seuil, la peur paralyse.

Voilà pourquoi ce nouveau rapport du GIEC est crucial. Il montre concrètement ce qui peut être fait⁠2.

C’est à la fois une source d’espoir et de colère. Si les solutions sont connues, pourquoi ne les adopte-t-on pas ? D’autant plus que la crise n’est pas linéaire. Une petite hausse cause de gros dégâts. Chaque dixième de degré de réchauffement évité constitue une victoire. Chaque geste compte.

Dans une nouvelle analyse, la Chaire de gestion de l’énergie de HEC Montréal juge le plan de Québec « consternant ». Les mesures en place ont « largement échoué à atteindre leur objectif », y lit-on⁠3.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire, n’est pas impressionné non plus par le plan fédéral. En moyenne, une hausse de 10 % du prix de l’essence se traduit par une baisse de la consommation de 1 %. La tarification du carbone, qui sera de 170 $ en 2030, ne suffira pas. Elle n’égalera même pas les taxes vertes déjà en place en Europe.

Il se désole aussi du peu d’actions pour le transport ferroviaire, le covoiturage et l’efficacité énergétique. Le Canada n’oblige pas les propriétaires à divulguer la performance des bâtiments. Difficile d’améliorer ce qu’on ne mesure pas.

Nos élus n’osent même pas faire appliquer les lois actuelles. Le gouvernement caquiste laisse des mégaporcheries contourner le BAPE – puisque la limite est de 4000 têtes, un promoteur a déposé trois projets à Saint-Adelphe avec 3999 animaux…

Bien sûr, le réalisme exige d’évaluer également le coût des politiques vertes. Le rapport du GIEC en parle.

Au paragraphe C.12.2, on précise que limiter le réchauffement à 2 ℃ baissera le PIB de 0,14 point de pourcentage en moyenne par année. Et c’est sans considérer les économies grâce aux catastrophes naturelles évitées. Dans la « plupart des études recensées », ne pas agir nous coûterait donc plus cher.

Ce « nous » n’est toutefois pas inclusif. Les gens fortunés ont les moyens de se prémunir. Ils en seront moins victimes tout en étant davantage responsables. Les 10 % les plus riches de l’humanité sont responsables d’environ 40 % des émissions historiques de gaz à effet de serre.

Si elles sont bien conçues, les politiques vertes peuvent les cibler. Selon les calculs du directeur parlementaire du budget, quand le prix du carbone aura triplé en 2030, le quintile le plus pauvre recevra encore un chèque supérieur au surcoût à la pompe⁠4.

Il faudrait le dire à ceux qui prétendent parler pour le monde ordinaire.

Notre attitude me fait penser à un village face à un pont-barrage sur le point de céder.

L’élu local dit : il faut être réaliste, les gens ne cesseront pas de rouler sur le pont, et même s’ils le faisaient, les automobilistes de la ville voisine vont continuer de passer par là. Il songe à créer une navette en autobus pour contourner l’obstacle tout en promettant de ne pas « polluer » la vie des automobilistes. Il distribue ensuite quelques sacs de sable en prévision de la catastrophe. De toute façon, ses électeurs habitent en haut de la colline.

Puis, tel un Moïse moderne, il se dresse contre le barrage en ordonnant aux eaux de reculer. Dans sa tête, cela fonctionne. Juste assez longtemps, du moins, pour gagner ses prochaines élections.

Du haut de leur pragmatisme, ces champions autoproclamés de la modération condamnent au fatalisme et à l’impuissance. Ils ne proposent qu’un seul rythme d’action : celui qui va à la vitesse de leurs intérêts.

Notre échec collectif vient en partie de là. Mais hélas, il vient aussi de causes plus profondes. De l’incapacité à se projeter dans l’avenir pour imaginer les conséquences de nos gestes.

C’est à la fois un manque de réalisme et d’imagination.

  1. Je remercie Alain Bourque, directeur général d’Ouranos, et Eddy Pérez, du Réseau action climat Canada, de m’avoir aidé à trouver ces exemples.

  2. Lisez le nouveau rapport du GIEC (en anglais)

  3. Lisez le rapport de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

  4. Lisez le rapport du directeur parlementaire du budget

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… et pourtant la consommation de cigarette a drastiquement baissé dans les 30 dernières années…

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J’aimerais bien avoir des statistiques, mais j’ai l’impression que ça repart vers la hausse. Les jeunes fument plus que la génération précédente.

Si tel est le cas, je ne crois pas du tout que ce soit du tout grâce à l’interdiction de publicité, mais plutôt pour des raisons de santé!

C’est pour une multitude de raison. Les mesures restrictives sur les lieux où c’est permis, la hausse des taxes à la consommation sur ces produits, l’interdiction de publiciser une activité nocive pour la santé.

Bien franchement on pourrait adopter le même genre d’approche pour les VUS. Pas de pubs, une taxe sur les véhicules gourmands, une augmentation dès stationnement réservés aux petites voitures, etc.

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On pourrait juste mettre un avertissement sur les pubs de VUS, qui sont presque toujours dans la nature: « ce paysage est menacé de disparition à cause de l’impact environnemental de ce véhicule ».

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Obliger les SUV à avoir une belle décalque à la grandeur de la photo de la bouche du cancer des paquets de cigarette, ça serait surement très efficace! Les paquets avec cette photo là ont toujours été vraiment très impopulaire.

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Enerkem récolte encore 255 millions

PHOTO FOURNIE PAR ENERKEM

Avec des partenaires, Enerkem construit sa première usine commerciale au Québec, à Varennes, qui doit produire du biocarburant à partie de matières résiduelles non recyclables et de biomasse forestière.

Enerkem a récolté 255 millions lors d’une nouvelle ronde de financement à laquelle ont participé deux nouveaux investisseurs, Repsol et le fonds Monarch Alternative Capital.

Mis à jour hier à 16h49

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Hélène Baril

Hélène Baril La Presse

Au cours des dernières années, l’entreprise qui se spécialise dans les biocarburants produits à partir de matières résiduelles a reçu près de 1 milliard en capital de risque pour ses projets encore en développement.

L’entreprise ne veut pas confirmer les mises de fonds reçues de différents investisseurs depuis le début de ses activités, il y a 20 ans.

Enerkem étant une entreprise privée, elle ne souhaite pas dévoiler l’historique des capitaux qui ont été levés au fil des années.

Une porte-parole d’Enerkem

L’entreprise a publié un communiqué mercredi pour faire part des résultats de sa plus récente levée de fonds de 255 millions. Repsol, une entreprise espagnole qui avait annoncé un partenariat avec Enerkem l’an dernier, investit 170 millions dans l’entreprise québécoise.

L’autre nouvel investisseur est Monarch Alternative Capital, une société d’investissement établie à Londres et à New York qui mise 30 millions sur la technologie développée par Enerkem.

Les nouveaux actionnaires se joignent à Suncor et aux autres actionnaires d’Enerkem, dont Avenue Capital Group, qui réinjecte 30 millions dans Enerkem.

Les autres actionnaires qui n’ont pas participé à ce nouveau financement sont, en plus de Suncor, Rho Ventures, Braemar Energy Ventures, Investissement Québec, Cycle Capital, le Fonds FTQ et Fondaction.

Dans un communiqué, Enerkem précise que certains de ces actionnaires existants, sans les nommer, ont remis 25 millions dans l’entreprise.

La participation de Repsol sera sous forme de capital (75 millions) et de dette convertible (95 millions). Repsol s’est associée à Enerkem l’an dernier pour construire une usine de transformation des déchets en méthanol à proximité de Tarragone, en Espagne. La mise en service de cette usine, d’abord prévue en 2025, est annoncée pour 2026.

La direction d’Enerkem se réjouit de l’arrivée de Repsol comme actionnaire.

Repsol est un fournisseur mondial spécialisé dans les énergies diverses qui contribuera à accélérer le déploiement de notre technologie sur de nouveaux marchés.

Dominique Boies, chef de la direction d’Enerkem, dans un communiqué

Avec des partenaires, Enerkem construit sa première usine commerciale au Québec, à Varennes, qui doit produire du biocarburant à partir de matières résiduelles non recyclables et de biomasse forestière. « Les travaux suivent leurs cours », a indiqué l’entreprise mercredi.

Recyclage Carbone Varennes est un projet de 875 millions, dans lequel les gouvernements de Québec et d’Ottawa ont accepté de contribuer à hauteur de 160 millions (Québec) et 70 millions (Ottawa). Hydro-Québec a aussi annoncé son intention de construire des installations de production d’hydrogène au coût de 200 millions pour alimenter la future usine.

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Nouveau rapport du GIEC Nos ministres de l’Environnement n’ont plus d’excuses

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec

Philippe Mercure

Philippe Mercure La Presse

Le rapport aurait pu s’intituler « Mode d’emploi pour sauver la Terre », le tout en 3675 pages bien tassées.

Publié hier à 9h00

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La brique publiée lundi par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) décrit des scénarios pour nous sortir de la crise climatique. Secteur par secteur, avec moult détails.

On peut choisir d’être découragé par l’ampleur et l’urgence des réformes à déployer. Mais il y a aussi une grande dose d’espoir dans ce document. Le GIEC nous dit qu’il est encore possible de limiter la hausse des températures du globe à 1,5 °C. Que les technologies pour le faire existent. Et que c’est économiquement viable : le coût d’agir est plus faible que le coût de l’inaction.

Le GIEC va jusqu’à nous montrer comment faire. Benoit Charette et Steven Guilbeault, respectivement ministres de l’Environnement à Québec et à Ottawa, pourraient chacun tirer des leçons du récent rapport.

Les voici.

« Yes You Can, Benoit Charette »

À Benoit Charette, le GIEC vient un peu dire : « oui, mon vieux, tu peux aller plus loin ». Le Québec n’a trouvé que la moitié des réductions nécessaires à l’atteinte de sa cible pour 2030, une réduction de 37,5 % par rapport au niveau de 1990.

Le ministre affirme qu’il est « impossible » de surpasser cet objectif. Le rapport du GIEC dément cette déclaration d’impuissance.

Comprenons-nous bien : M. Charette a raison de dire qu’il faut un plan crédible pour atteindre nos engagements actuels avant de les bonifier. Céder à la pression des groupes écologistes et relever nos cibles sans changer d’approche ne mènerait à rien.

Mais le GIEC vient quand même mettre en lumière à quel point nos ambitions sont modestes et insuffisantes par rapport à ce qu’exige la science. Il montre qu’il est parfaitement possible pour la planète de réduire ses émissions de moitié d’ici 2030, et que cela est nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Le Québec est une nation riche, qui a des moyens technologiques et qui pollue beaucoup plus que la moyenne mondiale. Elle peut et doit en faire plus, pas moins que cet effort global de 50 %.

Le problème est que le Québec croit encore pouvoir prendre le virage vers une économie sans carbone sans modifier en profondeur ses façons de faire, en troquant simplement les véhicules à essence pour des véhicules électriques.

Or, c’est plutôt en revoyant l’aménagement du territoire, en misant sur des bâtiments plus efficaces, en changeant nos comportements en transport, en alimentation et en consommation qu’on y parviendra. Les détails sont décrits sur des centaines de pages.

« Refusez Bay du Nord, M. Guilbeault »

Le ministre fédéral Steven Guilbeault, lui, se trouve dans la situation de l’indécis qui a un petit ange sur une épaule et un diable sur l’autre, chacun se disputant sa conscience. Il doit décider d’ici une semaine s’il approuve un nouveau projet pétrolier au pays : Bay du Nord, à Terre-Neuve. Pour lui, le message du GIEC est très clair : ce projet est incompatible avec l’objectif de limiter le réchauffement de la Terre.

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault

Le rapport comporte de longs passages sur les risques de « verrouillage », c’est-à-dire de construire de nouvelles infrastructures qui pollueront pour des décennies et mineront nos efforts.

On aurait d’ailleurs pu croire que le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’adressait directement à Steven Guilbeault en présentant le document, lundi.

« Les militants du climat sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux, alors que les véritables radicaux dangereux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles est, moralement et économiquement, une folie », a-t-il dit.

M. Guilbeault aura beau faire toutes les pirouettes sémantiques qu’il veut, le message est limpide et les Canadiens ne sont pas dupes.

En publiant un mode d’emploi pour limiter le réchauffement de la planète, le GIEC envoie un message fort aux politiciens. Un message qui dit : vous n’avez plus d’excuses.

[Qu’en pensez-vous? Exprimez votre opinion](mailto:debats@lapresse.ca?subject=Nos ministres de l’Environnement n’ont plus d’excuses)

En savoir plus

  • 60 %

Réduction de la consommation mondiale de pétrole d’ici 2050 si on veut limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius.

SOURCE : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (giec)

La realpolitik canadienne impose sa loi au ministre Guilbeault

PHOTO CHAD HIPOLITO, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Joël-Denis Bellavance

Joël-Denis Bellavance La Presse

(Ottawa) Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, était foncièrement contre l’idée d’approuver le projet pétrolier Bay du Nord. La plupart de ses collègues ministériels du Québec logeaient à la même enseigne.

Publié à 5h00

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Mais la majorité du cabinet a tranché. Le projet controversé, qui est piloté par la société norvégienne Equinor et qui doit permettre d’extraire jusqu’à 1 milliard de barils de pétrole sur une période de 30 ans grâce à la construction d’une plateforme flottante dans l’océan Atlantique, ira donc de l’avant.

La ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, était très favorable au projet, tout comme le ministre du Travail, Seamus O’Regan, la principale voix de Terre-Neuve-et-Labrador à la table du cabinet. Idem dans le cas du ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, qui a l’oreille de Justin Trudeau. La guerre en Ukraine a remis au premier plan toute l’importance de la sécurité énergétique, tandis que le projet pétrolier donnera un coup de pouce financier à une province au bord de la faillite. De plus, les libéraux détiennent six des sept sièges à Terre-Neuve-et-Labrador.

Résultat : la solidarité ministérielle a forcé M. Guilbeault et les autres ministres du Québec à rentrer dans le rang. La realpolitik canadienne a imposé sa loi.

D’autres options avaient été examinées, y compris celle qui aurait vu le gouvernement fédéral verser à Terre-Neuve-et-Labrador une compensation financière de plus de 3 milliards de dollars, soit l’équivalent des revenus escomptés par la province durant l’exploitation du projet pétrolier. Selon des informations obtenues par La Presse, deux ministres, Dominic LeBlanc et le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, sont allés rencontrer le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, l’hiver dernier à St. John’s, pour discuter notamment de cette option qui a finalement été écartée.

Le moment choisi pour donner le feu vert à ce projet est particulièrement embarrassant pour le ministre Guilbeault, à qui incombait la tâche ingrate de rendre une décision au nom du gouvernement Trudeau.

Le malaise crevait l’écran durant la série d’entrevues qu’a accordées l’ancien militant environnementaliste aux divers réseaux d’information.

Cette décision est tombée une semaine après le dévoilement du nouveau plan fédéral de lutte contre les changements climatiques, qui coûtera au Trésor fédéral 9 milliards de dollars. Le plan vise à réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre de 40 % sous les niveaux de 2005. Ottawa compte y arriver notamment en imposant un plafond d’émissions à l’industrie du pétrole et du gaz.

La décision est aussi tombée deux jours après la publication du dernier rapport inquiétant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui invite la planète à redoubler d’efforts pour réduire les émissions de GES afin de prévenir une catastrophe climatique.

Dans son rapport, le GIEC estime que les émissions mondiales de GES doivent absolument cesser d’augmenter au plus tard en 2025. Ensuite, il faut les réduire de moitié d’ici 2030, par rapport à leur niveau actuel, pour que la hausse de la température de la Terre n’excède pas 1,5 °C.

Enfin, la décision est tombée presque quatre ans après que le gouvernement Trudeau eut annoncé qu’il achetait le pipeline Trans Mountain de la société américaine Kinder Morgan, pour la somme de 4,5 milliards de dollars, afin de l’agrandir et d’en tripler la capacité.

En février, on a appris que les coûts d’expansion de ce pipeline avaient bondi de près de 70 % depuis son acquisition, passant de 12,6 milliards à 21,4 milliards de dollars. Cela a contraint la ministre Chrystia Freeland à annoncer que Trans Mountain Corporation, la société d’État propriétaire du pipeline, ne pourrait plus compter sur l’argent des contribuables pour financer les travaux, et qu’elle devrait obtenir un financement tiers pour parachever le projet, soit par l’intermédiaire des banques, soit par l’intermédiaire des marchés de la dette publique.

Fustigé par ses anciens alliés

Militant de longue date pour les causes environnementales avant son entrée en politique en 2019, M. Guilbeault a visiblement été contraint de prendre la décision la plus déchirante depuis son arrivée au ministère de l’Environnement, il y a six mois.

Sur les ondes de RDI, le ministre a admis que cette décision avait été « très difficile » à prendre.

« Il faut être conscient de la réalité : nous allons continuer de consommer du pétrole pendant de nombreuses décennies, même jusqu’en 2050. […] Est-ce qu’on veut consommer du pétrole qui émet 10 fois plus de gaz à effet de serre par baril que celui de Bay du Nord ? C’est le cas des sables bitumineux. »

Je ne dis pas que c’est un projet vert. Mais on doit gouverner pour l’ensemble de la population. C’est ce que nous cherchons à faire.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Ses alliés d’autrefois ont vivement condamné sa décision. « Lundi passé, le secrétaire général des Nations unies a déclaré qu’investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles était ‟immoral et une folie économique”. La seule option vraiment viable consiste à éliminer les combustibles fossiles aussi rapidement que possible tout en soutenant les communautés, les régions et les travailleurs pendant la transition », a fustigé Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.

Le Nouveau Parti démocratique, qui vient de conclure une entente parlementaire qui doit permettre au gouvernement libéral minoritaire de survivre aux quatre prochains budgets, jusqu’en 2025, a aussi sorti les griffes.

« Les libéraux donnent leur aval à un nouveau projet lié aux énergies fossiles et ils continuent de distribuer des milliards de dollars aux compagnies pétrolières et gazières. Cela montre exactement ce qui ne va pas avec ce gouvernement. Ils écoutent leurs copains du secteur pétrolier et gazier au lieu d’écouter les spécialistes du climat », a déploré la députée néo-démocrate Laurel Collins.

Le Bloc québécois est monté aux barricades mercredi. « L’approbation de Bay du Nord est une catastrophe annoncée à l’échelle planétaire », a martelé le chef bloquiste, Yves-François Blanchet.

Dans les rangs libéraux au Québec, on se rappelle encore aujourd’hui les dures attaques encaissées durant la campagne fédérale 2019 à la suite de la décision du gouvernement d’acheter l’oléoduc Trans Mountain. Depuis mercredi soir, ils redoutent les flèches acérées qui viendront inévitablement durant la prochaine bataille électorale à la suite de cette décision.

Voilà un bon exemple ou les attentes étaient très élevés envers ce gouvernement et ce ministre de l’environnement et que malheureusement, pour une deuxième fois en 4 ans, la déception est énorme. On promet beaucoup mais on livre peu, très peu.

Je préfère de loin un gouvernement avec des cibles plus modestes et qui est plus honnête avec ses concitoyens en leur disant la réalité. De façon la déception est moins grande et on peut s’organiser autrement, au niveau des villes, des entreprises, des quartiers, voir de façon individuelle.

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