Environnement et transition écologique

Un des projets de restauration les plus spectaculaires »

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Comment un ancien champ est devenu l’un des milieux humides les plus prisés du Grand Montréal

Publié à 5h00

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Éric-Pierre Champagne

Éric-Pierre Champagne La Presse

« Si vous le construisez, ils viendront. » Cette réplique célèbre du film Field of Dreams pourrait bien s’appliquer aux milieux humides, qui gagnent en popularité auprès des Québécois. C’est le cas notamment du ruisseau de Feu, au nord de la métropole, où d’anciennes terres agricoles en zone inondable sont devenues l’un des milieux humides les plus populaires du Grand Montréal.

En bordure de l’autoroute 40, à Terrebonne, les amateurs d’ornithologie se donnent régulièrement rendez-vous pour y observer différentes espèces d’oiseaux. S’ils sont chanceux, ils pourront photographier un faucon pèlerin ou un bruant à queue aiguë, deux espèces inscrites à la liste du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

« Il n’y avait rien de tout ça avant, c’étaient des champs », rappelle le biologiste André Michaud, chef de la conservation des habitats à l’organisme Canards illimités, dont la mission est la conservation et la restauration des milieux humides. Aujourd’hui, une partie du secteur est devenue un parc de conservation, inauguré en juillet 2021 par la Ville de Terrebonne.

Le site est aujourd’hui considéré par Canards illimités comme « l’un des projets de restauration les plus spectaculaires du Québec ». Un projet comme celui du ruisseau de Feu a cependant bénéficié de circonstances favorables à sa réalisation, explique André Michaud.

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« Dès les années 1980, le secteur avait été identifié comme un site d’intérêt pour un projet de restauration de milieux humides en raison de la présence à proximité de la rivière des Prairies », précise le biologiste. En 2004, le propriétaire des terrains, la famille Romano, décide de faire un don de 41 hectares à Canards illimités. André Michaud et son équipe travaillent à la création d’une quarantaine d’hectares de milieux humides, composés d’une digue de 1,6 km, d’un marais, d’un marécage et d’une passe migratoire pour poissons.

Un « coup de circuit »

Au coût de 1,2 million de dollars, les travaux sont finalisés en 2012. Le public y a accès, mais le site est surtout connu d’un cercle d’initiés au cours des premières années. En juillet 2021, la Ville de Terrebonne inaugure le secteur marais du parc de conservation du ruisseau de Feu. Des investissements de 3,6 millions ont notamment permis d’installer une passerelle en bois sur pilotis et une tour pour l’observation des oiseaux.

André Michaud considère ce projet comme un « coup de circuit ».

Photo Martin Tremblay, LA PRESSE

André Michaud, chef de la conservation des habitats à l’organisme Canards illimités

Pour moi, c’est le projet d’aménagement faunique le plus significatif que j’aie réalisé en milieu urbain. Ce qui me rend d’autant plus fier, c’est que tout ça est maintenant accessible à la population.

André Michaud, chef de la conservation des habitats à l’organisme Canards illimités

Le biologiste dit d’ailleurs avoir constaté un changement des mentalités au cours de ses 28 années de carrière comme biologiste à Canards illimités. Selon lui, le public est de plus en plus conscient de l’importance des milieux naturels, dont les milieux humides. Un changement qui s’est accéléré avec la pandémie. « À cause de la COVID-19 et des mesures de restriction, les gens se sont vraiment approprié la nature », affirme-t-il.

Le ruisseau de Feu est l’un des sites les plus prisés des ornithologues amateurs dans la couronne nord de Montréal, confirme le directeur général du Regroupement Québec Oiseaux, Jean-Sébastien Guénette. « C’est un très bon site, surtout que des milieux humides, il n’y en a pas tant que ça dans la région de Montréal. » Environ 200 espèces d’oiseaux ont été identifiés sur le site, ajoute-t-il.

De plus en plus appréciés

Selon une étude récente dirigée par le professeur Jérôme Dupras, de la Chaire de recherche en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais, 83 % des Québécois se disent préoccupés par la perte de milieux humides et 84 % estiment que le gouvernement du Québec devrait en faire plus pour les protéger. De plus, les Québécois se disent prêts à faire un don annuel moyen de 42,55 $ pour financer des initiatives de restauration et de création de milieux humides, conclut l’étude.

Parmi les activités que les Québécois disent privilégier dans les secteurs abritant des milieux humides, la randonnée (81 %) figure au premier rang, suivie du ressourcement (53 %) et de l’observation d’oiseaux (37 %), signale aussi l’étude intitulée La valeur des milieux humides pour les Québécois.

Canards illimités lance une campagne de financement

Les constats de l’étude du professeur Jérôme Dupras sur les milieux humides ont piqué la curiosité de Sébastien Rioux, directeur des opérations provinciales à Canards illimités. L’organisme a décidé de prendre la balle au bond et de lancer une campagne de sollicitation auprès du public. « On demande en quelque sorte aux Québécois de passer de la parole aux actes après la publication de cette étude, qui concluait que le public était prêt à débourser 280 millions de dollars pour des projets de création ou de restauration de milieux humides. »

Consultez le site de Canards illimités

En savoir plus

  • 85 %

Proportion des milieux humides qui ont déjà été détruits dans la région de Montréal. À l’échelle de la province, cette proportion est estimée entre 40 et 80 %.

SOURCE : Rapport Analyse de la situation des milieux humides au Québec

49,85 $

Somme moyenne que la population de la région de Montréal serait prête à dépenser pour protéger ou restaurer des milieux humides.

SOURCE : Étude La valeur des milieux humides pour les Québécois

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Site d’enfouissement de Saint-Nicéphore La Cour annule le décret de Québec, Drummondville crie victoire

Photo Olivier PontBriand, archives LA PRESSE

L’été dernier, Québec avait annoncé son intention de décréter la création d’une zone d’intervention spéciale (ZIS) afin de permettre la poursuite de l’exploitation du lieu d’enfouissement de Saint-Nicéphore.

Drummondville crie « victoire », mais appelle à une « discussion nationale » sur l’avenir de la gestion des matières résiduelles au lendemain d’un important jugement de la Cour supérieure qui a annulé le décret du gouvernement du Québec autorisant l’agrandissement du lieu d’enfouissement technique (LET) de Saint-Nicéphore.

Publié à 12h09

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Henri Ouellette-Vézina

Henri Ouellette-Vézina La Presse

« Cette décision est peut-être une victoire juridique pour la Ville, mais ce n’est pas encore une victoire environnementale en lien avec la gestion de matières résiduelles. Nous sommes devant un grand défi de société », a prévenu la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, mercredi en point de presse.

L’été dernier, Québec avait annoncé son intention de décréter la création d’une zone d’intervention spéciale (ZIS) afin de permettre la poursuite de l’exploitation du lieu d’enfouissement de Saint-Nicéphore.

On plaidait alors au gouvernement qu’il fallait éviter que des enjeux d’hygiène et de salubrité publique affectent tout le sud du Québec, les possibilités de détourner vers d’autres lieux les matières résiduelles éliminées à ce site – qui approche la pleine capacité – étant très limitées, voire inexistantes. Peu après, Drummondville avait annoncé qu’elle songeait à attaquer Québec en cour, jugeant la décision « inconcevable » dans le contexte où la population a déjà rejeté le projet d’agrandissement par référendum.

Dans sa décision rendue mardi, la juge Katheryne A. Desfossés donne raison à la Ville, en tranchant que la décision du gouvernement d’adopter ce décret est « déraisonnable » et que celui-ci est donc « invalide ». Elle reproche aussi à Québec de n’avoir pas subdivisé les lots requis pour la création d’une ZIS, pour la seule et unique raison que le ministère de l’Environnement aurait « manqué de temps ».

« La juge nous donne raison sur le fait que le gouvernement n’a pas suivi ses propres règles de sa Loi sur l’aménagement et l’urbanisme lorsqu’il a décrété la zone d’intervention spéciale. Le périmètre retenu pour la ZIS est bien trop grand et l’absence d’une durée d’application montre qu’il est futile de vouloir agir en urgence sur du long terme », a encore fustigé la mairesse Lacoste. Elle y voit d’ailleurs une « autre victoire » pour l’autonomie des municipalités québécoises.

Cela dit, Mme Lacoste reconnaît qu’il faudra « trouver des solutions de remplacement » pour gérer les matières résiduelles, au moment où plusieurs centres d’enfouissement atteignent la limite de leur capacité. « Il devient essentiel que nous entamions une discussion nationale à ce sujet », a-t-elle réclamé, en invitant ses collègues du municipal et du gouvernement à « réfléchir sur la question ». « Ce n’est pas avec des poursuites, des décrets ou des lois spéciales que nous relèverons le défi de gestion des matières résiduelles au Québec, mais plutôt en se parlant, en discutant ensemble », a-t-elle insisté.

Québec « en analyse », Waste Mangement prudent

Joint par La Presse, le cabinet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, a dit « prendre acte » du jugement rendu par la Cour, qui « suspend la ZIS ». « Nous analysons les suites à donner à ce jugement », s’est limitée à dire l’attachée de presse du ministre, Rosalie Tremblay-Cloutier.

« La décision d’imposer une ZIS pour permettre l’agrandissement du LET de Saint-Nicéphore ne s’est pas prise à la légère. Le but était d’éviter une crise sanitaire inévitable en cas d’interruption de service », a-t-elle toutefois rappelé.

Dans l’immédiat, Waste Management, la multinationale qui administre le site d’enfouissement de Saint-Nicéphore, pourra néanmoins poursuivre ses activités jusqu’en octobre 2022. « On va continuer nos opérations jusque là. Maintenant, pour la suite, le gouvernement a 120 jours pour respecter ou non le jugement. On va voir ce qui va advenir de tout ça. L’encre du jugement est à peine sèche. On a encore besoin de raffiner notre compréhension », a-t-il évoqué.

« La crise sanitaire qui se pointe à l’horizon, elle persiste encore. On est au bord du gouffre collectivement. Si jamais le site devait fermer, il y aura un problème majeur qui attend les Québécois », a aussi fait valoir M. Dussault. Ce dernier rappelle d’ailleurs que « la juge reconnait que le gouvernement pouvait procéder à la création de la ZIS », mais lui ordonne de mieux « la baliser ».

Si la zone d’intervention spéciale venait à voir le jour, Waste Management pourrait y enfouir jusqu’à 430 000 tonnes de matières résiduelles par année pour une durée maximale de 10 ans.

Mine de charbon en Russie Une énorme fuite de méthane découverte par des satellites montréalais

Photo VIKTOR DRACHEV, archives Agence France-Presse

La mine de Raspadskaya est la plus importante de Russie.

La fuite de méthane la plus importante jamais enregistrée a été observée dans une mine de charbon russe par les satellites d’une entreprise montréalaise. La découverte confirme que le monde entier reprend goût au charbon, ce qui cause une hausse des émissions de gaz naturel dans les mines.

Publié à 5h00

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Mathieu Perreault

Mathieu Perreault La Presse

La plus grande mine du pays

Située dans le centre du pays, près de la Mongolie et du Kazakhstan, la mine de Raspadskaya est la plus importante de Russie. Jusqu’en cette année, les satellites de la firme montréalaise GHGSat n’y détectaient pas de fuite de méthane. « Ça veut dire que les émissions étaient inférieures au seuil de détection, 5 kg par heure », explique Stéphane Germain, PDG et fondateur de GHGSat. « Nous avons observé une énorme augmentation en janvier, jusqu’à 90 tonnes par heure (t/h). Par la suite, ça a baissé et fluctué. Nous avons continué à surveiller la situation pour voir si c’était bel et bien le signe de fuites durables. C’est bien le cas. Nous avons essayé de contacter l’opérateur de la mine, sans succès. Alors nous avons décidé de publier l’information, avec l’espoir que l’opérateur de la mine prendrait conscience des fuites. » Par rapport au pic de 90 t/h en janvier, les émissions de la mine de Raspadskaya ont parfois baissé à 30 t/h.

photo fournie par GHGSat

Émissions de méthane observées et mesurées à la mine de Raspadskaya, en Russie

La popularité du charbon

Les fuites de méthane accompagnent souvent les augmentations de production dans les mines de charbon. « Depuis l’invasion de l’Ukraine et l’impact sur le prix du méthane, il y a eu beaucoup plus de demande pour le charbon et son prix a grimpé, dit M. Germain. On a vu davantage de fuites de méthane dans les mines de charbon aux États-Unis, en Australie, en Inde et en Chine. Et évidemment en Russie. » La quantité de méthane qui s’échappe d’un nouveau filon de charbon dépend de la géologie et du type de charbon, selon M. Germain.

Photo Alain Roberge, archives LA PRESSE

Stéphane Germain, président de GHGSat

12 satellites

Fondée en 2011, GHGSat compte six satellites capables de détecter les émissions de méthane. D’ici la fin de 2023, six autres satellites seront envoyés en orbite, ce qui permettra de surveiller chaque parcelle de la Terre au moins deux fois par mois, et plus souvent s’il n’y a pas de nuages. Les clients de GHGSat sont entre autres les organismes qui calculent les émissions de gaz à effet de serre de chaque pays. Les entreprises désireuses de limiter leurs fuites de méthane, par exemple de gazoducs, peuvent aussi bénéficier des données de GHGSat. « Les observations satellites à haute résolution comme celles de GHGSat permettent enfin de surveiller les émissions d’infrastructures spécifiques », estime Daniel Horen Greenford, spécialiste des fuites de méthane à l’Université Concordia. « La communauté scientifique soupçonnait depuis longtemps que des fuites ponctuelles importantes sont responsables d’émissions beaucoup plus grandes que ce que rapporte l’industrie des hydrocarbures. »

Capter le méthane

Il est possible de capter le méthane qui s’échappe des mines de charbon. Mais cela exige des investissements importants. « Jusqu’à l’an dernier, dans les pays riches, on se préparait à la fin du charbon, dit M. Germain. Aux États-Unis, beaucoup de producteurs de charbon frôlaient la faillite. Alors ils n’avaient pas les moyens d’investir dans le captage du méthane. Mais c’est très possible de le faire, et si les prix du charbon se maintiennent, ça va être fait, surtout avec le prix élevé du méthane actuellement. »

L’a b c du gaz naturel

Le méthane (CH4) est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le CO2 émis par la combustion du méthane ou de l’essence des voitures, mais il reste beaucoup moins longtemps que le CO2 dans l’atmosphère. Sur 100 ans, chaque gramme de méthane est donc un gaz à effet de serre « seulement » 30 fois plus puissant que le CO2. Le méthane est aussi appelé « gaz naturel ».

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  • 200 millions

Les émissions industrielles mondiales de méthane équivalent aux émissions de CO2 de 200 millions de voitures.

SOURCE : Science

Environnement

La qualité de l’air toujours meilleure qu’avant la pandémie à Montréal

Photo: Métro

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Coralie Hodgson

16 juin 2022 à 5h00 - Mis à jour 16 juin 2022 à 7h13 4 minutes de lecture

Même si la qualité de l’air de Montréal s’est légèrement détériorée en 2021 par rapport à l’année précédente, elle demeure toutefois meilleure qu’en période prépandémique, de 2016 à 2019.

Le Réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA) de la Ville de Montréal, dont le rapport 2021 a été déposé au conseil municipal le 13 juin, a enregistré 27 jours de mauvaise qualité de l’air l’an dernier.

Il s’agit de six jours supplémentaires de mauvaise qualité de l’air par rapport à la première année pandémique, en 2020.

Les résultats de 2021 restent toutefois meilleurs que ceux obtenus entre 2016 et 2019, où le nombre de mauvais jours se situait entre 29 et 43.

«C’est sûr que la signature confinement, ça change la donne en 2020, même en 2021. On a moins de gens sur la route, plus de gens qui font du télétravail. Il fallait s’attendre à un retour du balancier dès qu’on sort du confinement, et ça commence à se préciser», soutient André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

Pour le directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), Emmanuel Rondia, ce bilan est «quand même encourageant par rapport aux seuils qu’on avait dans les années prépandémie».

Il faudra selon lui attendre de voir le bilan de l’année 2022 «pour voir c’est quoi la tendance».

La qualité de l’air plus basse dans l’Est

L’indice de la qualité de l’air par station d’échantillonnage du rapport du RSQA démontre par ailleurs que la qualité de l’air dans l’extrémité est de Montréal était moins bonne que sur la majorité du territoire de l’île.

La station Saint-Jean-Baptiste, située à Pointe-aux-Trembles, près d’«industries de l’est de Montréal», a recensé dix jours de mauvaise qualité de l’air en 2021.

Celle de Rivière-des-Prairies en a quant à elle enregistré neuf, un résultat qui serait notamment influencé par le chauffage au bois durant l’hiver, selon le rapport.

Les autres stations de l’île enregistrent entre deux et sept jours de mauvaise qualité de l’air, à l’exception de celle de l’échangeur Décarie, où ce nombre s’élève à 18.

«Il y a des mesures qui sont prises et il y a des améliorations au niveau des industries, c’est encourageant. Mais on voit qu’il y a encore des enjeux au niveau de l’Est», soutient M. Rondia.

Place à l’amélioration

Le directeur général du CRÉ-Montréal croit que la part des journées où la qualité de l’air est jugée «acceptable» dans la métropole reste importante, ce qui démontre «qu’on peut bonifier les actions pour améliorer la qualité de l’air».

«Ce qui est un peu transversal dans le rapport, c’est qu’il y a encore des enjeux liés au chauffage au bois, entre autres à Rivière-des-Prairies. Et ce, malgré le fait que la Ville ait adopté un règlement qui interdit l’usage de foyers qui ne respectent pas les normes de rejet.»

Le rapport démontre aussi que la congestion routière et les déplacements routiers ont un impact important sur la qualité de l’air, soutient M. Rondia.

«Le réchauffement de la planète (…) envenime les conditions atmosphériques, faisant que la pollution atmosphérique est concentrée. Il y a des synergies qu’il faut comprendre entre les problématiques; le smog, les pluies acides, le réchauffement planétaire, c’est tout lié, d’abord aux combustibles fossiles et au transport», renchérit M. Bélisle.

«Tant qu’on ne s’attaquera pas de façon déterminée pour éliminer les combustibles fossiles, leur production et consommation, ces problèmes vont perdurer», ajoute-t-il.

La qualité de l’air meilleure durant le couvre-feu

Les auteurs du rapport du RSQA démontrent qu’il y a eu une amélioration de la qualité de l’air durant les heures du couvre-feu imposé par le gouvernement du Québec, entre le 9 janvier et le 28 mai 2021, en comparaison avec les données pour la même période et aux mêmes heures, entre 2015-2019 et 2020.

«La baisse des activités anthropiques et surtout les déplacements restreints» expliqueraient la baisse de particules fines dans l’air.

Le gouvernement du Québec et la CMM annoncent l’entrée en vigueur du RCI sur les milieux naturels

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Un projet de production de gaz naturel verra le jour à Sainte-Sophie

Photo patrick sanfaçon, archives la presse

L’objectif du projet sera de convertir les biogaz issus de la décomposition des matières résiduelles du lieu d’enfouissement de Sainte-Sophie en gaz naturel, qui sera ensuite acheté puis distribué dans le réseau d’Énergir.

(Sainte-Sophie) Énergir et WM Québec ont conclu une entente en vue de créer un nouveau complexe de production et de distribution de gaz naturel renouvelable (GNR) à partir de la décomposition des matières résiduelles, qui verra le jour à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, en 2025.

Mis à jour hier à 14h56

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

Les deux entreprises ont annoncé jeudi le projet de 200 millions en présence d’élus régionaux et du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

Le projet permettra la conversion des biogaz issus de la décomposition des matières résiduelles du lieu d’enfouissement de Sainte-Sophie en gaz naturel, qui sera ensuite acheté puis distribué dans le réseau d’Énergir. Le projet est soumis à l’obtention de différentes autorisations.

« On va aspirer les biogaz et, par la suite, on va convertir le biogaz en gaz naturel renouvelable », explique le directeur de l’ingénierie pour WM, Ghislain Lacombe. « On passe à un biogaz d’à peu près 50 % de méthane en concentration et on va injecter le gaz naturel renouvelable à 100 %, environ, de méthane. »

Le projet permettra de valoriser jusqu’à 50 000 tonnes de matières organiques et d’injecter jusqu’à 80 millions de mètres cubes de GNR dans le réseau d’Énergir, ce qui serait suffisant pour alimenter 55 000 foyers.

Un projet nécessaire, selon un expert

Il est « impératif » de développer ce genre de projet tandis que nos déchets sont mal gérés au Québec, croit le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau. En 2018, le secteur des déchets représentait 5,1 % des émissions en gaz à effet de serre, selon le plus récent inventaire publié par le gouvernement du Québec.

« On a besoin d’énergie renouvelable électrique et sous forme gazeuse », explique le professeur en entrevue téléphonique après l’annonce. « On a un problème au Québec de traitement des matières organiques et des sites d’enfouissement. On sait que les sites d’enfouissement ne cessent de croître et qu’on n’arrive pas à contenir leur taille. »

La production de GNR permet de réduire l’empreinte environnementale des sites d’enfouissement, selon lui.

Photo Marco Campanozzi, archives LA PRESSE

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Quand c’est enfoui, ça émet du méthane. S’il n’est pas récupéré, ce gaz est 25 fois plus dommageable que le CO2. Quand on valorise les matières organiques, on élimine la possibilité qu’il y ait du méthane émis dans l’atmosphère sous forme de biogaz non contrôlé.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Quand le méthane est brûlé, celui-ci devient du CO2, qui est moins dommageable. Comme le CO2 émis par le GNR provient de source organique (plantes et animaux), il est considéré comme carboneutre.

WM estime que l’utilisation du GNR permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 140 000 tonnes équivalentes de CO2 par année, ce qui correspond au retrait de la circulation d’environ 55 000 voitures à essence.

WM contribuera au montage financier à hauteur de 150 millions. Le montant de la participation du gouvernement du Québec n’a pas encore été déterminé, a précisé Benoit Charette en conférence de presse.

Québec a déjà annoncé une enveloppe de 1,2 milliard afin de faciliter la valorisation des déchets. Des sommes de 325 millions ont déjà été accordées à 26 projets, en excluant l’annonce de jeudi.

Il s’agit d’un projet important pour la ville de Sainte-Sophie, qui compte « un peu plus » de 18 000 habitants, souligne le maire, Guy Lamothe. « Quand les gens de WM m’ont dit le montant qu’ils voulaient investir, je les ai fait répéter trois fois parce que je n’étais pas sûr », a-t-il lancé à la blague.

Le projet permettra à Énergir d’atteindre 20 % de son objectif que 5 % du gaz distribué dans son réseau soit du GNR d’ici 2025. La cible passera à 10 % en 2030.

Le projet de Saint-Sophie constitue un pas « très significatif » vers l’atteinte des objectifs d’Énergir, a dit son président et chef de la direction, Éric Lachance, en marge de l’évènement. « Il pourrait y avoir d’autres projets de cette ampleur, entre autres dans le milieu agricole, mais c’est une combinaison de projets de différentes tailles [qui va nous permettre d’atteindre nos cibles]. »

Principal ingrédient du Roundup La Cour rejette une conclusion selon laquelle le glyphosate est sans risque pour la santé

Photo Mike Blake, archives REUTERS

Le glyphosate est l’ingrédient actif du Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde. Le géant pharmaceutique Bayer, qui a acquis le producteur original de l’herbicide Monsanto en 2018, fait face à des milliers de réclamations de personnes qui affirment que l’exposition au Roundup a causé leur cancer.

(Washington) Une cour d’appel fédérale a rejeté vendredi une conclusion de l’administration Trump selon laquelle l’ingrédient actif du désherbant Roundup ne pose pas de risque grave pour la santé et n’est « pas susceptible » de provoquer de cancer chez les humains.

Publié le 18 juin

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Matthew Daly Associated Press

La Cour d’appel du 9e circuit des États-Unis, basée en Californie, a ordonné à l’Agence de protection de l’environnement de réexaminer sa conclusion de 2020 selon laquelle le glyphosate ne présentait aucun risque pour la santé des personnes qui y étaient exposées, par quelque moyen que ce soit, tels que dans la cour, les fermes, les bords de route ou sous forme de résidus laissés sur les récoltes.

Le glyphosate est l’ingrédient actif du Roundup, l’herbicide le plus utilisé au monde. Le géant pharmaceutique Bayer, qui a acquis le producteur original de l’herbicide Monsanto en 2018, fait face à des milliers de réclamations de personnes qui affirment que l’exposition au Roundup a causé leur cancer.

Roundup demeure disponible à la vente. Selon un porte-parole de l’agence, les responsables de l’EPA examinent la décision de 54 pages « et décideront des prochaines étapes ». La Cour suprême envisage également d’entendre un appel de Bayer qui pourrait mettre fin à des milliers de poursuites pour cancer.

Au nom d’un panel unanime de trois juges, la juge Michelle Friedland a déclaré que la conclusion de l’EPA sur l’absence de risque pour la santé humaine « n’était pas soutenue par des preuves substantielles ». Elle a également statué que l’EPA n’a pas respecté ses obligations au titre de la loi sur les espèces menacées d’extinction en examinant de manière inadéquate l’impact du glyphosate sur les espèces animales et la végétation.

Les critiques juridiques ont affirmé que l’EPA « a esquivé ses obligations en vertu de la loi sur les espèces en voie de disparition. Nous sommes d’accord et renvoyons l’agence pour un examen plus approfondi », a écrit la juge Friedland, une candidate de l’ancien président Barack Obama.

Le Center for Food Safety, l’un des groupes qui ont contesté la décision, a qualifié la décision de vendredi de « victoire historique pour les travailleurs agricoles et l’environnement ».

La décision « donne la parole à ceux qui souffrent du cancer du glyphosate », a déclaré Amy van Saun, avocate principale du centre.

« La conclusion de l’EPA sur le risque de “pas de cancer” n’a pas résisté à un examen approfondi, a-t-elle indiqué. Le tribunal a convenu que l’EPA devait garantir la sécurité des espèces en voie de disparition avant de donner son feu vert au glyphosate. »

Alors que l’EPA a affirmé qu’elle n’avait trouvé aucune preuve de risque de cancer lié au glyphosate, la Californie et d’autres États l’ont répertorié comme un risque de cancer et les gouvernements locaux à travers le pays ont restreint son utilisation.

Le glyphosate n’est pas interdit au Canada, mais certaines villes telles que Laval et Montréal l’ont interdit sur leur territoire.

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le produit chimique comme « probablement cancérigène ».

Bayer a annoncé l’année dernière qu’il retirait le glyphosate du marché américain des pelouses et jardins résidentiels, à compter de 2023.

Bayer a déclaré dans un communiqué vendredi soir que la conclusion de l’EPA pour 2020 « était basée sur une évaluation rigoureuse des données scientifiques couvrant plus de 40 ans ». L’entreprise estime que l’EPA « continuera à conclure, comme elle et d’autres organismes l’ont toujours fait depuis plus de quatre décennies, que les herbicides à base de glyphosate peuvent être utilisés en toute sécurité et ne sont pas cancérigènes », indique le communiqué.

L’année dernière, Bayer a mis de côté 4,5 milliards de dollars pour faire face aux allégations selon lesquelles le glyphosate causerait un lymphome non hodgkinien, un type de cancer. La société avait auparavant enregistré des pertes de près de 10 milliards de dollars pour les précédentes séries de litiges.

« L’incapacité de l’EPA à agir sur la science, tel que détaillé dans le litige, a des conséquences néfastes sur la santé des travailleurs agricoles, du public et des écosystèmes dans le monde réel », a affirmé Jay Feldman, directeur exécutif de Beyond Pesticides, un plaignant dans l’affaire. « En raison de ce procès, l’obstruction de l’agence au processus de réglementation ne sera pas autorisée. »

Milieux urbains Faire des pelouses un « filet de biodiversité »

Photo Marco Campanozzi, LA PRESSE

De l’achillée millefeuille dans le gazon d’un terrain municipal de la Ville de Valleyfield

Les espaces gazonnés qui abondent en banlieue pourraient être de riches « filets de biodiversité » s’ils étaient un peu plus diversifiés. Salaberry-de-Valleyfield tente de changer « les codes de la pelouse » et mobilise les enfants pour former une escouade de semeurs.

Publié à 6h00

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Sans pollinisateurs, il n’y aurait pas de Nutella.

Les enfants ont tout de suite compris, avec cette illustration concrète de Magali Joube, l’importance de la biodiversité, sans laquelle le cacao qui entre dans la fabrication de la célèbre tartinade n’existerait pas.

La classe de troisième année de « monsieur Sébastien », à l’école Sainte-Agnès, assistait à la présentation de la conseillère en communication de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield, par un matin pluvieux de juin.

« À quoi sert la biodiversité ? », leur a-t-elle demandé.

« À rendre la nature plus forte », a résumé la petite Alice, 8 ans.

Photo Marco Campanozzi, LA PRESSE

Magali Joube, conseillère en communication à la Ville de Salaberry-de-Valleyfield, anime des ateliers et distribue des semences de plantes indigènes dans les écoles pour accroître la biodiversité dans la ville.

Mais cette force vient, comme son nom l’indique, de la variété des espèces, qui est parfois pauvre dans les milieux urbains.

Pour y remédier, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield veut enrichir l’espace vert le plus commun en banlieue : la pelouse.

Et pour y parvenir, elle met les enfants à contribution, en animant dans les écoles des ateliers et en y distribuant un mélange de semences de trèfle, de lotier et d’achillée millefeuille, des plantes indigènes.

« Si vos parents sont d’accord, vous allez pouvoir ensemencer votre terrain », leur a-t-elle annoncé.

Cercle vertueux

Salaberry-de-Valleyfield souhaite ainsi créer un « filet de biodiversité », des espaces contigus qui ont une forte valeur écosystémique.

Car la tourbe (le gazon précultivé) qui est déroulée massivement en zone urbaine est généralement faible en biodiversité, explique Magali Joube.

« C’est une monoculture », plus précisément de pâturin du Kentucky (Kentucky Bluegrass), le véritable nom de l’immaculé gazon.

Le trèfle, le lotier et l’achillée millefeuille qu’on y ajoute apporteront quelques fleurs qu’apprécieront les pollinisateurs et fixeront l’azote pour enrichir le sol.

« Il y a tellement de potentiel, tous les terrains privés peuvent avoir une forte valeur écosystémique », s’enthousiasme Magali Joube, qui précise que la tonte du gazon peut être maintenue, espacée ou abandonnée, selon le souhait de chacun – et si la réglementation municipale le permet !

L’augmentation de la diversité végétale a un impact sur la diversité et le volume d’insectes et de la faune, dit-elle.

C’est un cercle vertueux.

Magali Joube

L’idée de ce projet, baptisé « Semer la biodiversité », est née du constat que les conférences sur le sujet attiraient un public déjà intéressé par ces questions.

« On prêchait à des convertis, il faut s’adresser à un public plus large », déclare Magali Joube à La Presse, après sa présentation.

« Les enfants ont une curiosité naturelle, et ce sont de futurs citoyens, dit-elle. On les rend acteurs. »

Photo Marco Campanozzi, LA PRESSE

Magali Joube remet des semences de trèfle, de lotier et d’achillée millefeuille à Alice Arseneau, sous l’œil de son enseignant Sébastien Daoust-Charest.

Montrer la voie

Une quarantaine de classes de trois écoles primaires des dix que compte Salaberry-de-Valleyfield ont été visitées en cette première année du projet « Semer la biodiversité ».

Mais diversifier son gazon est moins simple qu’il n’y paraît, car les semences de plantes indigènes sont difficiles à trouver ; la Ville a dû faire fabriquer par une entreprise spécialisée le mélange qu’elle distribue.

« Les gens en demandent, mais c’est difficile à trouver », dit Magali Joube, qui explique que la Ville veut peser de tout son poids pour « être un leader » afin d’inciter l’industrie à bonifier son offre.

La démarche ne n’arrête d’ailleurs pas au gazon ; Salaberry-de-Valleyfield utilise désormais les plantes indigènes dans ses aménagements paysagers.

« La vertu des aménagements indigènes, c’est qu’à maturité, ils sont autonomes », ce qui se traduit par des économies, souligne-t-elle.

Plus les gens en demanderont, plus les villes en commanderont, plus l’industrie en offrira, souhaite-t-elle.

« Acheter, c’est voter », rappelle Magali Joube, qui souligne que Salaberry-de-Valleyfield partage le matériel de son projet sur son site internet pour qui voudrait s’en servir.

Consultez la documentation de la Ville de Salaberry-de-Valleyfield

En savoir plus

  • 8,7 millions

Nombre d’espèces vivantes sur terre, selon une étude réputée

source : Census of Marine Life

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Annonce du ministre Guilbeault ce matin sur les plastiques à usage unique

Le gouvernement du Canada concrétise son engagement d’interdire les plastiques à usage unique néfastes

De : Environnement et Changement climatique Canada

Communiqué de presse

Le 20 juin 2022 – Québec (Québec)

Personne ne veut voir des déchets de plastique dans le parc de son quartier ou sur les sentiers de randonnée de sa région, ni sur les littoraux où les enfants s’amusent. Voilà pourquoi le gouvernement du Canada a mis de l’avant un plan exhaustif pour interdire les plastiques à usage unique néfastes et faire en sorte qu’ils ne se retrouvent pas dans l’environnement. Après avoir collaboré avec les Canadiens et les intervenants afin de concevoir l’interdiction, le gouvernement franchit aujourd’hui la dernière étape en vue de respecter cet engagement.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, l’honorable Steven Guilbeault, et le ministre de la Santé, l’honorable Jean-Yves Duclos, ont publié aujourd’hui la version définitive du règlement visant à interdire certains plastiques à usage unique, notamment :

  • les sacs d’emplettes;
  • les ustensiles;
  • les récipients alimentaires fabriqués entièrement ou en partie de plastiques problématiques difficiles à recycler;
  • les anneaux des emballages de boissons;
  • les bâtonnets à mélanger;
  • les pailles (sauf certaines exceptions).

L’interdiction visant la fabrication ou l’importation de ces plastiques à usage unique néfastes entrera en vigueur en décembre 2022 et elle prévoit quelques exceptions ciblées pour tenir compte de certains cas particuliers. Afin de laisser suffisamment de temps aux entreprises canadiennes pour réaliser la transition et écouler les stocks en leur possession, la vente de ces articles sera interdite à compter de décembre 2023. Le gouvernement interdira également l’exportation de ces six catégories d’articles en plastique d’ici la fin de 2025, ce qui fera du Canada le premier État parmi les pays comparables à se doter d’une telle réglementation à l’échelle internationale.

Au cours de la prochaine décennie, cette interdiction avant-gardiste visant les plastiques à usage unique néfastes permettra d’éliminer, selon les estimations, plus de 1,3 million de tonnes de déchets de plastique difficiles à recycler et plus de 22 000 tonnes de pollution plastique, soit l’équivalent de plus d’un million de sacs à ordures remplis de détritus.

Le Canada demeure résolu à respecter ses engagements visant à être un chef de file et à prendre des mesures ambitieuses pour réduire la pollution plastique, protéger la biodiversité et faire la promotion d’un environnement sain, ici au pays et partout dans le monde.

Cette mesure est une importante contribution au plan exhaustif du Canada déjà en cours pour réduire les déchets de plastique et la pollution. Elle place le Canada parmi les chefs de file du monde dans la lutte contre la pollution plastique et aidera la concrétisation des engagements pris au titre de la Charte sur les plastiques dans les océans et l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Citations

« Nous avons promis aux Canadiens que nous instaurerions une interdiction visant les plastiques à usage unique. Voilà exactement ce que nous faisons aujourd’hui. D’ici la fin de l’année, il sera interdit de fabriquer ou d’importer ces plastiques néfastes. Par la suite, les entreprises commenceront à offrir les solutions durables réclamées par les Canadiens, que ce soit les pailles de papier ou les sacs réutilisables. Grâce à ce nouveau règlement, nous franchissons une étape historique afin de réduire la pollution plastique et de garder propres les collectivités et les endroits qui nous sont chers. »

– L’honorable Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

« Nous tâchons de protéger la santé des personnes qui vivent au Canada, tout en améliorant la qualité de notre environnement. Nous savons que la pollution plastique peut se retrouver dans l’air extérieur, les aliments et l’eau potable, et par conséquent, en nous attaquant à ce problème, nous produisons des résultats positifs pour la santé de tous les Canadiens. Ce nouveau règlement constitue un tournant pour le Canada. Nous prenons des mesures ambitieuses pour protéger l’environnement et créer des collectivités plus propres et plus saines dans l’ensemble du pays. »

– L’honorable Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé

Faits en bref

  • Au Canada, jusqu’à 15 milliards de sacs d’emplettes en plastique sont utilisés chaque année, et environ 16 millions de pailles sont utilisées chaque jour. Les plastiques à usage unique de ce type constituent la majorité des déchets de plastique qui se retrouve sur les littoraux partout au Canada.
  • La vente de pailles flexibles en plastique à usage unique sera restreinte à compter de décembre 2023. Des exceptions sont prévues dans le cadre de l’interdiction, les personnes au Canada qui ont besoin de ces pailles pour des raisons médicales ou d’accessibilité pourront s’en procurer. Par exemple, il sera possible de s’en procurer pour une utilisation à la maison, dans des contextes sociaux et dans des milieux médicaux, comme à l’hôpital et dans des établissements de soin de longue durée. Tous les autres types de pailles de plastique à usage unique seront interdits.
  • Les interdictions visant la fabrication et l’importation des anneaux pour l’emballage de boissons et des pailles flexibles emballées avec les récipients de boissons (p. ex. les boîtes de jus) entreront en vigueur en juin 2023, et l’interdiction visant la vente de ces articles entrera en vigueur en juin 2024. Ces périodes de transition tiennent compte de la complexité de restructurer les chaînes de production de ces produits.
  • Le gouvernement a également publié deux documents d’orientation : un premier pour permettre aux entreprises de s’adapter en fonction du règlement, et un autre pour aider les entreprises et les particuliers au Canada à choisir des options plus durables pour remplacer les plastiques à usage unique.
  • Publié le 7 octobre 2020, le rapport intitulé Évaluation scientifique de la pollution plastique a contribué à éclairer l’élaboration de politiques et les mesures prises par le Canada et à orienter la recherche sur la pollution plastique au Canada.
  • Une version préliminaire du règlement a été publiée le 25 décembre 2021 dans la Partie I de la Gazette du Canada pour une période de commentaires de 70 jours. La rétroaction reçue a été prise en considération dans le règlement définitif annoncé aujourd’hui.
  • La transition vers une économie circulaire améliorée concernant les plastiques pourrait réduire les émissions de carbone de 1,8 mégatonne par année, produire des revenus de plusieurs milliards de dollars et créer environ 42 000 emplois d’ici 2030.
  • Au début de l’été, le gouvernement entamera des consultations sur les options d’approches pour la création d’un registre public fédéral sur les plastiques et l’élaboration de règles d’étiquetage qui empêcheraient l’utilisation du symbole des trois flèches courbées formant un triangle sur les articles de plastiques, sauf si au moins 80 p. 100 des usines de recyclage au Canada les acceptent et ont des marchés finaux fiables. Ce document présentera également aux fins de commentaires une proposition sur la façon d’étiqueter des articles en plastique et d’indiquer s’ils sont compostables.
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Environnement

Des changements structurants proposés au Rendez-vous des collectivités viables

Une cycliste à Montréal. Photo: Istock/Marc Bruxelle

Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

22 juin 2022 à 11h33 - Mis à jour 22 juin 2022 à 13h14 5 minutes de lecture

Les villes du Québec devront mettre les bouchées doubles et imposer des «changements structurants» pour s’attaquer aux changements climatiques, selon divers experts qui participent aujourd’hui à la 6e édition du Rendez-vous collectivités viables.

Métro a interviewé divers participants à l’événement pour connaître les solutions qu’ils proposent. Le menu est imposant. Des pistes d’actions pour les transitions des villes en matière d’habitation et de transport seront notamment mises de l’avant par un groupe d’experts.

«Les changements doivent être fondamentaux. On ne parle plus seulement de faire un petit effort, mais une transition vers quelque chose de différent. Il faut faire des choix structurants», déclare le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard.

Éviter-transférer-améliorer

La mobilité durable est essentielle. Elle doit être accessible à tous, sécuritaire et efficace, estime l’auteur de l’influente approche «Éviter-Transférer-Améliorer», Holger Dalkmann, au Rendez-vous collectivités viables. L’adopter, c’est réduire la consommation d’énergies fossiles et l’émission de gaz à effet de serre.

Cette démarche vise à restreindre les déplacements motorisés et la durée des trajets, à augmenter l’utilisation des modes de transport moins énergivores comme le vélo ainsi qu’à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules en recourant à l’électrification ou aux énergies renouvelables.

Il faut qu’il y ait des offres de modes de transport alternatifs ainsi que des espaces où l’on peut marcher et faire du vélo. Cela permet aussi de réduire les aires de stationnement, que l’on peut utiliser pour créer de nouveaux espaces publics où l’on peut s’asseoir, boire un café ou déposer son vélo.

Holger Dalkmann

Il cite les exemples de Londres, en Angleterre, qui a créé des zones piétonnes dans l’entièreté de la ville, et de la Zambie, qui alloue 5% des investissements nationaux aux infrastructures destinées aux piétons.

L’approche «Éviter-Transférer-Améliorer» est d’ailleurs au centre de la «Politique de mobilité durable» du gouvernement du Québec. Elle a aussi été adoptée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le partenariat sur le transport durable et à faible émission de carbone.

L’accessibilité tient également une place fondamentale. M. Savard explique qu’on peut réduire notre empreinte écologique en se rapprochant des services essentiels et du lieu de travail. Néanmoins, la hausse des prix des habitations peut nous contraindre à faire des choix qui ne réduisent pas notre empreinte.

Agir collectivement

Les besoins personnels et collectifs doivent se renforcer mutuellement, selon M. Savard. Ainsi, les citoyens et les gouvernements ont tous deux leur part à faire.

D’une part, les décisions collectives doivent appuyer le désir des gens de réduire leur empreinte environnementale. Les administrations municipales et gouvernementales pourraient alors créer davantage de voies cyclables et de services de transport en commun, ainsi que rendre l’habitation plus abordable.

D’autre part, M. Savard précise que c’est aussi aux citoyens d’exprimer leurs souhaits. «Une fois que ces deux éléments sont alignés, on tombe dans un cercle vertueux», pense-t-il.

L’apparition de BIXI à Montréal a généré une forte demande individuelle, par exemple. La population a peu à peu réclamé des voies cyclables et, à présent, davantage de cyclistes roulent en ville.

Reproduire les solutions

Les solutions des grandes villes sont applicables aux plus petites collectivités, selon l’ancien maire de Toronto et créateur de C40 Cities, David Miller, présent au Rendez-vous collectivités viables. Les villes peuvent agir sans attendre après les autres paliers de gouvernement.

Il cite l’inspirante et importante planification de la ville de Copenhague au Danemark, contre les changements climatiques.

Elle recourt notamment au système de chauffage urbain qui chauffe l’ensemble des foyers de la ville et à la construction de bâtiments économes en énergie grâce à l’utilisation de panneaux solaires, par exemple.

Puisque les aléas sont similaires en matière de transport, d’habitation et de planification dans une perspective de changements climatiques, les solutions sont alors identiques, selon M. Miller.

En tenant compte des réalités spécifiques, il s’agit de penser aux mêmes systèmes. Il pense notamment aux moyens de transport actifs et autonomes ou à la réduction de l’étalement urbain.

Si les plus petites villes attirent les gens vers le centre au lieu de construire des parcelles, alors elles deviennent plus agréables, plus attractives économiquement et meilleures pour l’environnement.

David Miller

Il appelle à réduire l’étalement urbain, qu’il oppose au modèle de la ville du quart d’heure, où tous les services essentiels se situent à 15 minutes à pied ou à vélo. Ce choix appartient aux villes, selon lui.

Pour ce faire, il est nécessaire que les maires et les mairesses recourent à la loi. Toronto utilise ainsi la loi de planification urbaine pour créer des immeubles verts.

Je trouve ce geste du promoteur particulièrement audieux et baveux!
Est-ce que c’est le groupe Boda ?
Le nom du promoteur devrait être mentionné et décrié.

Gestion différenciée: plus d’herbes, moins de tondeuses

La gestion différenciée aurait un impact sur la population des insectes, mais également celle des oiseaux. Photo: Gracieuseté, arrondissement MHM

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Jason Paré

28 juin 2022 à 9h23 4 minutes de lecture

Malgré ce que peuvent penser certains, l’entretien des parcs de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve n’a pas été négligé ce printemps. L’arrondissement a plutôt mis en place une nouvelle pratique pour favoriser la biodiversité: «la gestion écologique de nos espaces», aussi appelée gestion différenciée.

C’est ce que le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, ainsi que l’agente de recherche en verdissement, Sier-Ching Chantha, ont expliqué en entrevue à Métro.

Ainsi, certaines zones de l’arrondissement ne seront tondues qu’une à deux fois au cours de l’été au lieu de l’être toutes les trois à quatre semaines.

Cette nouvelle pratique fait partie des diverses actions entreprises par MHM dans le cadre de son Plan climat 2022-2030 et s’inscrit dans le mouvement «Mai sans tondeuse».

«Ce qu’on réalise, c’est que les insectes ont beaucoup besoin de pollinisateurs au mois de mai, donc il y a tout un mouvement pour retarder les premières tontes», précise Pierre Lessard-Blais.

La tonte différenciée dans l’arrondissement, c’est une pratique qu’on souhaite faire dans des endroits moins utilisés par les citoyens et qui permet d’avoir un meilleur impact environnemental.

Pierre Lessard-Blais, maire de MHM

En plus de favoriser la biodiversité, cette pratique permet de réduire la chaleur, ajoute le maire de MHM.

Voici la liste des parcs visés par la pratique de la tonte différenciée:

  • Parc Félix-Leclerc (buttes et bordure de rue)
  • Parc Thomas-Chapais (bordure de rue)
  • Parc Pierre-Bédard (buttes)
  • Parc Francesca-Cabrini (zones particulières)
  • Parc Honoré-Mercier (buttes autour du planchodrome)
  • Parc de la Promenade-Bellerive (zones ciblées et en rive)

En plus de ces six parcs, les abords et les terre-pleins de certaines routes et autoroutes sont également ciblés, tels que la rue Notre-Dame et l’autoroute 25. Au total, cette pratique touche une superficie d’environ 150 000 m².

Plus d’insectes, plus d’oiseaux

Première conséquence observée par la gestion différenciée, des oiseaux ont profité de l’occasion pour aménager leur nid dans les herbes hautes de la Promenade-Bellerive.

Quand nos cols-bleus sont arrivés pour tondre dans certaines zones, ils se sont rendu compte de la présence de ces nids et d’oisillons dans ceux-ci.

Sier-Ching Chantha, agente de recherche en verdissement

Il est donc probable que certaines zones ne soient pas tondues jusqu’à la fin juillet afin de protéger les oiseaux. Selon les biologistes de la ville-centre, on parlerait du carouge à épaulettes et du bruant chanteur.

Et les tiques?

Lors du dernier conseil d’arrondissement, un citoyen avait exprimé des inquiétudes concernant la présence d’herbes hautes dans les parcs, redoutant que cela favorise la prolifération des tiques.

Est-ce que ces inquiétudes sont partagées par les équipes de l’arrondissement?

«On va faire un suivi là-dessus et vérifier auprès de la santé publique si jamais il y a des cas rapportés, mais à ma connaissance, il y a vraiment peu ou pas de cas rapportés de présence de tiques dans notre arrondissement», soutient Sier-Ching Chantha.

Si l’ouest de l’île de Montréal est considéré comme une zone endémique pour la maladie de Lyme depuis l’année dernière, les régions les plus fortement affectées demeurent le nord et l’ouest de l’Estrie, une grande partie de la Montérégie, le sud-ouest de la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ainsi que le sud-ouest de l’Outaouais.

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Environnement

Des changements structurants proposés au Rendez-vous des collectivités viables

Une cycliste à Montréal. Photo: Istock/Marc Bruxelle

Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

22 juin 2022 à 11h33 - Mis à jour 22 juin 2022 à 13h14 5 minutes de lecture

Les villes du Québec devront mettre les bouchées doubles et imposer des «changements structurants» pour s’attaquer aux changements climatiques, selon divers experts qui participent aujourd’hui à la 6e édition du Rendez-vous collectivités viables.

Métro a interviewé divers participants à l’événement pour connaître les solutions qu’ils proposent. Le menu est imposant. Des pistes d’actions pour les transitions des villes en matière d’habitation et de transport seront notamment mises de l’avant par un groupe d’experts.

«Les changements doivent être fondamentaux. On ne parle plus seulement de faire un petit effort, mais une transition vers quelque chose de différent. Il faut faire des choix structurants», déclare le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard.

Éviter-transférer-améliorer

La mobilité durable est essentielle. Elle doit être accessible à tous, sécuritaire et efficace, estime l’auteur de l’influente approche «Éviter-Transférer-Améliorer», Holger Dalkmann, au Rendez-vous collectivités viables. L’adopter, c’est réduire la consommation d’énergies fossiles et l’émission de gaz à effet de serre.

Cette démarche vise à restreindre les déplacements motorisés et la durée des trajets, à augmenter l’utilisation des modes de transport moins énergivores comme le vélo ainsi qu’à améliorer l’efficacité énergétique des véhicules en recourant à l’électrification ou aux énergies renouvelables.

Il faut qu’il y ait des offres de modes de transport alternatifs ainsi que des espaces où l’on peut marcher et faire du vélo. Cela permet aussi de réduire les aires de stationnement, que l’on peut utiliser pour créer de nouveaux espaces publics où l’on peut s’asseoir, boire un café ou déposer son vélo.

Holger Dalkmann

Il cite les exemples de Londres, en Angleterre, qui a créé des zones piétonnes dans l’entièreté de la ville, et de la Zambie, qui alloue 5% des investissements nationaux aux infrastructures destinées aux piétons.

L’approche «Éviter-Transférer-Améliorer» est d’ailleurs au centre de la «Politique de mobilité durable» du gouvernement du Québec. Elle a aussi été adoptée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le partenariat sur le transport durable et à faible émission de carbone.

L’accessibilité tient également une place fondamentale. M. Savard explique qu’on peut réduire notre empreinte écologique en se rapprochant des services essentiels et du lieu de travail. Néanmoins, la hausse des prix des habitations peut nous contraindre à faire des choix qui ne réduisent pas notre empreinte.

Agir collectivement

Les besoins personnels et collectifs doivent se renforcer mutuellement, selon M. Savard. Ainsi, les citoyens et les gouvernements ont tous deux leur part à faire.

D’une part, les décisions collectives doivent appuyer le désir des gens de réduire leur empreinte environnementale. Les administrations municipales et gouvernementales pourraient alors créer davantage de voies cyclables et de services de transport en commun, ainsi que rendre l’habitation plus abordable.

D’autre part, M. Savard précise que c’est aussi aux citoyens d’exprimer leurs souhaits. «Une fois que ces deux éléments sont alignés, on tombe dans un cercle vertueux», pense-t-il.

L’apparition de BIXI à Montréal a généré une forte demande individuelle, par exemple. La population a peu à peu réclamé des voies cyclables et, à présent, davantage de cyclistes roulent en ville.

Reproduire les solutions

Les solutions des grandes villes sont applicables aux plus petites collectivités, selon l’ancien maire de Toronto et créateur de C40 Cities, David Miller, présent au Rendez-vous collectivités viables. Les villes peuvent agir sans attendre après les autres paliers de gouvernement.

Il cite l’inspirante et importante planification de la ville de Copenhague au Danemark, contre les changements climatiques.

Elle recourt notamment au système de chauffage urbain qui chauffe l’ensemble des foyers de la ville et à la construction de bâtiments économes en énergie grâce à l’utilisation de panneaux solaires, par exemple.

Puisque les aléas sont similaires en matière de transport, d’habitation et de planification dans une perspective de changements climatiques, les solutions sont alors identiques, selon M. Miller.

En tenant compte des réalités spécifiques, il s’agit de penser aux mêmes systèmes. Il pense notamment aux moyens de transport actifs et autonomes ou à la réduction de l’étalement urbain.

Si les plus petites villes attirent les gens vers le centre au lieu de construire des parcelles, alors elles deviennent plus agréables, plus attractives économiquement et meilleures pour l’environnement.

David Miller

Il appelle à réduire l’étalement urbain, qu’il oppose au modèle de la ville du quart d’heure, où tous les services essentiels se situent à 15 minutes à pied ou à vélo. Ce choix appartient aux villes, selon lui.

Pour ce faire, il est nécessaire que les maires et les mairesses recourent à la loi. Toronto utilise ainsi la loi de planification urbaine pour créer des immeubles verts.

Inauguration du Parc éolien Des Cultures

Portail Constructo | 5 juillet 2022

Inauguration du Parc éolien Des Cultures. Crédit : Kruger Énergie
Crédit : Kruger Énergie

Kruger Énergie et Énergies Durables Kahnawà:ke ont procédé à l’inauguration officielle du Parc éolien Des Cultures, situé en Montérégie.

Les six éoliennes sont érigées dans la portion sud des villes de Saint-Rémi et Saint-Michel. Le Parc est alimenté par un réseau électrique entièrement enfoui.

Ce projet de 70 M$ permettra d’alimenter l’équivalent de plus de 2 500 foyers, et se traduira par la vente d’électricité renouvelable à Hydro-Québec Distribution pendant au moins 20 ans.

Les travaux avaient débuté en aout 2020 et ont été achevés en décembre 2021, dans le respect de l’échéancier et du budget.

Source : Kruger Énergie

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Pollution atmosphérique Un combat commun pour Rouyn-Noranda et Limoilou

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

À Québec, des résidants dénoncent les industries avoisinantes qu’elles considèrent comme d’importants pollueurs de l’air. On voit ici les installations de Glencore servant à assurer le transbordement du nickel dans le port de Québec.

(Québec) Lorsqu’ils entendent le premier ministre François Legault évoquer une éventuelle fermeture de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, les résidants de Limoilou sont sceptiques. Voilà des années qu’ils militent pour faire réduire la concentration de nickel dans l’air qu’ils respirent. La Presse s’est rendue dans ce quartier de Québec, qui refuse de baisser les bras.

Publié à 0h00

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Élise Fiola

Élise Fiola La Presse

« On a écrit une lettre en soutien aux citoyens de Rouyn-Noranda qui a été publiée dans les journaux, puisqu’on a l’impression qu’ils vivent, comme beaucoup de milieux ouvriers, le même genre de combat que le nôtre. »

Comme beaucoup de ses concitoyens, Mathieu Caron observe les ressemblances entre Limoilou, où il réside, et le quartier Notre-Dame, à Rouyn. Deux quartiers historiquement ouvriers qui ont été construits à proximité des industries et qui subissent encore aujourd’hui la pollution émise par ces dernières.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Une partie des installations de Glencore au port de Québec

Au cours des dernières semaines, les émissions d’arsenic de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, ont retenu l’attention médiatique sur une base quotidienne. Mardi dernier, le premier ministre François Legault n’a pas exclu que l’usine ferme si l’entreprise mère, Glencore, ne se conforme pas aux normes établies pour préserver la santé des résidants.

À Québec, dans le quartier Limoilou, on en a contre un autre contaminant, le nickel. Par le truchement de la mine Raglan, Glencore, plus important extracteur de ce minerai au Québec, transborde dans le port de Québec du nickel recueilli dans le nord de la province. Déjà controversée, la norme qui réglementait la présence de ce métal dans l’air a été modifiée en décembre dernier. Quelques jours avant les Fêtes, le gouvernement Legault annonçait que les industries pouvaient désormais multiplier par cinq leurs émissions de nickel par rapport à la norme précédente.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Jackie Smith, cheffe du parti Transition Québec

« Dans les deux cas, il s’agit d’un duel entre la santé des citoyens et les profits des multinationales, dénonce la cheffe du parti Transition Québec, Jackie Smith. C’est le véritable choix que le gouvernement a à faire et, jusqu’à présent, on voit ce qu’il favorise. »

Comme plusieurs résidants de Limoilou, Jackie Smith ne s’emballe pas devant le changement de cap du premier ministre face aux activités de la Fonderie Horne.

Normalement, c’est une bonne chose quand les discours changent, mais les comportements doivent aussi changer.

Jackie Smith, cheffe du parti Transition Québec

« Grâce aux mouvements citoyens, on sent que les choses bougent, mais on ne peut pas prévoir la réaction des gouvernements », ajoute Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du port de Québec. La nouvelle de Rouyn-Noranda lui donne toutefois une légère dose d’optimisme : « Enfin, on les écoute. Enfin, on aura accès à l’information. »

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Vue du quartier Limoilou, à Québec

Le député solidaire de la circonscription de Jean-Lesage, Sol Zanetti, renchérit sur l’importance que prend aujourd’hui la qualité de l’air dans les débats publics. Il souligne que tant dans le cas du quartier Notre-Dame que dans celui du quartier Limoilou, la population se mobilise pour obtenir justice. « Il y a des citoyens et des citoyennes qui ont vraiment le couteau entre les dents. »

Deux poids, deux mesures

Bien que le gouvernement répète que le contexte de Rouyn-Noranda diffère de celui de Québec, les résidants de Limoilou ne sont pas de cet avis. « C’est la même trame, les mêmes acteurs, le même débat », résume Véronique Lalande.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du port de Québec

Amélie Rouleau, directrice des affaires publiques de la Mine Raglan, soutient elle aussi que les situations de Rouyn-Noranda et de la Capitale-Nationale ne sont pas comparables. Elle préfère donc ne pas se prononcer sur les enjeux touchant la Fonderie Horne.

Elle affirme néanmoins que l’entreprise cherche continuellement à innover dans ses installations pour répondre aux normes de santé, de sécurité et d’environnement. Mme Rouleau rapporte d’ailleurs que les activités de l’entreprise située à Québec sont aujourd’hui opérées grâce à un circuit d’installations fermé.

On ne veut pas perdre de poussière parce que, pour nous, elle représente de l’argent.

Amélie Rouleau, directrice des affaires publiques de la Mine Raglan

Du côté du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, on maintient qu’« aucune réévaluation de la norme nickel dans l’air ambiant n’est envisagée ».

Se battre pour des lendemains meilleurs

Malgré tout, les résidants de Québec sont fiers du combat qu’ils mènent et préviennent qu’ils ne baisseront pas les bras. « C’est quand même une certaine réussite d’avoir maintenu cette question dans le paysage politique. On est parvenus à faire reconnaître cette problématique très locale, située dans un quartier, à l’échelle de la nation en faisant des liens avec Rouyn-Noranda », se réjouit Isabelle Arseneau, citoyenne qui milite pour l’assainissement de l’air.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Mathieu Caron et Isabelle Arseneau militent pour l’assainissement de l’air.

« L’injustice sociale et environnementale qu’est la mauvaise qualité de l’air doit faire partie du passé, exige son voisin Mathieu Caron. On refuse que cette double injustice fasse encore partie de l’avenir de nos enfants. »

Comme beaucoup, Véronique Lalande, qui a déjà consacré près de 10 ans à cette cause, s’est promis de ne jamais abandonner la lutte. « J’attends le jour où ce quartier ne sera plus soumis de façon constante à des polluants et à des retombées de poussière », espère celle qui a dû quitter Limoilou pour des raisons de santé liées à la qualité de l’air. « On connaîtra la victoire le jour où on ne ressentira plus les impacts de cette pollution et qu’on n’aura plus à modifier nos choix de vie à cause de la poussière et des contaminants. »

En savoir plus

  • 4000
    Décès prématurés liés à la pollution atmosphérique au Québec

Source : Santé Canada, 2021

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Excellent reportage de Radio-Canada avec cartes interactives sur les îlots de chaleur selon les quartiers et le revenu moyen des ménages

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C’est bien, mais ça donne pas toujours un portrait très exact ou fidèle à la réalité, en procédant par code postal.
Certaines zone de code postal sont assez grand et comporte des régions ou quartier très différent, très contrastant.
Exemple, à Brossard, le Dix30 (îlot de chaleur) est dans le même code postal que des quartiers très végétalisé.

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Pollution par les navires de croisière Transports Canada a « manqué le bateau »

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Bateau de croisière amarré au port de Québec

Le plus grand polluant des eaux canadiennes échappe aux nouvelles mesures proposées par Transports Canada pour limiter la quantité de déchets déversés par les bateaux de croisière. Les actions du gouvernement sont insuffisantes, déplorent les groupes environnementaux.

Publié à 5h00

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Élise Fiola

Élise Fiola La Presse

Les croisières de rêve au large des côtes canadiennes se transforment en véritable cauchemar écologique pour les océans, démontrent des études. En avril dernier, Transports Canada a annoncé de nouvelles mesures destinées à limiter l’évacuation des eaux grises (drainage des éviers, des machines à laver, des baignoires, des douches ou des lave-vaisselle) et des eaux noires traitées (toilettes, égouts, poubelles) en provenance des navires de croisière à proximité des côtes.

Bien que les groupes environnementaux accueillent positivement les efforts déployés par Ottawa, certains aspects restent en plan, selon eux. Ils ne s’expliquent pas pourquoi les eaux de lavage issues des systèmes d’épuration du carburant sont ignorées par les normes en vigueur.

« Ils ont manqué le bateau comme ils n’abordent pas cette source de pollution dans les nouvelles normes », affirme Michael Bissonnette, avocat chez West Coast Environmental Law (WCEL).

Les réglementations actuelles à l’échelle internationale n’interdisent pas l’utilisation de carburants polluants comme le mazout lourd pour propulser les navires. Toutefois, pour limiter la pollution de l’air, les bateaux doivent être munis de systèmes d’épuration s’ils emploient de tels carburants.

Or, Michael Bissonnette souligne que cela a pour effet de déplacer le problème. Les systèmes d’épuration limitent le rejet de polluants dans l’atmosphère, mais des contaminants se retrouvent tout de même dans l’eau.

L’avocat déplore que les mesures annoncées par Transports Canada ne tiennent pas compte de ce type de déchets alors qu’il s’agit de l’une des plus grandes sources de pollution maritime. Selon un rapport publié par le Fonds mondial pour la nature (WWF), même si les bateaux munis d’un système d’épuration ne représentent qu’un huitième de la flotte analysée, leurs eaux de lavage représentent 97 % des déchets rejetés dans l’eau.

Lisez le rapport du WWF

Les deux tiers de ces eaux de lavage sont issus des bateaux de croisière même si ces derniers représentent moins de 2 % de ceux qui naviguent dans les eaux canadiennes chaque année, conclut WWF-Canada. « Les bateaux de croisière polluent beaucoup plus que d’autres navires », relève donc Michael Bissonnette.

« Ces déchets sont acides. Ils contiennent des métaux dissous et des hydrocarbures, qui présentent une gamme de risques pour la santé, ajoute Sam Davin, spécialiste en conservation marine et en navigation chez WWF-Canada. Ces substances sont facilement absorbées par les membranes cellulaires. Cela signifie qu’elles peuvent entrer relativement facilement dans la chaîne alimentaire marine. »

L’expert affirme que l’évacuation des eaux de lavage des systèmes d’épuration devrait être « immédiatement » interdite par le gouvernement.

« Approche réaliste » à l’étude

Dans un courriel, Transports Canada indique que, même si le Ministère n’avait en effet « pas mis en place de restrictions sur les eaux de lavage », Ottawa demeurait « déterminé » à « travailler avec l’industrie maritime afin de concevoir une approche réaliste pour réduire les rejets d’eaux de lavage dans les eaux canadiennes à l’avenir ».

Transports Canada affirme également « étudier les répercussions du rejet [des eaux de lavage] sur l’environnement » afin d’évaluer les différentes possibilités pour permettre leur réduction.

À ce sujet, Michael Bissonnette souligne que l’utilisation des systèmes d’épuration a été prohibée dans les eaux californiennes et dans le port de Vancouver. Selon lui, il serait donc possible pour le Canada d’instaurer des règlements plus restrictifs.

Nos océans ont besoin de règles fortes et robustes pour être protégés. Les personnes et la faune qui dépendent de ces milieux pour leur bien-être ne devraient pas s’en remettre uniquement à la bonne volonté et aux actions volontaires.

Sam Davin, spécialiste en conservation marine et en navigation chez WWF-Canada

Transports Canada précise qu’en attendant que les changements proposés en avril deviennent permanents et que le Règlement sur la pollution par les bâtiments et sur les produits chimiques dangereux soit modifié, « les mesures seront mises en œuvre au moyen d’un arrêté d’urgence, qui a le même pouvoir qu’un règlement ».

Le Ministère veut rendre obligatoires les nouvelles mesures environnementales pour les navires de croisière dès 2023. Si ce scénario se concrétise, il mettrait fin à une pratique souvent dénoncée des navires qui arrivent en eaux canadiennes.

Les lois concernant le rejet des eaux usées peuvent varier d’un pays à l’autre. Comme les eaux américaines sont historiquement réglementées de manière plus stricte, certains navires, en passant en territoire canadien, en profitent pour y déverser leurs déchets, déplore un rapport publié en 2021 par les organisations environnementales Stand.earth et WCEL.

Transports Canada indique toutefois que les réglementations qui concernent les eaux grises et noires seront plus sévères que les normes internationales établies par l’Organisation maritime internationale. « Ces mesures s’harmonisent avec celles en place aux États-Unis, notamment en Alaska, en Californie et dans l’État de Washington, et les dépassent dans certains cas », note le Ministère.

En savoir plus

  • 97 %
    Proportion de tous les déchets rejetés dans les eaux canadiennes qui proviennent des eaux de lavage des épurateurs produites par des navires

Source : Fonds mondial pour la nature, mars 2022

Environnement

La longue route vers la décarbonation du secteur aérien

Un avion Boeing 787 d’Air Canada. Photo: Jetlinerimages/Istock

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Rédaction - AFP Relaxnews

17 juillet 2022 à 10h53 - Mis à jour 17 juillet 2022 à 11h13 4 minutes de lecture

Sous pression pour réduire son empreinte environnementale, le transport aérien s’est engagé à baisser drastiquement ses émissions de CO2. La route sera très longue vers la décarbonation du secteur aérien.

Quels sont les engagements?

L’aviation représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2, principal gaz à effet de serre, selon l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU. Bien qu’anémié par la pandémie, le trafic aérien mondial devrait, lui, atteindre 10 milliards de passagers en 2050, plus du double de son niveau de 2019. Soit autant d’émissions en plus si rien n’est fait.

L’Association internationale du transport aérien (Iata), qui fédère la grande majorité des compagnies aériennes, ainsi que l’industrie aéronautique se sont engagées à réduire à zéro les émissions nettes de CO2 d’ici 2050.

Quarante-deux pays, dont ceux de l’UE, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont appelé dans la «déclaration de Toulouse» en février les pays du monde entier à entériner cet objectif lors la prochaine assemblée de l’OACI fin septembre.

L’impact des traînées de condensation laissées par les avions sur le réchauffement climatique ne fait en revanche l’objet d’aucun engagement de réduction à ce stade. Encore mal évalué, il semble «au moins aussi important» que les émissions de CO2, selon une étude de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA).

Décarbonation: comment s’y prendre?

Le secteur mise sur les améliorations technologiques et d’infrastructures – nouveaux matériaux, moteurs plus frugaux, meilleure gestion du système de trafic aérien – pour faire une partie du chemin.

Le motoriste CFM, coentreprise entre GE et Safran, planche ainsi avec son projet Rise sur les technologies d’un futur moteur disponible en 2035 réduisant de plus de 20% la consommation de carburant.

Selon le secteur aéronautique européen (compagnies aériennes et industriels), l’ensemble de ces améliorations technologiques permettra de réaliser près de la moitié des gains attendus. L’Iata pense qu’elles n’aideront qu’à hauteur de 14% de l’effort nécessaire.

Une partie – correspondant à 8% de l’effort selon les Européens, à 19% selon l’Iata – proviendra d’un système de capture de carbone et d’échanges de quotas d’émissions.

Ces améliorations prennent du temps à être mises en place quand il faut agir dès maintenant, insistent de nombreuses ONG qui appellent à limiter ou réduire les déplacements aériens.

Quel rôle pour les carburants durables?

Les carburants d’aviation durables (sustainable aviation fuels, SAF) représentent l’essentiel des moyens pour décarboner l’aviation – deux tiers de l’effort selon l’Iata, un tiers selon le secteur aérien européen.

Ils sont élaborés à partir de biomasse, d’huiles usagées et même, à l’avenir, de capture de CO2 et d’hydrogène vert pour en faire des carburants de synthèse.

Ils ont l’avantage de pouvoir être utilisés directement dans les avions actuels et peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène sur l’ensemble de leur cycle d’utilisation.

Airbus et Boeing se sont engagés à ce que leurs avions puissent voler avec 100% de SAF d’ici à 2030, mais ces carburants représentent actuellement moins de 0,1% du carburant d’aviation consommé, et sont deux à quatre fois plus chers que le kérosène.

Pour encourager leur production, l’UE planche sur des obligations graduelles d’incorporation de SAF dans le kérosène, les États-Unis sur des crédits d’impôts.

Décarbonation: quid de l’hydrogène et de l’électrique?

La propulsion électrique se cantonne pour l’heure aux petits avions et aux futurs taxis volants en milieu urbain. Le poids des batteries nécessaires pour stocker l’énergie la rend en effet inadaptée aux avions de ligne.

Un axe de développement est la propulsion hybride électrique: pendant certaines phases de vol, comme le décollage, un moteur électrique fournit de l’énergie supplémentaire au moteur thermique.

A plus long terme, les recherches portent sur la pile à combustible pour alimenter un moteur électrique en s’affranchissant des batteries: l’électricité serait produite à bord par la réaction chimique entre l’oxygène prélevé dans l’air et l’hydrogène liquide embarqué dans des réservoirs.

Ces recherches diffèrent de celles portant sur l’avion à hydrogène, où celui-ci serait directement brûlé dans un moteur thermique.

Le projet porté par Airbus vise l’entrée en service à l’horizon 2035 d’un premier avion, probablement court-courrier de moins de 100 places dans un premier temps, selon son président Guillaume Faury.

Mais l’hydrogène est presque quatre fois plus volumineux que le kérosène, ce qui rend impossible son utilisation pour des liaisons long-courriers, pour lesquelles les SAF resteront l’unique carburant.

Environnement

GES: mieux vaut préconiser le bois pour réduire l’empreinte carbone

Photo: Istock/Bogdanhoda

Luciano Rodrigues Viana, Alejandra Zaga Mendez, Jean-François Bissonnette et Jean-François Boucher - La Conversation

27 juin 2022 à 15h00 - Mis à jour 3 juillet 2022 à 11h49 8 minutes de lecture

Les conclusions des deux derniers rapports du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sont sans équivoque; l’augmentation récente des émissions de gaz à effet de serre (GES) est la plus marquée de l’histoire de l’humanité. Et elles continuent d’augmenter. Dans ce contexte, quand vient le temps de construire des bâtiments, comment limiter la production très énergivore de ciment et d’acier? En misant sur le bois!


ANALYSE – Les bâtiments occupent une place cruciale dans la transition vers une économie décarbonée, notamment vers des sources d’énergie utilisant peu ou pas de combustibles fossiles. Le secteur de la construction et de la rénovation a été responsable d’environ 37% des émissions anthropiques mondiales de dioxyde de carbone (CO2) liées à l’énergie en 2020, dont 27% causés par l’exploitation des bâtiments et 10% attribuables à la fabrication de matériaux de construction.

Les émissions liées à l’exploitation des bâtiments proviennent notamment de la consommation énergétique liée aux besoins thermiques (chauffage et/ou climatisation et l’approvisionnement en eau chaude). Quant à la fabrication des matériaux de construction, les émissions sont principalement liées à la production très énergivore de ciment et d’acier. Ensemble, ces deux matériaux ont été responsables de plus de la moitié des émissions mondiales de CO₂ liées à la fabrication de l’ensemble des matériaux de construction en 2019.

Il est donc nécessaire d’utiliser des matériaux de construction sobres en émissions afin de réduire l’empreinte carbone de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Mes collègues et moi travaillons sur l’évaluation des freins potentiels à l’utilisation du bois dans les bâtiments publics au Québec. Sachant que le bénéfice carbone de la construction de bâtiments en bois n’est pas un sujet traité fréquemment dans les médias, nous exposons ici une partie des résultats de notre recherche.

Impacts des bâtiments au Québec

Au Québec, une réduction draconienne de l’empreinte carbone des bâtiments résidentiels et non résidentiels est un objectif de première importance. En effet, en 2019, suivant les secteurs du transport et de l’industrie, les émissions de CO2 des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels étaient responsables de 10% des émissions totales de la province.

Ces impacts imposants associés au secteur de la construction suscitent des inquiétudes au sein de l’industrie et des différentes entités gouvernementales. On observe donc une prise de conscience croissante de la part de ces acteurs, liée à la réduction de l’empreinte carbone d’un secteur clé pour l’économie québécoise.

Quelles stratégies pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments?

Afin de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, le gouvernement provincial déploie notamment trois stratégies: l’utilisation de sources d’énergie renouvelable pour les systèmes de chauffage (chauffage solaire, biogaz), l’efficacité énergétique (stratégies de ventilation qui réduisent la demande en énergie thermique, isolement des façades) ainsi que la substitution des matériaux de construction fortement carbonés, comme le ciment et l’acier.

L’utilisation du bois permettrait de réduire les émissions carbone d’un bâtiment. (Shutterstock)

À cause des besoins importants de chauffage, les efforts se sont surtout concentrés, dans les dernières années, sur les deux premières stratégies. Ainsi, à l’avenir, les émissions associées à la fabrication, au transport et à l’installation des matériaux de construction deviendront proportionnellement plus importantes que la consommation d’énergie des bâtiments. Ces derniers deviennent en effet de plus en plus efficaces sur le plan énergétique et s’approvisionnent davantage en énergie à faible teneur en carbone.

Il importe d’accorder une importance croissante à la substitution des matériaux de construction fortement carbonés pour atteindre les ambitions de neutralité carbone de la province.

Dans la suite du texte, nous souhaitons mettre en lumière la réduction carbone potentielle qui pourrait découler de l’utilisation du bois.

Les bâtiments en bois parmi les solutions potentielles?

La plupart des études s’accordent sur le fait que construire des bâtiments en bois permettrait de réduire les émissions de GES du secteur de la construction. Il importe cependant d’évaluer quelle quantité de GES pourrait être ainsi évitée.

Les bénéfices carbone découlant de l’utilisation du bois changent en fonction du choix des systèmes structuraux. Lorsque nous parlons de remplacer les matériaux conventionnels par le bois, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus du tout d’acier ou de béton dans un bâtiment. On parle plutôt de bâtiments dans lesquels le bois est:

  • le seul matériau de structure utilisé;
  • utilisé en combinaison avec d’autres matériaux dans une construction hybride (le système structurel est composé de deux matériaux voire plus);
  • utilisé dans une construction mixte (deux systèmes structurels ou plus se chevauchent).

Il importe de noter que les bénéfices d’utilisation du bois varient également en fonction des choix méthodologiques et des données utilisées dans les études. Par exemple, une méta-analyse récente a montré que les bâtiments en bois, lorsqu’utilisé en remplacement des matériaux de construction conventionnels, permettraient de réduire, en moyenne, 216 kg éq. CO2 m-2 (-69%).

Typologies de bâtiments dans lesquelles le bois prévaut en proportion sur les autres matériaux de construction (bois (timber), steel (acier), concrete (béton)). Eduardo Wiegand & Michael Ramage (2022), étude publiée dans la revue Building Research & Information, Fournie par l’auteur

Qu’en est-il des bâtiments en bois au Québec?

Le Québec se retrouve dans une position favorable à la construction de bâtiments en bois. En effet,

  • la province est un état forestier de classe mondiale, où les forêts sont aménagées selon des critères scientifiques rigoureux qui visent la durabilité (condition obligatoire pour que les constructions en bois soient envisagées) ;
  • les scieries ainsi que les usines de seconde et troisième transformation utilisent l’électricité parmi les moins carbonées au monde pour le fonctionnement de leurs usines ; et
  • contrairement au ciment et à l’acier, la production du bois n’émet pas du tout de GES issus de réactions chimiques.

Lorsque nous nous penchons sur les études qui ont comparé les bâtiments en bois avec des matériaux conventionnels au Québec, l’utilisation du bois fait consensus. Par exemple, une récente étude a montré que si 80% des structures non résidentielles au Québec étaient construites en bois d’ici 2050, cela permettrait d’éviter, en moyenne, 2,6 Mt éq. CO2. Cette quantité équivaut à 3,5% de l’objectif de réduction des émissions de CO2 du Québec en 2050 par rapport à 1990.

Bénéfices carbone de l’utilisation du bois dans plusieurs types de bâtiments au Québec. (Luciano Rodrigues Viana), fourni par l’auteur

De manière générale, la performance carbone des bâtiments en bois est attribuable à plusieurs particularités, dont une utilisation moindre d’énergie fossile pendant la production du bois d’ingénierie ; l’évitement des émissions de carbone des processus industriels fortement carbonés, comme l’acier et le ciment ; l’utilisation des sous-produits issus de la production du bois en remplacement des combustibles fossiles ; le stockage de carbone biogénique dans le bois ; une moindre consommation d’énergie pendant la phase de construction et de démolition d’un bâtiment ; une moins grande quantité de matériaux nécessaires pour la structure ainsi que pour la finition des bâtiments.

Il est important de souligner que nous trouvons plusieurs exemples de construction en bois d’envergure mondiale au Québec, comme le projet Arbora, qui constitue le plus grand complexe résidentiel construit en bois massif d’ingénierie au monde et le projet Origine, un bâtiment de 13 étages, dont 12 construits de bois massif. La réalisation de ces projets d’envergure témoigne la volonté des acteurs de l’industrie du bois et du gouvernement provincial à promouvoir la construction des bâtiments en bois.

La construction de bâtiments en bois n’est pas la panacée. L’exploitation de cette ressource génère une pression importante sur les écosystèmes forestiers, d’où l’importance de développer des stratégies qui optimisent à la fois le stockage du carbone en forêt et la protection de la biodiversité.

Le bâtiment le plus vert demeure celui qui n’est pas encore construit.

Mais en matière d’émissions de carbone, le bois semble être le matériau à privilégier au Québec lors de la construction et de la rénovation des bâtiments.

Une analyse de: Luciano Rodrigues Viana, doctorant en sciences de l’environnement, département des sciences fondamentales à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Alejandra Zaga Mendez, stagiaire postdoctoral en géographie à l’Université Laval, Jean-François Bissonnette, assistant professeur en géographie à l’Université Laval, et Jean-François Boucher, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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