Environnement et transition écologique

Un article de Radio-Canada sur la destruction d’un milieu humide à Trois-Rivière, malgré l’opposition d’une majorité d’élus:

Je retiens surtout cette belle citation du propriétaire d’Elmec, le fabricant de bornes électriques qui bénéficiera de ce remblai:

« Il y a trois grenouilles, on s’en fout des trois grenouilles à un moment donné. »

— Une citation de Jean-Marc Pittet, propriétaire d’Elmec

De belles paroles alors que la crise de la biodiversité est l’une des plus grandes menaces de notre époque.

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Aérospatiale Le Canada promeut les technologies vertes à Farnborough

PHOTO FRANK AUGSTEIN, ASSOCIATED PRESS

« Je veux que l’ensemble de l’industrie aérospatiale reconnaisse le Canada comme un fournisseur vert de choix de l’industrie, a dit le ministre en entrevue téléphonique. Je pense qu’on a tous une mission de verdir les chaînes d’approvisionnements. »

(Montréal) L’industrie aéronautique canadienne peut se démarquer grâce au développement des technologies vertes, croit le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui participe au Salon aéronautique de Farnborough, au Royaume-Uni.

Publié à 9h32 Mis à jour à 11h56

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Stéphane Rolland La Presse Canadienne

« Je veux que l’ensemble de l’industrie aérospatiale reconnaisse le Canada comme un fournisseur vert de choix de l’industrie, a dit le ministre en entrevue téléphonique. Je pense qu’on a tous une mission de verdir les chaînes d’approvisionnement. »

À cet égard, le Québec est un chef de file dans l’industrie, estime le ministre. « Prochainement, on va être capable de faire de l’aluminium vert, de l’acier vert, énumère-t-il. On est en train de développer des technologies qui vont nous permettre de développer de nouveaux matériaux qui sont plus légers. Aussi, on est en train de développer les différentes alternatives dans les biocarburants, même voir l’hydrogène. »

Cette promotion du potentiel « vert » du Canada est faite tandis que le Royaume-Uni traverse une canicule record où le mercure avoisine les 40 degrés Celsius et que l’empreinte environnementale de l’aviation est un sujet de plus en plus discuté. Les défenseurs de l’industrie mettent de l’avant les efforts en vue de réduire les émissions alors que ses détracteurs remettent en question la pertinence du voyage aérien dans un contexte de lutte au changement climatique.

Bien que les émissions du secteur demeurent modestes, représentant environ 3 % du total à l’échelle mondiale, le nombre de voyageurs aériens demeure confiné à un bassin restreint de la population mondiale. Lorsqu’on regarde l’impact environnemental pour une seule personne, un vol en avion devient plus important.

Les grandes multinationales de l’aérospatiale sont de plus en plus réceptives à l’impératif de réduire leurs émissions de carbone, constate M. Champagne. « On parle d’une aviation qui sera plus durable. C’est clair que c’est dans la tête de chacun. Les gens veulent d’abord faire des économies de carburant et la façon de le faire, c’est avec des technologies, et je pense que tout le monde souhaite une aviation qui est plus durable pour les décennies à venir. Et ça, ça positionne très bien le Canada. »

Un exemple des intentions d’une multinationale qui a des effets au Canada : la multinationale française Airbus, qui assemble l’avion A220 à Mirabel, dans les Laurentides, vise à atteindre la carboneutralité d’ici 2035. L’an dernier, elle a joint un regroupement d’entreprises québécoises au sein du Consortium SAF+ en vue de produire du biocarburant à Montréal.

Un premier salon depuis la pandémie

Le Salon aéronautique de Farnborough, qui se tient aux deux ans durant les années paires, est de retour après avoir été annulé en 2020. Pour sa part, le Salon du Bourget, en France, qui se déroule les années impaires, avait été annulé en 2021.

Le retour de Farnborough marque donc la première grand-messe de l’aviation depuis Le Bourget de 2019. Outre le Canada, l’attention se dirigera vers les annonces des deux rivales Boeing et Airbus au moment où l’industrie aérienne semble donner des signes de reprise, malgré les perturbations dans les aéroports, les difficultés de la chaîne d’approvisionnement et les craintes sur une éventuelle récession.

Airbus avait déjà indiqué qu’elle prévoyait un besoin de 39 500 avions neufs au cours des 20 prochaines années. Boeing, pour sa part, croit que le nombre d’appareils augmentera de 82 %, toujours au cours des 20 prochaines années.

Des représentants de plus de 80 entreprises canadiennes, dont 25 ont un kiosque sur place, sont présents au Salon aéronautique de Farnborough.

Le fait de pouvoir échanger avec les grands acteurs de l’industrie fait une différence pour les entreprises canadiennes, croit M. Champagne, qui rencontrera des dirigeants d’Airbus, Boeing, De Havilland et Mitsubishi, notamment. « Ça fait toute la différence. C’est l’occasion de raffermir ces relations-là [entre les entreprises canadiennes et les différents acteurs de l’industrie]. »

L’évènement devrait générer son lot d’annonces. Le spécialiste montréalais de la formation des pilotes et des simulateurs CAE doit faire une annonce mardi. Le ministre Champagne n’a pas trop voulu s’avancer sur le nombre d’annonces potentielles à prévoir au cours de l’évènement.

« Il y en a d’autres qui sont en préparation [des annonces]. Vous savez : le meilleur moment [pour l’annoncer], c’est une décision commerciale. Ça appartient surtout aux entreprises de décider c’est quoi le meilleur moment. Le Salon, c’est un bon moment pour annoncer, mais certaines entreprises préfèrent faire ça à un autre moment. »

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S’il y a trois grenouilles cela veut alors dire que c’est un milieu écologique viable et qu’il faut le protéger comme tous les milieux humides qui sont maintenant grandement en déficit notamment dans nos grandes villes.

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Au Téléjournal 18h

Le tiers des logements à Montréal sont localisés dans des îlots de chaleur. Et malgré les efforts de la Ville pour contrer cette problématique, le chemin à parcourir demeure long.

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Montréal sera l’hôte d’une conférence mondiale sur les batteries au lithium en 2026

Les projets liés au développement de batteries au lithium se multiplient dans la province, particulièrement dans le parc industriel de Bécancour.

Photo : Reuters / Wolfgang Rattay

James-Patrick Cannon (accéder à la page de l’auteur)

James-Patrick Cannon

Publié hier à 18 h 39

Le Palais des congrès de Montréal accueillera la conférence de l’International Meeting on Lithium Batteries (IMLB), en 2026. Cette rencontre référence dans le domaine des batteries au lithium-ion — qui propulsent les voitures électriques et alimentent nos téléphones cellulaires — devraient attirer près de 1600 chercheurs et étudiants issus de tous les continents.

Le Palais des congrès et Tourisme Montréal se sont tous les deux réjouis de la nouvelle et se sont empressés de saluer l’engagement et l’implication du principal instigateur de la candidature de Montréal, Karim Zaghib. Le professeur à l’Université Concordia et l’Université McGill, dont les recherches sont citées partout dans le monde, a également été nommé président de l’IMLB

Pour l’ancien directeur du Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec, la tenue de cette conférence tombe à point nommé.

C’est un signe qu’on a un très bon écosystème québécois et canadien […] et ça tombe pile au moment où les gouvernements du Québec et de l’Ontario dévoilent d’excellentes initiatives, affirme le chercheur.

M. Zaghib évoque de récents investissements à Bécancour, notamment du géant allemand BASF ou du constructeur automobile General Motors (GM). Les deux entreprises ont annoncé en mars vouloir y implanter des usines de cathodes, composants essentiels à la fabrication de batteries au lithium. C’est sans compter le projet de Nemaska Lithium, qui ambitionne de transformer de l’hydroxyde de lithium à Bécancour – projet dans lequel le gouvernement du Québec a investi 175 millions de dollars jusqu’ici.

Plusieurs entreprises du domaine des batteries pour les voitures électriques s’intéressent à Bécancour.

Photo : iStock

En Ontario, le constructeur automobile Stellantis et le fabricant sud-coréen de batteries LG Energy Solution annonçaient peu après leur intention de construire la première usine de batteries pour véhicules électriques du pays à Windsor, en Ontario. Le projet, qui aura une capacité de production de 45 gigawattheures, concrétisera la première usine gigawatt au pays, selon le ministre de l’Innovation François-Philippe Champagne.

Ces usines ont en commun qu’elles seront pleinement opérationnelles d’ici 2025, soit un an avant la tenue du prochain IMLB

.

C’est un bon timing pour montrer au monde entier le positionnement et le succès de l’initiative batterie, tant pour le Québec que pour le Canada, déclare Karim Zaghib.

Un écosystème unique

Selon le chercheur, le succès de l’écosystème canadien — en particulier québécois — tient à plusieurs facteurs.

Parmi ces facteurs, il note la disponibilité de minerais critiques à la fabrication des batteries sur un seul territoire, du cuivre au graphite en passant par le cobalt et le nickel.

La capacité de transformer ces minéraux avec une énergie verte, abondante et peu coûteuse, à savoir l’hydroélectricité, offre au Québec un autre avantage notable.

La province peut également profiter d’accords de libre-échange avec les États-Unis, l’Europe et le Japon pour exporter ses matériaux et ses produits à l’abri de mesures protectionnistes.

Tout ça rend l’écosystème québécois unique au monde, selon l’analyse de Karim Zaghib.

Et le gouvernement du Québec en est pleinement conscient. Le premier ministre François Legault promeut le développement d’une filière batterie en sol québécois, de l’extraction et la transformation des minerais au recyclage des batteries.

Son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a déjà déclaré que l’objectif est de bâtir une filière équivalente à celle du secteur des multimédias au début des années 2000. Un objectif dont la réalisation pourrait nécessiter jusqu’à 10 milliards de dollars en investissement, a-t-il admis lors des études de crédits.

Une complémentarité naturelle

Karim Zaghib recharge sa voiture hybride.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Mais Karim Zaghib est d’avis que ces ambitions et ces avantages concurrentiels ne mettent pas pour autant le Québec en compétition avec son voisin ontarien.

Ce dernier note qu’il va de soi que la production de voitures électriques se fasse en Ontario, vu la présence de constructeurs automobiles comme Ford et GM. Le Québec, pour sa part, a tout ce qu’il faut pour lui fournir les matériaux et les composants nécessaires à la réalisation de ces voitures, comme les anodes et les cathodes, de par sa richesse en ressources naturelles et sa proximité géographique. La province se démarque aussi de sa voisine par la production d’autres types de véhicules, comme des autobus et des motoneiges électriques.

Cette recette pourrait se révéler gagnante de part et d’autre de la frontière, ne serait-ce qu’en raison de la popularité croissante des véhicules électriques.

Selon des données colligées par Desjardins, 6,7 millions de véhicules rechargeables ont été vendus dans le monde en 2021, contre seulement 580 000 durant l’année 2015.

Une tendance qui suit de près la baisse du coût de production des batteries au lithium-ion, qui est passé de 917 $ le kWh en 2010 à 137 $ en 2020.

Cette baisse devrait se poursuivre pour atteindre 100 $ le kWh dès 2024 — stade où la voiture électrique deviendrait en principe aussi abordable que la voiture à essence, précise Karim Zaghib.

On n’a pas le choix, souligne l’expert, qui montre du doigt l’accélération massive de l’électrification des transports et l’important virage électrique des constructeurs automobiles.

Les gens aujourd’hui comme vous, comme moi, ils veulent acheter une voiture électrique, mais ils ne veulent pas acheter une voiture électrique très chère, laisse-t-il tomber.

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Les îlots de chaleur bien présents à Saint-Laurent

Photo: Olivier Boivin / Métro

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Olivier Boivin

20 juillet 2022 à 16h34 3 minutes de lecture

Selon les dernières données de la Ville de Montréal, les îlots de chaleur de Saint-Laurent sont principalement concentrés dans les zones industrielles et commerciales ainsi que dans les secteurs près de l’Autoroute 40.

Selon la carte des îlots de chaleur de la Ville de Montréal, l’extrémité ouest de l’arrondissement de Saint-Laurent constitue un énorme îlot de chaleur en raison du nombre important d’industries qui y tiennent leurs activités.

Outre ce secteur, les zones qui longent l’Autoroute 40 sont également considérées comme des zones chaudes. Cela inclut le quartier Hodge, ainsi que le secteur résidentiel au sud de l’avenue Saint-Louis.

Plusieurs zones commerciales comptent également certains îlots de chaleurs. Le Centre d’achat Norgate, par exemple, en est un, alors que d’autres se situent également près de l’intersection des rues de L’Église et Décarie.

Vivre dans la chaleur

C’est à cet endroit que Métro a rencontré des passants et des résidents, alors que le mercure était de plus de 30 degrés, pour savoir comment ils faisaient face aux canicules.

«Je me réfugie dans les cafés climatisés pour boire une boisson froide», confie Noël Aimé, qui a habité pendant deux ans dans le secteur. De son côté, Isabelle Tine, qui passe souvent dans le secteur pour magasiner, évite de sortir quand elle peut pendant les grandes chaleurs.

Selon les deux passants, la meilleure façon d’améliorer le secteur en ce qui a trait à la chaleur serait d’ajouter des zones d’ombres. «Avec les arbres, on a un peu d’air frais, mais quand le soleil est à son plus fort, ils n’offrent pas assez d’ombre», explique-t-elle.

Joyce Weeks, qui réside tout près du centre d’achat Norgate, s’inquiète quant à elle pour les personnes âgées qui demeurent dans le secteur.

«Il y en a qui n’ont pas l’air climatisé et qui n’ont nulle part où aller à proximité pour se rafraîchir, s’indigne-t-elle. Il faut faire mieux.»

Longue bataille

De son côté, l’Arrondissement de Saint-Laurent indique être bien au fait des îlots de chaleurs qui sont présents sur son territoire et que quelque 200 arbres seront plantés dans la prochaine année en priorisant les zones chaudes de la carte de la Ville de Montréal.

Cependant, en ce qui a trait aux zones industrielles, il en revient à la volonté des industries de lutter contre ce phénomène, ce qui complique la tâche de l’Arrondissement.

«Il y a plusieurs années, on a lancé un concours qui encourageait les entreprises à planter des arbres, raconte le maire suppléant et conseiller d’arrondissement Aref Salem. On n’a pas obtenu l’engouement qu’on espérait.»

C’est pourquoi une règlementation a été adoptée pour forcer les entreprises qui souhaitent agrandir ou modifier leurs locaux via un plan d’intégration architectural d’adopter un toit blanc, un toit vert ou d’ajouter des arbres à leur stationnement.

Il faudra toutefois s’armer de patience pour voir des résultats à grande échelle, selon M. Salem.

«Saint-Laurent, c’est environ 10% du territoire de la Ville de Montréal, donc les ressources nécessaires pour atteindre notre objectif de 25% de canopée sont énormes, dit-il. Petit à petit on y travaille, mais ça va prendre du temps.»

La carte des îlots de chaleur peut être consultée sur le site Internet de la Ville de Montréal.

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François Legault refuse toujours de pénaliser l’achat de gros véhicules

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Les VUS et camions légers, qui représentaient environ 20,1 % du parc automobile en 2011, occupent maintenant près de 42,2 %.

(Montréal) François Legault refuse toujours de mettre un frein à l’achat de VUS et de camionnettes, et ce, malgré ses inquiétudes face au réchauffement climatique qui se manifeste brutalement en Europe, en Afrique et dans l’ouest du pays ces jours-ci.

Publié à 18h06

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Pierre Saint-Arnaud La Presse Canadienne

Interrogé à ce sujet lors d’une annonce partisane à Montréal, jeudi, M. Legault a reconnu que « le réchauffement climatique, c’est inquiétant pour toute la planète et c’est inquiétant surtout quand on pense à nos enfants, nos petits-enfants ».

« Il faut agir », a-t-il lancé.

Il a toutefois refusé même d’aborder la question de mesures désincitatives à l’achat de gros véhicules, malgré des questions insistantes à ce sujet. Plutôt, le premier ministre n’a voulu parler que des incitatifs offerts à l’achat de véhicules électriques, sur lesquels il mise énormément.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

François Legault en conférence de presse le 21 juillet

« On a des incitatifs très importants pour ceux qui achètent des véhicules électriques », a-t-il d’abord rappelé, tout en reconnaissant qu’il y a un os : « Malheureusement, pour l’instant, il y a des délais de livraison qui sont longs, mais on va continuer d’y aller avec des incitatifs pour que les gens achètent plus de véhicules électriques. »

En fait, ces véhicules sont pour la plupart introuvables et les acheteurs se retrouvent sur des listes d’attente qui peuvent atteindre et même dépasser les deux ans. Pendant ce temps, les ventes de « camions légers » – un segment qui comprend les VUS et les camionnettes – ne cessent d’augmenter.

Principale cause de la hausse des GES

Or, le transport demeure le plus important producteur de gaz à effet de serre au Québec et selon un rapport publié en février dernier par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal publié en février dernier, c’est la croissance des ventes de camions légers qui est la principale cause de l’augmentation des émissions de GES du Québec depuis 2014.

Cette croissance est phénoménale. Longtemps reconnu comme le plus grand consommateur de petites voitures économiques en Amérique du Nord, le Québec a depuis succombé aux charmes des gros véhicules lourds et énergivores.

Les VUS et camions légers, qui représentaient environ 20,1 % du parc automobile en 2011, occupent maintenant près de 42,2 %. La proportion d’automobiles, elle, a chuté de 71,3 % à 55,1 % du parc automobile québécois.

M. Legault a rappelé au passage que le Québec est l’État qui présente le plus bas taux d’émissions de GES en Amérique du Nord, une situation surtout imputable à la disponibilité d’une électricité renouvelable produite par les barrages hydroélectriques.

Aussi, a-t-il rappelé, « on a annoncé des projets importants dans le transport collectif, entre autres le REM de l’Est, entre autres la ligne bleue. Il y a en a aussi sur la Rive-Nord, sur la Rive-Sud ».

« C’est certain qu’on doit continuer d’agir », s’est défendu le premier ministre, réaffirmant son objectif d’atteindre la carboneutralité pour 2050. « C’est ce qu’on vise et on espère que les voisins vont faire la même chose. »

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Quand on regarde le bilan environnemental global du gouvernement Legault, on réalise qu’il est resté bloqué dans l’inconscience du siècle passé et qu’il n’a aucune ambition d’y remédier. Pourtant tout indique qu’il y a urgence d’agir si on veut inverser la tendance actuelle du réchauffement climatique et de la détérioration des milieux naturels.

À noter que le choix d’ignorer les problèmes et de refuser d’appliquer les solutions adéquates nous mènent directement à des dépassements qui nous ferons largement rater les cibles pour lesquels le Canada s’est engagé auprès de la communauté internationale.

Mais le pire dans tout cela c’est que ce sont les jeunes d’aujourd’hui et leurs enfants et petits-enfants qui devront payer l’énorme facture de réparation pour la révoltante désinvolture de la CAQ, qui planifie à court terme dans le seul but de plaire à sa base électorale grandement pro-automobile.

Tout le contraire du développement durable, dont le premier principe est d’éviter de refiler les problèmes d’aujourd’hui aux générations futures. Parce que plus on attendra avant d’agir, plus il faudra dépenser des milliards pour réparer les importants dommages qui en découleront inévitablement.

Appels d’offres d’Hydro-Québec La production d’énergie solaire pourrait tripler au Québec

PHOTO ARCHIVES FOURNIE PAR STACE

STACE, pour Saint-Augustin Canada Électrique, est un fournisseur d’équipements électriques de grande puissance dans le secteur de la production d’énergie.

La production d’énergie solaire pourrait tripler au Québec si le projet proposé par l’entreprise STACE dans le cadre des appels d’offres en cours d’Hydro-Québec est sélectionné.

Publié à 12h12

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Jean-Thomas Léveillé

Jean-Thomas Léveillé La Presse

Le parc solaire de 32,4 mégawatts (MW) proposé par l’entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec, fait partie de la liste des projets présélectionnés dévoilée jeudi par la société d’État.

Il serait construit à Matane, « sur un site d’enfouissement autrement inutilisable », avec des panneaux solaires fabriqués au Québec, a indiqué l’entreprise dans un communiqué, vendredi.

STACE, pour Saint-Augustin Canada Électrique, est un fournisseur d’équipements électriques de grande puissance dans le secteur de la production d’énergie.

L’entreprise soutient que son projet démontrera que l’énergie solaire est « une avenue durable et viable » au Québec.

L’énergie solaire demeure nettement sous-utilisée au Québec alors que le taux d’ensoleillement est comparable à celui de nombreux pays utilisant cette technologie.

extrait du communiqué de STACE

Les nouveaux panneaux doubles-faces « font en sorte que la neige n’est nullement un obstacle à leur utilisation », ajoute l’entreprise, qui promet des « coûts compétitifs ».

Première au Québec

STACE pourrait devenir le tout premier fournisseur externe d’énergie solaire d’Hydro-Québec, avec son projet de parc solaire à Matane.

C’est d’ailleurs la première fois qu’un projet solaire est soumis à Hydro-Québec dans le cadre de ses appels d’offres.

Le réseau d’Hydro-Québec n’est alimenté à l’heure actuelle que par 10,3 MW d’énergie solaire, qui proviennent presque entièrement de ses deux centrales pilotes situées à Varennes et à La Prairie, mises en service en 2021 dans une perspective de recherche.

La société d’État a aussi installé un petit nombre de panneaux solaires à Lac-Mégantic, dans le cadre d’un projet-pilote de microréseau.

STACE souligne que son projet constituerait « une vitrine technologique exceptionnelle » pour la technologie qu’elle a développée en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, qui permet d’installer des panneaux solaires sur des sols instables, comme un site d’enfouissement.

Un parc solaire utilisant cette innovation québécoise a récemment été complété en France, indique l’entreprise.

Décision d’ici le début de 2023

Les projets présélectionnés jeudi par Hydro-Québec ont été soumis dans le cadre des deux appels d’offres lancés en décembre dernier pour l’achat de blocs d’électricité distincts : l’un de 300 MW de source éolienne uniquement et l’autre de 480 MW de n’importe quelle source renouvelable.

Il s’agit des premiers appels d’offres d’envergure depuis 2013 — deux appels d’offres particuliers ont eu lieu en 2015 et en 2020.

La société d’État a reçu 27 soumissions, dont trois ont été rejetées à l’ouverture.

Les 24 autres, qui totalisent 4205 MW, seront analysées au cours des prochains mois.

Hydro-Québe prévoit annoncer les projets retenus d’ici la fin de l’année ou au tout début de 2023 ; leur mise en service devra être complétée au plus tard le 1er décembre 2026.

En savoir plus

  • 37 248 MW
    puissance installée d’Hydro-Québec, excluant les réseaux autonomes et les fournisseurs externes

source : Hydro-Québec

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Projets de mines de graphite Une vingtaine de municipalités dénoncent un « rouleau compresseur »

PHOTO FOURNIE PAR LOUIS ST-HILAIRE

Affiche de la campagne « Incompatible avec l’activité minière » installée à Lac-des-Plages

Une vingtaine de municipalités de l’Outaouais lancent une offensive contre les projets de mines de graphite dans leur région, dont ils craignent les impacts sur les lacs et la qualité de vie des résidants.

Publié à 5h00

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Léa Carrier

Léa Carrier La Presse

Dès lundi, le slogan « Incompatible avec l’activité minière » sera placardé dans 21 municipalités de la MRC de Papineau, en Outaouais, en appui au Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation (RPLPN), qui mène la charge.

« C’est un rouleau compresseur qui va passer sur le sud du Québec. Il faut réglementer avant que le rouleau écrase tout », alerte Louis St-Hilaire, porte-parole du RPLPN.

« Le rouleau compresseur », c’est l’exploration minière liée au graphite.

Ce minerai — essentiel pour fabriquer les batteries de voitures électriques — est indispensable dans la course à l’électrification de Québec.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le graphite est un ingrédient nécessaire à la fabrication des batteries de voitures électriques.

À Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, la mine à ciel ouvert de la société Nouveau Monde Graphite, dont la construction a été lancée à l’été 2021, tirera bientôt des ressources du sol.

Un autre projet de mine de graphite, La Loutre, situé entre Duhamel et Lac-des-Plages, est à l’étape des forages d’exploration.

Louis St-Hilaire dénonce ce qu’il nomme « la ruée vers l’or dans Papineau », dont le sous-sol, comme ailleurs en Outaouais, est riche du précieux minerai.

« Le projet de mine dans notre coin est entouré de lacs et d’immenses milieux humides », déplore M. St-Hilaire.

Le préfet de la MRC de Papineau, Benoit Lauzon, ajoute sa voix à la sienne : « Nos citoyens sont très attachés à notre territoire, parsemé de lacs et de cours d’eau exceptionnels. On entend très clairement leur message et nous le partageons : selon les règles actuelles du gouvernement, notre région est incompatible avec l’activité minière », a-t-il réagi dans un communiqué.

En plus de la destruction de milieux naturels, les municipalités redoutent les impacts d’un projet d’une telle envergure sur la qualité de vie des résidants.

« Notre population ne souhaite pas voir d’activité minière à 200 mètres de leur lac », lance le maire de Duhamel, David Pharand, en entrevue avec La Presse.

« Ce sont des territoires qui sont destinés aux loisirs, à la vie au grand air. Les gens ne s’attendent pas à retrouver un parc industriel de plusieurs kilomètres de long », ajoute Louis St-Hilaire.

PHOTO FOURNIE PAR LOUIS ST-HILAIRE

L’installation des pancartes est pilotée par le Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation.

Professeur émérite en ressources minérales à l’UQAM, Michel Jébrak n’est pas surpris que des municipalités montent au créneau contre ces projets miniers.

« Ce type d’action est la norme dans l’industrie minérale », constate le spécialiste de l’exploration minière.

Or, la transition énergétique ne peut se faire sans ressources minérales.

[Les ressources minérales] seront toujours exploitées quelque part. Et dans ce quelque part, il y aura toujours des répercussions.

Michel Jébrak, professeur émérite en ressources minérales à l’UQAM

Néanmoins, dit-il, « c’est un enjeu de responsabilité politique collective où les entreprises ne constituent qu’un des aspects de la décision ».

Louis St-Hilaire tient à le souligner : la campagne ne s’oppose pas à l’électrification des transports, tout au contraire.

« Mais la façon dont c’est fait présentement, on fait ça avec des lois du passé. […] Il faut réglementer. Il faut protéger nos cours d’eau », plaide-t-il.

Un feu vert controversé

Quand M. St-Hilaire regarde ce qui se passe autour de l’Outaouais, il redoute le pire.

Le site minier de Nouveau Monde Graphite — qui doit devenir la plus grande mine de graphite de l’Occident à terme — continue de diviser la communauté.

C’est que le projet avait obtenu le feu vert de Québec en 2021, malgré le fait que certaines études environnementales n’avaient pas encore été complétées.

En juin dernier, Le Devoir a rapporté que des citoyens avaient entrepris d’effectuer eux-mêmes des tests sur plusieurs cours d’eau à proximité du site, craignant la présence de rejets acides et de résidus miniers.

Pour Louis St-Hilaire, c’est un exemple qui montre clairement « qu’on ne peut pas faire vraiment confiance au gouvernement ».

« Quand on a parlé [au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles], il nous a écoutés, mais on ne sent pas qu’il veut changer quoi que ce soit là-dedans. Il y a un laisser-faire du côté du gouvernement. C’est pratiquement une complicité », dénonce le porte-parole du RPLPN.

Multiplication des titres miniers

Ce qui préoccupe aussi les municipalités, c’est la « multiplication » des claims (titres miniers d’exploration), affirme Louis St-Hilaire.

Car le titulaire d’un claim a le droit exclusif de chercher des substances minérales sur le terrain du domaine de l’État qui en fait l’objet, et ce, pour une période de deux ans.

« Dans notre municipalité, j’ai zéro claim, mais je vois l’ensemble du portrait dans l’Outaouais, Lanaudière, les Laurentides et je vois le problème grimper. Je crains que dès qu’on a un potentiel minier, les claims se multiplient à grande échelle, ce qui crée une inquiétude », dit David Pharand.

Pour se préparer à l’arrivée de l’industrie minière, le maire de Duhamel presse Québec d’accorder un plus grand pouvoir aux MRC.

« Laissez-nous les outils pour qu’on puisse cohabiter avec les mines », plaide-t-il.

En savoir plus

  • 4 millions
    Nombre de batteries que le Québec pourrait fabriquer chaque année avec ses réserves connues de lithium, de graphite, de nickel et de cobalt

Source : ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec

Nos lacs manquent d’amour

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le lac Roxton, contaminé par les algues bleu-vert

Le Québec compte des centaines de milliers de lacs. Ils sont au cœur de notre histoire, de nos paysages, de notre imaginaire collectif. Et pourtant, ils manquent d’amour. On estime qu’une centaine de lacs, plus proches des lieux habités, sont mal en point, contaminés par les algues bleu-vert.

Publié à 5h00

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Suzanne Colpron

Suzanne Colpron La Presse

Des citoyens laissés à eux-mêmes

Si la détérioration des lacs québécois est un phénomène connu depuis longtemps, le réchauffement climatique empire les choses, parce qu’il prolonge la période de l’année où il fait plus chaud et où les espèces nuisibles peuvent se multiplier, que ce soit les algues bleu-vert, ou cyanobactéries, qui peuvent provoquer des problèmes de santé, ou encore les plantes envahissantes, qui accélèrent le vieillissement des lacs.

« On a de plus en plus de chaleur, de plus en plus de fortes précipitations. Et on sait que les lacs vont avoir encore plus de difficulté et que les cyanobactéries vont être juste plus heureuses, qu’elles vont pouvoir proliférer encore plus », explique Mélanie Deslongchamps, directrice générale d’Agiro, regroupement de citoyens voué à la protection du lac Saint-Charles et de son bassin versant, à Québec.

Cela dit, on est dans le noir parce que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), responsable du dossier, ne recueille pas de données sur les cyanobactéries. Et surtout, parce que le gouvernement du Québec n’a pas de programme ou de stratégie structurée pour combattre ce fléau et mise plutôt sur le volontariat.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

En 2021, l’analyse des échantillons d’eau du lac Roxton, en Estrie, a montré une présence d’algues microscopiques en suspension « extrêmement élevée ».

« Au Québec, les données sont très difficiles à obtenir », affirme Yannick Huot, géomaticien spécialisé en limnologie à l’Université de Sherbrooke. « On a très peu d’information. En fait, on n’a pas d’informations quantitatives sur lesquelles on peut se baser. Ce qu’on a, ce sont des études à plus grande échelle qui montrent que, oui, il y a une augmentation des cyanobactéries dans le temps. Mais, au Québec, on n’est pas capable de le voir à partir des données disponibles. »

Le seul suivi de la qualité de l’eau repose sur le Réseau volontaire de surveillance des lacs (RSVL). Ce mécanisme permet aux associations de citoyens de faire analyser l’eau de leur lac, moyennant des frais.

Et pour combattre ce fléau, c’est la même chose. La gestion de la salubrité des lacs est laissée au bon vouloir des riverains et des associations de protection composées de bénévoles.

Le MELCC n’intervient pas, sauf dans certains cas précis, comme lorsque le lac est une source d’eau potable. La lutte contre les organismes envahissants ou toxiques est ainsi considérée comme une responsabilité individuelle plutôt que gouvernementale, comme l’explique bien une page de foire aux questions du Ministère.

Consultez la page du MELCC

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Certaines espèces de cyanobactéries produisent des toxines qui peuvent être nocives pour les animaux et les humains qui les ingèrent.

« C’est sûr qu’il y aurait des actions importantes à prendre, croit Mélanie Deslongchamps, d’Agiro. Mais, pour l’instant, il n’y a aucun programme qui a été mis en place par le gouvernement. Il n’y a aucun programme pour suivre les cyanobactéries. On ne sait pas combien de lacs ont des “fleurs” d’eau d’algues bleu-vert ni combien de temps ça dure. On ne fait pas d’échantillonnages pour connaître les communautés de cyanobactéries et les changements dans les communautés. »

Dans le fond, on a très peu de connaissances.

Mélanie Deslongchamps, directrice générale d’Agiro

Pourtant, ce n’est pas un problème théorique. Les cyanobactéries posent un réel enjeu d’environnement et de santé publique. Les lacs touchés vieillissent prématurément, des poissons peuvent mourir par manque d’oxygène et des gens risquent de tomber malades.

Toxicité

Comme leur nom l’indique, on reconnaît les cyanobactéries, communément appelées algues bleues ou algues bleu-vert, à leur couleur. Ces microorganismes peuvent renfermer des toxines et causer des ennuis gastroentériques, des éruptions cutanées, des maux de tête, des vomissements ou de la fièvre. Si elles sont ingérées, elles peuvent aussi être nocives pour les animaux.

Leurs conséquences sont bien connues des riverains des lacs affectés. « S’il y a trop de toxines, il ne faut pas toucher à l’eau », prévient Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal. « Il faut éviter du faire du canot, du kayak. Il ne faut surtout pas prendre sa douche ni faire cuire les pâtes dans cette eau-là. Quand les concentrations sont très élevées, l’eau est verte. C’est clairement un indice. » Et bien sûr, il faut encore moins s’y baigner.

Mais ces consignes de prudence sont parfois difficiles à respecter en raison de l’imprévisibilité des cyanobactéries. « Les algues peuvent se déplacer, explique M. Sauvé. Plusieurs espèces ont la capacité de choisir si elles flottent ou pas et à quel niveau elles flottent. Donc, il peut ne pas y en avoir beaucoup à la surface, mais il y en a plein dans la colonne d’eau. Puis, si, pendant la nuit, elles décident qu’elles préfèrent flotter, en quelques heures, un tapis peut apparaître à la surface. Et si les vents dominants changent, ça peut passer d’un bord du lac à l’autre bord. »

L’agriculture industrielle, le grand responsable

Les grands responsables de l’accumulation de ces cyanobactéries sont les activités humaines. D’abord l’agriculture industrielle. De trop grands apports d’éléments nutritifs comme le phosphore et l’azote favorisent leur prolifération, ce qui frappe surtout les régions où l’agriculture est plus présente. Mais cela n’épargne pas les régions moins agricoles, où les installations septiques « d’un autre siècle », le déboisement ou le remblaiement des rives, les coupes forestières, l’emploi d’engrais pour les pelouses contenant du phosphore contribuent au phénomène.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les propriétaires peuvent contribuer à la lutte contre les algues bleu-vert en évitant de mettre de l’engrais sur leur gazon et en maintenant une bande riveraine végétalisée sur leur terrain, entre autres.

« La cause, c’est l’agriculture industrielle, principalement avec le maïs et le soya. C’est la source principale de nos nutriments de phosphore et d’azote qui polluent nos eaux de surface et souterraines », assure Barry Husks, président de Blue-Leaf, une entreprise spécialisée en recherche et développement dans les milieux aquatiques et agricoles, qui a étudié pendant 12 ans le petit lac Saint-François. Contrairement à la croyance populaire, M. Husk estime que les embarcations à moteur ne jouent pas un grand rôle.

« Les bateaux à vague n’aident pas, mais sur une échelle de 1 à 10 sur les causes de cyanobactéries, c’est 1, dit-il. C’est très mineur. »

Yannick Huot, qui a mené une vaste étude sur 664 lacs au pays, de 2016 à 2019, arrive aux mêmes conclusions.

« Les gens qui habitent le long des lacs peuvent éviter de construire trop proche de l’eau, protéger les berges, ne pas mettre d’engrais sur leur gazon. Ce sont des solutions que les citoyens peuvent mettre en place, dit-il. Mais selon notre analyse, quand il y a 30 % du bassin versant d’un lac qui est utilisé pour l’agriculture, ça commence à aller moins bien dans le lac. »

Et que fait le gouvernement pour enrayer ce problème ? Pas grand-chose.

« Avant, il y avait un suivi beaucoup plus intense du gouvernement », note Sarah Dorner, professeure au département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal. « On était à en avance sur les autres provinces et même à l’international. On avait un beau programme de recherche, au Québec. Mais il n’y a plus rien. »

Il y a très, très peu de ressources qui sont attribuées au suivi des lacs au Québec. C’est un petit groupe au Ministère dont les membres se comptent sur les doigts d’une main. À mon avis, c’est ça, le problème.

Yannick Huot, géomaticien spécialisé en limnologie à l’Université de Sherbrooke

Mélanie Deslongchamps, d’Agiro, s’inquiète de son côté du « manque d’action très forte du gouvernement pour réduire les polluants vers les lacs ». « Il y a beaucoup de choses à faire et il y a beaucoup de choses qui sont dans la cour du gouvernement du Québec, dit-elle. Les municipalités ont besoin d’aide. Tout comme les associations de lacs. »

854 923

Nombre de lacs de plus d’un hectare au Québec

Source : Géobase du réseau hydrographique du Québec

Le lac Roxton face à l’envahisseur

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Simon Turcotte, au bord du lac Roxton, en Estrie

Simon Turcotte, 45 ans, habite depuis toujours au bord du lac Roxton, près de Granby. Un joli petit lac artificiel, mais un des pires du Québec.

L’analyse des échantillons d’eau, effectuée en 2021, a montré une eau « extrêmement trouble » et une présence d’algues microscopiques en suspension « extrêmement élevée ». Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a classé ce plan d’eau dans la catégorie hypereutrophe, soit en très mauvaise santé.

PHOTO FOURNIE PAR SIMON TURCOTTE

Vue du lac Roxton, en septembre 2021

L’eutrophisation découle d’un apport excessif de nutriments dans l’eau, comme l’azote ou le phosphate. Une de ses conséquences est la croissance excessive des plantes aquatiques. Au lac Roxton, on compte au moins 15 espèces, dont l’élodée du Canada et le myriophylle à épis. Elles ne sont toutefois pas toxiques, comme certaines des cyanobactéries.

Ces plantes envahissantes constituent l’autre grande menace pour les lacs. À faible densité, elles sont même normales et bénéfiques pour la santé d’un lac, mais leur croissance excessive affecte le développement de la vie aquatique.

« Les plantes envahissantes, c’est très désagréable, explique Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal. Ça peut faire vieillir le lac de façon accélérée, car les plantes poussent sans arrêt. À un moment donné, ça fait tellement de matières organiques que ça meurt et ça se décompose. En se décomposant, ces plantes vont prendre de l’oxygène du lac. Plus le lac prend de l’âge, plus il y a de dépôts organiques, et au fur et à mesure que le fond s’épaissit, il y a moins d’eau. À un moment donné, ça devient un marais. »

Il existe des solutions spécifiques à la lutte contre les plantes envahissantes, comme les bâches pour entraver leur croissance, ou leur ramassage, qui peut même se faire avec des machines, les faucardeuses. Mais, tout comme dans le cas des cyanobactéries, ces efforts ne suffiront pas si on ne s’attaque pas à la source du problème, les nutriments comme le phosphore qui trouvent leur chemin jusqu’à l’eau du lac.

Simon Turcotte, membre depuis quatre ans du comité d’environnement du lac Roxton, multiplie les actions pour améliorer la qualité de l’eau de son lac. Il collabore notamment avec la municipalité et la MRC de la Haute-Yamaska pour trouver des façons de diminuer l’apport de nutriments en provenance des terres agricoles.

« Des fois, c’est décourageant, confie-t-il. Le ministère de l’Environnement joue plus au chien de garde qu’il ne contribue à apporter des solutions. On a l’impression qu’on doit montrer patte archiblanche avant d’être capable de faire quelque chose. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Simon Turcotte, membre du comité d’environnement du lac Roxton, habite au bord de ce plan d’eau depuis toujours.

À la quantité de lacs qu’on a au Québec, on devrait avoir un Ministère plus proactif sur la gestion des plans d’eau. On a des programmes de subventions pour faire des routes, mais pas vraiment de programmes pour entretenir des lacs.

Simon Turcotte, membre du comité d’environnement du lac Roxton

La déforestation

Si, dans de nombreux plans d’eau, l’accumulation de cyanobactéries est liée à la pratique agricole, au lac Brompton, le problème vient en partie de la déforestation. La présence d’arbres et de végétation limite en effet le ruissellement des sédiments et des nutriments vers les plans d’eau.

« Nous, on n’a pas de terres agricoles, mais on a eu de la déforestation parce que des entreprises ont exploité les forêts autour du lac, ce qui a transporté beaucoup de nutriments dans le lac », indique Lise Préfontaine, bénévole à l’Association pour la protection du lac Brompton. « C’est une des causes. Une autre cause, c’est sûrement les fosses septiques qui sont déficientes. »

D’autres outils permettent de combattre les cyanobactéries. Il y a cinq ans, le lac Bromont, en Estrie, a utilisé un traitement spécial pour améliorer la qualité de son eau et réduire la fréquence des éclosions d’algues bleu-vert : le Phoslock. Cette solution, très coûteuse, pourrait-elle s’appliquer à d’autres lacs affectés par les cyanobactéries, comme le lac Roxton ou le lac Brompton ?

« Ce produit fait précipiter le phosphore au fond de l’eau, souligne le professeur Sébastien Sauvé. L’idée n’est pas mauvaise, mais il faut s’assurer d’arrêter l’apport en phosphore. L’analogie que je vois, c’est comme si on a une solution pour vider la chaloupe qui est pleine d’eau, mais qu’on ne colmate pas le trou qui est dans le fond de la chaloupe. Le Phoslock, c’est un peu ça. On enlève le phosphore qui est dans le lac, on le met au fond, mais on ne ferme pas le robinet. »

Une épée de Damoclès

On a observé des éclosions de cyanobactéries au début de l’été, en Estrie, notamment au lac Brompton et au lac Bromont. Un phénomène qui survient habituellement à la fin de la saison chaude. Faut-il s’en inquiéter ? Pas nécessairement. Les éclosions de cyanobactéries varient d’une année à l’autre, en fonction des conditions météorologiques. Mais les changements climatiques pourraient empirer les choses.

« On ne sait pas ce qui va arriver avec ça, admet Yannick Huot, de l’Université de Sherbrooke. On est vraiment aux balbutiements pour essayer de comprendre ce qui va se passer. C’est un peu l’épée de Damoclès au-dessus des lacs. Dans une vingtaine d’années, ça va commencer à beaucoup changer. »

PHOTO FOURNIE PAR RENAISSANCE LAC BROME

Algues bleu-vert dans le lac Brome

Au lac Brome, les premières éclosions sont survenues en juillet. « On a un été chaud et pluvieux à la fois », explique Anaïs Renaud, biologiste à Renaissance Lac Brome, un organisme voué à la protection et à la restauration du lac Brome et de son bassin versant. « C’est probablement pourquoi on a vu les cyanobactéries plus tôt cette année. On a eu des pluies très fortes qui ont contribué au lessivage des sols et à enrichir le lac. C’est souvent après ces fortes pluies, si on a une météo plus calme, qu’on voit apparaître les fleurs d’eau de cyanobactéries. »

Par contre, au lac Roxton, la situation est moins pire cette année, même si les fleurs d’eau de cyanobactéries sont de retour. « L’année 2021 a été de loin la pire année qu’on a vue », indique Simon Turcotte, qui habite au bord du lac depuis toujours. « Dans notre cas, le renouvellement de l’eau dépend des pluies. Il y a eu beaucoup de pluie au début de la saison et ça a aidé à avoir une eau plus fraîche. Mais avec la chaleur qu’on a eue dans les derniers jours, les algues sont apparues. C’est plus verdâtre, mais on n’est pas encore à l’étape où ça dégage des odeurs. »

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Un parc de panneaux solaires pourrait voir le jour à Matane

L’entreprise STACE souhaite la construction d’un parc solaire photovoltaïque à Matane.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Arnould

Catherine Charest (accéder à la page de l’auteur)

Catherine Charest

Publié le 29 juillet 2022

Hydro-Québec a dévoilé la liste des soumissions retenues pour analyse à la suite des appels d’offres lancés pour des projets en énergie éolienne et renouvelable. Parmi les projets retenus, un seul propose l’énergie solaire : celui de l’entreprise STACE

qui souhaite la construction d’un parc solaire photovoltaïque à Matane.

Par voie de communiqué, le président de STACE

, Normand Lord, se réjouit de constater que le projet de Matane a été retenu parce qu’il estime que le solaire est une avenue durable et viable au Québec.

Les panneaux solaires utilisés à Matane seraient construits au Québec par STACE

, qui a d’ailleurs acheté une usine dans le parc industriel de la ville l’an dernier.

L’usine d’Enercon à Matane qui a depuis été acheté par STACE (archives).

Photo : Radio-Canada

En collaboration avec l’Université de Sherbrooke, la compagnie a développé une technologie permettant d’installer des panneaux solaires sur des sols instables. Si le projet Centrale solaire Matane 40MWdc va de l’avant, il serait localisé sur le site d’enfouissement de Matane.

Ce parc de panneaux solaires offrirait une puissance de 32,4 MW, ce qui permettrait de répondre à 28 % des besoins en énergie de la ville de Matane.

L’entreprise STACE

est convaincue que le projet saurait répondre adéquatement aux besoins d’Hydro-Québec, notamment grâce à ses coûts qu’elle juge compétitifs et aux retombées économiques que le parc générerait dans la province.

Au centre, Normand Lord, président et chef de la direction de STACE, lors de l’achat de l’usine Enercon où il STACE s’est installé.

Photo : Radio-Canada / Perrine Bullant

Selon STACE

, l’énergie solaire demeure nettement sous-utilisée au Québec alors que le taux d’ensoleillement y est comparable à celui de nombreux pays utilisant cette technologie. De plus, les nouveaux panneaux doubles-faces de l’entreprise font en sorte que la neige ne pose aucun problème à leur utilisation sur le territoire de la province.

« Nous croyons que nous avons en main tous les éléments pour faire de ce projet un succès et une importante vitrine pour notre technologie éprouvée que nous avons développée ici, au Québec. »

— Une citation de Normand Lord, président et chef de la direction de STACE

De plus, comme le projet serait situé sur un site d’enfouissement et qu’il ne génère aucune nuisance, l’acceptabilité sociale du parc photovoltaïque a de grandes chances de réussite. D’ailleurs, la Ville de Matane a adopté une résolution pour permettre au projet d’aller de l’avant lors du dernier conseil municipal.

Des projets éoliens dans l’Est-du-Québec

Deux différents appels d’offres ont été lancés par Hydro-Québec en décembre dernier. Pour le premier visant 300 MW d’électricité produite à partir de source éolienne, la société d’État a retenu 11 soumissions et, pour le deuxième visant 480 MW d’électricité produite à partir de n’importe quelle source renouvelable, elle en a retenu 13.

Un parc éolien (archives)

Photo : La Presse canadienne / Andrew Vaughan

Sur le territoire de l’Est-du-Québec, huit emplacements différents pourraient héberger des projets majoritairement dans le secteur de l’énergie éolienne, s’ils venaient à être sélectionnés par la société d’État.

Bas-Saint-Laurent :

  • Saint-Damase (MRC de La Matapédia)
  • Dégelis (MRC de Témiscouata)
  • Routhierville (MRC de La Matapédia)
  • Le secteur Saint-Antonin — Pohénégamook — Saint-Honoré-de-Témiscouata
  • Matane (MRC de la Matanie)

Gaspésie :

  • Rivière-Nouvelle (MRC Avignon)
  • Saint-Elzéar de Bonaventure (MRC de Bonaventure)

Côte-Nord :

  • Fermont (MRC Caniapiscau)

Le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre, affirme qu’Hydro-Québec se réjouit du grand nombre de soumissions reçues dans le cadre de l’achat de ces deux blocs d’électricité.

Il affirme que des 27 soumissions initialement reçues, 24 ont passé la première étape et vont être analysées dans les prochains mois.

Le processus est d’abord de s’assurer de l’éligibilité des soumissions en fonction des critères minimaux d’appel d’offres en matière des produits qu’on recherche et en fonction des besoins en électricité du Québec, explique le porte-parole.

Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec.

Photo : Gracieuseté d’Hydro-Québec

Pour la prochaine étape, Hydro-Québec évaluera les diverses propositions afin de les classer. Ensuite on va faire un classement des soumissions où on y va à la fois en fonction du coût et des critères annoncés à l’appel d’offres puis on va procéder à une analyse de ce classement pour déterminer quelle est la combinaison optimale.

L’annonce des projets retenus qui iront de l’avant sera faite dans les prochains mois, au plus tard en début de 2023.

Les livraisons d’électricité des divers projets sélectionnés devront commencer au plus tard le 1er décembre 2026.

Avec les informations de Marguerite Morin

Catherine Charest (accéder à la page de l’auteur)

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Un boom minier… dans votre cour arrière !

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Exploitation du graphite — l’un des minéraux stratégiques utilisés dans les batteries de voiture — dans la région de Lanaudière

Alexandre Sirois

Alexandre Sirois La Presse

Est-on sur le point d’assister, au Québec, à une ruée vers l’or des temps modernes ?

Publié à 5h00

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Certains se posent la question à voir l’enthousiasme manifesté par l’industrie minière à l’égard des minéraux stratégiques, présents en grande quantité dans le sous-sol de notre province.

Et cet enthousiasme est dopé, on le sait, par les efforts faits par le gouvernement du Québec pour « valoriser » ces minéraux. On cherche à développer ici une filière de la batterie électrique.

Nous avons, dans ces pages, salué cette initiative en raison de son potentiel pour le développement économique du Québec et de son importance pour la transition énergétique, essentielle à la lutte contre les changements climatiques.

Maintenant que le train est lancé, il est important de veiller à ce qu’il reste sur les rails. Tout en limitant les dégâts qu’il pourrait faire là où il va passer.

L’heure est venue de débattre de façon sérieuse et transparente des coûts environnementaux de l’établissement de cette filière et de se donner les moyens de les réduire à leur plus simple expression.

La CAQ doit se préoccuper sérieusement de la grogne et des inquiétudes des résidants face aux bouleversements annoncés par ce boom minier.

Il y a quelques jours, 21 municipalités de l’Outaouais (de la MRC Papineau) ont lancé une offensive contre ce qu’elles qualifient d’« envahissement » de leur territoire par « l’industrie de l’exploration minière du graphite ».

C’est l’un des minéraux stratégiques qu’on utilise dans les batteries des voitures électriques. Et on en retrouve en grande quantité dans l’Outaouais, mais aussi dans les Laurentides et dans Lanaudière.

On comprend que les conséquences d’un boom minier dans ces régions du Sud du Québec pourraient être majeures (dans la MRC de Papineau, certains s’inquiètent déjà du sort des lacs et des cours d’eau).

Il faut tout faire pour protéger nos écosystèmes et limiter les impacts sur la qualité de vie des habitants de ces régions.

Il ne serait pas logique, pour favoriser l’électrification des transports ici comme ailleurs et réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’en venir à sacrifier des pans de notre territoire et à menacer les écosystèmes.

Notons que ce débat survient dans la foulée de nouvelles révélations au sujet du scandale environnemental de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, ce qui a assurément contribué à éveiller les consciences encore un peu plus.

Un sondage Léger dévoilé le 3 août dernier montre d’ailleurs qu’une majorité de Québécois estiment que l’industrie minière et le gouvernement du Québec n’en font pas assez pour protéger l’environnement.

Et bon nombre de Québécois souhaitent visiblement que l’industrie minière soit mieux bridée par le gouvernement.

À preuve : 79 % des personnes interrogées pensent qu’il faut prioriser la santé et l’environnement avant l’économie, « même si cela signifie que certains projets miniers devront cesser leurs opérations ».

Le sondage, effectué à la demande de la Coalition Québec meilleure mine et d’une poignée de partenaires, indique aussi que 89 % des Québécois voudraient empêcher l’industrie de rejeter des déchets miniers « dans tout lac, rivière ou milieu écologique sensible », alors que 86 % souhaiteraient « exiger que tous les projets de mines et d’agrandissement soient soumis à des évaluations environnementales ».

Consultez les résultats du sondage Léger

Une autre saprée bonne raison de débattre au plus vite du nouveau boom minier, c’est que le bilan du ministère de l’Environnement est notoirement faible lorsqu’il s’agit de remplir sa mission dans ce secteur — comme dans d’autres, hélas.

On le répète — avec raison — depuis de nombreuses années, mais un petit essai de l’ancien journaliste du Devoir, Louis-Gilles Francœur (ex-vice-président du Bureau des audiences publiques sur l’environnement), est récemment venu mettre de la chair autour de l’os, notamment en analysant les budgets du Ministère depuis sa création et en les mettant en contexte*.

Le ministère de l’Environnement « n’arrive pas à imposer son autorité et ses politiques aux ministères à vocation économiques et à leurs clientèles », et ça n’a rien d’étonnant, conclut-il.

Ministère junior sur le plan budgétaire, le ministère de l’Environnement se voit aussi relégué à l’arrière-plan des politiques économiques du secteur minier.

Louis-Gilles Francœur, ex-vice-président du Bureau des audiences publiques sur l’environnement

Les experts vous diront aussi, parallèlement, que notre arsenal législatif n’est pas à la hauteur du défi posé par les impacts du développement d’une filière de la batterie électrique.

Message aux formations politiques qui s’apprêtent à nous proposer des tonnes d’idées pour améliorer nos politiques publiques avant le prochain scrutin : la face cachée du boom minier mérite d’être explorée.

La Presse au Vermont De l’urine humaine transformée en engrais

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jay Bailey, agriculteur à Brattleboro, au Vermont, utilise de l’urine humaine pour fertiliser les sols de sa ferme.

Pour fertiliser leurs champs sans utiliser d’engrais chimiques, des fermiers vermontois avant-gardistes les aspergent d’urine humaine. La Presse est allée visiter ces collecteurs d’or jaune qu’on qualifie de « pee-cyclers ».

Publié à 0h00

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Hénia Ould-Hammou

Hénia Ould-Hammou La Presse

Nous retrouvons Jay Bailey, un agriculteur de Brattleboro, de bon matin. Sa Wild Carrot Farm n’est pas une ferme comme les autres. Il y a 10 ans, cet endroit sans histoire est devenu un véritable laboratoire. C’est ici, dans les vastes champs de M. Bailey, qu’Abraham Noe-Hays et Kimmerly Nace, fondateurs du Rich Earth Institute, ont testé les vertus de l’urine humaine.

« Abraham avait été stagiaire à notre ferme, raconte Jay Bailey. Puisqu’il nous connaissait, un beau jour, il nous a dit : “J’ai une idée. Voulez-vous l’essayer ?” Et nous lui avons répondu : “Bien sûr !” »

Depuis, les sols de cette ferme vermontoise s’enrichissent d’engrais fourni par l’Institut. Dans cette région, plusieurs autres agriculteurs utilisent gratuitement des réserves d’urine humaine pour arroser leurs champs. Des résidants s’en servent également pour abreuver leurs jardins.

Cette initiative s’est avérée un véritable succès, déclare Jay Bailey avec fierté. Après avoir couvert ses champs d’engrais chimique, très nuisibles à l’environnement, il s’est rapidement rendu compte des bienfaits de l’urine humaine.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jay Bailey, agriculteur

L’engrais commercial ne valait pas l’argent que j’ai dépensé. Il n’y avait plus d’insectes dans le foin. C’est signe que c’est mauvais. Avec l’urine, vous voyez les trois quarts des bénéfices la première année. Et l’année suivante, vous voyez encore où vous l’avez mise. Cela m’indique une chose : le sol aime ça.

Jay Bailey, agriculteur

Non seulement l’urine humaine contribue à la santé des sols, mais en plus elle constitue un choix conscient et écologique, soutient Jay Bailey. En effet, la majorité des nutriments que notre corps expulse se trouvent dans notre urine.

« J’aime prendre des choses qui sont considérées comme inutiles pour faire quelque chose de bien », explique le fermier, le sourire aux lèvres.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le projet s’est avéré un véritable succès pour sa ferme, se réjouit Jay Bailey.

La naissance d’une idée verte

C’est à quelques minutes de voiture des champs de Jay Bailey, chez Kimmerly Nace, que tout a commencé.

« En 2012, un groupe de personnes s’est mis à collecter de l’urine pour qu’on puisse faire des recherches », indique la chercheuse et cofondatrice du Rich Earth Institute.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Kimmerly Nace, cofondatrice du Rich Earth Institute

L’idée de recycler l’urine humaine n’a pas été difficile à mettre en œuvre à Brattleboro. Au départ, la « Urine Brigade » (en français, la Brigade urinaire) recrutait des adhérents un peu partout.

« L’un des membres de notre conseil d’administration s’est même rendu à l’église, se rappelle Kimmerly Nace. Une fois sur place, il s’est levé pour dire : “J’ai lancé ce projet et j’aimerais que vous y participiez…” »

Des femmes qui chantaient dans la chorale ont également rejoint les rangs du mouvement.

« Encore aujourd’hui, elles sont de grandes donatrices d’urine », signale Kimmerly Nace.

La chercheuse nous montre le réservoir externe où son urine, et celle de toute sa famille, atterrit quotidiennement.

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Kimmerly Nace devant le réservoir familial

« Il faut environ six mois pour le remplir, explique-t-elle. Au printemps, l’institut de recherche vient avec un gros camion pour pomper l’urine. Même chose à l’automne. »

Participation populaire

Chaque année, plus de 200 personnes se rendent au dépôt du Rich Earth Institute et donnent leur urine. Là-bas, le liquide organique est pompé et acheminé jusqu’aux réservoirs, qui sont ensuite transportés vers l’Institut en camion.

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Kimmerly Nace, cofondatrice du Rich Earth Institute, devant le dépôt d’urine de l’organisme

Pour encourager les gens à participer au projet, Kimmerly Nace a créé un concours intitulé « Piss Off ».

« Les gens notent tout ce qu’ils donnent, et nous décernons des prix, résume Kimmerly Nace. Ils prennent ce concours au sérieux. »

Quant à l’Institut, également situé à Brattleboro, il étonne avec ses prototypes de toilettes, son laboratoire, ses réservoirs et, surtout, son système de pasteurisation d’urine.

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« Ici, on pompe l’urine non pasteurisée, indique Jamina Shupack, adjointe de recherche. L’urine qui provient du dépôt ou des maisons des gens est versée dans ces grands réservoirs et passe dans un pasteurisateur, où elle est chauffée à 80 degrés pendant 90 secondes. Du côté énergétique, c’est très efficace comme procédé. »

Coût élevé

Bien que l’énergie nécessaire au fonctionnement du système soit relativement faible, le coût du projet est particulièrement élevé.

« À notre échelle, cela coûte plus cher que d’utiliser des engrais chimiques, admet Arthur Davis, adjoint de recherche. Mais, si vous voulez fertiliser votre jardin avec de l’urine, c’est très bon marché. »

« Nous pouvons probablement remplacer au moins 25 % des engrais synthétiques en utilisant notre urine », croit Kimmerly Nace.

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C’est tellement frustrant de voir la quantité d’industries / bureaux qui utilisent de l’eau potable pour arroser des petites superficies de pelouse, ou pire encore, de paillis.

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Vers de l’électronique biodégradable grâce à l’encre de seiche

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

(Montréal) Des chercheurs montréalais tentent de réduire le coût environnemental de composantes électroniques, et ce, grâce notamment à l’encre de seiche. Les matériaux issus de la pêche de ce mollusque pourraient servir à imprimer la mélanine, utilisée comme conducteur électrique.

Publié hier à 10h09

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Johanna Pellus La Presse Canadienne

Une équipe québécoise a mis au point un procédé pour imprimer la mélanine purifiée à partir d’encre de seiche. Elle vient de publier un article dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Utiliser des matériaux biosourcés — qui proviennent du vivant — dans le monde de l’électronique permet d’envisager une fin de vie différente pour ces objets. Ils pourraient alors prendre le chemin du compost.

« Il faut être prudent, parce qu’il y a des critères à respecter pour les matériaux compostables, mais il y a de bonnes chances que ce soit biodégradable, et même biocompatible », souligne l’une des auteurs de l’article, la professeure Clara Santato du département de génie physique de Polytechnique Montréal.

En fait, au-delà d’utiliser des matériaux biosourcés, la professeure Santato souhaite mettre de l’avant qu’il est possible de valoriser des déchets en électronique.

« On doit selon moi ouvrir un peu l’esprit et penser que les déchets n’existent pas, explique-t-elle. Les déchets sont juste une étape de l’histoire de vie d’un matériau. »

Si l’encre de seiche, qui contient beaucoup de mélanine, a été utilisée pour l’étude, d’autres perspectives sont envisageables. Par exemple, dans l’industrie alimentaire, un élevage d’insectes l’a contactée pour savoir si leurs résidus, riches en mélanine, pourraient être utilisés pour fabriquer des composantes électroniques.

Si cela fait une quarantaine d’années que l’on sait que des molécules organiques peuvent conduire l’électricité, des préoccupations environnementales ont amené les chercheurs à s’intéresser aux matériaux biosourcés, que l’on pourrait trouver dans les déchets notamment, selon la professeure.

« Ce matériau (le déchet) est déjà disponible, donc je n’ai pas besoin d’aller dans une industrie chimique pour en faire la synthèse », ajoute-t-elle.

Une recette pour la conductivité

Autre raison pour laquelle les mélanines, des pigments de couleur brun-noir faits de cycles d’atomes de carbone, étaient peu utilisées jusqu’à maintenant : leur manque de solubilité, qui rend la matière difficile à traiter.

L’équipe de Polytechnique, en partenariat avec l’Institut des communications graphiques et de l’imprimabilité, a réussi à venir à bout de ce problème grâce à une recette permettant de rendre soluble la mélanine issue d’encre de seiche.

Grâce à quelques ingrédients et un agent liant, ce mélange, une fois imprimé, forme un réseau conducteur en trois dimensions qui peut donc être utilisé dans des composantes électroniques.

Ce sont les nanogranules de mélanine, issue de l’encre de seiche, qui permettent de transmettre l’électricité.

« Paradoxalement, notre intérêt à développer des technologies nous a aidés dans le fondamental », affirme la professeure Santato.

En effet, ces années de travail sur les mélanines ont permis d’arriver à une découverte quant à la conductivité des molécules organiques.

« C’est une des premières fois où un matériau organique biosourcé transporte des électrons et non des ions », explique-t-elle, précisant qu’il n’y a pas de première fois absolue, car la recherche se bâtit sur les connaissances précédentes.

Des capteurs biodégradables

Ce n’est pas que dans cinq ans les microprocesseurs vont être organiques. Mais il y a plein d’applications pour lesquelles on peut penser s’en aller vers quelque chose de plus respectueux pour l’environnement, par exemple, les capteurs dans les océans, là où on ne peut pas collecter en fin de vie.

Clara Santato, professeure au département de génie physique de Polytechnique Montréal

Elle cite notamment des détecteurs d’humidité et de température, des détecteurs de perte d’huile des bateaux. « On ne peut pas aller chercher ces capteurs ensuite, donc on doit les concevoir dégradables », ajoute-t-elle.

Ultérieurement, elle pense qu’il sera possible de développer des capteurs chimiques et peut-être des dispositifs et des circuits intégrés. Elle spécifie néanmoins que, pour les fonctions où la vitesse est recherchée, le silicium et les matières inorganiques gagneront toujours pour des raisons de liaisons chimiques.

« Dans d’autres cas, les (matières) organiques, parce qu’elles sont dégradables, parce qu’elles sont souples, parce qu’elles peuvent être imprimées — pas comme le silicium — auront leur part », indique-t-elle.

Seule ombre au tableau pour le moment, le liant utilisé — le poly(butyral de vinyle) (PVB) — n’est pas biodégradable. L’équipe de chercheurs travaille néanmoins à trouver une alternative qui fera que l’ensemble d’un composant électronique à base d’encre de seiche ou d’autres matériaux biosourcés pourrait finir sa vie au compost.

D’autres familles de molécules sont également étudiées, comme les tannins pour le stockage d’énergie électrochimique et les chlorophylles, qui ont été analysées dans les années 1970-1980, notamment pour leur usage en énergie solaire.

« On a plus de connaissances et d’équipements sophistiqués en 2022 qu’en 1980. On arrive à agencer les molécules beaucoup mieux qu’il y a 40 ans », précise la professeure.

Elle espère à terme que les « déchets » de l’industrie forestière, surtout au Québec, pourront être utilisés pour produire des composantes électroniques.

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Environnement

Vaste protection du territoire naturel québécois… du moins pour l’instant

Stéphane Boyer, Catherine Fournier et Valérie Plante, respectivement maire et mairesses de Laval, Longueuil et Montréal. Photo: Photos Métro et La Presse canadienne, montage Métro

Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

17 août 2022 à 5h00 - Mis à jour 17 août 2022 à 7h11 4 minutes de lecture

Depuis le printemps, un arsenal de moyens visant la protection et la préservation de l’environnement se déploie au Québec, surtout au niveau municipal. Selon certains observateurs, nous assistons à un changement de paradigme: plus d’importance est accordée à la protection de la nature, et moins à la construction de nouveaux quartiers. D’importants bémols assombrissent toutefois le tableau.

Métro présente une série de trois reportages sur la nouvelle réalité des aires protégées à Montréal. Voici le premier de ces textes.

Au gouvernement du Québec, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, prévoit créer onze nouvelles aires protégées au sud de la province. Mais c’est plus près de nous, dans le Grand Montréal, que les efforts de conservation les plus vastes ont eu lieu.

Le Règlement de contrôle intérimaire (RCI) 2022-96 de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), adopté en avril, met provisoirement les milieux naturels d’intérêt métropolitain à l’abri d’un développement résidentiel, commercial ou industriel, depuis le 16 juin dernier. La grande majorité des superficies boisées et des milieux humides est ainsi protégée. Du moins, temporairement.

Un autre RCI, sujet à approbation par le gouvernement provincial, vise à assurer la protection temporaire de secteurs qui peuvent être reconvertis en espaces verts ou en milieu naturel. Six terrains de golf sont principalement visés.

Les secteurs en vert montrent le couvert forestier du Grand Montréal. En jaune, les secteurs protégés par le RCI sur les milieux naturels et par les mesures municipales répertoriées par Métro.

À cela s’ajoutent des projets de conservation ad hoc. L’achat de terrains par la Ville de Montréal pour créer le Grand Parc de l’Ouest en est un exemple. La conservation du boisé du Tremblay, à Longueuil, en est un autre.

La grande majorité des élus et des citoyens ont pris conscience que la clé principale pour ralentir le réchauffement de la planète et atténuer ses impacts réside dans le fait de protéger davantage les milieux naturels.

Julie Brunet, conseillère en communication de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)

Renforcer le travail de protection accompli

«Les règlements de contrôle que les municipalités ont invoqués sont beaucoup plus progressifs que par le passé, mais leur effet est très limité si le gouvernement provincial et les autres niveaux de gouvernement ne recourent pas à des règlements et des politiques parallèles pour les compléter», souligne le trésorier de la Coalition verte, Charlie MacLeod.

Même son de cloche du côté de Nature Québec. Le directeur exécutif de l’organisme, Cyril Frazao, reconnaît l’existence d’un changement de paradigme au palier municipal concernant la protection des milieux naturels.

Il appelle cependant à ce que la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire soit plus ambitieuse.

Dans ce dossier, Métro explore les avancées récentes en matière de protection des milieux naturels terrestres ainsi que les limites des mesures adoptées.

Notre définition de la protection du territoire

Le territoire naturel du Québec est vaste… presque aussi vaste que les différences que l’on rencontre dans les multiples définitions de «naturel» et d’«aire protégée».

Dans ce dossier sur la protection des aires naturelles du Grand Montréal, nous nous concentrons sur les superficies terrestres. C’est là que les efforts gouvernementaux et municipaux les plus récents se sont déployés, et c’est là où la pression du développement et de l’étalement urbains se fait davantage ressentir.

À l’intérieur de ce cadre, nous adoptons une définition assez large de ce qui est naturel. Les grands parcs des différentes municipalités, qui contiennent des boisés importants, font partie des superficies visées par la présente analyse. Même si une partie de ces parcs peut être aménagée pour les loisirs.

Finalement, tout type de protection qui empêche le développement urbain sur un espace donné dans un avenir prévisible est considéré dans le présent dossier. Cela comprend les parcs nationaux, les récents règlements de contrôle intérimaires de la CMM, les règlements de zonage des municipalités, les ententes avec les propriétaires de certains lots, etc.

Nous espérons ainsi offrir la vision la plus large possible de la protection du territoire naturel terrestre dans le Grand Montréal.
– La Rédaction

Journal Métro – 17 Aug 22

Vaste protection du territoire naturel québécois… du moins pour l’instant

Depuis le printemps, un arsenal de moyens visant la protection et la préservation de l’environnement se déploie au Québec, surtout au niveau municipal.

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Journal Métro – 17 Aug 22

Grâce aux villes, on protège plus d’espaces verts qu’on le croit

Les municipalités du Grand Montréal recourent à plusieurs moyens d’action pour protéger et conserver les milieux naturels. Ces moyens sont mal répertoriés.

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Journal Métro – 17 Aug 22

Il reste des trous dans la protection des milieux naturels du Grand Montréal

Malgré les efforts récents, une partie des espaces boisées de la région de Montréal ne bénéficie toujours pas d’une protection.

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Parc régional du Réservoir-Kiamika Une mine dans un parc ?

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Le parc régional du Réservoir-Kiamika, près de Mont-Laurier

Un exploitant minier convoite un gisement de graphite situé en partie dans un parc régional des Laurentides à vocation de conservation et prisé des adeptes de plein air. Des citoyens et des élus s’inquiètent de voir son territoire défiguré par une mine, qui mettrait aussi en péril un projet récréotouristique de 2,5 millions.

Publié à 5h00

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Léa Carrier

Léa Carrier La Presse

« Ce n’est pas à côté du parc : c’est dans le parc », fustige Marie-Claude Provost, directrice du parc régional du Réservoir-Kiamika, situé près de Mont-Laurier.

Elle fait référence au projet Mousseau Ouest : une mine de graphite potentielle d’une superficie de 489 hectares, accessible à partir de la route 117 sur 12 km de chemins forestiers.

L’entreprise ontarienne Northern Graphite veut acheter un lot de claims miniers dans l’intention d’exploiter le précieux minerai.

Un claim est un titre minier qui donne à son propriétaire le droit exclusif de chercher des substances minérales sur le terrain d’un domaine de l’État.

Le graphite – essentiel à l’électrification des transports – est au cœur du développement d’une filière batterie au Québec, comme l’ambitionne le gouvernement de François Legault.

« Mousseau Ouest a le potentiel de devenir un projet significatif », a réagi Hugues Jacquemin, PDG de Northern Graphite, dans un communiqué publié le 8 août dernier.

Nous nous attendons à ce que le gisement joue un rôle important à mesure que l’entreprise consolide sa position de seul producteur significatif de graphite en Amérique du Nord.

Hugues Jacquemin, PDG de Northern Graphite, dans un communiqué

Aucune vente n’a encore été conclue avec Imerys Group, l’actuel propriétaire des claims miniers, mais le projet inquiète élus et citoyens.

CAPTURE TIRÉE DE GOOGLE EARTH

Emplacement du parc régional du Réservoir-Kiamika

C’est qu’une large portion du site est située sur le territoire du parc régional du Réservoir-Kiamika, qui abrite une réserve de biodiversité de 46 km2 et une dizaine de lacs.

« Le paysage va complètement changer. Ce n’est pas du tout, du tout compatible », s’insurge Marie-Claude Provost.

Un projet déjà financé

Qui plus est, Québec a octroyé au parc, en juin, plus de 1 million de dollars qui serviront à la construction d’un centre éducatif et écotouristique.

Le projet, financé à hauteur totale de 2,5 millions, prévoit l’ajout de 4 camps rustiques, 5 prêts-à-camper, 17 sites pour roulottes et 10 sites de camping rustique.

Or, la possible exploitation de graphite menace l’avenir du projet, craint la Ville de Rivière-Rouge, qui a investi 150 000 $ dans sa réalisation.

« C’est certain qu’on s’oppose au projet minier », répond Denis Lacasse, maire de Rivière-Rouge, en entrevue avec La Presse.

Imagine : t’as un projet touristique, le gouvernement investit au-dessus d’un million et là, il pourrait y avoir l’achat de claims miniers.

Denis Lacasse, maire de Rivière-Rouge

Dans une résolution adoptée à l’unanimité le 9 août, la Ville interpelle le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles afin qu’il protège le parc régional du Réservoir-Kiamika « de l’exploration et de l’exploitation minière de toute substance minérale ».

Joint par La Presse à de nombreuses reprises, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles n’a pas répondu à nos questions.

La députée caquiste de la circonscription de Labelle, Chantale Jeannotte, indique « suivre le dossier avec intérêt ». Pour elle, « l’acceptabilité sociale est primordiale », écrit l’élue.

« Cela dit, l’existence d’un projet d’exploration ne signifie pas nécessairement l’ouverture d’une mine », rappelle-t-elle.

« C’est plutôt rare que des projets franchissent l’ensemble des étapes en raison du cadre légal rigoureux du Québec, justement bâti sur les principes de développement durable », souligne Mme Jeannotte.

« Très loin d’une mine en opération »

« On est très loin d’avoir une mine en opération », assure Philippe Gervais, directeur principal de la firme de relations publiques Navigator, qui représente Northern Graphite.

Si une vente est bel et bien conclue, l’entreprise aurait le droit exclusif de chercher des substances minérales sur le territoire pour une période de deux ans. Dans ce cas-ci, des forages d’exploration ont déjà révélé un potentiel d’exploitation de graphite.

Pour ensuite aller de l’avant et construire une mine, Northern Graphite devrait se plier à toutes les exigences imposées par Québec, rappelle M. Gervais.

« Il faut faire des études environnementales, des consultations. On va faire tout ce qu’il faut », affirme M. Gervais.

Mais ça ne suffit pas à rassurer les citoyens.

« On refuse que le paysage soit dévasté », tonne Raymond Carrier, président de l’Association des propriétaires du réservoir Kiamika.

Selon une carte du projet consultée par La Presse, moins de cinq kilomètres séparent une zone habitée du potentiel site minier.

On pense qu’il y aura un bon nombre de nuisances, dont la poussière et le bruit. Et sur le lac, on sait que le son se propage très facilement.

Raymond Carrier, président de l’Association des propriétaires du réservoir Kiamika

De plus, les citoyens sont préoccupés par les impacts inconnus de l’exploitation minière sur la faune et la flore du parc régional du Réservoir-Kiamika.

« On s’inquiète des effets sur les cours d’eau et les petits lacs. Sans compter que les camions vont emprunter des sentiers forestiers », souligne Raymond Carrier.

Selon Philippe Gervais, il est encore trop tôt pour discuter d’éléments précis comme le trajet des camions, mais il assure que toutes les parties seront consultées.

« Si on va de l’avant, il va y avoir des consultations pour voir comment on peut tous vivre ensemble », souligne-t-il.

L’inquiétude grimpe ailleurs au Québec

C’est loin d’être le premier projet de mine qui suscite l’inquiétude dans les dernières années au Québec.

Début août, 21 municipalités de l’Outaouais ont lancé une offensive contre l’exploitation minière dans leur région, dont elles craignent les impacts sur les lacs et la qualité de vie des résidants.

À Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, la mine à ciel ouvert de la société Nouveau Monde Graphite, dont la construction a été lancée à l’été 2021, continue de diviser la communauté. C’est que le projet avait obtenu le feu vert de Québec, même si certaines études environnementales n’avaient pas encore été complétées.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Mine de graphite à Saint-Michel-des-Saints

Un autre projet de mine de graphite, La Loutre, situé entre Duhamel et Lac-des-Plages, dans les Laurentides, est à l’étape des forages d’exploration.

« On le voit partout, on en entend partout. On regarde ce qui se fait ailleurs, et on ne veut pas ça chez nous », déplore Marie-Claude Provost.

« Je sais qu’on a besoin de graphite pour les batteries, mais il y a des endroits où l’acceptabilité sociale est présente. Mais dans les Laurentides ? Dans un parc ? », lance-t-elle.

4 millions

Nombre de batteries que le Québec pourrait fabriquer chaque année avec ses réserves connues de lithium, de graphite, de nickel et de cobalt

Source : ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec

Une coalition d’organismes demande un « moratoire »

Une coalition d’une dizaine d’organismes et une MRC pressent Québec d’instaurer un moratoire sur le « boom sans précédent » de claims miniers dans les zones de villégiature et de tourisme.

Le sud du Québec est frappé par une « vague de claims miniers », déplorent une dizaine d’organismes, appuyés par la MRC de Papineau, dans une missive adressée au gouvernement.

« À ce rythme, on sera bientôt devant un fait accompli. Le Québec va devenir l’Alberta des minéraux », tonne Louis St-Hilaire, porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, qui mène la charge.

De janvier 2021 à août 2022, la coalition a épluché – et cartographié – les données du GESTIM, le registre public des droits miniers du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Consultez la cartographie

Et ce qu’elle a trouvé « est bien pire que ce qu’on imaginait », souligne M. St-Hilaire.

Dans Lanaudière, où on observe la plus forte hausse, les titres miniers ont augmenté de 408 % depuis 2021. Suivent l’Outaouais (211 %), les Laurentides (71,2 %) et la Mauricie (49 %).

Au total, l’augmentation moyenne est de 129 %, près de 5 fois plus que ce qui est observé à l’échelle du Québec au cours de la même période.

Le boom coïncide avec le virage électrique de Québec, qui mise sur l’exploitation de « minéraux d’avenir », dont le graphite, remarque la coalition.

Parcs et réserves fauniques

Ce qui l’inquiète davantage, toutefois, c’est la hausse des titres miniers autour des parcs et dans les réserves fauniques.

Des centaines de claims sont collés sur des parcs nationaux et régionaux d’envergure, dont le parc national du Mont-Tremblant, alors que d’autres se retrouvent directement à l’intérieur de réserves fauniques d’importance comme la réserve de Papineau-Labelle, observe-t-on sur la carte produite par la coalition.

Évidemment, tous les titres miniers n’aboutissent pas à une mine, rappelle Louis St-Hilaire. « Mais c’est la première étape », précise-t-il.

Ainsi, les organismes réclament un moratoire sur la vente de nouveaux claims dans les zones de villégiature et de tourisme, et ce, tant que la Loi sur les mines et les règles d’application des « territoires incompatibles avec l’activité minière » (TIAM) n’auront pas été modifiées afin de mieux protéger ces secteurs et les milieux naturels qu’ils abritent.

« Il faut remettre la santé et l’environnement au cœur des lois et des politiques minières actuelles », plaide Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine.

« Nos citoyens sont très attachés à notre territoire, parsemé de lacs et cours d’eau exceptionnels. Nous entendons très clairement leur message et nous le partageons », affirme aussi Benoit Lauzon, préfet de la MRC de Papineau.

Heat island are one of the major problems our cities will face. With temperatures getting ever hotter, we can expect that the number of extreme heat days will increase. The authors in the video recorded a temperature difference of as much as 25 between the hottest and coolest neighborhoods.

This video is from an American perspective, but there are many things we can learn from, one of them being that building picket fences like the one on René-Lévesque is something we should avoid. Rather then concentrating tall building in one area of the city, it is better to space them out as they can block the wind which would otherwise help cool down neighborhoods. The other big factor is tree cover.

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