Élections provinciales Québec 2022

« Nous autres, on n’a pas besoin de gardes du corps… »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, en marge d’une conférence de presse dans une garderie de Montréal, jeudi

Patrick Lagacé

Patrick Lagacé La Presse

« Je regarde les rassemblements de François Legault depuis deux jours et je suis obligé de constater qu’il y a plus de gardes du corps qu’il y a de monde. Mais nous autres, on n’a pas besoin de gardes du corps, parce que le peuple est avec nous… »

Publié à 5h00

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Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a prononcé ces paroles dans un rassemblement partisan à Saint-Romuald, lundi soir1.

Il a dit cela dans un contexte d’inquiétude généralisée face à la multiplication des menaces faites aux élus, ici au Québec et ailleurs dans le pays, et quelques heures après que Paul St-Pierre Plamondon a révélé que la SQ lui avait suggéré un essayage de gilet pare-balles, au cas où il en aurait besoin pendant la campagne2…

Éric Duhaime a prononcé ces paroles alors que des reportages soulignaient l’omniprésence de policiers dans l’entourage des chefs politiques, en ce début de campagne.

Le chef conservateur a prononcé ces paroles après une fin de semaine où la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a été victime d’une attaque verbale d’un taupin désinformé qui se croit en dictature, en Alberta, qui l’a traitée de traître à grands coups de fuckin’ ci et de fuckin’ ça et d’insultes misogynes…

Éric Duhaime pourrait faire un appel au calme sans équivoque. Il pourrait, comme les autres chefs, déplorer en termes clairs ceux qui polluent le climat à coups de menaces et de harcèlement.

Éric Duhaime pourrait dire clairement, souvent et directement que cela n’a pas sa place en politique. Il pourrait le dire spontanément, pas juste parce qu’il est dénoncé. Il le fait plutot quand la pression devient intense : son premier reflexe, lundi soir, fut de blaguer à propos des menaces à la sécurité du premier ministre.

Or, il ne le fait pas.

Le chef du Parti conservateur du Québec préfère blaguer sur le fait qu’il n’a rien à craindre, car « le peuple » est avec lui… LOL.

Jeudi, au lendemain de l’arrestation d’un fêlé harcelant qui a appelé la police pour faire croire qu’il venait de la tuer3, la députée libérale Marwah Rizqy a interpellé Éric Duhaime, l’accusant de « canaliser la haine et la colère ».

Ce qu’a dit Mme Rizqy, c’est une observation factuelle.

Non, M. Duhaime ne dit pas qu’il faut pendre des politiciens ; non, il ne prône pas des procès calqués sur ceux de Nuremberg, comme le souhaitent les gens englués dans les sables mouvants de la désinformation…

Mais Éric Duhaime courtise ces gens. Il est allé parader à leurs manifestations antisanitaires, il explique et banalise leurs dérapages en disant qu’ils se sont sentis sacrifiés, pendant la pandémie. Alors oui, il « canalise » des sentiments déplorables.

Éric Duhaime pourrait porter les doléances de ces « sacrifiés » dans l’espace public, tout en condamnant avec fermeté les appels aux meurtres. Il ne le fait pas.

Pourquoi ?

Pour la même raison, je crois, que le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, n’a pas condamné l’agression contre Chrystia Freeland. Pour la même raison que Pierre Poilievre, qui aspire à diriger le Parti conservateur du Canada, n’a condamné cette attaque contre Mme Freeland que du bout des lèvres (en réponse à une question d’un journaliste) sans jamais relayer cette condamnation sur les réseaux sociaux où il est pourtant plus actif qu’une influenceuse payée au clic…

Cette raison est simple : si MM. Duhaime, Bernier et Poilievre dénoncent les fantasmes de violence de certains électeurs, ils vont dénoncer des gens qui forment leur base politique.

Je ne suis pas le seul à le penser. Alain Rayes, député du Parti conservateur du Canada, ex-compagnon de route de M. Duhaime à l’ADQ, me l’a dit sans détour, jeudi, à la radio, à propos de la vague de menaces visant des politiciens : « Je considère que ces gens-là [MM. Duhaime, Bernier et Poilievre] n’osent pas le faire [dénoncer] pour ne pas déplaire à une partie des gens qui les supportent. »

Ce n’est pas la première fois qu’Éric Duhaime banalise la violence et l’intimidation. En 2016, alors qu’un fêlé avait déposé une tête de porc à la porte de la grande mosquée de Québec, il avait plaidé à son micro radiophonique qu’il s’agissait… d’une bête plaisanterie4… LOL.

Ceux qui parmi ses auditeurs détestent les musulmans ont dû la trouver bien drôle, cette « blague », en effet.

Et après le massacre de ladite mosquée, l’année suivante, qu’a dit Éric Duhaime du tueur ?

Il a dit que c’était un « prisonnier politique5 ».

Quand des étudiantes de l’Université Laval ont été victimes d’agressions sexuelles dans une résidence du campus, qu’a dit Éric Duhaime, à la radio ?

Il a comparé ça au vol d’une voiture dont le propriétaire n’aurait pas verrouillé les portières6 : fallait qu’elles verrouillent leurs portes, les pauvres.

En politique, Éric Duhaime fait comme il faisait à son micro : il ménage les susceptibilités des plus excités de son électorat cible. Il canalise des sentiments répréhensibles.

Alors, Éric Duhaime aura beau dire des gens échaudés par les mesures sanitaires qu’ils ont le droit d’être représentés, c’est à la fois vrai et faux. Car il faut faire le tri entre des colères légitimes et des colères dopées par le complotisme, la paranoïa et la désinformation…

Je cite le candidat au leadership du Parti conservateur fédéral Scott Aitchison, qui a décrit la ligne droite entre le conspirationnisme et les appels à la violence : « Chaque jour, je reçois des courriels de gens qui sont incroyablement fâchés et paranoïaques. Ils pensent qu’on devrait juger Trudeau pour crimes contre l’humanité. Ils affirment que les vaccins tuent des millions de personnes et les comparent à l’Holocauste. C’est ce que la peur, la colère et la désinformation font, au Canada. »

Au Québec, ces gens-là se reconnaissent principalement dans un parti : le Parti conservateur d’Éric Duhaime. C’est quantifié : 50 % des électeurs attirés par M. Duhaime adhèrent à des théories du complot, selon une étude de l’Université de Sherbrooke7.

Et il ne faut pas fouiller longtemps dans les comptes Twitter ou Facebook de partisans du Parti conservateur du Québec pour y découvrir des gens qui ont des vues complètement délirantes. Tous les partisans conservateurs ne sont bien sûr pas des conspirationnistes. Mais M. Duhaime est l’homme des conspirationnistes.

Le flirt d’Éric Duhaime avec les idées délirantes est une tragédie parce que traditionnellement, l’absence de relais politique enlevait de l’oxygène à ces idées de fou. Duhaime donne de l’oxygène à ces idées.

Je l’ai dit en 2017 dans une chronique quand il était dans le monde médiatique8 : T’es toxique, Éric.

Je le redis maintenant qu’Éric Duhaime est en politique, en 2022 : T’es toxique, Éric.

Et tu l’es encore plus qu’en 2017.

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Bref, le PCQ vise un électorat complètement déconnecté de la réalité actuelle et des désirs exprimé par une part importante de la population. QS pelte des nuages. Le PQ n’a pas encore fait le deuil de son rêve de souveraineté. Bref, c’est à peu près ce à quoi je m’attendais.

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Vision 2030 de Québec Solidaire

Plan climat de Québec solidaire « La décennie de la dernière chance », dit Nadeau-Dubois


PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Québec solidaire promet d’investir 36 milliards de dollars dans un premier mandat pour prendre un virage vert, dont 29 milliards en transport collectif. Création de Québec Rail et Québec bus pour offrir du transport partout au Québec, mais surtaxe de 15 % sur les véhicules polluants et interdiction des véhicules à essence en 2040, avec son plan climat, le parti veut bousculer les habitudes des Québécois pour accélérer la lutte aux changements climatiques. Gabriel Nadeau-Dubois demande maintenant aux électeurs de l’appuyer pour le « mandat de la dernière chance ».

Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse Publié à 12h07

« La science est claire. C’est dans les 10 prochaines années que ça passe ou que ça casse. C’est la décennie de la dernière chance. Le prochain mandat, c’est le mandat de la dernière chance. Il faut qu’on commence maintenant, 2026 ça va être trop tard », a lancé le chef parlementaire du parti lors de la présentation de son plan climat aux médias, dimanche.

Pour raffermir la crédibilité de son plan, qui vise à réduire les émissions de GES de 55 % en 2030 par rapport à 1990, Québec solidaire a fait attester son plan par huit experts indépendants, notamment par François Delorme, de l’Université de Sherbrooke, un ex-collaborateur du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et Damon Matthews, de l’Université Concordia, un expert associé du GIEC. Il s’agit de « l’instance scientifique la plus crédible au monde en matière de changements climatiques », a dit M. Nadeau-Dubois.

« Notre maison brûle. La question qu’on va se pose le 3 octobre, c’est à qui on fait confiance pour éteindre le feu. Ma question pour les électeurs, c’est “faites-vous confiance à François Legault pour s’occuper de l’environnement ?” Moi je n’ai pas confiance […] », a dénoncé M. Nadeau-Dubois.

Le parti a également fait modéliser sa « Vision 2030 » par la firme Esmia Consultants, en collaboration de Dunsky Énergie+Climat, qui ont déjà livré une modélisation semblable au gouvernement du Québec. Une partie des émissions ne sont pas comptabilisées par cette modélisation, et son calculé dans deux autres catégories, les « solutions basées sur la nature » et les « effets dynamiques sur la demande ». Les mesures individuelles ne sont pas chiffrées, un aléa du modèle d’Esmia, réplique le parti. Voici un survol en sept points du plan climat.

Transport


PHOTO DENIS GERMAIN, LA PRESSE

Québec solidaire devancera à 2030 l’interdiction de vendre des voitures à essence et interdira l’immatriculation des véhicules à essence à partir de 2040. Il mettra en place un programme de bonus-malus qui aura pour effet d’instaurer une taxe de 15 % pour les véhicules polluants de 2023 à 2030, ce qui inclut généralement les camionnettes, minifourgonnettes, et VUS, avec une exemption pour les familles de 5 personnes et plus. Il permettra de financer les subventions aux autos électriques. En contrepartie, QS remettra en place un programme de récupération des « minounes », et donner a en échange un crédit pour l’achat d’un véhicule électrique ou une passe de transport collectif de 12 mois.

Autre gros morceau, le plan transport de Québec solidaire, qui sera présenté en détail plus tard en campagne. Mais QS créerait Québec Rail et Québec bus qui auraient pour mission de relier toutes les villes du Québec, électrification des taxis (100 % en 2030), création d’une flotte d’autopartage et de vélo-partage. Le parti exigerait également aux employeurs de 50 employés et plus d’avoir un plan de gestion de déplacement de son personnel et une cible de réduction. Il veut également mettre un holà aux vols nolisés et aux jets privés. « Guy Laliberté, il va se calmer un petit peu », a dit Gabriel Nadeau-Dubois.

Secteur industriel

Le marché du carbone sera ajusté à la nouvelle cible de -55 %. Les entreprises qui ne s’y conforment pas seront frappées par une taxe de 100 $ la tonne qui va monter à 205 $ la tonne en 2030. « Lorsque des solutions électriques ou propres existent, les entreprises devront remplacer leurs procédés et usages polluants par celles-ci », précise le parti.

Gouvernance

Adoption d’un budget carbone, qui sera déposé en même temps que le budget du Québec. Si les cibles de réduction ne sont pas atteintes, le gouvernement du Québec aura une obligation légale de publier une stratégie de rattrapage à l’instar de la Loi sur l’équilibre budgétaire. L’évaluation des politiques publiques en fonction de leur impact écologique. Le dossier de la transition écologique sera sous la responsabilité directe du premier ministre dans le dossier de la transition écologique.

Bâtiments

Interdiction dès 2024 de l’installation ou le remplacement ou réparation (pour prolonger durée de vie) de tout équipement de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles, et interdiction de l’usage du mazout dans les bâtiments en 2030, et du gaz naturel en 2035. Refonte du code du bâtiment en 2024 pour encourager l’usage du bois, qui capte le carbone.

Agriculture

Virage vers l’agriculture biologique, réduction de l’usage des pesticides et des engrais chimiques, politique d’achat local pour les aliments et utilisation des terres agricoles pour capter le carbone. Québec solidaire propose également de mettre en place des systèmes de récupération et de valorisation du méthane, un gaz beaucoup plus polluant que le dioxyde de carbone.

Déchets

Réduction des distances parcourues pour l’enfouissement des déchets, et réduction du volume de déchets générés avec une loi contre le gaspillage alimentaire. Interdiction de l’enfouissement des matières organiques.

Solutions nature

Protection des milieux naturels à hauteur de 30 % en 2030, protection des terres agricoles et création d’un fonds de 1 % des investissements du Québec en infrastructure pour financer des infrastructures vertes.

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More for the smaller *fringe parties,

But Balarama Holness just compared himself to Jesus Christ at the last supper on his socials. I thought it was fake but it turns out it’s true. I don’t think that’s a good look for him, his team and party. Also rumours circulating that he hasn’t been treating volunteers well/making unilateral decisions.

[ Other Parties ]

Deux plans, un virage

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Les autres partis devraient s’inspirer des bonnes idées des plans climat du Parti québécois et de Québec solidaire au lieu de justifier leur inaction en commentant les détails mal ficelés, écrit notre chroniqueur.

Paul Journet

Paul Journet La Presse

Et de un, et de deux

Publié à 5h00

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Il y a maintenant deux partis qui présentent un plan climat qui accélérerait sérieusement la transition énergétique.

Québec solidaire a déposé un tel plan dimanche, et le Parti québécois l’avait fait quelques jours plus tôt.

Leurs documents ont des défauts — j’y reviendrai plus tard. Mais avant d’examiner l’arbre à la loupe, contemplons la forêt quelques secondes.

Depuis 30 ans, le Québec peine à réduire ses gaz à effet de serre (GES). Ceux-ci ont diminué de 2,7 % depuis 1990. C’est à peine mieux que les États-Unis (hausse de 3 %). Et nettement moins que l’Union européenne (baisse de 28 %).

Le Québec a la chance d’être assis sur un potentiel hydro-électrique et de profiter encore aujourd’hui de la vision de René Lévesque et de Robert Bourassa. Mais pour le reste, contrairement à ce que prétend François Legault, le Québec n’est pas un modèle. Il est plutôt ordinaire. Sa fierté est de ne pas être aussi mauvais que le Canada (hausse de 23 % des GES depuis 1990).

C’est dans ce contexte qu’arrivent les solides plans du PQ et de QS.

Leurs cibles pour 2030 seront extrêmement difficiles à atteindre (45 % sous le niveau de 2010 pour le PQ et 55 % sous le niveau de 1990 pour QS). Leurs adversaires ont donc beau jeu d’en prédire l’échec. Et à force de se faire accuser de manquer d’ambition à cause de leurs cibles plus modestes, je les comprends un peu.

Mais avant de se perdre dans les détails, posons une question plus fondamentale : est-ce que les mesures péquistes et solidaires sont pertinentes ? Font-elles avancer le Québec dans la bonne direction ?

Dans l’ensemble, la réponse est « oui ».

« Les plans du PQ et de QS sont de loin les plus sophistiqués et les plus sérieux qu’on a vus au Québec. Ils ont encore malheureusement peur de dire certaines vérités. Mais ça reste un pas de géant », soutient Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

Le PQ et QS développeraient massivement les transports collectifs, rendraient les subventions aux entreprises conditionnelles à des normes environnementales, freineraient l’étalement urbain et s’imposeraient des cibles intermédiaires avec un mécanisme de suivi dont le premier ministre serait responsable.

Les autres partis devraient s’inspirer de ces bonnes idées au lieu de justifier leur inaction en commentant les détails mal ficelés.

Les conservateurs veulent en faire le moins possible. Les libéraux font un pari douteux en misant tout sur l’hydrogène vert, malgré les pertes énergétiques qui en découleraient. Quant aux caquistes, ils ont seulement identifié la moitié de l’effort permettant de réduire les GES de 37,5 % d’ici 2030. Ils se vantent d’être les seuls à proposer un plan qui chiffre le coût et la réduction de GES pour chaque mesure. Or, selon le bureau du vérificateur général, la « quasi-totalité » de leurs actions « n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquates ».

Les caquistes plaident pour une approche plus graduelle en misant sur les innovations technologiques futures pour faire le gros du travail sans déranger la population. Mais pour l’instant, cette recette ne fait qu’engendrer des échecs.

Les péquistes et les solidaires proposent enfin de changer de vitesse.

Le pot maintenant ?

Le plan solidaire contient peu de chiffres. Il sème la confusion en proposant d’ajouter une surtaxe au mécanisme de la bourse du carbone. Ce serait difficilement applicable, avec des conséquences incertaines sur des industries lourdes. Si on délocalise la pollution vers des pays moins exigeants, ce n’est pas un gain. Le parti de gauche créerait des structures dont l’efficacité reste à démontrer, comme les conseils régionaux de transition, Québec Bus et Québec Rail.

Pour se démarquer de QS, le PQ offre des carottes sans bâtons ou presque. Il reporte de cinq ans l’imposition d’un bonus-malus qui aurait rendu moins avantageux l’achat d’un véhicule énergivore. Il n’ose pas réduire agressivement la demande énergétique et parle peu d’adaptation aux changements climatiques. Les engrais chimiques en agriculture sont aussi dans son angle mort.

QS a le mérite de dévoiler aux journalistes le détail de sa modélisation et d’identifier les experts consultés, ce qui n’est pas le cas du PQ.

Mais contrairement à QS, le PQ chiffre les réductions par secteur, comme les transports, les déchets et les industries. On ne connaît pas toutefois le coût de chaque mesure, ni l’impact sur les GES.

Les deux partis ont notamment en commun de ne pas parler de tarification des déchets pour les citoyens, et de banaliser le choc à venir pour les sociétés de transport, qui devront payer pour de nouveaux services tout en souffrant de la baisse des revenus de la taxe sur l’essence provoquée par l’électrification des transports.

À leur décharge, leurs ressources sont modestes. Ils ne peuvent miser sur l’appareil gouvernemental pour effectuer ce travail technique.

Le dossier me fait penser aux paradis fiscaux. Chaque fois qu’un gouvernement veut agir, il se trouve un expert pour douter que l’État engrangera autant de revenus que prévu. C’est vrai, mais la question devrait être : est-ce utile malgré tout ?

Et dans le cas des plans de QS et du PQ, à quelques exceptions près, la réponse est « oui ».

C’est mieux que les autres. De loin.

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Non, on ne lâchera pas avec les GES

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Ne pas s’attaquer à l’explosion du nombre de VUS, camionnettes et autres véhicules polluants sur nos routes, c’est baisser les bras et renoncer à toute chance d’atteindre notre cible de réduction des émissions de GES pour 2030, souligne notre éditorialiste.

Philippe Mercure

Philippe Mercure La Presse

N’en déplaise au candidat caquiste Bernard Drainville, personne ne va « lâcher » les politiciens avec les gaz à effet de serre (GES) pendant la présente campagne.

Publié à 5h00

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Nous continuerons au contraire de les talonner, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de l’enjeu le plus crucial de notre époque. Et que les scientifiques nous disent que la fenêtre pour agir, c’est maintenant.

En 2022, lorsqu’on présente un projet de transport de plusieurs milliards de dollars comme le troisième lien, il faut en documenter les effets avec autre chose que des boutades.

Esquiver les enjeux par la désinvolture est une stratégie qui atteint rapidement ses limites. Surtout qu’en ce début de campagne, cette tactique se bute aux propositions concrètes de deux partis qui ont déjà dévoilé leur plan vert : le Parti québécois et Québec solidaire.

L’une des idées qui font le plus réagir ces jours-ci est celle des « bonus-malus » sur les véhicules, proposée par Québec solidaire. Le principe : taxer les véhicules les plus polluants (au-delà de 210 grammes de CO2 par kilomètre) et subventionner les plus verts.

La taxe de 15 % représenterait une facture supplémentaire d’environ 6000 $ pour un F-150 ou de 10 000 $ pour un GMC Yukon.

Bien sûr que ça fait « casseux de party », surtout en plein festival des promesses de baisses de taxes et d’impôts.

Voilà pourtant une mesure incontournable, que nos politiciens n’ont jamais eu le courage d’adopter par crainte de se mettre à dos la fameuse « classe moyenne ».

Pourquoi incontournable ? Parce que l’explosion du nombre de VUS, camionnettes et autres véhicules polluants sur nos routes est LA principale cause d’augmentation des GES au Québec.

Ça en est carrément frustrant. Plusieurs secteurs ont effectué des efforts considérables pour réduire leurs émissions par rapport à 1990. On pense à l’industrie (- 24 %), à la gestion des déchets (- 42 %) ou au bâtiment (- 27 %).

Mais ces gains ont été complètement annulés par le secteur des transports, dont les émissions ont explosé de 33 % pendant cette période.

Ne pas s’attaquer à cela, c’est baisser les bras et renoncer à toute chance d’atteindre notre cible de réduction pour 2030.

Donner des carottes sans sortir le bâton ? On l’a essayé. Ça ne fonctionne pas. Québec subventionne généreusement les véhicules électriques (jusqu’à 7000 $). Mais chaque fois qu’on en vend un, on vend du même coup 11 camions légers à essence. On recule au lieu d’avancer.

L’inflation est évidemment le nouveau prétexte pour ne pas agir, et la cheffe libérale Dominique Anglade a sauté dessus.

« Aujourd’hui, les gens sont pris à la gorge et doivent faire des choix déchirants entre l’épicerie et payer le loyer », a-t-elle dit à Radio-Canada pour justifier sa décision de ne pas taxer les véhicules polluants.

C’est oublier que ces véhicules sont aussi les plus chers, tant à l’achat qu’au moment de faire le plein. Et que ceux qui veulent éviter la taxe ont des options moins dispendieuses sous la main.

Précisons que QS a déjà prévu exempter de sa taxe les familles nombreuses et ceux qui utilisent les véhicules plus costauds pour le travail. Même chose pour les gens des régions qui peuvent avoir réellement besoin de ces véhicules et qui ont moins accès aux transports en commun.

La taxe n’est sans doute pas parfaite. On peut par exemple se demander si une taxe graduelle, qui croît avec le niveau de pollution du véhicule, aurait été préférable au taux fixe proposé.

Mais l’important est que QS vient ici briser un tabou.

En ce début de campagne, il faut d’ailleurs se demander qui sont vraiment ceux qu’on surnomme les pelleteux de nuages par rapport au climat. S’agit-il des politiciens qui proposent des solutions concrètes ? Ou de ceux qui nous assurent qu’on atteindra nos cibles sans changements ni contraintes, par un procédé magique qui n’a pas fonctionné par le passé, mais finira par opérer miraculeusement à l’avenir ?

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Immigration Legault a-t-il ouvert sa boîte de Pandore ?

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Le premier ministre sortant, François Legault, en conférence de presse à Laval dimanche

Michel C. Auger

Michel C. Auger Collaboration spéciale

En relançant le débat sur les seuils d’immigration, François Legault a-t-il ouvert l’équivalent d’une très personnelle boîte de Pandore ? Parce qu’il est bien difficile de parler de ce sujet sans finir par aborder la question de l’avenir constitutionnel du Québec. Et pour le chef d’une coalition de souverainistes et de fédéralistes, c’est forcément un exercice inconfortable.

Publié à 6h00

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La fortune politique de François Legault tient au fait qu’il a choisi de se placer en marge du débat sur la question nationale. Il n’est pas devenu fédéraliste en quittant le Parti québécois, il a dit qu’il était rendu ailleurs. Et comme c’est devenu, avec le temps, la position d’un assez grand nombre de Québécois, il a gagné son pari.

Mais le débat sur l’immigration va inévitablement le ramener là où il ne voudrait pas aller, surtout en campagne électorale, soit de se soucier du poids politique du Québec au sein du Canada. Parce que soulever cette question, c’est inévitablement reprendre le débat sur la question nationale.

M. Legault, on le sait, ne démord pas de son chiffre de 50 000 nouveaux immigrants par année, ce qui constitue, selon lui, la capacité d’accueil du Québec.

Ne demandez pas d’études sur la question, c’est comme pour le troisième lien : il faut croire le premier ministre sur parole.

Mais le débat sur l’immigration est complexe et il touche de nombreux enjeux sensibles : l’avenir du français au Québec, la pénurie de main-d’œuvre qui remet en question le développement économique et la qualité de nos services publics, sans oublier le poids politique du Québec au sein du Canada.

Pour certains, le Québec doit accueillir moins d’immigrants puisque ce sont eux qui constituent la principale menace à la pérennité du français au Québec. Il est exact qu’à l’heure actuelle, 85 % de l’accroissement de la population vient de nouveaux arrivants. Ce qui pose aussi la question : fait-on les efforts suffisants en francisation ?

Pour d’autres, on doit accueillir plus d’immigrants parce qu’il manque de personnel dans tous les secteurs de l’économie et qu’on ne peut se permettre de perdre notre compétitivité et la qualité de nos services publics. Les pénuries de main-d’œuvre ne se font pas sentir que dans le secteur privé, l’éducation et les soins de santé sont aussi très affectés.

Il y a de bons arguments des deux côtés. Et il n’y a pas d’unanimité chez les économistes et autres experts sur la nécessité d’augmenter les seuils d’immigration pour des raisons strictement économiques.

Mais un fait est incontournable : si le Québec baisse de façon significative le nombre d’immigrants qui s’y établiront, il est évident que le poids politique du Québec au sein du Canada va diminuer rapidement.

Actuellement, le Canada accueille, en gros, 450 000 nouveaux arrivants par année. Environ 15 % viennent au Québec. Pour maintenir le poids politique du Québec au sein de la fédération, il faudrait en accueillir un peu plus de 100 000. Un seuil qu’aucun parti politique dans ces élections ne croit possible d’atteindre.

Mais la question du poids politique du Québec (et, par extension, des francophones) doit nécessairement préoccuper tout premier ministre du Québec.

À son époque, Robert Bourassa en faisait une véritable obsession. Il avait même fait inscrire dans l’accord constitutionnel de Charlottetown – qui fut rejeté par référendum en 1992 – que le Québec aurait la garantie d’avoir le quart des sièges de la Chambre des communes.

Mais cette garantie n’existe pas et l’actuel gouvernement fédéral ne veut rien entendre d’une telle proposition, qui a été reprise au printemps par le Bloc québécois. Tout au plus, le gouvernement Trudeau serait prêt à garantir que les petites provinces ne perdront pas de sièges, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Or, selon les chiffres récents de Statistique Canada, d’ici 2043, le Québec pourrait constituer moins de 20 % de la population canadienne. On ne parlerait plus du quart des sièges aux Communes, mais bien du cinquième.

Interrogé sur cette perte d’influence au sein du Canada, cette semaine, M. Legault a choisi de répondre sur un autre sujet, affirmant que l’important était plutôt la prospérité des petits pays, citant en exemple la Suisse et les pays scandinaves. Ce qui est l’équivalent politique d’un botté de dégagement.

Mais la question ne s’en ira pas. M. Legault ne peut pas se présenter comme le grand défenseur du fait français quand il adopte la loi 96 et ne pas se soucier de la place du français au sein du Canada.

Le premier ministre du Québec a une responsabilité spéciale comme chef du seul gouvernement issu d’une majorité francophone sur ce continent. Cela ne peut pas être une responsabilité partielle, comme on dirait d’un travail à temps partiel.


47 milliards en transport collectif QS veut une « ligne mauve » à Montréal


PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

(Montréal) Québec solidaire promet un chantier de 47 milliards en transport collectif pour la grande région de Montréal, ce qui inclut une nouvelle ligne de métro, le prolongement de deux autres lignes de métro, un tramway, des trams-trains et une centaine kilomètres de SRB, qui seront planifiés et financés d’ici 2030.

Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse Publié à 11h15

Le parti de gauche veut permettre « aux 4 millions de personnes qui vivent dans la grande région métropolitaine de Montréal de se rendre [en transport collectif] de Vaudreuil à Belœil, de Repentigny à Candiac et de Saint-Jérôme à Saint-Jean-sur-Richelieu ».

Cette présentation de ce plan, « Révolution transport pour Montréal », s’inscrit dans la volonté de Québec solidaire de réduire les émissions de GES du Québec de – 55 % en 2030 par rapport à 1990. Le parti a déjà présenté ses promesses en transport collectif pour la région de Québec la semaine dernière.


IMAGE FOURNIE PAR QUÉBEC SOLIDAIRE

QS ne se cache pas de vouloir faire des gains dans l’est de Montréal et s’en prend à la CAQ, qui a « ignoré les experts et la population dans le dossier du REM de l’Est, qui a finalement été abandonné le printemps dernier ». Le parti propose plutôt un prolongement de la ligne verte du métro, et sa toute nouvelle « ligne mauve », qui desservirait Rivière-des-Prairies et Montréal-Nord, en plus d’ajouter « plusieurs kilomètres de tramway afin de mieux relier le secteur au centre-ville ».

Le parti se défend de tomber dans le « dogmatisme » : la carte fournie aux médias est une esquisse qui pourra être modifiée au gré des consultations publiques et des discussions avec les maires et mairesses. Il promet de « laisser les experts identifier les solutions optimales » : des tracés pourraient être modifiés, des stations retirées ou ajoutées par exemple.

Québec solidaire promet 47 milliards d’investissements en transport collectif d’ici 2030

  • Une ligne « mauve », une nouvelle ligne de métro, de l’est de Laval au centre-ville de Montréal, en passant par Rivière-des-Prairies, Montréal-Nord, Rosemont et le Plateau Mont-Royal
  • Prolongement de la ligne verte du métro à l’est et de la branche ouest de la ligne orange
  • 80 km de tramway, dont un axe est-ouest entre Lachine et Pointe-aux-Trembles, avec des antennes vers Repentigny et Terrebonne ; un axe nord-sud dans l’axe du boulevard Lacordaire ; un réseau sur la Rive-Sud passant par les boulevards Taschereau et Roland-Therrien
  • 100 km de SRB, sur différents axes à Montréal, Laval et sur la Rive Sud
  • 100 km de nouvelles voies réservées, en plus de celles prévues par le gouvernement actuel
  • Ajout d’une connexion entre le REM et la gare de Dorval afin de mieux relier ce réseau au service de train de banlieue
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L’axe ligne mauve va dans le sens de la proposition de Yaccarini + Savard il y a quelques jours pour le REM de l’Est. Et bien évidemment non sans rappeler la ligne rose. Le retour du Tram est une excellente idée, notamment vers l’Est et sur la rive-sud. Et les axes sélectionnés semblent très à propos. C’est définitivement bien réfléchi.

Je suis surpris qu’on propose un SRB sur CDN et Parc cependant, j’aurais vu un Tram plutôt.

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Par contre, comme le plan de Québec, le plan est étrangement conservateur pour QS, excluant la ligne mauve je vois des similitudes avec le plan de la CAQ en 2016. Il y a aussi un petite teinte électoraliste dans la mesure où les investissements semblent surtout dirigés vers les circonscriptions les plus favorables à QS.

Un tramway de L’Assomption au centre-ville? Faudra pas être pressé!

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Ça dépend, toute ligne de tram n’est pas égale côté vitesse, mais considérant que QS s’oppose catégoriquement à des segments aériens et souhaite augmenter le nombre de stations, cette ligne serait très chère ou pas très rapide.

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Peut-être une opinion impopulaire mais je ne suis quand même déçu du plan. À l’extérieur de l’ile, notamment, il me semble avoir été fait vite et je ne suis pas fan du côté un peu populiste qui s’y dégage. Mais bon, je comprends que ce n’est qu’une esquisse.

Edit : par avoir été fait vite, je ne parle pas d’erreurs sur la carte, mais de mauvaix chois de modes, de tracés.

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N’importe quoi cette carte, de la pensée magique. QS mène une bien mauvaise campagne.

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Ça semble en effet vite fait. On a plusieurs cartes sur le forum et sur le web qui sont bien meilleures. Il y a de nombreuses inconsistance sur cette carte.

  • La connexion entre le train et Vendôme semble manquer à l’appel.
  • La ligne de train sembler passer par Lionel-Groulx
  • Leur ligne de tram semble passer par la A-40 après la station terminale de la ligne verte
  • Après la connection avec Pointe-aux-Tremble, la ligne de tram semble retourner vers la A-40, mais traverse la Rivière des Prairies en longeant la 138???
  • La ligne de SRB Boucherville s’arrête à l’hôpital Pierre Boucher? Pourquoi ne pas s’être rendu jusqu’à Taschereau pour ceux qui n’ont pas affaire au centre-ville de Longueil?
  • Ils mettent la station Montréal Ouest a la jonction des lignes de chemin de fer?
  • La station Jean Drapeau est pratiquement à la pointe sud de l’île Saint-Hélène contrairement à ce qui est montré sur cette carte.
  • La ligne jaune est au sud de la ligne orange au centre-ville de Montréal.
  • Ils mettent une station à Laval dans un petit secteur qui est entouré de champs et destiné à demeurer ainsi?
  • On a un mélange étrange de de lignes à angle droit, de lignes courbes et de lignes à des angles différents du reste de la cartes. Est-ce un diagramme? Est-ce une qui se veut carte géographiquement exacte? Cette carte a une crise d’identité.

J’aimerais bien savoir comment cette carte a passé le test de qualité. L’ilustrateur n’a même pas été capable de représenter le métro existant de manière exacte.

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Les terrains restants à Duvernay-Est, au sud de l’avenue Marcel-Villeneuve, sont destinés à être développé en éco-quartier (et peut-être en Cité du cinéma, si le projet se concrétise?). Ça ne fait pas partie de la zone agricole.

Je concède cependant que c’est overkill de déployer un tunnel sous la rivière pour une seule station terminale dans ce secteur de Laval. J’aurais priorisé un prolongement des SRB est-ouest proposés, ce qui s’inscrit d’ailleurs dans la volonté de la ville pour prolonger le boulevard Saint-Martin vers ce quartier.

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C’est des terres agricoles actuellement, elles ne sont pas protégées?

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