Tanné de suer à grosses gouttes en passant votre tondeuse ? Vous n’êtes pas seul. Le ministère des Transports (MTQ) teste ces jours-ci une tondeuse entièrement télécommandée pour couper le gazon sur ses terrains difficiles d’accès.
Résumé
Une tondeuse télécommandée au ministère des Transports
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Des employés du MTQ testent des tondeuses téléguidées pour entretenir des zones où il est difficile de manœuvrer, comme cet escarpement le long de la route 138 à LaSalle.
Tanné de suer à grosses gouttes en passant votre tondeuse ? Vous n’êtes pas seul. Le ministère des Transports (MTQ) teste ces jours-ci une tondeuse entièrement télécommandée pour couper le gazon sur ses terrains difficiles d’accès.
Publié hier à 16h13
Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse
Objectif : réduire les risques de blessures chez ses employés et minimiser les tâches pénibles.
« Tout ce que tu vois, c’était fait par des gars avec des harnais et un weed eater, malgré la pente », explique Raymond Laplante juste à côté des abords du pont Mercier, à Montréal. Devant lui, une côte abrupte et trouée par des terriers de marmottes.
Manette sur la poitrine, l’homme fait tranquillement monter sa machine sur la butte. L’Agria 9600 (c’est son petit nom) laisse derrière elle un gazon coupé ras.
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Les tondeuses téléguidées permettent aux employés du MTQ de couper la pelouse dans des endroits difficiles d’accès tout en limitant les risques de blessures.
« Je me suis dit : on n’est pas dans les années 1950. On a de la machinerie qui est disponible, pourquoi ne pas l’utiliser ? », a expliqué M. Laplante, qui travaille à mettre en place le projet-pilote depuis deux ans. Lui-même est « venu au monde » avec une manette d’auto téléguidée dans les mains et avoue être « un gamer » fou des manettes dans la vie.
Il a suivi une formation de quatre heures avant de prendre le contrôle de la machine, qui fonctionne à l’essence.
Louis-André Bertrand, du service des communications du Ministère, a souligné que le projet-pilote au centre de service Turcot pourrait améliorer la vie des ouvriers normalement affectés à ces tâches.
« On peut réduire les risques de blessures, les risques de chute, l’épuisement », a-t-il dit, soulignant que le temps très chaud de cet été pouvait être particulièrement pénible. « On ajoute à ça une diminution des risques d’exposition à l’herbe à puce et à la berce du Caucase. »
Le gazon qui couvre les pentes trop abruptes pour y envoyer des travailleurs était jusqu’à maintenant coupé depuis l’accotement de la route avec un « tracteur muni d’un bras articulé ». « Ce type d’opération nécessite la fermeture temporaire d’une voie de circulation », a expliqué M. Bertrand.
Ça va « numéro 1 »
Les doigts posés sur les contrôles, Raymond Laplante continue la démonstration de la tondeuse de l’avenir. Avec ses chenilles, la machine peut gravir des pentes allant jusqu’à 60 degrés d’inclinaison et broie facilement des branches d’un pouce de diamètre.
Cette efficacité a toutefois un coût : 13 500 $ pour cinq semaines de location étalées dans l’été, afin de tester la machine. Celle-ci est fabriquée en Allemagne par une firme spécialisée, a indiqué Dominic Surprenant, de Distribution Équipement TG, le distributeur d’Agria à Montréal.
Ses clients habituels pour ce type d’équipement sont « de gros entrepreneurs dans la coupe de gazon » avec des contrats institutionnels ou commerciaux. « C’est tout le temps dans des pentes qu’on utilise des machines comme ça », a-t-il continué. « Il doit exister 10 000 sortes de machines différentes qui coûtent moins cher et qui sont plus performantes en termes de vitesse sur du terrain plat. »
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Avec ses chenilles, l’Agria 9600 peut tondre de l’herbe et des branches dans toutes sortes de pentes.
En plus des abords du pont Mercier, l’Agria 9600 est aussi utilisée cet été pour entretenir certains secteurs des abords de la route 138 et de l’autoroute 15, à Montréal. Les automobilistes apprécient le spectacle : « On se fait klaxonner, avec le pouce en l’air », a relaté M. Laplante. Tous ces terrains font l’objet de « cinq tontes par année », du printemps à l’automne.
Pour l’instant, le bilan semble positif. « Numéro 1 », assure-t-il. « Ça ne la dérange pas, [une pente de] 55 degrés. Elle ne va pas avoir mal dans le dos, elle ne va pas avoir mal dans les chevilles, elle ne va pas avoir mal dans les épaules. Le risque est beaucoup moins grand de se blesser. »
« C’est un gain de temps, a ajouté Louis-André Bertrand. Ce que faisait une équipe de dix personnes se fait maintenant par une machine avec deux personnes en appui. »
Et la tondeuse spécialisée ne vole l’emploi de personne, assure-t-il. Les travailleurs qui ne sont plus affectés au coupe-bordure sont redéployés vers le nettoyage des graffitis et le reste des tâches d’entretien liées au réseau routier. « On ne manque pas de travail. »