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La conduite d’eau qui a éclaté vendredi au centre-ville était considérée comme en excellent état par Montréal, une révélation qui soulève des doutes sur la centaine de kilomètres d’aqueduc identiques dans la métropole.

Résumé

Fuite d’eau majeure dans le Centre-Sud La conduite avait la meilleure cote possible

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La conduite d’eau qui a éclaté vendredi au centre-ville était considérée comme en excellent état par Montréal, une révélation qui soulève des doutes sur la centaine de kilomètres d’aqueduc identiques dans la métropole.

Publié à 3h04 Mis à jour à 5h00

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Philippe Teisceira-Lessard
Philippe Teisceira-Lessard Équipe d’enquête, La Presse


Isabelle Ducas
Isabelle Ducas La Presse

La Presse a pu constater lundi dans les dédales des données ouvertes de la Ville que le tronçon en question était classé « A » (sur une possibilité de ABCDE), dans un document daté du mois d’août 2023. Cette évaluation était vraisemblablement basée sur la dernière inspection effectuée, qui remonte à 2018.

Toute la journée, pourtant, la Ville a refusé de dévoiler quelle cote de vétusté était associée à la conduite de 84 pouces de diamètre, qui passe sous le boulevard René-Lévesque Est, entre l’avenue De Lorimier et la rue Notre-Dame.

La conduite était « sous surveillance » et devait être inspectée à nouveau cet automne, six ans après la dernière inspection, a dit Chantal Morissette, directrice du Service de l’eau, flanquée en conférence de presse de la mairesse Valérie Plante.

Pressée de questions sur l’état précis de la structure, Mme Morissette avait refusé de donner des précisions. « Ce que je peux vous dire, c’est que si [la conduite] avait été jugée critique au point de l’arrêter, ça aurait été fait », a-t-elle dit.

Mme Morissette avait toutefois tenu à souligner que « 90 % du réseau d’aqueduc est en bon état, ça, c’est déjà une bonne nouvelle ».

« Je ne vais pas, tout d’un coup, m’improviser spécialiste en tuyaux », a renchéri Mme Plante au conseil municipal, alors que le chef de l’opposition lui demandait spécifiquement dans quel état se trouvait la conduite au moment de son éclatement. « Je fais confiance aux équipes. »

« Éviter d’autres catastrophes »

L’enjeu est de taille : le réseau souterrain de Montréal compte 150 kilomètres de conduites identiques à celle qui a cédé sous la pression vendredi dernier, inondant tout un secteur de l’est du centre-ville.

Leur armature d’acier est particulièrement sujette à la corrosion, un phénomène que travailleurs, journalistes et élus ont pu constater de leurs propres yeux sur le site du sinistre, lundi.

Maja Vodanovic, élue responsable du dossier de l’eau au comité exécutif de Valérie Plante, a souligné qu’une cote d’état « A » pouvait cacher des vulnérabilités importantes. « Il y a différentes choses qu’il faut regarder, a-t-elle dit en sortant du conseil municipal. On sait que ces conduites sont plus fragiles. »

« L’administration Plante refuse toujours de divulguer cette note publiquement, malgré les questions des médias et de l’opposition », a dénoncé le chef de l’opposition, Aref Salem, dans une déclaration écrite, appelant à une accélération des inspections. « Comment une conduite qui était en bon état en 2018 a-t-elle pu se briser ? Quel est l’état des autres conduites jugées en bon état ? »

Le travail de réparation de la conduite ne sera pas une mince affaire. « Il sera impossible de débuter les travaux de remplacement avant plusieurs semaines », a indiqué la mairesse Plante sur les réseaux sociaux. Entre-temps, des travaux temporaires seront effectués pour permettre la réouverture du boulevard René-Lévesque.

Debby : « fiasco total »

Par ailleurs, l’administration Plante a dû défendre sa gestion des inondations causées par les restes de la tempête Debby, face à de vives critiques au conseil municipal.

Lors du premier conseil municipal de l’année politique, le maire de Pierrefonds-Roxboro, Jim Beis, a dénoncé l’« inaction » de l’équipe de la mairesse le 9 août dernier.

Le 311 disait aux résidants d’appeler l’arrondissement, l’arrondissement appelait la Croix-Rouge, la Croix-Rouge appelait le 311. C’était un fiasco total, c’était un cirque auquel étaient confrontés les sinistrés.

Jim Beis, maire de Pierrefonds-Roxboro

La mairesse de Montréal a défendu l’action de son administration pendant la crise.

« J’étais à Montréal et on coordonnait les équipes qui savent ce qu’elles font. Les pompiers ont vidé des centaines de caves. Ils étaient présents, ils étaient présents pour les arrondissements, a dit la mairesse. On a fait face à des inondations incroyables par le passé, celle-là l’était tout autant. »

Quelques heures plus tard, des sinistrés, parfois émotifs, ont demandé aux élus quelle aide ils pourraient recevoir de la Ville de Montréal pour les pertes subies lors des inondations de la semaine dernière.

« J’en ai pour 300 000 $ de pertes, c’est une catastrophe ! Qui va payer pour ça ? », a demandé l’un d’eux, résidant de l’arrondissement de Saint-Laurent. « C’est la cinquième fois en trois ans que je suis inondé. »

La responsable des infrastructures au comité exécutif, Maja Vodanovic, lui a répondu qu’il pourrait profiter du programme municipal RénoPlex, qui offre des subventions pour certaines rénovations.

« Vous devez protéger votre maison, on ne veut pas que ça se reproduise », a-t-elle fait valoir.

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