Transport collectif | Le gouvernement met fin aux négociations pour 2024
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
La possibilité d’une baisse de service dans le métro et les autobus du Grand Montréal est toujours dans l’air. Québec a mis un terme lundi aux négociations en matière de financement du transport collectif avec les élus municipaux, réitérant que sa plus récente offre est finale, au grand dam des villes de la métropole.
Publié à 14h13
HENRI OUELLETTE-VÉZINA
LA PRESSE
« Nous financerons 70 % du déficit des sociétés de transport en 2024. Cette offre est finale. Ce sont 265 millions qu’on octroie », a martelé le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, dans une déclaration émise en milieu d’après-midi, ce lundi.
En coulisses, on indique encore plus clairement qu’il n’y aura plus de négociations à ce stade-ci, du moins pour 2024. L’aide totale pour l’an prochain sera donc bel et bien de 265 millions, dont 238 millions pour le Grand Montréal, un chiffre qui absorbe 70 % du déficit selon le calcul que fait le gouvernement.
Ce dernier devrait d’ailleurs inclure cette aide « finale » dans la mise à jour économique à laquelle doit procéder mardi le ministre des Finances, Eric Girard.
Tout cela survient alors qu’un peu plus tôt, lundi en début de journée, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) avait officiellement fait parvenir une lettre au premier ministre François Legault, en déplorant que les revenus provenant de la taxe sur l’immatriculation « ne devraient pas être utilisés par le [ministère des Transports] dans le calcul du déficit ».
Le déficit revu à la baisse
Dans leur lettre, les 82 élus de la CMM confirment d’ailleurs avoir révisé leur déficit anticipé à la baisse, le chiffrant maintenant à 461 millions. Elles demandent donc au premier ministre Legault de « verser une aide financière de 346 millions correspondant à 75 % de ce déficit résiduel révisé », ce qui requiert une bonification « de 128 millions de l’offre finale déposée par la ministre », disent-ils.
Il faut dire que depuis le début de ce conflit, le gouvernement et les villes du Grand Montréal ne s’entendent pas sur le calcul du déficit.
Les municipalités le chiffraient jusqu’ici à 532 millions, alors que Québec parle depuis quelques jours de 338 millions, un écart qu’il explique par une « actualisation » du cadre budgétaire de l’ARTM, des mesures d’optimisation et les revenus liés à la taxe sur l’immatriculation.
Ces derniers, estimés à 122 millions sur une base annuelle, « doivent être consacrés au développement du transport collectif », persistent les élus, qui réitèrent l’urgence de procéder vu l’adoption imminente de leurs budgets, prévue à la mi-novembre.
Une offre de service encore incertaine
« Sans une aide financière suffisante, les [sociétés de transport] seront contraintes de réduire significativement l’offre de service », écrivent aussi les villes, qui ont déjà souligné qu’une aide en deçà des 300 millions pourrait entre autres provoquer la fermeture du métro après 23 h, sur l’île de Montréal.
Bref, on ignore encore si ces coupes seront maintenant réellement mises en œuvre et si oui, comment, mais elles sont certainement toujours dans l’air. Des réductions de trajets d’autobus et des mises à pied de chauffeurs avaient aussi été évoquées dans le Grand Montréal.
À l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), on se fait encore prudent à ce sujet. « Nous n’avons pas encore reçu la confirmation de ces éléments. Il est trop tôt pour déterminer des scénarios concrets. Cela dit, toucher au niveau de service est certainement la dernière chose que l’ARTM et les opérateurs de transport collectif (OPTC) désirent faire », indique son porte-parole, Simon Charbonneau.
Si la question semble réglée pour 2024 du côté gouvernemental, un plan de financement sur cinq ans doit encore être ficelé. À plus long terme, le cabinet de Mme Guilbault se dit d’ailleurs disposé à « optimiser les investissements pour offrir aux Québécois de meilleurs services de transport collectif ».
« Pour les années 2025 à 2028, nous sommes hautement disposés à contribuer au comité́ de travail que Mme Guilbault mettra en place afin d’améliorer l’efficience de nos sociétés de transport », répètent quant à eux les élus municipaux dans leur missive.