Tramway de Québec

Près de 10 millions $ pour garder les emplois liés au tramway

Par Émilie Pelletier, Le Soleil
15 janvier 2024 à 10h33|
Mis à jour le15 janvier 2024 à 21h16

Maquette du projet de tramway présentant l'intersection de l'avenue Duchesneau et du chemin des Quatre-Bourgeois|800x0
Maquette du projet de tramway présentant l’intersection de l’avenue Duchesneau et du chemin des Quatre-Bourgeois (Ville de Québec)

Même si le sort du tramway demeure incertain, tous les 163 employés qui travaillaient sur le projet demeureront en poste pendant l’analyse de la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a appris Le Soleil. Une dépense évaluée à près de 10 millions $ pour les six prochains mois.

Une somme de 2,5 millions de dollars vient d’être débloquée par la Ville de Québec pour rémunérer 46 d’entre eux. Les autres, 117 au total, verront leurs salaires être payés par le gouvernement du Québec, confirme un document municipal officiel adopté par le comité exécutif vendredi et rendu public lundi.

Le Soleil avait pu confirmer plus tôt auprès de plusieurs sources près du dossier que tous les emplois seraient maintenus au moins pour les six mois d’étude commandée par le gouvernement Legault.

La Ville et le gouvernement justifient vouloir être prêts à relancer un projet de transport structurant dans la capitale, dès le «lendemain» de l’analyse attendue de la CDPQ Infra, dont les conclusions sont attendues quelque part en juin.

«Pour ce faire, tous les emplois associés au projet de tramway doivent être protégés», plaide l’administration Marchand dans son sommaire décisionnel.

«La Ville et le gouvernement partagent l’objectif commun de préserver en totalité l’expertise et la capacité opérationnelle du Bureau de projet du tramway de Québec.»

— Extrait d’un sommaire décisionnel de la Ville de Québec

Au terme d’échanges tenus en novembre et en décembre, Québec a accepté de maintenir en poste et de payer pour la rémunération de 117 ressources dédiées au projet de tramway. Les salaires de ces personnes considérées «essentielles aux activités et travaux autorisés durant la pause du projet, incluant la collaboration avec la CDPQ Infra» sont chiffrés à 7 millions $ par le ministère des Transports.

Il revient donc à la Ville d’assumer le financement, pour une période de six mois, des 46 employés déclarés «excédentaires», qui seront «relocalisés en fonction de leurs expertises». Elle dit vouloir à tout prix «éviter l’exode des ressources hautement qualifiées et expérimentées associées au projet».

En soutien

Jusqu’à la fin du mandat, les autres, soit la vaste majorité des employés dont l’emploi est assuré d’ici juin, travailleront en soutien à CDPQ Infra.

«Dans sa relation avec nous, l’équipe du BPTQ assure notamment le partage de l’information et la coordination avec le RTC et la Ville de Québec. Leur coopération et leur collaboration sont importantes à la réalisation du mandat d’analyse de CDPQ Infra», mentionne la porte-parole Michelle Lamarche.

Or, «la décision de maintenir les emplois ne relève pas de CDPQ Infra», insiste-t-elle.

Aucune démission

Soucieux de «l’expertise de haut niveau présente au sein de l’équipe», le gouvernement avait déjà confirmé à la fin novembre avoir demandé à garder le Bureau de projet du tramway en marche, malgré le trait tiré sur le tramway. Il ne s’était toutefois pas engagé à préserver les postes de tous les experts.

Au début décembre, le sort des «employés excédentaires» demeurait flou. Le ministère des Transports affirmait alors que les discussions se poursuivaient avec la Ville et le Bureau de projet du tramway «dans l’objectif de déterminer […] les effectifs requis afin de collaborer avec CDPQ Infra dans l’exercice de son mandat et de préserver l’expertise au sein du Bureau».

Depuis la mise sur pause du projet, le 8 novembre, la Ville dit n’avoir reçu aucune démission venant du Bureau de projet.

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Tout ça pour un rapport qui confirmera fort probablement les conclusions de l’étude de 2015 et réitérera que le tramway est une bonne solution pour Québec.

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Comme je l’ai mentionné plus haut, ce que je suspecte fortement c’est que ça soit une excuse pour ralentir le projet juste assez pour qu’une agence de développement de grand projets puisse être créée et prendre en charge le projet de tramway.

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Geneviève Guilbault: On trouve que les projets de transport collectif n’avancent pas assez vite à notre goût

La CAQ: Décalons le projet de tramway d’un autre 6-8 mois avec d’autres études

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Je crois qu’elle trouve que c’est beaucoup trop cher. Peut-être une agence avec plus d’employés à l’interne réduirait les coûts?

https://www.journaldequebec.com/2024/01/24/les-consultations-de-la-caisse-infra-debutent-cette-semaine

Les consultations de la Caisse Infra ont débuté cette semaine

Les consultations de la Caisse Infra ont débuté cette semaine

Début de la vaste réflexion pour identifier le meilleur réseau de transport structurant pour Québec

Chargée par le gouvernement Legault de réfléchir au meilleur réseau de transport structurant pour la Ville de Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) Infra a débuté, cette semaine, à Québec, ses rencontres à huis clos avec différentes organisations.

«Les rencontres commencent cette semaine et nous partagerons publiquement, de façon hebdomadaire, la liste des organisations rencontrées. La liste sera rendue publique un peu plus tard», a fait savoir Michelle Lamarche, directrice des relations avec les médias de la CDPQ Infra.

Ces «rencontres privées» auront bel et bien lieu à Québec, a-t-elle ajouté. En tout, une centaine d’organismes et d’élus seront conviés à ces réunions.

En mettant le projet de tramway sur pause en novembre dernier, le gouvernement caquiste a confié un mandat de six mois à la CDPQ Infra pour identifier le meilleur projet pour Québec. Les résultats de cette analyse sont attendus pour le mois de juin.

Rencontre à venir avec les SDC

Mercredi matin, Bruno Salvail, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Maguire, a confirmé au Journal que la Caisse Infra a contacté l’ensemble des SDC de Québec «avant les Fêtes» et a demandé à les rencontrer dans le cadre de son mandat.

«Ils nous ont fait part d’un intérêt à nous rencontrer. On a répondu qu’on était très intéressés. La date n’a pas été fixée», a précisé M. Salvail.

Selon lui, «on n’est pas des experts en tracé de tramway ou d’autres moyens de transport en commun. Cependant, on a des besoins et des réalités. Un service structurant de transport en commun doit tenir compte des réalités des artères commerciales».

Ce dernier a répété à quel point il est important à ses yeux que le futur moyen de transport permette aux citoyens et aux touristes de se déplacer de façon rapide et efficace en ville.

Bruno Salvail a donné l’exemple de «vacuum» qui se crée durant le Festival d’été de Québec (FEQ), puisque les activités sont concentrées dans un rayon assez restreint autour des plaines d’Abraham et du Vieux-Québec. Si la Municipalité possédait un réseau de transport efficace, les festivaliers pourraient être tentés de souper sur l’avenue Maguire, par exemple, et de se rendre ensuite rapidement à leurs spectacles respectifs, a-t-il illustré.

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Je me demande ça va être quoi le mode retenu :slot_machine::slot_machine::slot_machine:

Ça serait surprenant que ça ne soit pas un tramway.

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Un tramway, qui va coûter 2x le prix que ça aurait couté si on avait débuté les travaux maintenant.

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Un tramway saveur ligne 5 Eglinton.

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Quel serait l’avantage?
Et par curiosité, qu’est-ce qui définit la saveur ligne 5 Eglinton?

Un long et coûteux tunnel entre les centre-ville de Québec et Lévis pour (peut-être) satisfaire les électeurs de la Rive-Sud.

Si c’est un métro automatique pourquoi pas… Mais le maire de Lévis semble beaucoup aimer l’automobile alors certain que ça ne plairait pas.

Le maire de Lévis représente bien l’opinion général de sa région. Le système automobile a toujours besoin de plus d’infrastructures sinon il congestionne. C’est important que le gouvernement du Québec ne finance pas des projets pharaoniques inutiles comme le troisième lien. L’heure est aux projets de TeC à l’ensemble du Québec.

J’ai peut-être une tolérance minime pour un pont à péage si le contribuable ne le subventionne pas.

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Les gouvernements parlent des deux coins de la bouche… On demande plus d’efforts pour baisser les GES émis par le secteur des transports et demande à la population de prendre davantage le transport en commun tout en sabrant dans le budget des compagnies de TeC (locales, régionales et provinciales) et en continuant d’investir massivement dans l’industrie automobile. Oui des autos électriques sur le long terme c’est mieux mais si on ne réduit pas le nombre total de véhicules personnels en circulation, cela ne sert pas vraiment à grand chose. Bref on est en pleine dissonance cognitive.

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Quelques articles dans différents journaux dans les dernières 24 heures

La mise en pause du tramway fait mal à l’économie de Québec, selon Marchand

Bruno Marchand, maire de Québec, en conférence de presse.

Le maire Marchand demande à Québec de préciser l’échéancier pour le projet de transport structurant

Bruno Marchand prévient que la mise en pause du projet de tramway de Québec met à mal l’économie de la capitale. Il réitère qu’il attend d’ici juin une proposition concrète de projet et non pas une première phase, quoi qu’en dise la ministre des Transports Geneviève Guilbault.

Un récent sondage de Québec International (QI) montre les difficultés économiques vécues par la communauté d’affaires de Québec. Il révèle notamment qu’une entreprise sur quatre a dû faire des mises à pied l’an dernier dans la région de Québec.

Pour le maire Marchand, la mise en pause d’un projet d’envergure comme le tramway de Québec est en grande partie responsable de la situation.

On nous avait dit au départ qu’il y avait autour de 1,5 milliard de dollars d’investissements privés autour du projet de transport structurant. C’était il y a quelques années. Nos calculs récents nous amènent à dire que c’est facilement le double ou le triple, a déclaré le maire Marchand lors d’un long point de presse, jeudi.

Juste dans le secteur du pôle d’échange Sainte-Foy, les investissements atteindraient environ un milliard et demi, avance le maire.

L’incertitude autour d’autant d’investissements ne peut que miner l’économie, selon lui.

Ce n’est pas juste lié à la confiance […]. C’est lié à l’économie. C’est économique d’engager des entreprises d’ici pour les aider à construire, c’est économique de leur donner de l’expertise pour qu’elles puissent aller partout au Québec et ailleurs pour réaliser des projets de transport structurant. C’est économique de faire venir ici des travailleurs, de les payer et de leur donner de bons salaires parce que ça agit en cascade aussi sur d’autres entreprises.

Un projet au plus tard en juin

Questionné sur la sortie de Geneviève Guilbault, qui laissait entendre que l’étude de la CDPQ représentait une première phase, le maire Marchand est sans équivoque : la Ville ne peut se permettre de nouveaux délais.

C’est une planification, une proposition de mobilité. On n’est pas encore dans la réalisation, encore moins dans l’exploitation, a expliqué la ministre, mardi.

Geneviève Guilbault.

Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable

Je n’ai pas compris. Qu’elle explique quel est son échéancier, c’est à elle de l’expliquer. C’est sa déclaration. On parle d’économie, on parle d’attraction, on parle de faire de Québec un fer de lance économique, social, industriel. Ça suppose de déplacer les gens.

Une citation de Bruno Marchand

Manque de vision

On a vraiment l’impression que le maire vit dans un monde de licorne lorsqu’il regarde l’économie, l’état de l’économie à Québec, a réagi Alicia Despin, élue de Québec d’abord.

Selon elle, Bruno Marchand manque de vision et de leadership en matière économique puisqu’il est peu à l’écoute des acteurs sur le terrain.

Alicia Despins lors d'un point de presse à l'hôtel de ville de Québec.

Alicia Despins, conseillère du district Vanier-Duberger

Concernant l’optimisme du maire en ce qui touche l’obtention d’un projet structurant avec la proposition de la CDPQ pour relancer l’économie, en juin, Alicia Despins émet des doutes quant à l’échéancier.

Selon l’élue municipale, une rencontre avec la CPDQ le 30 janvier sur la teneur de son mandat laisse entendre que toute la portion de financement du projet ne serait pas réglée en juin.

Mme Despins confirme toutefois que l’aspect rentabilité ne fait pas partie des critères d’analyse. Elle parle d’un mandat assez large, qui ne s’attaque pas qu’au tramway. Différents modes seraient aussi examinés.

J’ai l’impression qu’on pourrait déposer un projet très large [avec différentes phases]. Je suis rassurée et confiante : je crois que c’est un processus qui va bien se dérouler et mener à quelque chose, croit Mme Despins.


Le tramway pourrait «achopper» avec CDPQ Infra

Émilie Pelletier

1er février 2024

Maquette du tramway de Québec, à la station de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus|800x0

Maquette du tramway de Québec, à la station de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus (Ville de Québec)

Le gouvernement fait «fausse route» en confiant l’analyse de grands projets de transport en commun à CDPQ Infra, juge l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS). La réalisation du tramway de Québec s’en trouve menacée.

«L’exigence de rentabilité fragilise la possibilité que le tramway de Québec voie finalement le jour», tranche en entrevue Colin Pratte, chercheur à l’IRIS.

Ce constat ne date pas d’hier.

Dès l’annonce du projet de Réseau express métropolitain (REM) par une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’IRIS avait «mis en garde» contre les risques liés à ce partenariat.

Dans une étude parue en mars 2017, l’Institut voyait poindre à l’horizon une «brèche ouvrant la porte à la privatisation du transport en commun au Québec».

Si le gouvernement du Québec continuait de confier la planification et la réalisation de projets de transports collectifs à la branche infrastructures de la Caisse, ce sont avant tout les intérêts principalement financiers de cette dernière qu’il servirait.

L’IRIS concluait il y a quelques années que «le modèle de financement d’infrastructures publiques promu par CDPQ Infra ne contribue pas à la pérennité des services publics». Au contraire, écrivait l’auteur, «il s’inscrit dans une logique qui bénéficie à la CDPQ plutôt qu’aux Montréalais et aux usagers et usagères du transport en commun».

«L’actualité des derniers jours confirme malheureusement l’analyse que nous faisions à l’époque», a regretté l’IRIS, dans une publication faite sur ses réseaux sociaux, mercredi.

Plus tôt cette semaine, CDPQ Infra a fait part de son désistement à participer au prolongement du projet de REM sur la Rive-Sud de Montréal, évoquant un manque de disponibilité de ses équipes. Ces dernières, faisait-elle valoir, sont déjà bien occupées par les projets entamés dans le Grand Montréal et l’étude des besoins de mobilité pour la grande région de Québec.

Le tramway pourrait «achopper»

L’IRIS considère que le gouvernement du Québec devra cesser de faire affaire avec elle s’il veut voir des réseaux de transport collectif se mettre sur les rails.

Sans quoi, des projets, comme le tramway de Québec, pourraient ne jamais voir le jour.

«Le risque, c’est qu’en le confiant à CDPQ, le montage financier du projet soit dépendant d’une rentabilité pour la Caisse et qu’en l’absence de cette profitabilité, le projet achoppe», évoque Colin Pratte.

Et contrairement à Montréal, où le montage financier misait sur un transfert d’usagers de transport collectif vers le REM, à Québec, l’absence de réseau de transport en commun structurant «augmente le risque pour la CDPQ, qui n’y verra peut-être pas un bon placement».

Bruno Marchand s’était d’ailleurs inquiété, en décembre dernier, que le gouvernement Legault se tourne vers une entité «dont l’objectif premier est de faire du profit». Le maire de Québec redoutait de voir un éventuel projet être tout simplement abandonné, s’il est jugé non rentable.

Le modèle du REM

Le chercheur de l’IRIS voit plusieurs manifestations de l’objectif financier «qui prédomine» pour la CDPQ Infra dans le projet de REM. Il cite notamment, peu de temps après l’ouverture du REM reliant Brossard à l’Île de Montréal, le retrait de la voie réservée pour les autobus sur le pont Champlain.

«Du point de vue de la CDPQ, la voie réservée aux autobus est une concurrence à ses actifs, menace et retarde leur rentabilisation», analyse l’expert.

«Cette opposition entre des finalités pécuniaires et le développement pérenne et efficace du transport en commun au Québec, c’est irréconciliable.»

— Colin Pratte, chercheur à l’IRIS

Pour lui, les ratés du REM depuis son ouverture, l’été dernier, vont au-delà de l’exploitation quotidienne déficiente. «Ils s’expliquent par le cadrage initial qui était celui de proposer un projet où le transport de personnes rapporterait de l’argent à un fonds financier», note-t-il.

«Donner à un fonds financier le mandat de développer du transport en commun était à la base erroné, se prononce M. Pratte. Parce que la mission de la Caisse de dépôt et placement du Québec n’est pas de déplacer des gens. Elle est de faire de l’argent en déplaçant des gens et ça change tout.»

Image aérienne illustrant la dernière phase de test du REM (marche à blanc) qui circule sur les rails surélevés dans le quartier Griffintown. (Hugo-Sébastien Aubert/Archives La Presse)

À l’époque, la genèse du REM prenait racine dans un contexte d’austérité. Québec avait alors choisi de faire sauter CDPQ dans le train pour «couper de moitié les fonds publics» à investir dans le projet.

«On reproduit cette même approche, malgré le contexte actuel qui est celui d’une urgence de développer au Québec du transport en commun pour diminuer la dépendance à la voiture», ajoute M. Pratte.

Transport collectif ou voitures comme «gouffre financier»

Sauf qu’au Québec, croit le chercheur, le transport collectif fera «fausse route» s’il est considéré comme un «gouffre financier».

Il devait plutôt «être animé par une finalité qui prime sur toutes les autres : celle d’opérer un transfert modal de la voiture vers le transport en commun». Un principe qui souvent, convient-il, n’est pas profitable à court terme.

«Il faut le faire, même si ça ne représente pas un placement intéressant. C’est anachronique de miser sur la rentabilité financière pour le transport en commun aujourd’hui.»

— Colin Pratte

Au contraire, c’est surtout l’automobile qui a un coût élevé, évoque-t-il, parlant d’une dépense 28 fois plus grande que pour chaque kilomètre parcouru en autobus. «D’envisager les fonds publics alloués au développement de réseaux de transport en commun comme des dépenses, c’est une approche de courte vue.»

La Commission européenne des transports calcule que chaque kilomètre parcouru en voiture engendre pour la société une dépense 28 fois plus grande que la même distance franchie en autobus. (Olivier Croteau/Archives Le Nouvelliste)

La perte de contrôle public sur le transport en commun au profit d’un fonds financier promet par ailleurs de jouer sur les tarifs. «Dans un contexte de transition écologique, on devrait tendre vers la gratuité pour concurrencer la voiture et offrir une alternative abordable», conclut Colin Pratte.

Sans parler de l’aspect financier, la ministre des Transports défendait encore mardi son choix de confier à CDPQ Infra l’idéation d’un projet pour Québec, mais nommait toutefois, question de capacité à livrer, «la nécessité d’être plus autonomes et plus efficaces dans nos propres projets plutôt que de dépendre systématiquement de la CDPQ Infra ou d’autres instances».


Vers un projet de transport structurant «par phases» pour Québec

«Ma compréhension est qu’on efface [tramway et 3e lien] et qu’on recommence», relate la conseillère municipale Alicia Despins après sa rencontre avec la CDPQ Infra

Vers un projet de transport structurant «par phases» pour Québec

TAÏEB MOALLA

Jeudi, 1 février 2024

Pour que le futur réseau de transport structurant de Québec soit financièrement réalisable, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) Infra pourrait proposer au gouvernement du Québec de construire ce mégaprojet «par phases».

C’est du moins la compréhension de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Québec à la suite d’une rencontre, mardi, entre les sept élus de Québec d’abord et trois responsables de la CDPQ Infra.

«Ma question à leur égard, c’était: “N’avez-vous pas peur de déposer un projet complètement irréaliste d’un point de vue des délais et des coûts?” C’est là qu’ils ont répondu qu’évidemment un projet comme ça serait phasé», a relaté la conseillère municipale Alicia Despins, qui répondait au Journal en l’absence du chef Claude Villeneuve, retenu pour des obligations familiales.

Selon elle, «il y a une question de réalisme et de capacité [à payer]. Le phasage m’a rassurée sur l’idée qu’on peut arriver en juin avec au moins une première phase ou un premier projet parce que la mobilité à Québec n’est plus viable et qu’on a atteint le point de saturation sur plusieurs artères».

Carte blanche

Satisfaite de sa rencontre, Mme Despins a constaté que les responsables de la CQDP Infra semblaient ouverts à tout projet de mobilité structurant pour la Capitale-Nationale.

«Nous, on est là-dedans depuis tellement longtemps qu’on voit juste le tramway et le troisième lien. Ma compréhension est qu’on efface tout ça et qu’on recommence. Ça pourrait être toutes ces options, aucune de ces options ou de nouvelles options. Mais ce sera un projet d’ensemble», a compris Mme Despins.

Jackie Smith, cheffe de Transition Québec (TQ), a rencontré la CDPQ Infra mercredi. Elle dit avoir perçu que cette dernière avait «carte blanche» pour le choix du projet. Mme Smith, qui a elle-même proposé un tramway «par phases», a assuré avoir senti «de l’écoute» chez ses interlocuteurs.

De son côté, Patrick Paquet, chef d’Équipe priorité Québec (EPQ), a apprécié «la vue holistique» des responsables de la CDPQ Infra pour le futur projet. «Ils ont démontré beaucoup d’ouverture tant sur le mode que sur le tracé. Ils veulent poser une vision régionale et rien n’est décidé d’avance», a-t-il décrit.

Guilbault critiquée

D’autre part, Alicia Despins s’est attaquée à «l’incohérence» de la ministre des Transports. Mardi, Geneviève Guilbault a regretté le fait que le gouvernement soit «tributaire d’organisations extérieures» (comme la CDPQ Infra) pour les projets de transport. Pourtant, c’est le gouvernement du Québec qui lui a confié un mandat de six mois pour identifier le meilleur réseau structurant pour Québec.

«Ces propos sont très surprenants. Sa vision des choses n’est pas du tout conforme à la vision de la Caisse qui nous a été présentée mardi. On a l’impression que la ministre a perdu le nord dans tout ça», a déploré Mme Despins.

Jackie Smith a été plus nuancée. La cheffe de TQ s’est dite plutôt d’accord avec la ministre Guilbault sur l’importance de mettre en place une agence des transports chargée de chapeauter tous les projets de transport structurants au Québec.

https://www.journaldequebec.com/2024/02/01/vers-un-projet-de-transport-structurant--par-phases--pour-quebec

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Encore une fois le dossier du tramway à Québec pue l’improvisation. La ministre Guilbault n’a plus la crédibilité nécessaire pour le mener à bien. Politiquement parlant, à l’instar de Bonnardel, elle aurait dû être remplacée dans un remaniement ministériel. Cependant la CAQ manque clairement de candidats compétents pour prendre la relève. Conséquences: l’économie de Québec en souffre, le dossier du transport dans la vieille capitale stagne dans un statu quo qui favorise toujours l’auto solo. Finalement ce sont les finances provinciales qui encaissent le coup et les coûts avec des délais interminables.

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Dans le « Quoi surveiller aujourd’hui? » du Devoir

Le transport collectif à Québec

Des organismes tiennent aujourd’hui une conférence de presse pour marquer le début du compte à rebours de six mois donné à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour proposer un projet de réseau structurant de transport en commun pour la région de Québec.

Face à l’explosion des coûts et à l’impopularité du projet, François Legault avait retiré en novembre dernier le dossier du tramway de Québec des mains de la Ville et l’avait confié à la CDPQ.

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Je trouve très triste qu’encore une fois, un investissement en transport en commun est repousser parce que trop cher. Et comme toujours à chaque évaluation et report c’est toujours de plus en plus cher. Le gouvernement avec sont ministère du transport et de la mobilité durable ne fait pas sérieux et surtout ne porte pas son nom correctement.

La Commission européenne des transports calcule que chaque kilomètre parcouru en voiture engendre pour la société une dépense 28 fois plus grande que la même distance franchie en autobus. (Olivier Croteau/Archives Le Nouvelliste)

Et pourtant à chaque investissement en transport en commun ou encore idée de projet c’est toujours trop cher. C’est clairement toujours des excuses pour ne pas faire les projets.

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