Le plan B pour réaliser le tramway de Québec est plausible
Ville de Québec Selon la nouvelle proposition, la Ville de Québec assumerait elle-même la gestion des appels d’offres et les entreprises réaliseraient, morceau par morceau, soumission par soumission, les composantes du tramway.
1 novembre 2023
La Ville de Québec ne s’aventure pas en terrain complètement inconnu en proposant de prendre sous sa responsabilité la gestion du tramway, qu’elle comptait initialement confier à un partenaire privé.
Au départ, deux consortiums compétitionnaient pour concrétiser les infrastructures du tramway tout au long de son parcours de 19,3 km. Un premier a abandonné la course à l’automne 2022, le second a annoncé son désistement vendredi dernier. La Ville, désormais, ne peut plus remettre entre les mains d’un partenaire privé la gestion et la construction du chantier.
Forcée de faire cavalière seule, la Ville propose désormais de devenir la principale donneuse d’ouvrage. Elle assumerait elle-même la gestion des appels d’offres et les entreprises réaliseraient, morceau par morceau, soumission par soumission, les composantes du tramway.
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« C’est la formule la plus classique de gestion, explique la professeure Florence Juncas-Adenot, de l’UQAM. Ça peut s’appliquer à la construction d’un hôpital, à la construction d’un pavillon universitaire — ou à la construction d’un tramway. »
Ce modèle a déjà fait ses preuves à Québec, a rappelé le maire Bruno Marchand. « On l’a utilisé pour l’usine de biométhanisation, on l’a utilisé pour le Centre Vidéotron, on l’a utilisé pour la centrale de police, a-t-il énuméré. Ce ne sont pas les mêmes coûts [que pour le tramway], mais ce sont des formules déjà éprouvées […] où les villes sont maîtres d’oeuvre. »
Le plan initial de l’administration avait l’avantage de rassembler la gestion et la construction au sein d’un seul contrat. « Ça voulait dire que la responsabilité complète était prise par l’entreprise privée », précise Florence Juncas-Adenot. Dans le plan B présenté mercredi, « c’est la Ville qui devient responsable de l’atteinte des résultats, autant en termes de qualité, de coût et de délai ».
Ce type de modèle hybride, où l’autorité publique devient donneuse d’ouvrage pour une multitude d’entreprises privées, permet aux autorités une plus grande flexibilité pour « ajuster les appels d’offres », indique l’experte en gestion de projets.
« Si j’étais le gouvernement, ajoute la professeure, ça ne m’inquiéterait pas. Il faut comprendre que la gestion et la construction ne dépendront pas des employés de la Ville. »
À la fois décrié et applaudi
Le plan B a reçu une volée de bois vert de ceux et celles qui rêvent de fossoyer le tramway, mais aussi les éloges des partis qui aspirent toujours à le concrétiser.
« Nous sommes heureux parce que ce que [la Ville] propose comme plan B, ç’aurait été notre plan A […] pour éviter, justement une hausse des coûts », a indiqué la cheffe du parti municipal écologiste Transition Québec, Jackie Smith.
« Il ne faut pas oublier que tous les documents techniques déposés par les deux consortiums dans le cadre du processus d’appel d’offres, la Ville de Québec a payé pour ça, la Ville les a, a souligné le député de Taschereau, le solidaire Étienne Grandmont. C’est très possible, très faisable d’utiliser cette expertise-là et de faire une évaluation des prix qui soit raisonnable, d’une part, et aussi d’être capable de livrer le projet. »
Quant au coût, désormais estimé à 8,4 milliards de dollars, la Ville serait à même de respecter son cadre financier puisqu’à ses yeux, elle piloterait elle-même l’octroi des contrats. « Ce n’est pas mené par un entrepreneur général, un consortium qui, lui, va peut-être peser sur le crayon un petit peu plus fort à cause des contextes politique et économique dans lesquels on se trouve. »
Partisan du tramway, Alexandre Turgeon, du Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale, estime que ce plan B représente « la bonne chose à faire ».
« Ça fait des semaines que pour nous, l’option où la Ville reprenait la gestion du projet, c’était l’option qui était préférable […] pour payer le meilleur prix possible », a-t-il indiqué.
Alexandre Turgeon admet avoir « sourcillé » en apprenant la facture de 8,4 milliards de dollars évaluée par Québec. « Là-dessus, j’espère que la Ville va faire un autre tour de roue pour voir comment mieux économiser sur les coûts. »