Un projet qui transformera le service ferroviaire
« C’est le projet de décarbonation le plus important au pays ! » Martin Imbleau ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle du projet de train à grande fréquence (TGF) qu’il a pour mission de construire entre Québec et Toronto. À la tête de VIA TGF, la société d’État destinée au projet depuis septembre 2023, le président-directeur général a de grandes ambitions pour le pays. « Ce seront des millions et des millions de trajets qui passeront du diesel et de l’essence à l’électricité », résume-t-il. Le Canada aura-t-il bientôt un train de passagers digne de ce nom ?
Martin Imbleau décrit son futur train en trois mots : rapide, fiable et fréquent. « Il n’y aura qu’à se présenter à la gare, car il y aura toujours un train sur le point de partir. Comme ce seront des rails réservés, on pourra aussi être certains de l’heure d’arrivée. » Si tout se déroule comme l’espère le p.-d.g., il sera possible de se rendre en train à Toronto depuis Montréal un matin de semaine, de passer une journée de rencontres professionnelles dans la Ville Reine et de retourner dormir chez soi le même soir.
Au-delà de ces scénarios, Martin Imbleau se fait avare de détails sur les spécificités techniques du projet, évoquant un désir de ne brûler aucune étape. « Il faut se presser lentement, explique-t-il. Dans la phase de développement, il faut prendre le maximum de temps de préparation pour pouvoir aller rapidement par la suite. » Une liste de critères a été soumise à trois consortiums, qui devront présenter des projets d’ici la fin 2024. Le train proposé devra être électrique « sur une très grande portion du trajet » et inclura au moins sept stations : Québec, Trois-Rivières, Montréal, Laval, Ottawa, Peterborough et Toronto. Il devra aussi être comparable aux « standards européens », c’est-à-dire qu’il roulera « vite quand ce sera possible et il ralentira pour servir un maximum de population », explique le p.-d.g.
Appui de la communauté d’affaires montréalaise
Président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Mont-réal métropolitain, Michel Leblanc voit d’un bon oeil ce projet de TGF. « On en parle depuis 20 ans, relève-t-il. Mais jamais, jusqu’ici, une organisation n’avait été formée pour se consacrer à son développement. » Malgré les délais, il refuse de tomber dans le cynisme, préférant donner la chance au coureur. Le manque de détails ne l’inquiète pas non plus outre mesure : « Force est de constater que les gestes posés jusqu’à maintenant sont ceux que posent les gens sérieux », observe-t-il.
Le milieu des affaires montréalais est-il prêt à se rallier au projet ? « Oui, lâche-t-il sans hésitation. Par contre, on ne connaît pas encore la localisation des gares, le trajet proposé et le coût du projet. Il y a plusieurs inconnues qui pourraient nous amener à poser des questions. » Il se réjouit tout de même de voir que le critère principal de sa communauté — la vitesse — a été incorporé au projet. « Montréal est déjà très bien desservi en matière de lignes aériennes pour se rendre à Toronto. Pour que les gens d’affaires changent de moyen de transport, la vitesse est essentielle. »
Bénéfices attendus
Mis à part l’argument écologique — les transports sont la deuxième source en importance d’émissions de gaz à effet de serre au pays —, Martin Imbleau voit de nombreux avantages au développement de ce train. « Notre productivité diminue à cause des problèmes de congestion, déplore-t-il. On perd de l’argent et du temps parce qu’on est coincés dans le trafic. Ce n’est pas en ajoutant des voies d’autoroute qu’on réglera le problème, à cause du trafic induit. » Il cite un rapport ayant évalué les effets positifs sur la productivité de la construction d’un train rapide autour de la ville de Londres, au Royaume-Uni. « C’est du gros bon sens. »
Le p.-d.g. pointe de plus vers la filière batterie, dont les deux principaux pôles — Bécancour, faisant partie de la région de Trois-Rivières, et la banlieue de Toronto — seront reliés par le TGF. « Ça permettra l’échange de talents, la fluidité des travailleurs », croit-il. « Je ne m’attends pas à ce que ça change des décisions d’affaires entre Montréal et Toronto », affirme pour sa part Michel Leblanc. « Entre Trois-Rivières et Montréal, peut-être. Les gens pourront habiter dans une ville et travailler dans l’autre. »
Promis de nombreuses fois, ce train verra-t-il réellement le jour ? « Cette fois-ci, c’est la bonne, croit Martin Imbleau. Les astres sont alignés. On n’a pas le droit de se tromper. »
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