C’est un drôle d’article parce que la plupart des employés n’ont pas vraiment de contrôle sur la proportion d’heures qu’ils peuvent faire en télétravail.
Donc de dire que c’est moins populaire me semble maladroit. Moins toléré/valorisé par les employeurs peut-être?
C’est-à-dire que la réduction de la circulation routière et des temps de déplacements routiers « aurait incité certaines personnes ne travaillant pas à domicile à délaisser le transport en commun pour se déplacer en voiture. »
C’est pas trop étonnant maintenant qu’on en parle, mais j’aurais pas prédit ça.
Malmené, l’équilibre entre vie au travail et vie personnelle s’effondre et peut mener à un épuisement émotionnel et à des problèmes de santé mentale et physique.
La flexibilité et l’autonomie générées par le télétravail sont très appréciées par les travailleurs, mais un paradoxe émerge : sans frontière entre leur vie professionnelle et personnelle, sans segmentation du travail, ces employés nuisent à leur bien-être… sans nécessairement s’en rendre compte.
« Ils préfèrent peut-être travailler de la maison, que ce soit en partie ou en tout temps, mais ils ne regardent pas assez leur bien-être psychologique », dit Mélanie Trottier, professeure d’organisation du travail et de ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM). Selon elle, cela revient un peu à contribuer à son propre malheur.
Malmené, l’équilibre entre vie au travail et vie personnelle s’effondre et peut mener à un épuisement émotionnel et à des problèmes de santé mentale et physique. « Ça peut être lié à la charge de travail globale, autant la cadence que la quantité », rappelle l’experte.
Et pourtant, les gestionnaires sont satisfaits et heureux d’offrir de la souplesse dans l’horaire de travail – c’est même valorisé depuis la pandémie. « Dans l’offre d’emploi, le concept de flexibilité est vu positivement, indique Olivier Caya, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke. C’est un facteur de recrutement et de rétention. »
Politique de déconnexion
Même si elles souhaitent projeter une image d’ouverture et d’infinies possibilités d’horaires flexibles, les entreprises ont tout intérêt à mieux gérer les frontières, croient les deux professeurs.
« On est devenus dépendants des outils technologiques et il y a une invasion du numérique dans nos vies, incluant dans notre vie professionnelle, explique M. Caya. Il peut y avoir débordements des heures de travail et cela peut créer une anxiété, entre autres parce qu’on est joignable en tout temps ! »
PHOTO FOURNIE PAR L’ÉCOLE DE GESTION DE L’UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
Olivier Caya, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke
Mme Trottier abonde dans le même sens : « Un cadre qui favorise une certaine segmentation entre le travail et la vie personnelle va mieux servir le télétravailleur. Par exemple, le fait d’avoir un lieu physique défini et d’encourager une frontière dans les espaces à la maison va aider le télétravailleur. »
Une politique de déconnexion, instaurée par la direction et respectée par tous, peut aussi envoyer le signal aux télétravailleurs que la saine gestion vie professionnelle/vie personnelle est encouragée. « Si personne ne répond aux courriels ou textos après 17 h, un nouvel employé serait bien mal venu de le faire », lance Mélanie Trottier.
Avoir du sens
Des valeurs d’entreprise bien définies et une culture claire permettent aux télétravailleurs de vivre positivement leur expérience à distance. Cela donne plus de sens à leurs activités professionnelles.
« L’engagement est en métamorphose, affirme Olivier Caya. On assiste à l’explosion du télétravail… et aux questionnements des travailleurs. Ils parlent davantage au “je”. Depuis la pandémie, ils individualisent leur relation avec le travail. Ils veulent comprendre la nature de leur travail, leurs rôles, leur utilité, les raisons pour lesquelles ils sont là et pour lesquelles ils travaillent à cette compagnie plutôt qu’à une autre. »
Il existe de bonnes pratiques pour motiver et fidéliser les télétravailleurs : leur faire confiance, célébrer les bons coups, gérer par objectifs ou par livrables, bien communiquer, être transparent et offrir un environnement de travail stimulant.
Le risque du désengagement
Le risque d’une culture défaillante ? L’isolement professionnel et le désengagement.
« Le télétravail a une incidence sur l’engagement organisationnel, souligne Estelle M. Morin, professeure de management à HEC Montréal. Et la principale variable ici, c’est l’intensité du télétravail. Le télétravailleur pourrait sentir son lien avec l’entreprise s’affaiblir surtout si son degré d’interdépendance dans ses tâches est faible. »
Le degré d’interdépendance pourrait se décrire comme le fait de dépendre des autres pour avancer une partie de son travail, ou influencer le travail des autres par ses propres tâches. Autrement dit, c’est lorsque la nature du travail lie le travailleur au reste de l’équipe – sans quoi il est un « agent libre ».
Estelle M. Morin, professeure de management à HEC Montréal
Pour cette diplômée en psychologie, membre du Consortium de recherche sur l’intelligence émotionnelle, de saines valeurs partagées, comme la solidarité, le soutien, la communication, l’authenticité et la confiance, vont gonfler le moral et l’engagement du télétravailleur. Et a contrario, la compétition, l’individualisme, la performance comme seul indicateur et la réussite placée avant tout vont les isoler.
« Les travailleurs veulent avoir le sentiment qu’on fait ça ensemble, dit Mme Morin. L’une des valeurs humaines les plus importantes, c’est l’appartenance. On a besoin des autres. Les interactions doivent être fréquentes et de qualité. Ça ne doit pas être seulement transactionnel ! »
Finalement, elle martèle qu’une relation basée sur la confiance et le respect est primordiale entre le gestionnaire et le télétravailleur. « Les télétravailleurs sont très disciplinés, ils savent ce qu’ils ont à faire… Le danger est d’adopter un discours infantilisant et de vouloir tout contrôler. Traitez les gens comme des adultes ! »
Mon client et mon employeur demandent en présentiel 2 fois par semaine, mais je passe quand même mes journées en visioconférence sur Teams, pcq la moitié de l’équipe de projet est à Québec
Je n’ai pas encore trouver d’avantage comparé à faire du Teams chez moi où il n’y a personne. Au bureau, je garde mes écouteurs avec réduction de bruit pour ne pas entendre les collègues autour parler
Trois ans après la pandémie, le tiers des Québécois en télétravail
Les années de pandémie ont entraîné une révolution dans le monde du travail.
Selon les derniers chiffres de l’Institut de la statistique, 35 % des Québécois et 45 % des Montréalais travaillent, en totalité ou en partie, de la maison.
Est-ce que le phénomène est là pour rester?
Reportage de Camille Fereisen.
Le télétravail gagne du terrain : entrevue avec Michel Leblanc et Marianne Plamondon
Le télétravail est devenu une réalité pour de nombreux travailleurs depuis le début de la pandémie. Selon l’Institut de la statistique du Québec, 35% des Québécois et 26% des Canadiens ont fait du télétravail en 2022.
Le mode hybride, c’est-à-dire que les travailleurs doivent être en présentiel quelques jours par semaine, est le plus populaire. Mais à qui profite vraiment cette nouvelle façon de faire?
Julie Drolet en discute avec Michel Leblanc, président de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain, et Marianne Plamondon, avocate en droit du travail.
Le télétravail concerne davantage les hauts salariés et les femmes, selon une étude
Le télétravail concerne davantage les hauts salariés et les femmes, selon une étude
Photo: Miodrag Ignjatovic, Getty Images iStockphoto
Le télétravail touche davantage les hauts salariés, ceux qui ont fait des études universitaires, les femmes et les résidents de Montréal et de l’Outaouais.
Lia Lévesque - La Presse canadienne 6 février 2024 Économie
Le télétravail touche davantage les hauts salariés, ceux qui ont fait des études universitaires, les femmes et les résidents de Montréal et de l’Outaouais, indique la plus récente étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Et, à l’opposé, ceux qui sont les moins susceptibles de faire du télétravail sont ceux qui gagnent moins de 20 $ l’heure, ceux qui n’ont pas de diplôme d’études secondaires et ceux qui travaillent dans les régions de la Côte-Nord–Nord-du-Québec et de l’Abitibi-Témiscamingue.
Plus précisément, en 2022, parmi ceux qui gagnaient un salaire d’au moins 50 $ l’heure, 21 % ont fait exclusivement du télétravail, 43 % ont travaillé en mode hybride, alors que 36 % ont travaillé en présentiel.
Tout à l’opposé, parmi ceux qui gagnaient moins de 20 $ l’heure, 90 % ont travaillé en présentiel en 2022.
« Plus le salaire d’une personne est élevé, plus elle est susceptible de faire du télétravail », rapporte l’étude de l’ISQ.
Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l’ISQ, explique le phénomène par le type d’emploi occupé et le type d’industrie.
« Ça s’explique notamment par le type de profession qui est occupé par les plus hauts salariés. Souvent, ça va avec des niveaux d’études élevés tels qu’universitaires. On retrouve principalement des emplois de professionnels et aussi de gestionnaires, dans le domaine du secteur public et du secteur privé. On les retrouve principalement, les télétravailleurs, dans les industries des services professionnels, scientifiques et techniques, la finance, les assurances, l’immobilier et également les administrations publiques. Il y a beaucoup d’emplois qui offrent de bons salaires, pour lesquels la possibilité de faire du télétravail est très présente, étant donné qu’ils font du travail plus d’ordre cognitif, du travail qui fait appel à des technologies, entre autres. »
Plus de femmes
Aussi, les femmes font plus de télétravail que les hommes. En 2022, 40 % des travailleuses ont rapporté faire du télétravail, comparativement à 31 % des travailleurs, note l’ISQ.
Cette statistique peut sembler étonnante, puisque les femmes travaillent souvent dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du commerce de détail — des domaines peu propices au télétravail.
M. Cloutier-Villeneuve fait toutefois valoir que les femmes sont aussi davantage présentes dans les administrations publiques, alors que les hommes occupent plus souvent des emplois manuels ou de production.
Régions
Les régions du Québec sont touchées différemment par le télétravail. Le taux de télétravail atteint 45 % à Montréal, 44 % en Outaouais et 38 % à Québec.
M. Cloutier-Villeneuve l’explique par la présence de la fonction publique, et dans le cas de Montréal, la présence des services de la finance, des assurances et de l’immobilier.
À l’inverse, le télétravail est moins marqué dans des régions ressources comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord–Nord-du-Québec.
M. Cloutier-Villeneuve souligne l’appétit des télétravailleurs. « Parmi les personnes qui ont écrit que leur emploi était “télétravaillable”, elles sont en plus grande proportion à dire qu’elles n’en ont pas fait autant qu’elles l’auraient souhaité. Donc, il y a une intention, une volonté de faire plus de télétravail chez les personnes en télétravail. Et ça correspond aux études qui démontrent, de façon générale, qu’il y a une satisfaction à l’égard du télétravail. »
Photo: Loic Venance, Agence France-Presse
Selon les données de Statistique Canada, en janvier 2020, seulement 7 % des Canadiens travaillaient la plupart du temps de leur domicile.
La méthode simplifiée pour la déduction fiscale de vos dépenses liées au télétravail disparaît. C’est donc un retour à la situation prépandémique : vous ne pouvez désormais que réclamer cette déduction grâce à la méthode détaillée. Or, encore faut-il que votre employeur accepte de vous remettre les formulaires de réclamation.
« On revient à la case départ », résume Natalie Hotte, cheffe de pratique au Centre québécois de formation en fiscalité.
La méthode simplifiée introduite en 2020, lors de la pandémie, permettait de réclamer un taux fixe de 2 $ pour chaque jour de travail à domicile, jusqu’à concurrence de 500 $. Il n’est plus possible de s’en prévaloir à compter de l’année fiscale 2023 — cela s’applique donc à la déclaration de revenus que vous devez produire d’ici le 30 avril prochain.
La méthode détaillée, qui existait déjà avant la pandémie, demeure disponible. « Il y a toutefois des critères à respecter pour être admissible », souligne Mme Hotte. D’abord, vous devez avoir travaillé principalement à domicile — c’est-à-dire plus de 50 % du temps — ou avoir un espace chez vous destiné au travail (pour rencontrer des clients, par exemple).
Des formulaires source de « frictions »
Autre élément primordial pour réclamer cette déduction fiscale : il vous faut obtenir les formulaires TP-64.3 au provincial et T2200 au fédéral, dûment remplis par votre employeur.
« C’est là qu’il peut y avoir des frictions. Car certains employeurs peuvent ne pas fournir à leurs employés les formulaires dans la mesure où ils n’exigent pas le télétravail », souligne la fiscaliste Natalie Hotte. « Si vous n’avez pas les formulaires, votre comptable ne peut rien faire. C’est vraiment au contribuable d’entreprendre les démarches et de convaincre son employeur », explique-t-elle.
À noter que le formulaire du fédéral spécifie que le télétravail « n’a pas à faire partie du contrat de l’employé » et qu’une « entente écrite ou verbale » peut suffire.
Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec, rappelle que « beaucoup d’employeurs ont réduit leurs espaces de travail » depuis la pandémie et qu’ils « n’ont pas la capacité physique d’accueillir l’ensemble de leurs employés au bureau en même temps ». En conséquence, « ça en fait une exigence de pouvoir télétravailler », note-t-elle.
Mme Poirier estime par ailleurs que les critères d’admissibilité à la déduction fiscale devraient être revus. « Limiter ça à ceux qui sont 50 % en télétravail, c’est un peu faire fi des changements récents sur le marché du travail, car beaucoup de personnes travaillent aujourd’hui trois jours sur cinq au bureau et sont donc privées de la déduction », souligne-t-elle.
Selon les données de Statistique Canada, seulement 7 % des Canadiens travaillaient la plupart du temps depuis leur domicile en janvier 2020. Cette proportion a rapidement grimpé à 41 % en avril 2020 en raison de la COVID. Depuis, le recours au télétravail a bien baissé, mais il demeure prisé. En novembre dernier, une personne sur cinq (20 %) travaillait la majeure partie du temps de chez elle.
Le fonctionnement de la méthode détaillée
Si vous êtes admissible à la déduction fiscale pour les dépenses liées au télétravail et que votre employeur vous remet les formulaires, vous pouvez aller de l’avant avec la réclamation.
« Les dépenses ne doivent pas avoir été remboursées par votre employeur », rappelle la fiscaliste Natalie Hotte. Parmi ces dépenses admissibles — pour lesquelles il vous faudra rassembler vos pièces justificatives —, il y a notamment vos factures pour l’électricité, le chauffage, l’eau ou encore les frais d’accès à Internet. Elles ne sont toutefois pas entièrement couvertes. Il vous faudra calculer la portion qui est réellement consacrée au travail, c’est-à-dire en fonction de la taille de votre espace de bureau par rapport à la taille de votre domicile (ou en proportion des heures passées à travailler si vous n’avez pas un espace consacré à cet usage).
L’Agence du revenu du Canada résume la marche à suivre, étape par étape, sur son site Web.
DÉDUCTION OU CRÉDIT D’IMPÔT ?
Une déduction fiscale est un montant qui réduit votre revenu imposable (la déduction pour les dépenses liées au télétravail, par exemple).
Un crédit d’impôt remboursable correspond à un montant d’argent qui vous est versé même si vous n’avez pas d’impôt à payer (le crédit d’impôt pour les frais médicaux, par exemple).
Un crédit d’impôt non remboursable, quant à lui, diminue ou annule l’impôt que vous devez payer (le crédit d’impôt pour l’achat d’une habitation, par exemple).
Pas sûr que je suis en accord avec les conclusions/affirmations de ce reportage. Elle semble prendre pour acquis que la distribution des rôles/tâches ainsi que les profils des gens sont uniformes ou normalement distribués.
Quand les grandes firmes technos comme Apple, Microsoft et SpaceX ont obligé le retour en présentiel, elles ont perdu des employés hautement qualifiés et difficiles à remplacer, révèle une étude de cas publiée par des chercheurs de l’Université de Chicago et de l’Université du Michigan.
Les télétravailleurs se font de moins en moins nombreux au Canada, mais ils sont de plus en plus éloignés.
Le nombre de Canadiens en télétravail est en recul. La proportion d’employés qui travaillaient habituellement la plupart de leurs heures à domicile a ainsi diminué, passant de 21,5 % en juin 2022 à 15,1 % le mois dernier, a rapporté il y a deux semaines Statistique Canada.
Ce repli ne s’observe toutefois pas partout. Il est essentiellement le fait des télétravailleurs dont le domicile se trouve dans la même ville ou, du moins, suffisamment proche de leur lieu de travail pour faire la navette quotidienne.
Les autres, dont la résidence se trouve dans une tout autre région que celle de leur employeur, ont vu leur nombre se maintenir et même augmenter. Leur poids relatif a par le fait même augmenté, passant de 17,2 % de l’ensemble des télétravailleurs au Canada il y a deux ans à presque le quart (24,2 %) aujourd’hui.
Pour certains ça devient un mode de vie, habiter un secteur éloigné où il fait bon vivre, tout en travaillant à distance en profitant du meilleur des deux mondes. Je connais beaucoup de gens qui le font et qui se sentent beaucoup plus épanouis et satisfaits aujourd’hui. Même un ami qui travaille 3 jours/semaine à Paris et qui fait la navette en TGV pour 4 jours à Toulon sur la Méditerranée.
Le fédéral est une grosse machine qui s’embraie facilement parce qu’elle n’a pas l’agilité nécessaire pour obéir aux besoins réels à court terme attendus par les décideurs gouvernementaux. D’où la confusion dans l’application des nouvelles politiques.
Résumé
Manque d’espace pour le retour au bureau des fonctionnaires
Des milliers de fonctionnaires fédéraux doivent travailler du bureau trois jours par semaine dès lundi. (Photo d’archives)
Des milliers de fonctionnaires fédéraux doivent, à partir de lundi, se présenter au bureau au moins trois fois par semaine, mais il manque d’espace pour les accueillir.
Le gouvernement fédéral a annoncé en mai dernier de nouvelles exigences en matière de travail hybride, selon lesquelles les fonctionnaires doivent travailler du bureau trois jours par semaine et les cadres quatre.
Radio-Canada a contacté plus d’une dizaine de départements et certains affirment être incapables de se plier aux nouvelles règles.
Ce ne sont pas tous les lieux de travail de Services partagés Canada (SPC) qui peuvent respecter le nombre minimal requis de jours de travail par semaine pour tous les employés, confirme le porte-parole Jean-Pierre Potvin. Le ministère a donc donné des exceptions temporaires aux employés qui se rendent dans ces édifices. Celles-ci seront examinées de nouveau chaque année.
Dans la région de la capitale nationale, des bureaux de Logement, Infrastructures et Collectivité Canada (LICC) n’ont pas assez d’espace pour permettre à tous les employés de travailler sur place trois jours par semaine […] conformément au nouveau modèle de travail hybride commun, et ceci à cause de la croissance du mandat du ministère, indique un autre porte-parole.
Le ministère ignore à quel moment tous les employés pourront se présenter au bureau le nombre de fois requises. Les fonctionnaires continueront de travailler du bureau deux jours par semaine, mais les cadres devront s’y rendre quatre jours.
Des employés de Statistique Canada à Montréal, à Toronto et à Vancouver se retrouvent dans une situation similaire et continueront de travailler avec leurs horaires de 40 % sur les lieux jusqu’à nouvel ordre, spécifie la responsable des relations avec les médias Annick Irakoze.
Les fonctionnaires fédéraux travaillant au 427 Laurier à Ottawa ne peuvent se conformer aux nouvelles exigences de travail au bureau en raison du manque d’espace.
Photo : Radio-Canada / Olivier Plante
Chez Emploi et Développement social Canada, dix emplacements pourraient ne pas disposer de suffisamment d’espace pour accueillir tous les employés, signale la porte-parole Mila Roy.
Il y aura quelques retours échelonnés en raison de la capacité [des bureaux].
Une citation de Mila Roy, porte-parole du ministère d’Emploi et développement social Canada
Les ministères de SPC et de LICC, ainsi que Statistique Canada, affirment collaborer avec le ministère de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) pour augmenter l’espace disponible pour les employés.
SPAC est responsable de la gestion des espaces de bureaux pour plus de 270 000 fonctionnaires - soit environ le deux tiers des fonctionnaires fédéraux qui travaillent dans plus de 100 ministères et organismes.
Assez de bureaux selon le gouvernement fédéral
Le cabinet du ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, assure pourtant qu’il ne manquera pas d’espaces de travail pour les fonctionnaires.
Nous ne prévoyons aucune pénurie d’espace de bureau.
Une citation de Guillaume Bertrand, porte-parole du ministre des Services publics et de l’Approvisionnement
Le cabinet du ministre spécifie que SPAC continuera à fournir suffisamment d’espace de bureau pour permettre aux ministères et organismes fédéraux de remplir leurs programmes et leur mandat.
Nous collaborons avec les ministères et organismes fédéraux afin de définir leurs besoins à long terme en matière d’espace de bureau, ce qui orientera nos futurs plans, ajoute M. Bertrand.
Dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a indiqué son intention de réduire son portefeuille de bureaux de 50 %. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Stu Mills
La réduction du parc immobilier fédéral pourrait, selon M. Bertrand, amener des économies estimées à 3,9 milliards de dollars au cours des dix prochaines années et à 900 millions de dollars par an de façon continue.
Le cabinet de la présidente du Conseil du trésor n’a pas voulu commenter ce dossier, invoquant que les nouvelles règles de travail hybride sont une décision purement administrative.
Une contradiction ?
Ça peut sembler une incohérence, [mais] ce n’est pas juste une question mathématique, analyse le professeur en administration publique et directeur du Centre d’études en gouvernance à l’Université d’Ottawa, Eric Champagne.
Il se peut que globalement il y ait assez d’espaces disponibles pour l’ensemble des employés, mais on sait aussi [que] chaque organisation a des besoins particuliers et je pense que ça se manifeste [et] ça se répercute dans l’organisation du travail.
Le professeur souligne que les espaces de travail non assignés peuvent ne pas convenir à tous. On a aussi besoin d’autres types d’espaces - pour des rencontres de groupe ou des discussions privées - et en quantité suffisante, croit M. Champagne.
Les bureaux de Logement, Infrastructures et Collectivités Canada au 180 rue Kent à Ottawa font partie des endroits qui manquent d’espace pour accueillir tous les fonctionnaires au moins trois jours par semaine.
Photo : Radio-Canada / Olivier Plante
Il ajoute que la détermination des jours de travail [au bureau] devrait tenir compte du travail d’équipe autant que possible [pour] essayer de regrouper les gens.
Si on ne les regroupe pas par équipe, je pense qu’on on perd du sens de revenir au travail conventionnel en personne, met en perspective M. Champagne.
Les bureaux d’Ubisoft Québec, dans le quartier Saint-Roch. (Erick Labbé/Archives Le Soleil)
Les employés d’Ubisoft Québec devront revenir au bureau. La multinationale exigera que ses employés soient en présentiel au moins trois jours par semaine dès l’été prochain.
À compter du mois de juin prochain, les employés des bureaux de Saint-Roch d’Ubisoft devront s’y trouver au moins trois jours par semaine.
Tous les employés devront être en présentiel le mardi et le jeudi.
Entre décembre prochain et juin 2025, le studio sera en période d’adaptation. L’entreprise demandera à ses employés d’être présents au moins une fois toutes les semaines.
D’ici là, l’éditeur de jeux vidéo doit augmenter la superficie de ses bureaux afin d’accueillir les quelque 600 salariés.
En plus de réaménager les espaces de travail actuels, des négociations sont en cours afin de mettre la main sur d’autres locaux dans le même immeuble situé sur le boulevard Charest.
À Montréal, une directive visant le retour au travail en personne est déjà en place depuis plusieurs mois.
«Se rapprocher les uns des autres»
Dans une communication interne, dont Le Soleil a obtenu copie, le directeur général d’Ubisoft Montréal, Christophe Derenne, écrit que ces journées au bureau «donneront l’occasion de [se] rapprocher les uns des autres davantage».
Cela «mènera inévitablement à plus d’échanges d’idées, de sources inattendues d’inspiration, de partage de connaissances, de chances de s’entraider et de mieux accueillir, intégrer et former les collègues plus juniors», affirme aussi le cadre.
Il n’est pas question de revenir à un modèle 100 % de présence au bureau.
Le libre choix des employés d’opter pour le télétravail ou le retour au bureau figurait parmi les avantages sociaux mis de l’avant par l’entreprise.
L’an dernier, la directrice générale d’Ubisoft Québec, Nathalie Bouchard, avait fait valoir que 50 % des employés se rendaient déjà sur place trois jours ou plus. Travailler uniquement à distance n’attirait que 5 % du personnel, avait-elle indiqué.
Le chef des relations publiques, Antoine Leduc-Labelle, indique de son côté que des accommodations seront accordées au cas par cas pour les travailleurs résidant à l’extérieur des quatre points de chute d’Ubisoft.
Au-delà du Québec
La volonté de voir les employés revenir en bureau s’étend à tous les bureaux de l’entreprise française, à Québec comme ailleurs. Avant d’être généralisée, cette consigne concernait jusqu’alors un tiers de ses 18 000 employés.
Plusieurs médias français ont fait état d’une directive similaire en Europe.
Selon les informations rapportées par Le Figaro, la nouvelle a été mal reçue par le syndicat des travailleurs du jeu vidéo (STJV).
«Il est hors de question de revenir sur un acquis social qui a montré son efficacité», a affirmé le syndicat dans un tract. Ce dernier appelle les salariés d’Ubisoft Paris à se préparer à «un mouvement social d’ampleur».
les deux jours que je suis en présentiel. je fais du Teams… car les collègues ne vont pas nécessairement au bureau les mêmes jours que moi…
En plus, il y a toujours nécessairement des collègues qui sont situés dans une autre ville québécoise (et même en France!)… alors, on finit par faire du Teams entre deux (ou trois) salles de réunion + des collègues sur leur Teams individuels
Il y a aussi une discussion au Téléjournal
Faut-il limiter le nombre de jours de télétravail ?
De plus en plus de patrons exigent que leurs employés reviennent travailler en présentiel. Ont-ils raison?
Point de vue syndical et patronal, avec Caroline Senneville de la Confédération des syndicats nationaux, et Karl Blackburn du Conseil du patronat du Québec.
C’est quand même assez particulier qu’une administration municipale autorise le télétravail en permance pour des gens qui ne sont même pas dans le même pays que la ville pour laquelle ils travaillent…