Télétravail

Un autre point au ça peut se compliquer, je pense, est au niveau de la qualité de l’environnement de travail. En présentiel, l’employeur est tenu de garantir un environnement de travail sain et propice à la complétion des tâches de ses employés. Quelles sont ses obligations quand le domicile des employés en télétravail n’offre pas assez d’espace pour aménager un espace de travail confortable ou que les employés se retrouvent au milieu de rénovations à domicile ou à proximité de plusieurs chantiers de construction? Dans le cas d’entreprises qui n’ont plus de bureaux physiques, sont-elles tenues de payer pour offrir des espaces de travail? Si des employés déménagent dans un domicile plus spacieux pour avoir un bureau à la maison, peuvent-ils demander à la compagnie de payer la superficie aménagée en espace bureau selon une formule similaire au crédit d’impôt?

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A mon avis le seul moyen de ne pas s’enfoncer dans un trou-sans-fin juridiquement est de se décharger des responsabilités de l’employeur dans la mesure où le travail à la maison est un choix de l’employé et/ou dans la description du poste et que l’employeur offre l’option de travailler au bureau.

Le reste tiendrait des avantages sociaux de l’employeur.

Trop c’est comme pas assez. Il y a déjà des ajustements fiscaux pour le télétravail, et le gouvernement est plus apte à ajuster/niveler les conditions que les différentes compagnies, qui se voient ainsi avec moins d’administration/paperasse.

Pu capable du télétravail… mal à la tête avec tous ces zooms…

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LOL

Un bureau sur quatre vacant en 2025

Le télétravail est là pour de bon, a prévenu Sylvain Leclair, vice-président directeur du Groupe Altus, qui partageait la tribune avec Mme Lefebvre. Le taux de disponibilité des immeubles s’élève à 17,5 % dans la région montréalaise, et est en augmentation constante ces derniers trimestres. « Il s’est ajouté 4,4 millions de pieds carrés de bureaux disponibles au centre-ville depuis le début de la pandémie, soit 4,4 tours comme le 1250, boulevard René-Lévesque », a-t-il souligné.

Au fur et à mesure que les baux arrivent à échéance, il faut s’attendre à ce que les locataires diminuent la superficie sous bail de 20 % à 40 %. Dans le pire des scénarios, le taux de disponibilité des bureaux pourrait culminer à 28,8 % au centre-ville, un pensez-y-bien.

Le stress du retour en présentiel

PHOTOMONTAGE CATHERINE BERNARD, LA PRESSE

D’un point de vue économique, le ciel de 2023 est rempli de nuages noirs. Mais après la pluie vient le beau temps, dit l’adage, et l’équipe de La Presse Affaires s’est efforcée de regarder au-delà de ces nuages pour trouver les éclaircies. Aujourd’hui : le retour au travail en présentiel.

Publié à 6h00

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Isabelle Dubé
Isabelle Dubé La Presse

La crainte

Après avoir goûté au télétravail, puis au mode hybride, bon nombre d’employés redoutent que leur employeur augmente le nombre de jours obligatoires au bureau. Avec l’inflation qui diminue le pouvoir d’achat des Québécois, l’ajout d’une ou de deux journées de dépenses en transport, en repas et en café inquiète certains travailleurs. Comment réagira la famille si l’on est contraint de supprimer Netflix et la pizza du vendredi soir pour compenser ces dépenses de déplacement ? Sans compter le stress de la circulation routière, l’angoisse des détours occasionnés par la réparation du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, les pannes de métro et les autobus qui ne respectent pas les horaires établis. La hantise de voir apparaître le courriel fatidique des ressources humaines annonçant une nouvelle politique de présence au bureau empêche de dormir les plus anxieux.

L’angle positif

Les côtés positifs d’une présence physique sur les lieux de travail sont nombreux, assure Emilie Pelletier, spécialiste en ressources humaines pour la firme HRM Groupe.

« Le simple fait de pouvoir lever la tête pour poser une question à un collègue, de s’arrêter cinq minutes à côté de la machine à café pour avoir la perspective de quelqu’un d’autre sur un dossier, énumère-t-elle, ce sont des côtés relationnels qu’on a perdus avec le télétravail. »

Le remue-méninges en personne est aussi plus agréable et augmente la qualité d’attention des participants. Tous les collègues peuvent voir la réaction des autres aux idées de chacun. On ne capte pas seulement les émotions de six visages maximum qui apparaissent à l’écran d’ordinateur. On voit l’ensemble du langage corporel de tous les participants qui, soumis aux regards de tous, se gardent en général une petite gêne de texter pendant la réunion.

Un des besoins psychologiques cruciaux pour être motivés au travail selon la TAD, la théorie de l’autodétermination, est celui de l’appartenance, explique le professeur titulaire à l’ESG UQAM Jacques Forest dans son dernier livre, Libérer la motivation.

Faire partie d’un groupe, ressentir des liens chaleureux avec ceux qui nous entourent, se sentir aimé, se soucier des autres, cette qualité des relations humaines est présentée dans diverses études comme le facteur prédictif du bonheur, écrit-il. « S’entraider pour respecter les délais, pouvoir s’épancher sur une interaction qui a été plus difficile et se demander sincèrement “comment ça va ?”, voilà qui satisfait davantage le besoin d’appartenance », relate-t-il dans le livre.

Or, tisser des liens avec des collègues, des clients et des fournisseurs est plus simple en présentiel, tout comme intégrer de nouveaux employés. Le transfert de connaissances se fait plus naturellement et rapidement en face à face.

Il y a toute la culture organisationnelle, cette énergie d’entreprise, l’expérience de l’employé, la marque employeur qui n’est pas facile à faire vivre à distance. Si notre sentiment d’affiliation avec l’entreprise est solide, on va passer à travers les crises. Ceux qui sont arrivés en virtuel n’ont pas le même niveau d’affiliation et peuvent avoir l’impression d’être plus à part.

Emilie Pelletier, spécialiste en ressources humaines pour la firme HRM Groupe

Les petites attentions comme la boîte de beignes qui arrive le vendredi matin créent un moment social dans l’équipe, dit-elle, un moment d’échange, où l’on apprend à se connaître au-delà de la vie professionnelle.

Les risques de tomber en dépression et en isolement diminuent lorsqu’on sent qu’on a le soutien de ses collègues, du patron et de l’organisation. En général, on capte plus aisément les signaux de détresse en personne.

Emilie Pelletier observe également que les dossiers disciplinaires se gèrent mieux en personne. « Le gestionnaire a besoin du non-verbal pour rattraper la balle au bond, questionner davantage l’employé, s’assurer que ce soit le bon message qu’il transmet. »

Et ça va dans les deux sens, rappelle-t-elle. Faire part d’un problème à son gestionnaire se fait avec plus de facilité en personne.

Le métro est en panne ? Profitez-en pour marcher jusqu’à la station suivante en compagnie d’un ou d’une collègue sympathique. Vous aurez fait du même coup votre activité physique quotidienne. L’option de la marche est impossible ? Profitez de l’attente pour avancer votre livre, flâner sur les réseaux sociaux ou prendre des nouvelles d’un proche.

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Je suis curieux sur la réalité présentiel/télétravail des gens sur le forum:

Quels sont vos arrangements?

  • Présentiel temps plein
  • Télétravail temps plein
  • Présentiel majoritaire / Télétravail minoritaire
  • Télétravail majoritaire / Présentiel minoritaire

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:rofl: l’article a perdu de sa crédibilité que je trouvais déjà questionnable avec cette phrase. Qui va marcher une station dans un no-man’s land (ie: territoire inconnu) si le métro tombe en panne au milieu du trajet, et quelles sont les chances que cette personne ait un collègue à bord?

C’est de la romatisation du présentiel. La guerre des pouvoirs entre employeurs et employés continue avec l’économie qui ralentit avec cependant l’emploi qui reste très fort.

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Il aurait fallu mentionner que cette phrase perd de sa crédibilité dès l’instant où elle est sortie de son contexte, puisqu’elle fait partie d’une chronique de journaliste sur l’environnement du télétravail, ses plus et ses contre. C’est incidemment un point de vue tout à fait discutable dont la réalité aura tendance à différer d’une personne à l’autre. Raison pour laquelle il faut se méfier des généralisations.

Quel contexte? Quels sont les chances que le métro tombe en panne précisément une station avant la destination, et qu’un collègue soit avec nous? Autant ajouter qu’il fait beau et chaud dehors, et que tout le monde dans la rue gambadent dans la joie et la bonne humeur.

Et je n’avais pas abordé l’autre bout:

Bien sûr, on vient de perdre x heures de transports, et une panne à durée imprévisible vient décaler notre arrivé au bureau et il faudra reprendre ce temps perdu, parce que l’employeur ne vas pas pardonner ce temps, ce qui augmentera le stress de replanifier et d’attendre la reprise du service (la STM n’est pas très transparente dans ses communications). Tout cela multiplié par le nombre d’usagers affectés par la panne. Et après ça reprend, ni vu ni connu et sans excuses.

Au Japon au moins on reconnait que cela affecte les gens et les sociétés de transports s’excusent et compensent le moindre retard. On s’entend que c’est l’exception, mais c’est aussi l’idéal.

Bref, le reste du texte tient, mais a évidemment un biais vers le présentiel. Le dernier paragraphe est cependant le harlequin d’une situation fâcheuse et conséquente du présentiel tellement que c’est écrit à l’eau de rose. Autant ajouter en petites lettres ce paragraphe est parainé par les gestionnaires de bureaux.

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On s’entend :+1:t2:

Fonctionnaires fédéraux Le retour au bureau en formule hybride s’amorce lundi

PHOTO CHRIS WATTIE, ARCHIVES REUTERS

Certains fonctionnaires ont exprimé sur les réseaux sociaux leur frustration face à cette situation, signalant que la politique de retour au bureau est un fardeau pour les personnes ayant de longs trajets à effectuer pour aller travailler.

(Ottawa) Tous les fonctionnaires fédéraux qui étaient encore en télétravail la semaine dernière amorcent ce lundi leur transition vers une formule hybride.

Publié à 6h17

La Presse Canadienne

Le mois dernier, la présidente du Conseil du trésor, Mona Fortier, a annoncé que tous les ministères devaient ramener d’ici la fin du mois de mars leurs employés au bureau au moins deux à trois jours par semaine.

Mme Fortier, qui est députée d’Ottawa—Vanier, a ajouté que des sanctions étaient prévues pour les récalcitrants, mais qu’elles seraient décidées au cas par cas.

La ministre Fortier a affirmé que ce plan de retour au bureau était nécessaire en raison, a-t-elle dit, des incohérences dans les politiques de télétravail des différents ministères fédéraux. Elle n’a pas précisé quelles étaient ces incohérences ni indiqué si le gouvernement fédéral disposait de données pour les démontrer. Elle a seulement expliqué que la formule hybride était guidée par les principes de justice et d’équité.

Chris Aylward, président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), soutient que les syndiqués sont prêts à retourner au bureau si on leur explique clairement pourquoi cette mesure est nécessaire. « Nos membres sont dans la confusion la plus totale », a déclaré le président de ce syndicat qui représente 165 000 employés fédéraux.

Le président du syndicat rapporte que plusieurs membres lui parlent de leurs difficultés à obtenir des services de garde pour les enfants et de leur réticence à passer plusieurs heures par jour dans les transports, alors qu’ils peuvent tout à fait accomplir leurs tâches de manière productive à la maison.

Chris Aylward demande au gouvernement du Canada de venir à la table de négociation pour que le dossier du travail hybride ou du télétravail soit inclus dans la convention collective.

Le syndicat est d’ailleurs en négociation actuellement avec le Conseil du trésor.

Le retour au travail survient à un moment où le transport en commun dans la région d’Ottawa, où le gouvernement fédéral a la majorité de ses bureaux, est mis à rude épreuve. Une tempête de verglas qui a frappé la région le 4 janvier a entraîné la fermeture partielle du système de transport léger sur rail (TLR) de la ville pendant six jours.

Certains fonctionnaires ont exprimé sur les réseaux sociaux leur frustration face à cette situation, signalant que la politique de retour au bureau est un fardeau pour les personnes ayant de longs trajets à effectuer pour aller travailler.

Marty Carr, conseillère municipale d’Ottawa, craint que les ennuis du transport en commun incitent de plus en plus de fonctionnaires fédéraux à ne pas l’utiliser et à se rendre au bureau en automobile.

Il faut aussi que les entreprises y trouvent leur compte sans que cela nuise à la productivité, aux communications et aux échanges entre employés et patrons sur le long terme. D’ailleurs beaucoup d’entreprises ont déjà choisi une formule hybride qui m’apparait comme un compromis très acceptable pour la plupart.

Travail hybride L’écart se creuse entre employés et employeurs

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Au Québec, 85 % des employés affirment que le travail hybride a eu un impact positif sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

La question semble réglée : le travail hybride est désormais incontournable.

Publié à 8h00

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Marc Tison
Marc Tison La Presse

Pour les employés, la flexibilité et le travail hybride ne sont plus des avantages souhaitables, mais bien des prérequis, confirme une nouvelle étude.

Cependant, un écart persiste entre les attentes des employés et les exigences des employeurs.

Pas moins de 86 % des employés québécois affirment que la souplesse en matière de lieu et d’horaire de travail a une incidence directe sur leur intention de conserver ou de quitter un emploi.

Pourtant, 56 % des employeurs québécois ont mis ou prévoient mettre en place un nombre obligatoire de jours au bureau chaque semaine.

C’est ce que révèle la deuxième édition de l’enquête Hybrid Work Study (Étude sur le travail hybride), menée par Cisco Canada en partenariat avec Angus Reid.

Pour ce sondage réalisé entre le 9 et le 15 décembre 2022, quelque 1000 employés et 509 employeurs ont été interrogés dans tout le Canada.

« Personne n’a de boule de cristal sur un horizon de cinq à dix ans, mais c’est clair que le travail hybride est là pour de bon », constate Jean-Claude Ouellet, vice-président aux ventes et opérations du secteur commercial au Canada chez Cisco. « Pour plusieurs raisons, et premièrement les gens. »

Lorsque les Québécois choisissent un employeur, la flexibilité des conditions de travail arrive au deuxième rang de leurs priorités (21 % des réponses), après le salaire (33 %), mais devant l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (18 %).

L’hybride dans les mœurs

Le nouveau sondage confirme que le travail hybride s’est inscrit encore plus profondément dans les mœurs.

Dans l’ensemble du Canada, 47 % des employés en télétravail ou en travail hybride disent que cette organisation a eu un impact très positif sur l’équilibre entre le travail et leur vie personnelle – une amélioration substantielle par rapport à l’enquête de 2021.

« Il y a une augmentation d’à peu près 16 % des employés qui disent préférer de loin le télétravail, relève Jean-Claude Ouellet. C’était déjà très élevé en 2021. Leur qualité de vie personnelle est meilleure, leur qualité de vie familiale est meilleure, et ils se sentent beaucoup plus productifs et performants au bureau. »

Au Canada, 91 % des entreprises de 50 employés et plus ont mis en place des mesures de travail hybride pour au moins une partie de leurs employés.

Les Québécois parmi les plus satisfaits

Au Québec, 85 % des employés affirment que le travail hybride a eu un impact positif sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il s’agit du plus haut taux au pays, qui affiche une moyenne de 79 %.

Avec une proportion de 87 %, les employés québécois sont au deuxième rang au pays pour la satisfaction à l’endroit des mesures de leur employeur pour leur bien-être et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. L’Alberta était en tête avec 89 %.

Un écart avec l’employeur

Cependant, tant au Canada qu’au Québec, un écart persiste entre les préférences des employés et les intentions des employeurs.

Bien que huit employés canadiens sur dix (81 %) affirment que les politiques de travail flexibles influent fortement sur la décision de conserver ou de quitter un emploi, 61 % des employeurs imposent un certain nombre de jours obligatoires au bureau.

Cette contrainte est l’une des deux surprises que le sondage a réservées à Jean-Claude Ouellet.

« Pour moi, c’est un choc. Sachant que plus de 80 % des employés considèrent le travail hybride comme un avantage très concurrentiel pour un emploi, c’est surprenant de voir que des employeurs manquent encore de flexibilité. »

Et une explication

Pourquoi cet écart ? Beaucoup d’employeurs craignent encore que le travail à domicile ou les défis techniques du travail à distance entravent la performance et la productivité, explique Jean-Claude Ouellet. « Rappelez-vous, avant la COVID-19, la perception que les gens en télétravail allaient tout faire sauf leur travail », souligne-t-il.

Au contraire, « il est prouvé que les gens sont plus performants en télétravail ». « Il n’y a aucune entreprise qui a envoyé ses gens en télétravail pendant la pandémie qui a vu une baisse de productivité. »

Une inquiétude

Bien qu’ils marquent une nette préférence pour le travail hybride, 46 % des employés s’inquiètent que leurs collègues plus assidus au bureau aient davantage de possibilités d’avancement ou de meilleures perspectives d’emplois.

Ce fut la seconde surprise de Jean-Claude Ouellet. « Il y a une grosse crainte », dit-il.

Le télétravail ouvre pourtant de nouvelles perspectives autrefois improbables, fait-il valoir.

« J’en suis le meilleur exemple. Ça fait 24 ans que je travaille chez Cisco. Avant la pandémie, les chances étaient très limitées que quelqu’un établi à Montréal ait un rôle à l’échelle canadienne. Depuis la pandémie, j’ai beaucoup de collègues à Montréal ou ailleurs qui ont eu des promotions pour des postes pour le Canada au complet. »

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Une extension du télétravail:

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Reportage au Téléjournal

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À cause du télétravail

Télétravail Les yeux du privé se tournent vers Ottawa

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Plus de 155 000 fonctionnaires fédéraux sont en grève depuis mercredi, et le télétravail est une des questions au cœur des négociations. Sur la photo, une manifestation des membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada à Gatineau.

Le gouvernement fédéral établira-t-il la mesure étalon en matière de télétravail ? Les employeurs du privé auront les yeux tournés vers les conclusions de la négociation en cours.

Publié à 5h00

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Martin Vallières
Martin Vallières La Presse

S’il décidait de formaliser le télétravail dans les prochaines conventions collectives de ses fonctionnaires, comme le réclament leurs représentants syndicaux, le gouvernement fédéral pourrait se trouver à contre-courant de ce qui se passe parmi les milieux de travail comparables du secteur privé.

« Le gouvernement fédéral est conscient que n’importe quel geste qu’il va poser aura des incidences à la fois sur sa propre main-d’œuvre, mais aussi sur le message qu’il envoie à l’ensemble des employeurs et des employés dans tout le Canada », estime France Dufresne, directrice nationale du secteur Expérience employé de la firme-conseil en ressources humaines WTW (Willis Towers Watson).

« En matière de télétravail, parmi les gros employeurs du secteur public, y compris les sociétés d’État, plusieurs surveillent ce que va faire le fédéral dans les prochains contrats de travail de ses fonctionnaires », analyse Mme Dufresne en entrevue avec La Presse.

Une présence nécessaire pour la Chambre de commerce

« Dans le secteur privé, on estime que le retour des employés [en milieu de travail] est un enjeu de productivité globale. Après trois ans de télétravail, souvent isolé à la maison, il y a une volonté de plus en plus forte de raviver les gains de productivité qui découlent du travail d’équipe, de la transmission des connaissances entre les employés, et de l’inclusion des nouveaux employés », explique Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

On remarque que ce retour s’effectue de plus en plus sous une nouvelle définition en tant que “principale place d’affaires et de travail”, avec beaucoup de souplesse et de flexibilité selon les fonctions et les tâches particulières, plutôt qu’avec des politiques strictes de télétravail basées sur un nombre de jours par semaine.

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Une observation que partage en partie Mme Dufresne. « Parmi les employeurs des secteurs non gouvernementaux, ce qu’on observe le plus, c’est l’hybridité des politiques de retour en milieu de travail : c’est-à-dire ni complètement flexible envers le télétravail, ni complètement rigide avec le retour complet au bureau pour tous.

« L’autre chose que l’on observe aussi, c’est la segmentation des politiques de retour en milieu de travail et le télétravail en fonction des besoins des secteurs d’activité ou des tâches à accomplir dans une même entreprise ou organisation. »

L’importance du travail d’équipe

De l’avis de Glenn Castanheira, directeur général de l’organisme Montréal centre-ville, « les raisons principales pour lesquelles les gens reviennent au bureau ces temps-ci sont de maintenir leur compétitivité d’équipe de travail, leur sentiment d’appartenance et leur culture d’entreprise ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville

« Ce que les entreprises [au centre-ville] nous disent, c’est qu’elles ne veulent plus que leurs employés reviennent au bureau pour être plus productifs dans, par exemple, l’entrée de données. Ce qu’elles veulent, c’est que leurs employés reviennent au bureau afin d’être plus productifs à travailler ensemble, avec l’accent mis sur la productivité collective plutôt que la productivité individuelle.

« Ça, c’est très important. Le secteur privé le voit, mais si le secteur gouvernemental ne le voit pas, ça va nous rattraper plus tard », a indiqué M. Castanheira lors d’un entretien avec La Presse, en marge de la divulgation jeudi d’un sondage sur le niveau d’appréciation du centre-ville de Montréal parmi ses travailleurs, visiteurs et résidants.

Dans ce contexte, considère Michel Leblanc, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, « si le gouvernement fédéral décidait qu’il maintient ses fonctionnaires en télétravail dans leur lieu de résidence, il y aurait des enjeux de productivité [des services au public] et ça irait dans le sens contraire de ce qui se passe dans les autres secteurs du marché du travail ».

Entre-temps, souligne-t-il, « on peut dire que le gouvernement fédéral, depuis un an ou deux, ne brille pas par l’efficacité de ses services, que ce soit en immigration, avec les passeports, la gestion des rentes aux personnes âgées ».