Société

Le mirage ontarien

PHOTO MATHIEU WADDELL, ARCHIVES LA PRESSE

Malgré des progrès, les Québécois demeurent moins fortunés et moins productifs que les Ontariens. Or, révèlent les enquêtes de Statistique Canada, les Québécois vont mieux que leurs vieux rivaux.

À l’occasion, Dialogue invite une personnalité à faire connaître son point de vue sur un enjeu ou une question qui nous touche tous. La journaliste et animatrice Noémi Mercier s’intéresse aujourd’hui aux angles morts des comparaisons constantes entre la richesse au Québec et en Ontario.

Publié à 2h05 Mis à jour à 6h00

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Noémi Mercier

Noémi Mercier Journaliste et animatrice, collaboration spéciale

François Legault voit l’Ontario dans sa soupe. À l’entendre, l’écart de richesse qui nous sépare de nos voisins est une tare nationale qu’il faut impérativement corriger. Le premier ministre a même fait de cet enjeu l’une des pierres angulaires de son deuxième mandat. « Je veux un Québec qui gagne. Il y en a qui vont penser que c’est une obsession, mais pour moi, ça reste une grande priorité. […] Il n’y a pas de raison qu’on soit moins riches [qu’eux] », avait-il déclaré à l’Assemblée nationale lors du discours d’ouverture qui a suivi sa réélection, en 2022. Et il n’a cessé de l’évoquer depuis⁠1.

Chez lui, c’est plus qu’une idée fixe, plus qu’un mantra ; c’est une sorte de dogme, dont les députés de l’opposition ont pris l’habitude de se moquer. Le gouvernement caquiste « fait de la comparaison avec l’Ontario un nouveau projet de société », a ironisé le péquiste Pascal Bérubé lors d’une récente intervention au Salon bleu.

C’est incontestable : malgré des progrès, les Québécois demeurent moins fortunés et moins productifs que leurs bons vieux rivaux. Leur niveau de vie est inférieur de 13,5 % à celui de leurs voisins, ils travaillent moins d’heures par emploi en moyenne (51 heures de moins par année), génèrent moins de richesse pour chaque heure travaillée (4,50 $ de moins) et sont moins bien payés (1,51 $ de moins) pour chacune des heures qu’ils passent au travail⁠2.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Pour le premier ministre François Legault, le rattrapage économique du Québec par rapport à l’Ontario est une « obsession ».

Je me demande cependant si ça rime encore à quelque chose d’envier l’Ontario sur la base de critères purement comptables. Est-ce que la performance économique nous dit tout ce qu’il faut savoir sur la vitalité d’une société ? J’en doute.

Pour aller plus loin, il faudrait comptabiliser un paquet d’autres données, croiser le tout par de savants calculs afin d’accoucher d’un indice plus précis, mais forcément imparfait, des conditions de vie de la population.

Ou bien, plus simplement, on pourrait demander aux gens comment ils vont.

C’est ce que fait Statistique Canada à intervalles réguliers : chaque trimestre, l’organisme interroge des milliers de personnes au pays pour savoir si elles aiment leur vie, si elles arrivent à boucler leurs fins de mois, si elles sont bien dans leur peau, si elles ont espoir en l’avenir. Ces impressions subjectives de leur propre existence, avec tout ce que cela comporte d’intangible et d’inquantifiable, nous renseignent bien davantage sur leur qualité de vie que n’importe quel critère de rendement économique.

Et sur ce plan, le Québec est déjà dans une classe à part. Il a non seulement rejoint l’Ontario, il le surpasse.

Prenons le bien-être financier. Selon les plus récentes données publiées, une personne sur cinq au Québec estime avoir du mal à subvenir à ses besoins de base. C’est énorme. Mais en Ontario, la proportion de gens qui se sentent ainsi pris à la gorge atteint 28 % ; c’est presque une fois et demie de plus que chez nous. À l’inverse, plus de 40 % des Québécois trouvent facile de répondre financièrement à leurs besoins ; en Ontario, moins du tiers de la population éprouve ce genre d’aisance.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Les Québécois estiment avoir une meilleure qualité de vie que les Ontariens.

Ce n’est pas juste sur le plan matériel que les Québécois se portent mieux. C’est leur vie en général qui leur sourit davantage. Plus de 60 % d’entre eux s’estiment satisfaits, voire très satisfaits de leur existence, une avance de 15 points de pourcentage sur leurs voisins ontariens.

Les lendemains semblent plus roses vus d’ici. Les deux tiers des Québécois, mais à peine plus de la moitié des Ontariens, envisagent l’avenir de manière positive. Les Québécois sont aussi davantage portés à se sentir utiles dans la vie, à y trouver un sens.

Un Québécois sur dix, au contraire, n’a pas vraiment l’impression de servir à quelque chose ; eh bien, en Ontario, ce sentiment de vide habite une personne sur six ! Et puis, environ deux fois plus d’Ontariens (21 %) que de Québécois (11) % se considèrent comme en piètre santé mentale.

Je suis remontée jusqu’à 2021 et, bien que les chiffres varient, l’essentiel demeure. Saison après saison, selon cinq mesures du sentiment de bien-être, la proportion de gens qui trouvent la vie clémente est plus grande au Québec qu’en Ontario. Et sur chacune de ces dimensions, les Québécois dépassent systématiquement la moyenne canadienne*.*

PHOTO BRENT LEWIN, ARCHIVES BLOOMBERG

L’économie ontarienne roule à plein régime, mais presque le quart des citoyens y sont insatisfaits de leur sort.

À la lueur de ces données, le Québec ne correspond plus à l’image d’une province retardataire, ankylosée, que nous renvoient certaines élites. Il apparaît plutôt comme un havre, une aire protégée, une société résiliente où, malgré les turbulences économiques, on parvient à se fabriquer une vie douce.

Voilà qui me paraît aussi enviable qu’une économie à l’ontarienne, qui roule à plein régime, mais où presque le quart des citoyens sont insatisfaits de leur sort.

Car à quoi la richesse doit-elle servir, sinon à bâtir une société où il n’est pas inutile de rêver, où l’on peut non seulement survivre, mais aussi s’épanouir, et où ces parcelles de dignité sont accessibles au plus grand nombre ? C’est à cela que nous devrions aspirer en premier lieu, il me semble.

Bien sûr, ce n’est pas une raison pour se contenter de peu ni pour bouder les occasions de s’enrichir. En supposant que le bien-être québécois est le fruit, entre autres, de services publics plus fournis et d’aides de l’État plus généreuses, le Québec devra mobiliser toutes ses ressources pour maintenir son exceptionnelle sérénité dans un contexte où son économie ralentit et où sa population vieillit.

Alors oui, que le Québec « gagne », produise, prospère ! Mais, de grâce, pas pour devenir l’Ontario. Pour préserver ce que nous sommes.

  1. Dans sa mise à jour économique de novembre dernier, le gouvernement caquiste a réitéré son ambition d’éliminer d’ici 2036 l’écart de niveau de vie qui subsiste entre le Québec et l’Ontario.

2. Consultez les données de Statistique Canada

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Alcool au volant Le gouvernement doit abaisser la limite à 0,05, demande CAA-Québec

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Des policiers du SPVM procédant à un barrage routier.

(Québec) CAA-Québec demande à la ministre des Transports Geneviève Guilbault d’abaisser la limite d’alcool permise au volant à 0,05 dans le cadre de son projet de loi sur la sécurité routière.

Publié à 15h03

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Charles Lecavalier
Charles Lecavalier La Presse

« Les effets dans les autres provinces où on a appliqué cette règle depuis de nombreuses années ont été probants. Il y a eu des améliorations de la sécurité routière, et des diminutions de décès. On est rendu là », a indiqué Sophie Gagnon, vice-présidente aux affaires publiques de l’organisme, mardi. Elle participait à l’étude du projet de Mme Guilbault, qui vise à augmenter le nombre de radars photo sur les routes et d’abaisser la limite de vitesse à 30 km/h à proximité des écoles.

CAA-Québec se dit « déçu » de constater qu’« au moment où l’on vise à réduire les décès et les blessures attribuables aux accidents de la route », le projet de loi n’aborde pas tout la question de l’alcool au volant, un « fléau qui brise des vies ».

Mme Gagnon souhaite que le gouvernement instaure des sanctions administratives lorsqu’un conducteur se fait pincer avec un taux d’alcool situé entre 50 mg/100 ml et 80 mg/100 ml.

Elle fait valoir plusieurs arguments :

  • Le Québec est la seule province canadienne où de telles sanctions ne sont pas appliquées, alors qu’elles ont indéniablement prouvé leur efficacité ;
  • Selon un avis de l’Institut national de santé publique du Québec, les résultats de la littérature scientifique montrent que la performance du conducteur dans ses différentes tâches de conduite est affectée de manière significative à partir d’une alcoolémie de 50 mg/100 ml ;
  • L’ensemble de la littérature confirme que l’abaissement de la limite de l’alcoolémie permise dans le Code de la sécurité routière pour la conduite d’un véhicule automobile à 50 mg/100 ml est une mesure efficace pour prévenir les collisions et sauver des vies.

Le verre de trop

Les partis d’oppositions semblaient ouverts à cette proposition. Le libéral Monsef Derraji a affirmé qu’on ne peut pas « répondre d’une manière assez directe à la sécurité routière aujourd’hui » sans « parler d’alcool au volant ».

Le solidaire Étienne Grandmont s’est demandé si le Québec n’était pas « en retard » par rapport aux autres provinces canadiennes, et à une majorité de pays européens.

Pour CAA-Québec, les sanctions administratives, des « amendes ou suspensions temporaires de l’usage d’un véhicule » aurait un effet éducatif « important ». « Ça peut toucher des catégories de gens qui seront sensibilisés à jamais », a dit Mme Gagnon.

L’ex-policier André Durocher, maintenant chez CAA-Québec, a fait valoir que les mentalités ont changé, et que cette mesure permettrait de toucher « la masse » de conducteurs fautifs.

« On trouve que c’est important cette mesure qui viendrait permettre de lever un drapeau rouge pour la personne qui prendrait ce petit verre de vin de trop lors d’un repas. On va vraiment frapper la masse. Les cas de grande intoxication, oui, il y en a, mais ce n’est rien comparé au nombre de personnes dont les capacités sont légèrement diminuées », a-t-il dit.

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J’étais certain que c’était déjà le cas, wow

Sommet national sur le vol d’automobiles Le ministre LeBlanc a vu l’ampleur du fléau en visitant le port de Montréal

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le port de Montréal est devenu une plaque tournante pour l’exportation de véhicules volés.

(Ottawa) La scène disait tout : deux sièges d’auto d’enfant étaient bien attachés sur la banquette arrière, un gobelet de café près du siège du conducteur et un manteau visible aussi sur la banquette arrière. Le Jeep a vraisemblablement été volé en plein jour, pendant qu’une petite famille vaquait à ses activités normales.

Publié à 0h56 Mis à jour à 5h00

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Joël-Denis Bellavance
Joël-Denis Bellavance La Presse

Ce qu’il faut savoir

  • Un sommet national sur le vol d’autos a lieu ce jeudi à Ottawa afin de trouver des solutions pour contrer ce fléau.
  • Le vol d’autos représente une source importante de revenu pour le crime organisé.
  • Une importante délégation du Québec est attendue au sommet.

Le véhicule en question se trouvait dans un conteneur au port de Montréal. Il a été intercepté par les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) après qu’ils eurent obtenu un tuyau des forces policières. Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a pu constater de visu le fléau que représente le vol d’autos au pays, le 23 janvier, en effectuant une tournée de deux heures au port de Montréal, en compagnie du ministre des Transports, Pablo Rodriguez.

« Ce que j’ai vu, ça m’a vraiment frappé », a lancé le ministre dans une entrevue avec La Presse la veille du Sommet national sur le vol d’autos à Ottawa. « C’est probablement une personne qui a stationné sa voiture pour aller faire des courses dans un magasin ou pour aller manger dans un restaurant. Et puis la voiture a été volée. »

Cette tournée au port de Montréal l’a convaincu plus que jamais de la nécessité de tenir un sommet à Ottawa afin de mobiliser les provinces, les corps policiers, les diverses agences fédérales, les compagnies d’assurance et les constructeurs automobiles, entre autres, pour contrer un phénomène qui prend de l’ampleur et qui est devenu une source de financement importante du crime organisé.

« On a regardé des conteneurs qui avaient été ouverts. Il y avait une vingtaine de voitures et de camions qui avaient été saisis durant la semaine. Les agents de l’ASFC nous ont montré les opérations qu’ils mènent du début à la fin. Il y avait des policiers de la ville de Montréal qui étaient là pour prendre possession des véhicules comme preuves. Il y avait des véhicules du Québec et de l’Ontario », a-t-il aussi raconté.

Plaque tournante

Le sommet de ce jeudi est le fruit de plusieurs mois de préparation. L’idée d’en organiser un a germé dès la première rencontre entre M. LeBlanc et ses homologues provinciaux à Bromont, en septembre. Le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, a rapidement levé la main. Le Québec sera d’ailleurs fortement représenté au sommet – la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le maire de Laval, Stéphane Boyer, y seront, tout comme les patrons des corps policiers de Montréal, de Laval, de Gatineau et de la Sûreté du Québec ainsi que la PDG du Port de Montréal, Geneviève Deschamps.

En envoyant des cartons d’invitation aux parties intéressées, le ministre Dominic LeBlanc a insisté pour que tous arrivent dans la capitale fédérale avec des pistes de solutions concrètes. Car pour contrer ce fléau, selon M. LeBlanc, il faut une concertation sans précédent.

Le recours à de nouvelles technologies pour décourager les vols de voitures sera abordé, tout comme la possibilité de créer des équipes d’enquête conjointes par les divers corps policiers municipaux, provinciaux et la GRC.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Entouré de certains de ses collègues, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, annonce un investissement pour freiner le vol de véhicules, mercredi.

À la veille du sommet, M. LeBlanc a d’ailleurs annoncé un investissement de 28 millions sur trois ans afin de renforcer la capacité de l’ASFC à mener des enquêtes, à détecter et fouiller les conteneurs de véhicules volés et à augmenter l’échange d’informations avec les forces policières au pays et à l’étranger.

Si on veut vraiment s’attaquer à ce fléau important qui inquiète les gens, il faut que tous les intervenants arrivent avec des propositions. Nous n’avons pas besoin de comprendre l’ampleur du problème ou de partager nos inquiétudes communes. Tout le monde est inquiet. Ce n’est pas le but du sommet.

Dominic LeBlanc, ministre fédéral de la Sécurité publique

En moyenne, une voiture est volée toutes les six minutes au pays, d’après un rapport publié en juin dernier. Selon les estimations de l’industrie automobile, les taux de vols d’autos ont augmenté de 50 % au Québec et de 48,3 % en Ontario en 2022 par rapport à l’année précédente. Le port de Montréal est d’ailleurs devenu une plaque tournante pour l’exportation de véhicules volés. La majorité de ces véhicules aboutissent en Afrique et au Moyen-Orient.

« Les renseignements fournis à l’Agence des services frontaliers demeurent la façon la plus efficace de cibler des conteneurs. […] L’Agence m’a confirmé que 100 % des renseignements qu’elle reçoit des corps policiers [faisaient l’objet d’une enquête]. Cent pour cent ! Donc, c’est un aspect qui est énormément important », a-t-il aussi relevé.

Problème complexe

L’an dernier, l’ASCF a pu intercepter 1800 voitures en tout. « Malheureusement, 1800 voitures, quand on regarde le nombre de voitures volées, ce n’est pas assez. Ils ont eu des renseignements, ils ont ouvert des conteneurs et ils ont saisi les voitures. Mais quand l’ASFC ouvre un conteneur et découvre des voitures volées de Toronto, il faut que la police de Toronto ou la Police provinciale de l’Ontario vienne les récupérer. Ça devient [des pièces à conviction] dans un procès criminel. On ne peut pas juste embaucher quelqu’un pour ramener cela à Toronto. Ça devient une preuve potentielle devant un tribunal. »

Autre statistique importante : 40 % des voitures volées sont destinées au marché canadien, selon les estimations de la GRC.

Tout le monde focalise sur les exportations. Il faut le faire. Mais il y a aussi un marché [intérieur].

Dominic LeBlanc, ministre fédéral de la Sécurité publique

« Souvent, les acheteurs ne savent pas que c’est une voiture volée. C’est devenu payant pour le crime organisé », a-t-il ajouté.

En entrevue, le ministre a souligné que les autorités font face à un problème complexe qui nécessite plus qu’une solution « simpliste ».

De passage au port de Montréal, mardi, le chef conservateur Pierre Poilievre a proposé d’acheter 24 scanneurs « à la fine pointe de la technologie ». Ces outils permettraient l’inspection des conteneurs qui quittent les grands ports fédéraux du pays. M. Poilievre a aussi promis d’embaucher 75 nouveaux agents d’inspection, dont une trentaine d’agents seraient déployés à Montréal.

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Collectif G15+ Le Québec fait belle figure pour plusieurs indicateurs du bien-être

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Dans l’étude publiée jeudi, le Québec est comparé aux pays du G7 et à des pays membres de l’alliance internationale WeGo, comme la Nouvelle-Zélande, l’Islande et la Finlande.

Le Québec se compare avantageusement parmi 12 juridictions dans le monde selon plusieurs des 55 indicateurs du bien-être compilés par le collectif G15+.

Publié à 6h58

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Stéphane Blais La Presse Canadienne

Avec une proportion de 87 % de sa population de 25 à 54 ans qui travaille, le Québec est en haut du classement des 12 États analysés en ce qui concerne le taux d’emploi.

La province fait également belle figure, deuxième derrière la Finlande, pour le taux d’emploi des femmes.

Le Québec se démarque aussi avec sa quatrième position au test PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).

La faible proportion de jeunes qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi et ni en formation, confère à la province le deuxième rang sur 12 à ce niveau.

Selon le coefficient Gini, une formule complexe qui mesure les différences de revenu par rapport à une distribution parfaitement égale de la richesse, le Québec se classe en troisième position.

Est-ce qu’on peut en conclure que le Québec va bien ?

« C’est positif à certains égards », a répondu Colleen Thorpe, directrice générale d’Équiterre, qui fait partie du G15+.

« Mais le message principal qui sort de cette étude-là, c’est que pour déterminer la santé d’un pays, il faut aller au-delà du produit intérieur brut. Le PIB, c’est un indicateur parmi tant d’autres, et puis ce sont les autres indicateurs qui vont nous donner un portrait beaucoup plus complet », a ajouté Mme Thorpe.

Dans l’étude publiée jeudi, le Québec est comparé aux pays du G7 et à des pays membres de l’alliance internationale WeGo, comme la Nouvelle-Zélande, l’Islande et la Finlande. WeGo fait référence à « Wellbeing Economy Governments », un groupe de gouvernements, dont les membres s’engagent à prioriser le bien-être plutôt que la seule croissance économique.

De moins bons résultats

Les données sur la productivité du travail indiquent que le Québec se classe 11e sur 12 et le revenu brut (incluant les transferts sociaux) par habitant place la province au dernier rang du classement.

Le collectif G15+ souligne que « l’endettement grandissant des ménages, la détérioration de la santé mentale et l’augmentation constante du nombre de véhicules en circulation sont inquiétants et assombrissent le portrait du bien-être au Québec ».

Empreinte carbone et inefficacité énergétique

Le G15+ souligne que « peu d’indicateurs ont connu des améliorations notables en environnement, laissant un important chemin à parcourir pour atteindre les cibles climatiques ».

Afin de respecter l’Accord de Paris, il faudrait limiter l’empreinte carbone de chaque Terrien à deux tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2) par an d’ici 2050. Les Québécois ont émis en moyenne 8,89 tonnes d’équivalent de CO2 en 2020, un peu moins que les Ontariens (10,14), selon les données compilées par le G15+.

« Les émissions de GES par habitant sont très en deçà des engagements du Québec en matière de climat », peut-on lire dans la synthèse des données publiées par le collectif.

Malgré ses difficultés à diminuer les gaz à effet de serre, le collectif souligne qu’en matière environnementale, « le Québec performe relativement bien comparé aux juridictions à l’étude », notamment grâce à son importante proportion d’énergie provenant de sources renouvelables.

Cette énergie pourrait toutefois être beaucoup mieux utilisée, comme l’ont souligné des membres du G15+.

« Notre productivité énergétique accuse un grand retard, notamment avec les pays d’Europe. Cette mauvaise utilisation énergétique nous empêche d’accélérer une transition socialement juste et économiquement bénéfique pour atteindre les cibles de l’Accord de Paris », ont écrit Natalie Pouliot, directrice générale de la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre, Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, et Denis Bolduc, secrétaire général à la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec.

Des indicateurs « orphelins »

Le Québec est absent de 16 des 55 indicateurs du bien-être, « faute de données robustes », selon le collectif.

La plupart des « indicateurs orphelins » sont de nature sociale et environnementale.

« L’étude montre que d’autres juridictions comme la France et l’Allemagne publient régulièrement des statistiques sur les catastrophes et urgences naturelles, l’indice des espèces en péril ou encore la santé environnementale. À mesure que les impacts des changements climatiques s’accélèrent et s’intensifient, il est crucial de compter sur un juste portrait de la situation afin de pouvoir aider efficacement les personnes à faire face aux crises », ont écrit Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki, et Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale.

Le G15+ est formé d’une vaste coalition d’organisations, qui n’ont pas toujours les mêmes priorités, comme le Conseil du patronat du Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec ou encore la Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre.

Note aux lecteurs : Dans une version précédente, La Presse Canadienne écrivait au dernier paragraphe que la Fédération des chambres de commerce du Québec était membre du G15+. En fait, elle n’est plus membre.

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Alcool au volant La CAQ vote en bloc contre l’abaissement du taux à 0,05

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

À l’heure actuelle, au Canada, une alcoolémie à 0,08 constitue une infraction criminelle. Or, toutes les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, imposent des sanctions administratives dès 0,05.

(Québec) Les députés caquistes ont tous voté contre la motion libérale qui proposait d’abaisser le taux d’alcool dans le sang à 0,05.

Publié à 11h16

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Caroline Plante La Presse Canadienne

Cette motion pilotée par le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Monsef Derraji, a été battue jeudi, 31 voix contre 67.

M. Derraji voulait que le Québec imite les autres provinces et impose des sanctions administratives aux conducteurs dès que leur alcoolémie atteint 0,05. Il plaidait entre autres que c’était une recommandation de la Santé publique.

À l’heure actuelle, au Canada, une alcoolémie à 0,08 constitue une infraction criminelle. Or, toutes les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, imposent des sanctions administratives dès 0,05.

Par exemple, en Colombie-Britannique, grâce à cette mesure, il y a eu une baisse des accidents mortels de 52 %, a fait valoir M. Derraji.

Lors du débat sur la motion, mercredi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a déclaré que le Québec était déjà « globalement très sévère ». Elle a énuméré toutes les mesures adoptées depuis 1996 en matière de sécurité routière.

Une position « inexplicable », selon le député Derraji, qui a déploré mercredi le manque de « courage » du gouvernement Legault.

Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) ont voté en faveur de la motion libérale.

La CAQ pas prête à affronter le vieillissement de la population, accuse l’opposition

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Les défis seront « insurmontables » si l’on continue d’investir massivement dans le « béton » plutôt que dans les soins à domicile, a souligné le porte-parole péquiste en santé, Joël Arseneau.

(Québec) Le gouvernement caquiste rejette la demande de Québec solidaire (QS) de tenir des états généraux sur le vieillissement de la population.

Publié à 10h09 Mis à jour à 12h16

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Caroline Plante La Presse Canadienne

La députée de QS Christine Labrie a formulé cette demande lors d’une interpellation au Salon bleu, vendredi. Une interpellation est l’occasion pour l’opposition de questionner un ministre pendant deux heures.

Mme Labrie et le porte-parole péquiste en santé, Joël Arseneau, ont d’ailleurs dénoncé l’absence de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, qui a cédé sa place au ministre de la Cybersécurité, Éric Caire.

Mme Bélanger était à L’Assomption en compagnie du premier ministre François Legault vendredi matin pour y inaugurer une maison des aînés.

« Je pense que sa présence aurait été plus pertinente ici pour discuter de la préparation du Québec au vieillissement de la population que pour aller couper un ruban », a fustigé Mme Labrie en point de presse.

La députée a déploré qu’il n’y ait pas « d’état de la situation » concernant les aînés et les enjeux de sécurité financière, d’habitation, de mobilité et d’aménagement des espaces publics, par exemple.

En 2021, 20 % de la population québécoise était âgée de 65 ans et plus. En 2041, l’Institut de la statistique du Québec prévoit que ce chiffre grimpera à 26 %. Il était de 7 % en 1971.

« Pour s’assurer que chaque personne puisse vieillir dans la dignité au Québec, ça nous prend un état des lieux et un plan de match clair », a-t-elle déclaré.

« Toutes ces sphères de la vie des aînés en ce moment, on n’a même pas d’état de la situation, de l’ampleur du défi qu’on a devant nous pour assurer de répondre à leurs besoins. »

M. Caire a répondu que le plan « Vivre ensemble » était en cours de renouvellement. Il a déclaré que le gouvernement est « ouvert » aux suggestions, mais qu’ultimement la responsabilité de gouverner lui appartient.

« La responsabilité de gouverner échoit à la ministre », a-t-il tranché lors de l’interpellation.

Le modèle actuel d’hébergement des aînés doit être revu de fond en comble, sinon les défis seront « insurmontables », a souligné de son côté M. Arseneau.

« Il faut mettre un terme à ces investissements massifs dans le béton des maisons des aînés et faire un véritable virage vers les soins à domicile », a-t-il affirmé en point de presse.

Le fait que ce soit le ministre de la Cybersécurité qui réponde aux questions démontre à quel point le gouvernement Legault prend les interpellations à « la légère », selon lui.

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L’inégal accès à la nature

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Une fréquentation régulière des espaces naturels apporte des bienfaits tant pour la santé mentale que physique. Sur la photo, le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Vue à partir du sentier Le Riverain, point de vue du belvédère à 170m de hauteur et à mi-chemin vers le barrage. (info complémentaire ACPNC)

En février, c’est le Mois de l’histoire des Noirs. Je profite généralement de ce moment pour mener une introspection sur mes privilèges en tant que Québécoise. Je réfléchis également aux défis rencontrés par les personnes racisées dans notre société, étant moi-même née d’une mère afro-américaine et d’un père beauceron.

Publié à 1h30 Mis à jour à 11h00

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Nakeyah Giroux-Works

Nakeyah Giroux-Works Passionnée de plein air, anthropologue et postdoctorante au Centre de recherche sur le futur des villes à l’Université d’Ottawa

Cette année, la santé, l’environnement et l’engagement citoyen ont été les points d’ordre de mes réflexions.

Ayant grandi dans un milieu rural où les activités en plein air ne manquent pas, j’ai longtemps tenu pour acquis que tous les Québécois avaient accès à la nature.

Or, avec du recul, je constate n’avoir rencontré que très peu de personnes issues de groupes minoritaires lors de mes sorties de randonnée faites un peu partout au Québec.

Pourtant, près de 18 % de la population québécoise est issue de minorités visibles, selon le gouvernement provincial. Les principaux groupes minoritaires sont les personnes noires, suivies de celles arabes, latino-américaines, sud-asiatiques et chinoises.

Dans un rapport de 20 21⁠1, les chercheuses Jacqueline Scott et Ambika Tenneti révèlent que cette tranche de la population fréquente peu les grands espaces verts, surtout ceux nécessitant des déplacements sur de longues distances. Elle habite en grande proportion les centres urbains pour des raisons de familiarité, d’emploi et d’accessibilité aux transports en commun. Bien que ces résultats soient basés sur le cas de la ville de Toronto, ils peuvent aisément s’appliquer à la réalité des grandes villes du Québec. Notre province affiche un manque criant d’études sur les questions de diversité et d’accessibilité à la nature.

J’ai eu la chance de m’entretenir avec Roxanne Ruiz, conseillère-experte en diversité culturelle au sein de l’OBNL Option-Travail, qui confirme qu’il existe fort probablement des enjeux de sous-représentation et d’accessibilité à la nature pour les groupes de minorités visibles au Québec. Elle constate que les espaces du quotidien de ces personnes se limitent bien souvent au lieu de résidence et aux services de proximité (ex. : épiceries, écoles et centres communautaires), ce qui m’apparaît aberrant.

Un enjeu de santé publique

Il s’agit à mon sens d’un enjeu de santé publique, considérant qu’une fréquentation régulière des espaces naturels apporte des bienfaits tant pour la santé mentale que physique, en plus de contribuer à rompre l’isolement social.

Rappelons-nous les recommandations de la Santé publique pendant la pandémie de COVID-19. Pour atténuer les effets de l’isolement sur la santé mentale, les Québécois étaient invités à pratiquer quotidiennement des activités en plein air ou en pleine nature. Le gouvernement du Québec est donc bien au fait des liens entre bien-être psychologique et proximité avec la nature.

Les connexions à la nature ne sont néanmoins pas accessibles à tous.

En ville, les quartiers occupés par les minorités visibles présentent généralement une carence en végétation par rapport aux autres quartiers habités.

Les services de navette vers les parcs nationaux se raréfient ou sont sujets à l’augmentation de leurs tarifs, en plus d’être restrictifs dans leur horaire. La voiture est bien souvent le seul moyen d’accéder à ces endroits. Les coûts d’équipements peuvent aussi expliquer une faible fréquentation des milieux naturels.

Initiation à la randonnée

Souhaitant faire partie du changement que je souhaite voir dans le monde, j’ai développé l’année dernière un projet d’initiation à la randonnée, en sollicitant l’aide de l’organisme Forum Jeunesse Afro-Québécois. Une douzaine de personnes racisées de la région de Québec, âgées de 20 à 30 ans, ont pu profiter gratuitement de l’évènement tenu sur trois jours à Petite-Rivière-Saint-François.

L’un des objectifs de cette activité était d’établir des pistes de solution pour augmenter la présence des personnes racisées dans les sentiers de randonnée du Québec. Un besoin de se familiariser avec la culture hivernale, dont ses loisirs sportifs, de même que la nécessité de développer une communauté de pratique pour échanger des conseils et organiser du covoiturage sont les éléments ressortis des discussions avec les participants.

Au-delà des obstacles socioéconomiques, c’est toute une culture d’appartenance qui doit être bâtie pour surmonter les appréhensions liées à la nouveauté et à la peur d’être la seule personne racisée dans un espace en plein air.

Il reste encore beaucoup à faire pour garantir que tout le monde puisse bénéficier des bienfaits de la nature. Les personnes issues des milieux défavorisés mériteraient également de faire partie de la discussion. La santé publique est une affaire qui concerne plus d’un public.

1. Lisez « L’équité raciale et la nature urbaine : mobiliser les jeunes de couleur dans des activités dans la nature »

Le Canada est au 13e rang des meilleures démocraties. Sauf que…

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES REUTERS

Des manifestants ont défilé samedi dans le centre-ville d’Ottawa à l’occasion d’une manifestation pour souligner le deuxième anniversaire de l’opération policière qui a mis fin au « convoi de la liberté ».


Vincent Brousseau-Pouliot
Vincent Brousseau-Pouliot La Presse

Bonne nouvelle : le Canada est la « 13e plus meilleure » démocratie au monde, dirait Jean Chrétien avec son vocabulaire unique.

Publié à 1h05 Mis à jour à 6h00

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Chaque année, le magazine The Economist évalue l’état de la démocratie et de l’État de droit dans 167 pays. C’est un diagnostic fascinant et incroyablement important.

En 2023, le Canada est l’un de 24 pays qui se classent dans le groupe des « démocraties parfaites », la meilleure des quatre catégories du classement de The Economist publié jeudi dernier. Parmi les pays du G7, seule l’Allemagne (12e rang) fait mieux que le Canada, qui a reculé d’un rang en 2023.

Le pays dirigé par Justin Trudeau obtient une note de 8,69 sur une échelle de 10, en légère baisse par rapport à 2022 (8,88). La note canadienne est très élevée pour le processus électoral (10), les droits et libertés de la personne (8,82) et la participation politique (8,89). Par contre, si on veut monter au classement, il faudra améliorer le fonctionnement du gouvernement (8,21) et la culture politique (7,50), qui se détériore à cause de la polarisation.

Quand on se compare à nos voisins du Sud, on se console : depuis 2016, les États-Unis sont une démocratie imparfaite (la deuxième catégorie sur quatre). Oui, il y a des élections libres aux États-Unis. Mais l’analyse de The Economist est plus poussée. Quand un des deux grands partis politiques ne reconnaît pas la validité des résultats électoraux, c’est signe d’une culture politique inquiétante (note de 6,25 sur 10 pour cet aspect).

En raison du climat de polarisation extrême, le gouvernement américain fonctionne aussi très mal. The Economist donne aux États-Unis une note de 6,43 sur 10 pour le fonctionnement de son gouvernement.

Imaginez : le Botswana (note de 6,79), un pays de 2,6 millions de personnes en Afrique, a un gouvernement plus fonctionnel que les États-Unis ! Des pays comme la Lituanie et la Lettonie arrivent ex æquo avec les États-Unis à ce chapitre.

PHOTO JOSE LUIS MAGANA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson. La polarisation est telle aux États-Unis qu’elle mine les institutions démocratiques, où on observe un « sectarisme politique » et « un blocage institutionnel quasi permanent », écrit The Economist.

La polarisation est telle aux États-Unis qu’elle mine les institutions démocratiques, où on observe un « sectarisme politique » et « un blocage institutionnel quasi permanent », écrit The Economist dans son rapport⁠1. Pour qu’une démocratie fonctionne, plusieurs partis politiques et courants de pensée doivent pouvoir coexister et surtout, il faut pouvoir offrir des solutions de rechange intéressantes aux électeurs, rappelle le magazine.

Plusieurs facteurs sont responsables de ce gâchis. Mais à mon avis, la grande responsable, c’est la droite américaine, qui vit dans un monde parallèle et qui est devenue allergique aux faits qui ne font pas son affaire.

Par exemple, la victoire électorale de Joe Biden en 2020. C’est un fait. Mais les mensonges des trumpistes collent chez leurs partisans. Au point où seulement 62 % des Américains pensent que Joe Biden a été élu de façon légitime (31 % des électeurs républicains, 66 % des indépendants et 91 % des démocrates, selon un sondage du Washington Post en décembre)⁠2.

Ce vent de polarisation qui souffle des États-Unis est en train de s’installer tranquillement au Canada, observe The Economist.

« La polarisation est devenue une caractéristique croissante de la politique canadienne, écrit The Economist. Ce fut particulièrement évident en 2023. Les tensions n’ont cessé de croître entre le gouvernement fédéral libéral et les provinces dirigées par les conservateurs. […] Les sujets de “guerre culturelle” à l’américaine ont pris une place plus importante dans le discours politique canadien, animant les débats sur les libertés individuelles – notamment sur les restrictions sanitaires durant la pandémie, le contrôle des armes à feu et, plus récemment, les droits des personnes transgenres et les droits parentaux. »

Autre exemple du climat de polarisation sur la scène fédérale : Pierre Poilievre se plaint de « l’agenda woke » de Justin Trudeau, tandis que M. Trudeau fait allusion à Donald Trump quand il parle de Pierre Poilievre pour tenter de le définir comme un « radical d’extrême droite », écrit The Economist.

PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS

Pierre Poilievre et Justin Trudeau

J’inscris ici ma courte dissidence : Pierre Poilievre et Justin Trudeau ne sont pas responsables à parts égales de la polarisation du discours politique. Le premier ministre n’est pas exempt de tout blâme. Mais c’est surtout M. Poilievre qui joue un jeu dangereux en important une partie importante du livre de jeu de la droite républicaine au Canada. Il le fait avec son ton hargneux, sa relation trouble avec les faits et ses attaques contre les médias (il a encore fait des siennes la semaine dernière en attaquant l’intégrité journalistique de La Presse Canadienne). Pour l’instant, ça n’a pas l’air de trop déranger les Canadiens, car M. Poilievre mène largement dans les sondages. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle pour la santé de notre démocratie.

Malgré cette nouvelle polarisation du discours politique – un phénomène dont Justin Trudeau s’est déjà inquiété en entrevue⁠3 –, nous sommes encore l’une des meilleures démocraties au monde.

Sauf que partout dans le monde, l’état de santé des démocraties se dégrade un peu. En 2015, la note moyenne de The Economist pour tous les pays était de 5,55. Cette note a diminué presque chaque année, pour s’établir à 5,23 en 2023.

Le Canada n’échappe pas à cette tendance, entre autres en raison de la polarisation.

En 2020, The Economist classait le Canada au quatrième rang des meilleures démocraties, avec une note de 9,24 sur 10. Mais la belle cohésion sociale du début de la pandémie est aujourd’hui chose du passé. En 2023, le Canada prend le 13e rang, avec une note de 8,69. De 2006 (la première année du classement) à 2020, la note du Canada avait toujours été d’au moins 9,07.

Le Canada ne va clairement pas dans la bonne direction.

La méthodologie de The Economist

Pour être une démocratie, il faut évidemment tenir des élections libres. Mais The Economist évalue l’état de santé détaillé de la démocratie et de l’État de droit en se basant sur cinq critères (processus électoral, fonctionnement du gouvernement, participation politique, culture politique, libertés civiles). Il donne une note globale à chaque pays, qu’il classe en quatre catégories : les démocraties parfaites (note globale de 8 à 10), les démocraties imparfaites (de 6 à 8), les régimes hybrides (de 4 à 6) et les régimes autoritaires (de 0 à 4).

1. Consultez le rapport Democracy Index 2023 (en anglais) 2. Consultez le sondage du Washington Post (en anglais) 3. Lisez la chronique « Polarisation : j’espère que Justin Trudeau a raison… » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue

En savoir plus

  • 45,4 %
    Environ 45,4 % de la population mondiale vit dans une démocratie, soit 7,8 % dans une démocratie parfaite (ex. : Canada) et 37,6 % dans une démocratie imparfaite (ex. : États-Unis, Inde). Environ 15,2 % de la population vit dans un régime hybride (ex. : Mexique) et 39,4 %, dans un régime autoritaire (ex. : Russie). La Chine, qui compte 17,5 % de la population mondiale, est un régime autoritaire.

source : The Economist

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Il fallait aller dans cette voie-là

Ne pas aller de l’avant remettait en question le respect des droits des personnes non binaires et ce n’était pas conforme à la loi qui avait été adoptée en juin 2022. Ça n’avait pas de conséquences non plus sur l’ensemble de la population du Québec, [mais] ça avait des conséquences plus positives pour les personnes concernées.

Une citation de Diane Lavallée, présidente du comité de sages

Résumé

Québec fait volte-face et autorise le marqueur de sexe X sur les pièces d’identité

Une main qui tient un stylo feutre trace un crochet dans la case X plutôt que dans les cases M ou F pour désigner un genre non binaire.

Le Québec était à la traîne par rapport aux autres provinces canadiennes en ce qui concerne l’utilisation du marqueur X.

Photo : iStock

Publié à 4 h 00 HNE

Le gouvernement Legault fait un virage à 180 degrés dans le dossier du marqueur de sexe X. Au Québec, les personnes trans et non binaires peuvent dès maintenant faire inscrire ce marqueur sur leur permis de conduire et sur leur carte d’assurance maladie, a appris Radio-Canada.

Cette nouvelle a de quoi étonner, car le gouvernement Legault avait promis de ne prendre aucune décision concernant le marqueur X tant que son comité de sages sur l’identité de genre (Nouvelle fenêtre) n’aurait pas livré son rapport final, à l’hiver 2025.

Dernièrement, le comité de sages nous a fait part des constats qui ont été faits sur le sujet dans le cadre de [ses] travaux de recherche et de consultation, indique toutefois la ministre de la Famille et responsable du comité, Suzanne Roy, dans une déclaration écrite.

Devant le consensus dégagé et partagé par le comité, le gouvernement du Québec consent à ce que le marqueur X puisse maintenant être apposé sur les cartes d’assurance maladie et les permis de conduire, comme c’est déjà le cas pour les certificats de naissance et les autres documents délivrés par l’état civil, confirme-t-elle.

Le marqueur X pourra maintenant être utilisé par les personnes qui en font la demande avec les mêmes règles qui sont déjà en vigueur avec l’état civil.

Une citation de Suzanne Roy, ministre de la Famille

Madame Roy en mêlée de presse.

La ministre de la Famille, Suzanne Roy, est responsable du comité de sages sur l’identité de genre.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Depuis 2022, les personnes trans et non binaires peuvent légalement faire changer leur marqueur de sexe attribué à la naissance auprès du directeur de l’état civil, au Québec, afin d’obtenir la lettre X, qui reconnaît leur identité de genre, plutôt que M ou F.

Plus de 530 personnes ont fait ce changement jusqu’à présent au Québec. Or, les ministères et organismes du gouvernement ne s’étaient toujours pas adaptés à cette nouvelle réalité.

Des personnes trans et non binaires sont donc toujours en litige avec la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et avec la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), car leur carte d’assurance maladie et leur permis de conduire ne reflètent pas leur identité nouvellement reconnue, ce qui leur cause régulièrement des ennuis.

Le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse avait d’ailleurs appelé le gouvernement Legault à agir le plus rapidement possible, le Québec étant à la traîne des autres provinces canadiennes.

Il fallait aller dans cette voie-là

Dans une entrevue avec Radio-Canada, la présidente du comité de sages, Diane Lavallée, confirme qu’un consensus s’est rapidement dégagé sur la question du marqueur X après diverses rencontres avec des organismes concernés.

Mme Lavallée dit en avoir informé la ministre en février, car la position du comité allait demeurer la même, peu importe que le gouvernement attende le rapport final en 2025 ou non.

On voyait que le cadre législatif indiquait qu’il fallait aller dans cette voie-là, donc c’est comme une cohérence gouvernementale, explique la présidente du comité de sages.

Ne pas aller de l’avant remettait en question le respect des droits des personnes non binaires et ce n’était pas conforme à la loi qui avait été adoptée en juin 2022. Ça n’avait pas de conséquences non plus sur l’ensemble de la population du Québec, [mais] ça avait des conséquences plus positives pour les personnes concernées.

Une citation de Diane Lavallée, présidente du comité de sages

Diane Lavallée s'adresse aux journalistes.

Diane Lavallée, présidente du comité de sages sur l’identité de genre

Photo : Radio-Canada

Si nos travaux, nos commentaires, ont pu permettre d’aller plus rapidement dans cette prise de décision-là, on s’en réjouit pour les personnes concernées, dit Mme Lavallée.

Même si le marqueur X pourra être apposé sur la carte d’assurance maladie, il restera toutefois certaines questions internes à régler à la RAMQ en ce qui concerne la question de l’alphanumérique, prévient Mme Lavallée, car le sexe biologique des patients reste une donnée importante.

Jusqu’à aujourd’hui, le Québec était la seule province canadienne à ne pas autoriser le marqueur X sur le permis de conduire. Quant à la carte d’assurance maladie, le Québec et l’Alberta étaient les deux seules provinces à ne pas autoriser ce marqueur. L’Ontario n’inscrit tout simplement plus la mention du sexe sur les cartes santé depuis 2016.

Sortie exceptionnelle

Mme Lavallée prévient cependant que le comité de sages n’interviendra pas dans d’autres questions liées à l’identité de genre avant d’avoir remis son rapport final. Sa sortie sur le marqueur X est donc exceptionnelle.

On n’a pas l’intention – je parle au nom de mes collègues aussi – de se prononcer à la pièce sur des sujets d’actualité qui surviendraient au cours de notre mandat.

Une citation de Diane Lavallée, présidente du comité de sages

Dans sa déclaration écrite, la ministre Suzanne Roy rappelle que le mandat du comité de sages ratisse large.

Le comité poursuivra ses travaux sur des enjeux liés à l’identité de genre qui affectent plus largement la société dans des domaines comme l’éducation, la santé, les sports et la sécurité publique, indique-t-elle.

La question de la transition médicale de genre chez les mineurs, récemment abordée dans un reportage de l’émission Enquête, fera aussi partie des thèmes explorés par le comité de sages, tout comme la transition sociale et légale, indique Mme Lavallée.

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Consacrer 1 % du temps de ses employés, 1 % de ses produits ou services, 1 % de ses profits et 1 % de ses actions à des organismes communautaires ou humanitaires, voilà le pari que prennent les entreprises qui décident de s’engager dans le programme Pledge 1 % (engagement 1 %), qui est né en Australie, mais qui a rapidement gagné le monde depuis son lancement à grande échelle en 2014.

Résumé

Voici ce que je ne comprends pas…

Je ne comprends pas les cachotteries. Le parrain du projet Northvolt, Pierre Fitzgibbon, le porte avec son énergie atomique habituelle. Fort bien. M. Fitzgibbon a aussi juré ses grands dieux pendant des semaines que le rigoureux processus de réglementation environnementale québécois était rigoureusement respecté.

Déjà, un discret changement réglementaire quelques semaines avant l’annonce de Northvolt, changement qui a eu pour effet de soustraire l’usine à l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), était… suspect1.

Mais mardi, le proverbial chat est sorti du sac : le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a reconnu en entrevue avec La Presse que, oui, il avait manœuvré pour soustraire Northvolt à une évaluation du BAPE, car il craignait que le projet n’échappe au Québec2.

Sur un autre sujet

Des dizaines de résidants du Québec qui se croyaient à l’abri de la justice ontarienne ont eu une bien mauvaise surprise cette semaine : une opération de la Police provinciale de l’Ontario (OPP) et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) visant à serrer la vis aux voleurs de véhicules s’est soldée par 34 arrestations.

Résumé

Vol de voitures L’OPP et le SPVM arrêtent 34 personnes au Québec

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

L’opération Volcano visait près de 60 personnes accusées de diverses infractions en lien avec le vol de voitures en Ontario.

Des dizaines de résidants du Québec qui se croyaient à l’abri de la justice ontarienne ont eu une bien mauvaise surprise cette semaine : une opération de la Police provinciale de l’Ontario (OPP) et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) visant à serrer la vis aux voleurs de véhicules s’est soldée par 34 arrestations.

Mis à jour hier à 16h54

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Mayssa Ferah
Mayssa Ferah La Presse

« L’OPP a réalisé que plusieurs des sujets recherchés pour vol de voitures sur leur territoire habitent à Montréal. On a rapidement coordonné une opération de grande envergure pour les rapatrier en Ontario », résume David Shane, inspecteur au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

L’opération Volcano visait près de soixante personnes accusées de diverses infractions en lien avec le vol de voitures en Ontario. Tous sont des résidants du Québec qui ne s’étaient pas présentés à leur comparution. « Ils étaient donc un peu en cavale. Ils ne pensaient pas que la police de l’Ontario viendrait les chercher chez eux », résume l’inspecteur.

Le projet, qui a duré trois jours, avait pour but de dissuader les réseaux de vol de véhicules qui pensent passer sous le radar. « Le crime n’a pas de frontières. Mais la police non plus n’a pas de frontières. Ça a vraiment donné une onde de choc à ceux qui pensaient fuir la justice ontarienne », poursuit David Shane.

On compte des gens soupçonnés de vol parmi les personnes arrêtées, mais aussi des gens soupçonnés d’être des commanditaires dans le commerce illégal de véhicules volés. « Il y a vraiment des criminels de tous les niveaux. »

Onze personnes sur la liste des suspects étaient déjà détenues et neuf ont été arrêtées en lien avec d’autres crimes avant le début de l’opération. Au total, l’OPP a indiqué avoir mis la main au collet de 31 personnes. Les trois autres ont été arrêtées par le SPVM.

Les autorités ont créé des remous dans le milieu des voleurs de véhicules, dissipant le sentiment d’impunité présent chez certains.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

David Shane

Ces gens-là se parlent entre eux. Et la perturbation qu’on a causée dans ces réseaux, c’est du jamais vu.

David Shane, inspecteur au SPVM

Voleurs québécois en Ontario

Il n’est pas rare que des résidants du Québec soient accusés de vol de véhicules dans la province voisine. Selon David Shane, les voitures sont plus faciles à voler en Ontario puisque les dispositifs antivols y sont moins répandus. Ces derniers compliquent la tâche des voleurs, en plus de faciliter le repérage d’une voiture volée.

Au Québec, les assureurs exigent des systèmes de sécurité et de repérage fiables. Ça fait la différence.

David Shane, inspecteur au SPVM

Le projet Volcano est un bon exemple de la collaboration entre deux corps policiers pour lutter contre le phénomène du vol de véhicules, en forte hausse à travers le Canada depuis quelques années, s’est réjoui l’inspecteur du SPVM.

Comme les suspects arrêtés sont des gens déjà accusés en Ontario pour diverses infractions liées au vol de véhicules, ils demeurent pour le moment détenus.

Le sous-commissaire de l’OPP pour les enquêtes et le crime organisé, Marty Kearns, a déclaré que près de 3000 véhicules avaient été volés au cours des sept dernières semaines en Ontario.

M. Kearns a déclaré vendredi en conférence de presse que la police était préoccupée par la rapidité avec laquelle les criminels sont capables de voler des voitures en utilisant diverses méthodes pour contourner la technologie antivol.

Avec La Presse Canadienne

(Québec) Si vous êtes en union libre avec votre conjoint de fait et que vous prévoyez avoir un enfant au cours des prochaines années, ou bien d’adopter, Québec prévoit modifier le Code civil pour adapter le droit de la famille à votre réalité en créant un nouveau régime d’« union parentale ».

Résumé

Réforme du droit de la famille Québec veut créer « l’union parentale » pour les conjoints de fait avec enfants

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, lors du dépôt du projet de loi 56 sur la réforme du droit de la famille.

(Québec) Si vous êtes en union libre avec votre conjoint de fait et que vous prévoyez avoir un enfant au cours des prochaines années, ou bien d’adopter, Québec prévoit modifier le Code civil pour adapter le droit de la famille à votre réalité en créant un nouveau régime d’« union parentale ».

Publié à 10h43

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Hugo Pilon-Larose
Hugo Pilon-Larose La Presse

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a déposé mercredi le projet de loi 56, qui institue un nouveau régime d’« union parentale », dans ce qui constitue le deuxième volet très attendu de la réforme du droit de la famille portant sur les enjeux de conjugalité.

Dans son projet de loi, le ministre « vise à instituer l’union parentale pour les conjoints de fait qui sont les parents d’un même enfant né ou adopté après l’entrée en vigueur de la présente loi », explique-t-il dans son préambule.

Ce nouveau régime prévoit « que la formation de l’union parentale emporte la constitution d’un patrimoine d’union parentale formé de certains biens des conjoints, dont la résidence familiale », et établit « les règles applicables au partage de ce patrimoine dans le cas où l’union prendrait fin ».

Concernant la résidence principale, le projet de loi prévoit essentiellement « de rendre les règles de protection et d’attribution de la résidence familiale prévues pour les conjoints mariés ou unis civilement applicables aux conjoints qui sont en union parentale », ce qui donne de nouvelles protections aux conjoints de fait en union parentale en cas de séparation, note-t-on.

Par contre, « le projet de loi prévoit que les conjoints peuvent, d’un commun accord, modifier la composition du patrimoine d’union parentale ou se soustraire complètement de son application », précise également le projet de loi.

Compenser un appauvrissement économique

La réforme déposée par le ministre Simon Jolin-Barrette, mercredi, prévoit aussi accorder « aux conjoints, après la fin de l’union parentale, le droit de faire une demande de prestation compensatoire au tribunal s’ils estiment s’être appauvris après avoir contribué à l’enrichissement du patrimoine de l’autre conjoint ».

« En matière successorale, le projet de loi propose notamment de modifier les règles de la dévolution légale pour permettre au conjoint qui était en union parentale d’hériter de son conjoint décédé lorsque ces derniers faisaient vie commune depuis plus d’un an au moment du décès », ajoute-t-on.

Concernant les pensions alimentaires pour enfants, le projet de loi 56 prévoit que le Service administratif de rajustement des pensions alimentaires pour enfants, administré par la Commission des services juridiques, ait le mandat « d’offrir aux parents un service de calcul des pensions alimentaires pour enfants pour les aider à fixer, sans l’intervention du tribunal, le montant d’une pension alimentaire pour enfants ».

« Le projet de loi propose d’imposer au juge l’obligation d’accorder des dommages-intérêts lorsqu’il y a violence judiciaire. Il prévoit aussi que le tribunal doit prendre en compte l’historique des procédures entre les parties, l’impact de la nature répétitive et litigieuse sur l’ex-conjoint et sur l’enfant, ainsi que l’équilibre des forces en présence, notamment en raison de l’existence de violence familiale, y compris conjugale », est-il écrit.

Le ministre Simon Jolin-Barrette tiendra un point de presse, mercredi avant-midi, pour expliquer les détails de son projet de loi.

Une réforme réclamée depuis des années

En déposant cette nouvelle réforme du droit de la famille, Québec crée un nouveau régime « d’union parentale » au Québec, la seule province où les couples en union libre ayant des enfants sont plus nombreux que les couples mariés.

Cette nouvelle étape charnière de la réforme du droit de la famille, qui n’a pas été révisé en profondeur depuis 1980, a été entamée après le célèbre jugement Éric c. Lola de la Cour suprême, il y a plus de 10 ans. Elle vise à moderniser le Code civil sur les enjeux de conjugalité, dans le contexte où les conjoints de fait n’ont actuellement aucun droit ni aucune obligation au Québec.

À l’époque, Lola avait contesté le régime québécois pour les conjoints de fait. Elle alléguait que celui-ci était discriminatoire, comparativement aux dispositions prévues pour les gens mariés. Dans un jugement extrêmement serré à cinq juges contre quatre, le plus haut tribunal du pays avait finalement jugé que les dispositions du Code civil n’étaient pas inconstitutionnelles, mais invitait tout de même le législateur québécois à corriger la situation.

Scène de la vie familiale

SERGE CHAPLEAU, LA PRESSE

28 mars 2024


Serge Chapleau
Serge Chapleau La Presse