Société

C’est quoi l’buzz des bières à 2%?

Les bières à 2 % d’alcool, aussi appelées nano, sont de plus en plus populaires. Photo: iStock

Zoé Magalhaès

14 juillet 2023 à 10h48 - Mis à jour 14 juillet 2023 à 15h16 4 minutes de lecture

Dans les frigos des dépanneurs et sur les tablettes des boutiques spécialisées, les p’tites frettes à 2% d’alcool sont de plus en plus nombreuses ces temps-ci. Mais d’où nous vient ce nouveau penchant pour les bières ultra légères? Métro élucide le mystère!

On connaissait déjà les sessions, ces bières légères avec un taux d’alcool de 4 à 6%, mais c’est au tour des bières alcoolisées à environ 2% – qu’on appelle aussi les nano – de connaître leur heure de gloire.

«En boutique, on observe une vraie tendance depuis janvier/février: le sans alcool prend de l’ampleur et les gens vont aussi vers les nano», explique Benjamin Bousquet, gérant et conseiller à la boutique Le Bièrologue. «Depuis mars, on a même vu des microbrasseries développer une gamme entière de bières très légères.»

Du presque sans alcool

Un constat que fait aussi Marc-Antoine Gagnon, propriétaire du magasin spécialisé La Maison des Bières. «La demande est là et la plupart des microbrasseries ont maintenant au moins une bière faible en alcool ou sans alcool» pour répondre aux attentes d’une clientèle qui semble plus soucieuse de sa santé, renchérit-il.

Les bières à 2% sont parfois vues comme un bon compromis pour les personnes qui veulent réduire leur consommation d’alcool sans s’en priver complètement, constatent les deux spécialistes.

«Il y a une vraie demande entre la bière forte et le sans alcool, et c’est là que la bière à 2% se situe. C’est un entre-deux à la fois léger et goûteux», ajoute Benjamin Bousquet.

Parce que non, les nano ne goûtent pas l’eau! Blanches, blondes, rousses, sûres, IPA, elles sont tout aussi savoureuses que les bières fortes, nous assure Marc-Antoine Gagnon.

Pour la petite histoire

Ce type de bières serait hérité des bières anglaises «twopenny» confectionnées à partir des restes de moût déjà utilisés pour un premier brassage. Étant issues d’un deuxième brassage, ces bières étaient généralement bien moins fortes.

Aujourd’hui, pour obtenir des nano, les brasseries n’utilisent pas toujours cette méthode. Certaines s’assurent plutôt de stopper la fermentation avant qu’elle soit trop avancée pour avoir un taux d’alcool moins élevé.

Parfaites pour l’été

Puisqu’elles sont peu alcoolisées, les bières à 2% permettent de se désaltérer sans trop se déshydrater, ce qui en fait des bières de soif par excellence. Pas étonnant donc qu’elles soient «encore plus en vogue depuis qu’il fait chaud», confirme le propriétaire de La Maison des Bières.

Si elles semblent idéales en temps de canicule, rien ne nous oblige à nous en tenir seulement aux bières légères. Elles sont aussi «intéressantes dans un line up avec d’autres bières plus costaudes en alcool, remarque Benjamin Bousquet. C’est une bonne manière d’éviter la surenchère et de profiter plus longtemps de la soirée sans être ivre.»

5 nano d’ici à essayer

  • Colibri d’Anna – À la Fût: un nano IPA aux saveurs fruitées tropicales à 2 % d’alcool.
  • Nano Blonde – Oshlag: une blonde de style Kölsch légèrement houblonnée et amère à 2,5 % d’alcool.
  • Ciel – Boldwin: une blanche ultra rafraîchissante, florale et légèrement fruitée à 2,5 % d’alcool.
  • La P’tite Tranquille – Microbrasserie de Charlevoix: une India Red Session Lager aux saveurs d’agrumes à 2,5 % d’alcool.
  • Gouin – Silo: une lager blonde légère mais pleine de goût, inspirée des bières tchèques, à 2,8 % d’alcool.

La série «C’est quoi l’buzz» décortique les plus récentes tendances de manière décomplexée. Faites vos «pense-bons» lors de vos prochains soupers en la lisant régulièrement dans la section **Inspiration **de Métro.

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La bière au Québec est tellement rendue chère qu’on est maintenant obligés de la dilluer!

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Montréal-Nord veut lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale

La mairie d’arrondissement de Montréal-Nord Photo: Archives Métro Média

Guillaume Ledoux

27 juillet 2023 à 16h01 - Mis à jour 27 juillet 2023 à 17h25 2 minutes de lecture

Conjointement avec la Table de quartier de Montréal-Nord, l’Arrondissement propose trois mesures pour le 4e plan de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale du gouvernement du Québec.

Les mesures ont pour but précis de «faciliter le déploiement d’actions de revitalisation et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale». La première mesure consiste à «investir dans un fonds spécial Montréal-Nord», selon un communiqué de l’Arrondissement.

Montréal-Nord propose aussi de «mettre sur pied une cellule interministérielle de travail sous la direction du ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal» et d’obtenir «une contribution significative de la part du gouvernement à la réalisation du Plan de développement social de Montréal-Nord 2021-2026».

Un territoire aux besoins particuliers

L’Arrondissement soutient que ces propositions découlent «des inégalités sociales, de santé et économiques» qui sont particulièrement observées sur son territoire. L’arrondissement figure d’ailleurs «parmi les trois arrondissements ayant connu une croissance supérieure à celle de la Ville de Montréal entre 2016 et 2021», laquelle provient notamment de l’immigration et des demandeurs d’asile. Montréal-Nord constituerait donc «un territoire d’intervention prioritaire dans la région de Montréal et au Québec».

«Montréal-Nord et l’Est de Montréal constituent un territoire d’avenir important qui doit pouvoir contribuer à sa juste valeur au développement de la grande région de Montréal et du Québec, d’où l’importance de lui donner les ressources nécessaires pour transformer ce territoire fragilisé par les inégalités en un territoire moteur du développement social, économique et culturel à Montréal», a déclaré le maire suppléant de l’Arrondissement de Montréal-Nord, Abdelhaq Sari.

Les objectifs concrets derrière ces propositions sont «d’accroître les capacités organisationnelles des organismes communautaires locaux de Montréal-Nord, d’agir concrètement sur les déficits en matière d’espaces verts, d’équipements collectifs et de services à la population, notamment la réalisation d’un Centre aquatique et sportif, et de favoriser le soutien aux populations vulnérables», indique le communiqué.

La démarche est d’ailleurs décrite comme allant dans le sens de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, laquelle est entrée en vigueur en décembre 2002.

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Dans la même maison depuis 1949 !

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Lorraine Lavigne vit dans sa maison depuis 74 ans.

Déménager ? Pour quoi faire ? Lorraine Lavigne est très bien où elle est, même si le quartier a beaucoup changé.

Publié à 1h06 Mis à jour à 12h00

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Texte : Jean-Christophe Laurence
Texte : Jean-Christophe Laurence La Presse


Photos : Josie Desmarais
Photos : Josie Desmarais La Presse

Crise du logement ? Ça dépend pour qui. Alors que certains cherchent désespérément où habiter, d’autres vivent sous le même toit depuis longtemps. Très longtemps.

C’est le cas de Lorraine Lavigne, qui réside à la même adresse depuis 74 ans. Son petit shoebox du quartier Villeray a très peu changé et elle n’a jamais pensé une seconde à déménager.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Lorraine a beaucoup de souvenirs liés à sa maison.

« Pour quoi faire ? demande-t-elle. Je suis bien ici. »

Lorraine est arrivée dans cette maison en 1949, à l’âge de 22 ans, ce qui lui en donne 96 aujourd’hui. Elle avait rencontré son amoureux, Louis, quelques mois plus tôt et a fini par s’installer avec lui chez ses beaux-parents. Elle n’était pas mariée (longue histoire…), mais ça ne dérangeait pas.

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Ils ont vécu à quatre dans ce modeste cinq et demie. Puis à cinq, quand la mère de Lorraine, devenue veuve, est venue les rejoindre. Puis à six quand les premiers enfants sont nés. Puis à sept… Et on ne parle même pas de tous ceux qui y sont morts…

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Lorraine et sa fille Louise

Multiples anecdotes

La vieille dame revient en souriant sur ses souvenirs. Elle a beaucoup d’anecdotes à raconter. À ses côtés, sa fille Louise l’aide à fouiller dans sa mémoire. Nous sommes assis dans la salle à manger, à regarder de vieilles photos en noir et blanc. Après un brin de jasette, elle nous fait visiter les lieux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La cuisine, minuscule, est restée la même.

La cuisine, minuscule, est restée la même, ou presque. Lorraine nous montre les tiroirs grugés par le temps. Les armoires d’origine. Les tablettes, fabriquées à partir d’une vieille table. Puis on passe au salon.

« Ici, avant, c’était une patinoire », lance-t-elle, sûre de son effet.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le salon a été construit sur l’ancienne cour arrière.

Lorraine entre dans la pièce et s’assoit dans son fauteuil. Derrière elle, les murs de brique ne laissent aucun doute sur ce qu’elle vient de dire. Nous sommes effectivement dans ce qui était jadis la cour arrière. Au début des années 1970, l’endroit a été transformé en annexe. Avec quatre enfants, il y avait besoin d’espace.

Hormis les deux puits de lumière, ajoutés au fil des ans, c’est une des rares modifications apportées à cette petite bicoque, construite à la main par le beau-père vers 1908. « Il avait acheté le terrain avec une vieille maison délabrée pour 1200 $, nous confie Louise. Pas 12 000 $… 1200 $ ! »

Et le quartier ? A-t-il changé, lui ? Évidemment qu’il a changé. Lorraine habite tout près de l’église Sainte-Cécile. Quand son mari et elle ont acheté leur première voiture (un Chevrolet Powerglide 1952, elle précise !), il n’y avait « pas plus que huit chars sur la rue », dit-elle.

Les habitants aussi ont changé. « Il y a moins d’Italiens, moins de Portugais », raconte Lorraine. Et, bien sûr, le quartier s’est embourgeoisé. « On est rendus comme le Plateau ! », dit-elle, l’air espiègle. Mais ça ne la dérange pas. Souveraine sur son bout de rue, elle passe des heures assise sur son balcon, à regarder passer les gens, qui s’arrêtent régulièrement pour lui causer ou lui proposer de faire ses courses.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Sur son balcon avant, Lorraine est souveraine de son bout de rue.

J’aime mieux être sur mon balcon plutôt qu’en arrière dans le jardin. Parce que les fleurs, ça ne parle pas, les humains, oui !

Lorraine Lavigne

Une vedette

À sa façon, Lorraine est une vedette. Tout le monde dans le quartier la connaît. Il y a quelques années, elle a même fait l’objet d’un article dans le magazine La Semaine, parce que la chanteuse Lulu Hugues la considère comme sa deuxième maman. Lorraine a eu quatre enfants. Mais à une certaine époque, sa maison était le point de chute pour plusieurs jeunes en quête d’un refuge. Lulu Hugues faisait partie du lot, mais il y en a eu beaucoup d’autres, qui ne l’ont jamais oubliée par la suite.

« On a partagé notre mère, raconte Louise. C’était un moulin. La porte n’était jamais barrée. Tout le monde avait le droit de venir ici. On pouvait tout faire. La seule règle, c’était : pas de boisson forte. »

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Il y a eu des années rock’n’roll dans cette maison !

Des années assez rock’n’roll, ajouterons-nous, et pas juste à cause de cette auberge espagnole.

Après la mort de Louis en 1967, Lorraine s’est retrouvée seule avec sa marmaille. Elle ne s’est jamais remariée (« Quatre enfants, dont un jeune d’un an et demi, qui va accrocher ça ? », dit-elle, avec une pointe de regret) et a dû travailler fort pour faire vivre sa famille, d’abord comme serveuse, puis comme cuisinière.

Après la guerre, elle a travaillé au Kit Kat, dans le Red Light. Un café bar ouvert 24 h sur 24, sans bouncer, précise-t-elle. Dans les années 1950, on la retrouve à l’établissement Aux Délices, un resto français situé face à Radio-Canada, où elle a notamment servi Édith Piaf (« Une emmerdeuse », dit-elle). Elle terminera sa carrière dans les années 1970 et 1980, à la brasserie Pitt de la rue Sauriol.

Les problèmes d’argent sont loin derrière, aujourd’hui. Il y a 25 ans, sa fille Louise lui a racheté la maison et habite désormais avec elle. N’en déplaise aux nombreux promoteurs qui lui ont fait des offres, la continuité est assurée : le shoebox va rester dans la famille. Et s’il était à vendre, on se doute bien qu’il ne coûterait pas 1200 $ !

Lorraine est rassurée. « Cette maison, c’est toute ma vie », dit-elle, avant de s’asseoir sur son balcon pour regarder les gens…

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Magnifique petite histoire simple de quartier. J’adore lorsque des personnes âgées habitent dans leur logement depuis très longtemps. Cela donne non seulement un coté historique mais aussi beaucoup de profondeur aux quartiers concernés. Nos ainés, il faut les dorloter !

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Combien coûte le rêve montréalais ?

PAR SARAH BOUMEDDA, MARIE-ÈVE BRASSARD ET CLÉMENCE PAVIC

26 août 2023

Combien coûtent les choix de vie que vous convoitez ? Pour répondre à cette question, nous avons sondé plus d’une centaine de Québécois, âgés de 30 ans et moins, en leur demandant de partager avec nous leurs aspirations. À partir des réponses du sondage, nous avons dressé un profil rassemblant les souhaits partagés par le plus de répondants afin de déterminer le prix de chacun des choix de vie énumérés.

Résultat : cette personne est propriétaire d’une maison unifamiliale à Montréal, ainsi que d’un chalet en Estrie. Elle élève deux enfants, qu’elle envoie à l’école publique. Elle a un chien comme animal de compagnie. Et enfin, cette personne roule au volant d’une voiture électrique qu’elle aurait achetée.

https://www.ledevoir.com/interactif/2023-08-26/reve-montrealais/index.html

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Les policiers ont saisi assez de fentanyl pour tuer tous les Canadiens

Un rapport fédéral classé « secret » montre que cette drogue est devenue le gagne-pain du crime organisé.

Un agent de la GRC lourdement armé dans une voiture de patrouille en Colombie-Britannique.

Un agent de la GRC en pleine opération en Colombie-Britannique, plaque tournante du commerce du fentanyl.

Photo : The Canadian Press / JONATHAN HAYWARD

Publié à 4 h 00 HAE

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Un document inédit de la Sécurité publique du Canada ainsi que des données sur les saisies de drogues révèlent l’ampleur du commerce illégal de fentanyl, à l’origine de la crise des surdoses au pays.

Entre 2017 et août 2023, l’Agence des services frontaliers a mis la main sur 33 kilos de fentanyl. Par ailleurs, selon une recension de Radio-Canada, les policiers ont aussi saisi plus de 79 autres kilos à l’intérieur du territoire.

Ce total de 112 kilos suffirait à tuer 56 millions de personnes. En effet, cette drogue est tellement puissante qu’une dose de deux milligrammes peut être fatale, selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC (Nouvelle fenêtre)) et la Drug Enforcement Administration (DEA (Nouvelle fenêtre)) aux États-Unis.

Un policier tente de réanimer une femme victime d'une surdose dans une rue d'Ottawa.

Un policier tente de réanimer une femme victime d’une surdose dans une rue d’Ottawa.

Photo : Radio-Canada

Près de 40 000 Canadiens sont morts d’une surdose depuis 2016 et, dans 75 % des cas, le fentanyl était en cause, selon Santé Canada.

Une drogue de plus en plus produite à l’intérieur du Canada

Les données sur les saisies tendent à démontrer une baisse du nombre de prises à la frontière et une hausse à l’intérieur du pays. Sur les 79 kilos saisis ici-même que nous avons compilés, 63 kg l’ont été depuis le début de l’année.

Selon une note de service destinée au sous-ministre à la Sécurité publique et classée secret, plus de 350 groupes criminels sont actifs sur le marché du fentanyl au pays.

Il existe de plus en plus de preuves selon lesquelles des groupes criminels produisent du fentanyl au Canada.

Une citation de Note de service destinée au sous-ministre à la Sécurité publique du Canada

Ce document, divulgué grâce à la Loi sur l’accès à l’information, a été rédigé en mars 2023, à l’occasion de la visite du président américain au Canada. On peut y lire que c’est Joe Biden qui avait pris l’initiative d’aborder le sujet du fentanyl avec Justin Trudeau.

Titre du document rédigé à l'occasion de la visite du président américain Joe Biden au Canada en mars 2023.

Plusieurs parties du document de sept pages sont caviardées, mais des informations lisibles permettent de comprendre l’ampleur du phénomène.

Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet

Une production très payante

Cette note de service explique au sous-ministre à la Sécurité publique à quel point le fentanyl est profitable pour les criminels : Peu coûteux à fabriquer, facile à dissimuler et à trafiquer, très puissant et capable de créer une forte dépendance, le fentanyl et d’autres opioïdes synthétiques sont largement mélangés à d’autres drogues illégales, les groupes organisés cherchant à maximiser leurs profits.

Un kilo de fentanyl, qui vaut quelques milliers de dollars, suffit pour produire des centaines de milliers de comprimés, qui valent des millions de dollars dans les rues, selon les autorités américaines et canadiennes. D’après des spécialistes, le fentanyl est devenu plus rentable que la cocaïne pour les groupes criminels avec des marges allant jusqu’à 4000 %.

Un agent de la police provinciale de l'Ontario montre les résultats d'une saisie de fentanyl.

Un agent de la police provinciale de l’Ontario montre les résultats d’une saisie de fentanyl.

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Dans la note de service remise au sous-ministre canadien, on fait état d’une augmentation du nombre de saisies de précurseurs chimiques utilisés dans la production [du fentanyl] alors que ces substances n’ont pas d’autre utilisation légitime connue.

L’an dernier, l’Agence des services frontaliers a saisi à Vancouver une cargaison venue de Chine, déclarée comme étant constituée de jouets. Ses agents ont découvert 1133 kilogrammes d’un précurseur du fentanyl appelé chlorure de propionyle (Nouvelle fenêtre), qui a le potentiel de produire plus d’un milliard de doses de fentanyl.

En 2022, certaines substances chimiques qui entrent dans la fabrication du fentanyl sont devenues interdites à l’importation (Nouvelle fenêtre) au Canada.

Le mois dernier, le Mexique a promis aux États-Unis de traquer les importations, venues principalement de Chine, de ces produits chimiques.

Le 17 juillet, le Montréalais Xuan Cahn Nguyen, surnommé Jackie Chan dans le monde interlope, a été condamné à 22 ans de prison aux États-Unis pour son rôle dans un réseau international de distribution de fentanyl géré depuis la prison de Drummondville.

Des policiers en combinaison avec des bouteilles d'oxygène à l'extérieur.

Les saisies de fentanyl à l’intérieur du Canada ont eu lieu en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et en Alberta, comme dans ce «super laboratoire» démantelé en 2021, à 50 kilomètres au sud de Calgary.

Photo : ALERT

Plusieurs laboratoires clandestins de production de fentanyl ont été démantelés par les policiers. La GRC en a par exemple découvert deux à Montréal, l’an dernier, (Nouvelle fenêtre) qui produisaient de gros volumes et un autre en Colombie-Britannique qui était capable de produire plus de 160 millions de doses mortelles de fentanyl.

Au début de l’été, l’ONU a sonné l’alarme à propos des conséquences désastreuses de l’expansion des drogues de synthèse dans le monde, rappelant à quel point la production [est] peu coûteuse, rapide et facile, ce qui a profondément transformé de nombreux marchés sur la planète.

Des agents frontaliers américains inspectent des paquets postaux avec un chien renifleur, à la recherche de fentanyl, à l'aéroport J F K de New York.

Des agents frontaliers américains inspectent des paquets postaux avec un chien renifleur, à la recherche de fentanyl, à l’aéroport JFK de New York.

Photo : AFP / Johannes Eisele

La présence de 350 groupes criminels impliqués dans le marché du fentanyl au Canada est un signe de croissance du phénomène, car il y a deux ans, le rapport annuel du Service canadien de renseignements criminels (SCRC) en comptait 250. En 2019, il recensait 65 groupes.

Le SCRC estime que le Canada est désormais un fabricant et un pays source à l’étranger.

Le volume de drogues synthétiques que les laboratoires clandestins sont capables de produire dépasse la demande nationale.

Une citation de Rapport sur le crime organisé du Service canadien de renseignements criminels (SCRC) publié en 2021

Une drogue ultrapuissante

Le fentanyl est de 20 à 40 fois plus puissant que l’héroïne et 100 fois plus puissant que la morphine, ce qui accroît considérablement le risque de surdose accidentelle. Un Américain meurt d’une surdose toutes les cinq minutes (Nouvelle fenêtre).

Un chimiste de la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine inspecte des échantillons de fentanyl. Il faut porter des gants, car le moindre contact avec la peau peut causer une réaction.

Un chimiste de la DEA inspecte des échantillons de fentanyl. Il faut porter des gants, car le moindre contact avec la peau peut causer une réaction.

Photo : AFP / Don Emmert

À l’issue de leur rencontre du mois de mars, Joe Biden et Justin Trudeau s’étaient engagés à élargir la coopération dans les enquêtes sur le commerce de fentanyl entre les deux pays. La crise des surdoses d’opioïdes a des conséquences dévastatrices sur la santé et l’économie de nos sociétés, avaient-ils déclaré conjointement.

Un partenariat a été conclu à ce sujet, en juin, entre l’Agence des services frontaliers du Canada et la DEA américaine.

Deux hommes montent des escaliers.

Le président Joe Biden marche avec le premier ministre canadien Justin Trudeau à Ottawa, le 24 mars 2023.

Photo : AP / Andrew Harnik

La multiplication des surdoses touche toutes les régions du pays, jusqu’aux abords du parlement fédéral (Nouvelle fenêtre), où les parlementaires font leur rentrée ce lundi.

Dans les rues de la capitale, les policiers nous ont avoué être débordés par la crise. Une réunion de Santé publique Ottawa doit avoir lieu ce soir pour faire le point sur la situation dans la ville.

Avec la collaboration de Romain Schué