Résumé
Québec installera des radars photo dans toutes les régions
Par Marc Allard, équipe d’enquête
23 septembre 2024 à 04h00
Au Québec, seulement huit régions sont dotées de radars photo, dont la Capitale-Nationale et l’Outaouais. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)
Le Québec installera des radars photo sur l’ensemble de son réseau routier, alors que plus de la moitié des régions en sont encore dépourvues. Les premiers appareils sont prévus pour 2026.
Le ministère des Transports et de la Mobilité durable se prépare au «déploiement régional» des radars photo, révèle un récent appel d’offres du MTQ sollicitant des experts pour la réalisation de travaux préparatoires.
Neuf régions administratives sur 17 ne disposent pas encore de radars photo: l’Estrie, la Mauricie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, le Centre-du-Québec, le Nord-du-Québec et l’Abitibi-Témiscamingue.
Les 52 radars photo du ministère sont présentement répartis à travers huit régions, soit la Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, l’Outaouais, Montréal, Lanaudière, Laurentides, Laval et la Montérégie. Mais le MTQ souhaite maintenant «étendre le programme québécois de contrôle automatisé à l’ensemble du réseau routier» en procédant à un «déploiement à grande échelle». Dans le jargon du ministère, le «contrôle automatisé» fait référence aux radars photo, qui incluent à la fois les radars de détection de la vitesse et les appareils de surveillance aux feux rouges.
Échéancier
Le déploiement des radars photo à l’échelle de la province est «en phase de planification», indique le ministère. ll travaille sur une nouvelle procédure légale pour déterminer les sites où les radars photo seront installés et prévoit ensuite lancer un «appel provincial» pour les villes qui souhaitent proposer des emplacements.
Le ministère a l’intention de publier un appel d’offres, l’an prochain, pour acquérir le nombre de radars nécessaires. Les premiers radars seraient mis en service en 2026. «Le déploiement se veut progressif. Le Ministère compte désigner de nouveaux sites de façon continue au fil du temps», souligne Louis-André Bertrand, porte-parole du MTQ.
Dans un appel d’intérêt destiné à sonder l’industrie des radars photo, révélé l’été dernier par La Presse, le ministère envisageait de multiplier par six le nombre de ces appareils sur les routes québécoises, les faisant passer à plus de 300 en cinq ans.
Des régions dépourvues
Implantés au Québec depuis 15 ans, les radars photo ont contribué à réduire les risques d’accidents corporels jusqu’à 43 % sur les autoroutes et 26 % sur les routes nationales et régionales où la limite de vitesse affichée se situe entre 70 km/h et 100 km/h, selon le plan d’action en sécurité routière 2023-2028 du ministère. Mais plus de la moitié des régions sont toujours privées des effets protecteurs des radars photo.
«Si on pouvait déployer dans toutes les régions, les gens verraient les effets qui sont répertoriés par le ministère des Transports, dit Nicolas Saunier, professeur en génie des transports à Polytechnique Montréal. Donc c’est sûr que c’est dommage.»
«Je pense qu’on a du retard. Le déploiement a été lent dans les années 2010. Le nombre reste assez limité. Je pense que là, on est en train de prendre un virage pour déployer plus largement. On sera encore assez en deçà de ce qu’il y a dans les pays européens.»
— Nicolas Saunier, Polytechnique Montréal
Selon le professeur Saunier, la science a montré que les radars photo font diminuer la vitesse, les accidents et leur gravité. «C’est clair que ça fonctionne», dit-il. L’«effet punitif» de ces appareils incite les conducteurs à ralentir.
L’équipe de sécurité routière du MTQ effectue la sélection des sites «problématiques», qui bénéficieraient de la présence d’un radar photo. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)
Plus une voiture roule vite, explique M. Saunier, plus il est difficile de freiner à temps, et plus l’impact en cas de collision sera violent. La vitesse, dit-il, «c’est ce qui va transformer un accident où il y a seulement quelques blessures légères en blessures graves, et des blessures graves en accident mortel.»
Amendes
Le déploiement régional des radars devrait aussi garnir les coffres de l’État. Plus de trois millions de constats d’infraction ont été distribués avec les radars depuis 2009, rapportant près de 495 millions de dollars au Fonds de la sécurité routière du MTQ. Cette enveloppe paie les factures liées aux radars et verse les excédents à des projets de sécurité routière et d’aide aux victimes de la route.
En moyenne, huit zones de travaux routiers et 40 zones scolaires sont surveillées chaque année à l’aide d’équipements mobiles. (Archives Le Droit)
Radars énergivores
Depuis sa publication à la fin juillet, l’appel d’offres du MTQ pour trouver des experts qui l’aideront à réaliser les travaux préparatoires du déploiement régional des radars photo n’a reçu aucune soumission. Le ministère «évalue ses options», indique M. Bertrand.
Le ministère réfléchit aussi au traitement des infractions. Il cherche des moyens de réduire les ressources nécessaires à l’opération de chaque radar photo et au traitement de chaque infraction, particulièrement au sein des organisations policières et du système judiciaire.
Le ministère indique qu’il veut notamment acquérir un système destiné au traitement de la preuve recueillie par les radars photo.
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