Revitalisation du Village

N’oublions pas que le problème ce n’est pas qu’il y a de l’itinérance dans le Village, mais bien qu’il y a de l’itinérance point. Vous voulez qu’on fasse quoi? Qu’on envoie la police et qu’on les ship tous ailleurs?

Vous dites que rien ne change? Avez-vous seulement lu ce qui se dit sur ce forum au sujet du Village? Avez-vous parlé avec des acteurs du Village, que ce soit des bénévoles, des employés municipaux, l’entourage de nos députés? Croyez-vous vraiment que rien n’est fait, discuté? On ne peut pas nier qu’il existe une problématique, mais la solution n’est clairement pas de sombrer dans le cynisme.

À lire les détracteurs du Village, j’ai parfois l’impression qu’ils font exprès de ne pas s’informer sur le positif uniquement pour continuer à se convaincre que le Village est hors de contrôle (ce qui n’est pas le cas).

J’habite le Village depuis 2013, et je me suis désabonné des pages Facebook du Village, qui ne sont qu’un ramassis de commentaires intolérants et bien franchement NIMBYistes. En toute honnêteté, je trouve que les oiseaux de malheur du Village sont bien plus dérangeants que les itinérants.

Désolé pour le rant.

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Effectivement, le problème est bien plus grand que le Village. Ce sont des problèmes structuraux qui percolent dans le quartier, où ils sont amplifiés pour toutes sortes de raisons, dont certaines historiques. Je crois qu’il faut qu’on se remette en question sur notre gestion de l’habitation et de l’itinérance. Le fait est que présentement, on accepte que certaines personnes vivent dans la rue, alors qu’il existe des solutions alternatives (voir l’approche “Housing First”, que Bruno Marchand avait mentionné). Les autres solutions pour le Village (aménagements, plus de police, etc), quoique louables en général, ne font que déplacer les gens ailleurs. C’est cosmétique, temporaire tout au mieux.

Je comprends le discours autour de l’intolérance envers les itinérants, mais je pense que ça met le focus au mauvais endroit. Ce n’est pas en étant plus tolérant de l’itinérance que le quartier va devenir plus attrayant. Il est tout à fait normal de trouver certains comportements associés au type d’itinérance qui se trouve dans le Village répréhensibles et insécurisants. À mes yeux, le coeur de la question est vraiment: que peut-on faire pour que ces gens puissent vivre dignement, avec un toit sur la tête?

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Photo reportage dans La Presse

La Zone


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Elsa Morin s’habille en bébé pour attirer l’attention sur la rue Sainte-Catherine. Elle est venue habiter le quartier pour trouver un lieu qui n’allait pas la juger.

Notre photojournaliste a consacré plusieurs jours à explorer les rues situées près de la place Émilie-Gamelin et du Village, un secteur aux prises avec de graves problèmes sociaux.

Publié à 1h48 Mis à jour à 5h00
Martin Tremblay
LA PRESSE

La fermeture imminente de l’emblématique magasin Archambault, prévue pour le 30 juin prochain, est un signal d’alarme quant au déclin du secteur de la place Émilie-Gamelin et du Village. Autrefois, cet endroit était un incontournable de la vie montréalaise. Malheureusement, la violence, le crime, l’itinérance et la consommation de crack perturbent le quartier, transformant ce secteur en une zone hostile pour les commerçants et les Montréalais.


PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Portrait du photojournaliste Martin Tremblay en action dans une ruelle à Montréal


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
« Je fais partie du Village et l’endroit est un refuge pour tout le monde. Je ne veux pas montrer du doigt les itinérants et les toxicos. Je comprends par où ils passent. Je suis une personne qui a un passé avec la drogue. Je crois que c’est du monde qui est incompris et qui a juste besoin d’aide », nous explique Axel.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Autrefois, ce secteur était un pôle incontournable de la vie culturelle et nocturne montréalaise. La fermeture du magasin Archambault met en évidence les problèmes du quartier. Malgré tout, la salle de spectacle de l’Olympia résiste et reste un repère culturel dans le secteur.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Les policiers du poste de quartier 22 du SPVM patrouillent à pied dans les rues pour assurer la sécurité des citoyens. Ils sont constamment amenés à intervenir auprès d’une population en détresse. Une multitude de problèmes sociaux qui complique leurs interventions.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
La place Émilie-Gamelin, située au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert, est l’épicentre de la crise socio-économique qui secoue le quartier. C’est là que les manifestations de ces problèmes prennent une ampleur significative.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
En mars dernier, une pétition lancée par la Société de développement commercial (SDC) du Village a poussé l’administration Plante à mettre en place une « cellule de crise » pour aider le quartier.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Derrière un bâtiment commercial de la rue Sainte-Catherine, un homme est allongé au sol, sous l’effet de la drogue. Des seringues et des sachets vides jonchent le sol, témoignant de la consommation régulière de drogue à cet endroit.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Le propriétaire d’un dépanneur du quartier nettoie le trottoir devant son commerce.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Dans un coin oublié, une femme fume une dose de crack avec une pipe. « J’ai appris à consommer lentement. Beaucoup vendraient leur mère pour une dose », explique cette femme dans la trentaine.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Sous terre, les problèmes sociaux sont tout aussi présents. La station de métro Berri-UQAM et ses restaurants sont souvent un refuge pour la clientèle itinérante du secteur.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Le Village est à la croisée des chemins : entre son passé animé, avec ses bars branchés et ses saunas, et son présent marqué par ses commerces abandonnés.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Plusieurs résidants rencontrés par La Presse ont témoigné de la réalité. Ils ont exprimé leur inquiétude face à l’aggravation de la situation. Les crimes liés à l’itinérance se multiplient et l’insécurité règne désormais dans le quartier. Certains cherchent d’autres lieux où habiter, ne se sentant plus en sécurité dans leur quartier depuis un certain temps.

Qui est Martin Tremblay ?

Photojournaliste à La Presse depuis 20 ans, où il a occupé le poste de directeur photo pendant cinq ans, Martin Tremblay se spécialise dans les projets documentaires à caractère sociaux. Il est reconnu pour ses reportages en terrain difficile. Il a notamment remporté en 2017 et 2019 le prix du meilleur reportage au Concours canadien de journalisme. Il a également été en nomination au prestigieux concours National Pictures of the Year, quatre années consécutives. Au Québec, il a décroché neuf prix Antoine-Desilets, qui récompensent les meilleures photos de presse. Il a visité l’Ukraine à deux reprises pour témoigner des conséquences humaines de la guerre. Sa couverture de conflits armés, notamment en Afghanistan, a été reconnue par ses pairs.

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Est du centre-ville | La présence policière bonifiée ne règle pas tout


PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Policiers du SPVM au parc Émilie-Gamelin, début mai

La cohabitation avec la population itinérante demeure ardue, déplorent des commerçants

Publié à 0h00
Philippe Teisceira-Lessard
LA PRESSE

Cinq mois après la création de la cellule de crise contre l’insécurité dans l’est du centre-ville, des commerçants locaux constatent une augmentation de la présence policière, mais ajoutent que la situation demeure difficile.

Les abords du parc Émilie-Gamelin et l’ouest du Village conservent leurs allures de zone sinistrée à la veille de la belle saison. Une importante population itinérante y a élu domicile.

Des policiers, « il y a en plus. Il y a des gestes qui sont faits, mais ce n’est pas encore assez », a affirmé Nicolas Plante, gérant du bar Le Date. « Il y a un début, il y a des choses qui commencent, mais ça va prendre clairement plus que ça. »

À quelques mètres de l’établissement, une femme en haillons est pliée sur elle-même, au beau milieu de l’intersection des rues Montcalm et Sainte-Catherine. Une forte odeur d’urine flotte sur plusieurs tronçons de l’artère et les entrées des commerces abandonnés servent d’abris de fortune aux itinérants.


PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE
Plusieurs commerces de la rue Sainte-Catherine ont été abandonnés au cours des dernières années.

Selon un bilan municipal rendu public mercredi, 40 policiers ont été affectés au secteur du Village et les inspecteurs de la Société de transport de Montréal (STM) ont renforcé leur présence à la station Berri-UQAM. Des dizaines de vendeurs de drogue ont été arrêtés, et l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) a été bonifiée dans le secteur.

« C’est vrai qu’on voit plus d’équipes », a reconnu Olivier Bourit, qui travaille chez Grimard Optique, mais s’exprimait en son nom personnel. « Mais il y a des clients qui se plaignent [de la situation] toute la journée. » Xavier Twigg, de Twigg Musique, trouve que la situation « s’est un peu calmée » dans les derniers mois. « Ce n’est pas si pire que ça », a-t-il ajouté.

D’autres sont moins convaincus. « On a perdu beaucoup de clientes », a dénoncé Chantal Morneau, qui travaille chez Saint-Laurent Coiffure et ne trouve pas que la situation s’est améliorée. « Je me suis blessée au dos jeudi passé parce que les itinérants ont passé la nuit à uriner devant notre porte de commerce. J’ai été obligée de monter des chaudières d’eau pour tout nettoyer. »

« Un électrochoc »

Valérie Plante, pour sa part, s’est félicitée d’avoir donné « un électrochoc » au quartier depuis le début de l’année pour faire face à la dégradation de la situation sociale et commerciale.

« On vous avait dit qu’on prenait ce secteur-là très au sérieux », a dit la mairesse, en point de presse à l’hôtel de ville de Montréal. L’« équipe de choc » créée en février dernier « se réunit fréquemment » pour trouver des solutions : elle inclut la Ville, le réseau de la santé, la police et la STM, entre autres.

« On a donné un mandat très clair à cette équipe d’arriver avec des résultats à court terme pour le début de l’été pour ramener le sentiment de sécurité, autant pour les gens qui y travaillent, les commerçants, les gens qui y habitent et tous ceux qui fréquentent le secteur », a dit la mairesse.

La présence policière renforcée « a permis au SPVM d’accroître sa visibilité et l’intensité de ses interventions par des patrouilles plus fréquentes, des opérations de porte-à-porte, ainsi que des actions préventives et de répression visant à réduire les incivilités », indique la Ville de Montréal. « Des équipes d’enquêtes ont également mené des opérations pour réduire la criminalité en matière de stupéfiants. »

Gabrielle Rondy, de la Société de développement commercial du Village, a reconnu les efforts de l’administration Plante pour s’attaquer aux problèmes du secteur, mais s’impatiente devant leur persistance.

Ce sont des enjeux qui vont prendre du temps avant de voir des résultats concrets, mais c’est sûr que dans le Village, les commerçants trouvent qu’ils ont été patients. Les trois dernières années ont été excessivement difficiles.

Gabrielle Rondy, de la Société de développement commercial du Village

« C’est ça qui est décourageant pour certains de nos membres. »

La police est beaucoup plus présente, mais le nombre de travailleurs sociaux est insuffisant, a dit Mme Rondy.

« On amorce la belle saison pour le Village. Les commerçants ont quelques mois forts pour remplir leurs coffres », a-t-elle ajouté.

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Dans la zone contour du Village

Une rue partagée sur Berthier et un parc réaménagé

Mis à jour le 12 juin 2023
Temps de lecture : 2 min

Dotée de trottoirs végétalisés et de mobilier urbain, la future rue Berthier a été repensée en rue partagée pour améliorer la sécurité, le confort et l’expérience de toutes et tous, tout comme le parc Berthier.

Le projet d’aménagement vise à :

  • mettre à niveau les infrastructures souterraines et de surface;
  • améliorer la cohabitation des piéton(ne)s et des véhicules en créant une rue partagée;
  • apaiser la circulation en réduisant la vitesse à 20 km/h;
  • sécuriser le trajet entre l’école Marguerite-Bourgeoys, le Centre Yvon Deschamps et le parc Berthier en construisant un trottoir du côté nord de la rue;
  • sécuriser les intersections des rues de la Visitation et Panet par l’ajout de saillies;
  • améliorer l’interface du parc avec la chaussée;
  • augmenter le couvert végétal;
  • intégrer une aire de jeux bonifiée et plus inclusive dans le parc;
  • ajouter de nouveau mobilier et des supports à vélo;
  • créer des lieux de repos et de socialisation.

À terme, les usager(ère)s et les riverain(e)s profiteront d’une rue conviviale, plus verte et plus sécuritaire.

Tout savoir sur ce chantier

Quand?

Mi-juillet à novembre 2023

Où?

Rue Berthier, entre les rues de la Visitation et Panet

Quoi?

  • Travaux sur les conduites d’aqueduc et d’égout;
  • Remplacement des branchements d’eau en plomb;
  • Réaménagement du parc, de la rue et des trottoirs.

Avancement des travaux et impacts au quotidien

L’Arrondissement déploie des solutions afin d’atténuer les impacts des travaux sur votre quotidien.

Accès aux résidences et au Centre Yvon Deschamps

En tout temps, l’accès sera maintenu.

Distribution postale

Le service de poste maintiendra ses activités lors des travaux.

Collectes

Le lieu de dépôt et l’horaire des collectes seront maintenus.

Propreté des lieux

L’entrepreneur devra appliquer des techniques de travail limitant le soulèvement de la poussière et procéder régulièrement au nettoyage de son chantier.

Bruit

Le passage de camions, l’utilisation de génératrices et de ventilateurs pourraient occasionner du bruit et des vibrations. Cependant, l’entrepreneur devra respecter des niveaux de bruit pré-établis afin de minimiser les dérangements.

Horaire des travaux

Sauf exceptions, du lundi au vendredi, de 7 h à 19 h

Impacts sur le stationnement

  • Les espaces de stationnements sur rue pour résident(e)s (SRRR) seront relocalisés sur les rues avoisinantes.

Zones de stationnements sur rue réservés aux résident-e-s

Nouvelles zones de stationnements sur rue réservés aux résident-e-s

Autres impacts à prévoir

  • Durant le premier mois des travaux, les résidences seront branchées sur un réseau temporaire d’alimentation en eau.
  • Quelques coupures d’eau de courtes durées sont également à prévoir durant les travaux d’infrastructures; des avis seront distribués au moins 48 heures avant ces interventions.
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J’espère que ce sera accompagné d’un lien cycle en direction sud sur de la Visitation. Présentement, il faut la descendre à contresens jusqu’à Ontario où elle revient en direction sud.

Bar Le Cocktail

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Chers clients,
c’est avec un certain pincement au cœur que nous envisageons de ne plus ouvrir la terrasse au Cocktail, du moins provisoirement. Il en est de même pour d’autres commerçants avec qui nous en avons discuté cette semaine.

Comme vous le savez, nous avons toujours eu à cœur d’offrir à notre clientèle la meilleure expérience qui soit, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. D’ailleurs nous avons mis beaucoup d’efforts sur l’aménagement du bar et de la terrasse ces dernières années et nous en sommes très fiers.

Cependant la ville de Montréal se montre incapable de fournir un environnement qui soit accueillant, paisible et convivial dans notre voisinage et ce, jour après jour. Malgré nos multiples démarches, l’administration municipale reste insensible aux enjeux qui nous préoccupent, ce qui anéantit tous nos efforts.

C’est dommage si le Cocktail ferme sa terrasse… J’ai regardé le reportage de Noovo - évidemment c’est vraiment regrettable les actions de la femme, mais quand on parle au début que les commerçants ont appelé la police à cause d’un groupe de personnes avec un boombox, je trouve ça poussé un peu. Le Village l’été est fait pour déambuler, flanner et s’amuser. Si ça n’empiète pas sur les autres (comme ça a finalement éte le cas ici) ce n’est pas à mon avis un problème

D’autres suivront peut-être. Il semble avoir un accroissement important d’activité entre les rues Champlain et Papineau depuis environ une semaine. Il y en a qui pense que c’est suite au meurtre au-dessus de Club Date et que certains sont peut-être allés aux chambres à l’Hôtel Sainte-Catherine (1674) juste en face.

Est du Village « Les clients ne viennent plus, ils ont peur »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Martin Barrette, gérant du cabaret Expose, rue Sainte-Catherine Est, interpelant des policiers, samedi

Le sentiment d’insécurité s’est aggravé depuis le début de l’été dans l’est du Village, selon plusieurs commerçants. Des tenanciers craignent même de devoir fermer leur terrasse, faute de clients.

Publié à 1h10 Mis à jour à 5h00

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Léa Carrier
Léa Carrier La Presse

Ce qu’il faut savoir

• Des cas de vandalisme et des problèmes liés à l’itinérance aggravent le sentiment d’insécurité dans le Village.

• Des tenanciers de bar songent à fermer leur terrasse, faute de clients.

• Ils réclament des ressources policières et communautaires accrues de la part de la Ville de Montréal.

Martin Barrette est à bout. À bout des bagarres qui éclatent à toute heure du jour et de la nuit. Des seringues qui jonchent le sol. Du vandalisme répété.

« Les clients ne viennent plus, ils ont peur. On est passés d’un bar plein tous les vendredis et samedis à servir quatre ou cinq personnes », laisse tomber le gérant du cabaret Expose.

Une bruine tombe samedi soir rue Sainte-Catherine, près de la station Papineau. Plusieurs commerçants déplorent le sentiment d’insécurité croissant dans le secteur. Des tenanciers songent même à fermer leur terrasse.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Martin Barrette, gérant du cabaret Expose

La situation n’a jamais été aussi mauvaise, constate Martin Barrette. « Depuis le début de l’été, ça n’a pas d’allure », déplore-t-il.

Quelques minutes plus tôt, il racontait à des policiers qu’un de ses employés avait récemment failli se faire poignarder dans la ruelle derrière son établissement. « On a réussi à maîtriser [l’assaillant]. Le gars avait une paire de ciseaux », lance-t-il, énervé.

Cohabitation difficile

Tout près, le bar Cocktail déplore aussi une baisse marquée de la clientèle. Son propriétaire, Luc Généreux, envisage de fermer sa terrasse, qui lui coûte plus qu’elle ne lui rapporte.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Luc Généreux, propriétaire du bar Cocktail

Il y a souvent des gens dans la rue qui crient, qui ont les facultés affaiblies, qui se battent. Les gens finissent leur verre et ils s’en vont.

Luc Généreux, propriétaire du bar Cocktail

Les problèmes liés à la toxicomanie et à l’itinérance ne sont pas nouveaux dans l’est du centre-ville. Depuis la pandémie, plusieurs reportages ont fait état d’une cohabitation difficile entre les commerçants et la population en situation d’itinérance. En janvier, le magasin Archambault situé à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine annonçait qu’il fermait ses portes en raison de « l’évolution du tissu urbain » autour de la place Émilie-Gamelin.

Pour Luc Généreux, la Ville de Montréal échoue à assurer un environnement accueillant et sûr non seulement pour la clientèle, mais aussi pour les commerçants et leur personnel. Et si l’administration de Valérie Plante a créé une cellule de crise contre l’insécurité, sur le terrain, les résultats tardent à se concrétiser.

Ses employés ont peur de retourner à la maison au milieu de la nuit après le travail, affirme-t-il.

« Dans notre secteur, entre la rue Champlain et l’avenue Papineau, c’est même pire. Ça fait 15 ans que je suis ici et c’est pire que jamais », conclut Luc Généreux.

Des cas de vandalisme

Une odeur de poulet rôti embaume la cantine portugaise Emilia, qui a récemment été vandalisée. Le trou béant dans la vitrine du restaurant, situé rue Sainte-Catherine, est toujours là.

D’après les vidéos de surveillance, un homme aux facultés affaiblies a fracassé la vitrine avec une bouteille dans la nuit de mercredi à jeudi. « On a déjà fait un rapport à la police. C’est beaucoup de tracas », déplore la superviseure de l’établissement, Jade Rainha.

C’est loin d’être le premier incident du genre : une personne a été poignardée dans la ruelle derrière le restaurant quelques mois plus tôt. Depuis, les employés ne sortent plus les poubelles seuls.

On a plusieurs succursales et absolument personne ne veut travailler ici.

Jade Rainha, superviseure de la cantine portugaise Emilia

Un peu plus loin, la vitrine du restaurant d’Emily Yu a elle aussi été vandalisée. Coût des réparations : 1500 $. Et c’est sans parler des problèmes qui font désormais son quotidien.

Elle montre du doigt un groupe de sans-abri agités qui se trouvent à l’extérieur. « Il y a toujours des gens qui dorment sur la terrasse le soir. Le lendemain matin, les tables sont renversées », raconte-t-elle.

Assis dans un café, David Hamelin est un habitué du coin. Non, il ne s’est jamais senti en danger ici. Mais ce qui le frappe le plus, c’est la misère. « C’est tellement concentré dans le secteur. Je me dis qu’il y a peut-être un manque de ressources », dit-il.

« La police ne fait rien »

Tous les commerçants interviewés ont déploré l’inaction de la police, qui n’en fait pas assez pour assurer la sécurité.

« Nous, on n’a pas le droit de mettre de la musique sur une terrasse. Eux, ils font tout impunément. Ils prennent de la drogue, boivent de l’alcool. La police passe devant eux et ne fait rien », s’indigne Luc Généreux.

Elle a beau leur dire de se disperser, « ils reviennent cinq minutes plus tard », soutient Martin Barrette.

« On est en train de faire faillite. Là, c’est les terrasses qu’on ferme, mais dans pas longtemps, c’est des business qui vont fermer », laisse-t-il tomber.

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Mettons que ça aiderait si ce bout de Sainte-Catherine n’avait pas la moitié de ses immeubles vides et en piteux état… But sure, blâmons la cohabitation et du monde avec un boombox…

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  • McDo fermé donc moins d’achalandage dans ce coin
  • Le Bourbon avec un RDC quasi vide, et le genre de commerce fermé le soir et la nuit
  • L’ancien Berlin fermé
  • Stationnement de MaTV désert la nuit
  • Immeuble résidentiel(?) en piteux état sur le même coin
  • L’Hotel Ste-Catherine, un lieu de prédilections pour la population marginalisée (vente/consommation de drogues dures, rassemblement peu recommandable)

La tempête parfaite quoi. Mais oui j’suis passé plusieurs fois dans les dernières semaines et même de jour je restais aux aguets. Plusieurs individus, de par leur apparence ou leur comportement “twitchy” imprévisible, font carrément peur.

Il y a une différence entre être empathique envers eux en n’étant pas aussi drastique dans les interpellations, et ne rien faire alors qu’une personne dite “normale” se ferait dire de se calmer. (Boombox, comportement erratique, consommation)

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Sauf que le problème ici c’est pas que ces gens soient là, mais leurs comportements… Si leur présence ne finissait pas en batailles, en consommation de drogue excessives et tous les autres problèmes que ça peut apporter.

Tous les commerces seraient occupés ça ne changerait pas nécessaire leur comportement qui sont des nuisances. Ils ne dérangeraient personne, on en entendrait même pas parler, mais quand ça devient problématique et dangereux, on peut pas juste se dire qu’il faut tolérer n’importe qui faisant n’importe quoi…

Et ici, ce n’est pas une question d’itinérance, de manques de ressources, des gens sous influences qui font le party et qui finissent par foutre la marde, c’est juste de la mauvaise foi et un manque de civilité qui ne devrait pas être tolérer comme étant une normalité.

On veut une revitalisation du secteur, mais ça n’arrivera jamais si on laisse tous le monde faire littéralement n’importe quoi sur la voie publique sans aucun encadrement et aucune répression envers les comportements problématiques.

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Je ne sais pas si vous êtes allé vous promener dans l’est du Village récemment… Même sans individus louches le coin n’est pas attirant pantoute. C’est très facile de blâmer l’itinérance pour tous les problèmes du Village, mais ça ne va rien régler. Commençons par obliger les propriétaires à prendre soin de leurs immeubles, déjà ça rendrait le coin plus attrayant.

Dans le centre du Village il y a aussi du monde bizarre, mais c’est un peu “noyé” parce qu’il y a plus de vitalité, des commerces, des restaurants, des bars.

Les solutions pour la revitalisation du Village sont multiples.

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Est du Village Montréal jure faire des efforts « sans précédent » pour la sécurité

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La terrasse du bar Le Cocktail, sur la rue Sainte-Catherine, à Montréal

Montréal assure faire des « efforts sans précédent » pour diminuer le sentiment d’insécurité s’étant aggravé depuis le début de l’été dans l’est du Village, selon plusieurs commerçants. Des cas de vandalisme et des problèmes liés à l’itinérance aggravent la situation dans ce secteur, où plusieurs envisagent même de fermer leurs terrasses.

Publié à 12h21

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« On est extrêmement sensibles à la vitalité et au climat social dans le secteur du Village et nous mettons des efforts sans précédent en ce moment dans le secteur, avec le SPVM, le CIUSSS et les partenaires du milieu, pour améliorer la situation et le sentiment de sécurité », a indiqué dimanche la responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif, Josefina Blanco.

Un peu plus tôt, La Presse rapportait que plusieurs tenanciers de restaurants et de bars réclament des ressources policières et communautaires accrues de la part de la Ville de Montréal. « Les clients ne viennent plus, ils ont peur. On est passés d’un bar plein tous les vendredis et samedis à servir quatre ou cinq personnes », a par exemple illustré le gérant du cabaret Expose, Martin Barrette.

Lisez « Est du Village : « Les clients ne viennent plus, ils ont peur » »

Le bar Le Cocktail déplore aussi une baisse marquée de la clientèle. Son propriétaire, Luc Généreux, envisage de fermer sa terrasse, qui lui coûte plus qu’elle ne lui rapporte. « Il y a souvent des gens dans la rue qui crient, qui ont les facultés affaiblies, qui se battent. Les gens finissent leur verre et ils s’en vont. […] Ils prennent de la drogue, boivent de l’alcool. La police passe devant eux et ne fait rien », déplore-t-il.

Encore dimanche matin, un jeune homme de 18 ans a d’ailleurs été poignardé dans le secteur, au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert, après un conflit qui aurait dégénéré.

Le conseiller de l’opposition, Julien Hénault-Ratelle, s’est désolé dimanche « du manque de proactivité de l’administration » dans ce dossier. Le conseiller a rappelé avoir présenté il y a trois mois « une série de solutions pour faire face aux enjeux vécus par les citoyens et commerçants du Village ». « C’est la vitalité commerciale de cette artère qui est en jeu », a-t-il jugé.

Plus de policiers et d’ÉMMIS

La Ville soutient qu’elle déploie depuis peu « des effectifs policiers accrus » dans l’est du Village. Environ 40 ressources supplémentaires y ont été déployées tout récemment. « On s’assure aussi de renforcer les outils offerts aux commerçants, à tous les niveaux », affirme Mme Blanco.

« Nous nous sommes aussi assurés de développer un lien direct entre les commerçants et l’ÉMMIS [Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale] pour une intervention rapide lors de situations de conflit dans l’espace public, d’enjeux de cohabitation sociale ou pour une réponse adaptée aux situations de vulnérabilité accrue des personnes en itinérance », persiste l’élue municipale.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Montréal soutient qu’elle déploie depuis peu « des effectifs policiers accrus » dans l’est du Village. Sur notre photo, le gérant du cabaret Expose, Martin Barrette.

Elle réitère que la Ville « demeure consciente que les besoins sont importants ». « On s’engage à continuer de fournir tous les efforts nécessaires, d’investir pour venir en aide aux plus vulnérables et aux commerçants pour redresser la situation dans le Village », avance-t-elle encore en ce sens.

La Ville assure également être en « communication étroite » avec la Société de développement commercial (SDC) du Village. « Nous avons communiqué proactivement [samedi] avec un commerçant du secteur, en lui proposant une rencontre rapidement pour nous coordonner avec lui pour répondre aux enjeux observés », explique au passage Mme Blanco.

Vendredi, la mairesse Valérie Plante avait été questionnée sur la cohabitation entre les résidants et les personnes itinérantes. « C’est vrai, l’itinérance rime souvent avec santé mentale et toxicomanie. […] On ne veut pas faire comme dans d’autres grandes villes, comme aux États-Unis, où on fait juste repousser les personnes plus maganées de la vie, plus vulnérables », a-t-elle dit.

« La précarité a augmenté de façon incroyable, on ne peut pas le nier. On est contents d’accueillir tout le monde, mais il faut trouver un équilibre. Et cet équilibre il est fragile », a-t-elle insisté, en demandant à Québec une « vision claire concernant l’habitation », intimement liée selon l’élue à l’itinérance.

Moins d’intervenants dans la rue

Au niveau provincial, la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, dit comprendre que les commerçants « sont secoués et inquiets ». « Il y a un laisser-aller des gouvernements depuis des années. La solution ne peut pas être de fermer toutes les terrasses du village, ce sont des lieux importants », note-t-elle.

« Les gestes de violence doivent être contenus, mais la détresse dans le village est un enjeu complexe sur lequel je travaille depuis des années avec les organismes communautaires du quartier. Malheureusement, ces organismes ne cessent de voir leur financement réduit : ça veut dire moins d’intervenants dans la rue et des centres de consommation supervisés plus souvent fermés », insiste Mme Massé, en disant attendre « impatiemment » des engagements du gouvernement et un plan d’action de la Ville.

La Société de transport de Montréal (STM), elle, prévoit « ajouter une vingtaine » de constables spéciaux dans son réseau d’ici novembre. Le tout se fera « graduellement » dès l’automne.

Ces agents pourraient entre autres être déployés aux abords de la station Beaudry, dans Le Village, ainsi qu’à Berri-UQAM ou ailleurs. Une vingtaine « d’ambassadeurs de sûreté », pouvant détecter des situations conflictuelles sans toutefois intervenir, seront aussi embauchés, tout comme une autre vingtaine de préposés supplémentaires à l’entretien des stations.

Avec Léa Carrier et Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

«C’est carrément rendu le chaos total dans le Village»


Dénonçant un climat d’insécurité, certains commerçants envisagent de ranger leur terrasse.
Photo: Gracieuseté le bar Le Cocktail

Sliman Naciri
18 juin 2023 à 16h30 - Mis à jour 18 juin 2023 à 18h15 3 minutes de lecture

Ils sont désemparés. Impuissants face à une situation qui ne s’améliore pas. Alors que la saison estivale s’apprête à battre son plein dans les rues de la métropole, des propriétaires de bars et de restaurants du Village envisagent déjà de remballer leur terrasse, malgré l’arrivée des beaux jours.

«Du moins provisoirement», annonce «avec un pincement au cœur» le bar Le Cocktail sur sa page Facebook. Le commerce espère toutefois trouver une autre solution, plutôt que de prendre une décision qui représenterait un cruel manque à gagner pour l’entreprise.

Le bar du quartier gai dénonce un climat d’insécurité peu compatible avec l’accueil de clients, mais également nuisible à ses employés. Dans sa publication, il rejette la faute sur la Ville de Montréal «qui se montre incapable de fournir un environnement qui soit accueillant, paisible et convivial dans notre voisinage et ce, jour après jour».

Malgré nos multiples démarches, l’administration municipale reste insensible aux enjeux qui nous préoccupent, ce qui anéantit tous nos efforts.

— Le bar Le Cocktail

Le Cocktail dit compter sur la médiatisation des problèmes avec lesquels il est aux prises pour trouver une issue à cette impasse. Le propriétaire de l’établissement indique aussi avoir échangé avec d’autres commerçants du secteur qui pourraient également plier leurs tables extérieures avant l’heure, en raison de difficultés liées à l’itinérance, la sécurité et la toxicomanie.

Page Facebook du bar Le Cocktail : Redirecting...

Chers clients,
c’est avec un certain pincement au cœur que nous envisageons de ne plus ouvrir la terrasse au Cocktail, du moins provisoirement. Il en est de même pour d’autres commerçants avec qui nous en avons discuté cette semaine.

Comme vous le savez, nous avons toujours eu à cœur d’offrir à notre clientèle la meilleure expérience qui soit, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. D’ailleurs nous avons mis beaucoup d’efforts sur l’aménagement du bar et de la terrasse ces dernières années et nous en sommes très fiers.

Cependant la ville de Montréal se montre incapable de fournir un environnement qui soit accueillant, paisible et convivial dans notre voisinage et ce, jour après jour. Malgré nos multiples démarches, l’administration municipale reste insensible aux enjeux qui nous préoccupent, ce qui anéantit tous nos efforts.

Nous espérons sincèrement ne pas avoir à en arriver à cette solution de dernier recours et comptons sur la médiatisation de la situation pour que la ville prenne enfin ses responsabilités afin de rendre le secteur convivial et invitant pour toustes.
Notez que si, malgré tout nous devons fermer la terrasse, nos heures d’ouverture demeureront inchangées
Merci de votre compréhension :smiling_face_with_three_hearts:

Un sentiment partagé par certains citoyens

Dans la foulée de la sortie du bar Le Cocktail sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont précipités pour faire part de leur ressenti personnel, dans la section des commentaires.

«Délabrement total, aucune visibilité policière», déplore un citoyen. «C’est carrément rendu le chaos total dans le Village», assène-t un autre.

Certains Montréalais expriment une réticence à venir se promener dans le Village en raison des problèmes cités qui y sévissent. Plusieurs internautes sont allés jusqu’à taguer directement les compte Facebook de la mairesse Valérie Plante et celui de la Ville de Montréal dans les commentaires, pour que l’appel à l’aide du bar Le Cocktail soit entendu.

«En tant que résident du quartier, j’appuie votre démarche à 100%. L’inaction de la Ville de Montréal est flagrante. Aucun respect pour les résidents et commerçants du quartier. Il faut qu’ils se réveillent. On ne se sent plus en sécurité depuis quelques années et rien n’est fait», a fustigé un internaute.

La Ville déploie «des efforts sans précédent»

La Ville de Montréal indique pour sa part être consciente des problématiques qui touchent cette partie du centre-ville de la métropole. Elle affirme notamment que la présence policière dans le secteur a été renforcée et dit faire tout son possible pour «redresser la situation dans le Village», selon La Presse.

«On est extrêmement sensibles à la vitalité et au climat social dans le secteur du Village et nous mettons des efforts sans précédent en ce moment dans le secteur, avec le SPVM, le CIUSSS et les partenaires du milieu, pour améliorer la situation et le sentiment de sécurité», a soutenu à La Presse, la responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif, Josefina Blanco.

Toujours fermé…

Violence et itinérance dans le Village : « On touche le fond du baril »

Des restaurateurs songent à fermer leurs terrasses, désertées par les clients en raison de la montée de la violence dans le secteur.


Les incidents violents sont de plus en plus nombreux dans le Village, selon des commerçants. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / SAMUEL LEGRESLEY

Julie Roy
Publié à 19 h 14

Des restaurateurs du Village, à Montréal, envisagent sérieusement la possibilité de fermer leurs terrasses, désertées par les clients en raison de la montée de la violence dans le secteur. Ils pressent les autorités municipales d’agir rapidement pour ramener un certain sentiment de sécurité sur cette artère dévisagée par l’itinérance, la délinquance et la toxicomanie.

Le Cocktail est un des nombreux bars de la rue Sainte-Catherine Est, au cœur du Village. Depuis une dizaine d’années, sa terrasse est très fréquentée pour les 5 à 7, avant les spectacles de drag queens ou les soirées karaoké. Mais pas cette année.

Même s’il y a toujours eu de l’itinérance et de la toxicomanie dans ce quartier, le phénomène semble s’aggraver et a des conséquences importantes pour les commerçants.

Cette année, il y a quelque chose qui se passe. C’est pire que jamais, lance Luc Généreux, copropriétaire du bar Le Cocktail. Il remarque que les incidents autour de son commerce sont plus nombreux et plus violents.

« Les gens [dans la rue] sont agressifs avec nos clients, avec notre personnel. Ça rend la situation difficile au point où les gens ne veulent plus venir sur la terrasse. »

— Une citation de Luc Généreux, copropriétaire du bar Le Cocktail

Ils vont quêter avec une certaine insistance, ça peut être violent. Il y a aussi des bagarres entre ces gens-là. Ça n’offre pas un bon spectacle et ça n’a rien de rassurant, poursuit-il.

Au Bar Rocky, la situation devient également de plus en plus difficile à gérer. Là aussi, l’avenir de la terrasse semble incertain.

La mienne, je l’ai montée ce matin, explique le serveur Serge McMahon. Mon boss m’a appelé et m’a dit : “Serge, rempile ça.” Les gens ne viennent plus à cause de la violence dans la rue. Et il y a aussi beaucoup de drogue.


Des commerçants déplorent le manque d’effectifs policiers et le désengagement général envers le Village. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-CLAUDE TALIANA

Une question de coût et de sécurité

Parce qu’elles attirent moins de clients, les coûts d’exploitation des terrasses semblent soudainement trop élevés par rapport aux bénéfices réalisés.

On est rendus à l’étape où on pense que la terrasse nous nuit plus qu’elle nous aide, témoigne Luc Généreux.

Pour l’installer, il y a les coûts de construction, et il faut qu’on loue l’espace. Ce n’est pas gratuit. Il y a des frais assez élevés, dans l’ensemble. On embauche du personnel pour la terrasse et il se plaint qu’il ne fait pas de pourboires parce qu’il n’y a pas de clients. C’est un cercle vicieux.

Pour Régis Menétrey, propriétaire du café La Mie matinale, fermer la terrasse devient carrément une question de sécurité pour ses clients.

« Il y a beaucoup de délinquance, d’agressions verbales, même des gens qui viennent voler dans les assiettes des clients. C’est terrible. »

— Une citation de Régis Menétrey, propriétaire du café La Mie matinale

En 25 ans, il n’a jamais vu une telle situation dans le Village.

Ça devient rock and roll, dit-il. Habituellement, il y a un peu de délinquance, mais là, c’est pire que pire. On touche le fond du baril. Tous les jours, je ramasse cinq ou six seringues derrière. Ils viennent faire leurs besoins derrière la porte du magasin. C’est quelque chose.


Le SPVM sur les lieux d’un crime rue Saint-Catherine à l’intersection Beaudry. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / BENOÎT GAGNON

Un plan attendu

Luc Généreux est catégorique : si la Ville ne réagit pas dans les prochains jours, il cessera d’exploiter sa terrasse.

Notre première ligne à nous, c’est la Ville. S’il faut qu’elle aille chercher des ressources au provincial, qu’elle y aille. Mais qu’elle arrête de juste dire qu’elle va le faire. Ça fait des années et des années que ça dure, insiste M. Généreux.

J’aimerais ça que Valérie Plante vienne prendre un verre sur ma terrasse incognito, qu’on ne la reconnaisse pas, et qu’après elle vienne me faire un compte rendu de son expérience client.

Tout comme M. Généreux, Serge McMahon déplore le manque d’effectifs policiers et le désengagement général envers le Village.

Josefina Blanco, conseillère municipale et responsable du dossier de l’itinérance au comité exécutif, assure que la Ville prend la situation très au sérieux et travaille fort pour y remédier. Malgré les effectifs augmentés de la police dans le secteur et la présence de ressources communautaires, elle reconnaît que ce travail prendra du temps et des efforts soutenus.

« Oui, il y a des efforts qui sont déployés spécifiquement pour ce secteur. Mais on entend les commerçants et on va aller à leur rencontre pour voir s’il y a d’autres pistes de solution qu’on peut mettre en œuvre […], pour voir si on peut intensifier ou ajuster certaines actions. »

— Une citation de Josefina Blanco, conseillère municipale et responsable du dossier de l’itinérance au conseil exécutif

La Ville déposera sa stratégie globale pour le Village cette semaine. Ce plan est attendu impatiemment par les commerçants du secteur, par les groupes communautaires et par la députée locale Manon Massé.


Selon la Ville, une quarantaine de ressources policières supplémentaires ont été ajoutées dans le secteur. (Photo d’archives)
PHOTO : RADIO-CANADA / STÉPHANE GRÉGOIRE

Je comprends les gens et les restaurateurs de se demander comment ils peuvent se protéger. J’invite la Ville de Montréal à déposer son plan le plus rapidement possible. On va travailler main dans la main avec elle là-dessus, a indiqué la députée de Québec solidaire.

Elle avait également un message pour Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux.

J’invite M. Carmant à faire descendre l’argent qu’on lui demande depuis des mois pour ouvrir une ressource où les gens vont pouvoir aller se déposer dans la journée. Il n’y a plus de centre de jour. Ça prend ça. Ça prend des travailleurs de rue, affirme-t-elle.

La sécurité, c’est fondamental, et je ne veux pas accepter que la solution soit qu’on ferme les commerces.

Avec les informations de Kim Vermette, de Gabrielle Proulx et de Xavier Savard-Fournier

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1989213/violence-itinerance-village-montreal-commercant-terrasse

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