Revitalisation du Village

Je ne peux pas parler pour la portion Saint-Laurent-Berri, mais le Village n’est pas vide le soir… Je vis près d’Atateken et Sainte-Catherine et c’est assez vivant à toute heure.

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Autre coup dur pour le Village : le bistro Le Passé Composé quitte le quartier

La détérioration de la situation au centre-ville de Montréal a raison d’un autre commerce bien connu du Village.

Le bar du bistro Le Passé Composé.
Excédée par la « décadence sans précédent » du quartier Ville-Marie, la direction du bistro Le Passé Composé, situé sur le boulevard De Maisonneuve Est, ferme ses portes.
PHOTO : GOOGLE

Stéphane Bordeleau
Publié à 10 h 58 HNE

Excédée par la « décadence sans précédent » du quartier Ville-Marie, la direction du bistro du boulevard De Maisonneuve Est, Le Passé Composé, ferme ses portes, le temps de se relocaliser dans un quartier plus calme et « favorable » à ses opérations.

Dans un long message publié jeudi sur son compte Facebook, la direction de l’établissement jette l’éponge.

Par souci de sécurité pour nos employés et nos clients, à la suite de nombreux événements (feu, vol, vandalisme, présence de seringues et d’excréments humains sur notre terrasse à chaque nouvelle journée, utilisation de nos installations comme campement de fortune et harcèlement physique d’employés et de clients) nous devons suspendre nos opérations de façon temporaire et les déplacer dans un autre secteur, écrit la direction du restaurant.

Nous avons cohabité plus de 7 ans et sommes très conscients et volontaires à aider dans un quartier où la pauvreté bat son plein, mais l’absence de ressources et le déni des autorités de la ville empêchent les commerçants de trouver un équilibre viable.

— Extrait du message publié sur Facebook par la direction du bistro Le Passé Composé

La situation économique n’aide pas

Le quartier Ville-Marie est en proie à une décadence sans précédent, ce qui nous empêche d’investir à cet endroit afin de contrer la désuétude de notre local.

De plus, la flambée du prix des loyers, des salaires et des aliments rend les marges bénéficiaires inexistantes, souligne la direction du restaurant qui doit fermer complètement ses portes afin de pouvoir déménager ailleurs.

L’investissement obligatoire pour continuer temporairement à opérer dans notre local actuel pourrait compromettre l’investissement nécessaire pour nos nouvelles installations, explique-t-on.

Le départ de ce bistro populaire du Village n’est qu’un autre épisode de l’exode des commerçants du quartier autrefois réputé pour son accueil et sa vie nocturne.

La clientèle déserte

Un phénomène illustré notamment par la fermeture en juin 2023 du magasin Archambault, à l’angle des rues Sainte-Catherine Est et Berri, qui avait pignon sur rue depuis 1930. Avec les années, ce secteur de la Ville de Montréal est devenu un laboratoire de mixité urbaine, et n’est plus en mesure de générer un achalandage suffisant , évoquait alors la direction de l’entreprise.

L'immeuble de six étages en pierre grise au coin d'une intersection.
La maison mère des magasins Archambault à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine Est a ouvert ses portes en 1930. Elle est aujourd’hui fermée.
PHOTO : FACEBOOK/ARCHAMBAULT

Plusieurs restaurateurs du secteur affirmaient quant à eux envisager sérieusement de fermer leur terrasse l’été dernier en raison de la montée de l’insécurité dans le secteur. Pourtant reconnue pour l’achalandage de ses terrasses, la rue Sainte-Catherine qui est piétonnière tout l’été, a attiré moins de clients l’été dernier. La rue étant devenue un point de convergence pour les itinérants, les toxicomanes et les personnes en crise.

Alors que les vitrines vides se multiplient, tous les yeux sont tournés vers l’administration municipale qu’on accuse de ne pas en faire assez pour sécuriser le quartier.

En juin, la mairesse Valérie Plante avant pourtant présenté une Stratégie d’intervention collective pour le Village, composée d’une série de mesures pour sécuriser les rues et les parcs du quartier et protéger sa vocation résidentielle et touristique. Mais le problème, qui touche de nombreuses villes au pays, est complexe et les résultats se font attendre.

Le quartier va mal… Nous, on le dit depuis le début de la pandémie. C’est un quartier qui vit de nuit, donc quand tout est arrêté du jour au lendemain pendant la pandémie, ça a fait mal dans ce quartier-là, a expliqué au micro de l’émission Tout un matin Gabrielle Rondy, directrice générale de la Société de développement commercial (SDC) du Village.

Un cadenas sur une porte.
L’été dernier, le taux de locaux commerciaux vacants sur l’ensemble de la rue Sainte-Catherine était de 18,2 %, un sommet. Sur Sainte-Catherine Est, il était de plus de 21,5 %.
PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Ça fait des années qu’on le dit que le Village a besoin d’aide. […] Il y a des enjeux de cohabitation importants, il y a beaucoup d’organismes communautaires dans le secteur, il y a beaucoup de personnes marginalisées.

— Gabrielle Rondy, directrice générale de la Société de développement commercial du Village

La principale difficulté, explique Mme Rondy, est la fluidité de la situation dans la mesure où il est question d’êtres humains qui se déplacent au fil des heures et des jours. Un jour, ils vont être dans un parc, dans une entrée de commerce, dans une autre entrée, dans un autre quartier le lendemain.

Les commerçants trouvent ça difficile, les clients aussi trouvent ça difficile. On le voit, la Ville fait un effort, mais est-ce que c’est suffisant? Il faut en faire plus et il faut que le gouvernement du Québec en fasse plus. […] Il faut le protéger, il est important le Village.

Pour améliorer la situation, Gabrielle Rondy estime qu’il faut davantage de ressources déployées directement sur le terrain comme la brigade EMMIS dont les intervenants n’étaient que deux l’été dernier pour couvrir tout le Village et le Quartier latin.

Selon Mme Rondy, il faut plus de brigades policières mixtes incorporant des travailleurs sociaux, plus d’infirmières, plus d’intervenants de rue, etc.

En ce qui a trait à la fermeture du bistro Le Passé Composé, Gabrielle Rondy s’est dite surprise d’apprendre son déménagement. Elle précise par ailleurs que même si le commerce n’est pas situé dans le secteur desservi par sa SDC, son organisme demeure toujours ouvert aux demandes d’aide et d’information des commerces du secteur, qu’ils soient membres ou non de la SDC.

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Éditorial de Brian Myles dans Le Devoir

Dans l’est du centre-ville, la décadence l’emporte sur la relance

Brian Myles
15 h 00
ÉDITORIAL
Éditoriaux

La glissade se poursuit dans l’est du centre-ville de Montréal, un quartier affligé de tous les maux : itinérance, dépendance, violence et incivilités. N’en pouvant juste plus, le restaurant Le Passé composé, rue de Maisonneuve, a décidé de relocaliser ses activités hors du Village gai. C’est une autre tuile sur un quartier en manque de bonnes nouvelles, malgré l’annonce vendredi du redéveloppement de l’îlot Voyageur.

À l’instar de nombreux commerçants et citoyens qui ont exprimé leur désespoir ces dernières années, les propriétaires du resto y sont allés d’un message tout en nuances, se disant « conscients et volontaires à aider dans un quartier où la pauvreté bat son plein ». Les citoyens de Milton-Parc, qui avaient dénoncé à l’Ombudsman de la Ville de Montréal les conditions de vie déplorables des autochtones en situation d’itinérance, étaient de la même ligne de pensée.

Nous sommes loin de la caricature du « pas dans ma cour » que dépeignent à tort certains organismes communautaires pour balayer sous le tapis toute remise en question.

Mais voilà que Le Passé composé en a soupé de l’addition des problèmes : feu, vol, vandalisme, présence de seringues et d’excréments sur sa terrasse, utilisation de ses installations comme campement de fortune, harcèlement de ses employés et de sa clientèle. La décision de rompre les ponts avec le quartier relève d’un enjeu mixte de sécurité et de continuité des affaires. Le constat est sans appel pour le restaurateur apprécié des citoyens. Le quartier Ville-Marie est en proie à « une décadence sans précédent ».

Le manque de ressources et le « déni des autorités de la Ville » empêchent les commerçants de se projeter dans l’avenir du quartier avec confiance. La flambée des prix et la désuétude des installations ont aussi joué dans la décision, mais le thème de la « décadence » du quartier — visible et ressentie de tous — joue pour beaucoup dans le déménagement, comme ce fut le cas pour la fermeture de l’emblématique succursale d’Archambault à l’angle de Berri et Sainte-Catherine.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dévoilé en juin dernier un plan pour ramener la paix dans le Village. L’augmentation de la surveillance policière, l’ajout de brigades propreté, la disponibilité accrue de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale, le réaménagement urbain et l’animation font partie de la panoplie de mesures mises en place. Les tensions sont toujours vives, et les progrès sont peu significatifs.

Nous réitérons qu’il est temps de déclarer l’état d’urgence sanitaire dans ce quartier et de décriminaliser la consommation de drogue, une mesure parmi d’autres pour freiner l’inexorable glissade de l’est du centre-ville. Nous avons affaire à une crise de santé publique. Dans un quadrilatère assez circonscrit se concentrent des phénomènes préoccupants : itinérance, détresse psychologique, consommation de drogue à ciel ouvert, petite criminalité et insécurité. L’addition de ces facteurs de risque expose le quartier à une irrémédiable paupérisation.

Il y a encore de l’espoir, des initiatives de développement à venir et une communauté qui croit à la relance de l’est du centre-ville. L’ennui, c’est qu’aucun des acteurs en présence, parmi les milieux d’affaires, politiques et institutionnels, n’a l’ensemble des pouvoirs et des ressources à sa disposition pour accomplir ce miracle. Et aucun n’a l’ascendant, en termes de leadership, pour fédérer l’ensemble des acteurs autour d’une relance durable. Ce rôle devrait échoir tout naturellement à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, mais celle-ci n’a pas donné l’impression d’avoir cette aptitude au rassemblement dans ce dossier. Défaitisme et isolement sont les termes qui viennent à l’esprit.

Vendredi, l’administration Plante a fait un pas attendu de longue date pour la revitalisation de l’îlot Voyageur Sud (Berri et de Maisonneuve), en décrépitude depuis 10 ans. La Ville lance un appel d’offres pour un projet de 700 unités de logement, avec 20 % de logements sociaux et abordables, une offre commerciale et communautaire. Il s’agira d’un test sur la célérité de l’administration Plante et sur l’efficacité de son Règlement pour une métropole mixte, qui suscite l’interrogation même chez les promoteurs animés d’un sens de responsabilité sociale.

La sélection du soumissionnaire aura lieu à l’automne, et les travaux devraient débuter à l’été 2025. Entre le cafouillage entourant le projet initial (piloté à l’époque par l’UQAM) et la première pelletée de terre, il aura fallu patienter 20 longues années. À sa décharge, la Ville n’a pris possession du site qu’en 2019.

Dans l’ensemble de l’oeuvre, c’est un puissant rappel de la lenteur des administrations publiques en général dans la livraison des grands projets. Voie réservée sur Pie-IX, prolongement du métro, tramway à Québec, agrandissement du Musée d’art contemporain, redéveloppement de l’Institut des Sourdes-Muettes : autant d’exemples de lourdeurs et de réalisations laborieuses. Sauf que l’est du centre-ville n’a pas le luxe du temps pour freiner la glissade.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

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Voilà l’essentiel de ce que je retiens non seulement de cet éditorial mais de la situation en général. Notre incapacité à faire aboutir des projets, parfois assez simple, mine notre confiance dans les autorités publiques et nous pousse à prendre nos distance face à la collectivité afin d’agir de façon plus individuelle et, malheureusement, égoïste. Et c’est ainsi qu’une rue, un quartier, une ville ou une société s’effrite, peu à peu, dans la quasi indifférence.

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Robert Beaudry conservera ses fonctions comme responsable de l’urbanisme et de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), mais se voit confier le dossier de l’itinérance. L’élu du district de Saint-Jacques, dans Ville-Marie, connaît bien cet enjeu puisqu’avant de se lancer en politique, il avait dirigé l’organisme du PAS de la rue. « Il sera à même de pouvoir mobiliser l’ensemble des partenaires et appliquer des solutions concrètes à un enjeu qui est fort complexe », a commenté Valérie Plante.

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Scarlet, pourquoi ne pas avoir inclus le secteur de l’îlot des voyageurs dans sa totalité ainsi que que la totalité de celui de BAnQ? Ne sont-ils ils pas des projets majeurs dans le cœur culturel et institutionnel du Village?

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Pour moi le Village se trouve dans le quadrilatère des rues Papineau,René-Lévesque,Saint-Hubert et Ontario. Tous se qui a autours, c’est le Centre-Ville (Ville-Marie). Les stations Papineau et Berri-UQAM, pour moi, ne se trouve pas dans le Village, mais plus aux frontières de celui-ci. Beaudry EST la station du Village. La Grande Bibliothèque et la Gare d’autocars se trouve dans Ville-Marie.

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La Ville de Montréal planifie le réaménagement complet de la rue Sainte-Catherine Est entre Berri et De Lorimier (appel d’offres 24-20322).

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Dommage que l’espace est encore fermée et clôturée


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Oui vraiment dommage. On m’avait pourtant dit que c’était seulement temporaire.

https://www.seao.ca/OpportunityPublication/ConsulterAvis/Recherche?ItemId=b417c149-085e-41f6-b6ae-ffa3f1779346&callingPage=2&searchId=453b8a60-17c5-4d9a-9029-b114009ea240&VPos=400

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Pascal, je ne vois pas le lien des gens vivant au centre-ville (Ville-Marie) avec le Parc, BAnQ, UQUÀM, Îlot des Voyageurs. Donc cette limite de la rue St-Hubert est purement administrative et un simple vue de l’esprit. En effet ce sont principalement les gens du village qui utilisent le parc et de très nombreux résidents du Village utilisent également BAnQ, UQUÀM et ceux qui vivront dans l’îlot des Voyageurs seront des utilisateurs importants des services du village. Ce serait donc une limite plus « organique », moins administrative et plus humaine que d’élargir légèrement cette zone dans le projet de mise en valeur. Ce sont des atouts majeurs.

Moi je le vois comme suit:

Village: Saint-Hubert à De Lorimier, René-Lévesque à Maisonneuve
Quartier Latin: Saint-Laurent à Saint-Hubert, René-Lévesque à Sherbrooke
Quartier des Spectacles: Bleury à Saint-Laurent, René-Lévesque à Sherbrooke.
Faubourgs: Saint-Denis à Papineau, Saint-Antoine à René-Lévesque

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Donc vous incluez le parc Émilie Gamelin au Quartier Latin. C’est pas la clientèle que je vois là?
Pourquoi ne pas se rendre à Berri. La réfection de la rue Ste Catherine va inclure ce tronçon. En été ce serait d’autant plus important de fermer complètement et non partiellement ce tronçon devant le Parc et de l’aménager en conséquence comme le reste de SteCatherine. C’est ce que j’appelle un lien organique.
Les limites proposées sont un peu carrées et ne reflètent pas la réalité.
Dire que les habitations Jeanne Manche font partie du Quartier latin, c’est ce que j’appelle un peu carré. Même les étudiants du Cégep n’y pénètrent pas.

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Avec ce genre d’interprétation, les Habitations Jeanne-Mance ne font partie de rien…

Les installations sportives sont utilisées par plusieurs cours.

Nous pensons que les limites exactes sont les mêmes que quand ils y avait les boules multicolores qui commençaient à Papineau et finissaient à Saint-Hubert. Encore aujourd’hui, la plupart des commerces “pour les homosexuel(le)s” comme des bars gais, des sauna gais, des magasins de vêtements et d’accessoires fétiches gais se trouvent dans la quadrilatères des rues Papineau, De Maisonneuve, Saint-Hubert et René-Lévesque. Les parcs Émilie-Gamelin (Berri) et Emmett-Johns (Papineau) n’ont PAS du tout la même ambiance. Ils n’y a aucun décors festifs (Drapeaux arc-en-ciel, les petites images colorées sur les lampadaires) comme qu’on a sur Sainte-Catherine, alors que l’édicule de la station Beaudry et le parc Serge-Garand derrière l’édicule sont décorés avec les couleurs de l’arc-en-ciel et des œuvres d’art créées par la communauté gai et autochtones.

En effet, les habitations Jeanne Mance ne sont n’y du quartier latin ni du centre ville. C’est un petit ghetto.
Par ailleurs en ce qui concerne le parc ÉmilieGamelin, il est vraiment du style Village et c’est pas les boules, d’ailleurs spectaculaires de ce grand et regretté architecte du paysage Claude Cormier, qui en fixent la limite. Il s’étend même jusqu’à Ontario. Claude, si la ville l’avait autorisé, aurait probablement installé ses boules jusqu’à Berri.
Excellente discussion, mais je ne suis pas à l’aise quand on délimite un quartier ou sous quartier par des frontières basées sur des objets.

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