Je trouve quand même que les gens ont beaucoup plus tendance à critiquer des aménagements qui mettent la vie des gens en danger parce qu’ils sont dangereux (manque de visibilité, étroitesse, vitesse du trafic, etc…), pas pour justifier des comportements illégaux. Ou sinon, il y a des cas spécifiques, par exemple l’absence d’une traverse piétonne qui force une personne âgée à traverser au mauvais endroit, parce qu’elle n’est pas capable de marcher très loin.
Dans tous les cas, je pense quand même qu’il faut relativiser les cas de délinquances. La responsabilité en voiture est tout simplement plus grande. C’est le seul véhicule qui blesse et tue de manière systématique, ça aussi c’est un fait, et pourquoi c’est la cible des plus grandes critiques.
Ça n’excuse pas les autres cas de délinquance et on doit toujours les dénoncer, c’est simplement une question de cibler ce qui cause le plus de problème : le fruit le plus bas dans l’arbre, et celui qui fait le plus de drames. Tu as complètement raison que ce sont les mêmes gens, peu importe le moyen de transport. Je pense que c’est quelque chose qu’on oublie souvent. Idéalement, sensibiliser une “catégorie” de déplacement devrait avoir un effet sur les autres.
Dans tous ces cas oui, je suis d’accord qu’il faut regarder le comportement des gens et adapter les aménagements en conséquence. Je crois cependant que pour les livraisons, on ne se bute pas à la réalité immuable, on se bute à des mauvaises habitudes en général (il y a bien entendu des aménagements problématiques).
Dans ton exemple du déménageur, ça devrait tout simplement être la norme de sortir des petits cones oranges et faire un détour pour la piste cyclable. Et s’assurer de ne pas bloquer le trottoir avec sa rampe. C’est le gros bon sens : assurer la sécurité de tout le monde. Certains déménageurs ou livreurs le font déjà! C’est juste une question de faire attention aux autres. Si l’espace est utilisé par une piste cyclable, ce n’est pas un usage dogmatique : je pense qu’on est passé le point où l’on peut considérer ces aménagements comme inutiles ou vides. Ce n’est pas moins important que les livraisons ou les déménagements. C’est une question de choix ou quelqu’un sera toujours lésé en bout de ligne.
Si les livreurs ne sont pas capables d’utiliser le stationnement lorsqu’il est disponible directement sur la rue et adoptent un comportement nuisible (on parle des cyclistes ici, mais les automobilistes sont probablement les premiers à en souffrir en général), c’est vraiment signe qu’il y a des habitudes à changer.
C’est possible que Griffintown manque objectivement d’espace pour la livraison, plusieurs personnes ici ont avancé l’idée. Je ne pense pas qu’une rue qui ne fait aucun espace cet usage est spécifiquement le problème. On peut avoir des rues aux trottoirs larges. Même une rue au complet. Tant que les besoins sont calculés pour le secteur. Les larges trottoirs sont moins ton style et c’est légitime, mais personnellement je vois surtout l’aménagement qu’il y aura par la suite dans tout cet espace. Partout dans le Plateau où des trottoirs sont aussi larges, c’est pour installer du mobilier urbain et des plantations. Des mini places publiques, comme sur Fairmount, Saint-Viateur. Ces endroits sont utilisés et dans l’ADN de la façon de vivre le quartier. Griffintown est plus dense que le Plateau, sa population devrait être parfaitement capable d’occuper le domaine public. Surtout que les gens ont moins d’espace personnel.
À mon avis, pouvoir avoir une rue dynamique et occupée, favorisant les foules et les rencontres, est assez fondamental au succès de Griffintown, c’est ce qui diffère un quartier durable plutôt qu’un quartier de passage. C’est beaucoup lié à l’attachement et l’identité d’un quartier dense.
Bref, c’est juste mon regard différent sur la chose. L’importance d’un aménagement est dans l’oeil de celui qui le regarde
Oui c’était une exagération de dire qu’il y a juste 3 rues sans espace pour s’arrêter ! Mais bon à l’échelle montréalaise je crois quand même que c’est un très faible pourcentage. Dans certaines villes, c’est la réalité de la majorité des routes (ou ça à l’air de ça), peut-être qu’on devrait se demander pourquoi ça fonctionne ailleurs. On a beau avoir des idées différentes sur l’aménagement, celui-ci ne semble pas poser un problème quand les livraisons sont simplement gérées différemment. Sûrement une piste à explorer.