Mais c’est déjà le cas? Ce sont des livreurs, pas des circuits d’autobus rectilignes. Sur une rue comme Des Pins, ils ont beaucoup plus d’adresses à desservir sur les rues nord-sud perpendiculaires, de toute façon, et celles-ci sont quadrillées par les livreurs. Une rue comme Des Pins n’a pas la place anyway pour des espaces d’arrêt, sauf si on accepte un trottoir et une piste complètement inadéquats, ce qui serait la vraie absurdité en termes accidentogènes.
Avoir des zones d’arrêt sur les rues perpendiculaires, c’est assez banal et ça existe depuis longtemps. Ce n’est pas systématiquement un problème, et c’est une nécessité dans de nombreux cas, quand les rues sont simplement trop étroites, ou franchement qu’on veut un aménagement urbain plus intéressant à certains endroits.
Je ne dis pas que certains secteurs ne sont pas problématiques. Griffintown, par exemple, a beaucoup d’usages qui se pilent sur les pieds. C’est certain que ça peut créer un conflit. Je ne suis pas d’accord de systématiquement sacrifier le comfort des piétons, les zones de rencontre ou le verdissement, parce que ces choses sont essentielles à la qualité de vie dans une densité importante (et si on veut vendre la densité, faut vraiment améliorer sa perception), mais faut penser à l’ensemble. Cependant, c’est irréaliste et même indésirable d’avoir une zone d’arrêt devant chacune des adresses, en général. Il faut être capable d’avoir la flexibilité de faire autrement à certains endroits. Ça se fait déjà historiquement à certains endroits à Montréal, et c’est le concept de nombreuses villes à travers le monde. Si des mégapoles peuvent fermer des quartiers entiers aux véhicules, on peut bien stationner 20 mètres plus loin à Montréal.
On a surtout un problème de culture je crois. Même sur une artère ordinaire avec du stationnement, combien de fois sur la rue on va voir un véhicule en double fil, en arrêt, alors qu’il y a du stationnement 10 mètres plus loin? Tout le temps. C’est simplement une mentalité de disponibilité extrême d’espace automobile qui prend préséance.
Qu’on trouve que l’aménagement soit le problème ou non c’est tout un débat, mais oui on devrait toujours s’offusquer de comportements dangereux illégaux. En bout de ligne, ça reste le choix du conducteur de créer une situation potentiellement dangereuse, par un acte interdit. Les aménagements existent pour diminuer les accidents et ceux-ci doivent être jugés sur cela, mais ça n’excuse jamais un comportement conscient et délibéré. Je trouve les lumières vraiment trop longues à Laval, je ne vais pas brûler la rouge pour ça pour ensuite blâmer le maire.
De toute façon, on est supposé avoir une réflexion sur les livraisons en ville. Le modèle actuel est un problème, qu’on considère nos 3 rues pas d’arrêt dans l’équation ou non. On est supposé encourager des véhicules plus petits et moins invasif pour le dernier mile. Ce n’est que bénéfique pour tout le monde, et ça réduirait pas mal la taille des véhicules à accommoder dans les aménagements.