« Chaucidou » à Bromont: Des autos dans les deux sens… dans la même voie
IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA VILLE DE BROMONT
Sur cette route de Norwich, en Angleterre, une seule voie centrale est partagée par les voitures et deux autres voies, sur les côtés, sont pour les vélos.
Une seule voie sera partagée par des véhicules circulant dans les deux sens, cet été, à Bromont. D’abord bloqué par le ministère des Transports, le projet pilote de « chaucidou » sur une portion d’un chemin municipal a obtenu le feu vert de Québec, a appris La Presse. Mais quels sont les promesses et périls de la « chaussée à circulation douce » ?
Que se passe-t-il ?
Le premier « chaucidou » québécois, un aménagement visant à apaiser la circulation, pourra voir le jour à Bromont, en Estrie, cet été. Ce « projet pilote relatif à la circulation sur les chemins publics composés d’une chaussée à voie centrale bidirectionnelle » entrera en vigueur à la fin du mois, indique l’arrêté signé par la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault. Ce projet pilote « rejoint la volonté du gouvernement de voir des solutions innovantes se multiplier rapidement à travers le Québec pour faciliter le développement responsable de la mobilité », a indiqué le cabinet de la ministre Guilbault par écrit.
Qu’est-ce qu’un chaucidou ?
IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE LA VILLE DE BROMONT
De nombreuses municipalités ont déjà un « chaucidou », notamment en France et aux États-Unis.
C’est une contraction de l’expression « chaussée à circulation douce ». D’autres termes, dont voie centrale banalisée et voies cyclables facultatives, sont aussi utilisés. L’arrêté ministériel québécois parle de « voie centrale bidirectionnelle ». « Le principe […] est assez simple et logique : il y a une seule voie centrale pour les voitures, deux autres sur les côtés pour les vélos », résume la municipalité de Bromont dans sa documentation. « Quand deux voitures se croisent, elles peuvent se déporter sur la voie des vélos. S’il y a déjà un vélo sur la voie, c’est lui qui est prioritaire sur la voiture. »
Voyez la vidéo de la Ville de Bromont
Pourquoi Québec avait-il bloqué le projet l’été dernier ?
Même s’il s’agit d’un chemin municipal, le ministère des Transports « doit être impliqué dans tous les projets pilotes qui visent à tester de nouveaux dispositifs. C’est sous sa responsabilité, selon le Code de la sécurité routière », nous avait expliqué la porte-parole du ministère des Transports pour l’Estrie, Isabelle Dorais, en août dernier. Pour autoriser de nouvelles règles de circulation, il faut un « arrêté ministériel qui doit être publié en amont de la réalisation ». Le Ministère ayant « juridiction en tout ce qui a trait au code de la sécurité routière », cela inclut aussi la signalisation.
IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE BROMONT
L’aménagement sera réalisé sur une portion du chemin Lotbinière, à Bromont.
Quel est le but de ce chaucidou ?
L’aménagement réalisé sur une portion du chemin Lotbinière, où la vitesse doit être réduite de 70 km/h à 50 km/h, « aura comme objectif le ralentissement de la circulation et le partage de la route entre les différents usagers », a résumé la municipalité. Bromont, qui avait prévu un budget d’environ 20 000 $ pour le projet, s’est entouré de divers experts, dont des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et de Polytechnique Montréal. Nombre de données devront aussi être transmises au Ministère, notamment sur les relevés de vitesse, le débit de véhicules, les enjeux, les incidents, les plaintes et les commentaires.
Est-ce dangereux ?
De nombreuses municipalités ont déjà un chaucidou, notamment en France et aux États-Unis. La Ville d’Ottawa avait aussi jugé son projet pilote de « voies cyclables facultatives » concluant en 2019. « L’évaluation […] a clairement indiqué les avantages de ces voies pour la sécurité à vélo, entre autres que les automobilistes s’écartent plus des cyclistes lorsqu’ils les dépassent, et que les cyclistes se tiennent plus éloignés des voitures stationnées », nous a précisé la municipalité ontarienne par courriel. « Nous suivrons de près les conclusions [du projet de Bromont] pour mieux comprendre si cette solution rencontre nos objectifs en matière de sécurité routière », a indiqué le cabinet de la ministre Guilbault.