Ça me semble deux problèmes séparés, ils peuvent être individuellement valides, mais ils ne sont pas nécessairement en relation.
Une piste cyclable est assez banale (en termes de réalisation) comme infrastructure. Un arrondissement peut simplement décider de la faire, pour le bonheur ou non des résidents. Pour prévoir et bâtir un quartier, il y a des règles et des étapes beaucoup plus complexes.
Posséder un terrain n’est pas la chose difficile pour faire lever un projet. C’est de changer le zonage, passer les consultations obligatoires, planifier l’ensemble immobilier et trouver les partenaires ainsi que le financement pour construire les édifices, et lancer le tout.
Ça rend les deux exercices difficiles à comparer.
Maintenant, il est possible que les étapes soient trop lentes pour l’un (on sait que c’est trop long à Montréal pour tous les projets immobiliers), et qu’il y a un manque de communication/etc pour l’autre.
Ce n’est pas une piste particulièrement aimée ou aux standards actuels non plus. C’est un aménagement d’une autre époque, et c’est la raison pourquoi on fait les choses différemment de nos jours. Mais refaire au complet une artère du centre-ville pour cette déficience, je ne crois pas que ce soit réaliste.
Personnellement, je ne connais pas du tout ce secteur ni les pistes dont on parle, alors faut prendre mon opinion d’une façon générique:
Je pense que les piste unidirectionnelles sont le moyen à utiliser pour créer un réseau structurant. Ça doit être la colonne vertébrale d’un bon réseau.
Tous les Montréalais doivent avoir accès à un transport actif performant et sécuritaire, comme pour le TEC. Ce sont souvent des quartiers pauvres qui sont les plus déficients dans ce sens, par ailleurs. Et il n’y a pas de raison que ces quartiers ne puissent pas fonctionner comme le Plateau Mont-Royal en termes de mobilité. Ces endroits sont denses et assez centraux.
Une bonne part de la résistance vient du fait qu’un changement est aussi très difficile à effectuer. Lorsqu’on a passé sa vie avec une dépendance à l’automobile, elle est très ancrée dans nos habitudes, autant à un niveau pratique qu’idéologique, et le statuquo prend préséance sur le changement, même s’il mène peut-être à un mieux (parce que je pense que la diminution de la dépendance à l’auto est essentiellement un mieux). C’est humain et compréhensible. Souvent, on parle d’une très longue évolution pour changer les habitudes d’un milieu, et cela mène inévitablement à des frictions réelles. Ça prend du monde comme Ferrandez pour foncer pareil.
Un part aussi des problèmes de communication tient du fait que plusieurs refusent de se renseigner sur ce qui se passe au niveau municipal. Quand les gens ne vont même pas voter, je ne pense pas que beaucoup sont intéressés à lire les infolettres, les procès-verbaux des mairies, ou même une affiche de la ville sur la porte principale de leur édifice.
De surcroit, l’opinion des gens sans voiture est généralement discrète dans le débat, même s’ils peuvent représenter la moitié des ménages à plusieurs endroits.
Ceci étant dit, je ne connais pas le secteur mentionné plus haut. Je ne pense pas que des pistes unidirectionnelles soient nécessaires partout. Elles doivent être dans un esprit de structurer les grands axes cyclistes ou des secteurs plus dangereux/achalandés. Est-ce que les citoyens de Saint-Michel auraient ces axes structurants quand même avec un projet cyclable plus modeste, ou des pistes structurantes mieux positionnées? C’est à d’autres de répondre à ces questions. Je crois qu’elles doivent exister cependant, d’une façon ou d’une autre. Faire du vélo devrait être aussi simple dans Saint-Michel quand sur le Plateau, et on voit dans le Plateau que quand c’est agréable, ça fonctionne, ça devient aussi fondamental à nos vies que la voiture, plus pour plusieurs.