Bon, il n’y a pas seulement les chiffres qui sont malhonnêtes, la formulation de l’article fait passer les maudits “cyclisses” au cash, sans rien remettre en question, sans bien mettre les choses en perspective. La journaliste essaie de faire des “pour” et des “contre”, en prenant bien soin d’être contre dans son ton pour pas que ça ne paresse trop. Tout l’article est basé sur le fait que toutes les pistes cyclables doivent être autant achalandées que des artères pleines quand les gens vont travailler les matins de semaine.
Hors, nous avons accepté que le seul moyen de ralentir et modérer le trafic d’automobiles est de les faire arrêter aux intersections, ce qui crée des accumulations presque en permanence. Le vélo, en contrepartie, est beaucoup plus fluide et agile; il peut seulement ajuster sa vitesse, ce qui fait que dans les rues comme Benett, il n’y a pas vraiment d’accumulations de cyclistes aux coins de rues comme on peut voir sur de plus grosses intersections.
Aussi, une accumulation de cyclistes à une lumière rouge, ce n’est pas autant visible qu’une file de voiture parce que le cycliste prend à peine plus de place qu’un piéton. Rares sont les occasions où les cyclistes doivent attendre deux cycles de lumières pour vider une intersection au complet. Pour un automobiliste qui est pogné dans un ralentissement, la piste sans cycliste peut sembler vide parce que les cyclistes qui ont emprunté la rue en même temps que lui sont déjà partis depuis longtemps.
Il y a aussi les voyages de transit. Le vélo, étant un moyen de transport pour des plus courtes distances, comme la marche, est moins propice à de longs transits sur les rues (à part moi qui fait du vélo-camping), et ça peut donner une impression que moins de cyclistes utilisent de vélo comme mode de transport. Ça fait aussi que les trajets en auto ont tendance à utiliser plus de segments de rues par trajet que quelqu’un en mobilité active.
Pourtant, il y a toujours des automobiles stationnées partout dans la ville!? Je me demande si certains équivalent pas voitures stationnées et utilisation de la rue.
Tout ça culmine dans l’effet de réseau qui induit une demande avec la connexion de pistes sécuritaires ET des origines et des destinations souhaitables. Dans la version vidéo, elle montre une clip d’un professeur d’activité physique de l’UQAM qui dit que les pistes cyclables ne devraient pas être sur les grandes rues où il y a plusieurs destinations… C’est comme si la journaliste avait cherché le premier “expert” qui lui dit ce qu’elle voulait entendre. Le pauvre va peut-être recevoir des lettres de bêtises alors que ce n’est clairement pas son domaine.
L’effet de réseau et la demande induite est un phénomène observable pour tous les transports. Le problème avec le réseau routier pour les voitures personnelles, c’est qu’il n’a pas de limites. Il y a des études qui avaient été relatées par GCN qui montrait que plus, on agrandissait le réseau de route, supposément pour raccourcir le temps de trajet des gens, plus les gens voyageaient longtemps en voiture. Ironiquement, tout le contraire de ce qui arrive avec les pistes cyclables. Donc, si on cherche à éliminer le trafic automobile en ville, j’ai des solutions ! La ville a une bonne expertise en réseau déconnecté, de mauvaise qualité et insécurisant /s.
Sans blague, on pourrait tapisser l’agence QMI avec mon message et la journaliste aurait quand même pris la petite phrase qui fait son affaire.