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LE REM : EN AVEZ-VOUS POUR VOTRE ARGENT?
Le gaz coûte cher. La commodité aussi.
par PIER-LUC OUELLET
07 février 2024
Le REM a fait beaucoup de bruit (au sens littéral comme au sens figuré) depuis sa mise en service, le 31 juillet dernier. Ce train léger relie pour le moment le centre-ville de Brossard au centre-ville de Montréal, avec des antennes qui relieront éventuellement l’Ouest-de-l’Île ainsi que Deux-Montagnes et l’aéroport.
D’une part, c’est une option plus écolo que l’auto, qui permet de libérer une grande quantité de banlieusards de l’obligation d’avoir une voiture pour venir travailler au centre-ville et qui devrait représenter des économies pour ceux-ci.
MAIS AVEC LES NOMBREUSES INTERRUPTIONS DE SERVICE ET LE REMPLACEMENT DE CERTAINES LIGNES D’AUTOBUS DÉJÀ EXISTANTES PAR LE REM, LE P’TIT TRAIN VERT NE FAIT PAS JUSTE DES HEUREUX.
Alors, si vous habitez à Brossard (ou Deux-Montagnes et que vous avez une patience à toute épreuve), est-ce que ça vaut la peine de venir travailler à bord du REM? On vous aide à faire le calcul!
That’s me in the corner
That’s me in the spot-light
Losing my temps parce que le service est encore interrompu
Combien ça coûte, prendre le REM?
Ça devrait être une question facile à laquelle répondre, non?
Pourtant, grâce à la formidable grille tarifaire de l’ARTM (entendez-vous le sarcasme à l’écrit?), c’est un véritable cauchemar.
LE PRIX DÉPEND DE VOTRE LIEU DE DÉPART ET DE VOTRE LIEU D’ARRIVÉE. EN PLUS, SI VOUS DEVEZ PRENDRE LE BUS POUR VOUS RENDRE AU REM, CE N’EST PAS NÉCESSAIREMENT LE MÊME PRIX.
Disons que vous partez de Brossard pour vous rendre à Montréal, vous aurez besoin d’un titre AB, qui vous coûtera 4,50$ par passage ou 155$ par mois. Vous pouvez également vous procurer un titre Soirée illimitée pour 6$, ou Week-end illimité pour 15, 25$.
Par contre, il y a également des titres spéciaux liés au REM. Une passe mensuelle vous donnant accès au RTL (qui dessert une partie de la Rive-Sud) et au REM vous coûterait 119$ par mois, ou 35,75$ pour 10 passages.
Ces prix ne s’appliquent cependant que pour les passes régulières. Si vous êtes un aîné ou que vous avez moins de 12 ans (et pourquoi lisez-vous Quatre95, dans ce cas-là? Allez donc lire Les Débrouillards, à la place!), les prix seront différents.
Vous souvenez-vous de la douce époque où ça ne prenait pas un doctorat en mathématiques pour prendre l’autobus? Attention, je suis un grand partisan du transport en commun, mais faut pas s’étonner si les gens le délaissent quand il est plus simple de percer le secret de la fusion nucléaire à froid que de s’acheter un billet pour prendre le train.
Bon, fin de l’éditorial.
Le coût caché du REM
Là, j’entends les usagers du REM grogner d’ici, alors laissez-moi répondre à vos préoccupations tout de suite. Mettons qu’un passage vous coûte à peu près 4,50$.
Le problème, c’est que si vous êtes obligé de prendre un Uber pour rentrer chez vous parce que le REM est encore en panne, ça fait vite grimper la facture. À en croire les nouvelles, celles-ci seraient si fréquentes (et les solutions si mal organisées) que plusieurs jetteraient l’éponge et décideraient plutôt de prendre leur voiture, malgré tous ses inconvénients.
Pourtant, quand on prend le temps de s’attarder aux faits, les pannes du REM ne seraient pas si fréquentes. Selon Jean-Marc Arbaud, président et chef de la direction de CDPQ Infra qui coassure la gestion du REM, le taux de disponibilité serait de 98%, avec un objectif de 99%. Ça veut dire que 98% du temps, le REM fonctionne quand il est censé fonctionner.
L’ennui, c’est que c’est arrivé à quelques reprises que des pannes imprévisibles tombent pendant les heures de pointe. Et dans ces cas, la communication avec les usagers s’est avérée déficiente.
TOUTEFOIS, VOUS AVEZ PROBABLEMENT PLUS DE CHANCES D’ÊTRE RALENTI EN VOITURE PAR UN ACCIDENT OU UN BOUCHON DE CIRCULATION QUE PAR UNE PANNE DU REM.
Mais l’affaire, c’est qu’en voiture, vous ne serez pas pris avec 5000 autres usagers en panique qui ne savent pas où aller et qui crient après un employé dépassé par les événements.
Le REM bestie avec le Pont Samuel-De Champlain
L’autre affaire qui fait sacrer bien des habitants de la Rive-Sud, c’est que le REM bénéficie d’un usage exclusif du pont Champlain. L’idée, c’est de ne pas rivaliser avec le train et d’encourager son utilisation.
Dans la réalité, ça fâche beaucoup d’utilisateurs qui avaient l’habitude de prendre un autobus qui les déposait directement à leur lieu de travail, et qui doivent maintenant transiter par la gare Centrale.
C’est surtout un problème pour les gens qui travaillent à Griffintown (ou dans le Vieux-Montréal voisin) et qui voient leur trajet allongé de façon notable. En fait, c’est tellement fâchant qu’une pétition circule pour réclamer une navette permettant d’emprunter le fameux pont, comme dans le temps.
Et le trajet en auto?
Si vous décidez de faire comme les autres passagers frustrés et que vous reprenez le volant, combien ça risque de vous coûter?
LÀ, J’AI UNE GROSSE NOUVELLE POUR VOUS. J’ESPÈRE QUE VOUS ÊTES BIEN ASSIS : UNE AUTO, ÇA COÛTE CHER.
Le trajet en lui-même demande de l’essence (d’uh!). La distance séparant le centre-ville de Brossard au centre-ville de Montréal est d’environ 13 km. À ça, ajoutons le temps perdu dans le trafic et les potentiels détours. Au prix de l’essence actuel, 2,50$ pour le trajet sont une estimation très conservatrice.
Et ce n’est que le début parce qu’éventuellement, vous allez devoir vous stationner. À moins que votre employeur n’offre un stationnement gratuit, ça va vous coûter cher. Au centre-ville, pendant l’heure de pointe, les parcomètres coûtent en moyenne 5$ et les stationnements quotidiens oscillent généralement entre 15$ et 25$. Un stationnement mensuel au Complexe Desjardins? Entre 311$ et 478$. Et bonne chance pour vous trouver du stationnement dans la rue gratuit au centre-ville.
Tout ça, c’est sans compter les frais qui viennent avec la possession d’une voiture, qui sont nombreux.
Bref, oui, le REM est compliqué et pas 100% fiable, mais ça reste beaucoup plus économe (et écolo) qu’une voiture. Va peut-être juste falloir profiter des heures de panne pour pratiquer la méditation!