Ce n’est pas son aspect qui est remis en question par tous ces acteurs du milieu, c’est le fait que ce soit aérien. C’est son existence comme fracture, comme cicatrice urbaine. C’est l’attitude de CDPQ Infra. C’est l’opacité, la stratégie de relation publique du promoteur. Son emplacement est connu, son contexte aussi. Et ses formes sont aussi connues dans les grandes lignes. Ces informations seules sont suffisantes pour que tous ces acteurs du milieu se lèvent et disent : wow minute.
Les architectes qui ont démissionné du projet savent très bien ce à quoi ça ressemblera. D’ailleurs, ces architectes sont capable de faire des projets esthétiquement très réussis. Alors, s’ils sont aptes à le faire, et connaissent les données, pourquoi ont-ils démissionné? Parce que ce n’est pas l’esthétique le problème, ce n’est pas l’apparence du projet qui les a mené à quitter. C’est la commande, le projet à sa base, et tous les problèmes urbains qu’il crée. De toute façon, la marge de manoeuvre n’est pas très grande sur le plan du design, puisque les normes qui dictent ce genre de projet sont extrêmement strictes. Largeur des quais, hauteur, capacité des stations, issues, etc. L’architecture ne sauvera pas le projet. Une mauvaise commande, ça mène à un mauvais projet, peu importe la signature architecturale. Rien de plus précis n’est nécessaire pour comprendre à quel point ce qui est proposé par CDPQ Infra comme vision est aberrant.
D’ailleurs, CDPQ Infra sait très bien aussi à quoi ça ressemblera. Le fait que CDPQ Infra sache depuis des mois à quoi ça va ressembler mais ne le dévoile pas, ça en dit long aussi. Le fait que les architectes soient muselés et ne puissent rien montrer, ça en dit long aussi. Tout de ce projet mène à lever des drapeaux rouges. Tout ce qui sort à propos du REM de l’Est, et de l’expérience vécue lors du réseau ouest, ébranle la confiance envers CDPQ Infra et sa capacité, ET sa volonté réelle, de bien faire les choses.
Ces appréhensions de part et d’autre n’ont absolument rien de prématurées ni de non réfléchis. Ces expertises ne sont pas ‘une opinion’. Le propre de l’expertise est de toujours demeurer dans le conditionnel et le doute, puisque la certitude n’existe à peu près jamais. C’est pour ça d’ailleurs que souvent, des gens vont confondre ce doute et ces nuances comme étant une incertitude raisonnable pour rejeter ou remettre en question ce que l’expert dit. “Ce sont des théories”, “C’est incertain”, “Ce n’est pas clair”. Or c’est très clair. Ces acteurs ne sortiraient pas publiquement s’ils ne jugeaient pas fondamentalement important de le faire. Et ils le font tous dans la même direction, celle d’une remise en question du projet et de ce qui le sous-tend, puisqu’il y a là de gros problèmes.
Je ne comprend pas ce qui n’est pas précis dans ça.