Tout comme l’ARTM dernièrement, exo laisse savoir publiquement qu’elle n’est vraiment pas emballée par le REM de l’Est. ![:roll_eyes: :roll_eyes:](https://cdn.agoramtl.com/images/emoji/apple/roll_eyes.png?v=12)
Plus de 700 millions d’investissements publics menacés de désuétude
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE | Le train de Mascouche à la gare de Pointe-aux-Trembles, direction Mascouche
Les projets du futur Réseau express métropolitain (REM) annoncés sans concertation avec les réseaux de transport existants sont en train de réduire à néant des centaines de millions de dollars d’investissements publics, sans parler des années d’efforts qu’il a fallu pour conquérir des usagers du transport collectif dans un bastion de l’automobile solo : la banlieue nord-est de Montréal.
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17 février 2022 | Publié à 5h00 | BRUNO BISSON | LA PRESSE
Dans une lettre ouverte adressée à La Presse*, le directeur général de la société exo, responsable du réseau de trains de banlieue de la métropole, Sylvain Yelle, déplore que dans la réalisation de la première phase du REM, comme dans l’annonce du trajet du futur REM de l’Est, on a fait très peu de cas de l’avenir du train de banlieue de Mascouche. Et encore moins de sa clientèle, ajoute-t-il en entrevue.
« Nos inquiétudes ne concernent pas seulement l’infrastructure ou le matériel roulant qui pourraient devenir sous-utilisés, écrit M. Yelle. Elles sont réellement centrées sur les usagers de cette ligne qui l’ont adoptée depuis 2015 et sur la qualité des services de mobilité qui leur seront offerts. »
« Dans l’état actuel des choses, poursuit-il, la ligne [de train] exo5 Mascouche pourrait être largement abandonnée par les usagers bien avant l’arrivée du REM de l’Est, réduisant à néant une ligne dont l’investissement collectif représente 750 millions de dollars. »
Effondrement
La ligne de train de Mascouche, inaugurée en 2014, emprunte sur une bonne partie de son parcours une infrastructure ferroviaire flambant neuve, dont elle est la seule utilisatrice, et qui sera de moins en moins utilisée. Ce n’était déjà pas la ligne la plus fréquentée du réseau exo, mais elle n’a vécu que quatre ans sans entraves, note M. Yelle.
Dès 2019, les premiers travaux de construction du futur REM ont directement mené à une nette dégradation des services, qui a touché la clientèle. Sans ces travaux, la ligne exo5 aurait probablement dépassé le seuil des 2 millions de passagers cette année-là.
Avec la fermeture définitive du tunnel du mont Royal et son accès rapide vers le centre-ville, puis la pandémie, la fréquentation du train de Mascouche a chuté à moins de 400 000 déplacements en 2020. Et selon les plus récentes données d’exo, en 2021, la ligne a transporté environ 110 000 passagers. Des lignes d’autobus de la Société de transport de Montréal transportent plus de gens que cela en une semaine.
Et ce n’est pas fini
En entrevue, Sylvain Yelle affirme que les dommages aux services offerts par le train de Mascouche sont déjà évidents, peut-être irréparables, et qu’on « n’a pas encore le portrait final, mais on sait que la ligne va vraiment souffrir de la situation actuelle ». Et sa clientèle, encore plus. Un retour à l’affluence d’avant la pandémie serait surprenant.
En attendant l’ouverture de la branche ouest du REM, en 2024, les usagers du train de Mascouche doivent descendre pour une correspondance « peu attrayante » dans le nord de la ville, avec au moins une demi-heure de parcours additionnel à faire pour le centre-ville, en métro ou en autobus.
Or, une analyse dévastatrice du projet du REM de l’Est, révélée par La Presse il y a une semaine, laisse croire à exo que le pire est encore à venir. Le tracé du métro aérien de 10 milliards proposé par la Caisse de dépôt et placement du Québec ferait directement concurrence au train de Mascouche et à la ligne verte du métro de Montréal.
LISEZ « Le REM de l’Est déraille »
Selon l’analyse de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), pas moins de 94 % des usagers quotidiens de ce REM de l’Est… proviendraient des réseaux publics existants.
Les gares de l’Est se vident
En entrevue, le directeur général d’exo assure qu’il n’a pas lu cette étude, qui reste confidentielle malgré la fuite médiatique. Il affirme toutefois avoir pris connaissance de la conclusion la plus importante de l’ARTM du point de vue des opérateurs : le REM de l’Est produira peu de nouveaux usagers des transports collectifs, et ce, « alors qu’on est en train d’abandonner ceux que nous avons déjà ».
Selon exo, les gares du train de Mascouche située dans l’est de Montréal se videraient rapidement de ce qu’il leur reste d’usagers si on réalise le REM de l’Est. Pourquoi prendre un train jusqu’à la station A40 de correspondance du REM, si on peut avoir accès au réseau du REM directement, à quelques pas des gares de trains actuelles ?
« Il ne nous resterait que les trois gares dans la couronne nord de la banlieue à Mascouche, Terrebonne et Repentigny, desservies par un mode lourd de transport en commun de moins en moins performant. Quelle qualité de services on pourrait donner ? On ne peut pas faire de miracles. »
* LISEZ « Et si on parlait des usagers de la ligne Mascouche ? »
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Nombre de gares à l’origine prévues pour le train de Mascouche (train de l’Est). De ce nombre, il en reste 10, dont 3 en banlieue (Mascouche, Terrebonne, Repentigny).
745 MILLIONS
Budget original, en 2014, pour le train de Mascouche
53 KM
Longueur du tracé original du train de Mascouche
Et si on parlait des usagers de la ligne Mascouche ?
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE | « Les solutions sont limitées pour assurer l’avenir de la ligne exo5 Mascouche », écrit l’auteur.
L’actualité des derniers jours concernant le projet du REM de l’Est n’a pas manqué de rebondissements. Les questions soulevées sont fondamentales pour le bon développement du transport collectif. Or, cela soulève un enjeu encore bien plus grand : celui de l’arrimage nécessaire des différents réseaux pour assurer la fiabilité et l’efficacité des services sur l’ensemble du Grand Montréal.
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17 février 2022 | Publié à 12h00 | SYLVAIN YELLE, DIRECTEUR GÉNÉRAL, EXO
D’emblée, il est essentiel de rappeler que les usagers de la ligne exo5 Mascouche sont déjà affectés par l’arrivée du REM dans la grande région montréalaise. Ironiquement, la ligne Mascouche, également appelée le Train de l’Est, avait justement été créée pour mieux répondre aux besoins en transport collectif des citoyens de la couronne nord et de l’est de l’île de Montréal. C’était il y a huit ans, soit en 2014. 1
La ligne Mascouche freinée
Jusqu’en 2019, les usagers de la couronne nord bénéficiaient d’une infrastructure structurante et d’un accès direct au centre-ville. La croissance que connaissait cette ligne année après année a d’abord été radicalement freinée par le début des travaux permettant la construction du REM, occasionnant alors d’importants retards sur cette ligne et sur celle de Deux-Montagnes.
En mai 2020, la fermeture complète du tunnel Mont-Royal a donné un second gros coup de frein en augmentant significativement le temps de parcours des usagers. L’attractivité de cette ligne en a pris pour son rhume. Et les données d’achalandage annuel en témoignent.
ACHALANDAGE ANNUEL DE LA LIGNE MASCOUCHE
- 2014 : 104 000
- 2015 : 1 319 000
- 2016 : 1 650 300
- 2017 : 1 822 500
- 2018 : 1 852 300
- 2019 : 1 763 800
- 2020 : 390 000*
- 2021 : environ 110 000* (*année de pandémie)
Jusqu’à la mise en service de la branche ouest du REM qui aura lieu au plus tôt en 2024, la clientèle de la ligne exo5 Mascouche doit opter pour une correspondance peu attrayante dans le nord de la ville ou un temps de parcours encore moins attrayant jusqu’au centre-ville de Montréal. Aucune amélioration de la desserte en transport collectif pour la clientèle de ces municipalités n’est prévue. Par conséquent, nul ne sera surpris de ne pas retrouver le taux d’achalandage prépandémique sur la ligne exo5 Mascouche, malgré la levée de l’obligation de télétravail.
Des solutions limitées
Avec l’ajout de deux nouvelles branches du REM vers l’est comme il est présenté dans la seconde phase du projet, il semble difficile d’envisager le maintien en parallèle d’un autre mode de transport structurant dans ce même axe.
Les solutions sont limitées pour assurer l’avenir de la ligne exo5 Mascouche. Les usagers de la couronne nord et ceux à proximité des gares existantes dans l’est de Montréal demeureront-ils des usagers du transport collectif ou seront-ils découragés par l’ajout de correspondances ?
Gagner de nouveaux usagers dans le transport collectif est essentiel à la mobilité durable… mais encore faut-il s’assurer de conserver les utilisateurs actuels.
Nos inquiétudes ne concernent pas seulement l’infrastructure ou le matériel roulant qui pourraient devenir sous-utilisés. Elles sont réellement centrées sur les usagers de cette ligne qui l’ont adoptée depuis 2015 et sur la qualité des services de mobilité qui leur seront offerts. Dans l’état actuel des choses, la ligne exo5 Mascouche pourrait être largement abandonnée par les usagers bien avant l’arrivée du REM de l’Est, réduisant à néant une ligne dont l’investissement collectif représente 750 millions de dollars.
La solution parfaite pour sauver cette ligne n’existe pas. Néanmoins, un nouveau tour de roue pour bonifier le projet du REM de l’Est en tenant compte de l’environnement de transport existant est nécessaire. Exo et ses experts répondraient présents pour participer à cette réflexion. Les citoyens et les usagers de la ligne Mascouche méritent qu’on s’attarde à eux de toute urgence.
1. Lisez un article de Radio-Canada