Règlement pour une métropole mixte (RMM)

Logements sociaux Longueuil prend ses distances de Montréal

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Catherine Fournier propose de faire grandir le parc immobilier de Longueuil sous le contrôle d’organismes à but non lucratif.

Dans sa stratégie d’habitation, dévoilée lundi matin, la Ville de Longueuil rejette la solution montréalaise de contraindre les promoteurs privés à contribuer financièrement à la construction de logements sociaux, abordables et familiaux, dont les résultats obtenus jusqu’à présent ont été mitigés.

Publié à 0h50 Mis à jour à 5h00

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André Dubuc
André Dubuc La Presse

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, propose plutôt de faire grandir le parc immobilier sous le contrôle d’organismes à but non lucratif.

À terme, la Ville vise l’atteinte d’un seuil de 20 % de logements locatifs à but non lucratif sur son territoire. Cet objectif vise à offrir un logement abordable au premier quintile de la population, soit la part de ménages locataires qui ne peuvent trouver un logement acceptable sur le marché privé présentement.

Actuellement, il y a 4666 logements hors marché à Longueuil, soit 4,2 % du parc immobilier. Pour atteindre la cible ambitieuse de 20 %, il faudrait ajouter quelque 17 500 logements.

« Par définition, le logement qui est à but non lucratif est un logement abordable, car il ne répond pas aux impératifs de profit », explique Mme Fournier.

Ce n’est pas la première fois que la mairesse de Longueuil se démarque par ses prises de position en matière d’habitation. En juin dernier, elle avait refusé de se joindre à 12 maires des grandes villes du Québec qui revendiquaient dans une lettre ouverte l’instauration d’un registre universel des loyers1.

Cette fois-ci encore, Longueuil fait bande à part. En faisant le choix d’intervenir sur les logements à but non lucratif, la Ville évite de dépendre entièrement des fonds destinés aux logements sociaux en provenance de Québec et d’Ottawa pour agir, précise-t-elle. Un autre avantage, avance-t-elle, est une simplification de l’intervention du pouvoir municipal comparativement à la complexité associée à la mise en œuvre du Règlement pour une métropole mixte de l’administration de Valérie Plante.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Avec le règlement 20-20-20 de Montréal ou bien les redevances de développement qu’ont adoptées plusieurs villes, on voit bien le revers de ces outils. Dans un contexte où la construction est déjà au ralenti, ces pénalités entraînent une hausse de prix des logements neufs qui doit être absorbée par les locataires ou les propriétaires.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Une redevance de développement est une taxe2 imposée par certaines villes aux nouvelles constructions, par exemple 3527 $ par logement dans le cas de Brossard, dans le but de financer les infrastructures municipales à venir, comme un agrandissement de l’usine de production d’eau potable.

« Le contexte est différent aujourd’hui que lorsque Montréal a adopté son règlement 20-20-20, où la construction allait très bien, dit-elle pour expliquer son refus d’emboîter le pas à l’initiative montréalaise. Je peux comprendre l’idée à la base du règlement à l’époque.

« En revanche, dans un contexte où la construction résidentielle est au ralenti et où les projets peinent à débuter parce que les montages financiers ne sont pas viables, soutient-elle, la pire chose à faire dans le moment serait d’ajouter des frais sur la facture qui est imposée aux promoteurs parce que ça risque de faire mourir dans l’œuf certains projets ou de rendre encore plus inabordables les logements qui vont sortir de terre. »

Outre la construction de logements sociaux avec les fonds des gouvernements supérieurs, la stratégie longueuilloise consiste à acquérir des immeubles privés abordables pour les revendre ensuite à des organismes à but non lucratif afin de s’assurer de la pérennité du parc de logements abordables hors marché.

Pour ce faire, la Ville va utiliser son droit de préemption, soit le droit d’acquérir un immeuble aux conditions d’une offre d’achat acceptée déposée par un tiers.

La Ville songe aussi à se doter d’un fonds de soutien à l’acquisition pour aider les OBNL à compléter leur montage financier. Le financement proviendra, si le gouvernement provincial accepte de faire les changements législatifs en élargissant la notion de zonage incitatif, des contributions financières des promoteurs privés en échange d’une densité supplémentaire.

« Les promoteurs pourraient gagner en se voyant incités à construire davantage sur le territoire. En même temps, la Ville pourrait garnir un fonds qui aiderait à l’acquisition de logements par l’entremise des OBNL », résume la mairesse.

Réactions favorables

« C’est une excellente chose que l’on parle de logements sans but lucratif plutôt que de parler de logement abordable, une désignation qui ne veut plus rien dire », dit Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec. Il déplore toutefois l’absence de mesures pour stopper la spéculation, comme un registre des loyers.

De leur côté, les promoteurs immobiliers réunis au sein de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU) offrent leur collaboration. « La Ville de Longueuil propose de miser sur la réduction des délais de traitement des demandes et autorisations, sur l’allègement réglementaire, sur le rehaussement de la densité dans des secteurs stratégiques et sur des incitatifs financiers. L’IDU accueille favorablement le plan de la Ville », dit Isabelle Melançon, sa PDG.

1. Lisez « Registre des loyers : la mairesse de Longueuil n’a pas signé la lettre ouverte »

2. Lisez « Les redevances de développement ne respecteraient pas la loi »

Registre des loyers : Fournier persiste et signe

Lundi, La Presse publiait une lettre ouverte signée notamment par les professeurs Gérard Beaudet et François Delorme et l’avocat Marc-André LeChasseur demandant l’instauration d’un registre des loyers, présenté comme « l’outil idéal » pour répondre au problème du non-respect des dispositions encadrant les loyers au Québec. « J’ai toujours la même position, avance Catherine Fournier. J’ai consulté les études mises de l’avant. Il n’y avait rien de tangible qui venait appuyer cette idée dans un contexte où il y a un débalancement de l’offre et de la demande. Ce décalage crée la plus grande pression sur la capacité de négocier d’un locataire. Tant que l’on ne corrige pas ce débalancement, le registre n’aura pas d’effet structurant sur le pouvoir de négociation d’un locataire. L’Union des municipalités du Québec a d’ailleurs choisi de ne pas se positionner sur le registre des loyers, après avoir fait la recension des études sur le sujet. »

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Je ne comprend pas pourquoi Montréal persiste et signe avec une politique qui a clairement échouée. Il n’y a aucune honte à essayer quelque chose de nouveau pour ensuite réaliser que l’effet escompté n’est pas atteint! Ayons l’humilité de le reconnaitre et passons à une autre solution.

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Je suis d’accord, cependant Montréal semble trouver difficile de renoncer aux millions qu’elle encaisse par cette politique. C’est en fait l’arrondissement Ville-Marie qui dans ce cas rapporte le plus. Par ailleurs V-M est un quartier d’exception dans le grand Montréal à cause de sa densité, l’importance de son économie et son attrait naturel comme centre-ville. Ce qui pourrait expliquer pourquoi d’autres villes n’ont pas suivi ce programme municipal si particulier.

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autant qu’on puisse trouver qu’il y a eu des succes de l’administration Plante, il faut aussi avouer qu’il y a des fois un entetement ideologique qui refuse de se rendre a l’evidence et aux donnees probantes. Le dossier du Chemin Camlien Houde en est un autre exemple ou l’ideologie s’est butee contre l’engagement a la consultation…

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C’était la stratégie dans Griffintown avec les PPCMOI. C’est ainsi que les coop Tiohtiake (projet Le Canal), Griffin (Lowney/Prével), l’Esperluette (Arbora) et Place Griffin (Legado) ont pu être réalisés. Les terrains ont été donnés en échanges des dérogations accordées dans les PPCMOI. La Ville avait adopté cette stratégie en 2013, car le RMM n’existait pas à l’époque. Maintenant. faire passer un PPCMOI est extrêmement difficile même si le promoteur promet de construire des logements communautaires/abordables « clé-en-main » pas loin comme le 1810 rue des Bassins.

Aussi, je crois que Montréal a pu adopté le RMM par son statut de « Métropole » que les autres municipalités n’ont pas.

Une chose qui va aider Longueuil est la réforme de la Loi sur l’aménagement urbain en place depuis septembre qui exempt les projets des PPCMOI dans les zones incitatives.

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Je pense que la mairesse de Longueuil a compris quelque chose que d’autres n’ont pas compris. Et c’est tant mieux car si ça fonctionne bien alors cela fera probablement, on l’espère, exemple ailleurs. De plus, si cela peut aider à densifier la ville de Longueuil qui est, ni plus ni moins, un gros quartier de Montréal, alors ça sera une excellente chose, surtout autour du métro.

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Au Téléjournal

Crise du logement : chute record des mises en chantier

En pleine crise du logement, les mises en chantier sont en chute libre au Québec.

À Montréal, le règlement sur la métropole mixte, qui oblige les promoteurs à construire du logement social, abordable et familial, semble être un frein pour plusieurs promoteurs.

Le reportage de Jacaudrey Charbonneau

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Alors, Montréal, avec cette règle, a connu une diminution plus faible que les autres villes du Québec qui n’ont pas cette règle. Quelle est donc la vérité ? Je ne pense pas que l’initiative 20-20-20 ait été efficace, et je pense qu’à ce stade je peux dire que ca a largement échoué l’objectif. Mais pour me prouver que c’est activement nocif, j’ai besoin de constater des effets là où cette règle est appliquée. PLUS que les autres villes voisines (à ne pas attribuer simplement aux réalités macroéconomiques). On ne peut pas simplement dire -26 % sur l’île de Montréal et c’est tout, quand la moyenne québécoise est de -30%++. Poilievre et la bande sont très précis dans les statistiques qu’ils choisissent…

J’aimerais aussi des preuves que l’augmentation de la construction de logements dans d’autres villes est directement liée à une politique xyz, afin que nous puissions la reproduire.

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Avant l’adoption du RMM, la Ville procédait par PPCMOI pour obtenir des logements sociaux/communautaires en échange de dérogations au règlement d’urbanisme en terme d’hauteur, de densité, d’usage, etc… C’était la stratégie adoptée pour Griffintown :

  • Coop Griffin : Terrain de Prével
  • Coop Esperluette : lié au projet Arbora
  • Coop Tiohtiake : lié au projet Le Canal
  • Coop Place Griffintown : lié au projet Legado (maintenant îlot de la Montagne de Brivia)

Mais le problème majeur avec les PPCMOI, le NIMBYisme quand le voisinage se densifie.

Avec le RMM, les promoteurs sont obligés de contribuer au RMM peu importe qu’ils fassent un projet résidentiel de plein droit ou un projet dérogatoire.

Dans le projet Haleco (la tour locative), le 20-20-20 y est intégré. Une amie a signé un bail une unité abordable (pas dans la coop) dont le loyer n’augmentera pas de façon drastique dans les 5 premières années comme avec les projets privés grâce à la clause F. Elle va économiser 1000$/mois comparé au loyer qu’elle a présentement dans une tour locative construite récemment.

Alors, je ne sais trop si le RMM est mieux que ce qu’on avait avant ou pas. Il faudra voir si la nouvelle mouture va inciter les promoteurs à faire + de clé en main que juste donner un montant d’argent.

En même temps, il y a des promoteurs qui revendent leurs projets après avoir obtenu l’approbation des PPCMOI et PIIA. Ou ils demandent une extension avant de démarrer les travaux. Je crois que certains promoteurs ont de la difficulté à vendre un minimum d’unités pour obtenir le financement de leurs partenaires financiers.

Aussi, je crois que c’est d’une certaine catégorie de logements qui manquent. On a p-ê trop construit dans la catégorie moyenne haute gamme avec les piscines, gyms, etc. qui ont maitenant de la difficulté à trouver preneur.

Devimco fait de la promo pour vendre…

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Je vois souvent cet argument là mais les autres villes du Québec ne gagnent pas 100000 habitants en une année ! Une chute de 60% à Shawinigan aura des conséquences bien moins importantes qu’une chute de 20% à Montréal. Montréal doit surtout être comparée avec des villes qui ont une croissance similaire. Toronto et Vancouver font bien mieux.

Je ne suis pas nécessairement prêt à dire que c’est le 20-20-20 car ce serait dur à prouver. Il y a définitivement un ensemble d’éléments qui rendent plus difficiles la sortie de terre de nouvelles constructions. Plusieurs d’entre eux sont énumérés dans la vidéo. Le 20-20-20 c’est un irritant de plus mais pris individuellement il est difficile de quantifier son impact. Et c’est exactement ce qui fait que des politiques nuisibles se multiplient.

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Mais Montréal est au Québec, alors que ces villes ne le sont pas. Et le marché immobilier est sensiblement différent entre ces provinces. Je pense qu’il est injuste de dire que Shawinigan peut chuter de 30 % à cause de forces macroéconomiques, mais une baisse similaire en pourcentage à Montréal est la faute de quelqu’un en particulier. Ce sont les mêmes forces économiques qui affectent les deux villes…même si la pression est plus forte à Montréal. Nous ne pouvons pas simplement supplanter les réalités immobilières de Toronto au milieu du Québec pour comparer apples to apples.

si vous voulez pas le faire cest pas grave tout les economistes vont le faire. Montreal ne suis pas mais pas du tout. Point.

Je ne suis pas sûr de comprendre…

Entk, je pense simplement que le contexte est important lorsque vous allez fustiger un maire au niveau national avec une insulte allant jusqu’à “l’incompétence”.

Je pense surtout que les développeurs veulent se débarrasser d’une taxe ici. La cible est facile, évidente, et lier directement à un enjeu important.

Est-ce qu’un seul logement de plus se construirait sans le règlement pour une métropole mixte? Probablement pas. Comme démontré plusieurs fois, son coût est trop faible sur une habitation neuve.

Est-ce que ça fait que les promoteurs partent ailleurs que Montréal comme dit Luc Poirier? Complètement faux à mon humble avis: la chute des chantiers est plus forte ailleurs. Le règlement aurait dû avoir l’effet contraire si c’était vrai: un transfert des lancements de chantier. La dynamique n’est juste pas là.

Est-ce que ça participe à une accumulation d’obstacles, peut-être systématique et répandu au Québec? Probablement. Ce serait un problème à cibler et à attaquer en bloc, pas à la pièce. Sans le règlement pour une métropole mixte, qui ne concerne pas la majorité des logements construits au Québec, la chute serait exactement la même au Québec, il faut chercher plus loin. Mais ça peut parfaitement être une composante spécifique à Montréal.

Est-ce que le règlement d’inclusion joue le rôle promis? Non, et ici c’est ma compréhension de la situation donc sentez-vous à l’aise de me corriger. Le règlement est autant dépendant d’un marché immobilier vigoureux que du support traditionnel de Québec pour la construction de logements sociaux. Si un promoteur veut simplement respecter l’esprit du règlement, il doit construire un édifice de logements sociaux, avec les programmes en place, en parallèle d’un projet immobilier.

Si les programmes en place sont un échec (et le programme de Québec semble actuellement un échec), ça ne fonctionne pas.

Le règlement arrive à ramasser beaucoup plus d’argent qu’avant pour le logement social (à défaut de projets). On est loin des promesses, mais c’est déjà ça, et la ville fait l’acquisition de terrains, son rôle traditionnel. Cependant, ces terrains ne se construisent pas en ce moment. Des projets sont dépendants du financement de Québec, et ça bloque.

Il me semble que d’un côté, il y a une politique qui devrait cimenter la contribution de logements sociaux à la construction, et de l’autre, des programmes à Québec qui sont 0 populaires. Pourquoi les deux ne sont pas dans la même politique, et pourrait même constituer une carotte pour les promoteurs? Si la ville avait le support financier des programmes de Québec directement intégré à une politique d’inclusion, on pourrait changer les choses.

Tout le monde joue dans son coin, pour ses intérêts, et est incapable de créer des ponts avec les autres.

Je ne pense pas que de se lancer des tomates va améliorer la collaboration. Pourquoi ne pas lancer des idées?

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Faut dire, le secteur de la construction est très différent entre Montréal, Toronto et Vancouver. Montréal est d’entre les trois celle où les entreprises de construction sont les plus petites, en terme de taille et de revenue. Historiquement c’est une des raisons à savoir pourquoi on faisait surtout des petits projets.

Ces entreprises n’ont pas les reins aussi solides que des gros développeurs et n’ont vraiment pas les mêmes flux de trésorerie. C’est une des raisons à savoir pourquoi la hausse des coûts d’emprunts à fait autant mal ici. Et du côté réglementaire, c’est clairement Montréal qui a les charge de développement les plus faibles. Le 20-20-20 n’est pas si onéreux que ça tout de même.

J’imagine que tu fais référence à sa récente entrevue où il a traité, lui aussi, Valérie Plante d’incompétente?

C’est un bon exemple, à mon avis, puisque Luc Poirier n’a certainement pas quitté Montréal à cause de Valérie Plante. Il a fait quoi, deux projets ? Celui dans Griffintown et celui sur René-Lévesque pas loin de Radio-Canada? Ce sont des projets moyens qui ont été complétés vers 2016-2017, soit avant ou au tout début de Valérie Plante. Par la suite, il a été impliqué dans d’autres projets, mais il n’a plus développé. Il est donc impossible que les règlements et politiques de la mairie actuelle soit la cause de son manque d’intérêt pour la ville.

J’y vois plutôt que ce n’est pas son type de projets. Il préfère construire de gros sites, des quartiers à la fois, avec une vision complètement arriérée du développement, dans un contexte suburbain (La Prairie * 2, McMasterville).

Montréal a une dynamique différente du reste du Québec, la logistique est plus compliquée, les terrains sont plus chers, le marché est un peu différent, les critères d’acceptation sont beaucoup plus élevés. Tout ça fait que c’est plus difficile faire un projet à Montréal qu’en banlieues (mais c’est balancé par le fait que le marché y est meilleur). Honnêtement, tant mieux si ces défis sont suffisant pour décourager des promoteurs comme Luc Poirier. Montréal mérite beaucoup mieux et d’autres vont prendre la place.

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C’était à l’émission Tout peut arriver

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En tout cas, chose certaine, les propos de M. Poilievre ont le mérite de relancer la discussion sur un sujet super important en plus de mettre de la pression sur les autorités concernées. On peut être pour ou contre, d’accord ou non, mais il faut admettre que j’aime mieux qu’on en parle que ne pas s’en occuper. Bien sur l’idéal serait d’agir et de construire.

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Cest tellement evident lol un permit de construction devrait prendre 6 mois a avoir, pas 6 ans comme dans certain cas…

La mairesse défend le RMM dans une lettre ouverte publiée dans le devoir

Texte complet : Montréal peut et doit demeurer une métropole abordable

Montréal peut et doit demeurer une métropole abordable


Photo: Getty Images
«Le RMM, c’est un choix de société qui préserve le caractère qui rend Montréal si spéciale», écrit l’autrice.

Valérie Plante
L’autrice est la mairesse de Montréal.
2 mars 2024
Idées

Au cours des 20 dernières années, plus de 153 000 unités de logement ont été construites à Montréal, avec une année record en 2021 de 13 200 unités mises en chantier. Ce nombre est impressionnant ! Alors, comment expliquer que de plus en plus de ménages montréalais ont de la difficulté à se loger selon leurs moyens et leurs besoins ? Pourquoi la crise du logement s’aggrave-t-elle malgré le fait qu’elle soit au sommet de nos priorités depuis les six dernières années ?

D’abord, il faut accélérer les mises en chantier. La demande de logements augmente et l’offre doit suivre la cadence. Mais au-delà de ce constat consensuel, il faut aussi s’assurer que le type de logements bâtis est adapté aux besoins de la population montréalaise.

Les exemples de métropoles qui ont tenté de lutter contre la crise du logement en stimulant rapidement l’offre sans s’assurer d’une planification urbaine cohérente sont trop nombreux. Que ce soit à Vancouver ou à Toronto, force est de constater que la croissance du nombre d’unités à elle seule n’a pas permis de rendre le marché résidentiel plus accessible pour tous les budgets et plus accueillant pour les familles.

Avant notre arrivée au pouvoir, la métropole s’en remettait à une stratégie d’inclusion, adoptée en 2005, laquelle lui permettait de négocier des unités sociales et abordables avec les promoteurs en échange de dérogation de hauteur, d’exemption à des règles d’architecture ou à d’autres éléments en lien avec la transition écologique.

Vu le peu d’incitatifs, très peu d’entre eux décidaient de participer à la mixité de plein gré ; la stratégie d’inclusion avait une portée très limitée.

Pour notre administration, il est devenu rapidement évident que la mixité dans les projets immobiliers ne devait pas être négociable à la pièce. Elle devait plutôt devenir l’affaire de tous et être portée par l’ensemble de l’écosystème pour en assurer la pérennité.

C’est dans cette perspective que nous avons créé le Règlement pour une métropole mixte (RMM), le « 20-20-20 », qui favorise le développement de nouvelles unités sociales, abordables et familiales afin de protéger l’abordabilité et la mixité du parc immobilier.

Imaginez à quoi ressemblerait le Montréal d’aujourd’hui si, de tous les logements construits depuis 20 ans, un pourcentage avait été réservé pour du logement abordable pérenne et du logement social et même (soyons fous !) des logements avec plus de deux chambres pour accueillir les familles dans les quartiers centraux.

Moins de familles auraient dû quitter l’île pour s’établir en banlieue avec l’arrivée d’un deuxième enfant et les loyers auraient augmenté moins fortement.

Les personnes les plus vulnérables, dont les personnes itinérantes, mais aussi les personnes âgées à faible revenu ou même les victimes de violence conjugale, ne se retrouveraient pas si nombreuses en situation d’itinérance et à recourir aux refuges d’urgence.

Il faut toutefois demeurer lucide et considérer le RMM pour ce qu’il est : un outil de planification urbaine qui assure la mixité sociale et l’abordabilité et non pas un programme de construction de logements. Ainsi, pour être pleinement efficace, le RMM a besoin d’autres mesures pour le soutenir, et ce, à tous les niveaux.

La crise de l’immobilier qui sévit depuis deux ans à travers la hausse des taux d’intérêt, des coûts des matériaux et de la rareté de la main-d’oeuvre doit servir d’opportunité aux gouvernements, au secteur privé et aux OBNL en habitation pour conjuguer les forces de chacun et repenser nos modèles financiers pour les adapter aux réalités d’aujourd’hui.

Mais ce virage doit se faire tout en continuant à assumer la responsabilité de veiller à loger dignement les plus vulnérables.

La mixité sociale et économique ne se fera pas par charité ni par miracle. C’est un enjeu de justice sociale qui mérite d’être dûment encadré tant juridiquement que politiquement.

De notre côté, il y a également l’enveloppe de 600 millions de dollars que notre administration a créée pour acheter des terrains et des bâtiments pour sortir des unités sociales et abordables du marché spéculatif. Du jamais vu à la Ville de Montréal.

En achetant des terrains pour les revendre à un prix avantageux, nous contribuons directement à la création de logements en faisant baisser le prix global des projets.

Après deux ans d’application, le RMM prend lentement mais sûrement son élan. Ce n’est que dans 10 à 20 ans que nous pourrons prendre toute la mesure de sa contribution au développement d’un parc immobilier abordable à Montréal.

Le RMM, c’est un choix de société qui préserve le caractère qui rend Montréal si spéciale. C’est le choix de vivre dans des quartiers mixtes, ouverts à toutes les franges de la population. C’est le choix de protéger durablement l’accessibilité de notre parc immobilier pour la classe moyenne en plus de planifier le développement de notre métropole afin qu’elle continue de vibrer à échelle humaine.

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