Redéveloppement de Bridge-Bonaventure – Projet global

Version texte du reportage au 15-18

Revitalisation du bassin Peel : des craintes d’un nouveau Griffintown


Les groupes communautaires du quartier, qui militent depuis plusieurs années pour un développement à échelle humaine du secteur du bassin Peel, craignent que le site ne devienne le prolongement du nouveau quartier qui a poussé de l’autre côté du canal de Lachine.
PHOTO : RADIO-CANADA

Philippe-Antoine Saulnier
hier à 21 h 15

« Si vous regardez Griffintown, on n’en veut pas à Pointe-Saint-Charles », lance Jocelyne Bernier, qui habite le quartier du sud de Montréal depuis plus de quatre décennies.

Les groupes communautaires du quartier, qui militent depuis plusieurs années pour un développement à échelle humaine du secteur du bassin Peel, craignent que le site ne devienne le prolongement du nouveau quartier qui a poussé de l’autre côté du canal de Lachine.

Le secteur est dominé par l’industrie lourde depuis plus d’un siècle. Autrefois, les navires accostaient aux bassins Peel et Wellington, près de l’embouchure du canal. Les trains, eux, sont toujours omniprésents dans le paysage. Une branche du futur Réseau express métropolitainREM survole même la rue Bridge.

Ici, c’étaient des entreprises, raconte Mme Bernier. Et là, je vois le quartier changer avec l’arrivée des condos. Je vois l’impact de la gentrification.

Certains promoteurs, qui possèdent des terrains dans le secteur au sud du bassin Peel, ont récemment dénoncé les orientations préliminaires de l’administration Plante. Alors que les constructeurs voudraient pouvoir ériger des tours de 12 à 25 étages, qui contiendraient jusqu’à 12 000 logements dans tout le secteur Bridge-Bonaventure, la Ville en proposerait trois fois moins, selon une version préliminaire du plan de développement qui a été présentée à divers partenaires.

La Ville a proposé un type de développement qui n’est clairement pas aussi haut que ce que [le promoteur] Devimco souhaitait, mais qui ne correspond pas non plus à la définition de l’échelle humaine des acteurs communautaires de Pointe-Saint-Charles, explique Karine Triollet, d’Action-Gardien, qui regroupe les organismes communautaires du quartier.

Plus de 50 % de leurs revenus pour se loger

On ne dit pas que c’est seulement des triplex qu’on veut, précise Jocelyne Bernier. Mais il y a d’autres façons de densifier : plus d’espaces publics et verdis, moins de stationnements dans les rues, plus de rues conviviales.

Les organismes souhaitent également la création d’au moins mille logements sociaux, sur les terrains qui appartiennent aux gouvernements fédéral et provincial. La demande dans le quartier est énorme, affirme Francis Dolan, organisateur communautaire au comité logement de Pointe-Saint-Charles. Il y a plus de mille ménages qui paient plus de 50 % de leurs revenus pour se loger, et ce sont des chiffres de 2016 qui devront être revus à la hausse, explique-t-il.

Ce qu’il ne faut pas faire, c’est du développement comme ça s’est fait à Griffintown, pense aussi Mathieu Collette, fondateur et directeur général des Forges de Montréal, installées dans l’ancienne station de pompage Riverside, située à proximité du site. Il y a plein de promotion immobilière qui a été faite trop rapidement, le secteur est mal réfléchi, les rues sont trop étroites, selon lui.

Un quartier des artisans

Les groupes communautaires insistent pour que l’on garde suffisamment de zones industrielles, qui fournissent des emplois aux gens du quartier et d’ailleurs.

Des ateliers devraient aussi avoir leur place dans le secteur, croit Mathieu Collette. De nouveaux programmes de formation collégiale, spécialisée en métiers d’arts du patrimoine, ont été lancés dans la dernière année. Ces programmes visent à combler les besoins de main-d’œuvre dans des professions telles que la taille de pierre et la menuiserie traditionnelle, très recherchés pour la restauration de bâtiments anciens. Mais il manque d’ateliers pour former les étudiants, explique M. Collette.

Regrouper les ateliers le long de la rue Mills, où se trouvent déjà les artisans du verre de l’Espace Verre, donnerait aussi un nouveau souffle au tourisme, croit le forgeron. Le secteur ouest du Vieux-Port deviendrait un agrandissement pour l’industrie du tourisme, qui [miserait] sur le tourisme expérientiel, visiter les ateliers d’artistes et d’artisans à l’œuvre, explique-t-il.

L’Office de consultations publiques devrait tenir de nouvelles consultations, plus détaillées, sur le développement du site d’ici la prochaine année. D’ici là, les promoteurs tiendront leur propre séance d’information sur leurs projets, à la fin du mois de mai.

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Construire aussi peu de logements sur ce terrain si stratégique aura forcément pour effet de faire gonfler artificiellement les prix et de rendre le quartier plus élitiste qu’il ne l’aurait été à 15000 logements. Philippe Mercure n’est pas de ceux qu’on pourrait accuser d’être à la solde des méchants promoteurs et pourtant il vise très juste dans cet article.

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lettre d’opinion des organismes de Pointe-Saint-Charles

OPINION

LA MAINMISE DU PRIVÉ SUR LE DÉVELOPPEMENT URBAIN

KARINE TRIOLLET ET FRANCIS DOLANRESPECTIVEMENT D’ACTION-GARDIEN, LA CORPORATION DE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE DE POINTE-SAINT-CHARLES ET DU REGROUPEMENT INFORMATION LOGEMENT DE POINTE-SAINT-CHARLES

Dans une sortie dissonante contre la Ville de Montréal, trois promoteurs immobiliers dénoncent la vision de l’administration Plante pour le secteur Bridge-Bonaventure. L’objet du conflit : la densité et les hauteurs permises.

Selon Devimco, Mach et Coprim, la vision passéiste de la Ville, digne du XXe siècle, n’apporterait aucune réponse aux changements climatiques, à l’étalement urbain ni à la crise du logement. Elle serait contraire aux intérêts de la population, qui devra financer à même ses taxes un « projet sous-développé » sans pouvoir compter sur les capitaux privés et l’expertise des promoteurs immobiliers.

Ce coup de gueule de promoteurs scandalisés que la Ville ne leur déroule pas le tapis rouge révèle au grand jour leur prétention à vouloir régner en maîtres sur le développement de la ville et de ses quartiers.

Mais s’il y a une vision passéiste, c’est bien cette propension des promoteurs à agir comme si le développement urbain leur appartenait ! L’aménagement est une responsabilité publique qui doit se définir avec et pour celles et ceux qui y vivent, s’y déplacent, y travaillent au quotidien. En aucun cas, les promoteurs ne peuvent prétendre représenter les intérêts de la population.

Serge Goulet, du groupe Devimco, réclame dans les médias un « débat de fond sur la manière qu’a la Ville de travailler avec le privé ». Sur ce dernier point au moins, nous serons d’accord avec lui. Et ce débat est urgent.

L’OBJECTIF PREMIER DES PROMOTEURS IMMOBILIERS : LE RENDEMENT

Bâillonnés les promoteurs, vraiment ? Nous ne sommes plus dans l’ère – pas si lointaine – où les projets de tour à condos se négociaient derrière des portes closes. Aujourd’hui, les processus de consultations citoyennes sont largement répandus. Les promoteurs détiennent néanmoins de larges tribunes et surtout un immense pouvoir sur le développement immobilier. Dans le contexte de spéculation et de financiarisation du marché de l’habitation, et avec le manque de leviers des pouvoirs publics, la Ville dépend des promoteurs et de leurs capitaux pour le développement urbain. Elle leur en délègue des pans entiers de réalisation, tout en négociant des retombées en échange de zonages et usages permissifs.

Faut-il vraiment rappeler ici que les promoteurs raisonnent d’abord et avant tout en termes de rentabilité financière ? Les projets résidentiels de grande densité sont concentrés dans les mains d’un petit nombre de promoteurs immobiliers, qui disposent d’importants capitaux grâce aux fonds d’investissement.

L’objectif premier de leurs tours en hauteur n’est pas d’assurer à tous et à toutes un toit sur la tête, ni de répondre aux besoins cruciaux et urgents de la population, ni de penser la ville à échelle humaine. C’est d’atteindre des rendements les plus enviables possible pour les investisseurs de leurs sociétés en commandite.

Leurs incessantes menaces de retirer leurs billes si on ne leur donne pas entière satisfaction dévoile par ailleurs la faiblesse de leur attachement aux quartiers en développement.

L’enjeu est de taille : celui de la capacité des Montréalaises et des Montréalais à se loger ! Nous dénonçons depuis longtemps que le logement n’est plus un droit, mais bien une marchandise. Il est devenu source d’accumulation et de spéculation financière pour les banques et les investisseurs.

Oui, un débat s’impose, qui devra aussi remettre en question la responsabilité sociale des fonds d’investissement, incluant les fonds syndicaux.

GRIFFINTOWN 2.0 ? PLUS JAMAIS !

En quoi les développements promus par ces promoteurs répondent-ils aux objectifs de logements réellement abordables, de rétention des familles et de résilience climatique dans la région métropolitaine ?

Avec ses tours de condominiums de 6 à 20 étages et un maigre pourcentage de logements sociaux, le développement de Griffintown a plutôt accentué la crise pour les mal-logés et exacerbé la gentrification des quartiers centraux.

Malgré les efforts municipaux pour rattraper le manque initial de planification, on retiendra de ce quartier laissé aux mains des promoteurs – avec Devimco aux premières loges – le prix exorbitant des unités unifamiliales, la multiplication des condos de petite taille, le déficit d’infrastructures publiques et collectives, la rareté du locatif abordable et la croissance des locations à court terme sur les plateformes comme Airbnb. Une étude de la SCHL1 nous apprend que pendant la pandémie, c’est à Griffintown que l’on a observé la plus forte progression de transactions dues au départ de ménages vers la banlieue. Pour la rétention des familles en ville, on repassera…

C’est pourtant ce même mode de développement que Devimco et d’autres promoteurs comptent étendre dans Pointe-Saint-Charles au bassin Peel et sur le site actuel de Transport Ray-Mont, ainsi qu’à Ville-Marie sur la Pointe-du-Moulin et la Cité-du-Havre. Ils revendiquent mur à mur du développement de hautes tours résidentielles et à bureaux, considérant comme nuisibles (et passéistes ?) des entreprises, dont l’emblématique minoterie Five Roses, pourtant bien établies et essentielles à la vitalité économique de Montréal et au cœur de notre patrimoine. La municipalité, tout comme nous, devrait dire « plus jamais » ! Même avec une meilleure planification en amont, une densification avec des tours de condominiums hors de prix ne répondra pas à la crise du logement.

Densifions la ville, oui, mais à échelle humaine, avec une réelle cohabitation des usages, des logements locatifs accessibles et des milieux de vie de qualité.

ALERTE AUX DÉCIDEURS PUBLICS : PRÉSERVONS LES TERRAINS PUBLICS HORS DU MARCHÉ SPÉCULATIF !

Trop souvent, nous avons joué dans ce mauvais film où des consultations sur une vision d’avenir d’un secteur de Montréal se transforment en négociation et en rapport de force à partir de projets privés. Loin d’être bâillonnés, les promoteurs sont assis à la table de concertation mise sur pied par la Ville de Montréal, incluant Serge Goulet à titre de propriétaire foncier. Sa société s’est tout récemment portée acquéreur de terrains privés dans le secteur Bridge-Bonaventure, et il multiplie les opérations de lobbying pour mettre la main sur les terrains publics du secteur.

Pourquoi les pouvoirs publics ne gèlent-ils pas les transactions immobilières pendant les exercices de planification ? Cela éviterait les poussées spéculatives et l’influence indue des promoteurs. Et cela permettrait que les développements privés soient encadrés par une vision et des règlements d’urbanisme, plutôt que ceux-ci soient élaborés selon les projets des promoteurs.

La maîtrise du foncier est la clé pour orienter le développement urbain. Et au bassin Peel, il reste encore de vastes terrains publics appartenant à la Société immobilière du Canada et à Loto-Québec. Nous en appelons, et vite, à la concertation entre les trois ordres de gouvernement et à une réelle volonté politique d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Utilisons-les pour des milieux de vie avec des coopératives d’habitation et autres logements locatifs hors du marché privé, des parcs, des espaces verts, des commerces de proximité et des infrastructures publiques de qualité. En réponse aux besoins urgents et aux aspirations des citoyennes et des citoyens, et non pas pour répondre aux intérêts de promoteurs.

1. Lisez l’étude de la SCHL

Consultez le site d’Action-Gardien

https://plus.lapresse.ca/screens/5e9d2bc5-7c33-4abb-ad50-270274d61604__7C___0.html

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Comme toujours, le résultat optimal se trouve probablement entre les deux extrêmes. Plus de densité, mais beaucoup de place pour des parcs, des écoles et des logements sociaux.

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Je déteste Griffintown parce que je trouve que plusieurs tours sont moches et sans intérêt mais madame ya pas à mentir comme ça.

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On aime bien taper sur Griffintown, tout le monde le fait, c’est la mode. Sauf que Griffintown s’est développé à une vitesse folle, plus rapidement qu’aucun autre quartier, et surtout beaucoup plus rapidement que des quartiers sous contrôle public tel que Blue Bonnets, par exemple. Que Griffintown a permis à des milliers de jeunes d’avoir accès à un condo ou logement aux pieds du centre-ville.

Et là ou cette dame fait erreur, c’est qu’à Griffintown il y a beaucoup de logement abordable et/ou des logements sociaux, justement. Et que sans Griffintown, la crise des mal-logés serait encore pire. Car pour prendre mon exemple, j’habitait dans un petit logement à 525$ par mois. Et lorsque j’ai acheté à Griffintown j’ai alors permis à quelqu’un de mal-logé de profiter de mon petit logement pas cher. Sinon j’y serait encore.

Il y a des quartiers qui ne sont pas fait pour des familles. Griffintown en est un et malheureusement, je crois que Bridge-Bonaventure en sera un autre. Ce quartier est enclavé et sera difficile d’accès pour les enfants et familles. Vaut mieux laisser le marché s’occuper de ce genre d’endroits un peu plus difficile et se concentrer sur les quartiers déjà familiales et les densifier en y ajoutant du logement social.

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23h

19-04-2022

Proche de la deuxième station potentielle du REM sur la Branche…

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Les différents promoteurs immobiliers vont faire une annonce ce matin à 9 h 30

Il y a même un nouveau site Web pour promouvoir leur vision. Je me demande si ce ne sont pas les rendus du projet de Devimco sur le site du Silo no 5

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L’image la plus intéressante du lot, à mon avis. :stuck_out_tongue:

Enfin une vision structurée d’un quartier. Maintenant, il faut s’assurer que plusieurs architectes soient impliqués et qu’il y ait une diversité bâtie intéressante.

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La ville aurait vraiment intérêt à embarquer si même l’un des membres les plus exigeants du forum trouve que c’est une vision de quartier structurée!

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Ce plan est clairement encouragrant!

Pour la première fois depuis quelques décennies, j’ai l’impression qu’il y a une volonté de créer un réel quartier, un réel milieu de vie.

C’est quand même gênant que ça vienne des promoteurs et non de la ville. Qu’est-ce que la ville niaise? On n’a pas appris des erreurs de Griffintown? Mais bon, tant mieux si au moins les promoteurs sont conscients que ça prend une vision d’ensemble!

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Les deux membres les plus exigeants du forum en termes d’urbanisme qui applaudissent ! Go go go :sob:

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Quelques photos du site web

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Oh man I really hope it happens and consultations are friendly… It’s the right density

I mean look at that, it’s fantastic.

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Ce sont seulement des photos du Silo no 5 et de la Pointe-du-Moulin. Aucun rendu pour les autres secteurs.

Et le plan autour du Bassin Wellington est le plan présenté par l’organisme Action-Gardien (qui a une vision complètement différente de celle des promoteurs). Un peu drôle que ce plan soit inclus sur un site Web fait par les promoteurs :wink:

On peut même voir que c’est écrit Action-Gardien en bas à gauche :wink:

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Autant j’espère un développement exemplaire de Bridge-Bonaventure, autant je souhaite qu’on puisse le faire en véritable concertation avec la Ville, les promoteurs et les organismes communautaires. Tout cela afin que tout le monde y trouve son compte et que l’on aboutisse à un quartier de bonne densité, réellement esthétique et de qualité architecturale, sans nécessairement prioriser les hauteurs et où on aurait vraiment envie d’y vivre.

Quant aux esquisses, elles sont préliminaires. Or je m’en méfie totalement parce qu’elles représentent rarement la future réalité. On rend tout beau pour susciter l’imagination et l’approbation, ensuite une fois le chantier en marche on coupe, on coupe pour se retrouver avec du générique comme on l’a tant vu ailleurs en ville. Cette fois-ci on n’a pas droit à l’erreur, le site est trop central et trop stratégique pour faire les choses à moitié. Donc vivement une consultation élargie en invitant la crème de nos architectes et urbanistes à titre de conseillers principaux.

Alors pour une fois soyons vraiment créatifs et offrons-nous une vitrine digne du 21ème siècle.

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C’est très carré-quadrillé

Cet article tombe à point:

Un projet de 1500 condos certifié LEED or, qui a redonné vie à une zone sinistrée du centre-ville de Toronto, a été imaginé par des architectes montréalais.

Gilles Saucier et son associé André Perrotte auraient-ils pu faire la même chose à Montréal ?

« Non, pas avec le type de gestion qu’on a ici pour ce qui est de la planification urbaine », répond Gilles Saucier.

À Toronto, ils avaient tracé les rues, planté des arbres, créé des parcs, décidé des endroits où il y aurait des commerces, décidé des endroits où il y aurait des services. Ils ont établi une volumétrie générale qu’on n’a pas épousée complètement, mais qu’on a interprétée de façon créative.

Est-ce que la VdM a quelque-chose de similaire?

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Plusieurs Tweets sur leur compte Twitter
On dirait qu’ils vont faire leur propre processus de consultation

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Les promoteurs oarlent quand même de 1400 logements familiaux et 20% de logements sociaux. C’est pas rien. Est ce que ça suffira à satisfaire les groupes communautaires ?

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