Un Quartier des artisans verra le jour dans le secteur Bridge-Bonaventure
Photo: Jacques Nadeau, Archives Le Devoir
Mathieu Collette (à gauche), forgeron-fondateur des Forges de Montréal, avec Maxime Gallant
Jeanne Corriveau
17 h 56
Société
Les Forges de Montréal ont officiellement pris possession de l’ancienne station de pompage Riverside dont elles sont désormais propriétaires après des années d’incertitude. Cette étape franchie ouvre la voie à la création d’un « Quartier des artisans » destiné à mettre en valeur le patrimoine et les métiers traditionnels dans le secteur de la rue Mill.
Installées dans l’édifice patrimonial de la rue Riverside depuis 2000, les Forges de Montréal avaient été menacées d’expulsion en 2016 par la Ville de Montréal qui les accusait de ne pas avoir respecté certaines dispositions de leur bail. Après des années de négociations parfois difficiles, l’organisme sans but lucratif s’est finalement entendu avec la Ville et la Société immobilière du Canada (SIC) afin que l’immeuble lui soit cédé.
Cette étape est décisive, estime Mathieu Collette, forgeron-fondateur des Forges de Montréal. « Tant et aussi longtemps qu’on n’était pas propriétaire, on ne pouvait pas hypothéquer le bien immobilier à la banque et obtenir les subventions dont on a besoin pour vraiment lancer le projet éducatif d’espace patrimoine qu’on veut réaliser », a-t-il expliqué jeudi.
Car les Forges souhaitent depuis deux décennies agrandir le bâtiment et aménager, sur trois étages, un centre d’interprétation afin d’accueillir les étudiants et le grand public. À terme, les Forges comptent faire des investissements de 6,5 millions dans leur projet.
Un quartier des artisans
Dans le cadre du développement du secteur Bridge-Bonaventure, la Ville de Montréal entend créer dans le secteur de la rue MIll un « Quartier des artisans ». L’Espace VERRE, un centre de recherche et de promotion des arts verriers qui compte une école-atelier, de même que Juget-Sinclair, qui se spécialise dans la construction d’orgues mécaniques, sont déjà présents dans le secteur, mais la Ville souhaite attirer d’autres artisans afin de créer un pôle créatif autour du « marqueur identitaire » qu’est l’ancienne station de pompage. « On veut amener la population à fréquenter ces lieux de façon différente, que ce soit par la formation, les ateliers ou des démonstrations », souligne Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville de Montréal. « Mais ça va demander des aménagements plus sécuritaires et apaisés. »
La SIC a d’ailleurs cédé les rues Mill et Riverside à la Ville de Montréal, ce qui permettra à celle-ci de réaliser des aménagements plus conviviaux dans le secteur.
D’autres artisans pourraient bientôt conclure des ententes pour s’installer dans le secteur, indique Marc Douesnard, forgeron et président du Conseil des métiers d’art du Québec. Des négociations sont en cours avec deux écoles de métiers d’arts et la SIC, propriétaire de terrains et de bâtiments dans le secteur, a-t-il dit. M. Douesnard se garde toutefois de dévoiler leur identité pour l’instant. « À Montréal, il y a neuf écoles en métiers d’art qui font partie du programme national en métiers d’art et qui vivent des situations similaires à celle vécue par les Forges avec des locaux à baux précaires », explique-t-il. « D’ici quatre à cinq ans, il y a bien des choses qui vont évoluer. »