Je crois que protéger les vues, qu’elles soient liées à la montagne, au fleuve, ou aux vues locales et aux éléments bâtis et paysagers à proximité, implique au contraire de limiter les hauteurs, et je crois que limiter les hauteurs est totalement dans l’intérêt du développement de ce quartier à long terme, et il est démontré que ces limites peuvent absolument être en combinaison avec une forte densité. Promouvoir à tout prix les hauteurs n’est pas un dogme obligé, en matière de densité ni de résolution de crise de logement. C’est uniquement une posture idéologique de promoteurs avides de faire les plus gros profits possibles, le plus rapidement possible. C’est d’ailleurs, ironiquement, la position idéologique qui est la cause des crises de logement dans le monde occidental.
Par ailleurs, la crise du logement, une situation ponctuelle et conjoncturelle, ne devrait en aucun cas occulter les réflexions fondamentales qui doivent être faites sur le long terme quant à l’image de la ville qu’on produit, quant à sa montréalité, quant à sa qualité comme milieu de vie, et quant au patrimoine qu’on veut préserver pour les générations futures.
*A view of downtown from the Bonaventure Expressway. The schematics for redevelopment of the area show two scenarios, with the city’s preferred option including many highrises. * PHOTO BY DAVE SIDAWAY /Montreal Gazette
Montreal is a city like no other in Canada — and not just because it is the only French-speaking metropolis in North America.
Montreal has a vibe and a style all its own, derived in large part from its unique built environment. The city has embraced contemporary architecture and preserved its heritage from every era while remaining livable. And it’s been no accident.
If Old Montreal is an historic quarter that charms visitors and residents alike, it’s thanks to the visionary leadership of Blanche Lemco van Ginkel and her husband Daniel van Ginkel, who saved the district from demolition for an expressway in the 1960s.
If Mount Royal, the city’s geographical and symbolic heart, welcomes people arriving from all directions, it’s because of the wise move to limit building heights in the 1990s.
That policy likely also helped preserve the iconic triplexes and duplexes that line so many residential streets. With these cold-water flats that housed multi-generational families stacked two or three storeys high, Montreal has been doing urban density right since the 19th century.
The same kind of foresight and vision is needed now, as Montreal prepares for the major redevelopment of, most notably, the Bridge-Bonaventure area, wedged between Pointe St-Charles, Old Montreal and the St. Lawrence River.
The Office de consultation publique de Montréal is holding public hearings this month on the city’s plan for a sustainable, multi-purpose and mixed-use neighbourhood with 9,700 new housing units — 2,257 considered social or family dwellings, and 1,500 “affordable” — interspersed with a clean-tech employment hub, parks, urban agriculture, access to the Lachine Canal, a school, cultural amenities and access to the new REM station.
It all looks idyllic in the promotional video. But a key question is density. The schematics show two scenarios, with the city’s preferred option including many highrises.
For developers who will finance and construct the future Bridge-Bonaventure neighbourhood, the higher the better. More units in taller structures on smaller plots of land equals greater profits. And densification is important to increase the supply of housing stock, limit sprawl and make efficient use of public transit and other infrastructure.
But to preserve Montreal’s essence, development must be done on a scale and in a style that comports with the city as it has evolved over the centuries.
Groups like Les Amis de la montagne warn that constructing too many highrises at the gateway to the city will obscure those incomparable views of the mountain from the Victoria and Samuel de Champlain bridges. And it’s not just views of the mountain, it’s views from the mountain, and across the city. It’s not about picturesque selfies; it’s about what we see when we look at ourselves.
It risks making Montreal look like every other metropolis that has sprouted a forest of glass skyscrapers, from Vancouver to Toronto to Shanghai.
The development mistakes of the recent past must not be repeated. In Griffintown, and on the west side of downtown, towers blot out the sunlight and create wind tunnels. Public amenities like schools, parks and recreation facilities were an afterthought. And rising rents and continued construction activity are squeezing community groups out.
There is tremendous opportunity to add to the city’s vibrant character in creating the Bridge-Bonaventure neighbourhood from the ground up — as well as the old Blue Bonnets site and the Lachine-Est ecoquartier. But it must not sacrifice what makes Montreal, Montreal.
Je suis tout à fait d’accord avec cet édito. Montréal a tout à perde de devenir une copie de Toronto et Vancouver.
Aussi, la vision de forte densité que le regroupement de promoteurs a présenté il y a un an (la vidéo de présentation sur leur site web) proposait la construction de 7500 nouveaux logements. La ville a bougé de sa position pour présenter un PPU avec 7600 logements potentiels, soit 100 de plus que la vision du regroupement. Ayant vu cela, les promoteurs et la SIC tentent aujourd’hui de faire bouger la ville à la hausse pour des raison purement économique. Ils veulent tirer le plus de profit ($$$) possible de ces terrains.
Honnêtement, la vision présentée par la ville ce printemps est tout à fait raisonnable et bien mesurée pour construire un superbe quartier humain. Il y a de la place pour un peu de hauteur dans ce plan sans que cela deviennent un quartier complet de tours de 40 étages. Il n’y a pas vraiment de de tout nouveau quartier aussi animé et vivant que les vieux quartiers de Montréal qui me vient à l’esprit. Je n’ai pas de projet de tour de 40 étages autour de laquelle la vie est aussi animée et qui est une destination.
Maybe this is controversial, but I’m fine with taller buildings (like 30 floors max) in residential areas, I just think generally the space outside, the urban environment is more important. Look in the Plateau, Les Dauphins sur le parc is a large 28 storey building, but despite it being so big around an area of shorter buildings, people don’t mention it ever as a big issue, because it’s quite old now. If they build the buildings in Bridge-Bonaventure to be architecturally interesting, and have maybe a few taller buildings like this, I don’t think it’s that bad
Je t’invite à écouter la forte intéressante présentation de M. Frappier de ACDF Architecture (ainsi que la période de questions) à la séance d’audition des opinions du 15 juin, qui nous pousse à ne pas avoir peur des hauteurs et explique comment ça peut être bien fait et de ne pas reproduire les erreurs du passé.
La densité présentée ne cadre pas non plus avec la majorité des quartiers avoisinants, il y avait ce cri du coeur que j’ai trouvé aussi très intéressant dans les consultations à ce sujet.
Il n’y a pas vraiment de de tout nouveau quartier aussi animé et vivant que les vieux quartiers de Montréal qui me vient à l’esprit.
Tu ne peux pas vraiment comparer Griffintown avec le Vieux-Montréal (par exemple), un a des centaines d’années et l’autre n’est même pas majeur. Une vie de quartier et une appropriation des lieux se font avec le temps et sont réparties à travers des moments de l’histoire, ça se fait de façon organique, non artificielle.
Je crois que le plan de la ville prévois quelques tours de 60 mètres de haut (près de 18 étages) et le reste entre 25-40 mètres (7 étages étant 25 mètres de hauteur). C’est assez dense.
Cela donne aussi un levier de négociation pour la ville.
Immobilier: osons des projets qui deviendront la carte postale de notre métropole
Roger Plamondon, Ancien président de Broccolini PHOTO COURTOISIE, MÉLANIE DUSSEAULT
ROGER PLAMONDON, ANCIEN PRÉSIDENT DE BROCCOLINI Jeudi, 6 juillet 2023 00:00 MISE À JOUR Jeudi, 6 juillet 2023 00:00
Le 13 juin dernier, je livrais ma dernière allocution à titre de président du groupe immobilier Broccolini lors des consultations de l’Office de consultation publique de Montréal concernant notre plus récent projet, le Triangle Saint-Patrick, au confluent des quartiers Pointe-Saint-Charles, Griffintown et Bridge-Bonaventure.
Je suis convaincu que cette localisation des plus stratégiques mérite un projet ambitieux qui, évidemment, respectera le patrimoine architectural de Montréal. Il a d’ailleurs toujours été dans l’ADN de Broccolini, depuis sa fondation il y a plus de 70 ans, de présenter des projets qui respectent l’héritage économique, culturel et social des quartiers avec lesquels il collabore.
Dans le cadre de mes fonctions de président – que je viens tout juste de quitter –, j’ai siégé à plusieurs comités consultatifs, notamment Chantier Montréal abordable. Ceux-ci avaient notamment comme mandat de réfléchir sur l’avenir du secteur immobilier à Montréal et d’avancer des pistes de solution en réponse aux enjeux actuels, à savoir l’accessibilité, l’abordabilité et la cohabitation – ou l’intégration – des projets, que nous appelons la mixité. Pour moi, il existe trois principes fondateurs à une intégration urbaine réussie qui maximise les retombées dans sa communauté d’accueil.
Exploiter le plein potentiel des terrains montréalais
Puisque les intérêts des différentes parties impliquées sont divergents, une attention particulière doit être portée à l’atteinte d’un consensus entre les acteurs. Cette entente aura inévitablement comme résultat de promouvoir une meilleure mixité, ayant reçu l’aval des personnes qui l’utiliseront ou qui habitent déjà le quartier. En diversifiant les usages, la présence des résidents sur le site se voit renforcée et l’acceptabilité sociale a de plus fortes chances d’être atteinte.
Cela passe par le développement de pratiques innovantes en matière d’encadrement réglementaire. Parfois, le processus de consultation publique et de planification urbaine dure plusieurs années. Je pense notamment au projet Bridge-Bonaventure. Dans ce cas précis, il est effectivement temps de passer à l’étape suivante, soit offrir des solutions concrètes qui répondent aux attentes du milieu. J’ai confiance qu’on est capable de faire mieux si on enlève nos œillères pour nous permettre de voir plus loin que la réglementation en vigueur.
Construisons davantage de projets distinctifs qui viendront changer la carte postale de Montréal
Tenir compte des grands enjeux
Pensons à des projets comme la Vancouver House ou le futur projet Curv présentement en construction à Vancouver qui, ensemble, deviendront de véritables immeubles iconiques du paysage de cette capitale. Il ne faut pas voir un terrain comme une page blanche, mais comme une ressource. Comment allons-nous utiliser intelligemment cette ressource ?
D’abord, en tenant compte des grands enjeux : changements climatiques, pénurie de logements, dynamisme du centre-ville, etc. Ensuite, en ayant une vision : la « ville 15 minutes » par exemple, qui nécessite une offre commerciale de proximité et l’accès aux principaux axes de mobilité. Il faut s’habituer à considérer la construction du REM et de ses futures stations dans la planification des quartiers. Cet avantage en termes de mobilité est également une occasion de repenser la manière de penser le développement immobilier d’un secteur. Et enfin, en maximisant ce qu’on peut réaliser sur ce terrain pour répondre aux enjeux et atteindre notre vision.
En retirant nos œillères, tout devient possible. Faisons comme plusieurs grandes villes à travers le monde et mettons de l’avant des projets phares qui incarneront la signature de Montréal à l’international.
Un peu ironique de le voir parler de Vancouver House alors que leur projet actuel, Le Sherbrooke, est tout le contraire; une tour démodée, sans originalité, ni audace. Mais bon, au moins l’intention est là pour les prochains projets.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
L’avenue Pierre-Dupuy, dans la Cité-du-Havre.
Une promenade urbaine verra le jour d’ici décembre sur l’avenue Pierre-Dupuy, dans la Cité-du-Havre, près du terminal Bickerdike du Port de Montréal. Ce projet de 2,5 millions comprendra notamment un sentier piétonnier et une station de réparation de vélos.
Publié à 10h51 Henri Ouellette-Vézina LA PRESSE
C’est ce qu’a annoncé mardi l’Administration portuaire de Montréal (APM). La Ville planche dans ce secteur depuis plusieurs mois sur la transformation en parc linéaire de la berge du Saint-Laurent, qui accueille actuellement l’autoroute Bonaventure, ainsi que la création d’un quartier d’au moins 7600 logements dans le secteur Bridge-Bonaventure.
En avril, l’APM avait évoqué un projet « dans les cartons » sur l’avenue Pierre-Dupuy, cette langue de terre où est situé Habitat 67 et qui devrait accueillir des centaines de nouveaux logements dans le cadre du développement de Bridge-Bonaventure. On disait alors vouloir y « améliorer grandement les infrastructures pour embellir le coin et mettre en valeur le port ».
Outre un sentier pour les piétons, le futur site prévoit entre autres une balustrade, du mobilier urbain et une station pour réparer son vélo. Des plantations d’arbres sont aussi prévues, mais on ignore encore le nombre qui est prévu.
Le but avoué est d’offrir aux visiteurs « un espace de détente avec une vue privilégiée sur les installations portuaires », soutient l’APM. La promenade portera le nom du terminal Bickerdike, qui accueille quotidiennement des navires desservant les secteurs de Terre-Neuve et des Îles-de-la-Madeleine.
Plusieurs panneaux d’information seront aussi installés sur la promenade pour « documenter l’histoire et l’évolution du paysage urbain avoisinant », mais aussi sur « l’héritage industriel du secteur », affirme l’administration portuaire.
Redonner l’accès au fleuve
Ultimement, le tout permettra « d’améliorer l’espace urbain près de nos installations », a souligné mardi la PDG intérimaire de l’APM, Geneviève Deschamps. « Ce projet s’intègre dans une vision à long terme d’amélioration de l’interface ville-port et de développement de relations harmonieuses entre le Port de Montréal et la communauté avoisinante que nous avons consultée », a-t-elle ajouté.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a quant à elle souligné que l’aménagement de la promenade « est directement en phase avec la vision de la Ville de Montréal pour le secteur Bridge-Bonaventure », son administration réitérant souvent sa volonté de redonner leur fleuve aux Montréalais.
« Ce projet viendra non seulement améliorer l’expérience de déplacement actif dans le secteur, mais offrira aussi de nouveaux points de vue sur le fleuve », s’est-elle réjouie.
Les travaux, évalués à 2,5 millions, ont officiellement été lancés il y a quelques jours. Ils se poursuivront jusqu’au début du mois de décembre 2023. Les plantations d’arbres et les travaux de finition, eux, auront lieu au printemps 2024, affirme l’APM.
Très étrange la priorisation de cette zone, c’est un secteur très vide et cloisonné, les vues y sont intéressantes seulement sur la dernière portion. L’image en entête résume pas mal l’ambiance. Je comprends qu’on veut y développer du logement, mais faudrait pas mettre la charrue devant les boeufs.
EDIT: ah je viens de voir les images, très minime comme aménagement.
Cette partie est souvent très utilisée par plusieurs personnes/touristes qui prennent des photos vers le vieux Montréal. La piste est aussi très utilisée par les cyclistes/coureurs en direction du parc jean drapeaux.
D’ailleurs j’espère qu’on en profite pour refaire l’asphalte sur la piste qui est dégradé par endroit.
Même chose pour la piste sur le pont de la concorde
Dans ce reportage au Téléjournal, il est question de quelques projets de développement possible à la Cité du Havre
Patrimoine de l’Expo 67 : une bataille pour sauver un pavillon
La Société du parc Jean-Drapeau a convaincu Loto-Québec de suspendre la vente d’un ancien pavillon de l’Expo 67.
Le Pavillon thématique « Le Génie créateur de l’Homme » est situé à la Cité du Havre, qui sera redéveloppé au cours des prochaines années. Des résidents craignent que le patrimoine de l’Expo disparaisse en même temps.
La Société du parc Jean-Drapeau a convaincu Loto-Québec de suspendre la vente d’un ancien pavillon d’Expo 67 situé à la Cité du Havre. Dans une publicité, l’endroit était présenté comme une propriété vacante idéale pour le développement immobilier.
Le bâtiment en question, situé au 2190, avenue Pierre-Dupuy, a accueilli une exposition d’art international lors de l’événement qui a fait connaître Montréal au monde entier. Il a par la suite abrité le Musée d’art contemporain jusqu’à son déménagement au centre-ville, en 1992.
L’ancien musée appartient à Loto-Québec depuis 1997. La société d’État s’en servait comme entrepôt et centre de formation pour le Casino de Montréal. Mais elle souhaite maintenant s’en départir, notamment en raison des coûts d’entretien élevés. Les fondations du bâtiment contiennent de la pyrite, ce qui pourrait rendre nécessaires d’importants travaux.
Loto-Québec a donc mis le bâtiment en vente, avant de se raviser. Une publicité vidéo du courtier embauché par la société d’État vantait l’endroit comme étant idéal pour le développement immobilier et montrait même un immeuble à logements s’élever sur le site actuel de l’ancien pavillon.
Depuis plus d’un an, nous avons communiqué avec divers organismes gouvernementaux et parties prenantes afin de mesurer leur intérêt pour cet immeuble. Un partenaire s’est récemment manifesté, alors nous avons mis la vente sur la glace le temps de poursuivre les discussions, a expliqué par courriel le porte-parole de Loto-Québec, Renaud Dugas.
5:23
Téléjournal Montréal
Patrimoine d’Expo 67 : une bataille pour sauver un pavillon
Le reportage d’Olivier Bachand
Un pavillon d’accueil pour le parc Jean-Drapeau
Le partenaire qui s’est manifesté est la Société du parc Jean-Drapeau. Je me suis dit : allez, on prend le téléphone, raconte sa directrice générale, Véronique Doucet.
Elle a rappelé à Loto-Québec que son organisation avait des projets pour le bâtiment. Des pourparlers avaient déjà été entamés avec la société d’État avant la mise en vente.
On le voit comme partie intégrante du parc, considérant que ça fait partie de ce qui était à l’époque l’espace occupé par Expo 67.
Une citation de Véronique Doucet, directrice générale de la Société du parc Jean-Drapeau
La Société du parc Jean-Drapeau voudrait possiblement en faire un pavillon d’accueil où des navettes seraient offertes aux visiteurs qui veulent se rendre sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame.
On peut penser à toutes sortes de choses, comme la navette autonome, le petit autobus électrique ou encore la micromobilité qui permettrait aux gens d’entrer dans le parc avec une expérience, explique-t-elle.
L’administration Plante appuie ce projet, mais envisage aussi des usages supplémentaires pour l’ancien pavillon. Cette idée-là d’avoir peut-être un pôle d’accueil, un pôle mobilité, fait son chemin, et oui, elle est intéressante, indique le conseiller de ville du district de Saint-Jacques et responsable de l’urbanisme au comité exécutif, Robert Beaudry.
Mais après, l’objectif ça va être de voir comment on va être capable d’utiliser le plein potentiel : est-ce qu’il y a d’autre chose qu’on peut annexer à ça, est-ce qu’il y a d’autres usages? Je dirais que la feuille est très ouverte sur ce plan-là.
La Cité du Havre, secteur oublié d’Expo 67
Il y a quelques années, une résidente du secteur, Lucette Lupien, avait présenté une demande au ministère de la Culture pour que l’ancien musée obtienne une désignation patrimoniale, mais aucune décision n’a encore été rendue.
Même si Loto-Québec a suspendu la mise en vente de l’endroit, Mme Lupien craint que le pavillon tombe sous le pic des démolisseurs.
Sur le plan historique, sur le plan de l’art, sur le plan du patrimoine, il est extrêmement important. Et je pense que c’est un modèle et qu’il faut le sauver. Ça a été le premier espace construit au Canada consacré à l’art contemporain. Ce n’est pas rien, dit-elle.
Le musée d’art est un pavillon d’Expo 67 dont Loto-Québec est aujourd’hui propriétaire.
PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BACHAND
D’architecture brutaliste, le musée fait partie d’un ensemble de trois édifices situés côte à côte. L’ancien Pavillon de l’administration et de la presse est devenu le siège social du Port de Montréal, et l’Expo théâtre est maintenant occupé par les Studios MELS.
Tous ces immeubles se trouvent dans la Cité du Havre, une presqu’île communiquant avec les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, où Expo 67 s’est déroulée.
L’endroit est situé dans le secteur Bridge-Bonaventure, où la construction de plusieurs milliers de logements est prévue au cours des prochaines années, à la faveur d’un redéveloppement qui fait saliver les promoteurs immobiliers.
On a comme oublié dans la mémoire collective que la Cité du Havre faisait partie de l’Expo et on se comporte comme ça. Ça fait qu’on essaie d’enlever toutes les traces.
Une citation de Roger Laroche, historien spécialiste d’Expo 67
L’historien spécialiste d’Expo 67 Roger Laroche s’inquiète pour l’avenir du patrimoine dans le secteur. Tout ce qui est protégé actuellement dans la Cité du Havre, c’est Habitat 67. Et ça, c’est parce que les citoyens se sont battus pour le protéger, puis ça a été difficile. Tout le reste, c’est un freeforall, on fait ce qu’on veut.
L’avenir du parc-vestiges inquiète aussi
Tout juste à côté de l’ancien musée d’art, la nature a repris ses droits sur un vaste terrain utilisé lors d’Expo 67 et qui longe aussi l’avenue Pierre-Dupuy. L’endroit a été baptisé le parc-vestiges.
On y trouve notamment une fontaine appelée La Giboulée, qui ornait le paysage en 1967. C’est laissé à l’abandon depuis si longtemps, la tuyauterie est brisée, il n’y a pas d’eau qui se rend là, les plaques de verre ont disparu, tout est rouillé, s’indigne Lucette Lupien.
Un peu plus loin, des lampadaires de l’époque ont été retirés à la fin du mois d’août. C’est bien plus facile de vendre un terrain quand il n’y a plus d’objets d’époque, de vestiges d’Expo 67, comme ça, c’est comme un terrain vide, déplore la Montréalaise.
La fontaine La Giboulée, créée pour Expo 67, est en mauvais état en raison d’un manque d’entretien.
PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BACHAND
Le terrain en question appartient au bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Ivanhoé Cambridge, et à la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Son zonage actuel permet la construction résidentielle de haute densité.
La Ville de Montréal y envisage la construction de 2600 logements, mais veut en protéger une partie. Un tiers du terrain pourrait être dévolu à la construction de logements mixtes parce qu’on en a besoin, on est en crise du logement actuellement. Cela nous permettrait de conserver les deux tiers de l’espace vert pour les valoriser, expose Robert Beaudry.
Je pense qu’il y a de la capacité pour le développement, mais il faut s’assurer qu’il y a une bonne façon de protéger certains espaces et évidemment les oeuvres d’art, ajoute pour sa part Véronique Doucet.
Si la Ville veut sauvegarder le patrimoine d’Expo 67 à la Cité du Havre, aucun projet n’est encore ficelé. Et il faudra qu’elle s’entende avec plusieurs partenaires, puisqu’elle n’est pas propriétaire des terrains.
Le patrimoine moderne, si on ne le protège pas puis s’il disparaît, dans 100 ans, les gens n’auront pas de traces de ça. Nous, on essaie de garder la trace de bâtiments qui étaient là il y a 100 ans. Eux, ils vont avoir besoin de cette époque-ci, estime Lucette Lupien.
Le parc-vestiges est un immense terrain situé le long de l’avenue Pierre-Dupuy.
Un bâtiment plutôt moche (même les photos d’époques ne sont pas extraordinaires), structurellement vétuste (je sais de source sûre que la fondation est à refaire, et ce n’est que le début des problèmes), dont l’histoire intéressante n’a pas grand-chose à voir avec les qualités architecturales du bâtiment lui-même.
Combien de millions on est prêt à engloutir pour lui donner un usage pour lequel il n’est pas fait? S’il pouvait être récupéré à moindre coût et qu’il était plutôt bien adapté à sa nouvelle fonction, je suis d’accord qu’il serait intéressant de le sauver malgré son esthétisme plutôt, disons, hermétique? Mais si on paie beaucoup plus que pour du neuf qui pourrait être autrement plus intéressant, je suis moins convaincu. Peut-être que sur le plan écologique il pourrait y avoir un certain mérite (selon la quantité de béton à refaire )…
En voyant ce reportage, je ne peux m’empêcher de me projeter dans 50 ans et d’imaginer des défenseurs du patrimoine moderne monter aux barricades pour sauver des bulldozers des tours laides de Geiger Huot ou d’autres firmes d’architecture qui ont été prolifiques dans les 15-20 dernières années à pondre des projets cheaps. “Mais ça encapsule l’esprit de la décennie 2010, la recherche du profit au détriment de la qualité architecturale ou de la durabilité…”
(fin de ma dérape cynique un peu gratuite)