Le Port de Québec et l’opérateur QSL « auraient pu être plus clairs » sur leur volonté de ramener l’idée d’un terminal de conteneurs dans le secteur de la baie de Beauport, tranchent des organisations citoyennes et environnementales. À commencer lors d’une récente consultation sur l’aménagement des territoires portuaires, où le projet a carrément été omis.
Le 3 juin dernier, la Table citoyenne Littoral Est saluait une récente initiative de l’Administration portuaire de Québec (APQ). Le Port venait alors de compléter un processus de consultation publique, en mai, pour son prochain Plan d’utilisation des sols (PUS), ce qui constitue en quelque sorte son schéma d’aménagement.
Résumé
Les conteneurs, une vieille volonté qui refait surface à la baie de Beauport
Image d’idéation donnant un aperçu du réaménagement envisagé dans le secteur de Beauport.
Photo : QSL
Publié à 5 h 41 HAE
Le Port de Québec et l’opérateur QSL « auraient pu être plus clairs » sur leur volonté de ramener l’idée d’un terminal de conteneurs dans le secteur de la baie de Beauport, tranchent des organisations citoyennes et environnementales. À commencer lors d’une récente consultation sur l’aménagement des territoires portuaires, où le projet a carrément été omis.
Le 3 juin dernier, la Table citoyenne Littoral Est saluait une récente initiative de l’Administration portuaire de Québec (APQ). Le Port venait alors de compléter un processus de consultation publique, en mai, pour son prochain Plan d’utilisation des sols (PUS), ce qui constitue en quelque sorte son schéma d’aménagement.
Considérant qu’il n’y aura pas d’agrandissement portuaire dans le secteur Beauport selon la version préliminaire du PUS, nous pourrons naviguer et ramer ensemble en eaux calmes, dans les prochaines années, pour relever le beau défi d’un réaménagement du littoral est qui répondra aux attentes de la population, écrivait la présidente de la Table, Marie-Hélène Deshaies, dans une lettre acheminée à l’APQ.
Les valeurs portuaires exprimées, qui tournent autour de la durabilité, de la collaboration et de l’innovation, mettent la table à une cohabitation Ville, Port et citoyen.ne.s résolument plus harmonieuse, ajoutait la missive sur un ton résolument positif.
La Table citoyenne Littoral Est accuse le Port de Québec d’avoir manqué de transparence.
Photo : Radio-Canada / David Remillard
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Omission et manque de transparence
Or la Table citoyenne Littoral Est accuse maintenant le Port de Québec d’avoir manqué de transparence et se dresse contre le projet de terminal de conteneurs présenté par l’opérateur QSL, le 5 juillet, à peine un mois plus tard.
Dans un délai aussi court que six mois à un an, le plus grand opérateur portuaire du Saint-Laurent et des Grands Lacs pourrait manutentionner des dizaines de milliers de conteneurs dans le secteur Beauport. Les citoyens craignent les impacts du camionnage, notamment, rappelant que le secteur est déjà saturé de projets industriels.
À terme, QSL croit pouvoir transborder jusqu’à 240 000 conteneurs par année. Le jour de l’annonce, l’entreprise avait aussi dévoilé qu’elle avait demandé, par l’entremise de l’APQ, des services de douanes au port de Québec afin de permettre la manutention de conteneurs internationaux.
L’entreprise QSL propose de construire un terminal à conteneurs sur ce site.
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Marie-Hélène Deshaies, de la Table citoyenne Littoral Est, s’est levée le 5 juillet sans avoir la moindre information sur le projet de QSL, et ce malgré avoir participé à la consultation publique sur le Plan d’utilisation des sols quelques semaines auparavant.
L’omission n’est pas acceptable, selon la Table.
Des intentions et un potentiel
Le document préliminaire mis en ligne par le Port de Québec ne contient en effet aucune mention du projet de QSL. Pas plus que l’aménagement d’un terminal de conteneurs n’est spécifiquement expliqué.
L’administration portuaire y exprime cependant ses visées.
Avec sa localisation avancée dans le continent, sa profondeur d’eau, sa desserte multimodale et la qualité des services maritimes qu’on y retrouve, Québec a tous les atouts pour proposer une offre compétitive aux entreprises du corridor Québec-Ontario et ainsi renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement dans l’est du pays pour les marchandises conteneurisées, constate le Port de Québec dans ses diagnostics.
N’ayant plus de propriétés foncières pour une expansion, le Port de Québec se résout à s’agrandir par l’intérieur en optimisant ses terrains actuels. Le secteur de Beauport compte un terrain actuellement sous-utilisé qui pourrait à terme accueillir de nouvelles activités portuaires, souligne le Port, en référence aux terrains que QSL compte utiliser pour stocker ses conteneurs.
L’emplacement projeté des conteneurs
Photo : Radio-Canada / Google Earth
Dans son document préliminaire destiné à la consultation, le Port de Québec reprend les mêmes arguments que QSL pour justifier l’importance de Québec dans la chaîne d’approvisionnement des marchandises.
L’augmentation de la taille des navires constitue un avantage stratégique significatif, peut-on lire. Le 5 juillet, QSL vantait l’importance de Québec pour soulager les porte-conteneurs trop chargés pour compléter le trajet vers Montréal, faute d’une profondeur d’eau suffisante à l’ouest de la capitale.
Seule différence, QSL parle d’un projet à court et moyen terme, alors que le Port de Québec faisait référence à une volonté à long terme dans son document de consultation.
Pas le bon forum
Pourquoi ne pas avoir parlé de QSL dans sa consultation de mai dernier?
Le Port de Québec répond que le Plan d’utilisation des sols n’est pas le bon forum pour débattre de tels projets. Le PUS ne constitue pas une tribune pour présenter ou parler spécifiquement de projets précis et encore moins de projets qui ne sont pas définis, rétorque Frédéric Lagacé, directeur des communications de l’APQ.
Il rejette également l’idée selon laquelle le Port et QSL auraient manqué de transparence.
Quant à l’annonce de l’analyse menée par QSL, celle-ci se présente comme un geste de transparence en amont d’un projet potentiel. Dans la vaste majorité des situations, ce type de communication n’est pas chose commune. Régulièrement, les communications puis les consultations débutent alors qu’un projet est beaucoup plus avancé.
Une citation de Frédéric Lagacé, directeur des communications, Port de Québec
L’administration portuaire promet de donner la parole aux citoyens si un avis de projet est officiellement déposé par QSL et porté par le Port de Québec.
Dans la foulée de la démarche réalisée par QSL, des échanges auront lieu avec les groupes et citoyens entourant le Port. Lorsqu’un projet sera formellement déposé, un processus d’évaluation et de consultation se mettra en branle, poursuit M. Lagacé.
Le Port de Québec veut se positionner comme un partenaire majeur de la chaîne d’approvisionnement dans le corridor du Saint-Laurent et des Grands Lacs. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Une réflexion bien avancée
Le dernier projet concret de terminal de conteneurs de l’APQ est Laurentia. Enterré par l’Agence d’évaluation d’impacts du Canada à l’été 2021, le projet visait l’aménagement d’une ligne de quai en eau profonde sur 610 mètres, directement dans le fleuve, et prévoyait le remblai d’une longue portion de la baie de Beauport.
Quelques mois avant la mort de Laurentia, QSL a mis la main sur Arrimage Empire, une entreprise montréalaise œuvrant dans la manutention de conteneurs. Jusque-là spécialisée dans le transbordement de vrac solide et de vrac liquide, la compagnie d’arrimage faisait son entrée dans la chaîne d’approvisionnement des marchandises conteneurisées.
Et c’est là, admet QSL, que la réflexion pour un projet à la baie de Beauport a commencé. Notre intérêt pour le marché des conteneurs s’est concrétisé davantage à la suite de l’acquisition d’Arrimage Empire qui œuvre dans ce secteur depuis des décennies. Cette acquisition nous a permis d’approfondir notre expertise, explique Claudine Couture-Trudel, vice-présidente chez QSL.
Au fil du temps, nous avons débuté un processus d’analyse de ce qu’impliquait un tel projet à Québec.
Une citation de Claudine Couture-Trudel, vice-présidente Politique ESG et initiatives futures, QSL
La première étape du projet, nécessaire à sa réalisation, était de demander l’ajout de services douaniers à l’Agence des services frontaliers du Canada. Ce type de demande devant être déposée par l’Administration portuaire, et non par un opérateur, nous avons alors communiqué avec l’APQ afin de travailler conjointement au dépôt d’une demande de service. Ces travaux ont eu lieu au cours des mois précédant cette étape.
Le Port de Québec était donc au courant des intentions de QSL avant novembre 2023.
Mario Girard, PDG du Port de Québec (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Lors du dévoilement de la Vision 2035 de l’APQ, en janvier 2023, le président-directeur général, Mario Girard, avait d’ailleurs fait mention d’un projet de conteneurs pour Beauport.
Maintenant, la conteneurisation est une tendance mondiale. Et c’est encore plus vrai dans un contexte de rupture des chaînes d’approvisionnement. Tôt ou tard, il faudra engager un dialogue social sur les conditions à réunir pour que le Port de Québec puisse participer au rétablissement des chaînes d’approvisionnement, disait-il alors selon des propos rapportés par Le Journal de Québec.
Le Port de Québec assure aujourd’hui que les intentions de QSL n’étaient pas encore connues à ce moment.
Outre l’administration portuaire, QSL a déjà reçu les appuis de la Ville de Québec, de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec ainsi que du Port de Montréal.
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Résumé
Des options toujours limitées pour se rendre à la plage de la baie de Beauport
2:07
Le Téléjournal Québec
Pas d’autobus vers la Baie de Beauport
Le reportage de Louis-Philippe Arsenault
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Publié hier à 18 h 16 HAEMis à jour aujourd’hui à 6 h 03 HAE
Le temps des vacances bat son plein, et plusieurs résidents de Québec profitent de l’occasion pour se rafraîchir à la plage de la baie de Beauport. Les usagers du transport en commun qui souhaitent se rendre sur le site doivent toutefois se tourner vers la voiture ou le vélo, puisqu’aucun autobus ne dessert le secteur.
C’est vrai qu’il n’y a aucun transport en commun pour venir ici, s’étonne un passant qui profite du soleil mardi à la plage de la baie de Beauport. Si l’endroit est plutôt bien desservi par le réseau cyclable, les arrêts d’autobus les plus près, eux, sont situés à quelque 45 minutes de marche de la plage.
La directrice générale de la Baie de Beauport, Emilie Darras, croit que l’ajout d’une desserte du Réseau de transport de la Capitale (RTC) serait avantageux pour de nombreux usagers.
Familles, sportifs, adolescents, notre clientèle est super variée, précise-t-elle. C’est certain que ce serait bénéfique d’avoir le transport en commun.
Emilie Darras, directrice générale de la Baie de Beauport
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
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Elle pense notamment à celles et ceux pour qui le transport en commun représente le seul moyen de se déplacer. Pour le moment, l’accès au site est, par la force des choses, limité aux personnes à vélo ou en voiture.
Un frein au recrutement
Si le transport constitue un défi pour les employés de la Baie de Beauport et des divers partenaires du site, Emilie Darras note, sourire en coin, que les parents sont mis à l’honneur.
Soit les gens utilisent la piste cyclable avec leurs propres moyens, signale-t-elle. Ou c’est papa et maman qui font les allers-retours pour les jeunes!
C’est certain que ça viendrait faciliter au niveau de l’embauche et de la rétention.
Une citation de Emilie Darras, directrice générale de la Baie de Beauport, Gestev
Ces deux dernières années, le nombre de personnes ayant foulé le sable de la Baie de Beauport oscillait entre 65 000 et 70 000, estime Emilie Darras.
Une sculpture de sable à la Baie de Beauport.
Photo : Radio-Canada
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Un achalandage qui ne justifie pas d’ajout au réseau, selon le RTC
Aux yeux du RTC, l’achalandage actuel ne justifie pas l’ajout de transport en commun dans le secteur de la Baie de Beauport, soutient par courriel Geneviève Clavet, conseillère en communication.
Nous analysons toujours les demandes d’ajout de service en fonction de nos ressources et des besoins, et ce, en continu.
Une citation de Geneviève Clavet, conseillère en communication au RTC
Elle ajoute que des navettes événementielles sont offertes pour des événements précis à la Baie de Beauport, comme Cigale, qui se déploie sur deux jours à la mi-août. Pour ce genre d’occasion, les conditions de succès pour offrir ces navettes sont réunies.
Le festival de musique Cigale se déploie sur deux jours à la mi-août. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
S’il n’est pas impossible que ce soit le cas ultérieurement, la porte-parole du RTC indique qu’il n’est pas prévu de modifier de parcours existant à court terme près de la Baie de Beauport.
Options limitées pour se rendre à la Baie de Beauport.ÉMISSION ICI PREMIÈRE.C’est encore mieux l’après-midi.
Options limitées pour se rendre à la Baie de Beauport
ÉMISSION ICI PREMIÈREC’est encore mieux l’après-midi
Durée de 4 minutes 43 secondes4:43
La planification des parcours du RTC est revue quatre fois par an, note-t-elle.
Un peu un gaspillage
Le discours du RTC trouve écho chez Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en Ville. Excentrée, la plage de la baie de Beauport est un peu victime de sa localisation, croit-il, ce qui la rend difficile à desservir en transport en commun.
Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en Ville
Photo : Radio-Canada
Il n’y a pas d’autre arrêt sur la route vers la Baie de Beauport, donc, pour le RTC, ce serait difficile à rentabiliser au quotidien.
Une citation de Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en Ville
Il faut avoir un minimum de demande […] pour que ce soit justifié, explique-t-il. Sinon c’est un peu un gaspillage.
Il dit comprendre pourquoi on concentre le service de bus lorsqu’il y a de grands événements.
La Baie de Beauport est plus faite pour le vélo, tranche-t-il. C’est relativement bien desservi avec des pistes cyclables pas loin. C’est relativement accessible.
L’accès en transport en commun et actif est loin d’être optimal.
Photo : Radio-Canada / Louis-Philippe Arsenault
Le lieu pourrait-il plutôt bénéficier de stations àVélo?
àVélo serait un peu plus facile à insérer parce qu’une station, lorsque tu l’installes […] elle ne te coûte pas grand-chose, mentionne M. Savard.
Des vélos de plus, une station de plus, ce sont des frais fixes initiaux, mais par la suite, [le coût pour] l’entretien n’est pas très élevé.
Une citation de Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en Ville
«La Baie de Beauport est plus faite pour le vélo», croit Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en Ville.
Photo : Radio-Canada
C’est un beau site, c’est un site intéressant, mais difficile pour le transport en commun, lance-t-il, avant de réitérer que c’est un peu plus facile pour le vélo.
Avec les informations de Louis-Philippe Arsenault