Le rapport de l’OCPM est sorti! : le document pdf
Le Quartier chinois, un milieu de vie à préserver
Jacques Nadeau Le Devoir
L’ancien bâtiment de la British and Canadian School, construit en 1826 dans ce qui est aujourd’hui le Quartier chinois, est convoité par des promoteurs immobiliers.
Zacharie Goudreault
11 h 17
Société
Les intentions de la Ville de Montréal en matière de protection du patrimoine bâti du Quartier chinois sont bonnes, mais il faut aller plus loin, constate l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans un rapport publié jeudi. Afin que ce secteur demeure un « milieu de vie » intéressant pour ses résidents à long terme, la construction de logements sociaux et abordables et l’aménagement d’espaces verts sont notamment recommandés.
À la fin janvier, l’OCPM a été mandaté par la Ville pour se pencher sur des changements réglementaires souhaités par celle-ci afin de revoir à la baisse les densités et les hauteurs permises dans le périmètre du Quartier chinois, délimité par les rues Jeanne-Mance, Saint-Dominique ainsi que l’avenue Viger et le boulevard René-Lévesque. Ce quadrilatère serait d’ailleurs élargi jusqu’à la rue De Bleury à l’ouest et la rue Sainte-Élisabeth à l’est.
La Ville souhaite ainsi assurer la préservation du patrimoine bâti dans le Quartier chinois, qui est convoité par plusieurs développements immobiliers qui menacent d’effriter son cachet architectural distinctif. En parallèle, le gouvernement du Québec a indiqué l’hiver dernier son intention d’apporter un classement patrimonial au noyau institutionnel du secteur et à deux de ses bâtiments les plus emblématiques, incluant l’ancien bâtiment de la British and Canadian School, construit en 1826, où les promoteurs Brandon Shiller et Jeremy Kornbluth souhaiteraient réaliser un projet immobilier.
Ces efforts sont salués par l’OCPM, qui dédie la première recommandation de son rapport de 70 pages à l’adoption des changements réglementaires proposés par la Ville, tout en proposant de réduire encore davantage les densités et hauteurs permises dans ce secteur.
L’administration municipale devra par ailleurs aller plus loin dans ses actions si elle souhaite assurer la préservation d’un « milieu de vie complet et animé » pour les résidents du Quartier chinois, relève l’OCPM. L’organisme recommande ainsi à la Ville « d’investir les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre des actions ciblées visant à assurer le cadre de vie et la vitalité économique du Quartier chinois ».
À cet égard, plusieurs organismes et citoyens ayant pris part à cette consultation ont évoqué l’importance de faciliter la construction de logements sociaux et abordables dans ce secteur, où les développements immobiliers actuels privilégient trop souvent la construction de condominiums et d’hôtels, peut-on lire.
Le Comité logement Ville-Marie propose ainsi de permettre des dérogations aux hauteurs et densités permises en ce qui concerne les projets de logements sociaux et abordables destinés par exemple aux aînés. Le Conseil du développement du Quartier chinois évoque pour sa part l’idée d’une dérogation pour la construction de résidences pour étudiants internationaux dans ce secteur situé en plein coeur du centre-ville.
L’OCPM relève par ailleurs l’importance de réserver des espaces à la création de milieux verdis afin de contrer les îlots de chaleur dans ce secteur, tandis que la Ville pourrait également valoriser davantage la culture et l’art chinois en finançant la tenue d’expositions et de festivals dans le Quartier chinois.
Plus de détails suivront.
Résumé des recomandations
Recommandation 1
La commission recommande l’adoption du projet de règlement visant à modifier le Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal (04-047) afin de réviser la carte du patrimoine bâti et de revoir les hauteurs et densités maximales permises pour le secteur du Quartier chinois.
Recommandation 2
La commission recommande que la Ville de Montréal étudie la possibilité d’abaisser davantage les hauteurs et densités maximales permises dans le cœur du Quartier chinois afin de préserver le cadre bâti existant.
Recommandation 3
La commission recommande l’adoption des dispositions relatives à l’agrandissement des limites du territoire du quartier et à l’élargissement de la superficie du secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle.
Recommandation 4
La commission recommande aux autorités municipales de travailler avec les parties prenantes, notamment le comité de travail sur la protection patrimoniale du Quartier chinois, pour identifier et utiliser des outils supplémentaires de protection patrimoniale.
Recommandation 5
La commission recommande de faire l’inventaire des bâtiments à risque, ainsi que l’inventaire des intérieurs patrimoniaux, permettant l’adoption d’un cadre d’intervention qui assure la préservation du patrimoine du Quartier chinois.
Recommandation 6
La commission recommande aux autorités municipales d’ajouter des critères de design spécifiques à respecter lors de travaux de construction ou de transformation qui permettent de préserver et mettre en valeur les éléments visuels sino-asiatiques.
Recommandation 7
La commission recommande aux autorités municipales de procéder à une étude sur le patrimoine immatériel du Quartier chinois et d’assurer la mise en œuvre des mesures concernant le patrimoine immatériel inscrite au plan d’action pour le développement du Quartier chinois.
Recommandation 8
La commission recommande aux autorités municipales d’investir les ressources nécessaires à la mise en œuvre des stratégies du plan d’action concernant le cadre de vie et la vitalité économique.
Recommandation 9
La commission recommande que le comité de travail sur la protection patrimoniale du Quartier chinois poursuive ses travaux, notamment afin de veiller à la mise en œuvre et à la réalisation des éléments du plan d’action pour le développement du Quartier chinois qui concernent les enjeux patrimoniaux et identitaires.