Prolongement de la ligne bleue - Projet global

C’est le cas de le dire !! :flushed:

Ligne bleue : la facture des expropriations enfle d’un milliard

Achat de terrains non prévus, hausse du marché immobilier, estimations sous-évaluées : en raison de multiples contraintes, le coût des expropriations a énormément augmenté, mettant en péril le projet de prolongement de la ligne bleue de Montréal, a appris Radio-Canada.


Le prolongement de la ligne bleue ne sera pas finalisé avant 2027 ou 2028, selon des informations obtenues par Radio-Canada. | PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Radio-Canada | Romain Schué | 10 mai 2021, à 14 h 38

Entre le gouvernement Legault et Montréal, la tension ne retombe pas. Avant de donner son accord pour lancer les travaux pour le prolongement de la ligne bleue, attendu depuis plusieurs décennies, Québec demande à la métropole de réduire les coûts.

Mais ces derniers ont explosé au cours des dernières années. La faute, notamment, à un budget d’expropriations nettement sous-estimé, au départ, mais qui a aussi varié en raison de la surchauffe immobilière.

Selon les informations de Radio-Canada, le coût total pour l’achat de ces terrains, indispensables pour la mise en place de ce projet, a augmenté de près d’un milliard de dollars, par rapport au budget initial. Plusieurs sources proches du dossier ont confirmé cette hausse spectaculaire et des discussions difficiles avec Québec.

À l’heure actuelle, selon les estimations de la Société de transport de Montréal (STM), 1,2 milliard de dollars sont nécessaires pour l’acquisition de ces emplacements. En 2015, une somme de 340 millions était évoquée dans le premier dossier d’opportunités, réalisé par l’Agence métropolitaine de transport (AMT).

Un projet reporté pour 2027 ou 2028

Initialement prévu pour 2026, ce prolongement de la ligne bleue sera encore retardé. Aucun nouvel échéancier n’a cependant été publiquement mentionné.

Or, dans des documents obtenus par Radio-Canada, rédigés par la STM, il est question d’un retard pouvant varier de 6 à 20 mois. Ces délais entraîneraient des coûts supplémentaires pouvant aller de 80 M$ à 230M$, est-il précisé. Dans cette analyse, il est souligné que les coûts du projet augmentent d’environ 15 M$ à chaque nouveau mois de délais.


Les différents paliers de gouvernement se sont déjà engagés à prolonger cette ligne bleue, comme Justin Trudeau, en compagnie de la ministre provinciale Chantal Rouleau, en 2019. | PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS

Des achats de terrain non prévus

Pour expliquer cette facture qui a quasi quadruplé, plusieurs raisons sont évoquées. Dans différents documents obtenus par Radio-Canada, rédigés dans les derniers mois par la STM, il est question d’une sous-évaluation des coûts initiaux, pour les quelque 500 dossiers d’expropriation, gérés conjointement par le ministère des Transports et la STM.

De coûteux retards sont aussi évoqués.

La STM devait initialement prendre possession des 50 terrains à l’automne 2020 afin de respecter l’échéancier maître du projet. Ce retard a déjà causé une hausse de plus de 300 M$ dans les coûts estimés du projet.

Extrait d’un mémoire de la STM, du 19 novembre 2020

Pour mener à bien ce projet, de plus larges acquisitions, non prévues, s’avèrent indispensables, en raison de contestations judiciaires. Par exemple, la STM a été contrainte d’exproprier complètement le terrain du centre commercial Le Boulevard, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, puisque son propriétaire s’opposait à une expropriation partielle.

Des enjeux similaires persistent dans d’autres secteurs et des compensations doivent également être versées à des commerçants, nous a-t-on confié, tout en insistant, en parallèle, sur la forte augmentation des prix de l’immobilier dans la métropole, sans compter la hausse des coûts des matériaux.

Québec doit revoir le budget d’expropriations, répond la STM

Des recommandations d’optimisation sont en préparation, explique un porte-parole de la STM. Un groupe d’action a été formé et des propositions seront soumises d’ici la fin du mois du juin au gouvernement. Nous confirmons avoir avisé nos partenaires que l’enveloppe prévue pour les acquisitions de lots nécessaires au prolongement de la ligne bleue devait être révisée. C’est d’ailleurs un des éléments qui nous ont incités à proposer de former un comité d’experts, ajoute la STM.

Moins d’ascenseurs, plus d’économie

Ce coût des expropriations est désormais le principal obstacle de ce prolongement, dans les cartons depuis 1979, qui prévoit la création de cinq nouvelles stations.

Le gouvernement Legault a récemment demandé à Montréal de revoir, drastiquement, le budget de ce projet, évalué désormais à 6,1 milliards, contre 3,9 milliards en 2015, avant une révision à 4,5 milliards l’année suivante. Soit une hausse de 1,6 milliard par rapport à ce qui est appelé le projet de référence.

Plusieurs pistes d’économies ont déjà été présentées au ministère des Transports du Québec. Un nouveau rapport doit être présenté d’ici l’été.

Le stationnement incitatif sous-terrain de 1200 places prévu à Anjou a déjà été rayé du projet, selon nos informations. Une économie de 140 millions est budgétée.

D’autres solutions sont évoquées par la STM, dans un document daté de novembre 2020, dont nous avons eu copie. La STM propose par exemple de réduire le nombre d’escaliers mécaniques et d’ascenseurs, pour économiser encore une centaine de millions.

Des sources parlent aussi de revoir le nombre d’édicules à construire et de trouver un accord avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, pour le financement, par cette dernière, de la structure qui accueillerait une future station commune avec le REM de l’Est.


Cinq nouvelles stations sont prévues dans le cadre de ce prolongement de la ligne bleue. Mais la STM étudie la possibilité de revoir à la baisse ce nombre. | PHOTO : RADIO-CANADA

Plus de logements à construire?

Inquiète pour l’avenir de ce projet, l’équipe de la mairesse Valérie Plante a écrit au premier ministre François Legault en fin d’année passée pour lui rappeler l’importance de ce prolongement.

En début d’année, dans un rapport confidentiel, la Ville a également soumis au gouvernement différentes idées pour rentabiliser cet investissement majeur. Montréal propose de construire 13 000 unités de logements dans le corridor de ce prolongement, dont 2500 au-dessus des cinq nouvelles stations.

Selon l’estimation municipale, la vente des droits aériens pour ces constructions pourrait générer des revenus de 56,3 M$ auxquels s’ajouteraient des revenus potentiels de 30,8 M$ en redevances de transport.

Des négociations seraient en cours, a-t-on indiqué à Radio-Canada. La conception des nouvelles stations devrait tenir compte de ces possibilités, sans quoi, il s’avérera quasi impossible, a posteriori, de construire des immeubles au-dessus des stations, soutient ce rapport.

La Ville, de son côté, refuse à l’heure actuelle de réduire le nombre de stations. De son côté, la STM a déjà préparé, selon la future décision de Québec, des scénarios alternatifs, avec la construction de seulement quatre stations.

Autre article:

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A-t-on des clarifications sur le mandats des 15 comités responsables du projet. Ça fait trois articles que je lis qui décrivent leur désorganisation comme cause de la dérive du projet, mais je ne sais toujours pas pourquoi ils existent, à qui sont-ils redevables ni pourquoi leur mandat est aussi flou et mal défini.

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Entrevue avec Chantal Rouleau sur le prolongement de la ligne bleue et sur le REM de l’est, présentée ce soir au TéléJournal 18h:

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En gros, ce qu’il faut retenir de l’entrevue, c’est que les propositions de réductions de coût seront présentées à la ministre le 23 juin.

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L’élimination d’une station est sur la table

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Certains scénarios ont déjà été évoqués par la STM et la Ville de Montréal pour réduire la facture du projet de prolongement de la ligne bleue, comme le retrait d’édicules secondaires, d’ascenseurs ou encore de stationnements incitatifs et terminus d’autobus. L’élimination d’une station est également sur la table.

La STM recommande de réduire « au minimum » les activités du bureau de projet de la ligne bleue tant que le flou entourant l’avenir du dossier n’aura pas été dissipé, a appris La Presse. La ministre déléguée aux Transports assure de son côté que le prolongement ira de l’avant, mais qu’une des cinq stations pourrait être éliminée.

Publié le 11 mai 2021 à 5h00

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Maxime BergeronMAXIME BERGERON
LA PRESSE

Lundi, La Presse a révélé que la Société de transport de Montréal (STM) avait tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises pour dénoncer la gouvernance « déficiente » du projet. La STM est le maître d’œuvre de ce chantier de 5,8 kilomètres et cinq stations, mais dans les faits, 14 comités distincts apportent leur grain de sel au sein d’une structure « extrêmement complexe ».

Le bureau de projet génère des coûts de 4 millions de dollars par mois, peut-on lire dans un rapport interne présenté au conseil d’administration de la STM en février dernier. Qui plus est, chaque mois de retard ajoute 15 millions de plus à la facture, sans aucune valeur ajoutée au projet, précise-t-on.

Pour éviter de gaspiller davantage de ressources dans un projet qui sera sans doute « significativement modifié par les partenaires », la STM a proposé de retrancher temporairement entre 5 et 40 ressources des quelque 200 employés de son bureau de projet.

La ministre « confiante »

La ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a créé en avril un « groupe d’action » pour revoir significativement à la baisse les coûts du projet de la ligne bleue. L’estimation de la facture est passée de 3,9 milliards en 2018, à 4,5 milliards l’année suivante, puis à 6,1 milliards actuellement.

Les délais s’accumulent aussi, si bien que la STM ne croit pas pouvoir livrer la ligne bleue avant au moins 2027, sinon plus tard.

Des dirigeants de la STM, de la Ville de Montréal et de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) siègent notamment à ce comité, qui devra faire part de ses recommandations à Chantal Rouleau le 23 juin. L’objectif : ramener la facture autour de 4,5 milliards.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole

« Ce sont les personnes les mieux placées, qui sont imputables, qui ont l’expertise, ils ne sont pas nombreux », a fait valoir la ministre en entrevue avec La Presse.

« Il y a un budget qui a été identifié déjà, il y a une portée et un échéancier, a-t-elle précisé. Comment peut-on faire pour optimiser le projet ? Pour s’assurer qu’il se réalise ? On n’a pas deux ans : je leur ai donné trois mois. »

Certains scénarios ont déjà été évoqués par la STM et la Ville de Montréal pour réduire la facture du projet, comme le retrait d’édicules secondaires, d’ascenseurs ou encore de stationnements incitatifs et terminus d’autobus.

Chantal Rouleau souhaite conserver les cinq stations, mais elle reconnaît que toutes les cartes sont sur la table. Il n’est pas exclu que l’une d’elles soit éliminée.

« Dans toute l’évaluation, c’est sûr qu’il y a des scénarios, souligne-t-elle. Nous, notre objectif, ce qu’on veut, c’est cinq stations du métro Saint-Michel jusqu’à Anjou. Mais on ne peut négliger les scénarios comparatifs, ce qui va nous permettre de prendre les meilleures décisions. »

S’arrimer au REM

Le comité vise aussi à assurer un arrimage harmonieux entre la ligne bleue et le « REM de l’Est ». Ce projet de 10 milliards, piloté par une filiale de la Caisse de dépôt et placement, prévoit 23 stations étalées sur 32 kilomètres et au moins une interconnexion avec le futur tronçon de la ligne bleue.

Plusieurs sources bien au fait du dossier ont affirmé à La Presse que la STM avait appris l’existence de ce nouveau projet la veille de l’annonce du 15 décembre dernier, ce qui a causé toute une commotion.

Le rapport déposé au conseil d’administration de la STM en février, que La Presse a obtenu, avance lui aussi que la STM a été informée à 24 heures d’avis de l’existence du REM de l’Est, un projet réalisé « en silo ». « Il s’agit pourtant d’un projet majeur qui a des impacts significatifs […] et qui ajoute des jalons qui n’étaient pas compris à l’échéancier maître du projet », écrit-on.

Faux, rétorque la ministre Rouleau. Elle soutient que les partenaires du projet étaient informés bien avant.

Quoi qu’il en soit, plusieurs questions demeurent sur la manière dont pourront cohabiter deux chantiers aux modes de fonctionnement très distincts. CDPQ Infra bénéfice d’une série de pouvoirs accrus pour réaliser ses projets de façon accélérée, notamment en matière d’expropriation.

La STM doit quant à elle fonctionner selon un mode plus classique, même si l’adoption du projet de loi 66 en décembre dernier à l’Assemblée nationale lui donnera davantage de latitude pour réaliser les dernières expropriations.

« Les modes sont quand même complémentaires : il y a une façon de faire avec le mode traditionnel et une façon de faire avec le privé, dit Chantal Rouleau. C’est complémentaire, ça ne va pas l’un contre l’autre. La preuve, CDPQ est intégré dans les rencontres [du comité], pour s’assurer d’un arrimage avec le REM de l’Est et la ligne bleue. »

Mme Rouleau fait valoir que le projet de la ligne bleue aurait pu bénéficier de pouvoirs accrus plus rapidement si la première mouture du projet de loi 66 avait été adoptée l’an dernier. « Il a fallu s’y prendre à deux fois. Ce sont des députés de Montréal qui ont refusé. »

Elle se défend par ailleurs d’avoir annoncé un projet « politique » pour plaire à une frange de la population avec le REM de l’Est. « Ce n’est pas une question politique, sinon de volonté politique de donner enfin à une population qui est mal desservie un mode de transport enfin digne de ce nom. »

L’opposition bondit

Des députés des trois partis de l’opposition à Québec ont réagi avec vigueur aux révélations de La Presse sur les failles de gouvernance du projet de la ligne bleue — tirant à boulets rouges sur le gouvernement caquiste de François Legault.

« Pendant que la CAQ déroule le tapis rouge à CDPQ Infra et lui donne tous les pouvoirs pour que le REM avance à la vitesse de l’éclair, elle met des bâtons dans les roues de la STM et n’écoute pas ses doléances quand elle alerte le MTQ sur les problèmes de gouvernance qui l’empêchent d’avancer », a fait valoir la députée Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire en matière de transports.

« D’apprendre que la STM n’a pas été mise au fait du développement du REM de l’Est, que les problèmes de structure et de gestion sont connus depuis un an, et d’apprendre que la ministre déléguée aux Transports et le ministre viennent tout juste de se réveiller au mois d’avril, c’est troublant, c’est à se demander s’il y a un pilote au ministère ! », a pour sa part déclaré Joël Arseneau, porte-parole péquiste en matière de transports.

Le libéral Enrico Ciccone a quant à lui jugé « choquantes » les révélations de La Presse. « Le gouvernement n’a aucune ambition pour la ligne bleue et c’est désolant. Actuellement, c’est 500 000 $ par jour qui se perd et dont les contribuables paient les frais. »

Prolongement de la ligne bleue | L’élimination d’une station est sur la table | La Presse

Madame Rouleau ne peut s’empêcher de faire de la petite politique dans chacune de ses sorties publiques.

“Ce n’est pas un projet politique, c’est un projet à volonté politique”
“Si seulement l’opposition n’avait pas fait son travail, on aurait pu bouger bien plus rapidement sur la ligne bleue”

Franchement…

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Re-Bis :flushed:

D’autres chiffres qui me font grimacer… :grimacing:

Le MTQ forcé de payer 115 millions pour un centre commercial


PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE | La volonté de la Société de transport de Montréal et du ministère des Transports du Québec d’accélérer les achats de terrains se bute à des hausses vertigineuses de coûts, comme le démontre l’exemple de l’expropriation du centre commercial Le Boulevard.

L’expropriation d’un vieux centre commercial pour le prolongement de la ligne bleue n’est pas de tout repos. Le gouvernement prévoyait s’emparer du tiers du terrain, mais il a dû le prendre au complet pour 115 millions, un coût quatre fois plus élevé que prévu. Son propriétaire s’est même adressé directement au premier ministre dans un restaurant pour se plaindre de « la bureaucratie du ministère des Transports ».

Publié le 11 mai 2021 à 5h00 | HUGO JONCAS & MAXIME BERGERON | LA PRESSE

La volonté de la Société de transport de Montréal (STM) et du ministère des Transports du Québec (MTQ) d’accélérer les achats de terrains se bute à des hausses vertigineuses de coûts, comme le démontre l’exemple de l’expropriation du centre commercial Le Boulevard, pour laquelle la facture a bondi entre 2018 et 2020.

Et ce n’est probablement pas fini : le gouvernement devra aussi indemniser les dizaines de locataires de la propriété, qui devront se relocaliser ou fermer boutique.

Au départ, la STM voulait seulement le tiers de la propriété, à cheval entre le quartier Saint-Michel et l’arrondissement de Saint-Léonard. Elle compte y aménager la future station de métro Pie-IX et une station intermodale pour le système rapide par bus sur l’artère du même nom.

En novembre 2019, le gouvernement a fait son offre : 28,5 millions de dollars pour acquérir la partie des terrains du Boulevard dont la STM a besoin, à l’angle de la rue Jean-Talon et du boulevard Pie-IX.

Le propriétaire, la société immobilière Crofton Moore, ne l’entendait toutefois pas sur ce ton. Selon un rapport de la firme d’évaluation Altus que l’entreprise a commandé, c’était la partie la plus visible du centre commercial, et Le Boulevard ne serait pas viable sans elle.

Pire : « Le gouvernement ne le dit pas, mais la rue Jean-Talon et le boulevard Pie-IX seront fermés potentiellement pendant cinq ans », dit Jonathan Fecteau, avocat de Crofton Moore, en entrevue avec La Presse. Pas de voitures durant les travaux, donc beaucoup moins de clients.


PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE | Le centre commercial Le Boulevard

Le Tribunal administratif du Québec (TAQ), chargé de trancher ce genre de différends, a commencé à se pencher sur le dossier en 2018. Pendant ce temps, le patron de Crofton Moore, Mitchell Moss, a tenté par toutes sortes de moyens de convaincre le gouvernement de ne pas l’exproprier.

« J’ai essayé d’en parler avec notre député dans notre coin, ça n’a pas bien fonctionné, témoignait-il devant le TAQ en décembre 2019. Je connais un avocat qui connaît l’ancien maire de Montréal Denis Coderre […], je lui ai téléphoné 50 fois, il ne m’a jamais répondu. »

En juillet 2019, il s’est même adressé directement au premier ministre François Legault lorsqu’il l’a croisé par hasard dans un restaurant, après s’être faufilé à travers ses gardes du corps.

« Je suis désolé de vous déranger avec votre famille, lui a-t-il dit en anglais, selon son témoignage au TAQ. Je suis propriétaire de cet immeuble au coin de Jean-Talon et Pie-IX, nous avons un avis d’expropriation, et je pense que si nous travaillons ensemble, nous pouvons obtenir une situation gagnant-gagnant. »

Michell Moss lui a ensuite laissé ses coordonnées sur « une napkin », a-t-il raconté.

Le cabinet de François Legault confirme l’anecdote.

« Le premier ministre m’indique qu’il mangeait paisiblement dans un restaurant et qu’un homme qu’il ne connaît pas l’a abordé, explique son adjoint et conseiller politique, Sébastien Lauzon. Cet homme, M. Moss en l’occurrence, se plaignait d’une situation avec la bureaucratie du ministère des Transports. J’ai donc demandé des informations sur la situation. »

Il assure que le gouvernement n’a fait aucune autre intervention dans le dossier.

Un centre commercial pour la STM

À défaut d’éviter l’expropriation, Crofton Moore a convaincu le TAQ que le gouvernement devait racheter l’ensemble de sa propriété, en février 2020. Selon la cour, l’entreprise n’arriverait pas à exploiter correctement Le Boulevard si la STM l’amputait de son meilleur tiers.

Puis, en décembre dernier, le tribunal a tranché sur le prix : 115 millions. Pour les contribuables, c’est 14,5 millions de plus que ce que Crofton Moore demandait pour sa propriété en novembre 2019, avant le début du procès. Et ce, sans compter les frais d’avocats et d’expertise engagés par Québec.

À combien s’élèvent-ils ? Mystère. Le ministère de la Justice répond simplement que ses avocats traitent « de nombreux dossiers chaque année ». « Les dépenses liées à leur rémunération ne sont pas ventilées en fonction de chacun des dossiers dont ils ont la responsabilité », écrit le porte-parole Paul-Jean Charest.

Crofton Moore a reçu son argent le 29 décembre dernier et Québec deviendra propriétaire du centre Le Boulevard le 1er décembre prochain.

« Ultimement, mon client aurait préféré ne pas être exproprié, mais dans les circonstances, la seule façon de garantir ses droits, c’était d’obtenir l’expropriation totale », dit l’avocat de Crofton Moore, Jonathan Fecteau.

Mitchell Moss n’a pas répondu aux appels de La Presse.

La facture augmentera encore

Le gouvernement devra aussi s’entendre individuellement avec la centaine de locataires du centre commercial bâti dans les années 1950, qui grouillait d’activité lors du passage de La Presse à la fin d’avril, en milieu de semaine.

Certains recevront des sommes du gouvernement pour relocaliser leur commerce ; d’autres, pour compenser leur fermeture. Dans tous les cas, ces ententes feront encore gonfler la facture de 115 millions.

Plusieurs commerçants interviewés ont refusé qu’on publie leur nom par crainte de conséquences dans le cadre de leurs négociations en cours avec le MTQ. D’autres ont accepté, témoignant de leur incertitude quant à la suite des choses.

« Il n’y a rien [à louer] dans le coin, a déploré Roger Choua, qui exploite depuis 29 ans la boutique Positive Électronique. Si je déménage à 300 mètres, c’est l’équivalent de repartir à zéro. »


PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE | Stéphanie Vézina, propriétaire de la bijouterie Olivine

Stéphanie Vézina, propriétaire de la bijouterie Olivine depuis 2014, signale de son côté avoir appris la nouvelle de son expropriation en décembre dernier, par huissier. « Un méchant beau cadeau de Noël. »

Ses clients, pour la plupart des habitués, sont « très » déçus de la fermeture du centre, assure-t-elle. Elle ignore encore si elle choisira de se relocaliser ou de fermer boutique. « Je m’attendais à travailler ici encore 20 ans, jusqu’à ma retraite. Ça me scie les jambes. »

D’autres cas similaires ?

Au MTQ, la porte-parole Sarah Bensadoun affirme que « l’achat total » d’un lot, comme ce fut le cas au centre Le Boulevard, est « une première ». Il s’agirait du seul cas de ce type le long du tracé de la future ligne bleue.

La STM prendra possession du lot — qui inclut le stationnement et le centre commercial — le 1er décembre 2021. Les promoteurs du projet de la ligne bleue caressent l’idée de faire un projet immobilier sur une partie des terrains pour absorber les coûts d’acquisition.

– Avec la collaboration d’André Dubuc, La Presse

Dans tout ce charabia…le mot que je retiens toujours est imputabilite…

C’est vrai au privé et c’est encore plus vrai au public.

Par exemple, Je travaille au privé et le département de finances à l’occasion oublient du cash qui dort…imaginez. Le client fait une erreur et paie par transfert bancaire à 2 reprises…12 000$ payé 2 x.

Finances s’en aperçoit des mois plus tard et c’est moi le chargé de compte qui est pogné pour contacter le client…j’ai pas l’air beigne pas à peu près.

Pendant ce temps-là, personne tape sur les doigts de finances et surtout c’est pas eux qui contacte le client…alors la situation peut se répéter de temps à autres et tout le monde se renvoie la balle.

Maintenant imaginez au public quand c’est pas leur cash mais bien le cash du monde.

On est bien loin du jour que ce projet verra le jour. Je serais pas surpris qu’on soit dans le Rem2 avant…en 2029…, 2030…

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Ils sont forcés d’acheter un centre d’achat de 110 millions. Il va valoir combien le terrain après avoir mis une station dessus? D’après moi la STM va pouvoir le vendre et combler une bonne partie de ce surcoût.

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Le maire d’Anjou, Luis Mira, au sujet de l’explosion des coûts à l’émission Le 15-18

Ligne bleue, explosion des coûts : Luis Miranda, maire de l’arrondissement Anjou

Ligne bleue du métro

Plante s’oppose au retrait d’une station

Valérie Plante refuse catégoriquement d’envisager l’abolition d’une des cinq stations du prolongement de la ligne bleue du métro, un scénario évoqué par la ministre déléguée aux Transports en entrevue à La Presse plus tôt cette semaine.

Publié le 12 mai 2021 à 12h41

Maxime Bergeron MAXIME BERGERON, LA PRESSE
Philippe Teisceira-Lessard PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD, LA PRESSE

« Je ne crois pas qu’on y gagnerait quoi que ce soit, a lancé la mairesse de Montréal en point de presse, mercredi matin. Quand on construit, on construit pour l’avenir. Avoir cinq stations est absolument crucial. »

La Presse révélait cette semaine que le projet du prolongement de la ligne bleue est plongé dans un véritable fouillis de gouvernance. Les retards s’accumulent et les coûts prévus pour le projet ont bondi de 3,9 à 6,1 milliards depuis 2018.
La ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, souhaite que le budget du projet revienne autour de 4,5 milliards.

Elle a mandaté à cette fin le mois dernier un « groupe d’experts » qui devra revoir de façon significative le prolongement de 5,8 kilomètres pour retrancher plus de 1,5 milliard aux coûts estimés.

Scénario à quatre stations

En entrevue lundi, Chantal Rouleau a dit souhaiter que le prolongement compte cinq stations, du métro Saint-Michel jusqu’aux Galeries d’Anjou.

Elle a toutefois précisé que le groupe d’experts ne pourra « négliger les scénarios comparatifs », comme la suppression d’une des cinq stations, « ce qui va nous permettre de prendre les meilleures décisions ».

Valérie Plante souligne que la Ville a été « très proactive » depuis octobre dernier. La mairesse a elle-même envoyé une lettre au premier ministre François Legault pour lui suggérer des pistes d’économies.

« J’ai soumis des idées, par exemple avoir moins de points d’entrées et sorties [dans les stations], ou retrancher des espaces de stationnement », a-t-elle expliqué.

« Comment peut-on faire plus de projets d’habitations pour augmenter les sources de revenus ? a-t-elle poursuivi. Mais pour moi, ce qui a été très clair, c’est que nous ne pouvons réduire [le nombre] de stations. »

Rapport attendu en juin

Des dirigeants de la STM, de la Ville de Montréal et de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) siègent entre autres sur le comité d’experts qui devra rendre ses recommandations à la ministre Rouleau le 23 juin.

La dernière mouture du prolongement de la ligne bleue —un projet dans l’air depuis 40 ans— devra ensuite être modifiée considérablement pour abaisser la facture.

Le projet devra également être revu pour s’arrimer avec le REM de l’Est, un projet de train léger de 10 milliards piloté par une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Gouvernance « déficiente »

La structure de gouvernance du projet de la ligne bleue, aujourd’hui écartelée entre 14 comités et jugée totalement « déficiente », pourrait par ailleurs être revue à la suite de cet exercice, a-t-on appris.

Pendant que le flou subsiste, le bureau de projet de la STM engrange des coûts de fonctionnement de 4 millions de dollars par mois, selon des documents internes obtenus par La Presse.

Qui plus est, chaque mois de retard au projet fait gonfler de 15 millions la facture du projet, sans aucune valeur ajoutée, selon nos informations.

La STM estime ne pas être en mesure de livrer le prolongement de la ligne avant au moins 2027, dans l’état actuel des choses.

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La fermeture du centre commercial Le Boulevard déplorée


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE |
De gauche à droite : Maria Baruffaldi, Lucile Dufour, Renaud Dubé, Claude Poitras, Abdel Debbih, Gaétan Parent et Karen Roumegoux, des citoyens de la 29e Avenue, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie

Des résidants de Rosemont sont préoccupés par l’acquisition – et la fermeture – du centre commercial Le Boulevard par la STM pour réaliser le prolongement de la ligne bleue. Il s’agit d’une « catastrophe annoncée » pour ces citoyens, qui anticipent une réduction considérable de leurs services de proximité.

Publié le 13 mai 2021 à 7h00 | CORALIE LAPLANTE | LA PRESSE

C’est sous un ciel gris que près d’une dizaine de résidants de la 29e Avenue, au nord de Rosemont, se sont réunis dans le stationnement de l’une de leurs voisines pour discuter avec La Presse. Les citoyens souhaitent s’unir pour faire entendre leur mécontentement auprès de la Ville de Montréal.

« L’opacité du processus nous préoccupe », lance Maria Paruffaldi. À l’image de ses voisins, elle déplore que les habitants du quartier n’aient pas été consultés quant à l’avenir du centre Le Boulevard.

« Le citoyen est où là-dedans ? », ajoute Claude Poitras, résidante de la 29e Avenue depuis cinq ans. « On a l’impression que ç’a été passé en catimini », renchérit-elle.

La Société de transport de Montréal (STM) a été forcée de prendre possession de l’ensemble du centre commercial pour la somme de 115 millions de dollars, alors qu’elle souhaitait seulement acquérir le tiers de la propriété pour faire place au projet de la ligne bleue.

La société immobilière Crofton Moore, propriétaire du centre commercial, ne croyait pas être en mesure d’exploiter correctement son entreprise en étant privée du tiers du terrain se situant à l’angle de la rue Jean-Talon et du boulevard Pie-IX. Elle s’est tournée vers le Tribunal administratif du Québec, qui a décrété en février 2020 que le ministère des Transports du Québec – qui exproprie les terrains pour le compte de la STM – devrait racheter la totalité de la propriété.

Les commerçants du populaire centre commercial ont appris la fermeture à quelques jours de Noël. Ils doivent décider ces jours-ci s’ils accepteront une aide financière pour se relocaliser ou une compensation financière pour fermer boutique.

La proximité au cœur de l’enjeu

Les résidants de la 29e Avenue font moins de 10 minutes de marche pour se rendre au centre Le Boulevard, où l’on trouve entre autres une épicerie, une pharmacie, une quincaillerie et des dizaines d’autres boutiques.

Ils considèrent que les rues Beaubien et Bélanger offrent peu de commerces et doivent être revitalisées. Le centre commercial est donc devenu un lieu de prédilection pour faire leurs courses du quotidien, mais aussi pour se rencontrer.

« On n’est pas contre le progrès ni contre le REM ou le métro. Mais quel est le projet après ? », se questionne Gaétan Parent. Claude Poitras craint même la formation d’un « quartier-dortoir » à la suite de la fermeture du centre commercial.

La faible proposition de services essentiels à quelques minutes de marche préoccupe les citoyens du nord de Rosemont. Maria Paruffaldi songe à racheter une voiture en raison de la fermeture du centre commercial pour être en mesure d’aller faire des emplettes plus loin, même si cela va à l’encontre de ses valeurs environnementales.

Céleste Fariaf, une mère de famille qui réside dans le quartier depuis 40 ans, anticipe les longs trajets de transports en commun pour faire ses courses, car elle n’a pas accès à un véhicule.

Nous sommes dans une catastrophe annoncée.

- Claude Poitras

Le groupe de citoyens souhaite avant tout que des assemblées publiques soient mises en place lors de prochaines prises de décisions majeures par la Ville, et que de nouveaux services soient implantés après la fermeture du centre commercial.

La Ville de Montréal caresse l’idée de réaliser un important projet immobilier sur le site du Boulevard, après sa démolition.

La mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Giuliana Fumagalli, souhaiterait que la date de fermeture du Boulevard soit reportée jusqu’à ce que plus de précisions sur le chantier de la ligne bleue soient apportées, rapporte la directrice de son cabinet, France Emond.

Les expropriations et la ligne bleue

Le prolongement de la ligne bleue prévoit l’implantation de cinq stations qui s’étaleront jusqu’à Anjou. Une connexion avec le Réseau express métropolitain (REM) est d’ailleurs en vue à la future station Langelier.

Le coût des expropriations pour réaliser la ligne bleue a presque quadruplé par rapport à la somme prévue en 2018, a rapporté La Presse mardi. C’est maintenant 1,2 milliard de dollars qui devront être déboursés pour les expropriations le long du nouveau tracé de métro.

— Avec Maxime Bergeron, La Presse

Concernant le centre le Boulevard, j’ai l’impression qu’à moyen terme ça pourrait devenir très positif pour la STM et la ville. Ce terrain immense de 95000 mètres carrés est idéal pour y faire un TOD de densité moyenne avec commerces, résidences, bureaux, équipement publics. Mais la STM n’est pas un développeur donc idéalement il faudrait faire une entente avec un développeur (CDPQ/IC?) qui rembourserait une partie des coûts d’expropriation et pourquoi pas, des redevances futures selon les revenus (partage de risque).

J’irais même plus loin: Le long de la ligne bleue, la STM devrait pouvoir toucher des redevances foncières pour les grands lots qui seront redéveloppés. Donc soit on exproprie soit on capte du foncier, mais dans tous les cas la STM bénéficie du re-développement. Comme CDPQ et le REM. Et comme d’autres sociétés de transports ailleurs dans le monde. (à Hong Kong, les revenus de captation foncière sont plus élevés que les revenus des usagers)

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C’est relativement peu connu, mais la STM a un bras immobilier qui pourrait techniquement prendre en charge le redéveloppement du secteur.

http://www.transgesco.ca/fr/a-propos.html

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Merci pour le lien. Ma compréhension est que Transgesco n’est pas un bras immobilier mais plutôt l’intermédiaire commercial de la STM (revenus publicitaires, redevances réseaux mobile/cellulaire, immobilier et autres).
Transgesco ne fait pas de développement immobilier, c’est à dire qu’il ne développe pas les terrains ou droits aériens (zonage, lobbying, permis, architecture, financement, construction, vente, etc…). Ils font plutôt la gestion avec des promoteurs tels Prével, Broccolini, Devimco et cie).

Mais bon, c’est exactement ce que j’ai en tête: soit la STM exproprie et demande à Trangesco de maximiser le développement (et les revenus) avec des développeurs, soit elle touche de la captation foncière. Dans tous les cas, la STM touche sa juste part de la plus-value apportée par un nouveau service de transport lourd.

À ma connaissance, c’est trangesco qui était initialement supposé développer le projet immobilier au dessus de la station Frontenac. Cela dit, c’est effectivement très rare qu’ils fassent du développement eux-mêmes.

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L’article mentionne bien que c’était Cosoltech qui était le promoteur:

Au printemps 2017, un appel de propositions a été lancé. Un seul promoteur a toutefois déposé un dossier. Il s’agit du promoteur Cosoltec qui a confié le concept architectural à la société Lemay.

La proposition de Cosoltec augmente la densité d’abord prévue pour le complexe immobilier Frontenac, passant de 250 à 298 unités d’habitation.

Oh wow! J’imagine que j’ai lu trop à la diagonale

ÉDITORIAUX | Sauver la tortue bleue

Quarante-deux ans. Voilà depuis combien de temps Montréal désire prolonger la ligne bleue du métro. Ce sont trois générations de citoyens du nord-est de Montréal à qui l’on parle de ce projet depuis qu’ils sont au berceau. Un projet qui avance à pas de tortue.

Publié le 14 mai 2021 à 5h00 | LAURA-JULIE PERREAULT | LA PRESSE

Et juste au moment où la tortue semblait s’approcher de la ligne, qu’un projet de cinq stations sur un tracé de 5,8 km est prêt à aller de l’avant, que plus de 200 personnes travaillent à temps plein pour le réaliser, on apprend que la bête a de nombreuses épines dans le pied.


PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Montréal désire prolonger la ligne bleue du métro depuis 42 ans, rappelle Laura-Julie Perreault.

Les délais s’allongent. Sous-évaluées, ayant trop tardé, les expropriations sont en voie de coûter trois fois plus cher que prévu.

La facture du projet a gonflé comme une balloune en trois ans, passant de 3,9 milliards en 2018 à 6,1 milliards cette année. Et chaque mois qui passe empire la situation de 15 millions.

Notre collègue Maxime Bergeron a aussi révélé que la Société de transport de Montréal (STM), qui est le maître d’œuvre du projet, n’en peut plus de la gouvernance du projet qu’elle doit traîner comme un fardeau et qui ralentit d’autant plus son travail.

Elle doit composer avec 14 comités qui « œuvrent à différents niveaux », qui se dédoublent parfois et qui ne communiquent pas efficacement, a décrié la STM dans un mémoire en forme de sonnette d’alarme qu’elle a fait parvenir au gouvernement provincial en novembre dernier. La tortue a beau être vaillante et vouloir arriver à bon port, sa carapace est devenue une enclume.


Le gouvernement a fini par répondre à l’appel. Le mois dernier, un « comité d’action » a été créé. Rassemblant les acteurs centraux du dossier, qu’ils soient à la STM, à la Ville de Montréal, au ministère des Transports ou à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), ce comité a jusqu’à la fin juin pour proposer un projet mis à jour. Le gouvernement demande au comité de ramener la facture du projet à ce qu’il était l’an passé, en 2020, soit à 4,5 milliards, une coupe de 1,6 milliard. C’est beaucoup.

Espérons maintenant que ce comité trouvera des solutions rapidement pour atténuer la hausse des coûts et pour donner un coup de fouet au projet sans pour autant le dénaturer, plutôt que de devenir une énième entité qui aura son mot à dire et alourdira le processus.

Mercredi déjà, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a laissé savoir que la Ville ne veut pas d’une station de moins, un des scénarios évoqués pour réduire les coûts, qui serait crève-cœur. Cette dernière propose plutôt d’aller chercher des revenus en construisant de nouveaux pôles d’habitation autour des nouvelles stations de métro. Dans un contexte de pénurie de logements abordables et de logements sociaux, cette idée semble doublement prometteuse et mérite qu’on s’y attarde.


Du côté de la gouvernance, il est impossible de ne pas penser au contraste entre le rythme lancinant du prolongement de la ligne bleue du métro et la cadence du projet du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui est sur la voie rapide. Cette dernière a les coudées franches pour faire avancer la préparation des travaux et pour procéder aux expropriations nécessaires. Et tout ça grâce aux mesures spéciales adoptées par le gouvernement. C’est le jour et la nuit.

S’il n’est pas nécessaire de transformer la tortue en lièvre, il y a assurément lieu de repenser les tâches de chacun pour que les quatre pattes marchent au diapason et qu’il y ait une seule tête directrice. Après 42 ans en chemin, la tortue a bien droit à une petite poussée dans le dos pour traverser la ligne d’arrivée.

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Oh que c’est fin! Même si le prolongement de la ligne bleue coûtera une somme faramineuse de 6,1 milliards, on va donner le financement excédent qu’il faudra pour que les cinq stations aboutissent à Anjou. :roll_eyes:

Non mais vous voulez rire de nous?

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