Non, mais, Montréal, c’est pas juste des cônes orange ! Est-ce qu’on peut en revenir, des maudits cônes !? Est-ce qu’on peut lever la tête et regarder ce qui nous entoure ? Tous ces lieux qui font du bien aux yeux. Tous ces lieux où l’on est heureux. LP
Résumé
Chroniques
Aimons Montréal !
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Vue du secteur Bridge-Bonaventure, du quartier Griffintown, du bassin Peel, du silo de l’usine Farine Five Roses et du centre-ville, à Montréal

Stéphane Laporte Collaboration spéciale
Depuis des années, les Français pestaient contre la ville de Paris. Parisiens compris. Elle était laide, sale, mal entretenue, bruyante, polluée, stressante, embouteillée, abandonnée, violente, dangereuse, trop chère, trop pauvre. Sa maire Anne Hidalgo était critiquée, conspuée, bafouée, méprisée, ridiculisée.
Publié à 1h11 Mis à jour à 6h00

La venue des Jeux olympiques n’arrangeait rien à l’affaire. Au contraire. Paris allait devenir la risée de l’univers. La France était pour avoir honte. La déchéance de sa capitale allait être révélée à la face du monde. On prévoyait le pire. Un méchant bordel. Un enfer irréel. Quelques jours avant le début des Jeux, les citadins fuyaient la zone sinistrée. On ne voulait pas être là. On ne voulait pas voir ça.
Puis le 26 juillet 2024 est arrivé. Les cérémonies d’ouverture de la 33e olympiade de l’ère moderne se sont déroulées, pour la première fois, hors d’un stade. D’irréductibles Gaulois qui aimaient Paris se sont dit : « Tous les stades du monde se ressemblent, mais rien ne ressemble à Paris. Il faut le montrer. »
Ce fut un spectacle grandiose rassemblant de grandes vedettes, mais dont la principale étoile était Paris. Sa beauté. Son histoire. La ville est devenue un décor vivant.
La Seine, la tour Eiffel, les jardins du Trocadéro, le pont d’Austerlitz, le Grand Palais, la Conciergerie, le musée du Louvre, le musée d’Orsay, la place de la Concorde, l’Arc de Triomphe et Notre-Dame ont brillé de tous leurs feux. La Ville Lumière s’est allumée. La planète en entier s’est émerveillée.
PHOTO LIONEL BONAVENTURE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE
Vue aérienne de la tour Eiffel lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris
Tellement que les Français, gonflés de fierté, plutôt que de l’éviter, se sont mis à léviter. Leur plus gros high depuis la Libération.
Pourtant la Seine, la tour Eiffel, les jardins du Trocadéro, le pont d’Austerlitz, le Grand Palais, la Conciergerie, le musée du Louvre, le musée d’Orsay, la place de la Concorde, l’Arc de triomphe et Notre-Dame étaient là la veille, mais les Français ne les voyaient pas. Ils ne voyaient que les mauvais côtés, que la ville obscure. Voilà que le metteur en scène Thomas Jolly leur a ouvert les yeux. Qu’est-ce que vous attendiez pour être heureux ?
La maire de Paris n’est pas plus célébrée, mais elle est moins conspuée. On lui reconnaît quelques qualités. Ça ne va peut-être pas durer. Mais le rayonnement de sa ville durera.
Parce qu’aujourd’hui, même les Parisiens aiment Paris.
Depuis des années, les Québécois pestent contre la ville de Montréal. Montréalais compris. Elle est laide, sale, mal entretenue, bruyante, polluée, stressante, embouteillée, abandonnée, violente, dangereuse, trop chère, trop pauvre. Sa mairesse Valérie Plante est critiquée, conspuée, bafouée, méprisée, ridiculisée.
Pour que cesse ce mécontentement, faudra-t-il un grand spectacle parcourant la ville et mettant en valeur son histoire et sa beauté ?
PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE
Vue du Vieux-Port de Montréal
Le fleuve, la montagne, le marché Jean-Talon, les escaliers devant les maisons, les marches de l’oratoire, le quai de l’Horloge, la place des Festivals, les îles de l’Expo, Habitat 67, le Vieux-Port, la basilique Notre-Dame, le Musée des beaux-arts, la Place Ville Marie, la statue de Sir George-Étienne Cartier, les ponts Samuel-De Champlain, Victoria et Jacques-Cartier, la grande roue, les verrières colorées du Palais des congrès, les murales, de Leonard Cohen à René Lévesque, la fontaine de la place Vauquelin, le bord du canal de Lachine, la plage de Verdun, la place des Tisserandes, la Fermière de la place du marché Maisonneuve, l’extérieur du Stade olympique et l’intérieur du Jardin botanique.
Non, mais, Montréal, c’est pas juste des cônes orange ! Est-ce qu’on peut en revenir, des maudits cônes !? Est-ce qu’on peut lever la tête et regarder ce qui nous entoure ? Tous ces lieux qui font du bien aux yeux. Tous ces lieux où l’on est heureux.
Est-ce qu’il va falloir engager Thomas Jolly pour mettre en valeur notre cité ? Me semble qu’on est capables nous-mêmes. D’apprécier ce qu’on a. Après tout, Céline est à nous.
Bien sûr, la ville de Montréal est pleine de défauts, comme Paris, New York et Tokyo. Comme toutes les grandes métropoles. Mais elle est aussi pleine de qualités. Ça fait trop longtemps qu’on ne s’y est pas attardés. Est-ce qu’il va falloir attendre les festivités du 400e anniversaire de sa fondation, en 2042, pour nous les remémorer ?
Je suis né à Montréal. J’ai toujours eu cette ville dans ma vie. Parce que Montréal, c’est MONtréal. C’est à moi. C’est MA ville.
Il faut que les Montréalais cessent de s’en détacher. De s’en déresponsabiliser. Non, tout n’est pas la faute de la mairesse. Elle fait ce qu’elle peut. Et si c’est trop peu, à nous de nous en mêler.
Ce ne sont pas les chialeux qui ont redonné du lustre à Paris, ce sont ceux qui en sont amoureux.
Montréal a besoin d’amour, à nous de lui en donner les premiers.
C’est fou, ce sont les médias étrangers qui vantent le plus les mérites de notre ville. Qui la placent au haut des palmarès des endroits à visiter. Nous, on ne cesse de la basher.
Les Français l’ont vécu. C’est en aimant Paris qu’ils ont fait en sorte que Paris les a aimés.
À nous de faire comme eux.
Aimons Montréal, et Montréal nous aimera.
Aimontréal !
Parce que, disons-le, tous en même temps, Montréal, c’est MONtréal !