Texte complet : Future école de l’IDS : finalement pas à côté des terrains récemment acquis par Montréal
Future école de l’IDS : finalement pas à côté des terrains récemment acquis par Montréal
La photo en haut de cet article provient de CANVA.
12 mars 2024
Carl Sincennes, Initiative de journalisme local
L’un des sites visés pour installer la future école de l’Île-des-Sœurs ne sera finalement pas acheté par le Gouvernement du Québec. Voisin immédiat des deux terrains récemment acquis par la Ville de Montréal pour des équipements collectifs, le 1050-1066, Chemin du Golf, faisait l’objet de négociations depuis un certain temps.
Partagée par la Coalition pour des écoles publiques à L’Île-des-Sœurs, la nouvelle a été confirmée par le bureau de la députée provinciale de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, qui a elle-même eu la confirmation du ministère de l’Éducation : le gouvernement a décidé de ne pas acheter le terrain convoité.
Réactions de la députée Alejandra Zaga Mendez
« C’est décevant, parce qu’à chaque fois, qu’il y a un pas en avant, il y a deux pas en arrière. Le milieu et moi-même, on demande que le ministre soit clair sur ses intentions. On regarde pour un terrain et finalement, on ne le prend pas. Il y a beaucoup de désillusion. Ça effrite la confiance », déclare la députée de Verdun en entrevue avec Nouvelles d’Ici.
Selon les discussions qu’elle a eu avec le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, « l’achat n’a pas été considéré comme prioritaire », étant donné que le projet est toujours en pause. Une nouvelle analyse a pourtant été faite par le ministère.
« Il faut saisir chaque opportunité. On sait qu’à l’IDS, l’un des choses les plus contraignantes est la disponibilité des terrains. On demande un plan clair au gouvernement pour savoir quand cette école va être réalisée. Les gens quittent, car on a pas accès à des écoles, surtout au secondaire », ajoute-t-elle en précisant que de nombreuses familles immigrantes s’installent à l’IDS et veulent franciser leurs enfants dans les écoles publiques.
La Coalition pour des écoles publiques à l’IDS s’insurge
« On est un peu catastrophés. Rarement dans l’histoire, il n’y avait eu autant d’efforts réunis pour tenter d’avoir cette école », affirme Geneviève Guay, membre de la Coalition pour des écoles publiques à L’Île-des-Sœurs en précisant que les inscriptions au primaire à l’IDS ont ralenti depuis la pandémie.
Toutefois, la situation est toute autre au secondaire, puisqu’il n’y a toujours pas d’école à l’IDS. « Sur près de 950 élèves en âge de fréquenter le secondaire à l’IDS, 77% sont obligés de sortir de l’arrondissement pour aller à l’école », souligne-t-elle. Mme Guay ajoute que plusieurs parents n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les écoles privées, puisque l’école secondaire Monseigneur-Richard à Verdun est déjà à pleine capacité.
Elle craint maintenant que les futurs terrains disponibles soient trop chers ou sur le bord de l’autoroute.
« C’était l’occasion de faire de ce quartier-là, un quartier pour les familles. On sait quand leurs enfants arrivent à la fin du primaire, les gens sont confrontés à une situation déchirante, soit de vendre leur maison et de s’en aller », s’insurge-t-elle.
La mairesse de Verdun réagit
« On est très déçus d’apprendre que le Gouvernement du Québec n’ira pas de l’avant avec l’acquisition d’un terrain à ce moment-ci. On sait qu’il y a des besoins en équipements collectifs à l’IDS, des besoins en infrastructures scolaires. On souhaite que le gouvernement se porte acquéreur d’un terrain pour une école », explique la mairesse de Verdun, Marie-Andrée Mauger.
Selon elle, même si ce n’est pas « urgent », le besoin se fera ressentir rapidement avec la densification prévue sur l’île.
« Ce n’est pas tous les jours qu’un développeur offre un premier droit de refus. Pour le gouvernement du Québec, c’est une opportunité à saisir, parce qu’il y a plusieurs terrains sous emphytéose. Les écoles à l’IDS, c’est une source de tensions et d’angoisses. C’est toujours difficile d »avoir un terrain», se désole-t-elle en ajoutant que le terrain visé fait consensus.
Elle rappelle que l’État s’était engagé à acquérir un terrain pour la construction d’une école en 2020.
Tout comme Alejandra Zaga Mendez et Geneviève Guay, elle se désole de voir des familles quitter l’IDS à l’aube de l’entrée des enfants au secondaire et que celles qui restent doivent souvent se rabattre sur les écoles privées, faute de place.
Notons que le terrain en question appartient à Ilan Gewurz, fils de feu Samuel Gewurz, un important promoteur immobilier et l’un des principaux bâtisseurs de l’IDS. Toutefois, le terrain et l’immeuble étaient sous l’égide d’un bail emphytéotique à une société de portefeuilles, selon le rôle d’évaluation foncière de la Ville de Montréal.
Ce propriétaire voulait procéder un peu de la même façon que pour les deux terrains acquis récemment par la Ville de Montréal, c’est à dire de faire une sorte de préemption volontaire. C’est la Société québécoise des infrastructures (SQI) qui a négocié une entente avec le promoteur.
Rappelons que le projet d’une nouvelle école à l’IDS avait été mis sur pause en 2022. À l’époque, le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) justifiait cette décision du ministère de l’Éducation du Québec par une importante baisse du nombre d’élèves accueillis. Le projet était pourtant en cours de planification depuis 2019.
Le ministère de l’Éducation n’avait toujours pas répondu à notre demande d’entrevue le 13 mars en matinée.