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Les magouilles de Vaillancourt encore plus importantes, soutient la Ville de Laval

Gaétan Pouliot

6–7 minutes


Les malversations de Gilles Vaillancourt et de ses acolytes s’étendaient aux ventes de terrain, au déneigement et aux services professionnels d’architectes paysagistes, affirme la Ville de Laval, qui réclame 9 millions de dollars dans une série de poursuites civiles.

L’enquête policière baptisée Honorer a montré que, de 1996 à 2010, l’ancien maire Vaillancourt trônait au sommet d’un vaste système frauduleux visant à truquer l’octroi de contrats aux entreprises de construction et aux firmes d’ingénierie.

Avec trois nouvelles poursuites civiles déposées en décembre dernier au palais de justice de Laval, c’est la première fois que la Municipalité allègue que le système de fraudes était encore plus important qu’on ne le croyait.

C’est une nouvelle salve de poursuites qui visent des nouvelles personnes, explique Stéphane Boyer, maire de Laval. On touche par exemple les transactions de terrains, la gestion des dépôts à neige. […] On vient s’adresser à des entreprises ou à des individus qui avaient peut-être moins la lumière durant la commission Charbonneau, mais dont le rôle est tout aussi néfaste pour la société.

Vente de terrains

La Municipalité lavalloise réclame notamment 500 000 $ aux héritiers du magnat de l’immobilier Giuseppe Borsellino.

De multiples gestes ont été posés par l’ancien maire Gilles Vaillancourt, son directeur général et M. Borsellino afin de brader un immense terrain qui appartenait à la Municipalité, détaille la poursuite civile.

Ce terrain à fort potentiel de développement a été acquis frauduleusement en 2000-2001 à une fraction de sa valeur marchande, selon la Ville, qui ajoute que Borsellino s’était engagé à vendre, au rabais, un terrain au directeur général en marge de cette transaction.

Gilles Vaillancourt et Giuseppe Borsellino, en 2003, lors d’un souper de homard au bénéfice de la Fondation Marcel Vaillancourt pour les enfants vulnérables.

Photo : Gilles Vaillancourt : Le monarque / Les Éditions du Journal / Le Journal de Montréal

Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, l’avocat de la succession de M. Borsellino dit contester vigoureusement les procédures intentées et estime qu’il s’agit d’acharnement en raison du décès de l’homme d’affaires en 2021.

La Ville de Laval pourrait élargir sa poursuite contre les héritiers de Giuseppe Borsellino à d’autres ventes de terrain, si elle obtient des informations additionnelles.

Architectes paysagistes

Dans une autre poursuite, la Ville de Laval soutient que les contrats professionnels d’architectes paysagistes étaient truqués, selon une part de marché préétablie par Gilles Vaillancourt.

La poursuite met en cause, entre autres, deux urbanistes bien connus au Québec : Daniel Arbour et Michel Collins. Ils faisaient partie des complices qui ont tiré profit du système, indique le document judiciaire. Leurs firmes auraient majoré de façon substantielle le prix de leurs soumissions.

Laval soutient aussi que les contrats pour la gestion des dépôts à neige étaient truqués et réclame 2 millions de dollars à la compagnie Nepcon.

Les facilitateurs

La Ville réclame de plus six millions de dollars à six proches de l’ancien régime, qui auraient facilité la collusion et la corruption.

Parmi les personnes poursuivies, on retrouve Pierre Lambert. Cet ex-avocat cachait l’argent provenant des dons illégaux au parti politique de Gilles Vaillancourt, et c’est la raison pour laquelle Laval le poursuit.

Pierre Lambert remet de l’argent à des enquêteurs de la commission Charbonneau.

L’émission Enquête avait révélé que Pierre Lambert était au cœur d’un vaste réseau de comptes bancaires en Suisse profitant à des gens d’affaires et à des politiciens de Laval, dont Gilles Vaillancourt.

En 2018, à la suite de l’arrêt des procédures criminelles contre Pierre Lambert en raison de délais judiciaires trop longs, l’ex-avocat a pu accéder de nouveau à ses comptes bancaires en Suisse. Il y contrôlait 5,5 millions de dollars.

M. Lambert n’est plus avocat depuis le 30 septembre dernier.

À lire aussi :

  • Le trésor de Laval : Relisez le reportage d’Enquête sur les comptes de banque secrets de riches Lavallois et sur l’argent caché de Gilles Vaillancourt.

Robert Talbot, l’ancien avocat de la famille Vaillancourt, qui pratique toujours le droit, est aussi poursuivi par la Ville de Laval. Me Talbot aurait reçu d’importantes sommes d’argent provenant de la corruption.

Toujours dans la mire de la Ville de Laval, d’autres proches de Vaillancourt auraient facilité le stratagème de collusion-corruption :

  • Claude de Guise (ancien directeur du Service de l’ingénierie);
  • Guy Vaillancourt (homme d’affaires et frère de Gilles Vaillancourt);
  • Jean Bertrand (ex-avocat);
  • Jean Gauthier (ex-notaire).

Ce dernier a dit vouloir contester la poursuite. Ça n’a pas de bon sens, a dit M. Gauthier à Radio-Canada, tout en niant avoir participé au système frauduleux de Gilles Vaillancourt, bien qu’il ait plaidé coupable d’accusations criminelles pour des faits similaires. C’était une question de frais […] d’avocats, a-t-il dit.

Toutes les autres personnes poursuivies par la Ville de Laval n’ont pas répondu à l’offre de Radio-Canada de commenter.

57 millions de dollars récupérés

C’est important d’envoyer un message clair aux entrepreneurs d’aujourd’hui, que Laval n’est plus et ne sera pas un terrain fertile à la corruption, dit le maire Stéphane Boyer en entrevue avec Radio-Canada. On veut que ça soit compétitif dans les appels d’offres. On veut que les règles du jeu soient équitables pour tous. On veut un système démocratique où les dés ne sont pas pipés.

Jusqu’à présent, Laval a réussi à récupérer 57 millions de dollars volés sous le règne de Gilles Vaillancourt. Les sommes dérobées aux Lavallois dépasseraient les 100 millions de dollars, selon la Ville.

« C’est sûr qu’on va aller au bout de l’exercice […] On va poursuivre les démarches et il y aura aussi d’autres actions par la suite. »

Once a bagman, always a bagman.

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J’ai hâte de voir si il y aura des répercussions au niveau municipale à Brossard, étant donné qu’ils publient le nom du conseillère élue.

La GRC enquête sur deux présumés «postes de police» chinois au Québec

Les établissements sont situés à Montréal et Brossard

L’équipe dédiée à la sécurité nationale de la Gendarmerie royale du Canada enquête activement sur deux présumés « postes de police » chinois dirigés par une conseillère municipale de Brossard.

C’est ce qu’a confirmé le corps policier à notre Bureau d’enquête qui l’a questionnée à propos de ces deux centres qui inquiètent plusieurs observateurs (…)

https://www.journaldemontreal.com/2023/03/09/deux-postes-de-police-chinois-presumes-au-quebec

Elle n’est pas du même parti que la mairesse Doreen Assaad.

Je les ai rencontrées toutes les deux à un événement, ça ne semble pas être l’amour fou entre les deux.

Oui, c’est perceptible depuis longtemps. Autant des 2 cotés, on semble pas être porté à tendre la main…

Ça va quand même éclabousser la ville… à suivre lors du prochain conseil…

Doreen Assaad était à l’émission radio Midi Info pour parler du sujet
Elle a mentionné que des irrégularités ont été rapportées lors des dernières élections (ex. intimidation pour empêcher certaines personnes d’orgine chinoise de s’impliquer en politique). Cela a été rapporté au DGE.

Postes de police chinois présumés au Québec, avec la mairesse de Brossard Rattrapage du 9 mars 2023 : Importante mobilisation en Géorgie, et des postes de police chinois clandestins au Québec

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Il est grand temps de réagir vigoureusement pour défendre notre démocratie contre les ingérences extérieures et cela à tous les niveaux. Il est d’ailleurs intolérable que des pouvoirs anti-démocratiques et dictatoriaux s’insurgent dans nos libertés en menaçant au passage la paix du monde.

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From China With Love.

Corruption et collusion Laval dépasse le cap des 60 millions récupérés

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’hôtel de ville de Laval

Laval annoncera ce vendredi avoir récupéré une nouvelle somme de 3,8 millions auprès des entreprises de Tony Accurso. Au total, la Ville estime avoir recouvré 60 millions de dollars qui avaient été perdus à cause de la corruption l’ayant affligée il y a des années, dont 12 millions uniquement auprès du Groupe Accurso. Un bilan global sera présenté cet automne, au moment où les poursuites prendront fin.

Publié à 1h00 Mis à jour à 5h00

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Henri Ouellette-Vézina
Henri Ouellette-Vézina La Presse

« Évidemment, on pourrait toujours en vouloir plus, mais on est vraiment satisfaits de ce qu’on a réussi à aller chercher. C’est de l’argent frais qu’on réinvestit en services aux citoyens », affirme en entrevue le maire de la municipalité de la couronne nord de Montréal, Stéphane Boyer.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Laval, Stéphane Boyer

Quand son administration a entamé des démarches judiciaires pour récupérer des sommes de la corruption, en 2014, « beaucoup de personnes nous disaient qu’on perdait notre temps et qu’on ne verrait jamais la couleur de cet argent-là », se remémore le maire.

Aujourd’hui, on dépasse le cap des 60 millions. C’est un dénouement dont on est très satisfaits, autant pour M. Accurso que pour le reste des poursuites.

Stéphane Boyer, maire de Laval

Dénouement, parce que la Ville arrive à la fin de quelque chose, 2023 étant la dernière année d’application de la Loi visant la récupération de sommes payées injustement à la suite de fraudes dans le cadre de contrats publics, qui découlait de la commission Charbonneau. « On approche de la fin des procédures. Il reste encore certains dossiers qu’on va essayer de conclure, donc le total pourrait augmenter, mais il ne faut pas s’attendre à d’autres montants en 2024 », évoque M. Boyer.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Tony Accurso, au palais de justice de Laval, en 2018

Sur près de dix ans, une équipe spécialisée intégrée au Service des affaires juridiques de la Ville de Laval, qui est composée de sept personnes, dont des enquêteurs issus de la commission Charbonneau, a travaillé sur des dizaines de dossiers distincts liés à la corruption. Au total, plus d’une centaine de personnes ont été visées, certaines voulant régler immédiatement et d’autres forçant la Ville à aller en procès.

« La loi nous permettait d’aller chercher jusqu’à 20 % de la valeur des contrats obtenus par la municipalité déterminés comme étant frauduleux. Ces gens-là ont donc retracé l’historique de tous les dossiers, ont été chercher les éléments de preuve et ont engagé des poursuites autant contre des individus que contre des entreprises. Il faut souligner leur travail », soutient encore le maire.

Prévenir de futurs écarts

Pour la suite, maintenant, il faudra être aux aguets pour faire en sorte que « l’histoire ne se répète pas à Laval », martèle le maire Boyer. « Pour nous, ça va être de s’assurer de ne jamais baisser la garde, de continuer à être très vigilants et, surtout, de pouvoir intervenir rapidement au besoin avec l’expertise qu’on a notamment développée au Bureau d’intégrité et d’éthique de Laval (BIEL) », insiste-t-il.

Il faut rappeler que l’administration municipale de Laval est reconnue comme le premier corps public à avoir déployé des stratégies juridiques pour récupérer des millions détournés. L’ancien maire de Laval Gilles Vaillancourt a déjà purgé une peine de six ans de prison pour des fraudes commises sur plusieurs années.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

L’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt, en 2013

Avant l’arrivée de Stéphane Boyer à la tête de la Ville, son prédécesseur, Marc Demers, était déjà parvenu à récupérer près de 50 millions de dollars détournés par des fraudes et par des manœuvres illégales. M. Demers avait d’ailleurs annoncé en novembre 2019 qu’une somme de 20 millions serait réinjectée dans la réserve pour l’acquisition et la mise en valeur de milieux naturels. Une portion servirait aussi au paiement comptant de certains projets pour éviter l’endettement.

Quelque 10 millions ont aussi été injectés dans le Fonds Place-du-Souvenir, mis sur pied pour financer des initiatives soutenant les jeunes issus de milieux défavorisés. « On génère encore 600 000 $ annuellement par intérêt et chaque année, on accueille des projets destinés aux jeunes défavorisés. Ce sont des retombées très concrètes pour nous. Et le reste, on le réinvestit un peu partout pour les citoyens », assure M. Boyer.

Un rapport complet doit être déposé cet automne pour faire le point sur l’ensemble des actions et des poursuites ayant été intentées par la Ville de Laval dans les dernières années.

« On va faire un bilan de l’ensemble des opérations dans un souci de transparence », conclut le maire, dont l’équipe a aussi poursuivi, en février dernier, des individus et entreprises qui auraient participé à des stratagèmes frauduleux pour obtenir des contrats municipaux, sous l’administration de l’ancien maire Gilles Vaillancourt, pour 9 millions de dollars.

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65 ans de Brossard : une croissance contrôlée et une vision à définir

Ali Dostie

(Photo: Le Courrier du Sud - Ali Dostie)

Jeune de ses 65 ans, Brossard semble depuis ses débuts avoir le vent dans le dos. Gérer la croissance, dit la mairesse Doreen Assaad, est une «expertise» bien acquise par la Ville. Avec l’arrivée du REM et le développement en plein essor, Brossard a aujourd’hui de grands défis devant elle; des défis qui emballent sa mairesse.

Qu’est-ce qui vous a menée à Brossard ?

«J’ai vécu toute ma vie sur la Rive-Sud. Ma jeunesse est à Greenfield Park, mon adolescence à Saint-Lambert. Lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant, il fallait décider où s’installer. Ç’a été un double coup de foudre : avec mon conjoint (qui m’a amenée à Brossard, où il a passé toute sa vie) et avec la ville. Quelle place fabuleuse!»

Qu’est-ce qui vous a plu ?
«J’étais emballée par les parcs, le transport en commun, les possibilités d’emplois…

Ensuite, comme conseillère municipale, on voit le type de planification qu’il faut pour le futur. C’est là que j’ai vu l’importance de protéger nos espaces verts : on a protégé 24% de notre territoire.

Brossard est jeune, toujours en évolution. On a eu le pont Champlain et on est rendu à notre deuxième pont, qui accueille le REM. C’est incroyable ce qu’on vit dans notre histoire!»

Comment saisir cette opportunité que représente le REM ?

«C’est une opportunité de penser l’aménagement du territoire et d’accueillir de façon stratégique et contrôlée l’effervescence économique qui vient avec.

On devient un pôle d’emploi et le développement aux pourtours des stations permet d’investir dans des infrastructures intéressantes à la population. Ce ne sont pas toutes les municipalités qui peuvent se doter d’un complexe aquatique. Et ce mandat-ci, on va se doter d’un centre multigénérationnel!»

Quels sont vos objectifs pour ce mandat ?

«Dans mon premier mandat, j’avais plein de plans pour voir Brossard évoluer. Oui, la pandémie a légèrement ralenti les choses. Mais là, avec un conseil qui partage ma vision et une équipe administrative solide, on peut mettre les efforts pour construire un centre multigénérationnel en un mandat.

On va développer le bioparc, qui sera un projet joint au premier parc métropolitain agricole à travers la CMM. Je ne sais pas si on va couper un ruban, mais c’est vers là qu’on va.

Et le bord de l’eau, c’est ma priorité Le parc Léon-Gravel est un site qu’il faut repenser afin que ce soit plus évident pour la population qui veut y avoir accès C’est un bijou.»

Parmi les récents acquis pour Brossard, il y a cette confirmation d’un poste de police à Brossard…

«C’est une reconnaissance des arguments qu’on a amenés dans le passé pour dire que c’était incohérent qu’on n’ait pas quelque chose à proximité. Ç’a démontré un changement d’attitude dans la politique au sein de l’agglomération. Je suis heureuse de vivre cette période.»

Qu’est-ce qui définira le Brossard de demain ?

«On est habitués de gérer la croissance de Brossard. L’important est de définir où on veut se rendre, comment, et de le faire avec la contribution de la population.

Jusqu’à quelle population on veut se rendre? Quels services offrir? Ce que ça prend pour répondre aux attentes? On travaille là-dessus. Ensuite, on élaborera une stratégie pour y arriver.

On veut continuer d’être un pôle du savoir. On a un campus de l’Université de Montréal. C’est à cause de l’arrivée du REM. Quelles autres opportunités peut-on saisir?

Au niveau touristique, je pense que Brossard sera une place définie et connue, même sur le plan international. Il y a tellement de belles choses à voir.

On vise une belle effervescence économique : quels types de commerces, d’entreprises voudrait-on attirer? On veut retransformer notre parc industriel pour valoriser ces espaces.

On veut aussi transformer le boulevard Taschereau : avoir une vision cohérente et concertée, réfléchir au type de mode structurant et avoir l’adhésion des paliers gouvernementaux.»

Quels sont vos endroits coups de cœur à Brossard ?

«J’adore visiter le parc Radisson, mais c’est dur de dire que j’ai un parc favori, je les aime tous!

Quand je rentre dans le complexe aquatique, je suis fière, de son aspect inclusif entre autres. Il incarne toutes les valeurs que je considère importantes à Brossard. Et on a pu le livrer à l’intérieur du budget et dans les délais attendus. C’est une de mes places favorites.

Et il y a le bord de l’eau!»

Quels sont les mots qui décrivent le mieux le Brossard d’aujourd’hui ?

«Emballant, vivant, en évolution. C’est l’exemple de tout ce qu’on veut d’une municipalité. C’est une place où on peut travailler, vivre, se divertir. On est comblés, vraiment.

Mon souhait est d’embarquer tout le monde dans cette belle aventure et qu’on ne se mette pas de limite dans nos rêves.»

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L’exode de la relève se poursuit en politique municipale


Photo: Adil Boukind, Le Devoir
La conseillère municipale à Vaudreuil-Dorion, Jasmine Sharma

Isabelle Porter
29 janvier 2024
Québec

Le 15 janvier dernier, Geneviève Dubuc, conseillère municipale à Saint-Sauveur, a démissionné de son poste en déplorant le climat malsain au sein de son conseil. Une autre. À l’instar d’autres élus avant elle, la jeune politicienne dénonce l’incapacité du monde municipal à civiliser ses façons de faire.

« J’ai fait toutes les démarches que je pouvais pour améliorer la situation. Mais à un moment donné, ça devient extrêmement lourd », explique-t-elle en entrevue. Élue pour la première fois en 2021 à 31 ans, Geneviève Dubuc incarne parfaitement le profil de nouvelle élue que le monde municipal cherche à attirer. Et, à l’instar de beaucoup de jeunes de la vague 2021, elle a un intérêt marqué pour l’environnement et la participation citoyenne.

« En tant que jeune femme impliquée dans la communauté, j’ai à coeur notre milieu de vie », déclarait-elle tout sourire dans une publicité en campagne électorale. Mais après un peu plus de deux ans, elle a préféré jeter l’éponge et se consacre désormais à un organisme environnemental.

Contrairement à d’autres, elle dit ne pas avoir été intimidée personnellement. C’est le climat général de non-respect qui l’a minée, explique-t-elle. Certains « se faisaient crier dessus lors de rencontres », « s’accusaient de part et d’autre »…

Et lorsqu’on lui fait remarquer que des gens pourraient lui reprocher de ne pas avoir une carapace suffisamment épaisse, elle répond avec la célérité de celle à qui on a déjà fait le commentaire. « Ce que ces personnes-là considèrent comme “normal” en politique n’est pas normal dans la société. […] Oui, il y a moyen de s’endurcir, mais oui, il y a moyen de mieux faire. »

Un vague confirmée et documentée

Joanie Bouchard, professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, réalise actuellement une étude sur le phénomène pour le compte de la Fédération québécoise des municipalités (FQM). Ses recherches confirment que le problème est bien réel. « Entre 2017 et 2023, il y a vraiment eu un saut dans la quantité d’incidents rapportés d’intimidation par les élus », dit-elle.

Une récente enquête menée par le quotidien La Tribune a en outre démontré que près d’un élu sur dix avait démissionné depuis les dernières élections municipales. C’est 41 % de plus qu’en 2017. Et comme le rapportait Le Devoir l’automne dernier, l’intimidation provient souvent de citoyens, mais les tensions entre élus constituent aussi un problème majeur.

Selon Mme Dubuc, le monde municipal n’est tout simplement pas adapté à la réalité d’aujourd’hui. Dans une lettre ouverte récemment publiée dans Le Devoir, elle décrit le monde municipal comme une « bibitte » qu’il faut moderniser.

Elle n’est pas la seule à chercher des solutions. Jasmine Sharma, conseillère municipale à Vaudreuil-Dorion, travaille depuis quelques mois à un « code de civilité ». Mme Sharma, qui a elle aussi dénoncé le manque de respect au sein de son conseil municipal, avance que les gens qui ont des comportements inappropriés ne sont pas « toujours nécessairement de mauvaise foi ». « Communiquer, avoir une langue qui favorise l’équité, la diversité et l’inclusion, ça s’apprend. »

Son projet s’appuie sur trois grands principes : le respect, l’ouverture et une communication efficace. En matière de respect, il suggère par exemple d’éviter « d’alimenter des rumeurs et de pratiquer le jugement et les sous-entendus ». Quant à l’ouverture, il commande de ne pas être « sur la défensive » ni « condescendant ». Enfin, une communication efficace nécessiterait qu’on évite de « s’exprimer de façon agressive ou en haussant le ton ».

L’arrivée d’une nouvelle génération d’élus aux valeurs différentes a marqué un « changement majeur aux dernières élections », remarque-t-elle. « On a vraiment vu une transformation au niveau des conseils municipaux, mais on n’a pas nécessairement fourni des outils pour préparer ceux qui étaient déjà en politique à cette nouvelle réalité. »

Enthousiaste, la conseillère a même soumis son projet à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, en novembre dernier.

Cette dernière lui a répondu qu’une loi oblige déjà les villes à inclure la notion de civilité dans leurs codes d’éthique. La ministre dit en outre « poursuivre des échanges » avec l’Union des municipalités du Québec et la FQM « afin de trouver un moyen d’offrir du soutien psychologique à l’ensemble de leurs membres ».

La CMQ montrée du doigt

Mme Sharma réclame justement qu’on offre de l’aide spécifique aux élus qui sont pris dans des tensions internes. Elle raconte qu’avant de quitter son parti politique en janvier 2023, elle a elle-même cherché des ressources de médiation. En vain.

Le ministère offre certes un programme d’accompagnement en médiation, dit-elle, « mais ça prend une résolution du conseil municipal pour aller chercher cette aide-là ». « Quand tu es dans une situation minoritaire et que la volonté politique n’est pas là, si on ne reconnaît pas qu’il y a une situation à régler, c’est une option dont on ne peut pas se prévaloir ».

En entrevue, Geneviève Dubuc relate avoir fait le même constat. « Il n’y a pas d’aide », déplore-t-elle.

Reste la Commission municipale du Québec (CMQ), une ressource dont les recours sont, aux yeux de Mme Sharma, parfois disproportionnés et contre-productifs. « Nous, on n’était pas rendues à faire une plainte à la CMQ, on voulait juste régler le problème. Des fois, ça peut juste venir envenimer la situation encore plus. »

Mme Dubuc en a fait l’expérience à Saint-Sauveur, la ville ayant été ciblée par une vaste enquête de la CMQ à la suite d’une plainte. Selon elle, cette enquête a contribué à envenimer les relations entre les élus. À noter qu’elle a elle-même été condamnée en août à une amende par la CMQ pour avoir divulgué un renseignement personnel à un tiers durant son mandat, mais indique que l’enquête en question touchait plusieurs élus et avait une portée plus large.

« Il y a eu une grosse enquête, et après, ça n’a jamais été rediscuté. Quelqu’un a fait une plainte sur les élus, ç’a été “enquêté” et après, il n’y a pas eu de debriefing », raconte-t-elle. Après cela, « tout le monde soupçonnait tout le monde ».

Un problème genré ?

Difficile de ne pas le remarquer : les problèmes d’intimidation dans le monde municipal sont souvent dénoncés par des femmes.

Quand Mme Sharma a dénoncé le climat à Vaudreuil-Dorion, elle l’a fait avec deux collègues féminines. Un peu partout, des femmes élues se regroupent pour discuter de ces questions. Au printemps 2023, le Réseau des femmes élues de Lanaudière a produit trois balados sur le thème de l’intimidation des femmes en politiques. Deux conseillères municipales y ont pris part, en plus de l’ancienne députée libérale Lise Thériault. Du côté de Sherbrooke, l’organisme PEPINES a tenu le 1er décembre un panel sur les difficultés vécues par les élues, au cours duquel le thème de l’intimidation a été abordé.

Est-ce une problématique hommes-femmes ? Mme Sharma nuance. Elle voit plutôt son code de civilité « comme une démarche pour encourager l’inclusion et la diversité ». « Quand je dis ça, je parle de jeunes, de femmes, de personnes issues de communautés ethniques, de gens qui ont des expériences, des perspectives différentes. »

Joannie Bouchard n’est pas prête non plus à dire que ce problème est nécessairement féminin. Mais l’enquête sur laquelle elle travaille montre que les femmes élues sont plus à risque d’être intimidées par un ou une collègue. « Les femmes élues sont plus visées que les autres élus en matière d’intimidation et de harcèlement », dit-elle.

Un message a été fusionné à un sujet existant : Ottawa-Gatineau: Projets et actualités

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Lettre ouverte de la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier

Texte complet : Sommes-nous prêts pour une nouvelle culture politique ?

Sommes-nous prêts pour une nouvelle culture politique ?


PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier

Je vais vous faire une confidence : ça va bien à Longueuil. Je suis heureuse dans mes fonctions de mairesse. J’ai une équipe formidable autour de moi, des proches de confiance sur qui je peux compter, jour après jour. C’est ce que je réponds aux personnes, nombreuses, qui m’interpellent avec bienveillance pour me demander des nouvelles depuis mon élection, en novembre 2021. Parce qu’on entend que tout va mal, tout le temps.

Publié à 1h11 Mis à jour à 6h00
CATHERINE FOURNIER
Mairesse de Longueuil

C’est la voix que j’ai envie d’exprimer d’entrée de jeu, aujourd’hui. La politique est un monde difficile, certes (comme le sont aussi bien d’autres milieux professionnels, par ailleurs), mais c’est surtout un puissant outil de changement social, noble et stimulant, qui donne un sens à l’action de celles et ceux qui la pratiquent.

Est-ce que les commentaires hargneux sont agréables à recevoir sur les réseaux sociaux ? Bien sûr que non. Est-ce qu’il est ardu de faire face à des menaces de citoyens agressifs ? Bien sûr que oui. Sous protection policière depuis septembre, je suis bien placée pour en parler.

Cela étant dit, la solidarité et la sollicitude dont la grande majorité de la population fait preuve dépassent largement ces comportements déplorables et ces attitudes inacceptables. Je me considère personnellement privilégiée de recevoir autant de reconnaissance dans le cadre de mon travail. Je suis consciente que n’étant pas dans l’œil public, la plupart des gens n’ont pas cette chance, peu importe à quel point ils travaillent fort, ou font la différence, trop souvent dans l’ombre.

La semaine dernière, mon homologue de Gatineau, France Bélisle, a annoncé sa démission. Je ne ferai pas référence à son cas particulier, comme elle a choisi de se retirer de l’arène politique. Sa décision m’inspire néanmoins le respect. J’éprouve énormément d’empathie pour elle, ainsi que pour les quelque 800 autres élus municipaux qui ont pris le même chemin depuis les dernières élections. Chaque départ est une perte pour le service public et la somme d’entre eux devrait effectivement commander une réflexion collective.

Je suis d’accord avec France lorsqu’elle affirme que l’environnement dans lequel s’exerce la politique doit changer. Au premier chef, c’est nous-mêmes, les élus, qui devrions incarner ces changements.

Avant de regarder ailleurs, il convient de donner l’exemple. Il n’est pas normal de constater les climats toxiques d’intimidation qui peuvent régner dans les hôtels de ville… et dans nos parlements.

La question qu’il convient de poser est la suivante : de quelle façon ces escalades sont-elles alimentées ?

À voir l’état critique de plusieurs conseils municipaux à travers le Québec où siègent exclusivement des indépendants, la partisanerie à outrance n’est manifestement pas propre aux partis politiques. Et, a contrario, on peut très bien œuvrer au sein d’un parti sans s’employer à démoniser ses vis-à-vis. Nous en faisons la démonstration à Longueuil.

Dès la campagne électorale, mon équipe et moi avons voulu avoir une approche résolument positive. Aucune critique, aucune attaque, parce que je suis convaincue que fondamentalement, ça devrait être ça, la politique : proposer une vision emballante et nous concentrer sur ce que nous avons à offrir, sans diminuer celle des autres. Faire confiance à l’intelligence collective.

Depuis l’élection, bien que la situation soit assez exceptionnelle avec un seul conseiller siégeant officiellement dans l’opposition, nous adoptons la même posture de collaboration. Concrètement, nous avons par exemple rendu disponible la totalité des documents d’instance de manière transparente, en favorisant l’accès et la circulation de l’information pour l’ensemble des conseillères et des conseillers démocratiquement élus par la population.

Nous œuvrons également avec ouverture au conseil d’agglomération, au sein duquel Longueuil, comme ville centre, est systématiquement minoritaire parmi les villes liées.

Au-delà du nécessaire changement de culture politique, reconnaissons que des balises plus claires et des processus unifiés parmi les municipalités seraient plus que bienvenus dans les situations de conflit, que ce soit avec des citoyens, avec l’administration ou carrément entre élus.

Déjà, nous avons fait du progrès grâce aux démarches effectuées par les unions municipales que sont l’Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des municipalités, qui ont obtenu une assurance juridique pour les élus et qui sont en voie d’obtenir du gouvernement du Québec l’accès élargi à un programme de soutien psychologique au sein des villes, programme généralement déjà accessible aux employés, mais qui exclut encore trop souvent les élus. Il s’agissait d’ailleurs de l’une des revendications de l’ex-mairesse de Chapais, Isabelle Lessard, lors de sa propre démission.

Un fonds permettant la médiation entre parties pourrait aussi faire partie des solutions considérées. Qui plus est, il faudrait urgemment encadrer les recours devant la Commission municipale du Québec, qui sont régulièrement instrumentalisés par des élus voulant nuire à leurs adversaires (ce qui n’est pas sans rappeler les recours portés devant la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale, à quelques occasions…).

J’estime finalement que la réflexion doit dépasser le monde politique pour atteindre la sphère médiatique. Le texte « Génération Charbonneau »1 publié sous la plume d’Yves Boisvert la semaine dernière abondait dans le sens d’une réflexion qui m’habite depuis maintenant plusieurs années : la disproportion de traitement à laquelle se butent certaines fautes, humaines et parfois bien inoffensives (du registre de la pudibonderie, disait Boisvert), commises par les élus, directement ou indirectement, par imputabilité.

Le droit à l’erreur a disparu au profit de la guerre aux clics.

Sans tomber dans la complaisance, admettons minimalement qu’une couverture plus équitable s’impose. Prenons le cas récent de Dominique Ollivier et du souper d’huîtres à Paris à l’époque où elle dirigeait l’Office de consultation publique de Montréal. Le traitement médiatique de cette affaire a-t-il été proportionnel à l’erreur commise… et admise ? Si ce principe prévaut en droit, il devrait aussi pouvoir servir d’introspection au sein de la communauté journalistique.

Chère France, je suis profondément convaincue que les femmes et les hommes politiques peuvent être des modèles de vulnérabilité et d’authenticité. Je crois même précisément que c’est en s’assumant pleinement de cette façon que les choses pourront réellement changer.

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Cinq installations majeures de la Ville, soit l’hôtel de ville, le centre multifonctionnel, la maison Desaulniers, les ateliers municipaux et le chalet du club de golf, sont d’ailleurs dans un état « critique » et nécessiteraient des investissements de plus de 10 millions sur cinq ans, à eux seuls. Pourtant, « il n’y a aucun suivi des travaux réalisés et à réaliser », note le rapport.

Le portrait n’est d’ailleurs guère plus reluisant pour son parc de véhicules, dont le suivi « se fait principalement par l’entremise d’un fichier Excel, malgré le fait que la Ville détient un logiciel d’entretien », déplorent les experts de Raymond Chabot Grant Thornton.

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Certaines personnes n’ont aucun respect ou savoir-vivre

Une femme âgée d’une cinquantaine d’années a été arrêtée au lendemain de la dernière séance du conseil municipal de la Ville de Longueuil, qui s’est avérée particulièrement houleuse. L’arrestation est liée à des actes de harcèlement criminel envers la mairesse Catherine Fournier, survenus lors de la séance du 19 mars.

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Tout un dossier celui-ci. Depuis qu’il n’a plus le droit d’assister aux séances de Saint-Constant, il vient à toutes les séances de Sainte-Catherine pour chercher du trouble là où il y en a pas. C’est à ce point lourd, que je suis étonné qu’Infoman n’en ait pas encore parlé.

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