Patrimoine en péril

Mise-à-jour sur l’édifice au coin Parc et Saint-Viateur que j’avais mentionné précédemment, et qui perdait son revêtement: des travaux ont commencé, et un véritable passage pour les piétons a été aménagé:

7 « J'aime »

L’attitude de la municipalité est absolument dégueulasse.

3 « J'aime »

2022-09-02

https://www.journaldemontreal.com/2022/02/11/en-images-incendie-dans-un-batiment-vacant-a-montreal

3 « J'aime »

6 « J'aime »

L’immeuble date de 1812 donc de 210 ans, ce serait impardonnable de faire disparaitre ce rare témoin du passé. Que la région se cotise et qu’elle fasse aussi appel aux différents gouvernements afin de sauver ce monument historique.

1 « J'aime »

Beaudet & coll. à la défense du… bungalow :thinking:

Les banlieues: un patrimoine à préserver

Vous est-il déjà arrivé de vous promener dans un secteur où les bungalows des années 1950-1960 dominent et de voir surgir soudainement une gigantesque maison de type néo-manoir ou un bâtiment de plusieurs étages? De nouveaux propriétaires ont ainsi transformé leur maison de plain-pied en une résidence qui détonne dans le paysage urbain.

Pour préserver ce paysage urbain, des initiatives culturelles et institutionnelles sont apparues au cours des 20 dernières années. Lise Walczak s’intéresse à ce phénomène dans son doctorat en aménagement qu’elle fait à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal sous la direction de Gérard Beaudet.

La banlieue, reléguée au second plan en France

Lise Walczak a grandi dans un petit pavillon de la banlieue parisienne. Lorsqu’elle a commencé ses études en géographie et en urbanisme à la Sorbonne, elle s’est aperçue qu’il y avait une certaine stigmatisation envers les personnes qui vivent en banlieue, car en France la banlieue est entachée de clichés et de connotations négatives.

«Quand on évoque la banlieue, les images que de nombreuses personnes ont en tête sont les grands ensembles d’habitations, la délinquance ou l’insécurité. Quand on pense aux périphéries urbaines, on pense aussi à la dépendance à l’automobile, aux zones commerciales bétonnées, aux maisons individuelles construites par milliers qui se ressemblent à peu près toutes. C’est aussi le symbole de l’ennui, du vide», dit Lise Walczak.

Elle s’est rendu compte du décalage qui existait entre ce qu’elle apprenait à l’université et la réalité du terrain: autour d’elle, il y avait un fort sentiment d’appartenance à la banlieue. «La banlieue est aussi un territoire où il y a une histoire et où les gens sont fiers de vivre», ajoute-t-elle. Dans le premier stage qu’elle effectue, elle répertorie le patrimoine urbain de Gonesse, une petite ville de banlieue parisienne, qui la conforte dans l’idée que la banlieue possède un patrimoine à mettre en valeur.

Une situation différente au Québec

En venant poursuivre ses études à Montréal, Lise Walczak a d’abord été marquée par le paysage pittoresque, la végétation abondante et les imposantes demeures de style victorien de Westmount et de Mont-Royal. Puis, elle a découvert l’architecture des petits bungalows, les garages extérieurs, les jardins ouverts dans les banlieues des classes moyennes comme dans l’est de Montréal ou dans certains arrondissements comme Saint-Léonard. Elle se rend compte qu’il y a également un patrimoine à mettre en valeur.

Les banlieues au Québec se sont développées massivement après la Seconde Guerre mondiale. «C’est une période de l’histoire qui a beaucoup marqué les Québécois parce qu’elle est synonyme de modernité et de prospérité, raconte la doctorante. Ils ont été nombreux à acquérir pour la première fois un habitat de qualité avec une salle de bain, une cuisine, des équipements ménagers… Contrairement à la France, où la banlieue est connotée négativement, la banlieue au Québec constitue une part importante de l’héritage bâti et culturel.»

Des transformations du paysage urbain

Les banlieues se densifiant, on assiste à plusieurs transformations des bungalows. Certains propriétaires remplacent les matériaux originaux par des nouveaux qui ne sont pas toujours de bonne qualité. D’autres, profitant du bas prix du terrain, détruisent leur maison de plain-pied pour construire des habitations de type néo-manoir. Des promoteurs immobiliers élèvent des immeubles résidentiels de plusieurs étages. Souvent les couleurs ne sont pas respectées, les arbres sont abattus. Ces transformations détonnent dans le paysage urbain.

Face à ces transformations, différents règlements d’urbanisme visant à assurer une qualité architecturale et paysagère au sein d’un quartier ont été mis en place ces 20 dernières années. Des initiatives de préservation des banlieues ont vu le jour à Riverside, dans l’arrondissement de LaSalle, ou au Village Champlain, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga- Maisonneuve.

Le secteur Riverside a été bien conservé, car dès le début des années 2000, l’arrondissement a adopté une règlementation pour préserver les caractéristiques architecturales et paysagères du secteur. «Quand on se promène là-bas, on remarque que les bungalows ont gardé leurs éléments d’origine. Il y a aussi une volonté des résidants de protéger leur quartier. L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a aussi très tôt décidé de se doter d’une règlementation pour préserver le Village Champlain de toute altération. Des organismes de défense du patrimoine, comme la Société du patrimoine de Boucherville, agissent également sur le plan culturel pour défendre ce type de patrimoine», indique Lise Walczak.

Préserver encore plus le patrimoine urbain en banlieue

Toutefois, les municipalités et les organismes de défense du patrimoine ne sont pas assez outillés pour préserver leur patrimoine.

«Je pense qu’au Québec il n’y a pas de vision collective sur la conservation du patrimoine urbain. Cela est dû à un manque de ressources humaines, techniques et financières. Les municipalités sont prises au dépourvu. Il faudrait sensibiliser les élus et les agents municipaux à la nécessité de protéger et de mettre en valeur les richesses du territoire. De plus en plus de villes et d’associations tentent de sauvegarder cet héritage parce qu’elles souhaitent valoriser ce passé récent qui a marqué une grande partie du Québec», conclut Lise Walczak.

Eglise St John the Evangelist (President Kennedy/Saint-Urbain). Plusieurs travaux sont nécessaires pour préserver ce bâtiment situé sur un site exceptionnel dans le Quartier des Spectacles.

4 « J'aime »

Un beau travail de maçonnerie !

Sur la page FB du conseiller Alexander Norris

AVANT/APRÈS : avenue de l’Hôtel-de-Ville, côté ouest, au nord de l’avenue du Mont-Royal

Voici un autre cas où nous avons obtenu une injonction pour forcer un propriétaire négligeant à faire les travaux requis. Cette maison était tellement mal entretenu qu’un arbre poussait sur son toit lorsqu’on est intervenu auprès des tribunaux pour exiger que son propriétaire, un fonctionnaire du gouvernement du Québec, prenne ses responsabilités. La mauvaise publicité semble avoir incité le propriétaire à vendre la maison et le propriétaire suivant a restauré le bâtiment de manière exemplaire.

L’histoire de cette maison dans les médias
https://www.tvanouvelles.ca/2011/11/14/un-arbre-sur-le-toit

16 « J'aime »

ce n’est pas le même, c’est le projet Maison Napoléon

4 « J'aime »

La banlieue de Montréal représente une immense surface peu densifiée qui s’étend jusqu’à la troisième couronne. La première et deuxième couronne font partie des développements les plus anciens et leur aménagement (pas toujours cohérent) n’a pas été le fruit d’un plan d’urbanisme en bonne et due forme. Ce qui fait dans plusieurs cas que le territoire est mal exploité, inégal et moins rentable au niveau de la densité et de la fiscalité municipale.

Dans ce cas, difficile de comparer avec les quartiers centraux montréalais, nettement plus homogènes, hautement densifiés et clairement identitaires d’une certaine époque. D’autant que les banlieues en général sont peu significatives sur le plan architectural, étant plutôt généralistes et dans la plupart des cas (sauf exception) sans véritable attrait.

En plus aux yeux d’aujourd’hui, elles représentent un grand gaspillage d’espace sous-exploité et fort couteux à l’entretien, comme aux services à la population notamment en matière de transports. Dans la majorité des cas on devrait densifier ces terrains dans le but de sauver les terres des dernières couronnes en accord avec le développement durable.

De toute façon vu l’étendu des banlieues, on ne manque pas d’exemples de bungalows pour témoigner de leur qualité patrimoniale représentant une certaine époque, sans tenter de tout conserver. L’Étalement urbain étant néfaste à l’environnement et à la biodiversité, notre première priorité est justement de tout faire pour l’arrêter. L’action passe alors par la nécessaire densification des quartiers banlieusards, qui ont été justement à l’origine du phénomène de cet étalement.

Donc oui à la protection de certains exemples du bâti des années après-guerre. Mais non à la conservation généralisée de quartiers entiers, qui correspondent aujourd’hui à la future banque de terrains, qui permettra d’assurer le développement de la ville de demain, sans en augmenter le périmètre.

4 « J'aime »

image

3 « J'aime »

Un dossier de la CBC sur les églises sous-utilisées de Montréal

1 « J'aime »

Patrimoine en péril (Québec)

Patrimoine : Québec incapable d’entrer dans le château Richard

La résidence change de nom et devient le château Zoé-Turgeon dans le Répertoire du patrimoine culturel.

Le château Richard a changé de nom à la suite d’une analyse du ministère de la Culture réalisée cet été. Il s’appelle désormais le château Zoé-Turgeon (archives).

Photo : Radio-Canada / David Remillard

David Rémillard (accéder à la page de l’auteur)

David Rémillard

David Rémillard

Publié à 5 h 38

Près de deux ans après le dépôt d’un avis de proposition de statut patrimonial, les inspecteurs du ministère de la Culture et des Communications (MCC) n’ont toujours pas réussi à entrer dans le château Richard, aujourd’hui appelé le château Zoé-Turgeon.

Les fonctionnaires du Ministère ont bien amorcé le travail dans le but de déterminer si, oui ou non, la résidence située sur l’avenue Royale, à L’Ange-Gardien, mérite une protection nationale.

À preuve, les recherches découlant de l’avis de proposition, déposé le 22 décembre 2020 par un urbaniste de Gatineau, ont permis de modifier l’appellation du château Richard.

Le bâtiment construit en 1907 est maintenant désigné sous le nom de château Zoé-Turgeon dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Au cours de la recherche sur l’immeuble, le Ministère a mis en lumière le fait que le bâtiment a été la propriété exclusive de Zoé Turgeon, et son mari n’en a jamais été propriétaire, explique une porte-parole par courriel.

Le château Zoé-Turgeon est une résidence privée de styles victorien et éclectique érigée en 1906 et 1907 sur la Côte-de-Beaupré.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Mme Turgeon était l’épouse de l’homme d’affaires Louis Richard, mais elle était la seule propriétaire du cadastre sur lequel l’opulente maison a été construite. Le couple d’industriels a fait fortune dans la production de cuir artificiel, notamment, grâce à l’entreprise Richard et Cie.

Zoé Turgeon collabore à l’entreprise de son mari. Elle fait aussi des investissements personnels, notamment dans le domaine immobilier, peut-on lire dans la fiche du Ministère.

Pas de visite intérieure

S’ils ont sillonné les alentours de la résidence au cours des derniers mois, les représentants de l’État québécois n’ont pas encore réussi à y pénétrer pour en évaluer la valeur à l’intérieur.

Le Ministère poursuit ses discussions avec la propriétaire afin de visiter les lieux et n’émettra pas d’autres commentaires à ce stade-ci, indique-t-on, sans préciser la nature des pourparlers. Le MCC

n’a pas précisé si démarches légales avaient été entreprises.

Certains citoyens s’inquiètent du dépérissement du château Zoé-Turgeon (archives).

Photo : Radio-Canada / David Remillard

L’actuelle propriétaire n’habite pas les lieux et, selon nos sources, n’a pas montré beaucoup d’ouverture à collaborer dans le passé.

Ses taxes ont toujours été payées, tout comme des amendes associées à la détérioration du bâtiment. Une dizaine de constats d’infraction lui ont été acheminés entre 2015 et 2020. Les relations avec la Municipalité pour la réalisation de travaux de réfection ont cependant été tendues, de l’aveu même du maire de L’Ange-Gardien, Pierre Lefrançois.

Radio-Canada avait brièvement discuté avec elle lors du dépôt de l’avis de proposition de statut patrimonial. Cette dernière avait refusé de se prononcer, mais n’avait pas caché ses dissensions avec les autorités, en particulier municipales.

La propriétaire n’a pas rappelé Radio-Canada malgré plusieurs tentatives au cours des derniers jours.

Ce que dit la Loi

Si Québec n’est toujours pas parvenu à visiter la résidence, la Loi sur le patrimoine culturel lui donne pourtant des pouvoirs au MCC

pour compléter ses analyses.

Le ministre peut autoriser une personne à agir comme inspecteur et à pénétrer à toute heure raisonnable sur les lieux d’un bien patrimonial, d’un bien ou d’un site archéologique ou d’une aire de protection et à y effectuer les fouilles et les travaux d’expertise requis, peut-on lire à l’article 180.

Ces pouvoirs peuvent aussi être octroyés à une personne dans le cas d’un bien susceptible de présenter une valeur patrimoniale, en vue d’établir s’il existe une menace réelle ou appréhendée qu’il soit dégradé de manière non négligeable.

Le ministre de la Culture peut autoriser une personne à agir comme inspecteur et à pénétrer à toute heure raisonnable sur les lieux d’un bien patrimonial, d’un bien ou d’un site archéologique ou d’une aire de protection et à y effectuer les fouilles et les travaux d’expertise requis.

Photo : Radio-Canada / David Remillard

Dans la présente situation, l’urbaniste Guillaume St-Jean, de passage sur la Côte-de-Beaupré il y a quelques années, s’est inquiété du sort réservé au château Zoé-Turgeon. Soucieux de protéger le patrimoine bâti, il a décidé de présenter une demande officielle au ministère de la Culture.

Les possibilités [pour protéger le bâtiment] sont multiples, disait-il. Il faut juste arrêter de ne rien faire, parce qu’un jour il va être trop tard.

Le château Zoé-Turgeon a été dessiné par l’architecte lévisien Eugène-Michel Talbot, à qui l’on doit notamment l’église Saint-Roch, à Québec. Le bâtiment présente une architecture très élaborée. Il s’apparente aux grandes résidences bourgeoises individuelles qu’on retrouve à la même époque au Québec par son style éclectique et son ornementation riche, selon le MCC

.

À lire aussi :

3 « J'aime »

Kirkland dans le viseur des défenseurs de l’héritage de Charles Daudelin


Julien Cadena, Le Devoir
En 1951, une firme d’architectes avait été mandatée par l’artiste pour concevoir sa résidence d’artiste, envisagée comme un prolongement de sa propre oeuvre.

Jean-François Nadeau
17 h 26

La demande de démolition de la maison-atelier de l’artiste Charles Daudelin, soumise à la Ville de Kirkland, soulève l’ire des milieux de la culture et du patrimoine. La demeure, fruit du travail de plusieurs architectes importants, se retrouve désormais menacée. La municipalité n’a jamais protégé cette demeure d’exception, comme la loi québécoise lui permet pourtant de le faire.

Joint par Le Devoir, le ministère de la Culture et des Communications (MCC) affirme n’avoir reçu jusqu’ici aucune demande de protection pour la maison du sculpteur. Ni de la part de la municipalité ni de la part du public. La Loi sur le patrimoine culturel, refondue récemment, ne prévoit pas de mesure de protection générale pour les bâtiments construits après 1940. Plusieurs joyaux du patrimoine moderne se retrouvent ainsi dans un état de grande vulnérabilité.

En 1951, la firme d’architectes Rother, Bland, Trudeau avait été mandatée par l’artiste Charles Daudelin pour concevoir sa résidence d’artiste, envisagée comme un prolongement de sa propre oeuvre. La conception en sera confiée à Charles Elliott Trudeau, l’oncle de l’actuel premier ministre du Canada. La maison fut agrandie à quelques reprises, grâce en partie au travail de l’architecte Jean-Louis Lalonde. À Paris, ce Lalonde fut associé à l’un des plus grands chantiers de l’après-guerre, soit la construction du Palais de l’UNESCO (1953-1958). L’architecte Gordon Edwards, à qui l’on doit l’aérogare de Mirabel, a aussi travaillé à l’aménagement de la maison Daudelin.

Le ministère peut-il néanmoins agir seul pour protéger et mettre en valeur ce bien culturel ? « Le ministère de la Culture et des Communications évaluera différents scénarios au regard notamment des décisions qui seront prises par le conseil municipal et son comité de démolition », a-t-on répondu au Devoir, tout en ajoutant que rien de plus ne sera dit pour le moment.

Conscient que Kirkland n’a pas protégé ce rare bâtiment, le MCC assure qu’il « est en communication avec la Ville et suit le dossier de près ».

Plusieurs protestations se font entendre depuis que Le Devoir a signalé que la maison faisait l’objet d’une demande de démolition de la part de son nouveau propriétaire, un promoteur immobilier.

L’ex-conservatrice de l’art contemporain du Musée régional de Rimouski, Ève De Garie-Lamanque, désormais directrice artistique du Festival international des Jardins de Métis, a signé avec Eve Katinoglou, chef de la gestion des collections du Musée des beaux-arts de Montréal, ainsi qu’une dizaine d’autres spécialistes dans une lettre envoyée à l’administration municipale.

Selon les signataires, la résidence « est triplement exceptionnelle ». Il s’agit d’un « bijou d’architecture moderne ». Le « lot sur lequel elle a été construite à des dimensions et une forme inhabituelle qui renvoient à l’histoire du développement de la Ville de Kirkland ». Et enfin, Charles Daudelin, « artiste québécois majeur et pionnier de l’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement, y a vécu et travaillé avec son épouse Louise (proche collaboratrice et artiste) de 1951 jusqu’à son décès, en 2001 ».

Cette lettre de protestation adressée à la municipalité manifeste une vive « opposition à la démolition », selon les mots des signataires. Elle « demande l’arrêt des procédures », dans l’attente d’une demande de classement au MCC. Ève De Garie-Lamanque affirme que cette démarche est appuyée par la famille Daudelin.

L’organisme Docomomo Québec, voué à la mise en valeur et à la protection du patrimoine moderne, a aussi protesté contre ce laisser-aller en défaveur de la préservation de l’héritage de Charles Daudelin.

1 « J'aime »

Triste, surtout considérant l’architecture inspirée du reste de la rue.

1 « J'aime »

ouache

Jean-François Nadeau a publié des photos de la maison sur son compte Twitter à la publication du 1er article dans le Devoir au sujet de la demande de permis de démo

Je peux pas croire que des gens veuille démolir une maison créée par des architectes de renom pour construire une maison comme les autres…

D’autres photos sur Facebook

312219552_10160218027689686_6736915538479756617_n

Elle était affichée à 2,688 M$ en juillet 2020

https://www.journaldemontreal.com/2020/07/21/a-vendre-pour-2-688-000-a-kirkland-une-maison-dexception-ayant-appartenu-a-lartiste-charles-daudelin

9 « J'aime »

3 « J'aime »

Le bungalow, patrimoine de la banlieue


Photo: Marie-France Coallier Le Devoir
La Société du patrimoine de Boucherville est active depuis des années pour la préservation des bungalows de la ville.

Jeanne Corriveau
31 octobre 2022
Transports / Urbanisme

Dans l’immédiate après-guerre, le bungalow planté au milieu du gazon va constituer le royaume du banlieusard. Dans la psyché nord-américaine, il représente à cette époque un petit Versailles de la vie familiale dans lequel bien des citoyens espèrent pouvoir jouir de leur propre jardin. Associé à un conformisme et à une certaine banalité architecturale, le bungalow a-t-il une valeur patrimoniale ? À l’ère de la lutte contre l’étalement urbain, plusieurs voix s’élèvent pour plaider en faveur de sa protection.

« En Amérique du Nord et au Canada, le bungalow est un emblème identitaire. II l’est peut-être encore plus au Québec », croit Lucie K. Morisset, professeure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain qui participait, mercredi dernier, à un panel de discussion organisé par Héritage Montréal et le musée McCord-Stewart. Au coeur du débat : l’avenir du bungalow dans le contexte des changements climatiques et de la densification.

Plus qu’un symbole, le bungalow a permis à des millions de familles en Amérique du Nord de s’affranchir de la vie en ville et de trouver leur bonheur dans un chez-soi entouré de pelouse. Ainsi est née la classe moyenne comme on la connaît aujourd’hui, souligne Mme Morisset.

De manière générale, le bungalow classique ne comporte qu’un étage. Il pouvait être construit rapidement et à coût raisonnable. Il fut également à la source d’une intense rivalité entre les municipalités désireuses d’attirer des familles. Celles-ci se chargeront même de la construction des égouts et des aqueducs pour courtiser leurs futurs résidents, indique la professeure. « Ces bungalows sont des maisons idéales pour les Québécois de la Révolution tranquille. Ils s’y épanouissent. De là à les appeler les maisons québécoises, il n’y a qu’un pas », avance Lucie K. Morisset.

Valeur historique

Les bungalows des banlieues ont-ils une valeur patrimoniale ? Dans l’esprit de Lise Walczak, doctorante en aménagement à l’Université de Montréal, cela ne fait pas de doute. Elle en a d’ailleurs fait le sujet de sa thèse. « On n’associe pas souvent la notion de patrimoine à la banlieue. Cela ne va pas de soi parce que les quartiers de bungalows sont critiqués pour leur modèle et sont associés à l’étalement urbain, à l’utilisation de la voiture et à la consommation, admet-elle. Mais ça reste des secteurs convoités. »

Selon elle, le bungalow présente un intérêt patrimonial qui se décline en plusieurs volets. D’une part, il s’appuie sur la valeur paysagère dans laquelle il évolue en s’inspirant, dans certains cas, du modèle des cités-jardins, avec des rues sinueuses et des arbres matures.

On n’associe pas souvent la notion de patrimoine à la banlieue. Cela ne va pas de soi parce que les quartiers de bungalows sont critiqués pour leur modèle et sont associés à l’étalement urbain

— Lise Walczak

Lise Walczak cite le cas du secteur Norvick, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, un quartier construit par la Wartime Housing Limited pendant la Seconde Guerre mondiale pour loger les travailleurs des usines d’équipement militaire. « C’est un secteur qui a fait l’objet d’un énoncé d’intérêt patrimonial pour préserver ce caractère paysager, rappelle-t-elle. Il a une valeur historique importante de par son association avec la Wartime Housing. »

Certains bungalows ont aussi une valeur d’ensemble puisqu’ils présentent une homogénéité à l’échelle d’un quartier. « Ils forment une sorte de tout cohérent », indique la chercheuse, qui évoque le secteur Riverside, dans l’arrondissement de LaSalle, et celui de la rue des Îles-Percées, à Boucherville. « Quand on s’y promène, on a l’impression de voyager dans le temps et de retourner dans les années 1960. »

Les bungalows ont aussi une symbolique culturelle importante. Ils ont été mis en vedette au théâtre, dans Les Voisins, de Louis Saïa et de Claude Meunier, ou au cinéma, dans Deux femmes en or, de Claude Fournier. « Dans l’après-guerre, la banlieue représente un art de vivre, avec une maison, un jardin et la voiture, souligne Mme Walczak. C’est la démocratisation de la banlieue pour tous. »

Plusieurs villes ont entrepris de documenter les bâtiments d’intérêt. Laval, par exemple, a recensé plus de 520 bâtiments du patrimoine moderne et une quinzaine de secteurs de patrimoine modeste qui seront protégés, explique Nathalie Martin, directrice adjointe à la Ville de Laval. À Boucherville, la Société du patrimoine de Boucherville est active depuis des années pour la préservation des bungalows. À Longueuil, l’administration municipale a dû se porter au secours des bungalows victimes d’une vague de démolitions.

À l’heure des changements climatiques

Mais qui dit bungalow dit faible densité et étalement urbain où la voiture est reine. Le modèle paraît incompatible avec les préoccupations liées à l’urgence climatique.

Densifier la banlieue en ajoutant des unités d’habitation sur le terrain ou en divisant la résidence en plusieurs logements est une stratégie que certaines villes examinent. Lise Walczak croit qu’une telle densification est possible, pourvu qu’elle respecte les caractéristiques du cadre bâti existant.

Mais densifier les banlieues ne sera pas aisé, prévient Gérard Beaudet, professeur titulaire à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. « On va avoir une très désagréable surprise si on pense qu’on va pouvoir densifier la banlieue, dit-il. Les gens de Saint-Bruno, de Saint-Lambert et de Boucherville ont déjà commencé à nous dire : “No way !”»

Et selon lui, la dépendance des banlieues à la voiture n’est pas près de s’éteindre. « La banlieue est un environnement paradoxal. Même avec la densification, il n’y a pas de baisse de l’utilisation de la voiture dans la région métropolitaine. Les gens habitent dans des condos, mais ont autant d’autos qu’avant et ils les utilisent autant », explique-t-il.

Pourtant, nombreux sont les banlieusards qui souhaitent un environnement plus convivial. « De plus en plus, les citoyens revendiquent des services de proximité à distance de marche », soutient Nathalie Martin, de la Ville de Laval. « Ils veulent des bibliothèques, des parcs, des cafés et des boulangeries de quartier. »

Cela a fait dire aux panélistes qui participaient à la discussion mercredi dernier que la banlieue est bien de son temps et qu’elle cherche elle aussi à appliquer le concept de « ville des 15 minutes ». Sauf que dans son cas, il faudrait peut-être parler de ville des 15 minutes… en auto.

Avec Jean-François Nadeau

L’ORIGINE DES MOTS «BUNGALOW» ET «BANLIEUE»

Le terme « bungalow », qui désigne une maison unifamiliale de plain-pied, est emprunté à l’anglais « bungalow ». Mais ce ne sont pas les Anglais qui ont inventé ce terme, puisque celui-ci s’inspire d’un mot hindi désignant un type de maison indienne basse, souligne l’Office québécois de la langue française.

De son côté, le mot « banlieue » est d’origine latine et est composé de « ban » et de « lieue ». Au Moyen-Âge, le terme désignait l’espace d’une lieue autour de l’enceinte d’une ville, qui était soumis au droit de ban, indique le Dictionnaire de l’Académie française.